Chapitre 5

Harry

Il était juste avant dix-sept heures vendredi lorsque Harry commença à mettre son sac de voyage dans le coffre de la Jag, le laissant ouvert parce que Louis devait le retrouver dans son allée d'une minute à l'autre. Il avait déjà fait le plein et mis une glacière pleine de casse-croûtes sur la banquette arrière. Il n'arrivait déjà pas à retenir son excitation à l'idée de retourner à la maison sur la côte. Ce n'était pas juste l'attrait d'aller à nouveau à la plage, de se coucher sur le sable et de le laisser le soleil taper sur lui, mais l'idée d'être seul avec Louis pendant tout le weekend, loin du mécanisme quotidien. Même cette simple idée semblait libératrice, ils avaient tout le temps au monde pour une fois, même si Harry savait que c'était loin d'être vrai. Ils n'en avaient toujours qu'une petite part, comme depuis le tout début.

Le plan génial d'y aller en groupe tomba à l'eau avant même d'avoir été mis à exécution parce que Harry... eh bien, il était supposé demander à Liam, mais à la seconde où il entendit Louis dire que Zayn ne pourrait probablement pas venir, la perspective d'être que tous les deux pendant quelques jours était devenue trop alléchante pour la laisser passer.

Essayer de donner un sens à tout ce qu'il se passait entre eux semblait être un exploit impossible, car malgré la facilité qu'ils avaient pour communiquer au sujet de littéralement tout le reste, aucun d'eux n'avait déjà demandé à haute voix ce qu'ils étaient l'un pour l'autre ou dans quelle direction ils se dirigeaient. Ça ne semblait juste pas pressant quand tout était aussi facile et simple entre eux. Trop y penser ou demander des explications semblait dangereux, comme si ça pouvait foutre en l'air la dynamique qu'ils avaient mis en place.

Louis se montra quelques minutes après l'heure sur laquelle ils s'étaient mis d'accord et Harry ne réfléchit pas deux fois avant d'encercler sa taille avec ses bras, le faisant se mettre sur la pointe des pieds pour attraper ses lèvres, soupirant de contentement contre elles et devant réellement lutter pour ne pas manifester vocalement que ça lui avait manqué. Il l'avait embrassé le matin même, quand Louis s'était arrêté chez lui pour lui apporter un thermos plein de thé glacé après son jogging, mais Harry avait été trop occupé avec les courses pour le voyage qu'il n'avait pas pu se rendre chez les Wood dans l'après-midi, comme il le faisait habituellement. Passer autant de temps sans le voir marquait apparemment une différence dans sa journée et Harry n'arrivait presque pas à le comprendre.

Ils finirent de charger la voiture et prirent la route, laissant la capote ouverte pour pouvoir apprécier les kilomètres de ciel bleu et essayant de se rafraîchir tandis qu'ils se rapprochaient de plus en plus de l'eau. Quand Harry jeta un coup d'œil à sa droite, il put voir le tee-shirt de Louis coller à son torse à cause de l'air conditionnée à son maximum et il avait son bras par la fenêtre, faisant des vagues avec sa main alors qu'ils avançaient.

La Jag avait seulement un lecteur de cassettes donc Harry avait passé trois heures la nuit dernière à transférer une à une les chansons de plusieurs CD sur une cassette, leur faisant une compilation pour la route. Il chantait en même temps et Louis se joignit à lui pour quelques chansons qu'il connaissait déjà parmi le flot continu de musique que Harry lui envoyait toujours.

Le voyage ne durait pas plus d'une heure, et Harry l'avait fait tellement de fois qu'il était comme sur autopilote alors qu'ils prenaient les derniers tournants menant à la maison. Elle leur appartenait depuis qu'il était enfant, et il avait l'impression de devoir expliquer à Louis que l'immobilier était moins cher à l'époque, parce qu'il pouvait voir sur son visage qu'il était plus qu'un peu impressionné. Elle était dans la partie sud de la ville, à plusieurs pâtés de maisons de la promenade bruyante. A l'arrière de la maison se trouvait l'océan, et quand ils sortirent sur le pont, il observa le visage de Louis à la place des vagues.

« Putain, ça déchire, » dit Louis, souriant quand il tourna le regard vers lui, et Harry ne s'était pas attendu à ce qu'il se penche pour l'embrasser, intensément et rapidement. « Allons manger. »

Le choix de nourriture à Point Pleasant était des plats standards du littoral : des bars qui servaient de la nourriture, des restaurants de fruits de mer avec un bar à l'intérieur, des pizzerias, un restaurant grill cher où personne n'allait vraiment. Louis était d'humeur pour des hamburgers alors ils s'installèrent à un pub qui, à cause de l'heure avancée, n'était pas encore bondé par ceux venus boire un coup, mais il grouillait principalement de couples mangeant dans des boxes en bois et du rock classique sortait de la minuscule stéréo. Le panneau à la porte disait Asseyez-vous, alors ils le firent, choisissant la seule table restant qui était une table haute près du bar.

Alors qu'ils ouvraient les énormes menus plastifiés, il vint à l'esprit de Harry que c'était la première fois qu'ils sortaient sans les enfants. Il n'était pas certain de s'attendre à ce que ce soit bizarre ou les mette mal à l'aise, mais voir Louis assis en face de lui rendit Harry presque fier, ou quelque chose s'y approchant. Il – il appréciait juste beaucoup Louis, même comme un simple ami, il trouvait qu'il était très drôle, foufou, gentil et il le faisait beaucoup sourire. Pourquoi ne voudrait-il pas être associé à une personne comme lui ? Louis lui fit une grimace par-dessus son menu et Harry sourit tellement largement que ses joues lui firent mal, même si c'était à peine drôle, selon les nomes de n'importe qui d'autre.

« Cap de commander une de ces boissons ridicules, » dit-il, pointant le menu. Les cocktails avaient des noms du genre Sex on Point Pleasant Beach et Sexy, Dark, and Stormy, et Harry rigola alors que leur serveuse s'approchait.

« Des boissons ? » demanda-t-elle, sortant un stylo de derrière son oreille et n'offrant aucun contact visuel et encore moins un sourire.

Louis éclaircit sa gorge. « Je peux avoir le, euh, Sexy, Dark, and Stormy ? » il fit une pause pour ce que Harry supposa être un effet dramatique. « Et je vais vous demander de mettre un supplément de sexy, si ça vous dérange pas. »

La serveuse ne cligna même pas des yeux, et Harry mordillait tellement fort sa lèvre inférieure pour s'empêcher de rire qu'elle commença à devenir douloureuse. Elle tourna son attention vers lui, les sourcils haussés en signe d'attente.

« Je vais prendre un Breezy Bikini, s'il vous plaît. » Il lui fit son plus beau sourit et elle repartit avec un roulement d'yeux vraiment impressionnant qui déclencha un fou rire chez tous les deux.

Les cocktails avaient l'air encore pire que leurs noms, mais les hamburgers étaient délicieux, grands, désordonnés et difficiles à mordre dedans. Louis avait ses chevilles accrochées à celles de Harry sous la table et ils restèrent comme ça pendant qu'ils grignotaient leurs frites et commandaient une autre tournée de sexys et de bikinis, comme ils avaient commencé à les appeler.

« Alors, on va à la plage toute la journée demain, » dit Harry, buvant une gorgée de son cocktail énormément fruité.

« Et puis tu me feras la cuisine, tu l'as dit, » lui rappela Louis.

« Tout ce que tu veux. »

« Tacos ? »

« Ouais, tacos. »

Louis sembla heureux, comme s'il s'était attendu à plus de résistance, et il sourit autour de sa paille quand il prit une autre gorgée. Harry pensa qu'il devait le faire exprès quand il la garda entre ses dents, regardant droit vers lui même lorsque les yeux de Harry devait être sur le point de loucher à cette vue.

C'était presque incroyable, vraiment, qu'aucun d'eux n'aient ne serait-ce que fait une tentative de faire aller les choses plus loin que des baisers contre chaque surface disponible, depuis cette nuit dans la pool-house. Ce n'était pas faute de se chauffer, parce qu'ils en étaient arrivés au point où leurs taquineries étaient sans merci, mais ils n'avaient également pas vraiment eu l'opportunité.

« C'est mon endroit préféré au monde, » dit Harry, si ce n'était juste pour se sortir de la brume de désir dans laquelle il était coincé depuis que la vie avait été assez cruelle pour associer les lèvres de Louis et une paille rose fluo ridicule.

« Quoi, la... » Louis se pencha assez sur sa chaise pour pouvoir lire l'enseigne près de la porte, tendant son cou au point de presque tomber de sa chaise. « La, euh, Cabane du Capitaine ? »

Harry secoua simplement sa tête, souriant alors qu'il passait sa propre paille sur les restes de sa boisson. « Non, monsieur-je-sais-tout, j'veux dire Point Pleasant. Genre, aucun endroit n'est comparable avec ici. Cependant, ça pourrait être juste à cause de tous les souvenirs que j'ai, parc'qu'ils remontent à aussi loin que je me souvienne. Quand j'étais gamin, j'imaginais toujours ce que ça serait de vivre ici à plein temps, mais j'crois que ça aurait été complètement différent. Pas aussi spécial, tu vois ? »

Louis hocha de la tête pour acquiescer, regardant tout autour du pub et essayant de son mieux de tout enregistrer. Il devait être parfaitement conscient qu'ils étaient en train de créer un souvenir à deux dans l'endroit préféré de Harry – un auquel ils penseraient tous les deux dans plusieurs années, peu importe ce qu'il se passait entre eux.

« C'était toujours comme ça, je pense. Est-ce que tout le monde ferait une montagne de Disney World s'ils vivaient en plein milieu du parc ? C'est en quelque sorte une mauvaise analogie parce qu'en fait je déteste Disney World, mais tu vois ce que je veux dire. Tu dois profiter de certain endroit à petite dose parce que ça garde la magie intacte. »

« Quoi ? Tu détestes Disney World ? Qu'est-ce qui ne va pas avec toi ? »

« Voilà, je te donne mon incroyable perle de sagesse et tout ce que j'ai en retour, c'est que tu me juges de ne pas apprécier le pays des boissons à cinq dollars et aux files d'attente durant trois heures. L'endroit où les rêves deviennent réalité, mon cul, Harold. »

« Ton cul est l'endroit où les rêves deviennent réalité ? »

Venant tout juste de prendre une longue gorgée, Louis recracha sa boisson, devenant rouge même si le seul signe d'hésitation de Harry était la façon dont ses lèvres se courbèrent aux coins alors qu'il essayait de se retenir de sourire.

« T'es désolant. Sur ce, je vais aux toilettes. Ne vole pas mes frites. » Louis lui tapa l'épaule quand il passa à côté de lui et Harry ne put s'empêcher de se retourner, regardant derrière lui alors que le corps de Louis disparaissait dans la foule qui s'était agglutinée près du bar. Il y avait quelque chose à la télévision qu'ils regardaient tous avec intérêt – probablement un match, parce que de temps en temps le volume dans le pub semblait s'accroître.

La serveuse revint pendant ce temps et lui demanda s'ils voulaient une troisième tournée. Harry secoua sa tête, parce que trois sexys et bikinis pourraient les mettre tous les deux à terre. Il leur commanda deux bières à la place et, oui, il vola quelques frites à Louis puisqu'il avait déjà fini les siennes.

Leurs bières arrivèrent et il semblait que ça faisait étrangement un long moment que Louis avait quitté la table, alors Harry se décala sur son siège pour pouvoir regarder et voir s'il avait été intercepté par quelqu'un en revenant. Il s'était presque attendu à devoir aller le secourir, lui fournir une échappatoire, mais quand ses yeux se posèrent finalement sur lui, il se trouva que la situation était loin de son premier instinct. Quelque chose à propos de son langage corporel disait qu'il n'avait pas vraiment envie d'être sauvé, de toute façon.

Louis se tenait avec les hanches appuyées contre le bar et Harry pouvait voir le profil du gars se trouvant avec lui et même sans les détails, il pouvait dire qu'il était beau. Il était grand et large avec des cheveux noirs et, apparemment, il était drôle aussi, parce que peu importe ce qu'il venait de dire, ça fit rire Louis.

La conversation ne dura pas longtemps et Harry essaya de s'empêcher de les fixer ouvertement, mais il surprit la fin quand le gars prit le téléphone de Louis, entrant son numéro avant de lui rendre avec un sourire satisfait. C'était difficile de déchiffrer ce que Louis pensait parce que son visage était relativement neutre, mais il y avait quand même l'ombre d'un sourire sur ses lèvres et c'était assez pour faire voir rouge à Harry.

C'était absolument déraisonnable pour lui de réagir de cette façon, il le savait. Tous les prudents contournements de sujet, comme ce qu'ils étaient l'un pour l'autre, avait été beaucoup plus de sa faute que celle de Louis, mais il lui fallut un effort significatif pour ne pas commencer à poser des tonnes de questions à la seconde où Louis revint s'asseoir face à lui.

« Désolé d'avoir pris autant de temps, bébé. » En temps normal, le surnom affectif réjouirait Harry, mais pour une raison quelconque, il lui donna juste l'impression d'avoir été trahi. Il y avait un vide dans le fait d'avoir quelqu'un étant aussi facilement mignon quand vous veniez juste de vous souvenir que vous n'aviez aucun droit sur lui.

Harry avait toujours eu l'impression que c'était une bonne chose de ne pas trop s'attacher à quoi que ce soit. Il avait passé des années à défaire des nœuds lâches et c'était totalement terrifiant, la façon dont son point de vue était capable de changer en tout juste cinq secondes. A présent, tout ce qu'il voulait était de sortir du pub, d'acculer Louis contre les briques froides du bâtiment, une fois qu'ils seraient à l'extérieur, et de l'embrasser jusqu'à ce qu'il oublie tout ce qu'avait pu dire ce gars pour le faire rire. Peut-être même jusqu'à ce qu'il oublie toutes les personnes l'ayant fait rire avant lui.

« Pas grave. T'as été distrait. »

Louis attrapa sa bière et la brèche dans son comportement était visible dans son front plissé quand il remonta ses yeux vers ceux de Harry. « Oh ouais. Ce gars. »

La nuque de Harry commença à chauffer, et il était agité et frustré, presque plus par lui-même que par Louis qui ne lui donna pas la moindre explication. Il ne trouvait rien à dire, et Louis semblait le relever, même si son visage était plein d'innocence.

« Il a un jet-ski, » dit-il, puis il baissa le regard vers son assiette. « Hé, merci d'avoir volé mes frites, connard. »

« Un jet-ski ? » Harry n'arrivait pas à croire à quel point ce gars devait être un foutu crétin si c'était sa façon de draguer.

« Euh, ouais. Il m'a dit que je pouvais l'utiliser si je voulais. Ça a l'air d'être d'enfer, en fait. »

Harry grogna et enroula sa main autour de sa pinte, fronçant le nez de dégoût. L'idée de Louis sur le jet-ski de ce gars était presque comique et également incroyablement irritante. Il prit une respiration et essaya de garder sa voix stable et pas accusatrice, parce qu'il n'avait aucune raison de sonner autre chose que curieux, même s'il ressentait l'exact opposé.

« Alors c'est pour ça que t'as pris son numéro. »

« Euh, » commença Louis, évasif, comme s'il avait déjà commencé à oublier le gars qui donnait mal à la tête à Harry. « J'voulais juste être poli. »

Le plus grave était que Louis pensait véritablement que prendre le numéro de ce gars était la chose polie à faire. Harry rigola, puis leva sa bière et but la deuxième moitié en trois gorgées, gagnant un regard stupéfait de la part de Louis.

« Louis, sois honnête, » dit-il, se pencha en avant sur ses coudes. Il pouvait déjà sentir les effets de la bière se répandre en lui, soutirant ses mots jusqu'à ce qu'ils soient délibérés et lents. « Es-tu contrarié que je n'ai pas ma propre moto des mers ? »

Louis croisa ses bras sur son torse, toisant Harry du regard d'une façon qui lui donna envie de monter sur la table et de l'embrasser, afin de retirer ce foutu sourire en coin de ses lèvres.

« T'es un abruti, » fut tout ce qu'il dit, puis il attrapa sa boisson et sauta sur ses pieds. « Viens, on va te chercher une autre bière. »

Ils se dirigèrent vers le bar et Harry repéra exactement où se trouvait l'homme au jet-ski – quelque part à l'autre bout, et Louis ne le regardait même pas mais Harry le faisait. Il le fixait d'une façon qui devait être déconcertante puisque c'était un parfait étranger, mais il s'en foutait totalement.

Louis était accoudé au bar et il se tenait sur la pointe des pieds, essayant d'attirer l'attention du barman. Son haut se releva à l'avant et le collait tellement étroitement que Harry put presque voir les vertèbres de sa colonne. Il ne put y résister ; il se mit derrière lui et posa une main sur la hanche de Louis comme pour le maintenir en place, et il sentit Louis reculer contre son torse après avoir passé sa commande pour deux nouvelles bières.

La foule de personnes autour d'eux était tellement grosse que Harry ne pourrait même pas reculer s'il le voulait, alors il profita de leur proximité. Sa main glissa de la hanche de Louis à sous son tee-shirt, ses longs doigts s'étendant sur son ventre alors qu'il enfouissait son visage dans sa nuque pour y déposer une ligne de baiser. Louis ronronna, appuyant encore plus son poids contre lui et Harry ne put s'empêcher de remarquer qu'ils avaient toujours une paire d'yeux sur eux.

Le gars devait être jaloux, pensa Harry, parce qu'il pouvait poser ses mains et ses lèvres partout sur Louis et qui n'envierait pas ça ? Il voyait toutes les mêmes choses en Louis – même encore plus que ce qu'un étranger arrivait à voir, parce qu'il ne faisait pas simplement que constater à quel point il était absolument magnifique, il connaissait également ses manies, ses nuances et tous les autres petits détails qu'il ne pourrait expliquer à quiconque même en essayant. Ça ne faisait pas plus d'un mois, et il le connaissait.

Il connaissait son top cinq de tout, de quoi avait l'air la maison dans laquelle il avait été élevé, à quel point il avait dû grandir vite pour aider avec ses sœurs, à quel point il avait l'air joyeux en apportant du café et des pâtisseries le matin, et les choses les plus complexes également. Il écoutait avec attention chaque mot que Louis lui disait, même quand ce dernier pensait probablement que c'était juste des faits sans intérêts que Harry finirait juste par aussitôt oublier.

« J'ai le sentiment qu'on est en train de faire un show, » commenta Louis, hochant de la tête pour remercier la serveuse quand elle posa leurs boissons devant lui sur le bar. Il se retourna dans les bras de Harry, levant le regard pour le fixer.

« Peut-être bien. »

« Au moins, faisons-le bien alors. » Il y avait une teinte d'agacement dans la voix de Louis et il ne fit rien de plus que détourner ses yeux de ceux de Harry, et ce fut ce qui lui fit perdre les pédales.

Son corps se courba contre Louis sans y réfléchir deux fois et il enroula sa main autour de sa nuque, le tenant en place alors que leurs lèvres se rencontraient. Ce fut brusque et intense dès le début, ouvrant tous les deux leurs bouches pour essayer d'obtenir plus de l'autre, comme s'ils extrayaient tout ce qu'ils pouvaient du baiser même s'il y avait du monde partout autour d'eux.

« Est-ce que t'as une putain d'idée de ce que tu me fais ? » La voix de Harry était proche d'un grognement, résonnant contre les lèvres de Louis et il tremblait presque tellement il était excité. Il était égoïste et avide, et Louis était soit légitiment inconscient ou jouait simplement cette carte. Il pensait que c'était plutôt la première proposition et il trouvait ça aussi attachant que ça le faisait clairement chier – que pile au moment où il faisait une crise de possessivité, il trouvait toujours que tout au sujet de Louis était si désespérément parfait.

« Ne me le dis pas... pas tout de suite, j'peux pas... » Louis frissonna quand Harry mordit sa lèvre inférieure, et il s'agrippa à son torse, comme s'il pouvait réussir à faire traverser ses ongles à travers le tissu pour être en mesure de creuser en lui. Harry pouvait à peine sentir le bout de ses ongles et ses yeux roulèrent presque en arrière, collant encore plus son corps contre celui de Louis jusqu'à ce qu'il soit coincé contre le comptoir du bar.

Louis recula le premier, à bout de souffle et rouge. Les lèvres de Harry étaient à vif à cause de leur baiser, si douces qu'il ne put s'empêcher de tendre la main pour les toucher. Il observa le torse de Louis se soulever alors qu'il attrapait leurs pintes et passa devant lui, retournant à leur table sans un mot de plus.

Ils finirent par passer environ une heure de plus dans le pub et le gars au jet-ski resta également, volant des regards dans leur direction tellement souvent que ce fut une surprise qu'il ne soit, en fait, pas venu jusqu'à leur table pour essayer de les interrompre, ou peut-être essayer de se joindre à eux. Le plus drôle était qu'ils ne parlaient pas vraiment. Harry pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de mots que Louis avait dit pendant la dernière heure, et ce fut seulement pour lui dire qu'il était prêt à partir.

Une fois qu'ils furent sur le trottoir, Louis secoua sa tête, marchant plus vite que lui mais il n'y avait toujours pas beaucoup de méchanceté dans sa voix quand il parla. « J'peux pas croire que t'as été aussi putain de jaloux pour rien. »

« Rien ? Tu flirtais avec ce gars juste devant ma gueule alors que t'étais de sortie avec moi. » Harry marchait derrière, faisant de grands pas pour le suivre et Louis s'arrêta brusquement, se retournant pour le regarder droit dans les yeux.

« Je ne flirtais pas ! Et comment j'étais censé savoir qu'on sortait, sortait. »

Harry baissa ses bras le long de ses flancs, exaspéré et pleinement prêt à se défendre tout en sachant qu'il n'avait pas vraiment d'excuse pour avoir agi de cette façon. « J'sais pas, parce qu'on était assis ensemble ? Parce que t'es venu ici avec moi ? Parce que tu restes avec moi ? »

Louis roula simplement des yeux et recommença à marcher, enfonçant ses mains dans les poches de son jeans. Chiant. Il était tellement chiant.

« T'es vraiment aussi aveugle ? » demanda Harry, marchant un peu plus vite jusqu'à ce qu'ils soient côte à côte. Il était un peu ivre, et il avait loin d'avoir l'alcool coléreux mais ça lui donna désespérément envie d'avoir une explication.

« Je m'étais pas rendu compte du fait que t'en faisais une putain d'énorme affaire, » dit Louis, se tournant pour le regarder après qu'ils aient tourné au coin de la rue. Il était sur le point de continuer à marcher mais Harry attrapa son bras et inclina sa tête vers la gauche – ils étaient devant la maison, et Louis laissa échapper un petit oh, puis suivit Harry jusqu'au porche.

« Je n'en fais pas – » Harry trifouilla son porte-clés en ayant l'impression que ses doigts bougeaient au ralenti, et il supposa qu'il était probablement un peu plus bourré qu'il ne pensait, si c'était une indication. « C'est pas comme si je m'étais approché et avait essayé de déclencher une bagarre avec lui, ou quoi, simplement je... »

Il réussit à ouvrir la porte et elle fut à peine fermée derrière eux que Louis lui arracha les clés des mains et le coupa avec un baiser. Harry y répondit immédiatement, enroulant une main autour de sa nuque tandis qu'ils avançaient à l'aveuglette en direction du canapé. Il ne put même pas protester au fait d'être diriger de cette façon, comme si Louis avait juste attendu d'être seul avec lui pour pouvoir lui fermer la bouche de la façon la plus efficace.

Pendant quelques minutes, ils étaient un vrai désordre, leurs mains s'agrippant partout où elles pouvaient, leurs baisers humides jusqu'à les faire haleter l'un contre les lèvres de l'autre. Louis était avachi dans un coin du canapé, son tee-shirt froissé et remonté jusqu'au milieu de son torse. Il n'arrivait visiblement à décider s'il voulait s'éloigner ou se rapprocher de Harry, parce que ses mains alternaient entre le repousser et le tirer en avant, mais ses jambes étaient enroulées autour des mollets de Harry. Ils étaient collés et pouvaient à peine bouger. Harry avait juste envie, encore et encore, de Louis, tout de lui, sa petite bouche arrogante et l'expression qu'il avait vue sur son visage quand Monsieur Jet-ski l'avait fait rire.

« Tu aurais simplement pu demander, » dit Harry, les mots soufflés chaudement contre les lèvres de Louis.

Les dents de ce dernier étaient enfoncées dans la peau juste en dessous de sa mâchoire comme s'il essayait de prouver quelque chose, cependant Harry n'était pas entièrement sûr de ce que ça pourrait être.

« Quoi ? » demanda-t-il, une réaction tardive qui rendit clair le fait qu'il n'écoutait pas.

Harry passa ses doigts à travers les cheveux de Louis, les repoussant de son visage pour pouvoir le regarder dans les yeux. Il ne parla pas jusqu'à ce qu'il le regarde en retour, et il rigola presque à l'air comiquement grognon de Louis, comme s'il préférait ne pas savoir s'il Harry allait essayer de lui faire deviner.

« Si j'étais jaloux, » dit Harry. Il baissa ses lèvres jusqu'à ce qu'elles touchent presque celles de Louis lorsqu'il parla à nouveau.

« Ce n'est pas le genre de chose que tu demandes à quelqu'un, Harry, » se moqua Louis, attrapant le haut de Harry dans ses poings et s'y accrochant avec frustration quand les mains de Harry se retirèrent de ses cheveux et descendirent pour prendre en coupe la ligne de sa mâchoire, ses doigts s'étendant jusqu'à ses joues. « Bon dieu, pour quelle raison tu devrais être jaloux, de toute façon ? »

La façon dont il le dit n'impliquait pas qu'il n'y avait personne qui pourrait rivaliser avec lui, et si Harry était moins ivre, il se serait probablement attardé sur à quel point il n'était pas prêt pour ça, dans n'importe quel proportion.

« Parce que c'est toi. Tu me rends complètement fou, putain. »

C'était intense, plus une déclaration audacieuse que ce dont Harry était habituellement disposé à donner, et la prise de Louis sur lui se resserra et il se détendit contre l'accoudoir. Il tira Harry vers lui, désespéré, comme s'il voulait être cloué contre le canapé par son poids.

Harry comprenait parce qu'il avait l'impression qu'ils n'étaient jamais assez proches, qu'il ramperait à l'intérieur de Louis s'il pouvait et remplirait tous les espaces vides où il pensait devoir être. Il voulait pénétrer à l'intérieur de lui et y laisser des traces, le marquer plus profondément que sa chair parce que le simple fait de regarder Louis déclenchait des étincelles, qui ne lui étaient pas familières, disant à moi, à moi, à moi. Elles ne semblaient pas disparaître, brillant seulement plus intensément et perdant le contrôle ; Louis lui donnait vraiment l'impression de perdre le contrôle.

« J'suis prêt à ce que tu me le dises maintenant. »

Les sourcils de Harry se froncèrent de confusion, bougeant sa main pour tenir le côté de son cou et lui faisant incliner encore plus la tête en arrière, pour que leurs regards puissent se rencontrer. « Te dire quoi ? »

« Au bar. Dis-moi ce que je te fais. »

Louis déglutit fortement, sa pomme d'Adam bougeant dans sa gorge et Harry le fixa trop durement, parce qu'il commençait à avoir vraiment peur.

C'était une échappatoire, il le savait, mais il avait toujours été meilleur avec des gestes qu'avec des mots, alors il fit en sorte de distraire Louis avec un autre baiser, n'arrêtant pas cette fois pendant qu'ils retiraient leurs hauts et ouvraient la braguette du jeans de l'autre. Harry entoura le sexe de Louis avec sa main en premier et il n'y avait pas beaucoup de place, avec son boxer simplement baissé sur ses hanches, mais il courba ses doigts et le taquina, effleurant la hampe puis passant son pouce sur le gland jusqu'à ce que du liquide séminal s'en échappe.

Il ne s'était pas attendu à ce que Louis attrape son poignet et Harry jeta un coup d'œil entre leurs corps, aux doigts fins de Louis accrochés autour de lui, stabilisant sa main puis levant le regard vers lui. Harry n'avait même pas besoin de poser ses yeux sur lui pour savoir qu'il était en train de lire à travers lui, essayant de lui retourner la tête.

« Non, Harry. Je veux que tu le dises. » Sa voix était un chuchotement doux et Harry paniqua presque, sentant sa nuque devenir chaude. Il y avait soudainement tellement de pression sur lui et il ne savait pas quoi dire, en fait il ne savait ce qu'il se sentait prêt à admettre, à lui-même ainsi qu'à Louis.

Il lui faudrait trop de temps pour trouver quelque chose à dire et Harry savait que Louis devait être frustré. Il allait probablement le repousser parce que Harry n'arrivait même pas à parler de quelque chose dont il avait lui-même amené le sujet.

Cependant, à la place, Louis lâcha simplement sa main, murmura quelque chose se rapprochant de fais-le. Ils se firent jouir comme ça, branlant le sexe de l'autre là sur le canapé jusqu'à ce que leur respiration deviennent tellement fortes qu'elles ressemblèrent aux premières bouffées d'air prises après avoir été sous l'eau. Harry oublia les détails – il ne savait plus qui avait joui en premier ou qui avait initié le baiser quand ce fut terminé, ressentant juste la sensation de libération qui vint après. Et le fait que ce n'était même pas la moitié de la libération dont ils avaient toujours besoin.

Ils ne dirent pas grand-chose après. La tension s'était plus ou moins dissipée mais il y avait toujours quelque chose, cette indigence ivre tellement familière pour Harry, l'incapacité de simplement laisser tout partir, même s'il savait que ce serait arrangé par une bonne nuit de sommeil et une tasse de café le matin. Il déposa un baiser au milieu du front de Louis et s'excusa avant d'aller dans la salle de bain, où il éclaboussa son visage avec de l'eau froide et se nettoya. Il était trop bourré pour se regarder dans le miroir et il éteignit la lumière avant de pouvoir même s'apercevoir en sortant.

Quand il ouvrit la porte, les vêtements de Louis étaient dans une pile sur le parquet du couloir, et il y avait une paire de Vans noires retirée à l'entrée de la chambre principale. Harry entra et souhaita être photographe, ou autre, simplement avoir un moyen de capturer avec précision la peau bronzée de Louis contre les draps blancs, enchevêtrés entre ses jambes comme s'il n'arrivait pas à décider s'il voulait être en dessous ou au dessus d'eux. Il y avait un oreiller sous sa tête et il en serrait, également, un autre dans ses bras ce qui était... Harry n'arrivait pas à comprendre pourquoi c'était aussi mignon.

Il se déshabilla au bout du lit et, dans le noir, il pensa que Louis était déjà endormi, mais il n'arriva pas à le dire exactement jusqu'à ce qu'il grimpe dans le lit. Louis jeta le coussin qu'il tenait et tendit les bras pour atteindre Harry à la place. Ce dernier l'attrapa également, le rapprochant de lui en passant un bras sous son cou et en encerclant l'autre autour de sa taille. Pendant une seconde, il pensait que Louis roulerait sur le côté pour qu'ils puissent s'emboîter ensemble, son dos contre son torse, mais il resta comme ça et appuya simplement son front contre le sternum de Harry jusqu'à ce qu'ils s'endorment.

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