Chapitre 2

Harry

Quand Harry avait pris l'avion pour South Orange quelques semaines auparavant, il s'était en quelque sorte fait une promesse à lui-même.

Entre les bouts de conversations du businessman dans la quarantaine à sa gauche et en enfonçant ses écouteurs pour mettre l'album de Ray Lamontagne à plein volume, il s'était assuré qu'il ne s'intéresserait absolument pas, par tous les moyens, à quelqu'un. Du moins comme ça.

Cet été était supposé n'être dédié qu'à la découverte de soi, être paresseux et se préparer pour sa dernière année à l'université, et il ne pourrait pas être aussi libre s'il était attaché à quelqu'un d'autre. C'était sa dernière année avant que tout ne change inévitablement, et sa liberté lui serait arrachée la seconde où son diplôme lui serait remis, et c'était très bien, c'était le cours naturel des études, et il l'acceptait.

Mais Harry n'avait jamais été bon pour suivre ses résolutions, surtout celles totalement irréalistes. Il était le genre de personnes à aimer les autres et l'idée de passer des mois sans être attiré par quelqu'un n'était rien si ce n'était absurde. L'une de ses plus grandes ruines était sa façon d'être volage ; c'était facile pour quelqu'un de lui faire tourner la tête, en citant une chanson qu'ils aimaient ou une œuvre d'art qu'ils admiraient et lui pensait immédiatement qu'il y avait une sorte de connexion incroyable et jamais vue entre eux.

Son dernier rendez-vous était avec une fille qui aimait le travail de Polly Morgan autant que lui et travaillait dans un petit bar sombre du mauvais côté de la ville. Il avait passé un bon moment, mais Harry avait refusé un second rendez-vous parce qu'un DJ, dont il avait admiré les mix pendant des semaines et qui avait une collection de disques dans laquelle il voulait désespérément fouiller, lui avait demandé de sortir avec lui

C'était simplement amusant. Il rencontrait beaucoup de personnes différentes et ça fonctionnait pour lui, parce que même avec tous ses amis attachés à la hanche de leurs petites-amies ou petits-amis, il ne pouvait pas s'imaginer dans ce rôle. Il n'avait plus été le petit-ami de quelqu'un depuis ses dix-sept ans et il aimait vraiment ça de cette façon.

Louis, étant son briseur d'énorme promesse, fut un accident. Le premier périple chez ses voisins avait été entièrement justifié et c'était facile de se la jouer cool chacune des fois après celle-ci parce qu'il aimait simplement passer du temps avec les enfants, ce qui était en quelque sorte vrai, mais... eh bien.

L'attirance qu'il ressentit dès le départ pour Louis semblait seulement s'être amplifiée au fur et à mesure des journées qu'ils passèrent ensemble et il n'eut pas vraiment d'autre choix que de s'avouer qu'il le voulait. Louis avait quelques années de plus que lui, carrément beaucoup plus stable, et il était tellement plein d'esprit, généreux et simplement bon, sans même faire d'effort. Comment Harry ne pourrait-il pas être intéressé par lui ?

C'était probablement une mauvaise idée, mais il avait l'impression que Louis pourrait être à la même page, et si c'était le cas, il ne voyait rien de mal à ce qu'ils s'amusent un peu ensemble. Leur connexion fut immédiate et l'intrigue était trop forte pour envisager l'idée de la noyer complètement, peu importe la promesse.

Il supposait qu'il allait simplement improviser au moment venu, voir ce qui se passerait, mais il savait que c'était quelque chose qui en valait la peine parce qu'il n'arrivait pas à abandonner l'idée. Louis était l'une des personnes les plus attirantes qu'il n'ait jamais vu et Harry ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce que serait de poser ses mains sur lui, d'embrasser la courbe définie de sa mâchoire, ses pommettes et de l'avoir étendu sur son lit pour le ravager.

Son corps était criblé de contradictions – tout doux et fort à la fois – et Harry avait vraiment, vraiment envie de le dévorer.

C'était exactement le genre de pensées qu'il devait à tout prix éviter lorsqu'ils emmenèrent les enfants pour une promenade impromptue au parc le lundi après-midi.

Annie était assise dans un bac à sable à moins de trente centimètres du banc que Harry et Louis occupaient, jetant du sable dans un seau jaune avec une pelle en plastique. Les jumeaux étaient plus loin, mais toujours dans leur ligne de vue, grimpant à tour de rôle le toboggan à la place de le descendre en glissant.

« Tu veux entendre quelque chose de drôle ? » demanda Harry, lui tendant la moitié d'un sandwich au beurre de cacahuète et à la gelée venant de la glacière qu'ils avaient préparé, avant de mordre dans l'autre morceau. Louis le regarda en haussant ses sourcils, comme s'il s'attendait à une de ces horribles blagues sur les animaux qu'il faisait semblant de ne pas aimer.

« Eh bien, si je suis absolument obligé. » Il y eut l'ombre d'un sourire sur les lèvres de Louis et il le cacha en mettant une partie du sandwich dans sa bouche, arrachant le bout avec ses dents.

« Tu vas aimer, je pense, » Harry termina de mâcher, léchant ses lèvres pour enlever quelques miettes avant de continuer. « En fait, mon premier baiser était sur ce même banc. J'étais au CP, non, attends... au CE1, et cette fille de ma classe faisait sa fête d'anniversaire ici. Je suppose que j'avais eu l'impression que la poupée que ma mère avait choisi pour elle n'était pas un cadeau assez cool, alors je lui en offert un autre, » Harry rigola, secouant un peu sa tête et jetant un coup d'œil vers les enfants avant de regarder à nouveau dans la direction de Louis, évidemment curieux de savoir s'il était aussi réjoui par l'histoire et la coïncidence bizarre autour de tout ça que lui.

Louis mangea, feignant l'indignation et essayant en vain de ne pas laisser apparaître son sourire en coin. « Super, Harold. Quel genre de gamin étais-tu ? La pauvre fille voulait seulement profiter de son gâteau et de ses cadeaux, et t'es allé lui baver dessus. »

A cet instant, Louis tendit la main pour attraper ses aviateurs qui étaient sur le bord du banc et elles tombèrent accidentellement dans le sable sous leurs pieds. Ils baissèrent tous les deux en même temps leur bras pour les récupérer et dans la descente, Harry sentit le flanc du corps de Louis frôler le sien, leurs avant-bras glissant en quelque sorte ensemble alors qu'ils avaient la même cible.

Harry mit la main dessus en premier et se redressa, les posant dans la main de Louis avec un sourire en coin. « Fais attention. Tu ne voudrais pas les perdre. Elles te vont bien. »

Le visage de Louis fit une chose qu'il ne l'avait jamais vu faire avant, avec sa bouche se tordant et ses sourcils froncés, et il semblait essayer de ne pas réagir. Harry fit semblant de ne pas avoir remarqué alors que Louis retirait le sable de ses lunettes.

« Tout me va bien, » dit-il en haussant des épaules, les glissant sur son nez et faisant une grimace lorsqu'il regarda à nouveau vers lui, sa langue tirée et sa bouche tordue dans une tentative vaine de paraître 'moche'.

« Hmm. » Harry considéra ça, plissant son nez comme s'il n'était pas entièrement sûr que ce soit vrai même si c'était probablement la déclaration la plus évidente qu'un d'eux ait faite de toute la journée. « Je peux trouver quelques exceptions. »

Louis finit le dernier bout de son sandwich et frotta ses mains ensemble, balançant sa jambe par-dessus le banc pour être assis à cheval dessus et faire face à Harry. « Comme quoi ? »

« Genre les chemises, » dit Harry, calmement, fixant Louis droit dans les yeux parce que l'observer se tortiller était juste un peu satisfaisant. Pour l'instant, il pouvait voir sa mâchoire se décrocher mais il dut lui donner le crédit de se reprendre rapidement. Harry éclata de rire avant de parler à nouveau et ça tenait à peine la route, sachant à quel point il était ridicule. « Tu pourrais tout aussi bien la laisser tomber la prochaine fois, tu vois ? »

« Je suis scandalisé, » dit Louis, échouant totalement à avoir l'air dégoûté.

Il se retourna et Harry suivit sa ligne de vision vers l'endroit où Annie était assise et jetait du sable sur ses propres jambes, mettant la pagaille et en étant apparemment parfaitement heureuse. Louis sourit et regarda à nouveau Harry. « Je pense que ça compte comme de l'exploration, non ? Liz me dit toujours de ne pas entraver ses tendances exploratrices. »

Et Harry ne sut pas pourquoi ni comment il put passer de vouloir le ravager à le trouver admirable en une poignée de minutes, mais il se rendit compte qu'il était en train de le fixer après un temps prolongé. Il soupira, courbant ses épaules vers l'intérieur alors qu'il baissait ses yeux et tripota le bois du banc parce qu'il ne savait pas vraiment quoi dire.

« Où est la chanceuse maintenant ? »

Harry leva son regard, confus. « Qui ? »

« Ton premier baiser. Celle avec qui tu as baptisé ce banc. » Louis le tapota révérencieusement, et Harry rigola, se rappelant à quel point ce serait horriblement inapproprié de l'embrasser en plein milieu d'un parc rempli d'enfants en train de jouer.

« Aucune idée, » dit-il en haussant des épaules, jetant à nouveau un coup d'œil vers Annie. « Elle a déménagé quand on était au CM1. Whoa, attent— » Les jambes instables d'Annie la firent presque basculer en avant lorsqu'elle essaya de se mettre debout, et Harry tendit une main pour amortir sa chute.

« Beau sauvetage, » dit Louis, enfonçant le dernier morceau de son sandwich dans sa bouche et se levant pour remettre le sachet zip vide dans la glacière qu'ils avaient pris. « Vas-tu s'il te plaît me laisser te payer ? »

C'était une conversation qu'ils avaient déjà eu avant et Harry refusait toujours d'accepter, secouant immédiatement sa tête et disant à Louis de se taire avant qu'il puisse dire un mot de plus.

« Je te l'ai dit, mec. T'es celui qui change les couches. Annie est juste trop mignonne pour résister, c'est tout. » Il déposa un baiser sonore sur sa joue, elle gloussa et tendit ses mains pour coller ses doigts plein de sable sur son nez, ce qui le fit postillonner de façon spectaculaire, la faisant couiner et essayer de nouveau.

Louis s'éloigna pour récupérer Miles et Charlotte. Harry l'observa partir, sa fine silhouette et ses mollets bronzés, et il grogna réellement, se forçant à détourner le regard parce qu'il n'y avait pas une seule pensée chaste dans sa tête et il savait que ce sentiment pesant ne le quitterait pas jusqu'à ce qu'il ait fait quelque chose pour ça.

C'était une stupide promesse, de toute façon.

Louis

La pelouse était toujours humide à cause de la rosée lorsque Louis la traversa à huit heures dix le vendredi matin, vingt bonnes minutes plus tôt que l'heure à laquelle il arrivait habituellement chez les Wood. Il avait accepté la veille de venir récupérer la saison deux des Soprano chez Harry avant d'aller travailler, ce qui était la raison pour laquelle il était devant la porte de la pool-house de Harry avec les cheveux toujours mouillés de sa douche, baillant contre le dos de sa main.

C'était sympa, pensa-t-il en regardant autour de lui avec la lumière du jour parsemant les jardins familiers et la douce brise s'engouffrant dans les arbres. Ça avait été sympa toute la semaine, et il ne pensait pas que les quatre jours qu'il avait passé à flirter sans pitié avec le seul et unique Harry Styles avaient eu un effet quelconque sur sa perception de la météo épouvantablement chaude et humide, ce pour quoi, littéralement, chaque personne qu'il rencontrait se plaignait à maintes reprises.

Harry s'en allait pendant deux nuits, ce qui n'avait pas d'importance, vraiment, parce que ce n'était pas comme s'il le voyait pendant les weekends, de toute façon. Cependant, il n'avait pas manqué de le dire à Louis la veille, comme s'il pourrait le supplier de ne pas aller à Point Pleasant avec sa famille même s'il avait ses propres projets. Ou il aurait des projets, si Zayn se décidait à répondre à son téléphone au moins une fois dans les prochaines vingt-quatre heures. Il n'y avait pas beaucoup plus de cinquante pourcents de chance que ça n'arrive, mais Louis restait plein d'espoir.

La pool-house ressemblait plus à un hangar rénové, mais elle était ombragée par un énorme chêne se trouvant derrière elle, ce qui lui donnait l'air d'un petit cottage. Il n'avait jamais été à l'intérieur auparavant.

Louis se tenait au pas de la porte et toqua deux fois, faisant fuir un oiseau qui était apparemment en train de construire un nid dans la gouttière. Il soupira et se balança d'avant en arrière sur ses talons, tenant le coffret de la saison une dans ses mains et le tapotant oisivement sur sa paume alors qu'il attendait une réponse.

La porte s'ouvrit et Harry avait une brosse à dent coincée dans sa bouche.

« Il est vivant, » dit Louis, et Harry hocha de la tête, tentant de sourire et faisant baver un peu de dentifrice au coin de ses lèvres. Il était adorable.

« Entre, » dit-il, faisant un geste de la main.

Louis passa le seuil et ferma la porte derrière lui, observant Harry alors qu'il se penchait par-dessus un évier fixé au mur. Il portait un short de course noir qui était très dangereusement près de glisser sur ses hanches étroites, et un tee-shirt tellement petit qu'il était presque transparent ; il aurait pu être blanc à un moment dans les dix dernières années, mais Louis ne pouvait pas le dire. Les manches étaient coupées et Louis appréciait la façon dont les bras de Harry se tendirent alors qu'il mit sa main en coupe autour du filet d'eau, en avalant un peu avant de redresser et d'essuyer sa bouche avec son pouce et son index.

« La deuxième saison est juste là, » il pointa derrière Louis et vers la petite table de nuit à côté du lit, où il y avait une copie de Pastorale Américaine sous le coffret de DVDs. Louis l'attrapa, marmonnant un remerciement, éclaircissant sa gorge pour simplement faire une sorte de bruit dans la pièce silencieuse.

Ils n'avaient jamais vraiment été seuls. En dehors de chez les Wood, et jamais derrière une porte fermée, sans le risque qu'un enfant n'arrive en courant à un moment donné. Il n'y avait aucune raison pour que Louis reste et il n'arrivait pas à trouver quelque chose à dire, pour une fois dans sa vie, alors il reposa les DVDs de la première saison et releva son regard vers lui.

« Tu pars aujourd'hui ? » demanda-t-il, appuyant son dos contre la porte.

« Ouais, juste après mon jogging, » dit Harry, et il traversa la pièce pour s'asseoir au bout de son lit. Il se pencha en avant pour attacher ses lacets, ce qui donna à Louis une vue distrayante sur son dos et ses larges épaules.

C'était bizarre parce qu'il avait l'impression – et il n'y avait aucune raison pour ça, vraiment, pas qu'il pouvait savoir – mais il avait l'impression que l'un d'entre eux devrait faire quelque chose. C'était juste qu'il était très conscient que c'était la première fois qu'ils étaient seuls et la pièce était tellement silencieuse. Aucun d'eux ne disait un mot et Louis ne trouvait rien à dire parce que son esprit était occupé par une image mentale où il plaquait Harry contre les draps et touchait, explorait, découvrait ce qui lui donnait envie d'imploser chez ce gamin lorsqu'il le regardait de cette façon.

Cependant, Harry semblait parfaitement calme. Il finit le double nœud de sa seconde basket et se redressa, toussant dans sa main et dégageant ses cheveux de son visage. Louis savait qu'il était en train de le fixer.

Ils le faisaient souvent. Parfois, c'était comme un jeu parce qu'ils étaient tellement évidents et Louis se demandait quand, si jamais, l'un d'eux en parlerait. Avec la façon dont Harry le regardait depuis le lit, il estima presque qu'il pourrait dire quelque chose maintenant.

« Alors, qu'est-ce que tu vas faire ce weekend ? Un rencart ? » demanda Harry, remuant ses sourcils et Louis le tua du regard parce qu'ils ne parlaient pas souvent de leurs vies amoureuses, mais Harry savait qu'il ne voyait personne. Qu'il ne voyait personne depuis un certain temps.

Il trouva ça étrange que lorsqu'ils avaient ces conversations, Harry ne semblait pas avoir une grande contribution à fournir. Genre, il y avait une dizaine de personnes différentes dont il parlait, mais aucune d'elles ne jouait un rôle récurent dans ses histoires. Une partie de lui admirait le fait que Harry ne se pose apparemment avec personne pendant trop longtemps, mais Louis n'arrivait pas vraiment à entretenir des relations. Il pouvait compter le nombre de personnes avec qui il était sorti sur une main et il les voyait toujours tous de temps en temps. Ils n'avaient simplement pas disparu du paysage comme semblait l'avoir fait les personnes dont parlait Harry.

« Non, j'en ai bien peur. Je pensais te l'avoir dit. Je vais juste prendre quelques verres avec mon ami, Zayn. » Louis haussa des épaules, omettant le peut-être et le fait que Zayn voudrait probablement partir après une heure parce que... c'était toujours le cas.

« Oh ouais, le sexy que tu m'as montré. »

Il y eut un sourire à moitié satisfait sur le visage de Harry que Louis voulut un peu désespérément faire disparaître car, apparemment, il n'aimait pas la façon dont Harry sonnait quand il disait de quelqu'un, n'étant pas lui ,était sexy. Et, ouais, il y avait une différence, parce que Harry lui avait déjà dit plusieurs fois qu'il était sexy et de plus d'une façon, ne pouvant même plus continuer à les compter, et Louis adorait la façon dont ça sonnait à ce moment-là.

« Bref, » grinça Louis, faisant de toute évidence son meilleur sourire forcé, et il raffermit sa prise sur les DVDs dans sa main. Il semblait y avoir de la tension dans l'air et il ne savait pas exactement pourquoi, puisque Harry souriait toujours avec décontraction et Louis n'arrivait pas à décider s'il voulait l'embrasser ou l'étrangler.

Harry devait être un peu plus sûr de lui parce qu'il se leva et alors que Louis s'attendait à ce qu'il passe à côté de lui pour ouvrir la porte, Harry se mit directement devant lui et rapprocha leurs corps l'un de l'autre. Il leva une main pour la poser sur l'espace entre son cou et son épaule, le tenant et inclinant assez sa tête pour que leurs yeux se rencontrent.

Louis était immobile, comme s'il attendait simplement que quelque chose se passe. Il n'était même pas certain de toujours respirer lorsqu'Harry pencha son visage et se mit à parler tout près de ses lèvres. « Je vais t'embrasser maintenant. »

Il y avait tellement de putain d'assurance là dedans et Louis n'était honnêtement pas étonné que Harry lui dise ce qu'il allait faire, plutôt que de demander en premier s'il pouvait. Il supposait que Harry agirait également de cette façon au lit, qu'il essayait d'obtenir ce qu'il voulait et manipulait le corps de quiconque jusqu'à ce que la personne se sente retourner, qu'il serait tellement confiant, minutieux et désireux qu'il la laisserait détruite et prendrait plaisir à la reconstruire.

Pas qu'il y ait réfléchi en longueur, ou quoi. Peut-être une seule fois.

Ça devrait être soudain et hors propos, mais ce n'était pas le cas. Louis hocha simplement la tête, ayant l'impression qu'il supplierait si Harry réduisait encore la distance entre eux, pour n'importe quoi afin d'arrêter de sentir son souffle chaud taquiner sa bouche.

Cependant, il n'eut pas besoin de se rabaisser à ça, parce que Harry remonta sa main le long de sa mâchoire et attrapa ses lèvres. Il s'était presque attendu à ce que ce soir rapide et frénétique, mais ce ne l'était pas – c'était doux, la façon dont Louis aimait être embrassé, et Harry prenait juste son temps, bougeant leurs lèvres ensemble jusqu'à ce les siennes s'entrouvrirent pour approfondir le baiser. Sa bouche était toute aussi bonne qu'elle en avait l'air ; même meilleure, et il n'arrivait pas à se souvenir ce qu'il avait imaginé que ce serait parce que la réalité était incroyablement bonne.

Il fit un petit soupir de plaisir, enfin sorti de son état de choc pour répondre. Sa main libre vint s'accrocher à la taille de Harry et c'était excitant. Son corps était tellement long et solide sous ses doigts alors qu'ils remontaient le long de ses côtes.

Louis pensait qu'il aurait dû savoir qu'un premier baiser avec Harry aurait la même sensation qu'un dernier, qu'il serait tout aussi tendre et agressif pour le laisser chancelant, devant s'appuyer contre son torse et son stupide tee-shirt usé pour rester debout.

Quand il prit fin, ils étaient à bout de souffle, et Louis pouvait le sentir sous ses doigts et contre son corps lorsque les poumons de Harry se gonflaient pour prendre une profonde respiration. Ils restèrent comme ça pendant un moment avant que Harry ne se recule, et Louis eut l'impression qu'il devrait dire quelque chose, peut-être même lui demander que diable était-ce tout ça. Les mots ne vinrent pas à temps, cependant, et Harry lui souriait simplement, tandis que Louis était toujours stupéfait, haletant et essayant d'enregistrer le fait que, oui, ça venait réellement de se passer.

« J'devrais vraiment aller courir. On va bientôt partir. »

Harry ouvrit la porte et s'appuya contre le cadre, se soutenant avec une main de chaque côté et se balançant d'avant en arrière sur la pointe de ses pieds. Louis ne savait pas quoi dire, alors il pinça simplement ses lèvres pour former quelque chose ressemblant à un sourire.

« Passe un bon weekend, d'accord ? » Souriant toujours, Harry lui fit un petit signe de la main et leva un pouce en l'air avant de tourner ses talons, trottinant le long de l'allée menant à la rue.

Louis se tenait toujours au milieu de la pièce, tenant les DVD avec les lèvres gonflées par le baiser et les joues rouges. Il détestait vraiment, vraiment, Harry Styles. Il l'embrassait puis partait en courant, presque littéralement, avant que Louis n'ait la chance de dire quoi que ce soit et il était foutrement beaucoup trop tôt pour ça.

Il ferma la porte à la hâte avant de se diriger vers chez les Wood, essayant fortement de ne pas continuer à penser à ce qu'il venait de se passer, ce qui était absolument impossible puisqu'il pouvait encore pratiquement, sentir la forme des lèvres de Harry sur les siennes. Il pouvait se souvenir trop vivement d'à quel point Harry semblait plus grand et plus large lorsqu'il était collé tout contre lui.

C'était une chose qu'il n'avait seulement vu que dans les films, mais Louis se donna réellement une claque sur la joue alors qu'il se tenait sur le pas de la porte de la maison des Wood, se disant d'arrêter ça. Il tenait toujours fermement les DVDs dans sa paume moite et il ne pouvait pas imaginer que ça avait été le but initial et innocent de sa visite chez Harry ce matin-là. Ils avaient passé quelques semaines ensemble, à présent, flirtant comme des fous, apprenant à se connaître et rigolant plus fort que Louis ne pouvait même comprendre, alors il ne savait pas pourquoi le baiser était aussi surprenant.

La seule chose qui ne l'avait pas surpris était qu'il avait eu l'impression d'avoir été frappé par un putain de camion dès que Harry s'était éloigné, et c'était ce qu'il lui faisait peur ; que ce serait plus qu'un quelconque baiser.

**

A la surprise de Louis, Zayn accepta finalement de sortir samedi soir. Ils allèrent dans le restaurant mexicain préféré de Louis puis dans un bouge pas très loin de leurs deux appartements. C'était bon d'être avec lui parce que ça faisait trop longtemps – ça avait toujours l'air d'être trop longtemps – et Louis était en quelque sorte impatient de dire à quelqu'un ce qu'il s'était passé avec Harry, même s'il ne savait pas comment amener le sujet.

Dès leur première bière, Zayn lui demanda s'il y avait quelque chose de nouveau dans sa vie ou avec son nouvel ami et Louis pensa que ça pourrait ne pas être trop horrible de mentionner leurs plus récents développements. Il glissa sa paume du col de sa bouteille de bière, regardant par-dessus l'épaule de Zayn le groupe de garçons jouant aux fléchettes dans un coin du bar alors qu'il considérait jusqu'où il devait raconter.

« Harry est sympa. Il reste le même, tu vois ? Il vient presque tous les jours et les gamins l'adorent. Il leur sort des blagues stupides et laisse Char le maquiller. C'est genre sympa d'avoir quelqu'un d'autre pour aider. » Il y avait évidemment quelque chose de plus à dire, et Zayn était trop intelligent et connaissait assez bien Louis pour savoir qu'il avait à peine effleuré la surface.

Roulant des yeux, Zayn fit tourner son paquet de cigarettes contre sa paume et le tapota plusieurs fois avant d'en sortir une et de la glisser derrière son oreille. « Et ? »

Il passa légèrement trois doigt à travers l'avant de ses cheveux, repoussant quelques mèches en arrière comme s'il n'y avait déjà pas assez de regards sur lui comme ça. Il regarda Louis comme si c'était évident qu'il y a quelque chose de plus à dire sur cette histoire et Louis soupira alors qu'il sentait qu'il commençait à céder.

« On s'est embrassé. Enfin, il m'a embrassé. J'ai été chez lui hier matin pour récupérer un DVD et il était juste en train de lacer ses baskets et il... m'a simplement embrassé. Comme s'il l'avait fait un million de fois avant. »

Zayn haussa légèrement ses sourcils et Louis pouvait dire qu'il essayait très fortement de ne pas sourire en coin. « Ne me dis pas que t'es resté sans bouger. T'as au moins répondu au baiser ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Zayn l'avait poliment écouté parler des enfants toutes la soirée mais Louis voyait bien que son intérêt était réel à cet instant.

« Oui, j'ai répondu, » dit-il, exaspéré, puis il s'arrêta pour prendre une autre longue gorgée de sa bière avant d'avoir l'impression de pouvoir continuer à parler. « C'était bizarre, en fait. Genre, il s'est barré juste après et maintenant j'sais pas comment ça va être quand je le reverrai lundi. Je sais pas si j'suis supposé dire quelque chose ou si on peut simplement revenir à... ce qu'on était avant, ou quoi. »

C'était la partie sur laquelle Louis s'attardait le plus parce qu'il n'était pas habitué à ce que les choses fonctionnent de la même façon qu'elles semblaient le faire avec Harry. Tout était tellement imprévisible avec lui qu'il n'arrivait honnêtement pas à dire si c'était seulement un incident isolé, dont ils ne parleraient plus jamais. Genre, peut-être qu'après tout le flirt et l'accumulation, Harry voulait simplement voir comment c'était et puis c'était tout – ce qui pourrait, ouais, ne pas être la pire chose au monde. C'était un bon baiser et il pourrait probablement vivre avec le fait que ce soit l'unique fois si c'était ce qu'Harry avait prévu.

Zayn devait être capable de dire qu'il s'égarait parce qu'il lui sourit de façon rassurante et tendit le bras pour frapper doucement son poing contre la mâchoire de Louis. « Attends simplement de voir ce qu'il se passera quand il revient, mec. Si tu vas continuer à le voir aussi souvent alors il finira bien par dire quelque chose, non ? Reste cool. Tu sais ce que tu fais. »

C'était apparemment déjà l'heure pour Zayn de consommer cette cigarette et il laissa Louis à la table, après l'avoir étreint en enroulant un bras autour de ses épaules en passant à côté de lui. Louis soupira, buvant sa bière et laissant ses yeux errer dans le bar. Zayn tirait habituellement en plein dans le mille pour donner des conseils, mais il se trompait sur la dernière partie. Il avait l'impression de ne pas avoir la moindre idée de ce qu'il faisait. Tout semblait juste être en quelque sorte une expérience avec Harry, ce qui était... peu importe, c'était sympa, mais ça avait le potentiel de foutre la merde dans la petite dynamique qu'ils avaient instaurée pendant ces dernières semaines.

Un des gars en train de jouer aux fléchettes lui fit signe de venir lorsqu'il perdit son coéquipier et Louis soupira, finissant sa bière et migrant dans cette direction. Zayn avait surtout raison, pensa-t-il. Il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre lundi.

Plissant ses yeux, il aligna son premier tir, essayant de se concentrer et d'éviter de penser à de longues jambes, à des bandanas et à des boucles, lorsqu'il visa le centre de la cible et recula sa main de quelques centimètres avant de lancer sa fléchette. Il était tellement loin du centre que l'étranger, qui l'avait choisi comme coéquipier, grogna à sa gauche quand elle manqua carrément le bord et tomba lamentablement le long du mur. Il y avait une métaphore dans tout ça, pensa-t-il, il ne l'avait juste pas encore compris.

**

Louis était tellement débordé le lundi matin qu'il ne put vraiment s'éterniser sur le fait qu'Harry soit déjà ou non rentré lorsqu'il se gara devant chez les Wood pour aller travailler. Il jeta un coup d'œil sur la pool-house en avançant vers la maison, mais elle semblait toujours être fermée, pas de signes éloquents de la part des fenêtres s'ouvrant brusquement ou de musique à plein volume comme c'était habituellement le cas lorsque Harry était dans les parages. Il supposa qu'il ne devait pas être encore revenu et il en fut presque soulagé, parce que ça lui laissait plus de temps pour faire exactement la même chose que depuis vendredi – essayer en vain de ne pas être obsédé par ce qu'il s'était passé.

Liz et Scott avaient prévu d'aller à une représentation de théâtre locale ce soir alors Louis s'était engagé à faire des heures supplémentaires, ce qui voulait dire une journée particulièrement longue, mais de l'argent en plus ne pouvait jamais faire du mal. Tout ce qu'il avait vraiment à faire était de s'occuper d'Annie et de mettre un DVD pour Miles et Charlotte jusqu'à ce qu'ils soient assez somnolents pour qu'il puisse les porter jusqu'à leurs lits.

Il plut toute la journée, alors la majeure partie fut passée à construire une forteresse de couverture dans le salon et à regarder deux films à la suite, mangeant du popcorn et mettant dans l'ensemble un bordel que les jumeaux promirent de nettoyer avant d'aller dormir. Il enroula une couverture autour de lui et fit semblant d'être un monstre pendant pratiquement une heure, ce qui les ravit positivement tous les trois et il était à bout de souffle à la fin, couché sous la cabane faite de couvertures avec des dinosaures.

Quand Louis se hissa finalement hors de son cocon de couvertures pour leur faire un déjeuner tardif, Annie était un peu plus grincheuse que d'habitude. Il la berça dans le creux de son bras, la faisait rebondir plusieurs fois, puis il l'installa dans la chaise haute de la cuisine pour qu'elle puisse le regarder préparer des sandwiches pour les jumeaux, pendant qu'il lui parlait avec un ton doux jusqu'à ce qu'elle se calme. Après avoir découpé une banane en tout petits morceaux, il les posa sur le plateau devant elle et, alors qu'il déposait un baiser sur son front, il leva le regard et remarqua deux choses : un, la voiture de Harry dans l'allée, qu'il pouvait voir depuis la fenêtre au dessus de l'évier, et deux, à quel point le front d'Annie était chaud contre ses lèvres.

« Tu vas bien, mon ange ? » lui demanda-t-il d'une voix douce, repoussant quelques boucles blondes de ses tempes et inspectant son petit visage rougeoyant. « S'il te plaît, ne sois pas malade. » Il embrassa à nouveau son front, ayant l'impression que quelqu'un avait fait tomber une enclume dans sa poitrine à cette simple idée.

Après s'être assuré qu'elle mange au moins un bout de banane, Louis alla à l'évier pour se laver les mains et observa avec intérêt Harry fermer la portière de sa voiture. Il portait un maillot de bain rose fluo et un tee-shirt, et même avec la vision de son profil floue à cause de la pluie, Louis pouvait voir qu'il avait pris des couleurs pendant le weekend. Il était tellement beau que c'en était presque agaçant, comme si chaque image accumulée que Louis gardait de lui dans sa tête faisait pale figure en comparaison avec la vraie.

Louis ferma le robinet après qu'Harry ait fermé la porte de la pool-house et se détourna de l'évier avec une bonne raison de s'arrêter de penser à Harry, parce qu'il était inquiet pour Annie et le fait que son nez coule un tout petit peu. Bon Dieu, il ne s'était vraiment pas attendu à ce qu'elle tombe malade en étant sous sa garde. Il se sentait déjà ridiculement coupable pour ça.

Essayant de rester calme, il la souleva à nouveau et, ouais, elle était définitivement trop chaude. Avec un peu de recherche, il trouva le thermomètre dans l'armoire à pharmacie et chercha furieusement sur Google comment déterminer à quel stade la température était trop haute pour un enfant de treize mois. Elle avait trente-neuf, et c'était officiellement suffisamment élevé pour devoir donner un médicament, lit-il. Il restait encore quatre heures avant que Liz et Scott ne doivent rentrer à la maison de leur rendez-vous en tête en tête, et il détestait les embêter en plein milieu d'une pièce de théâtre, mais il essaya quand même de les appeler. Ils ne répondirent pas, ce qui ne le surprit pas, mais il reçut un message de Liz disant qu'est-ce qu'il se passe ? quelques minutes plus tard.

Elle était étonnamment calme après les explications de Louis, ce qui était bien – peut-être que ce n'était pas aussi grave qu'il en avait l'impression, pensa-t-il. Il était sûr qu'ils étaient probablement déjà passés par là avant, avec Annie et également les jumeaux. Elle lui dit de garder un œil sur elle, de continuer à contrôler sa température et de la tenir au courant si elle augmentait encore plus pour qu'ils rentrent et appellent son pédiatre.

Quand il reposa son téléphone, il avait toujours l'impression d'être trop tendu pour ne plus y penser. C'était bien qu'ils n'aient pas trouvé que ce soit une cause d'inquiétude extrême, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se faire du mouron à ce propos, se demandant s'il n'y avait pas quelque chose qu'il aurait pu faire pour l'éviter. C'était inutile de l'envisager parce que... les bébés attrapait des rhumes, ça arrivait, mais il avait quand même l'impression d'avoir un peu merdé.

Charlotte l'intercepta au moment où il allait emmenait Annie dans son berceau, inclinant sa tête en arrière pour les regarder tous les deux curieusement. Elle portait une paire de lunettes sans teinte qu'elle utilisait quand elle faisait semblant d'être le Président, lui donnant un air mignon et préoccupé.

« Quelque chose ne va pas avec Annie ? »

Louis secoua sa tête de façon peu enthousiaste. « Elle ira bien, bébé. Elle a juste attrapé froid, je pense. »

A ce même moment, Miles passa en courant à côté d'eux, arrachant les lunettes de sur le nez de Charlotte et les glissant sur le sien alors qu'il continuait de courir sur toute la longueur du couloir, esquivant habilement les meubles alors qu'il essayait de mettre de la distance entre eux.

« Miiiiiiiiiles ! Rends-les-moi ! » hurla Charlotte, courant après lui et Louis entendit un fracas presque à la seconde où ils quittèrent tous les deux son champ de vision. Annie s'agita à nouveau dans ses bras et Louis laissa échapper un petit soupir de frustration, la berçant doucement dans ses bras.

« Qu'est-ce que c'était ? » demanda-t-il.

Il y eut un moment de silence complet avant qu'il n'entende la voix de Miles, coupable et hésitante, cracher le morceau. « Euh... le vase de maman. »

Louis ne put rien faire de plus que fermer ses yeux pendant quelques secondes avant de répondre, passant de façon apaisante sa main de haut en bas dans le dos d'Annie lorsqu'elle laissa échapper un silencieux pleurnichement. « Peu importe ce que vous avez fait, ne bougez pas. Je ne veux pas qu'un de vous deux marche sur un bout de verre. Juste... je vais coucher Annie puis je viendrai nettoyer alors restez où vous êtes, d'accord ? »

Il entendit leur petite confirmation puis les bruits étouffés de Charlotte et Miles en train de se chamailler à propos de qui avait réellement cassé le vase. Dans la logique de Charlotte, Miles était celui qui l'avait cogné. Pour Miles, Charlotte était responsable parce qu'elle avait commencé à lui courir après. Louis n'eut pas d'autre choix que de les laisser faire temporairement, parce qu'il sentait qu'Annie était le point de fondre en larme et il voulait essayer de la calmer avant qu'elle ne s'énerve un peu trop tout seule.

Il alluma la lumière de la nurserie et retira quelques uns des plus grands animaux en peluche du berceau et les jeta dans son parc avant de la coucher, essayant de la poser confortablement. Son nez sifflait toujours et il attrapa un mouchoir de la table de change pour l'essuyer, fredonnant de façon réconfortante et passant à nouveau le bout de ses doigts sur son front. Elle était chaude – à peu près comme avant – et il avait presque peur de la laisser hors de sa vue pendant même quelques minutes, imaginant tout un tas d'horribles choses qui pourrait se passer dans cet intervalle de temps.

« Pauvre petit bébé. Je reviens tout de suite m'occuper de toi. » Il caressa sa joue une fois avant de quitter la pièce avec un soupir, n'ayant pas hâte de ce qui l'attendait.

Tout à leur honneur, les jumeaux l'avaient suffisamment écouté pour rester au même endroit et ils étaient tous les deux en quelque sorte figés là où ils se tenaient, ayant évidemment pris ses directives très littéralement. Louis aurait trouvé ça très drôle à un autre moment, la façon dont ils agissaient comme s'il y avait un champ de force invisible autour d'eux, mais il y avait des minuscules morceaux de verre rouges et dorés éparpillés autour d'eux.

« Votre mère ne va pas être contente. Qu'est-ce que je vous ai déjà dit à propos du fait de courir l'un après l'autre ? »

Charlotte soupira de façon indignée, lançant un regard menaçant dans la direction de Miles. « C'est lui qui a volé mes lunettes ! »

Ça les lança dans une autre dispute et Louis passa prudemment à côté d'eux, prenant la pelle et la balayette du placard dans l'entrée et balayant tout le verre qu'il put trouver. Il fit de son mieux pour en faire un tas, laissant la pièce assez sûre pour qu'ils puissent bouger une fois qu'il aurait jeté les éclats dans la poubelle.

« De toute façon, elles avaient l'air stupides sur toi ! » entendit Louis, et il put presque décompter... 3... 2... 1... et Charlotte fondit en larmes au même moment où il entendit des cris venir du babyphone. Il devait consoler Charlotte et expliquer à Miles pourquoi il ne pouvait pas dire ce genre de choses à sa sœur, mais il devait vraiment, vraiment, aller voir Annie et, eh bien... ça faisait beaucoup. Il pourrait avoir besoin d'une deuxième paire de mains, mais l'idée d'envoyer à nouveau un message à Liz semblait être comme admettre sa défaite, d'autant plus qu'elle n'avait pas semblé particulièrement inquiète en premier lieu.

Il y avait une autre personne qu'il pourrait appeler, mais il ne voulait pas vraiment l'embêter, non plus. Harry venait juste de revenir de son voyage, depuis même pas une heure, et il voulait probablement se détendre, pas passer le reste de sa soirée à garder des gosses et se retrouver entre deux jeunes voyous de cinq ans en train de se disputer. Annie et Charlotte étaient toujours en train de pleurer, cependant, et il se sentait acculé au pied du mur.

Il sortit son téléphone, tapa un rapide tu peux venir à côté ? et appuya sur envoyer avant d'y réfléchir à deux fois.

« Char, tu n'as pas l'air stupide avec tes lunettes, d'accord ? Miles, présente tes excuses à ta sœur. Tu l'as blessé. »

C'était le mieux qu'il pouvait dire pour le moment, mais Miles semblait sentir que quelque chose de plus important était à venir et il marmonna une excuse dans la direction générale de Charlotte. L'échange sembla rafistoler suffisamment les choses pour qu'il puisse continuer d'avancer dans le couloir, jusque dans la chambre d'Annie où elle était assise, le visage rouge et des larmes coulant sur ses joues.

« Je suis désolé, bébé, » roucoula-t-il, avançant pour la porter à nouveau. Elle était le plus joyeux des bébés qu'il n'ait jamais rencontré, et ça le tuait de la voir pleurer et essayer de poser sa tête contre son torse, de toute évidence mal à l'aise et agitée. Il attrapa une tétine et elle la prit de bon cœur, ce qui sembla calmer un peu ses sanglots, et il posa une main apaisante à l'arrière de sa tête alors qu'il la berçait doucement dans ses bras.

La sonnette retentit après quelques minutes et avant qu'il puisse même réagir, il entendit Charlotte crier, « J'y vais ! »

Louis soupira, portant Annie jusque dans le couloir pour qu'il puisse être là au moment où elle ouvrirait, au cas où ce serait quelqu'un d'autre que la personne qu'il attendait. Il fit un hochement de tête à Charlotte et avança alors qu'elle ouvrit la porte, rebondissant sur ses talons lorsqu'elle vit que c'était Harry.

Louis ne sut pas pourquoi, mais il ressentit un sentiment de soulagement écrasant en posant simplement ses yeux sur lui. Harry s'était changé depuis que Louis l'avait vu tout à l'heure, portant à présent un jeans noir serré et un tee-shirt des Ramones, qui avait probablement été noir à un moment, mais qui était à présent plutôt d'un gris délavé. Sa peau était toujours un peu rougie comme s'il venait de sortir de la douche et Louis sentit son rythme cardiaque accélérer quand il enregistra tout ça, genre, s'il n'avait pas eu un bébé dans ses bras, il se serait probablement précipité en avant et enroulé ses bras autour de lui. L'idée n'avait pas beaucoup de sens pour lui, mais il l'attribua à la façon dont il se sentait dépassé – comme s'il avait besoin d'être étreint et qu'on lui dise que tout irait bien, qu'il n'avait pas merdé.

« Harry, Harry ! » carillonna Charlotte, s'enveloppant autour de ses jambes ridiculement longues et Harry sourit, baissant une main pour caresser ses cheveux avant de poser un regard curieux sur Louis.

« Tout va bien ? » C'était la tendresse et l'inquiétude dans sa voix qui donna en quelque sorte envie à Louis de se décomposer, mais à la place il lui fit simplement un hochement de tête timide.

« Ouais, je... désolé de t'avoir demandé de venir. Je sais que tu viens juste de rentrer et tout, mais Annie a de la fièvre et... » Louis se rendit compte qu'il mâchait ses mots et fit une pause pour prendre une respiration. Harry sembla comprendre et son visage s'adoucit, il fit signe à Louis de repartir.

« Vas-y. Je vais garder un œil sur ces deux là. »

Autant Louis voulut partir sans protester, autant il se sentait coupable parce que ce n'était vraiment, vraiment, pas à Harry de faire ça. Pour tout ce que Louis savait, il aurait pu interrompre les projets de Harry pour la soirée. « T'es sûr ? »

Il acquiesça vivement, allant déjà s'asseoir sur le sol devant le canapé pendant que Charlotte fouillait dans leur coffre à jouets, pour en sortir un jeu de société. Miles se précipita pour s'asseoir à côté d'elle. « Louis, c'est bon, ne t'inquiète pas. De toute façon, je serais venu si j'avais su que t'étais toujours là. »

La façon dont Harry dit ça était nonchalante, comme si ce n'était pas grave que sa première pensée en arrivant chez lui était de venir voir s'il était là. Ce n'était probablement pas grave, mais Louis aimait le sentiment que ça lui procurait, aimait savoir que Harry pensait à lui, en général.

Il avait un peu trop à faire pour pouvoir penser à ça, il y avait des problèmes plus pressants dont il devait s'occuper. Il planta simplement ses yeux dans ceux de Harry pendant un moment et articula un 'merci'auquel Harry répondit avec un simple sourire, comme si de rien n'était, comme s'il n'était pas totalement en train de sauver la vie de Louis à cet instant.

Harry fit quelques commentaires à propos du fait que Princesse Frostine ressemblait à Charlotte, et Louis ne put s'empêcher de ressentir un élan d'affection pour lui alors qu'il retournait vers la nurserie. Il envoya à nouveau un message à Liz pour lui demander s'il pouvait donner quelque chose à Annie pour sa fièvre, et pendant qu'il attendait pour une réponse, il lui donna un bain d'eau tiède, ce qui sembla la refroidir légèrement – et la calmer également parce que, bien que son nez était toujours rouge et coulait, elle fit un petit sourire à Louis, répondant quand il appuya doucement sur son nez avec son jouet de bain en caoutchouc. Il l'enroula dans une serviette et reçut un message de Liz lui disant qu'il pouvait lui donner du Motrin, alors il fit également ça. Lorsqu'il en eut fini avec tout ça, il était presque vingt heures.

Le salon semblait beaucoup plus calme qu'avant et Louis put entendre qu'un film était en route alors qu'il changeait et habillait Annie, lui parlant toujours avec un ton doux pour continuer à l'apaiser, embrassant son ventre et serrant ses petits pieds jusqu'à ce qu'elle couine. Elle s'endormit lorsqu'il la prit à nouveau dans ses bras et il garda une main dans son dos, lui murmurant de petits encouragements lorsqu'elle utilisa son torse comme oreiller.

C'était en quelque sorte incroyable pour lui que Harry soit là et que les enfants soient sages avec lui, et il s'attendit presque à ce que quelque chose aille de travers quand il entra dans le salon, mais il eut immédiatement la preuve du contraire.

Trois visages se tournèrent vers lui – Miles, puis Harry, puis Charlotte, dans cet ordre dans le canapé, et Louis leva un doigt à ses lèvres parce qu'il pouvait déjà voir les questions sur les lèvres des jumeaux avant même qu'ils ne les posent.

« Harry, tu peux venir ici une seconde ? » demanda-t-il, sa voix toujours basse pour ne pas déranger le bébé, qui dormait seulement depuis quelques minutes.

Harry remit en place ses cheveux alors qu'il se levait du canapé et Louis l'observa pendant une seconde jusqu'à ce qu'ils soient côte à côté, se dirigeant vers la cuisine. Avant qu'il puisse même sortir un mot de remerciement, Harry tendit une main pour toucher le dos d'Annie, couvrant la main de Louis avec la sienne et il n'était pas certain de s'il essayait de le réconforter lui ou le bébé, mais peu importe, c'était bien et ça fonctionnait.

Une fois qu'ils furent dans la cuisine, Louis se retourna pour lui faire face, et Harry laissa tomber sa main mais resta près de lui. C'était la première fois qu'il avait vraiment une seconde pour réellement le voir depuis vendredi matin, et il était juste – Louis se sentit apaisé en le regardant et c'était un peu miraculeux parce que ça n'arrivait pas souvent. Il était toujours le rocher de tout le monde, il se contenait pour le bien de la santé mentale des autres, et Harry le regardait comme si peu importe ce qu'il disait ou faisait, il serait d'accord avec.

« Merci de t'être occupé d'eux, » souffla Louis, gardant sa voix basse. « Désolé, je... je voulais pas te demander de venir, mais elle a toujours de la fièvre et j'ai l'impression d'avoir merdé pour avoir laissé ça arriver, même si je suppose qu'il n'y avait rien que je puisse faire. Et puis, Miles a cassé un vase et c'était juste genre, la merde, tout s'est passé en même temps. Elle... je pense qu'elle ira bien, cependant, » finit-il, laissant échapper un souffle tremblant alors qu'il se retournait pour jeter un coup d'œil à Annie, repoussant quelques cheveux de son visage.

« Louis, je t'ai dit de ne pas t'en faire. » La voix de Harry était plus douce et plus calme qu'il ne l'avait jamais entendu, et encore une fois, Louis sentit cet instinct troublant de vouloir simplement se pencher en avant, d'appuyer son front contre son cou et prendre de profondes respirations, mais il hocha simplement la tête pour le remercier. Harry posa une main sur son épaule et la serra. Il la laissa là, désinvolte, comme s'il n'y avait aucune arrière pensée derrière ce contact, mais Louis voulut juste s'en défaire.

« Ils vont bientôt rentrer, » dit-il à Harry. « T'es pas obligé de rester, genre, si t'as quelque chose d'autre – »

« Hé, non, » le coupa Harry avec un signe de la main et rien de plus, secouant sa tête. « J'avais envie de te voir, de toute façon. »

Louis soupira simplement et essayant de changer de sujet. « T'as passé un bon weekend ? »

Harry fit une sorte de truc qui ressemblait à moitié à un haussement d'épaules et à moitié à un hochement de la tête. « C'était pas mal. »

« Juste pas mal ? »

« J'avais beaucoup de chose en tête. »

Louis déglutit et crispa sa mâchoire. Harry le regarda comme s'il voulait qu'il lui demande pourquoi, même si Louis était presque sûr de connaître la réponse. « Genre quoi ? »

Harry serra à nouveau son épaule puis baissa sa main jusqu'à la hanche de Louis, soufflant doucement et prenant une respiration comme s'il était sur le point de se lancer dans une explication, mais l'alarme sonna trois fois, signalant que quelqu'un ouvrait la porte. Ils s'éloignèrent tous les deux l'un de l'autre et Louis regarda Harry une dernière fois, puis il retourna dans le salon, où Liz et Scott faisaient un câlin aux jumeaux et regardèrent Louis avec inquiétude.

« Comment va-t-elle ? » demanda Liz, manifestement préoccupée alors qu'elle tendait les bras pour la prendre.

« Un peu mieux maintenant, » expliqua-t-il, passant une main à travers ses cheveux. « Je ne pense pas que sa fièvre ait baissé, mais le Mortin a définitivement aidé. »

Liz lui posa encore quelques questions et Louis fit de son mieux pour tout raconter tandis que Harry parlait avec Scott derrière lui. Il fit signe à Miles et Charlotte de s'approcher et leur demanda d'expliquer ce qu'il était arrivé au vase de leur mère, ce qu'ils firent, leurs yeux obstinément baissés vers le sol pendant qu'ils crachaient le morceau.

« Du moment que personne n'a été blessé, » dit Liz, et ce fut le genre d'état d'esprit que Louis espérait avoir en tant que parent, parce qu'elle avait raison – ça aurait pu être bien pire.

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