Chapitre 6
Louis
« Debout. »
Louis plissa ses yeux puis les cligna. « Mmh ? »
Il y avait une main autour de sa cheville, le tirant vers le bas, loin de son oreiller chaud et de ce qui était bon et bien dans ce monde. Il ouvrit les yeux pour découvrir Harry au pied du lit dans son minuscule boxer noir en train de tenir sa cheville dans une main, la secouant dans tous les sens, les yeux bouffis et souriant.
« Va te faire foutre, t'es chiant, » marmonna Louis, dégageant son pied de la prise de Harry. Il essaya de ramper à nouveau vers le coussin mais il avait en quelque sorte la sensation que Harry essayait de le sortir du lit depuis un moment, parce qu'il se précipita en avant et attrapa les deux cuisses de Louis avec ses mains, le tirant avant qu'il ait pu faire un autre centimètre.
« Allez, j'ai fait un café, » dit Harry, suppliant à présent d'une voix tellement rauque que Louis savait qu'il ne devait pas être réveillé depuis plus de cinq minutes.
« Menteur, » dit Louis, roulant pour le regarder.
« Bien, je suis sur le point d'en faire. Allez, lève-toi. Il est déjà dix heures. »
Ce fut lorsque Louis se redressa qu'il le sentit, le martèlement dans son crâne qui fit que sortir du lit semblait être le plus grand obstacle de sa vie. Il était seulement capable d'ouvrir un œil alors qu'il titubait en suivant Harry, qui ne dit rien et tendit simplement sa main dans son dos pour que Louis la prenne. Ils entrelacèrent leurs doigts et Harry le dirigea à travers la maison avec seulement une minuscule protestation de la part de Louis.
La cuisine était inondée par la lumière du jour et même s'il voulait la maudire d'être si lumineuse pour sa gueule de bois, causée par les boissons fruités, Louis arriva quand même à admettre que c'était magnifique, presque somptueux. Il s'assit directement dans la trajectoire d'un rayon de soleil autour du plan de travail de la cuisine, à cheval sur un tabouret puis bailla dans le creux de son bras.
Harry était sur la pointe des pieds, la longueur de son dos semblant encore plus longue quand il tendit le bras pour attraper le paquet de café sur la dernière étagère du meuble. Il y avait une griffure dans son dos et Louis ne souvenait pas l'avoir fait, mais il sut que c'était la sienne quand il se rappela de certains détails de leur petit rendez-vous sur le canapé après être rentrés du bar.
C'était difficile de penser à la soirée précédente sans rougir ; leur genre de dispute, la jalousie surprenante de Harry, le désire en quelque sorte merdique de Louis de le voir comme ça. Il avait déjà connu des garçons jaloux avant, des petits-amis ou des coups d'un soir, ou aucun des deux, mais il avait toujours roulé des yeux à leur comportement, et ce n'était pas comme si la façon d'agir de Harry avait été absolument justifiée, mais il pouvait dire qu'il y avait quelque chose de différent cette fois-ci. Si les choses avaient été juste un petit peu plus transparentes entre eux, il n'aurait pas été autant agacé par le fait que Louis parle avec ce gars.
Harry se retourna et par son seul sourire, Louis put dire qu'il n'allait pas s'étaler sur les détails de la vieille comme lui était en train de le faire. Ce fut presque un choc, parce que Harry avait été si prompt à réagir et Louis ne s'était pas attendu à ce que ça se dissipe pendant la nuit. Cependant, il semblait parfaitement heureux, préparant le café et posant deux tasses sur le comptoir pendant qu'il commençait à couler.
« Tu veux des toasts ? Des œufs, peut-être ? »
Harry se mit au travail sans vraiment attendre de réponse, faisant rapidement des œufs brouillés et des toasts fortement beurrés alors que Louis remplissait les deux tasses de café.
Ils allèrent se poser sur la petite table près de la fenêtre pour pouvoir regarder régulièrement l'eau à l'extérieur et ils se passèrent sans cesse un journal, s'arrêtant de temps en temps pour lire un article à voix haute pour l'autre. C'était tellement, tellement agréable, et un mélange des plus bizarres entre différent et familier. Genre, tous les matins qu'il passait tout seul dans son propre apparemment étaient sympas, c'était chez lui alors il appréciait ça – mais ça n'était pas à moitié aussi vivant et chaleureux que l'était le fait d'être assis ici avec Harry, ce qui n'avait absolument aucun sens parce qu'il n'était jamais venu ici avant.
« Prêt à aller à la plage ? » demanda Harry, tendant son bras au dessus de la table pour retirer une miette de sur la clavicule de Louis. Il laissa traîner ses doigts dessus pendant une seconde et Louis frissonna, observant les yeux de Harry devenir intense pendant un instant avant qu'il ne recule.
« Ouais, j'vais juste mettre mon slip de bain, » sourit-il, agitant ses sourcils vers Harry avant de partir en trottinant vers la chambre.
« T'as pas de slip de bain, » cria Harry derrière lui, mais sa voix semblait pleine de doutes, et Louis éclata de rire quand il ferma la porte derrière lui. Après s'être brossé les dents, il mit un short de bain bleu, et Harry fit éruption juste au moment où il le remontait sur ses fesses. Il se précipita littéralement en avant pour le gifler à cet endroit puis il leva les bras de triomphe et s'enfouit en courant, esquivant la tentative de Louis pour le rattraper.
Un petit-déjeuner et du café semblaient être le remède à tout reste d'étrangeté de la vieille, parce que Louis ne la ressentait plus du tout. Il y avait juste un sentiment mutuel de satisfaction qui était si foutrement agréable qu'il ne se rendit presque pas compte d'à quel point il était calme jusqu'à ce qu'ils soient prêts à partir.
Le moment aurait dû être banal, mais ce n'était pas vraiment le cas : Harry avait une couverture coincée sous un bras et deux serviettes sous l'autre, et Louis portait une petite glacière avec tout un tas de fruit dedans, à la demande de Harry. Il ferma la porte coulissante derrière eux et, avant que Louis puisse faire plus d'un pas vers les escaliers menant au pont, Harry dit son prénom.
« Ouais ? » Louis se retourna pour regarder Harry, qui portait rien d'autre que son ridicule short de bain rose et une paire de lunettes de soleil.
« Viens là, » dit-il.
Louis le fit, et à la place de demander pourquoi, il se mit sur la pointe des pieds et l'embrassa, passionnément et s'attardant juste assez pour faire accélérer son rythme cardiaque. Harry sourit quand il se recula.
« C'était tout ce que je voulais. » Il haussa des épaules et tapota la hanche de Louis. « Allons-y. »
Louis n'avait jamais séjourné dans une maison de bord de mer qui était littéralement sur la plage, mais il pensait qu'il pourrait s'y habituer. Il suivit Harry sur le sable chaud et sec, et une fois qu'ils furent assez proches des vagues, la brise était fraîche, délicieuse et collante quand elle pulvérisait de l'eau sur leurs corps. Harry étala une vieille couverture rêche et balança leurs serviettes par-dessus, puis il courut littéralement dans l'océan, les bras collés contre ses flancs alors qu'un cri guttural sortit du fond sa poitrine. Louis posa la glacière et le suivit, courant après cette même bouffée d'énergie que Harry avait laissée derrière lui.
Ils nagèrent jusqu'au point critique où les vagues étaient seulement une grosse houle douce, faisant balancer leurs corps à chaque fois qu'une passait sous eux. Harry arrivait parfaitement à flotter sur son dos, ses orteils dépassant de l'eau, l'image même de la sérénité alors qu'il prenait de profondes respirations avec son ventre tourné vers le ciel. Louis aimait l'observer comme ça, il le tira par la cheville et fit semblant qu'il allait se noyer à chaque fois qu'une vague arrivait.
Il essaya de flotter aussi, à la suggestion de Harry, mais il échoua à chaque fois. Ils en vinrent à la conclusion raisonnable que le cul de Louis était juste trop flottable pour rester sous l'eau.
Ça faisait des mois que Louis n'avait pas utilisé ses jours de congé pour faire autre chose que rattraper ses heures de sommeils, et c'était tellement bon de simplement barboter là jusqu'à ce que leurs doigts deviennent fripés, le soleil se reflétant sur l'eau et leur donnant à tous les deux une jolie couleur rose sur les joues. Ils perdirent la notion du temps et pensèrent seulement à retourner au large quand Harry ressortit de sous l'eau juste derrière lui et accrocha son avant-bras par-dessus les clavicules de Louis.
« J'pense que ces raisins m'appellent, » dit-il en déposant un baiser humide sur la joue de Louis.
Ils laissèrent les vagues les ramener à terre et se traînèrent péniblement hors de l'eau, les membres lourds et frigorifiés quand le vent frappa leur peau. Harry était couvert de chair de poule et frissonnait alors qu'il tira son maillot de bain pour qu'il ne colle plus à ses cuisses, ressemblant à une version moderne d'un sauveteur d'Alerte à Malibu.
« Fais attention, Hasselhoff, » cria Louis, lui jetant une serviette. Il enroula la sienne autour de son cou et secoua tout son corps, retirant des gouttelettes d'eau salée de sur lui comme un chien.
Il regarda Harry utiliser la serviette pour tamponner son torse et le long de ses bras avant de l'enrouler autour de ses épaules de la même façon et Harry le surprit, haussant un sourcil interrogateur dans sa direction. « Tu vois quelque chose qui te plaît ? »
« C'est une belle serviette. Elle est très... douce. » Louis joua le jeu et Harry rigola, enroulant un bras autour de sa taille pour le tirer vers lui. C'était bien d'avoir le corps chaud de Harry collé contre le sien et Louis soupira de contentement, passant l'un de ses propres bras autour des hanches de Harry et le tenant tout contre lui.
Harry se détacha le premier quand ils furent devant la couverture, et il s'étendit immédiatement, se couchant sur le dos et laissant le soleil taper contre sa peau. Les gouttes d'eau séchant doucement sur son torse le laissèrent particulièrement étincelant.
Il n'y avait pas eu beaucoup de moments où Louis avait l'impression de pouvoir pleinement mémoriser chacun des détails de Harry, le regarder longuement sans se retenir, mais tout ce qui s'était passé entre eux laissa paraître ça un peu plus sain. Il y avait une sorte de droit qui venait avec le fait qu'une personne, proche de vous, voulait constamment vous embrasser, être en votre présence et devenait jalouse à votre égard, pensa-t-il. Ça lui donnait plus d'assurance et de liberté avec Harry parce qu'il savait que ce n'était seulement bienvenu, mais en fait voulu.
Il laissa ses yeux traîner sur les longs membres de Harry, la définition subtile de son abdomen et l'éventail de tatouages qui parsemait son corps. Il en avait déjà tellement pour quelqu'un de son âge et Louis n'avait demandé la signification d'aucun ni n'en avait l'intention, mais il espérait qu'il le découvrirait un jour – que Harry lui donnerait ces informations de son plein gré au milieu d'une de ses histoires.
Repoussant ses lunettes de soleil sur son nez, Harry rencontra les yeux de Louis et pencha sa tête sur le côté, étendant un bras en signe d'invitation jusqu'à ce que Louis comprenne l'allusion et se couche à côté de lui. Il posa sa tête contre le torse de Harry, ses épaules clouant son bras contre la serviette, mais Harry ne sembla s'en soucier. Il l'enroula juste plus fermement autour de Louis et traça des arabesques sur son biceps du bout des doigts. Louis pensa même qu'il pouvait le sentir épeler des mots, des enchaînements qui étaient difficiles à déchiffrer, mais il sourit à tous les H et L qu'il pouvait clairement deviner.
« 'Y a un Père Noël en train de faire du skate. »
Louis releva assez son visage pour faire une grimace à Harry, étouffant un rire contre sa clavicule parce qu'il n'avait absolument aucune idée de ce dont il parlait. Ce n'était pas inhabituel quand il s'agissait d'écouter Harry, mais il se moqua quand même de lui. « De quoi est-ce que tu parles ? »
Un sourire étira les lèvres de Harry et il donna une tape au bras de Louis avant de pointer vers le haut avec son autre main, jusqu'à ce que Louis comprenne et tourne assez sa tête pour suivre la ligne de visage de Harry. « Les nuages. Tu trouves pas qu'il ressemble à ça ? »
« Pas du tout. Il ressemble plus à une vieille dans un fauteuil à bascule. J'pense que t'as besoin de faire un contrôle chez l'ophtalmo, » le taquina Louis, tendant une main par-dessus Harry pour atteindre la glacière et en sortir un sachet de raisins se trouvant tout en haut. Harry l'intercepta à mi-chemin et se décala de sous Louis pour s'asseoir, croisant ses jambes et poussant Louis jusqu'à ce qu'il fasse de même.
« Laisse-moi voir si j'arrive à en mettre un dans ta bouche, » Harry sourit, attrapant un raisin dans le sachet et le tenant en l'air comme s'il alignait son tir pour viser.
« Vas-y. » Louis ouvrit grandement sa bouche en anticipation et une seconde plus tard un raisin rebondit sur sa joue et tomba dans le sable à côté de la couverture. Louis ricana à l'échec de Harry et se remit face à lui, prêt pour un autre dire. « Allez, jamais un sans deux. »
Harry visa et il atterrit sur la langue de Louis cette fois, et ils s'engagèrent dans un high five exactement au même moment, rigolant parce que c'était tellement instinctif et que ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient ça, également. Il mâcha en souriant et se pencha pour fouiller à la rechercher d'autres grains dans le sachet, en prenant plusieurs dans sa paume.
Il remarqua que Harry regardait par-dessus son épaule, et il tendit son cou pour suivre son regard. Il y avait un gars en train de courir le long de l'eau, tellement costaud et avec un faux bronzage qu'en fait c'était comique. Louis renifla et se retourna vers Harry, lançant un autre raisin dans sa bouche.
« J'regardais juste l'homme de mes rêves en train de courir, » sourit Harry.
Louis haussa ses sourcils et pointa son pouce vers le gars. « J'allais justement aller le draguer, en fait. Tu crois qu'il a un jet-ski ? »
Il réussit à garder son visage impassible pendant en tout trois secondes, puis il éclata de rire et Harry lui jeta toute une poignée de raisins dessus, rigolant malgré le fait qu'il rougissait, clairement un peu honteux de la façon dont il avait agit la vieille.
« Tu t'attendais à ce que j'aille jusque là, hein ? »
« Va te faire foutre, Louis, » rigola Harry, couvrant ses yeux avec sa main. Louis tendit son bras et repoussa sa main pour pouvoir bien le voir. Quand Harry le regarda à nouveau, il y avait une honnêteté dans son regard qui était réellement l'opposé de la honte – c'était comme s'il venait juste d'avouer quelque chose, d'admettre la façon dont il avait agi la nuit précédente. « Et que ce gars au jet-ski aille aussi se faire foutre. »
Louis rit à nouveau et appuya son pouce dans la fossette de Harry, le forçant à le regarder également. « Awww, Harry. Tu m'aimes bien. »
Il faisait toujours cette chose quand il était heureux d'être touché, Louis l'avait remarqué, il clignait doucement des yeux et pressait ses lèvres en le million de sourire différents qu'il avait pour chaque humeur. C'était ce qu'il était en train de faire à cet instant.
« Ouiii, » geignit-il, repoussant la main de Louis pour entrelacer leurs doigts ensemble à la place. « Arrête de me taquiner sur ça. »
Louis ne s'était pas attendu à ce qu'il acquiesce aussi facilement et il chercha son visage, essayant de déchiffrer s'il était ou non complètement sérieux. Ça semblait un peu trop facile, qu'il puisse apaiser les craintes de Louis et le ravir dans un même souffle, mais il le fixait posément en retour. Une expression que Louis aimait croire que Harry réservait pour lui, celle où il le fixait si intensément que c'était comme s'il regardait à l'intérieur de lui. Elle était tellement candide et aimante qu'elle fit rougir Louis.
« J'voulais juste te l'entendre dire en premier. »
Harry haussa ses sourcils à ça. « Pourquoi ? »
« Parce que j'ai pensé à te le dire il y a quelques semaines. » Louis haussa des épaules et passa son pouce sur les jointures de la main de Harry, baissant les yeux pour regarder la façon dont leurs doigts s'entrelaçaient avant de les relever vers lui. C'était simple, pour lui : il était généralement tellement pointilleux que les personnes qu'il attirait étaient si peu nombreuses et il avait su depuis le moment où il avait passé le weekend à se tourmenter à cause d'un baiser que c'était une nuance plus que platonique, ce qu'il ressentait pour Harry. « Mais j'ai pas voulu te faire peur. J'étais pas sûr de comment tu le prendrais. »
« C'est probablement mieux que tu m'aies fait attendre, en fait. »
« Pourquoi ça ? »
Harry sourit puis haussa des épaules. « Parce que j'aurais fait quelque chose de stupide, j'sais pas. Avoir les mains baladeuses en public, ou quelque chose comme ça. »
Louis roula des yeux et jeta du sable sur le torse de Harry, qu'il balaya nonchalamment. « J'suis presque sûr que tout le quartier nous a déjà vu, au moins une fois, nous embrasser près de ta voiture. »
« Je sais, et j'suis sûr que tout le monde est scandalisé. »
Harry rigola et lâcha sa main pour rapprocher Louis de lui. Ils passèrent quelques secondes à bien s'installer pour finir avec Louis entre les jambes de Harry, le dos appuyé contre son torse tandis que Harry enroulait ses bras autour de lui.
Louis laissa tomber sa tête en arrière, levant le regard vers lui et Harry mit en contact leurs lèvres, comme s'il savait instinctivement que parler de baiser donnerait envie à Louis d'en avoir un. Il faisait toujours chaud dehors, mais Louis lutta contre le besoin de frissonner.
« Je t'apprécie vraiment, vraiment beaucoup, » marmonna Louis, faisant revenir le sujet au début, parce que c'était comme s'il était en train de se rendre totalement compte de l'ampleur de tout ça, l'avoir dit à haute voix. Ce n'était pas aussi effrayant maintenant que Harry avait clairement dit qu'il ressentait la même chose, mais il n'avait pas ressentit ça pour quiconque depuis un long moment, et une partie de lui se crispa d'embarras après l'avoir dit.
Harry garda sa tête baissée en avant, frôlant le front de Louis avec ses lèvres et bougeant ses mains doucement de haut en bas sur ses flancs, de sa cage thoracique jusqu'à ses hanches, où il le pinça légèrement à chaque fois.
« Rentrons à l'intérieur, bébé. »
Il y avait quelque chose de nouveau entre eux, une légèreté que Louis supposait venir du fait d'avoir admis qu'ils s'appréciaient mutuellement, ce qui semblait tellement juvénile, sauf que c'était aussi un des meilleurs sentiments au monde. D'apprécier et d'être apprécié – ce qui était plus satisfaisant, vraiment, même si c'était éphémère ?
Louis ne pensa pas du tout à la date d'expiration de la présence de Harry sur la côte Est, il ne pensa à rien d'autre que la main posée dans le bas de son dos alors qu'ils marchaient en direction de la maison de Harry, les serviettes jetées sur leurs épaules, leurs peaux collantes à cause de l'eau de mer.
A mi-chemin, le ciel craqua au dessus d'eux, faisant un bruit comme si des milliers de quilles s'écroulèrent en même temps. Louis suivit l'exemple de Harry quand il jeta un coup d'œil vers le haut. Le ciel était devenu nuageux, recouvrant tout de gris clair et donnant à l'eau au loin un air beaucoup plus sombre et tumultueux que quelques minutes auparavant.
Ils arrivèrent à peine sur la terrasse couverte au moment où il commença à pleuvoir, se faisant bombarder seulement quelques secondes par de grosses gouttes d'eau. Harry rigola, jetant ses bras en l'air triomphalement comme s'ils venaient de gagner un jeu. La façon dont il souriait était tellement enfantine et extatique que Louis pensa presque qu'il pourrait foncer à nouveau dans le sable et courir sous la pluie, mais Harry glissa simplement ses bras autour de sa taille et rapprocha leurs corps, le tenant fermement près de lui.
« On dirait qu'on a réussi, » murmura-t-il.
« Regarde jusqu'où nous sommes arrivés, mon bébé ? » proposa Louis, tendant une main pour repousser les cheveux de Harry avec le bout de ses doigts et étouffer son rire en déposant ses lèvres sur sa pomme d'Adam. Harry fit un son amusé, lui donnant des petits coups jusqu'à ce qu'il arrive à faire en sortant que Louis relève sa tête pour pouvoir ainsi bien le regarder.
« J'en étais sûr que t'opterai pour Barry. Louis Tomlinson, la groupie secrète de Shania. » Le sourire de Harry s'adoucit et ses yeux suivirent, le regardant d'une façon qui était tellement aimante que c'était une vraie lutte de réussir à rester debout.
Louis avait déjà vu l'expression qu'il avait quand il était heureux que Harry capte certaines de ses références obscures, et celle pleine concentration qui traversait son visage quand ils regardaient un épisode particulièrement intense des Sopranos. Cependant, celle-ci était nouvelle pour lui.
Elle était stupéfiante, et Louis savait qu'absolument rien ne sortirait s'il ouvrait sa bouche pour parler. Ce n'était pas inhabituel que Harry lui fasse perdre ses mots, mais il était rare qu'un simple regard le laisse bouche bée. Il fut reconnaissant quand Harry suggéra qu'ils se mettent à l'abri de la pluie et regarde un film. Louis acquiesça, sachant que ce serait probablement une comédie romantique à l'eau de rose puisque Harry aimait beaucoup ce genre de films. Il faisait référence à Love, Actually au moins deux fois par semaine.
Ils entrèrent à l'intérieur au milieu d'un coup de tonnerre, abandonnant la glacière dans la cuisine. Harry était sur le point d'aller dans le salon pour choisir un DVD quand Louis l'arrêta avec une main autour de son poignet.
« Viens là, je – » commença Louis, et Harry glissa une main dans ses cheveux et secoua sa tête pour le couper puis dit, « Non, je sais. » Ils s'enlacèrent, séparés seulement par leurs shorts de bain alors que leurs torses étaient plaqués l'un contre l'autre et Louis enroula fermement ses bras autour de Harry.
Ils s'embrassèrent de façon désordonnée et Harry s'agrippait toujours au visage de Louis. Ce dernier ne pouvait pas s'empêcher de laisser traîner ses ongles dans le centre du dos de Harry, parce que la réaction qu'il obtenait était tellement délicieuse et frissonnante. Le corps de Harry se courba contre le sien, ses épaules voûtées quand il le fit reculer pour qu'ils se dirige vers la surface la plus proche, ce qui trouva être l'îlot central de la cuisine.
Harry tint les hanches de Louis avec ses mains pour l'empêcher d'heurter la surface du comptoir trop durement, mais ça ne sembla pas vraiment fonctionner. Il s'appuya quand même contre, inclinant son visage vers le haut pour un autre baiser qui fut coupé par un coup de tonnerre qui devait vraiment être très proche, parce qu'il résonna à travers la pièce alors que les lumières du plafonnier vacillèrent. Il sentit Harry rire contre ses lèvres et l'embrasser une dernière fois avant de reculer, ses yeux plus ravis qu'inquiets.
« Comment on est supposé regarder un film s'il y a une coupure de courant, Lou ? »
Ils rirent dans un autre baiser juste au moment où la foudre frappa à nouveau, et si Harry n'était pas en train de peloter les fesses Louis, il pourrait se faire assez de soucis pour jeter un coup d'œil dehors et voir la façon dont elle frappa l'eau.
« Dommage, » murmura Louis, se mettant sur la pointe des pieds pour avoir un meilleur angle des lèvres de Harry quand il parla et l'embrassa à nouveau. « J'étais vraiment impatient de regarder Quand Harry Rencontre Sally, ou peu importe. »
« Héé, » geignit Harry, et Louis caressa sa hanche avec son pouce, le calmant, une excuse silencieuse.
Un autre éclair, et le tonnerre qui suivit fut tellement fort que Louis put le sentir dans sa poitrine. La lumière vacilla deux fois puis finit par s'éteindre complètement, ainsi que le bourdonnement du frigo et du climatiseur jusqu'à les laisser un silence presque total, seul le bruit de la pluie battante et de leurs respirations étant audibles. La lumière passant à travers la fenêtre était sombre et grise, mais Louis arriva quand même à voir les yeux de Harry quand il se recula un peu.
« Merde, » dit Harry, les sourcils froncés alors qu'il regardait par-dessus son épaule.
« Quoi ? »
« On a laissé la fenêtre de la chambre ouverte. »
« Putain, » grimaça Louis, et Harry le poussa pour les diriger vers la chambre, gardant une main sur son bras comme si Louis pourrait s'éloigner de lui, même pendant une seconde.
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