Chapitre 3

Harry

Il faisait nuit dehors, peu après vingt-et-une heures, lorsqu'ils quittèrent la maison des Wood et Harry ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil au ciel alors qu'ils marchaient dans l'allée qui séparait les deux jardins. Malgré la pluie de la journée, il semblait y avoir une quantité excessive d'étoiles et elles brillaient joliment, éclairant leurs pas et servant de remplaçant à la lumière du porche de la pool-house. L'air toujours humide, mais ce n'était pas aussi moite qu'en fin d'après-midi et tout était juste vraiment sympa, vraiment stable. Il pensait que ça avait plus à voir avec le fait d'être à nouveau en la présence de Louis que les deux derniers jours et demi qu'il venait de passer à Point Pleasant.

C'était agréable, se poser dans le sable et tourner les pages d'une très vieille copie de Le Festin Nu tout en prenant un bain de soleil. Ça aurait été parfaitement relaxant s'il avait été capable de mettre de côté ses pensées pendant plus que quelques minutes, mais elles avaient tout le temps été présentes, revenant systématiquement vers Louis, même quand il faisait un effort consciencieux pour essayer de s'arrêter.

Ça ne lui ressemblait pas de s'accrocher à quelque chose pendant trop longtemps, et encore moins d'avoir autant de pensées pour une seule personne, mais Louis continuait quand même de trouver des moyens de s'y faufiler. Il pensait à lui dans les moments les plus fortuits, le liant à des choses au point que c'était une extension – genre, il n'y avait aucune raison apparente pour qu'en voyant quelqu'un faire du parapente, il pense oh hé, je me demande si Louis a déjà fait du parapente. Harry essaya de se rationaliser, mais il avait simplement fini par se mentir encore plus à lui-même.

Puisque ça avait été une soirée mouvementée, il s'attendait presque à ce que Louis soit pressé de partir, d'entrer dans sa voiture et de retourner à son appartement pour pouvoir dormir, afin d'apaiser la tension qui s'était accumulé face à un bébé malade et deux enfants turbulents de cinq ans. Cependant, Louis avait en quelque sorte l'air anxieux, Harry se demanda s'il n'était peut-être pas prêt pour ça et s'il n'avait pas besoin d'un peu de répit entre le point a et le point b.

« Tu vas tout de suite rentrer chez toi ? » demanda Harry, secouant ses boucles et les repoussant sur le côté de son front pour avoir une meilleure vue sur lui. Il ne voulait pas manquer l'expression de son visage parce qu'il essayait de le lire, essayait de suivre les signaux qu'il donnait même s'il n'y avait rien de flagrants à leur propos.

« J'sais pas, je pourrais faire ça. » Louis haussa simplement les épaules en réponse, l'image évasive et ça, pensa Harry, étaient exactement ce qu'il recherchait comme impulsion finale pour demander ce qui était au premier rang dans son esprit depuis qu'ils avaient passé la porte arrière de chez les Wood.

« Pourquoi tu ne viendrais pas faire un saut chez moi ? »

Il ne voulait pas que ça sonne comme une suggestion plutôt qu'une question, mais Louis acquiesça et Harry dut retenir son soupir de soulagement, le suivant jusqu'à la porte de la pool-house alors qu'il sortait les clés de sa poche.

Si ça avait été une journée normale, Harry savait que la réponse de Louis aurait été livrée au milieu d'une chaîne de commentaires sarcastiques. Ce soir semblait différent, cependant, parce qu'il pouvait sentir le poids de la soirée sur ses propres épaules et imaginait à quel point ça devait être pire pour Louis. Harry ne l'avait jamais vu avoir autant les nerfs en pelote, et il fut soulagé lorsqu'il accepta de venir ; il aurait pu le supplier s'il avait dit non.

Harry ferma la porte derrière lui une fois qu'ils furent à l'intérieur, il retira ses Converses avec le bout de ses pieds avant d'allumer la lumière près du lit. La lueur qu'elle projeta était chaleureuse et ombragée sur les quelques petites pièces. L'odeur lui rappela l'été, les nuits passées ici avec ses amis après avoir volé de l'alcool dans le bar de ses parents lorsqu'il était beaucoup trop jeune pour boire du gin à la prunelle. C'était étrange que Louis soit là, et c'était différent le soir. Le contexte de sa visite était très différent que pour celle quelques jours auparavant, ce vendredi matin, quand Louis était venu encore humide de sa douche, les yeux un peu bouffis et tellement incroyablement, foutrement, adorable que Harry n'avait pas su quoi faire d'autre que l'embrasser.

Louis semblait particulièrement petit et en quelque sorte fragile alors qu'il coinçait un pied nu sous lui et que l'autre se balançait en dehors du lit, ne touchant même pas le sol. Harry savait que ce n'était pas le cas, il savait qu'il était tout le contraire, en fait, mais l'idée le rendait toujours nerveux, comme s'il voulait arranger ça, ou au moins réussir à comprendre ce qu'il ressentait, parce qu'il savait qu'il allait sortir vingt blagues avant d'y venir franchement.

S'asseyant à côté de lui, il se pencha assez pour entrechoquer leurs épaules et sourit, espérant que ça permettrait d'obtenir la même chose de Louis. Pour son crédit, ce dernier essaya et les coins de sa bouche se courbèrent en une esquisse, mais elle n'atteignit pas ses yeux, ni n'illumina son visage de la façon dont ses sourires le faisaient généralement.

« Dure soirée, hein ? »

Louis fit ce truc avec son visage, une sorte de torsion, comme s'il était agacé par le fait que Harry souligne l'évidence de la façon dont il le faisait toujours. « Elle n'entrera définitivement pas dans le top cinq, c'est sûr. »

« C'est fini maintenant, hein ? Annie va aller mieux. » Ce n'était évidemment pas aussi simple que ça, mais Harry visait quelque chose entre le réconfort et une sorte de psychologie inversée – genre, peut-être que s'il minimisait tout alors Louis serait assez frustré pour simplement confesser ce qu'il avait en tête.

« Ouais, je sais qu'elle va bien, Harry, » dit Louis, exaspéré, et il lança un regard dans sa direction. Son visage s'adoucit pas plus d'une seconde plus tard et il fit un rapide signe de la main en signe d'excuse. « Désolé, c'est juste que... ça me fout les boules quand les choses se déroulent comme ça. Je me sens responsable que les choses aient été hors de contrôle en premier lieu et puis j'ai du t'appeler pour que tu viennes m'aider. Je n'aurais pas dû faire ça et, genre, que va-t-il se passer quand je serai prof ? Si j'peux pas gérer trois enfants en même temps alors comment je vais réussir à le faire avec trente ? » Louis s'arrêta pour passer une main dans ses cheveux avant de faire courir les deux le long de son visage, comme s'il essayait de se calmer. « Bon Dieu, pourquoi je suis en train de te raconter tout ça ? Comme si ce soir n'avait pas déjà été assez embarrassant. »

D'une certaine façon, ça avait presque un sens à entendre, parce que Louis avait auparavant glissé des commentaires à propos du temps long que ça lui prenait pour trouver un poste d'enseignent stable, et Harry pouvait toujours entendre des nuances dans sa voix, comme s'il commençait à douter sur s'il y arriverait ou non. C'était, évidemment, absolument ridicule pour lui parce qu'il n'avait jamais vu quelqu'un de meilleur avec des enfants, qui était tellement compatissant et désireux de les aider à accomplir des choses. Louis se vantait plus du niveau de lecture de Miles, qui équivalait à celui d'un enfant de dix ans, que ses propres parents.

Harry soupira doucement, croissant ses mains sur ses genoux et regardant droit devant lui. Il voulait trouver le meilleur plan d'action parce qu'il pensait connaitre à présent assez bien Louis pour savoir qu'il n'était pas le genre à bien répondre à la consolation banale.

« Tu savais qu'au Royaume de Bhoutan, ils ont ce truc où ils se basent sur... le bonheur national brut ? »

Louis lui lança un regard bizarre, de toute évidence confus quant à ce qu'il devait faire avec ce sujet en main ou pourquoi il devait s'en soucier, mais il secoua simplement sa tête, alors Harry continua.

« Eh bien, genre, à la place de mesurer leurs progrès et leur qualité de vie sur l'argent que le pays a ou la croissance économique ou quoi, ils adoptent cette autre approche où ils jugent le bon niveau du pays sur le bien-être et le bonheur de chacun. C'est un peu déroutant, mais ils ont ces quatre piliers qu'ils jugent dessus, tu vois ? Le développement durable, la culture, l'environnement, les bonnes qualités d'un dirigeant... »

Se demandant clairement d'où il sortait ça, Louis se tourna plus vers Harry et haussa ses sourcils, lui lançant un regard plein d'attente auquel Harry ne put s'empêcher de sourire. « Qu'est-ce que ça a foutrement à avoir avec tout ça ? »

« Rien. J'voulais juste te faire penser à quelque chose d'autre pour que t'arrêtes d'être trop dur avec toi-même. Ou peut-être t'ennuyer assez pour que ça fasse le même effet. »

La bouche de Louis s'ouvrit légèrement en entendant ça, comme s'il essayait de trouver quelque chose à dire, mais il finit simplement par se décider pour, « T'es la personne la plus étrange que j'ai jamais rencontré. »

Harry sourit encore plus, content de lui, et il leva ses épaules dans un rapidement haussement. « J'sais pas pour ça, mais je sais que tu vas faire un merveilleux prof, et que t'es foutrement génial avec ces gamins. Ils t'adorent. »

Il y eut un long moment pendant lequel Louis ne fit que le fixer – durement, comme s'il était en train d'envisage s'il devait simplement accepter le compliment, ou déballer un peu plus son sac. Peut-être le frapper, Harry n'en était pas certain.

Au final, il l'embrassa simplement. Il l'embrassa comme si c'était la dernière chose sur Terre qu'il pouvait faire pour arrêter Harry, pour taire les petits faits exaspérants qu'il racontait qui aurait pu venir de sous le bouchon d'une bouteille de Snapple, pour le peu que Louis en savait. Cependant, c'était plus que ça. Il l'embrassait comme s'il en avait désespérément envie, comme s'il avait attendu ça depuis la dernière fois qu'ils l'avaient fait et Harry laissa cette idée tourner dans sa tête, s'infiltrant aux côtés du bordel de pensées qui s'agitait dans son cerveau à n'importe quel moment. Il ne put s'empêcher de savourer ce que ça lui fit ressentir – chaud et en feu à cause de tous les espoirs lointains auquel il s'était accroché.

C'était différent cette fois. Ça avait moins l'air d'une expérimentation ou d'un exercice anodin de curiosité. Louis avait ses poings refermés sur le tee-shirt de Harry, gardant leurs corps incliné ensemble avec une force surprenante et Harry ne résista pas, l'aidant simplement en se rapprochant et en mettant ses mains autour de son cou, ses pouces se rencontrant au milieu – légers par dessus sa pomme d'Adam.

Il y eut une qualité désespérée dedans jusque là, leurs dents et leurs langues s'entrechoquant et deux paires de mains s'accrochant de toute leur force – comme si le moment pourrait se dérober si leurs prises étaient plus faibles. Les choses commencèrent à ralentir et Harry sut pourquoi. Il savait qu'ils voulaient tous les deux apprécier chacun des détails du baiser, la façon dont un frisson descendit le long de son dos depuis ses épaules lorsque Louis passa vivement sa langue contre son palet, la laissant ensuite glisser contre la sienne, et la façon dont Louis enfonça ses doigts juste à côté du col de son tee-shirt pour s'agripper à ses clavicules quand Harry mordit sa lèvre inférieure.

C'était rempli d'envie et désordonné et Harry aimait ça, aimait l'idée de Louis relâchant ses frustrations sur son corps, de le laisser l'utiliser comme un récipient dans lequel les déverser. Il pensait qu'il le laisserait le malmener pendant des heures si c'était ce qu'il fallait.

La pièce par ailleurs calme était troublée par des battements de cœurs et des respirations lourdes. Harry descendit ses mains du cou de Louis jusqu'à sur ses pectoraux puis il finit par le tenir par la courbe de sa taille. Il avait pensé à toucher tous ces endroits depuis la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, quand il avait dessiné une carte du corps de Louis dans son esprit, et chaque contact était comme une révélation. Bon Dieu, il était tellement plus doux, tellement mieux que dans son imagination.

Le baiser ralentit et Harry put presque sentir les yeux de Louis s'ouvrir avant qu'ils ne le fassent réellement, ses cils battant pour révéler un bleu plus foncé que d'habitude et Louis semblait si ébahi que Harry ne put s'empêcher de remonter à nouveau sa main, caressant du dos de ses doigts le point le plus haut de ses pommettes. « Mieux, hein ? »

Louis ouvrit sa bouche comme s'il était prêt à parler et il était tellement proche, toujours tellement proche que Harry put sentir le petit souffle qui sortit de sa bouche, avant qu'il ne décide de renoncer à dire ce qu'il avait initialement prévu et, à la place, il sourit en coin. « Tu sais, je ne suis pas vraiment sûr... j'veux dire, c'était un bon baiser, Harry, mais c'était vraiment, vraiment une mauvaise soirée. »

« Culotté, » dit Harry en souriant, glissant ses mains sous le haut de Louis juste pour le sentir, de son sternum à ses hanches. Louis haussa des épaules, semblant impressionné par lui-même et il se pencha en avant pour se rapprocher de lui. Il appuya ses lèvres à l'endroit où Harry aimait le plus être embrassé, juste derrière l'oreille, et Louis ne le savait même pas, mais ça le rendit fou quand il put le sentir commencer à parler contre la peau soudainement humide. « J'pensais que tu aimerais ça. »

« J'veux dire, je pense que tu peux faire mieux, » dit Harry. Il déglutit fortement et garda son cou tendu en arrière pour donner accès à Louis au côté de sa gorge. « Mais c'est un début. »

Il prévoyait que ce soit un problème, la façon dont il ne pouvait absolument pas s'arrêter de toucher Louis, ses doigts obsédés par les omoplates pointues et la parcelle douce de poils épars au centre de son torse, la façon dont son petit torse se gonflait et, peut-être le plus satisfaisant, le bruit qu'il fit lorsqu'Harry le poussa sur le lit. Il fallut une seconde à Louis pour se reprendre après avoir été pris au dépourvu, et puisqu'il s'était efforcé à le faire aussi souvent que possible au cours des dernières semaines, Harry s'y était attendu lorsqu'il fronça des sourcils après avoir rebondi sur le vieux matelas moelleux.

« Ton lit fait du bruit, » remarqua Louis, tendant une main pour tordre ses doigts dans l'ourlet du tee-shirt de Harry et le tira en avant, et il aima ça, la façon dont Louis tendait en quelque sorte la main pour attraper ce qu'il voulait. Harry se mit à quatre pattes et rampa au dessus de lui, laissant quelques centimètres entre eux.

« Effectivement, » murmura-t-il pour acquiescer, souriant légèrement en coin. « Ça veut dire qu'il t'aime bien. »

Appuyant son pouce contre la mâchoire de Louis, il lécha ses lèvres quand il vit sa tête rejetée en arrière et son cou exposé, ayant l'impression que c'était juste pour lui. Il ne savait foutrement pas où commencer ou quoi dire ou comment communiquer le désir irrésistible et incroyablement fort qu'il avait de détruire Louis, morceau par morceau.

Harry se baissa, calant ses genoux entre le v des jambes de Louis alors qu'il faisait à nouveau courir sa main en dessous de son haut. S'il continuait de s'empêcher d'y aller potentiellement trop fortement, il savait qu'il arriverait à l'amener à parler, à le faire craquer ou dire tout haut ce qu'il pensait ou autre, parce que ce n'était peut-être pas une bonne idée de profiter comme ça de leur moment en tête à tête, et il ne voulait pas tout foutre en l'air aussi rapidement.

« Alors, t'as dit que t'as été au Gaslight samedi ? » demanda-t-il, frottant son nez contre la mâchoire de Louis alors qu'il déposait un baiser juste à cet endroit.

« Ouais, on... » commença à répondre Louis, et Harry n'eut pas besoin de le regarder pour savoir exactement quelle tête il faisait. « Pourquoi ? »

« Je connais la barman, » répondit-il, faisant glisser son autre main le long du flanc de Louis et la posant juste au dessus de la ceinture de son jeans. Louis fit quelque chose de fou avec ses doigts dans les cheveux de Harry, les tordant, les nouant et passant parfois ses ongles sur le coup de soleil dans sa nuque, le faisant frissonner sous le contact et perdre par intermittence son sang-froid.

« Elle a les cheveux rouges... vraiment magnifique, » continua-t-il, levant le regard pour voir les yeux de Louis, qui étaient plissés dans sa direction et le tiraillement pas si doux sur ses mèches de cheveux ne semblait pas être totalement accidentel. Ils savaient tous les deux à quel point ça devenait ridicule à chaque fois que Harry amenait quelqu'un d'autre dans la conversation, principalement parce qu'il n'essayait même pas de cacher le fait qu'il le faisait uniquement pour embarrasser Louis, ce qui fonctionnait, à chaque fois.

« T'as l'air d'être son type, c'est tout. Cependant, c'est en quelque sorte injuste, » ajouta-t-il, parlant toujours contre le cou de Louis, où il avait déposé une série de baisers, savourant chaque parcelle de peau.

« Injuste ? » La voix de Louis se cassa, Harry le jurerait et il enfonça ses doigts dans sa hanche, profitant de sa prise pour se positionner à nouveau au dessus de lui, et ça faisait trois minutes, maximum, mais Harry était déjà en manque de ses lèvres.

« Ouais, parce qui ne voudrait pas de toi ? J'veux dire, regarde-toi, » souffla Harry, appréciant chaque angle parfait du visage hâlé de Louis, le bleu de ses yeux que Harry avait seulement vu sur les foutues princesses Disney, ou quoi, sauf qu'il était plus beau, parce qu'il contrastait si parfaitement. Son visage était plus confiant et moins sur ses gardes et Harry pensa, c'est moi qui ai fait ça. Il déposa ses lèvres sur celles de Louis, et il leur fallut en tout trois secondes avant que ça ne devienne un peu désordonné, atteignant ce niveau de désespoir familier auquel Harry ne tentait même pas d'accéder, mais ça semblait juste arriver, comme en appuyant sur un bouton.

Harry baissa une fois de plus ses hanches, écartant davantage les jambes de Louis pour pouvoir faufiler son corps entre elles, les repositionnant correctement parce qu'il avait l'impression de ne pas pouvoir s'approcher assez. Louis étouffa un petit gémissement quand Harry bougea au dessus de lui, long et souple, leurs hanches se rencontrant accidentellement. Il y eut une tension palpable dans sa voix lorsqu'il posa ses mains sur les épaules de Harry, le repoussant juste assez pour pouvoir bien le regarder. « Tu veux ? »

La question l'étourdit presque parce qu'il pensait que ça devait être évident de plus d'une façon, dans tous les regards qu'il avait librement jeté depuis le premier jour et la façon dont il le faisait également à cet instant, rouge à cause de simples baisers et se frottant mollement l'un contre l'autre, comme des adolescents. Il se dit qu'il ne s'était pas sentit comme ça depuis un long moment, comme s'il voulait juste dévorer complètement la personne avec qui il se trouvait, parce que son ennui s'étendait dans l'ensemble à tellement de choses et Louis... lui faisait juste ressentir tout le contraire.

Il pourrait réagir de beaucoup de façons différentes, il pourrait dire différentes choses, mais Harry commença simplement à remonter ses mains le long des cuisses de Louis puis sous son tee-shirt, le relevant jusqu'à ce qu'il puisse voir la majeure partie de son torse. Louis comprit l'allusion et se cambra assez sur le lit pour pouvoir entièrement le retirer. Harry ne put s'empêcher de le fixer, même s'il pouvait dire que Louis était mal à l'aise, remuant tout d'un coup en dessous de lui, et il retira son propre haut pour être à égalité.

« La réponse simple serait oui, » songea-t-il, faisant courir ses doigts le long du torse de Louis jusqu'à ce qu'ils arrivent sur la braguette de son jeans. Louis était déjà dur pour lui, son sexe gonflé sous le tissu et le simple fait de le sentir avec le bout de ses doigts assécha la bouche de Harry.

« Et quel est la compliquée ? »

C'était tout ce dont Harry avait besoin, vraiment, une invitation qui le lança et il y eut un air presque sauvage dans ses yeux lorsqu'il s'allongea tout contre Louis, attrapant son menton entre son pouce et son index. Il déposa un seul baiser contre ses lèvres avant de reculer son visage pour pouvoir le regarder avec intensité – au cas où Louis aurait un quelconque doute à propos de sa sincérité.

« J'avais envie de tout ça, » commença-t-il, le lâchant pour pouvoir déposer un baiser sur sa mâchoire, chaud et humide mais éphémère, lui faisant savoir que c'était juste un avant-goût. « Je te voulais dans mon lit... » Ce n'était rien de plus qu'un murmure et il continua sa descente, ses dents frôlant la pomme d'Adam de Louis avant de migrer sur le côté pour faire subir le même traitement à son cou. Il s'y attarda, cependant, mordant et s'acharnant sur le même endroit avec des baisers jusqu'à ce qu'un suçon ne commence déjà à se former, laissant la peau de Louis rouge à cause du sang se concentrant sous la surface.

« J'y ai si souvent pensé ... te sentir tout contre moi comme ça, dur. » Les hanches de Harry roulèrent pour souligner ses mots et putain, ils étaient tous les deux tellement durs qu'il pouvait sentir la chaleur entre eux et c'était tellement loin d'être assez. « Te faire jouir... j'parie que tu dois être foutrement beau, » termina-t-il, finissant avec un baiser sur la marque qu'il laissa, se la réappropriant encore une fois comme s'il était prétentieux à ce sujet, comme s'il ne voulait pas que Louis oublie pendant une seconde qu'elle était là même s'il devait être capable de sentir la douleur.

« Bon Dieu, Harry... allez, j'ai besoin que tu. Fais quelque chose, » couina Louis, sa voix pleine d'envie et aiguë. Il posa ses mains sur le torse de Harry, raclant ses ongles depuis les hirondelles jusqu'à au dessus de son nombril, assez durement pour laisser apparaître des zébrures rouges sur sa peau de Harry, comme un feu brûlant. Son corps se cambra de douleur comme un papillon dans les flammes.

« Ah, putain, » murmura-t-il, sa voix pleine de plaisir, à cause de la façon dont sa peau brûla et celle dont Louis s'agrippa à lui et le griffa pour qu'il passe à l'action, à la place de retarder le moment en le taquinant. Il ouvrit le bouton du jeans de Louis et était presque sur le point de démonter la braguette, alors qu'il essayait de la baisser avec ses doigts impatients, puis il le descendit en dessous de ses fesses avec un peu de difficulté.

Harry était bon à ça ; on lui avait dit auparavant, et il avait une confiance à ce propos qui lui faisait vraiment aimer ça, aussi, mais il ne pouvait pas se souvenir s'il avait déjà ressenti ce besoin de le prouver à quelqu'un comme il voulait fortement le faire avec Louis. Le fait qu'il ait l'air incroyablement magnifique, couché sous lui, ne gâchait rien. L'angle fut même encore meilleur lorsque Harry descendit plus bas pour embrasser la peau juste au dessus de l'élastique de son boxer. Il le maintint immobile en glissant une main entre le matelas et son cul, le malaxant tout en posant sa bouche sur son érection par-dessus le tissus, faisant doucement glisser ses lèvres contre lui tandis qu'il soupirait.

« C'est bon ? » demanda-t-il, comme s'il ne connaissait pas déjà la réponse, comme si le corps de Louis n'était pas ridiculement réceptif à chaque contact, et Louis laissa échapper un, « Oui, putain, » étouffé. Il utilisa sa main libre pour faire rouler l'élastique de juste deux ou trois centimètres, où le sexe de Louis était pressé à plat en dessous, se dressant contre son ventre, tellement rouge et tentant que ça fut presque trop. Harry ne put s'en empêcher, il soupira réellement quand il le vit, sa voix presque inaudible alors qu'il chuchotait un putain, ne croyant même pas que Louis ait pu l'entendre. Il posa la paume de sa main dessus, enroula ses doigts autour de la base puis le branla tout en le regardant à nouveau.

Il y avait une question sur ses lèvres mais Louis hocha déjà la tête et Harry caressa finalement le bout de son sexe avec sa lèvre inférieure, avant d'y passer sa langue et de le prendre en bouche, profondément, assez pour faire soupirer Louis et basculer son bassin vers l'avant. Harry dut alors reculer, humidifiant sa bouche avant de le prendre à nouveau, ses lèvres enroulées fermement autour de lui. Louis était tellement bon et lourd dans sa bouche et il pouvait déjà le goûter, déposant du liquide séminal sur sa langue à chaque fois qu'il se retirait pour reprendre son souffle. Louis avait à présent ses deux mains sur Harry, et l'une d'elles retira une mèche de cheveux de sur son font, sans doute pour pouvoir le regarder.

« Bon Dieu, t'es genre, putain – » Louis aurait pu avoir plus à dire mais il se coupa comme s'il n'arrivait plus à trouver ses mots. Il donna un coup de bassin, faisant légèrement suffoquer Harry quand il le sentit au fond de sa gorge.

Ça avait l'air d'un défi, même s'il était sûr que Louis n'avait pas eu cette intention, et Harry retira doucement sa bouche de son sexe avec un petit pop humide, le branlant toujours de la base jusqu'au milieu de sa hampe. Ses yeux remontèrent pour observer le visage de Louis et la façon dont ce dernier le regarda en retour lui donna envie d'être gourmand, comme à chaque fois que ses lèvres s'écartaient pour laisser échapper un gémissement, c'était une récompense pour lui. Il tapota le gland de Louis contre ses lèvres – rouges, pleines et déjà gonflées.

« Tu le veux ? » murmura-t-il, ses yeux résolument accrochés à ceux de Louis.

« Putain, Harry, s'il te plaît. » Louis baissa sa main, l'enroulant autour de la base de son propre sexe, par-dessus celle de Harry, aidant à le taper contre ses lèvres. Harry le laissa faire pendant quelques secondes avant d'attraper assez fermement ses deux poignets pour les coincer sous son dos afin qu'il ne puisse plus se toucher. Il était totalement exposé, à la merci de Harry et celui-ci fut étourdi par le pouvoir qu'il ressentit à cet instant.

Louis étouffa un son et Harry pensa que ça devait être quelque chose de différent pour lui, il ne perdait probablement pas souvent le contrôle parce qu'il était si férocement indépendant, tellement décidé à faire bouger les choses sans aucune aide. Ça donna juste envie à Harry de continuer à enlever les couches, à briser cette protection qu'il avait construit autour de lui pour qu'il puisse foutrement lâcher prise, le libérer de toutes pensées pessimistes sévissant dans son esprit, le libérer de tout.

« Prends ce que tu veux, alors, » marmonna Harry, dessinant avec sa langue une lente ligne le long de son sexe avant de baisser à nouveau sa bouche sur Louis. Il remit ses mains sous lui pour s'agripper à ses fesses, à la fois pour enfoncer ses doigts dans la douce chair et pour encourager Louis à soulever ses hanches pour pénétrer dans sa bouche. Ils étaient tous les deux tellement avides que Harry perdit la notion de quels sons venaient de lui et lesquels venaient de Louis, tout s'éteignant comme un écho, comme un feu rapide à travers ses oreilles. La seule confirmation que certains d'entre eux venaient de lui était parce que Louis semblait apprécier la sensation des gémissements de Harry autour de son sexe, s'enfonçant encore plus durement en lui jusqu'à ce que les yeux de Harry commencent à s'humidifier à cause des efforts qu'il faisait pour détendre au maximum sa gorge.

Les yeux de Harry coururent sur la longueur du corps de Louis et c'était indescriptible. Le dos de Louis était cambré sur le lit, se soulevant tellement c'était bon. L'expression sur son visage était quelque chose que Harry savait qu'il intégrerait dans sa mémoire poétique en de candides détails, qu'il y repenserait encore et encore parce qu'il y avait une ligne rouge sur chacune de ses pommettes et chaque muscle de son corps ondulait avec l'effort qu'il faisait pour se retenir.

Il n'eut pas besoin de bouger sa bouche sur Louis pendant très longtemps avant de sentir le changement, de sentir la façon dont les hanches de Louis commencèrent à tressauter et son corps trembla comme s'il était finalement en train de se décomposer. Harry s'y prépara, reculant pour étirer ses longs doigts autour de la hampe de Louis, ses yeux sur son visage alors qu'il le maintenait immobile et Louis se brisa simplement, poussant contre la bouche de Harry alors qu'il se libérait à l'intérieur, se retenant de crier son prénom parce que ce dernier s'acharnait toujours, le léchant pour le nettoyer jusqu'à ce qu'il geint parce qu'il était trop sensible.

« Harry... Harry, putain, viens là. » La voix de Louis était en lambeaux et il retira ses mains de sous lui-même, regardant Harry comme s'il attendait sa permission et lorsqu'aucune protestation ne vint, il attrapa Harry au niveau de ses biceps pour le faire remonter vers lui. « Embrasse-moi. »

Il rampa jusqu'à lui et le fit, il l'embrassa, ses lèvres toujours humides et presque gonflée. Sa mâchoire était douloureuse mais Louis lui fit presque oublier ce détail alors que leurs langues se rencontraient dès que leurs bouches furent l'une sur l'autre. Harry était conscient que Louis pouvait très certainement sentir son propre goût mais il ne sembla pas s'en soucier, et cette idée fit qu'il roula des hanches contre la cuisse de Louis, un rappel accidentel d'à quel point il avait durci en le regardant prendre du plaisir. Il se recula et attrapa la lèvre inférieure entre ses dents, fixant son visage. Louis était... il était juste éthéré, il était l'équivalent physique d'une combinaison de tout ce que Harry avait toujours aimé chez les autres, et plus encore.

« Laisse-moi, » commença Louis d'une voix rauque, baissant une main et faisant un bruit de frustration quand ses doigts effleurèrent à la volée le jeans de Harry. « Enlève ça, au moins, j'veux... »

Harry comprit l'allusion, et il bascula sur ses talons, défaisant son jeans et le baissant en même temps que son boxer. Son sexe était douloureusement dur et sensible lorsqu'il se courba contre son ventre, et il enroula immédiatement sa main autour, son pantalon toujours inconfortablement serré autour de ses cuisses mais il s'en préoccupa pas du tout. La façon dont Louis le regardait rendait ça terriblement meilleur. Il était à genoux entre ses jambes, les yeux fixement baissés sur lui, ne regardant même pas sa main alors qu'il se branlait et passait son pouce sur son gland avant de prendre un rythme régulier.

Louis essaya de se redresser, ses abdominaux se contractèrent avec l'effort, mais Harry secoua immédiatement la tête et le repoussa en arrière avec son autre main. Il la garda à plat sur le sternum de Louis, le maintenant légèrement sur le lit pendant qu'il allait et venait dans sa main, le surplombant. Harry était tellement exposé que ça ne devrait pas être aussi bon, mais la réaction de Louis en valait la peine – ses lèvres étaient entrouvertes et sa tête penchée en arrière alors qu'il observait Harry comme s'il n'arrivait pas à croire qu'il était réel. Harry hocha simplement la tête, lui faisant savoir que ce n'était pas grave s'il continuait juste de le regarder, il voulait qu'il le fasse.

Leurs yeux se croisèrent et le regard de Harry fut inébranlable quand il fit un dernier va-et-vient qui l'emmena, finalement, à l'orgasme. Il n'étouffa rien et fit un son qui se rapprocha plus d'un grognement alors qu'il jouissait partout sur le ventre de Louis, la petite touffe de poil juste en dessous de son nombril et également au dessus.

« Putain, » chuchota-t-il puis il plissa ses yeux jusqu'à les fermer pendant un moment. Il avait l'impression qu'il devrait prendre une seconde pour se reprendre mais il n'y a rien de confus à propos de ce qu'il venait juste de se passer, rien sur quoi réfléchir à part à quel point ça avait été incroyable, et ça l'était toujours. Il ouvrit les yeux et regarda à nouveau Louis, qui tendit la main pour attraper quelques mouchoirs se trouvant sur la table de nuit. Sa respiration ne s'était toujours pas stabilisée et Harry se sentit transpercé, coincé dans un état second tandis que Louis nettoyait son ventre et jetait les mouchoirs à côté du lit.

« Putain, c'était... intéressant, » marmonna Louis, la voix rauque, puis il fit quelque chose à quoi Harry ne s'était pas vraiment attendu – il sourit, fatigué, heureux et peut-être avec un soupçon de gêne qu'aucun d'eux n'allait admettre.

Harry bougea d'entre les jambes de Louis, roulant sur son flanc et manœuvrant assez pour pouvoir remonter son boxer et retirer complètement son jeans. Ils ne prirent pas la peine de faire semblant de ne pas se sentir un peu idiots, comme si rien n'était foutrement bizarre dans le fait de remonter leurs sous-vêtements et s'effondrer côte à côte alors qu'ils voyaient tous les jours dans un contexte totalement amical.

« Intéressant ? Je vais avoir mal à la mâchoire pendant des jours et tu me donnes qu'un intéressant, » le taquina Harry, toujours à bout de souffle mais rigolant doucement alors qu'il tendait une main pour pincer la hanche de Louis. Il gagna un baiser sans enthousiasme sur l'épaule en retour et il souriait toujours, béat lorsque Louis roula davantage pour lui faire face, soutenant sa tête avec sa main et se délectant curieusement de la vue de Harry, comme s'il ne savait soudainement plus quoi faire de lui. Harry comprenait. C'était bizarre, comme si tout se colorait dans une nuance différente.

Louis continua de le toucher, parcourant son torse comme s'il essayait d'en apprendre les contours par cœur et ses sourcils s'haussèrent brusquement, relevant ses yeux pour rencontrer ceux de Harry. « T'as quatre tétons. »

La façon dont il sortit cette remarque fit rire Harry, relevant ses deux mains pour couvrir son visage même s'il hocha de la tête derrière elles. « Mon secret honteux. »

« Quels autres secrets as-tu, Harold ? S'il te plaît, ne me dis pas que tu as une queue cachée quelque part par là. » Louis passa une main dans le dos de Harry et il se tortilla sous le contact, écrasant mollement une main contre le torse de Louis.

« J'vais te virer de mon lit dans environ cinq secondes, mon pote. »

« Pote, » répéta Louis d'un ton moqueur.

Il pensait probablement avoir été discret, mais Harry le surprit en train de fixer la porte et il ne savait pas comment il devrait se sentir à propos du fait qu'une des premières pensées de Louis était de partir. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir parce que la prochaine chose que Louis dit était ce à quoi Harry s'attendait déjà. « Je devrais probablement rentrer, de toute façon. Je travaille demain matin. »

Harry grogna et attrapa le poignet de Louis pour l'empêcher de bouger alors qu'il commençait à faire un mouvement pour sortir du lit. « Ton boulot est littéralement à, genre, vingt pas d'ici. Reste. »

Il fit de son mieux pour faire sonner ça comme si la proximité de son travail était la raison principale pour qu'il passe la nuit ici et pas la réalisation surprenante qu'en fait il ne voulait pas qu'il parte. Il n'aimait pas l'idée d'un lit vide alors qu'il y avait déjà eu quelqu'un à l'intérieur. Louis soupira mais reposa sa tête sur l'oreiller supplémentaire, apparemment vaincu.

« Ça n'a pas été très difficile, » fit remarquer Harry avec un sourire satisfait, puis il prit appui sur un bras pour pouvoir se pencher au dessus de Louis pour éteindre la lampe se trouvant de son côté du lit. Ils furent donc à nouveau proche, leurs torses se frôlant, et Harry jeta un coup d'œil vers lui juste avant que la lumière ne s'éteigne, déposant ses lèvres sur les siennes pour s'empêcher de sourire, ou rire. Louis le regarda également, mais c'était différent ; Harry n'arriva pas à déchiffrer son expression durant ces deux secondes avant que son doigt appuie sur l'interrupteur. Ce fut l'image qu'il eut en tête dans le noir alors qu'ils essayaient de s'endormir, avec quelques centimètres de distance entre leurs corps épuisés.

Louis

« Hé, t'es sur mon – Harry, bouge – » Louis dut le pousser avant qu'il n'ouvre les yeux et roule sur le côté dans un grognement, révélant le téléphone de Louis, qui avait apparemment été pris en sandwich sous son ventre pendant les sept dernières heures. Il était brûlant lorsqu'il l'attrapa et éteignit le réveil, il avait une série de notifications qu'il devrait probablement regarder mais ça pouvait attendre.

Il n'avait pas encore tout à fait les yeux en face des trous, mais des souvenirs vifs de la soirée précédente lui revinrent rapidement alors qu'il regarda ses vêtements sur le sol de la chambre. C'était foutrement surréaliste que tout ça se soit passé, qu'il n'avait pas seulement au une sacrée fellation de la part de Harry mais qu'il avait également passé la nuit dans son lit, quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis... il n'arrivait même pas à s'en souvenir.

Harry s'était déjà rendormi et Louis grogna à ça, agacé qu'il ait la possibilité de continuer à roupiller. Il se mit debout et se dirigea à pas feutrés vers la petite salle de bain, étirant sa nuque alors qu'il baillait et fonça presque dans l'encadrement de la porte avant d'allumer la lumière.

Il était foutu. Il avait un suçon de la taille d'une balle de golf en dessous de sa mâchoire, ses yeux étaient bouffis et ses cheveux était totalement en désordre, il n'avait que dix minutes pour se donner l'air présentable pour deux adultes qui lui confiaient leurs enfants. Il ne s'était jamais montré aussi débraillé, mais il supposa qu'il y avait une première fois à tout. Il essaya de ne pas trop s'inquiéter à ce sujet, probablement parce qu'il n'arrivait pas à décrocher ses yeux de la marque qu'il avait, la touchant du bout du doigt. Sa bouche était sèche et son ventre se retourna presque à ce souvenir. Ça faisait un moment qu'il n'avait pas été touché de cette façon, se dit-il. Ce n'était pas nécessairement l'effet Harry. Il ne lui donnerait pas cette satisfaction.

Quand il eut fini dans la salle de bain, il ferma la porte un peu plus fort que nécessaire, ce qui fit sursauter Harry alors qu'il ouvrait ses yeux.

« T'peux faire moins d'bruit ? » grommela-t-il, sa voix profonde et rauque, plus lente que d'habitude.

« Désolé, l'étudiant, tout le monde ne peut pas dormir jusqu'à midi, » dit-il, absolument pas désolé alors qu'il attrapait son jeans et son tee-shirt, restant à seulement quelques centimètres de Harry alors qu'il se penchait pour les ramasser. Harry le regarda avec seulement un œil ouvert, le fixant d'haut en bas et il se lécha les lèvres, ce qui était tout simplement injuste.

« T'es sûr que tu peux pas rester ? » demanda-t-il, sonnant quelque peu pathétique. Louis éclaircit sa gorge et pensa : ne cède pas à ses yeux verts plein de sommeil, ne pense pas à la pipe, ne le regarde pas trop longtemps.

« T'as pas un jogging à faire, ou quoi ? » Louis remonta la braguette de son jeans puis enfila le tee-shirt qu'il portait la veille, qui était d'une nuance assez distinct de rouge pourpre. Il espéra fortement que personne ne remarquerait, mais des enfants de cinq ans remarquaient tout, alors évidemment que ce serait le cas.

Harry fit un bruit que Louis interpréta comme un 'non' et il s'enfonça un peu plus contre son oreiller, cachant son visage pour que lorsque Louis le fixa ouvertement, il se sente un peu moins gêné. Le drap était autour de ses chevilles et ses longs membres étaient affalés partout sur le lit, Louis retint un soupir parce qu'il avait l'air trop tentant, tout bronzé avec quelques petits coups de soleil et somnolant au milieu des draps blanc et doux sur son vieux lit grinçant.

« J'y vais, » lui dit-il, sa main sur la poignée de la porte alors qu'il attendait pour une réponse. La tête de Harry se releva et il le regarda correctement, lui lança un dernier coup d'œil alors qu'il hochait de la tête.

« T'as quelque chose sur ton cou, » remarqua-t-il, le coin de sa bouche s'haussant en un sourire que Louis voulut arracher de sa bouche.

« Je le sais, espèce de connard. » Louis toucha la marque et se retourna, essayant de cacher son visage avant que Harry voit son large sourire.

« A toute à l'heure pour le déjeuner, » cria-t-il, et Louis lui fit un signe de la main avant de fermer la porte et traverser tranquillement la pelouse humide menant au porche avant de chez les Wood, espérant pouvoir cacher sa fatigue évidente et l'énorme suçon dans son cou. Il toqua à leur porte, se sentant en quelque sorte sale mais également – et bizarrement, il y avait du plaisir dedans – comme s'il s'était débarrassé de quelque chose, et il ne put s'empêcher de sourire encore plus largement lorsque Scott l'accueillit et le laissa entrer.

Tout fut beaucoup plus facile une fois que Liz et Scott partirent travailler, parce que ça voulait dire qu'il n'avait plus besoin de garder son cou penché en avant pour éviter qu'ils remarquent son état négligé. La fièvre d'Annie avait cessé pendant la nuit, heureusement, mais elle était toujours un peu enrhumée, alors il autorisa Miles et Charlotte à jouer avec un groupe d'enfants dans la rue. Il s'étendit sur le canapé et laissa Annie s'asseoir sur son ventre avec quelques uns de ses jouets. Il essaya de son mieux de se concentrer sur la télévision ou les petites conversations vides de sens avec le bébé mais tout le ramenait inévitablement vers Harry.

Maintenant qu'il avait eu quelques heures pour y réfléchir, toute cette soirée semblait de plus en plus surréaliste. Elle lui rappelait les rêves qu'il faisait, dont plus il y pensait et moins il semblait s'en souvenir, sauf qu'il avait occasionnellement un flashback incroyablement vif de quelque chose de stupide, un son qu'il avait fait ou la façon dont les mains de Harry s'étaient étalées sur son torse.

Et quand il arriva pour le déjeuner, ce fut étonnamment normal, sauf pour un ou deux regards échangés, mais dans l'ensemble Louis trouva que ce fut facile de retomber dans leur badinage et leurs échanges muets normaux.

Ils étaient en phase et ils l'avaient été depuis le premier jour, en fait ; Louis sortit le beurre de cacahuète et Harry lui tendit un couteau avant même qu'il n'en demande un. Quand ils s'installèrent sur le canapé, des sandwiches à la main, Harry se posa assez proche pour que leurs cuisses se touchent et Louis comprit que s'ils ne faisaient pas un drame de leurs contacts normaux et platoniques, alors la nuit précédente devait être quelque chose dont ils pouvaient être en mesure de passer outre, à un moment donné.

Le fait était qu'il n'était pas entièrement convaincu qu'il en ait envie. Une partie de lui voulait revenir là-dessus, demander à Harry tous les pourquoi et les comment, parce que même avec tout le flirt facile et la façon dont les choses s'étaient construites, il ne s'y était pas attendu et il se demandait s'ils étaient toujours à la même page. Il n'arrivait pas à deviner si Harry avait attendu le bon moment, un moment qui était quelque peu différent de tous les autres qu'ils passaient ensemble, ou si c'était le genre de spontanéité qui lui ressemblait tout à fait.

Quoi qu'il en soit, il supposa qu'il continuerait à se le demander parce qu'il savait qu'il n'avait pas le courage pour simplement poser la question, pas lorsque Harry était assis à côté de lui en train de lécher du beurre de cacahuète de sur ses doigts et de rigoler à cause d'un épisode des Simpsons, comme s'il n'avait pas le moindre souci.

Quelqu'un toqua à la porte précisément au moment où le téléphone de Harry sonna et Louis commença à se lever tandis que Harry indiqua son portable puis vers la cuisine, lui faisant savoir qu'il allait répondre là-haut.

Madame Byrne, vivant de l'autre côté de la rue, attendait avec Miles et Charlotte quand Louis ouvrit la porte et sourit avec gratitude, laissant entrer les jumeaux dans la maison et la remerciant de les avoir surveillés.

Quand il ferma la porte derrière elle, Charlotte semblait légèrement morose, sans sa joie de vie habituelle, et Louis se baissa pour se mettre à son niveau et attraper ses deux mains. « Qu'est-ce qu'il y a, chérie ? »

Elle raconta immédiatement comment Katy Byrne ne l'avait pas invité à sa fête d'anniversaire au Field Station Dinosaurs et que maintenant tout le monde allait voir des dinosaures en grandeur nature sauf elle. Elle était déjà au bord des larmes quand Harry arriva, rigolant toujours de son appel alors qu'il rangeait son téléphone dans sa poche.

Son visage changea lorsqu'il vit que Charlotte était contrariée et il s'approcha directement d'elle, caressant ses cheveux pendant qu'elle enfouissait son visage contre le torse de Louis.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » Il fronça ses sourcils, dirigeant plus sa question vers Louis et ce dernier lui expliqua, devant s'arrêter de temps en temps pour que Charlotte intervienne pour ajouter quelque chose, quand elle trouvait qu'il ne racontait pas l'histoire de la bonne façon.

« Oublie Katy Byrne. Je t'y emmènerai. C'est à Secaucus, hein ? C'est seulement à vingt minutes d'ici. »

Charlotte releva sa tête en l'entendant, essuyant quelques larmes du coin de ses yeux et les regardant tous les deux pleine d'espoir. « Vraiment ? »

« Bien sûr, du moment que tes parents sont d'accord. On ira un peu avant que je retourne en Californie. »

Miles était en train de caresser de façon rassurante l'épaule de sa sœur, lui disant qu'il n'irait pas avec Katy en signe de solidarité, ce qui lui valut un regard étrange de la part de Louis. Genre, comment connaissait-il ce mot ? Mais il sembla légèrement dans tous ses états en entendant que la durée de Harry à South Orange avait une date d'expiration.

« Tu pars ? »

« Eh bien, ouais, mais pas avant la fin du mois d'août, » assura-t-il à Miles, lui faisant un sourire qui sembla l'apaiser avant de tourner son attention vers Louis. « En fait, c'était mon colocataire, Niall, au téléphone. Il m'a parlé de toutes les fêtes auxquelles il a été et elles avaient l'ait put-, » il se rattrapa à temps, souriant timidement avant de poursuivre, « avaient l'air d'enfer. J'ai hâte d'y retourner. »

La façon dont il le dit frappa durement Louis. Harry semblait si extatique et pressé de partir et ça ne devrait pas compter pour lui, il devrait être heureux que Harry soit tellement impatient, mais ça ne l'empêchait pas de le prendre comme une offense. C'était comme un coup de poing dans le ventre et il ne savait pas pourquoi, puisqu'il avait toujours su que Harry était en ville seulement pour l'été. South Orange n'était plus sa maison. Bien assez tôt, ce serait juste un endroit où il reviendrait pour passer des vacances parce que son rôle ici était terminé et il avait été très clair à ce sujet.

Charlotte éclata à nouveau en sanglot et Harry sembla confus, se demandant ce qui avait déclenché ça, mais Louis la laissa simplement s'effondrer à nouveau contre lui, enroulant ses bras autour de son petit corps pour l'étreindre en retour parce qu'il comprenait. Il savait exactement ce qu'elle ressentait.

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