Chapitre 5

"Amitié, doux repos de l'âme, crépuscule charmant des cœurs." - Lamartine

Je vois le visage de Marguerite s'illuminer comme si je venais de prononcer la formule magique qui provoquerait la paix dans le monde. Elle laisse son sac s'écraser contre le sol avant de s'élancer vers moi et de se blottir contre mon torse.

"-Oui! Oui! Oui! Merci."

Je la repousse finalement gêné et elle se retourne, se laissant plonger sur mon lit. Elle sourit à pleines dents et je me racle la gorge en m'asseyant sur un coin du matelas.

"-Il nous reste bien plus d'une heure avant que ma mère nous appelle pour dîner. Il y a la télé tu peux regarder ce que tu veux.

-Mais, elle se redresse, je veux discuter avec toi, moi.

-De quoi? Je soupire.

-Pourquoi tu ne veux pas d'amis? Elle me questionne d'emblée.

-Qu'est-ce qui te fais croire que je ne veux pas d'amis?

-Peut-être le fait que tu passes ton temps à repousser tout le monde. Je ne suis pas la seule à le dire, Stef est d'accord avec moi.

-Pourquoi tu parles de moi avec Stefan? Je demande en m'affalant complètement sur mon lit.

-Tu es mon binôme, il faut bien que je sache à quoi j'ai affaire. Elle explique simplement.

-Et à quoi est-ce que tu as affaire, Marguerite? Je plisse des yeux.

-J'ai affaire à un mec complètement bizarre et lunatique mais que j'ai tout de même envie de te connaître.

-Oh non! Donc je serai obligé de te supporter encore longtemps? Je souffle passablement amusé par sa description.

-Tu as tout compris. Et je sais me montrer très...

-Collante? Je la coupe.

-J'allais dire téméraire, mais je suppose que ça marche aussi. Elle rigole innocemment. Alors autant que toi et moi soyons amis... elle me scrute en quête d'une réaction de ma part.

-Non. Je lâche catégorique.

-Mais allez! Elle se met à genoux sur mon lit et commence à remuer. Je suis nouvelle moi ici... je connais juste Stef et toi maintenant.

-Et pourquoi ne t'intéresses tu pas à quelqu'un d'autre que moi? Je suis sûr qu'il y en a plein qui apprécient les petites garces prétentieuses comme toi.

-Je ne suis pas une petite garce prétentieuse! Elle se défend. Enfin, elle hésite, si, un peu mais je veux être ton amie, moi! Tous les autres sont normaux dans ce lycée, sauf Stef et toi. Les gens normaux me provoquent de l'anxiété! Elle explique on ne peut plus sérieuse.

-Si je comprends bien, je soupire, ta technique pour venir gratter mon amitié c'est de me dire que je suis étrange?

-Non! Elle rétorque immédiatement. Enfin... elle se mord la lèvre, si, peut-être... je veux dire que tu n'es pas comme tous ces moutons de la société que j'ai déjà pu observer dans notre classe. C'est donc un compliment.

-Il y a d'autres gens intéressants dans notre classe tu sais... j'expire.

-Laisse moi deviner? Elle pouffe de rire. Marine?

-J'accepte. Je lance rapidement avant de prendre une grande inspiration. J'accepte d'être ami avec, je la dévisage, toi.

-Il faudrait peut-être que tu arrêtes de me dévisager comme ça un jour, elle rigole, je t'avouerais que des fois, je me sens légèrement dévalorisée.

-Si tu veux, je lève les yeux aux ciel. Mais il y a tout de même une condition.

-Dis toujours, elle fait attentivement.

-Que tu m'aides à sortir avec Marine."

Marguerite pousse un long et strident cri et n'ayant pas envie de me retrouver dans la même situation que quelques jours auparavant, je m'empresse de lui ordonner de se taire. Mais c'est Marguerite, alors forcément elle ne m'obéit pas. Je n'ai donc pas un autre choix que de compresser ma main contre sa bouche pour la faire taire. Elle tombe à la renverse sur le lit et je la comprime pour qu'elle cesse de remuer.

"-Hum... tout va bien ici? Lance la voix de ma mère."

Je me redresse automatiquement et aperçois ma mère dans l'entrée de la chambre. Je la connais assez pour savoir qu'elle se retient de sourire. Je jette un coup d'œil à Marguerite qui replace calmement ses cheveux derrière ses oreilles. Ma mère semble attendre une réponse et j'ai bien conscience que nous avons été surpris dans un moment pouvant porter à confusion. Je me racle difficilement la gorge.

"-Oui, tout va bien. J'essaie.

-D'accord. Elle acquiesce. Il fait un peu sombre ici, non?"

Sur ces mots elle appuie sur l'interrupteur, allumant la lumière de ma chambre. Je jette un bref coup d'œil à l'extérieur avant de remarquer que le soleil commence juste à se coucher. Je souris à ma mère et elle s'éclipse de ma chambre.

Je regarde ma peau et me maudis encore une fois. Ce truc m'empêche de vivre une tonne d'expériences que les jeunes normaux ont l'occasion de vivre, aller en soirée, se balader dans une décapotable à la fraîcheur de minuit, aller au cinéma. Oui, je n'ai jamais été au cinéma à cause de l'obscurité dans laquelle est plongée la salle lors de la projection d'un film. Nous avons une salle de projection privé dans notre maison dans les Hamptons mais ce n'est pas la même ambiance je suppose.

"-Nate? M'interpelle Marguerite."

Je me retourne vers elle machinalement puis soupire.

"-Pardon, je veux dire Nathan. Elle s'excuse.

-C'est bon, je souris, tu peux m'appeler Nate. J'aime bien en fin de comptes.

-Génial! Elle tape dans ses mains. Tu peux m'appeler Maggie toi aussi. Elle sourit.

-Alors là, je rigole, ne compte pas sur moi.

-Tu n'es pas drôle Nate. Elle boude durant approximativement deux secondes puis fais la danse des sourcils. Mais puisque nous sommes amis, je pense que nous devrions faire plus ample connaissance en nous posant des questions. Mais attention, elle dresse son index pour se faire menaçante, d'abord il faut que l'on prête serment."

Elle se lève, fouille sur mon bureau, en sort le devoir que nous avons produit ensemble et la lève comme s'il s'agissait d'un livre sacré.

"-Lève ta main et répète après moi! Elle ordonne. Moi, Nathan Amadeus prête serment sur notre devoir de littérature de dire la vérité et rien que la vérité."

Je m'applique en me retenant au plus que possible d'exploser de rire puis quand vient son tour, elle le fait sans une once de moquerie.

Elle se repositionne pile en face de moi, se redresse en me fixant dans les yeux et je fais de même, enfin j'essaye. Il faut dire que ses yeux, plissés de cette façons sont presque effrayants. Si nous étions dans un film de western, les producteurs auraient très certainement opté pour une musique de défi et un gros plan sur nos regards. Je fais craquer mes doigts et elle est prise d'un frisson. Génial, point faible de l'ennemi détecté.

"-Commence, elle finit par lâcher.

-Pourquoi tu vis chez Stefan?

-Je vis chez Stef parce que ma mère est tombée folle amoureuse de son père au point de quitter Miami. Elle explique tristement.

-Tu sors avec ton demi-frère? Je demande septique.

-Oui, elle hausse les épaules. On ne choisit pas de qui on tombe amoureux, tu es bien placé pour le savoir toi qui apprécies tant Marine. Elle rigole. Je ne comprends pas vraiment ce que tu lui trouves à cette fille et puis, elle n'est pas nouvelle, elle, pourquoi tu n'as jamais été lui parler?

-Elle est tout le temps avec sa bande de copines et je n'ai peut-être pas envie qu'elle trouve que je suis bizarre. J'avoue.

-Tu es bizarre Nate, je t'assure, elle sourit, mais si tu veux être en couple avec elle, il faudra que tu sois toi même et qu'elle t'apprécie comme tu es.

-Tu es psychologue? Je questionne passablement moqueur.

-J'ai cru que tu allais dire psychopathe. Elle rigole encore. Si tu veux tout savoir, la réponse c'est non, pour les deux. Qu'elle a été la chose la plus folle et excitante qui te soit arrivé?"

Je me casse les méninges pour répondre à sa question, je ne trouve rien. Il y a bien ce passage chez le guérisseur, mais ce n'était pas excitant au point de provoquer une montée d'adrénaline chez moi. Après quelques minutes, je souris, je crois que j'ai trouvé.

"-Un jour, alors que je faisais un parcours d'accrobranche il y a deux ans de cela, il y avait une plateforme sans barricades sur laquelle nous devions marcher durant une dizaine de mètres et je n'ai pas attaché mon harnais de sécurité. J'annonce fièrement.

-Hum... elle se racle la gorge. Et cette plateforme était placée à combien de mètres au-dessus du sol?

-Un peu moins de deux mètres, pourquoi?

-Ennuyant, elle s'écroule sur le lit. Affreusement et incroyablement ennuyant!

-Quoi? Je m'étonne vexé. Toi c'était quoi?

-Moi, elle se rassois. J'ai assisté à un braquage dans un grand casino à une heure de Miami. C'était fou, elle rigole, ils étaient tous les trois armés.

-Au moins mon histoire était réelle, je toussote.

-Mais c'est vrai, elle s'écrie. J'ai juré sur notre exposé je te rappelle.

-Qu'est-ce que tu foutais dans un casino? Je croyais que c'était réservé aux personnes majeures.

-Je m'étais maquillée et habillée comme une pouffe et un ami m'avait fait une fausse carte d'identité. Et pour ta question, elle respire, j'étais allé rencontrer quelqu'un.

-Et comment tu t'en ai sortie? Je veux dire, une fois que la police est arrivée sur les lieux, personne ne t'a cramé?

-Oui! Elle pouffe. Quand ils sont venus pour recueillir des témoignages ils ont découverts mon mensonge et j'ai fini au poste. C'est mon père qui m'a fait sortir de là sans aucun casier judiciaire, elle hausse les épaules, à croire que ça sert de coucher avec la procureur.

-Il fait quoi dans la vie, lui? Je l'interroge.

-Il est avocat international, du coup il voyage énormément... elle souffle.

-Et tu ne le vois pas souvent je devine...

-Non, elle secoue la tête, mais je sais qu'il pense toujours à moi, que je suis son bébé et qu'il m'aime plus que tout. Elle déblaie très rapidement. C'est quoi ton plus grand secret?

-Pourquoi est-ce que j'aurais un secret, Marguerite?

-Tout le monde a des secrets, des petits mais parfois d'énormes. Je mettrai ma main à couper que tu caches quelque chose, c'est quoi?

-C'est un secret, je réponds trop rapidement.

-Ok... tu me le diras un jour?

-Honnêtement? Non."

Nous dînons dans la salle à manger éclairée par plusieurs lustres et lampes designs. Marguerite comme je m'y attendais est très à l'aise et se permet de rigoler avec ma mère, ce qui enchante cette dernière.

Je crois que ma mère m'a toujours plus accepté comme je suis que mon père. Je sais très bien qu'elle n'est pas pour toutes les restrictions qu'il me fixe et qu'elle souhaiterait me voir profiter de ma vie, m'amuser, être amoureux. Dommage qu'elle s'imagine que je craque pour Marguerite. Elle n'a pas arrêté de me lancer une centaine de regards remplis de sous-entendus depuis le début du dîner. Je suppose que l'absence de mon père la libère et qu'elle peut ainsi plus s'affirmer. Ces deux là, je crois qu'ils ne s'aiment plus depuis belle lurette mais qu'ils gardent la face pour leurs familles respectives. Ils ne se disputent même plus, ils ont appris à dealer avec les sautes d'humeur de l'autre et en font royalement abstraction.

"-Vous savez comment votre fils me surnomme à défaut d'accepter de m'appeler Maggie? Demande Marguerite en se retenant de rire. Ma mère secoue négativement la tête et elle reprend. Il m'appelle fleur fanée!

-Fleur fanée? Rigole ma mère. Mais, enfin, Nathan où est-ce que tu es allé chercher tout ça? Je te rassure Maggie, tu n'as rien d'une fleur fanée, tu es très belle.

-Merci! Marguerite sourit en me narguant.

-Nathan, dis lui qu'elle est très belle! Me réprimande ma mère.

-Et si je ne le pense pas?"

Marguerite me donne un coup de pied dans le tibia. Je la regarde durement mais après avoir observé son expression angélique et innocente durant un peu plus de dix secondes dans un silence complet, je ne peux pas m'empêcher de rire aux éclats. Elle se joint bientôt à moi sous le regard attendri de ma mère. Je n'imagine même pas tous les scénarios qu'elle doit avoir en tête à l'instant même.

Le repas touche à sa fin et je raccompagne Marguerite jusqu'à la sortie le l'appartement. Elle se tient debout devant la porte et me sourit faiblement.

"-J'imagine que c'est trop tôt pour toi pour un câlin entre amis? Elle lance.

-Ouais, ne poussons pas mémé dans les orties non plus. Je fais en croisant les bras et elle perd peu à peu son sourire. Une accolade? Je propose."

Elle ne se fait pas prier pour courir dans mes bras. C'est loin d'être une accolade, c'est très clairement un câlin, mais je me laisse faire la serrant même dans mes bras. J'ai de la peine à le réaliser mais je crois que c'est l'échange corporel le plus proche que je n'ai jamais partagé avec quelqu'un extérieur à ma famille. Putain, Marguerite a raison, ma vie est tellement merdique.

Elle se décolle de moi et a cette fois toutes ses dents dehors. Elle s'apprête à s'en aller mais je la retiens par le bras.

"-Marguerite... je souffle.

-Nate?

-Pour Marine, je me pince la lèvre.

-Ne t'en fais pas, je commence ma super mission lundi.

-Merci."

Elle s'en va pour de bon et je referme la porte. Je passe par le salon où ma mère est à moitié allongée sur le sofa. Je presse le pas pour ne pas qu'elle m'interpelle, mais, c'est trop tard, j'entends sa voix sur ma droite.

"-Nathan, viens me voir."

Elle le dit tellement calmement que je ne peux pas le lui refuser. Je m'assieds à côté d'elle et elle pivote vers moi.

"-Tu l'aimes bien cette fille? Elle me questionne.

-Comme une amie, ouais, vite fait. Je réponds assez embarrassé.

-Pas plus? Elle insiste.

-Non, non! Je secoue la tête dégoutté. Et puis elle a un petit ami!

-Si tu le dis... elle souffle. Mais prends tout de même soin d'elle, je suis sûre qu'elle tient beaucoup à toi, sûrement plus que tu ne l'imagines. Conseil de de femme."

*******

Hey!❤️

J'espère que vous allez bien,

Et que ce chapitre vous a plu!

Ça y'est j'en ai marre des cours, c'est officiel ... mais bon j'espère tout de même que ça se passe bien pour vous!

Kiss kiss

Noémie =)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top