Chapitre 56


L'excitation de mes frères s'empare de moi tandis que je monte le grand escalier métallique du toboggan bleu. Mon maillot déchiré sur le côté remonte jusqu'à ma fesse droite et me donne l'allure sexy d'une Miss France le jour de l'élection. La fente s'amplifie à chaque marche que j'escalade.

Une fois au sommet, Paulo me laisse l'honneur de descendre le premier. Je m'assois dans l'eau et me tiens aux rebords.

— Attends ! m'arrête Max en posant sa main sur mon épaule. On y va tous les trois en même temps !

— Surtout, vous ne criez pas, sinon, on va se faire repérer ! nous menace du doigt Paulo qui commence à flipper.

Dans une telle situation, il ne faut jamais imaginer le pire, sinon vous perdez tous vos moyens. Il faut juste agir comme si tout est normal, en l'occurrence : faire du toboggan fermé dans un camping endormi, sans surveillance, en plein milieu de la nuit...

Paulo s'installe derrière moi, et Max en troisième position.

— C'est parti ! lance Paulo en me bousculant vers l'avant.

— Non, attendez !

Je décide finalement de me mettre à genoux pour partir la tête la première.

— Ho, ducon, c'est interdit dans ce sens-là ! me reproche Max en me claquant les fesses. T'as pas lu les panneaux ?

— Vous êtes surveillants de baignade ? Non ! je me moque de mes deux abrutis de frères. Et ils ne sont pas là ! Donc, je fais comme je veux ! C'est MON anniversaire !

Aucun de mes frères n'ose me contredire. Je m'installe donc à plat ventre dans le filet d'eau qui m'invite à partir. Je sens Max et Paulo hésiter, puis finalement, Paulo se met à genoux derrière moi pour m'attraper par les chevilles et s'installer la tête vers le bas.

— Max, fais pareil que moi, lui ordonne-t-il pour qu'il nous suive dans notre folie.

Le toboggan est très élevé. Il n'a pas de looping ou de virage impressionnant, juste une pente très raide, quasiment à pic. Paulo m'a en partie descendu dans le vide pour se faire de la place et je réalise que c'est complètement insensé de se jeter la tête la première... De toute façon, il est trop tard pour revenir en arrière car je sens mes deux frères me propulser.

Nous prenons rapidement un maximum de vitesse dans la pente raide du toboggan géant. J'ai le temps de me protéger la tête en mettant mes deux mains devant moi. Avec la vitesse, j'ai beaucoup de mal à garder la tête hors de l'eau qui filtre autour de nous. Je bois même une ou deux fois la tasse. Je sens les mains de Paulo toujours agrippées fermement à mes pieds. J'étouffe un cri de joie mêlé à mon angoisse. Mon estomac devient léger et remonte jusqu'à ma gorge avec une sensation soudaine de nausée, mais mon supplice s'achève très vite puisque mon cerveau s'éclate d'un coup sec contre la surface dure de l'eau du grand bassin. Le reste de mon corps suit le mouvement et je suis projeté dans le fond de l'eau, étourdi. Les mains de mon frère ont disparu.

Le choc m'a rendu sourd, mais le réflexe de survie est suffisamment intense pour que je donne un grand coup de pied sur le sol carrelé du fond de la piscine. Je sors quasi immédiatement la tête de l'eau pour reprendre ma respiration et chercher mes deux imbéciles de frères qui me sont rentrés dedans au moment de leur chute. Paulo sort la tête de l'eau en premier, balançant par la même occasion ses cheveux en arrière. Max remonte également à la surface, essoufflé, en secouant sa tête.

Nous rejoignons la terrasse, hilares, nous bousculant tous les trois devant les téléphones de mes cousines qui nous filment. Mis à part le groupe de jeunes que nous côtoyons depuis quelques jours et qui vient de nous rejoindre, personne ne bouge aux alentours de la piscine.

Cette descente folle m'a retourné la tête.

— On recommence, les gars ?

— Non, on va se faire pécho ! refuse immédiatement Paulo.

— Une autre fois, Paulo a raison ! confirme Max. On s'arrache !

Je suis déçu. Vraiment. Ce ne serait que de moi, je passerais la nuit à faire toutes les pirouettes possibles et inimaginables sur ce toboggan, comme descendre allongé sur un transat. Ça, c'est fun comme idée.

— Paulo, cap ou pas cap de retourner la piscine ? je le provoque en balançant un transat qui coule aussitôt au fond du grand bain.

— Merdeux, t'as toujours de ces plans à la con ! constate Paulo, hésitant à me suivre dans ma démence.

— T'es pas cap ? je continue en jetant un parasol dans le petit bain.

— Paulo, t'es pas obligé... tente Max pour nous arrêter.

— Cap ! le coupe Paulo en saisissant le coffre de rangement en plastique dans lequel se trouvent toutes les bouées.

Au final, tout y passe, la chaise du maître-nageur, les frites, ballons et matelas gonflables, quelques bains de soleil et parasols...

Une fois l'espace baignade délivré de tout le matériel de bronzage et jeux, nous repassons le portail pour quitter rapidement les lieux.

Nous rejoignons tranquillement notre Q.G., l'aire de jeux pour enfants, en buvant au goulot de quelques bouteilles alcoolisées.

Notre petit groupe ne se sait pas se déplacer en silence. Évidemment, bien que toujours muet, je ne suis pas le dernier à chahuter. Une nouvelle fille vient d'intégrer le groupe et celle-là, je compte bien la séduire. Je sais que je suis ambitieux et qu'elle doit avoir une piètre opinion de moi ce soir. Je dois être réaliste, je parle toujours comme un vieux phoque qui couine et j'ai du vernis rouge explosé aux mains et aux pieds. J'ai essayé de le gratter avec un couteau et le résultat est désastreux... Et désormais, j'ai un maillot fendu qui laisse entrevoir ma fesse droite.

D'ailleurs mon frère Paulo ne trouve rien de mieux que de m'arracher le peu de short de bain qu'il me reste. En tirant un coup sec, celui-ci cède et me voilà en deux temps trois mouvements totalement à poil sur les impasses goudronnées du camping.

Tout le monde sait qu'il m'en faut davantage pour me gêner, je l'ai déjà dit, je ne suis pas pudique, et puis maintenant, Popol est connu jusqu'à Nice...

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