Chapitre 10
Louis
Chaque année, les dernières semaines d'août traînaient en longueur, soumettant toutes les personnes vivant sur la côte Atlantique à la météo trop lourde et chaude pour être considérée comme appréciable. Habituellement, Louis était impatient que le temps se radoucisse, impatient que septembre arrive pour ne plus avoir à se soucier de transpirer à la seconde où il sortait de son appartement, mais pour la première fois depuis qu'il avait commencé l'école primaire, il ne voulait vraiment, vraiment, pas que août se finisse.
Il n'en parlait pas vraiment, cependant. Harry était pressé de retourner en Californie, mais il était également déterminé à passer autant de temps que possible avec Louis avant de partir. Malgré le satané nuage se trouvant au dessus d'eux partout où ils allaient, ils s'étaient réellement beaucoup amusés ces deux dernières semaines.
Ils emmenèrent enfin Charlotte au Field Station Dinosaurs comme ils lui avaient promis, et elle et Miles prient une douzaine de photos chacun avec un T-Rex grandeur nature. Harry les porta à tour de rôle sur ses épaules pour qu'ils puissent voir plus clairement la réplique du ptérodactyle. Ensuite, ils s'installèrent tous les quatre dans une minuscule salle de cinéma en portant des lunettes 3D, et des oohs et ahhs provinrent plus de Harry que de l'un des enfants.
Louis invita Harry dans son appartement après. Bizarrement, ce fut la première et dernière fois où il y alla pendant tout l'été, et il passa vingt minutes à glousser affectueusement sur toutes les photos embarrassantes se trouvant sur les murs de Louis – de lui, Zayn et son meilleur ami de l'école primaire, Stan. Il s'émerveilla sur tous les horribles coupes de cheveux et sur les choix vestimentaires encore pires jusqu'à ce que Louis l'attrape par la taille et le conduise jusqu'à la douche, où ils firent un boulot médiocre pour se laver et Harry déchira le rideau de douche en tombant presque quand Louis se mit à genoux et le suça comme si sa vie en dépendait.
Quand il y eut une petite brise pendant l'un de ses samedis libres, ils prirent la Jag de Harry pour rouler jusque dans le South Jersey. Ils laissèrent la capote ouverte, et pendant que Harry conduisait, Louis essaya de mémoriser la façon dont ses boucles virevoltaient autour de son visage à cent kilomètres par heure sur une quelconque route nationale.
Ce fut quelque chose qu'il fit beaucoup pendant les derniers jours qu'ils passèrent ensemble – il essayait d'apprendre les parties de Harry qu'il ne connaissait pas encore pour avoir une image entière dans son esprit quand il penserait à lui, quand il se remémorait inévitablement leur été ensemble, même quand les feuilles commenceraient à faner dans des teintes rouges et orangées.
Ils écoutèrent l'album August and Everything After de Counting Crows en même temps, parce que, eh bien, c'était adéquat. Ils l'appréciaient tous les deux, même si Louis sentit son cœur se briser quand les sourcils de Harry se froncèrent lorsqu'il chantait you catch me when I'm fallin', you catch me if I'm fallin', you catch me if I'm fallin' down on you. (tu me rattrapes quand je tombe, tu me rattrapes si je tombe, tu me rattrape si je tombe amoureux de toi)
La seule fois où ils s'arrêtèrent pendant leur balade fut quand ils tombèrent par hasard sur un verger de myrtilles avec une pancarte disant RAMASSEZ LES VÔTRE - $5. Ils sortirent et ramassèrent des myrtilles sur les arbustes jusqu'à ce que leurs mains soient tachées et qu'ils en aient tout un stock à ramener à la voiture.
Le capot était brûlant d'être resté garé sous le soleil mais ils s'installèrent quand même confortablement dessus – posant leurs pieds sur le pare-chocs et regardant les cultures méticuleusement alignées qu'ils venaient de dévaliser. Harry lança des myrtilles dans la bouche de Louis et dit quelque chose proche de comme à la plage, à quoi Louis se perdit tellement dans ses pensées qu'il loupa complètement le tir.
C'était trop tôt, pensa-t-il, trop tôt pour commencer à se remémorer des choses qu'ils avaient fait ensemble, parce que ça donnait l'impression que Harry était déjà parti, comme s'il n'était pas assis cuisse contre cuisse avec lui et n'était plus beau et fort que tout ce que Louis avait pu voir dans sa vie. C'était beaucoup trop de penser au fait que bientôt il passerait de tangible à intangible et il n'y avait rien que Louis puisse faire à ce sujet.
Cette nuit-là, ils allèrent se baigner chez Harry et le quartier était plus calme qu'il ne l'avait été depuis des mois. Les étoiles étaient leur seule compagnie alors qu'ils faisaient des longueurs dans la piscine, commençant à l'opposée l'un de l'autre et se rencontrant à chaque fois au milieu pour un baiser. Quand ils furent fatigués, Harry accula Louis contre la piscine et murmura qu'il n'y avait personne comme lui dans le monde. Louis essaya de répondre quelque chose, mais rien ne sortit à part un soupir d'impuissance puis il enroula ses doigts humides dans les cheveux de Harry et enfouit son visage dans son cou jusqu'à ce qu'il oublie d'où venait le courage soudain de ce dernier.
**
Harry partit un dimanche.
Le vendredi, il se montra chez les Wood quelques heures plus tôt que d'habitude. Louis eut à peine le temps de s'installer, posant le petit-déjeuner des jumeaux sur la table et remplissant le lavabo pour donner un bain à Annie, quand Harry passa la porte. Il ne s'était pas attendu à le voir aussi tôt dans la journée, il fut prit au dépourvu par sa présence et son air joyeux en se hissant sur le comptoir alors que Louis déposait Annie dans l'eau tiède.
Il avait posé certains de ses jouets en caoutchouc à l'avance et elle attrapa immédiatement le canard, le tendant à Harry en souriant alors qu'elle éclaboussait joyeusement tout autour d'elle. Il lui prit des mains, l'agitant devant son visage et faisant des caquetages ridicules que Louis trouverait beaucoup plus mignon, s'il n'était pas dans une humeur aussi morose.
« T'es là plus tôt aujourd'hui, » dit-il doucement, mettant une main en coupe autour du front d'Annie pour protéger ses yeux lorsqu'il versa un peu d'eau sur sa tête. Quelques gouttes s'échappèrent, glissant sur son visage et la faisant éternuer. Il fut obligé de sourire parce qu'elle était tellement, tellement mignonne, même quand Louis ne voulait absolument pas trouver quelque chose de bon dans quoi que ce soit.
Harry sourit également, et il essuya les traces d'eau sur son visage avec un seul doigt, tandis qu'elle tendait sa main vers le canard.
« Je sais. J'ai un tas de courses à faire plus tard, mais j'voulais te demander si tu voulais venir à l'aéroport avec moi dimanche. »
Ça y est, pensa Louis. Même avec tous les rappels que le séjour de Harry à South Orange était proche de sa fin, aucun d'eux n'avait semblé réellement marquer son terme. Il avait attendu le moment précis où ça sombrait réellement et bien qu'il se soit préparé, ça craignait quand même. Être loin de Harry Styles semblait être un putain de poids, et il n'était même pas encore parti.
« Ouais, je viendrai. »
Annie couina et leva le canard en l'air, Louis se pencha en avant pour qu'elle puisse toucher son nez avec. Il fit le bruit d'un canard et fit semblant d'être offensé. Elle rigola et Harry l'imita, c'était vraiment difficile de rester morose quand il était entouré par deux personnes aussi mignonnes en train de rire aux éclats.
Louis avait ses bras dans l'eau chaudes jusqu'aux coudes, mais il y avait une mèche de cheveux errante sur son front et il essaya d'utiliser ses épaules pour la repousser. Harry le remarqua et tendit une main, la repoussant de ses yeux, et Louis soupira.
« Comment t'y vas ? » demanda-t-il gardant un œil sur Annie pour qu'elle n'essaie pas de manger les bulles. Elle utilisait ses jambes du mieux qu'elle pouvait, se redressant, se tortillant et éclaboussant son torse – il oubliait toujours à quel point elle était mobile à présent, et elle semblait bien décidée à essayer de sortir de l'évier.
« J'sais pas encore. J'allais demander à ma mère, mais. »
Louis regarda vers lui et haussa son épaule. « Je te conduirai. »
« Ouais ? »
« C'est logique, non ? A moins que tu veuilles que ta mère le fasse. »
Louis déglutit. Il ne voulait pas sembler trop odieux avec Harry, surtout puisqu'il essayait véritablement de faire quelque chose de gentil pour lui, mais ça arrivait quand même.
Harry secoua sa tête et mordit sa lèvre, son regard fixé sur Louis. « Non, j'veux que ce soit toi. »
Louis ouvrit à nouveau l'eau pour pouvoir rincer la mousse sur les bras et le ventre d'Annie, puis il la sortit du lavabo. Harry sauta de sur le comptoir et il se tint là avec sa douce petite serviette, la tendant pour pouvoir la bercer pendant que Louis prenait les bords pour lui essuyer les bras.
Ça ne servait à rien d'essayer de changer le sujet parce que Louis ne pouvait réellement penser à rien d'autre que cet foutu scène d'Armageddon, et il voulait se noyer dans l'eau du bain d'Annie pour avoir même considéré ça, alors il parla.
« T'as déjà fini tes valises ? »
Harry recroquevilla Annie plus près de lui et ils commencèrent à se diriger vers sa nurserie. « Pas encore. Ça te dit de m'aider ? » dit-il en lui souriant.
« Tu veux que je t'aide ? J'peux à peine faire ma propre lessive. »
« C'est pour le soutien moral, Louis. Tu peux regarder. »
Louis grogna. « J'ai déjà fait ça. »
Harry resta bouche bée et Louis sourit d'un air satisfait alors qu'il passait à côté de lui, heureux de l'avoir laissé sans voix. Il tendit ses bras et mina des pinces avec ses mains avant d'attraper Annie. Il déposa son petit corps remuant sur la table à langer et chantonna pendant qu'il mettait en place sa couche et lui enfilait une grenouillère propre.
Ayant fini son petit-déjeuner, Miles sauta de sa chaise et courut hors de la pièce si rapidement que trois paires d'yeux suivirent curieusement sa direction, jusqu'à ce qu'il disparaisse entièrement de leur vue.
Il revint une minute plus tard, tenant une carte qui était presque plus grande que son petit torse. Se tenant devant Harry, il la poussa vers lui, attendant jusqu'à ce que les yeux de Harry s'écarquillent et il pointa vers lui en demandant, « C'est pour moi ? »
« On l'a faite pour que tu la ramènes en Californie, » expliqua Miles.
Louis baissa le regard, les yeux fixés sur Annie alors qu'il passait doucement la serviette dans ses cheveux, restant étrangement silencieux pendant que Harry regardait la carte faite maison.
Il savait déjà ce qu'il y avait dedans – un dessin de tous les cinq au milieu de divers dinosaures semblant amicaux (fait par Charlotte), une longue liste de toutes les choses amusantes qu'ils avaient fait ensemble tout au long de l'été (faite par Miles), et même une petite empreinte de main, pour laquelle Louis avait aidé les jumeaux, pour que Annie puisse également être incluse.
Ils avaient demandé à Louis de la signer en dernier, et il avait longuement envisagé d'écrire un long et sentimental témoignage sur toutes les choses stupidement merveilleuses que Harry lui avait fait ressentir tout au long de ces trois derniers mois, possiblement parsemé de Keats (ndlt : poète romantique anglais). Cependant, il n'avait pas pu se réduire à ce niveau et à la fin, il avait juste griffonné un tas de plaisanteries entre eux : imagine à quel point..., salut !, CHEVEUX, bizarre, jet-ski, virevoltant. ()
Ça ressemblait un peu à quelque chose qu'il aurait écrit dans l'annuaire de quelqu'un au lycée et rien n'aurait eu beaucoup de sens pour quelqu'un d'autre, mais Harry comprendrait et Louis avait anticipé l'exact sourire qui courbait ses lèvres à l'instant.
Il avait presque l'air sur le point de pleurer, mais il ne fit pas – heureusement. A la place, il lança un petit coup d'œil vers Louis puis s'agenouilla avec ses bras grands ouverts pour que Miles et Charlotte se précipitent à l'intérieur.
« Merci les enfants. Je vais l'accrocher dans mon appartement dès que j'arrive. »
Après que Louis eut couché Annie pour une sieste et que les jumeaux furent plongés dans un épisode de Phineas & Ferb, ils glissèrent dans la cuisine sous prétexte de devoir nettoyer les restes du petit-déjeuner. Ils avaient à peine ouvert le lave-vaisselle que Harry accula Louis contre le réfrigérateur et l'embrassa avec tellement de douceur et de détermination que Louis ne put se soucier du fait qu'il sentait les aimants contre son dos, et que toutes les listes de course de Liz s'y collaient.
« Je m'suis tellement habitué à t'embrasser, ça va être bizarre de plus pouvoir le faire, » marmonna Harry, encerclant son visage avec ses deux mains et regardant Louis directement dans les yeux quand il se recula.
« Oh, il s'est habitué à moi. Comme c'est romantique, » se moqua Louis, tapant le torse de Harry et se sentant à bout de souffle et un peu dépassé.
« Tu sais ce que je veux dire. »
Louis savait ce qu'il voulait dire et c'était tellement frustrant qu'il ne pouvait même pas commencer à l'articuler, laissant échapper un soupir impuissant et se cramponnant plus durement au haut de Harry, étirant presque le tissu.
« Tu dois aller faire quand tes courses ? »
Harry lécha ses lèvres, descendant ses mains dans le cou de Louis et le tenant en place pendant qu'il déposait des baisers le long de sa mâchoire, contre sa joue, son front et partout, comme s'il essayait de ne pas laisser un seule centimètre carré de son visage intouché. « Pas avant une heure ou deux, pourquoi ? »
Louis lâcha sa prise sur le tee-shirt de Harry et ses mains tombèrent sur ses biceps, faisant glisser ses ongles vers le bas alors qu'il guidait les deux bras de Harry afin de les resserrer autour de lui, jusqu'à ce qu'il n'ait plus besoin de forcer Harry à le tenir. Il enfouit son visage dans le creux entre son cou et son épaule, fermant ses yeux alors qu'il mémorisait la sensation d'avoir ses bras forts autour de lui et son odeur – à présent tellement familière pour lui qu'il avait le sentiment bizarre qu'il allait avoir le mal du pays sans elle, même s'il n'était pas celui qui partait.
« J'suis juste pas prêt à ce que tu partes. »
**
Dès qu'ils entrèrent dans la voiture dimanche, John Foutu Denver passa à la radio. Il prenait un avion et ne savait pas quand il allait revenir, et Louis roulerait droit dans le fossé s'il devait écouter plus de dix secondes de cette chanson. Harry rigola, mais Louis donna un coup de poing dans le poste radio comme s'il l'avait personnellement offensé, parce que c'était le cas.
« On n'écoute pas cette chanson, » dit-il en se forçant à sourire.
Harry tendit son cou en arrière pour regarder la maison de ses parents alors qu'ils s'éloignaient dans la rue, et Louis vit un aspect sentimental là-dedans, même si Harry tourna à nouveau son regard vers lui une seconde plus tard, plus excité qu'autre chose.
« Alors on doit rouler en silence ? » Harry fouilla dans la console centrale à la recherche de vieux CDs gravés et rayés, ceux qu'ils avaient écouté pendant le trajet jusqu'au camping. Il en choisit un au hasard, apparemment satisfait quand The Killers commença doucement à résonner.
C'était mieux que le silence, de toute façon. Louis voulait presque que Harry parte, juste pour pouvoir déverser le sentiment de crainte qui traînait au dessus de lui depuis les deux derniers jours.
Samedi, il avait 'aidé' Harry à faire ses valises ; c'est-à-dire, il s'était assis en tailleur sur le lit et avait plié à contrecœur les tee-shirts de Harry en une pile nette pour qu'il puisse les fourrer dans sa valise. Alors qu'il l'avait remplit, la pool-house s'était vidée, et à onze heures, ils étaient assis entouré par trois bagages, une boîte de pizza et un pack de six bières vides.
Aucun d'eux n'avait été ivre, mais ils n'en avaient pas été loin et ce ne fut qu'à minuit que Harry leur avait suggéré de dormir un peu parce que son vol partait à huit heures, ce qui voulait dire qu'ils devaient se lever à cinq heures.
Louis avait accepté, mais il avait su que même s'ils avaient éteint la lumière, il faudrait au moins une heure de plus avant qu'ils ne dorment, et il eut raison ; ils avaient passé un moment à simplement s'embrasser, comme s'il n'y avait aucun point final, mais Louis avait glissé deux doigts sous l'hideux bracelet que Harry avait acheté sur la promenade. Ils se sautèrent en quelque sorte l'un sur l'autre après ça, les souvenirs de cette journée étant assez pour le rendre avide de quelque chose en plus à se souvenir.
Ce fut un au revoir consciencieux, au moins, si baiser Harry à en perdre la tête comptait comme tel. Harry l'avait pratiquement supplié pour ça après que Louis eut dispersé des suçons partout sur son torse, sans relâche et peut-être de façon excessif alors que plusieurs marques avaient fleuri sur sa peau pâle. Harry avait gémit dans sa bouche, murmurant un s'il te plaît, mais ses mots avaient été tellement bas que Louis lui avait fait répéter une fois, puis deux, voulant juste l'entendre supplier pour ça, voulant se souvenir de la façon dont la voix de Harry sonnait quand il demandait à être baisé, et la façon dont elle se cassa quand il avait demandé une fois de plus, plus fort, à l'insistance de Louis.
Il ne l'oublierait jamais, la façon dont Harry l'avait regardé droit dans les yeux, la façon dont son visage s'était crispé, et la façon dont il avait continué de supplier même lorsque Louis l'avait pénétré, comme si rien ne serait assez, comme s'il ne savait même plus ce qu'il demandait, mais Louis avait voulu tout lui donner.
Ils étaient restés éveillés jusqu'à deux heures et demi, et Louis eut deux bonnes heures de sommeil, ce qui était deux de plus que ce à quoi il s'était attendu.
Tout c'était passé cinq heures auparavant, mais ça semblait être comme un vieux rêve alors qu'ils arrivaient sur la route 78. Il était si foutrement tôt et l'aéroport était à tout juste vingt minutes en voiture. Il laissa Harry parler pendant tout le trajet, l'écoutant raconter à quel point il avait besoin d'aller faire des courses une fois arrivé, que Niall lui organisait une petite fête pour son retour.
Louis l'écouta et hocha de la tête de temps en temps, il réussit même à faire un sourire ci et là, parce que si Harry était enthousiaste alors il pouvait également l'être. Sauf qu'il n'y arrivait pas, parce qu'il allait retourner à sa vie normale, et il allait devoir se réadapter à cette vie comme elle l'était avant Harry, et ça faisait beaucoup à avaler.
Les derniers minutes du voyage se passèrent à essayer de trouver une place de parking, et malgré les routes vides pendant le trajet, l'aéroport était, évidemment, bondé de voitures.
Finalement, Louis gara la Jeep et ses mains tremblèrent quand il ouvrit le coffre. Harry était déjà à côté de lui, mais s'il le remarqua, il ne fit aucun commentaire. Il sortit deux de ses valises et sourit en signe de remerciements quand Louis attrapa la dernière.
Ça avait l'air d'être le moment où ils devraient se dire des choses, en condensant toutes leurs dernières pensées comme si ça pourrait changer l'issue ou du moins rendre les choses, même très légèrement, plus faciles. Ça ne fonctionnait pas de cette façon, cependant, et Louis se dit à plusieurs reprises d'agir comme un adulte face à ça. Les gens entraient et sortaient de la vie des autres tout le temps, au point où ils étaient interchangeables et personne ne laissait vraiment de marque.
Le truc, c'était que Harry en avait laissé une. Avec tous ses baisers, sa musique de prétentieux, son haleine du matin et son ridicule grand cœur, il avait réussi à pénétrer toutes les couches de résistance que Louis avait. Il l'avait tellement bien fait que Louis n'avait jamais pris la peine d'essayer de s'opposer.
Même quand Harry toucherait le sol californien, retournerait en cours, retrouverait ses amis et tous les autres amants qu'il aurait inévitablement, Louis savait qu'il continuerait de penser à lui et il se demanderait si Harry pensait à lui tout autant que lui. Il s'était persuadé que non, ce ne pourrait pas être possible.
Louis attendit pendant que Harry enregistrait ses bagages, ne se sentant pas à sa place alors qu'il observait les hommes d'affaire ayant l'air de s'ennuyer dans la file et une mère essayant d'empêcher ses enfants de vagabonder à travers l'aéroport. Il avait toujours détesté les aéroports quand ce n'était pas lui qui allait quelque part, quand il était celui qui restait derrière et qu'il était seulement là pour dire au revoir.
Quand Harry eut fini, il retrouva Louis près de la fin de la queue et il entrelaça immédiatement leurs doigts, faisant une petite pression sur sa paume. Louis se demanda si c'était écrit partout sur son visage à quel point il en avait eu besoin.
Ils marchèrent vers la porte de sécurité en prenant leur temps. Louis ne se sentait pas d'attendre avec lui jusqu'à la dernière minute, parce que même si une grande partie de lui voulait profiter de chaque seconde qu'ils leur restaient ensemble, ça semblait juste prolonger l'inévitable.
« Eh bien, je suppose que c'est le moment où je dois commencer à te chanter End of the Road de Boyz II Men, » dit Louis, cependant il n'était ni amusé ni enthousiaste. C'était simplement plus facile de cette façon, de garder une certaine légèreté.
Harry sourit en se grattant la nuque et en baissant les yeux vers ses pieds, comme s'il ne savait pas trop comme agir. Louis comprenait – il doutait qu'il y ait un vrai protocole pour leur situation particulière.
« Est-ce que je vais te manquer ? » demanda Harry, attrapant également l'autre main de Louis, et les tenant simplement toutes les deux tandis qu'il observait son visage.
L'attention semblait être trop alors qu'il était déjà en équilibre sur une plaine fragile en essayant de ne pas craquer. Louis hocha doucement de la tête, essayant de ne pas montrer l'amertume dans ses yeux alors qu'il trouvait le courage de rencontrer à nouveau ceux de Harry.
« Ouais, tu vas me manquer, bébé, » chuchota Louis, sentant son souffle se couper parce que, bon dieu, non il n'était pas prêt du tout à ça. Tous ces moments de prise de conscience et d'acceptation, qui étaient supposés le préparer, avaient seulement été une putain de blague.
Harry semblait étonnamment fort, comme s'il n'était pas sur le point de s'effondrer comme Louis, mais il tira quand même Louis en avant et le tint fermement contre son torse, caressant l'arrière de sa tête alors que Louis enfouissait son visage contre son épaule.
« On continuera de beaucoup parler. J'veux tout savoir sur les gamins et le job de tes rêves quand tu le trouveras. Parce que tu le trouveras. »
« Ta gueule, Harry, » marmonna Louis, se tenant aux épaules de Harry pour se mettre sur la pointe des pieds et l'embrasser. Ce n'était pas profond ou particulièrement intense ; c'était chaste, une douce caresse de leurs lèvres avant que Louis s'éloigne en faisant un pas en arrière, plus décidé que jamais.
« Tu devrais y aller. J'dois rentrer pour essayer de dormir quelques heures de plus. »
C'était une piètre excuse, mais il détestait voir Harry devant lui, il détestait le voir dans un aéroport, il détestait surtout qu'il parte, il détestait qu'il soit pressé de partir. Louis savait que lorsqu'il verrait le dos de Harry passer le contrôle de sécurité, il pourrait au moins s'habituer au fait qu'il soit parti, et il voulait prendre de l'avance sur ça.
« Ouais, » dit Harry, ajustant la sangle de son sac sur son épaule et sortant sa carte d'embarquement de sa poche. « Euh, je t'envoie un message quand j'atterris, d'accord ? »
Louis murmura son acquiescement et croisa ses bras sur son torse. Il lança un dernier regard à Harry, de la tête aux pieds – son jeans beaucoup trop serré, ses pieds en dedans, son tee-shirt blanc lâche, ses yeux verts. Il tripotait paresseusement son bracelet 'Louis', et à ça, il dut détourner le regard. Harry était beau, bien qu'un peu endormi, mais le sang-froid de Louis semblait être sur le point de lâcher dans environ dix secondes, et il devait sortir de là avant que ça n'arrive réellement.
« Bien, » dit Louis, se reculant résolument. « Bon vol, mon pote. »
Harry rigola doucement, hochant de la tête. « Merci, mec. »
Il tapota sa carte d'embarquement contre sa paume deux ou trois fois, et Louis voulait vraiment qu'il parte, mais Harry finit par faire un bruit étranglé et se lécha les lèvres.
« Un dernier. » Il fit un pas vers Louis et l'embrassa, beaucoup moins chastement cette fois, et assez longuement pour faire accélérer le cœur de Louis dans sa poitrine quand il se recula. Le regard de Harry était illisible, et le sourire qu'il faisait ne concordait pas tout à fait.
« D'accord, » marmonna-t-il. « Au revoir, Louis. »
Et Louis n'attendit pas de le voir passer la sécurité, il se retourna simplement et se dirigea directement dehors, parce que regarder Harry se fondre dans la foule de personnes serait juste un rappel qu'il était définitivement la plus belle personne dans tout l'aéroport et il n'avait, vraiment, pas besoin d'une autre raison pour se sentir comme une merde.
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