Chapitre 59
Et de deux ! Paulo vient de se taper mon deuxième crush. Il est déchaîné, le con... Maintenant qu'il est libéré de Sophie, il est reparti pour papillonner. Cette situation ne m'arrange pas le moins du monde, car avec lui dans mes pattes, je n'ai aucune chance auprès des meufs pour qui je passe pour la réplique miniature de mon grand frère.
— Il est plus beau que toi ! Faudra t'y faire ! me tâcle ma cousine Laura avec son franc-parler.
— Merci du soutien !
— Mais non, c'est pas ce que je voulais dire, mais t'as quatorze ans et il en a dix-sept et demi, essaie-t-elle de se rattraper en piochant dans la poche de bonbons posée sur la table. Tu t'emballes pour des meufs de dix-sept ou dix-huit ans qui n'en ont rien à foutre de toi !
— Les 2003 ne m'intéressent pas !
— Et les 2002 ?
— Non plus !
— Ouais ! se désespère-t-elle. Bon, t'es irrécupérable !
— Moi, je vais à la piscine !
Ce matin, en me pointant à dix heures dans l'enceinte de la baignade, il n'y a pas grand monde. Deux pauvres vieilles de chez vieilles font leur aquagym au milieu du petit bain, avec leur bonnet bleu fluo sur la tête. Vraiment pas appétissantes.
Je longe le grand bassin pour m'installer sur un bain de soleil à l'ombre. Il fait déjà chaud et je n'ai pas envie de cramer. J'aime bien être tout seul. La solitude ne me dérange pas, et puis maintenant avec mon tél, je ne suis jamais vraiment isolé.
Pendant que je déconne sur les réseaux, deux filles que je ne connais pas viennent s'installer sur les transats en face de moi, de l'autre côté de la piscine. Elles font à peu près la même taille et sont toutes les deux enroulées dans un paréo, une brune et une blonde, chacune avec des lunettes de soleil. Elles regardent dans ma direction et je ne me gêne pas pour leur faire un signe de la main en guise de bonjour, ce qui les fait pouffer de rire.
Allongées au soleil, elles se parlent et rigolent. Je suis comme un con, tout seul en face, à les mater par-dessus mon tél.
Bordel, la voix est libre, Paulo n'est pas dans les parages, c'est le moment où jamais pour moi de faire leur connaissance ! Je décide de plonger dans l'eau pour me rapprocher d'elles et tenter un premier contact. Je les salue en m'appuyant sur le bord du bassin, à proximité des deux adolescentes. Elles semblent assez surprises de me voir les interpeller aussi directement et mettent un temps avant de me répondre.
— Salut !
— Vous venez d'arriver ? Je ne vous ai jamais vues.
— Ah, non pas du tout ! se défend la brune, qui semble plus téméraire et sociable que son amie.
— Ok, vous avez quel âge ?
Ouais, toujours direct ! J'avoue que j'aurais dû demander les prénoms avant de cibler la maturité. La blonde (c'est vrai que j'ai toujours un faible pour elles) a un joli sourire et des arguments dans son haut de maillot plutôt convaincants, surtout depuis qu'elle s'est penchée en avant pour me parler...
— Quatorze et toi ?
Merde, des 2003 ! Chier, c'est pas des faciles, les 2003 ! Elles sont jeunes et inexpérimentées pour la plupart. Y a tout à leur apprendre ! C'est des novices et moi, ça me fout la trouille.
— Quatorze aussi ! Vous ne vous baignez pas ?
Je les invite juste pour le plaisir de mater la marchandise. C'est le privilège de l'été : pas de longs pulls pour dissimuler les formes ! Tout l'étalage est exposé. Tu achètes, ou pas ! La blonde est quand même vraiment pas mal pour une 2003. En plus, l'avantage, c'est que quoi qu'il arrive, mon frère n'y touchera pas...
— Comment tu t'appelles ? me demande la brune, moins timide que sa pote.
— Tonio et vous ?
— Eva, réplique la blonde.
— Claire.
Nous continuons ainsi à faire tranquillement connaissance. J'apprends qu'elles viennent de Bretagne, qu'elles passent toutes les deux en Troisième et qu'elles sont dans la même classe depuis plusieurs années. J'essaie tant bien que mal de paraître normal et de ne pas faire trop de boulettes pour une fois. Je ne fais pas de bombes dans la piscine, je n'insulte pas les vieilles et je ne fais pas de doigt au surveillant de baignade...
Vers midi, je rejoins ma famille pour déjeuner en donnant rendez-vous aux deux filles pour le lendemain, même heure, même endroit. Je me garde bien de parler d'elles à qui que ce soit.
Ainsi, pendant trois ou quatre jours, je retrouve Claire et Eva. Cette dernière me séduit de plus en plus. Elle est piquante quand je la taquine et j'aime beaucoup son sourire charmant et ses dents parfaitement alignées. Elle plonge souvent ses yeux dans les miens et me cherche du regard. Je comprends très vite que je lui plais aussi.
Un matin, alors que Claire ne peut pas se baigner, je ne demande pas pourquoi, mais je m'en doute... je chicane Eva dans la piscine. Je la coule deux ou trois fois, elle essaie également de me faire sombrer au fond de l'eau... Nous nous battons au milieu des vieilles qui font leur aquagym et qui râlent car je les éclabousse. Le courant passe plutôt bien avec elle, et même si je la sens distante et introvertie, je vois bien qu'elle craque vraiment sur moi. Alors pour une fois que j'ai l'occasion de me retrouver tout seul avec elle, je décide de passer à l'action. Elle est appuyée le dos contre le jet de la piscine et j'arrive face à elle, lentement. Elle me sourit et je comprends rapidement qu'elle ne s'attend pas à ce que je l'embrasse. Elle imagine probablement une attaque surprise.
Mais lorsque je ne suis plus très loin de sa bouche, elle se raidit et m'interrompt :
— Tu fais quoi ?
— J'ai envie de t'embrasser !
— Non ! me coupe-t-elle rapidement en se relevant pour sortir de l'eau.
C'est ce qui s'appelle un râteau... Eva part se sécher sur son transat et motive même Claire, qui semble déçue pour moi, à quitter la piscine. Je me retrouve comme un con avec les trois vieilles dégoulinantes sur le bord du grand bain.
Je l'aimais bien, cette fille ; pour une 2003, elle était pas trop mal. Bon, je n'aurais probablement pas fait grand-chose avec elle, mais au moins, j'aurais pécho pendant mes vacances.
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