Chapitre 8

"Je m'ennuie à mourir. L'ennuie, c'est que je n'en meurs pas." - Marise Arnaud

Les deux mois précédents m'ont paru extrêmement longs. Je ne me fais plus à cette situation. Mes journées sont redevenues aussi banales et cycliques qu'avant elle. Je dors, je me lève, je vais en cours, je me défoule sur mon sac de boxe, je travaille, je dors. Ainsi de suite. La boxe est le seul changement que j'ai réellement opéré. Dire que c'est grâce à mon père que je m'y suis mis. C'était quelques jours après le déluge...

Flash-back

Je rentre à la maison agacé. Je sais que mon père est de retour à la maison et je sais qu'il est au courant pour ma crise de nervosité. Je ne compte pas lui raconter quoi que ce soit sur Marguerite, ça ne ferait qu'empirer mon cas. Je lui dirais certainement que je me suis disputé avec ma mère, ça l'enchantera pour le coup et elle sera certainement là pour appuyer mes propos.

J'arrive dans le salon et le regard de déception que mon père me porte n'arrive même pas à m'atteindre. Il se lève immédiatement et marche à vive allure vers moi. Je jette un coup d'œil à ma mère qui se mord la lèvre, se retenant d'intervenir, puis à mon père qui lève la main vers moi et j'ai réellement l'impression qu'il va me frapper. Ça sera une première, tiens. L'innovation ça fait du bien.

Il passe finalement la main dans ses cheveux et il reste silencieux. Encore une innovation, c'est la journée nationale de l'innovation? Peut-être bien. En fin de comptes, je crois que je n'aime pas vraiment l'innovation, comme le dise beaucoup de personnes, c'était mieux avant parce que je sais que se qu'il pense est bien pire que ce qu'il pourrait me dire.

"-Putain! Il crache en tournant sur lui même. Tu pourrais m'expliquer c'est quoi cette innovation, ça fait deux fois en moins d'un mois que tu as les sautes d'humeurs d'un dépressif suicidaire.

-C'est la journée nationale de l'innovation? Je demande soudainement intéressé.

-Quoi? Il se bloque. Je te parle de quelques chose de grave et toi tu me parles de la journée de l'innovation?

-Oui. J'hoche la tête.

-Bordel, il se mord le poing de nervosité.

-Attention, avec tes crises de nervosité, je souris avec désinvolture, papa.

-Camille tu es sûre et certaine qu'il est complètement sobre ton gosse? Il se retourne vers ma mère.

-Je te rappelle que c'est notre gosse, comme tu dis et que oui, il est totalement sobre. Elle répond froidement.

-Il y a de l'eau dans le gaz entre vous deux? Je rigole en m'asseyant sur le sofa."

Il me regarde froidement avant de desserrer sa cravate et de légèrement déboutonner sa chemise.

"-Si tu aimes tant cogner tes poings contre quelque chose, assure toi que ça soit utile. Il détourne le regard et se dirige vers sa chambre. Il y a un sac de frappe sur la terrasse."

Il s'enferme dans sa chambre et ma mère se dépêche de me prendre dans ses bras. Elle a beaucoup de petites attentions envers moi qui réchauffent le cœur, surtout depuis que dans un moment de faiblesse, je lui ai raconté toute l'histoire.

"-Tout va bien? Elle me sourit gentiment.

-Oui. Je soupire.

-Je sais que tu mens...

-Alors ne me pose pas cette question. Je ronchonne.

-Tu lui as parlé aujourd'hui? Elle m'interroge.

-A Marine? Juste brièvement. Je hausse les épaules.

-Je ne parlais pas de Marine. Toi et moi savons très bien que ce n'est pas elle qui te rend mal heureux mon ange."

Je m'empresse de baisser mes yeux. C'est ma mère, elle lit en eux comme dans un livre ouvert. Un bruit de porte se fait entendre et elle s'éloigne instinctivement de moi, essayant de paraître naturelle.

Mon père ressort vêtu bien plus simplement, se dirigeant sans un seul regard vers l'extérieur de l'appartement.

"-Tu vas où? S'empresse de lui demander ma mère.

-Je sors. Il répond avec nonchalance avant de claquer la porte.

-Et toi, ça va bien? Je la questionne avec intérêt.

-Tu veux manger quoi ce soir? Elle prend une grande inspiration.

-Je t'ai posée une question.

-Moi aussi. Elle hausse les épaules. Alors, qu'est-ce que tu veux manger?

-Tout sauf des lasagnes, je soupire en tentant de rejeter le souvenir de Marguerite."

Elle acquiesce en souriant avant de s'en aller dans la cuisine. Je l'observe en me demandant comment est-ce que mon père a fait pour arrêter de l'aimer. Elle est vraiment belle, douce et gentille.

* Deux jours plus tard *

Aujourd'hui, il a tout d'abord fallut que je supporte le fait de voir Marguerite et Stefan pelotonnés l'un à l'autre au lycée, mais il a également fallut que je supporte leurs baisers enflammés dans l'ascenseur. Ils auraient pu par respect prendre le prochain ou ne pas passer leur temps collés l'un à l'autre. Mais non, il a fallut que leurs hormones s'activent à ce moment là et que Stefan se mette à lui avaler la bouche contre la paroi de la cage métallique. Leurs bruits de bouche et autres gémissement me tapent toujours contre les tympans.

Je projette mon sac contre le sol et vais directement sur la terrasse. Je trouve l'énorme sac de frappe noir avec des gants dans son ombre. J'ôte rapidement ma veste, ma cravate et ma chemise pour n'être vêtu que de mon pantalon beige. J'enfile les gants rouges et les sers à mes poignets.

Je cogne une fois et le sac n'oscille pas vraiment. Alors je réessaye, encore et encore, rajoutant à chaque fois plus de puissance, plus de rage et plus de combativité. Mon corps s'humidifie de sueur et ma respiration devient saccadée mais je ne renonce pas pour autant. Je pense à Stefan et je cogne encore plus fort, puis à sa petite amie, je frappe fort, extériorisant ma haine pour sa personne.

Mes cheveux sont trempés de sueur, mon cœur bat vite et j'ai du mal à respirer. Je m'arrête quelques instants histoire de reprendre des forces. J'entends des applaudissements dans mon dos, me retourne et y trouve mon paternel.

"-Pas beaucoup de puissance, ni d'endurance, mais tu te débrouilles bien. Il affirme en gardant son expression constipée au visage. Tu veux que je te donne quelques techniques?"

Sa question n'en est en réalité pas une puisqu'il vient directement se positionner derrière le sac de frappe, le maintenant contre son torse. Il me défie du regard et me sourit sournoisement. Je lâche un long soupire avant de me mettre en position.

"-Relève légèrement tes coudes, regarde bien le point que tu veux atteindre et quand tu es prêt frappe le de toutes tes forces."

Je m'applique et il me sourit fièrement. C'est si rare.

"-Tu as l'air de bien t'y connaître. Je lâche.

-Oui, disons que ça me permet de me défouler de temps en temps. Il explique.

-Par de temps en temps, tu veux dire quand vous vous prenez la tête avec maman? Je demande suspicieux.

-Je vois que tu es aussi intelligent que ton père! Il me fait un clin d'œil.

-Tu la trompes? Je demande directement.

-Pardon? Il plisse des yeux. Ça ne te regarde pas Nathan, ce sont des choses d'adultes."

Sa réponse ne me laisse même pas la place au doute. Il la trompe, j'en suis certain. Sinon, il m'aurait simplement dit non, que ce n'est pas parce qu'ils traversent une période difficile qu'il la trompe pour autant.

Derrière son allure, son égocentrisme et son pouvoir, il n'est en réalité qu'un lâche n'assumant pas ses fautes. Je le dévisage avant de lâcher mes gants et de retourner me cloisonner dans ma chambre.

Fin du flash-back

J'ai été habitué à cette routine de vie durant de nombreuses années sans pour autant ressentir un manque de quoi que ce soit. Je m'y étais fait. Mais pour une raison que j'ignore, à présent, je ne cesse de m'ennuyer et de tourner en rond.

Quand le lendemain du déluge, j'ai remarqué que Marguerite m'ignorait complètement, j'étais soulagé, parce que je n'aurais pas su quoi lui dire. Je suppose que c'est son Stefan qui lui a mit la pression et elle n'a pas résisté au fait de lui obéir au doigt et à l'œil. Pour être certain de ne plus rien avoir à faire avec elle, j'ai demandé à monsieur Reyes de changer de binôme, ce qu'il a, suite a notre discussion du début de l'année, accepté. Je suis à présent en duo avec Alec. Il est bien moins intelligent qu'elle mais aussi moins attirant et attachant. C'est mieux ainsi.

Marine a essayé de garder le contact avec moi, malgré tout, parce qu'elle est gentille. Mais... même si je lui parle de temps à autres et que je la trouve très belle, elle n'est pas amusante et folle.

Je joue avec les lacets de mon jogging tout en regardant une série à la télévision. Je suis tout seul, mon père est encore au travail et ma mère est sortie faire des courses il y a une dizaine de minutes de cela. Cet épisode de New Girl me fait extrêmement rire, comme la plupart d'ailleurs. Jess me rappelle énormément Marguerite dans sa façon de parler, sans filtre et lâchant un maximum d'âneries en une phrase. Je n'arrive pas à m'arrêter de penser à elle...

Quelqu'un appuie continuellement sur la sonnette de l'entrée durant près de cinq secondes. Je crains que cette personne ne se soit égarée, on ne sonne pas avec tant d'insistance chez les gens. C'est une question de bon sens et de respect.

Je me lève du canapé en traînant les pieds jusqu'à la porte d'entrée. Je l'ouvre machinalement et mes yeux se portent sur mon envahisseur. Ou devrais-je dire sur mon envahisseuse.

Elle n'est vêtue que d'un pull trop large pour elle ainsi que d'un short en coton. Mon cœur tremble. Je remonte mes yeux sur son visage. Ses yeux sont rougis alors qu'elle force un sourire sans grande conviction.

*******

Hey!❤️

J'espère que vous allez bien,

Et que ce chapitre vous a plu !

Je sais qu'il n'y avait pas une très grande dose de Marguerite dans celui-ci mais pas d'inquiétude, dans le prochain Maggie revient en force !!!

Sinon, je crois qu'il ne reste que deux semaines avant les vacances... courage à nous!

Kiss kiss :*

Noémie =)

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