Chapitre 43

[Je sais que j'avais annoncé que l'épilogue serait posté aujourd'hui, mais après réflexion, j'ai décidé de vous laisser encore un chapitre ! L'épilogue sera posté Mercredi !]

"Et je connais bien que l'absence Est un prétexte à l'inconstance Plutôt qu'un remède à l'amour." - Marguerite de La Sablière

Point de vue de Marguerite

"-Jake? Je l'appelle tout en progressant dans son appartement. Pourquoi mes valises sont-elles dans l'entrée?

-Ah. Tu es rentrée. Il est dans le salon, les yeux fixés sur son ordinateur.

-On part en voyage?! Laisse-moi deviner, les Bahamas? Ou alors les Îles Fidji? Je m'enthousiasme.

-Non, toi tu t'en va. Il répond froidement.

-C-comment ça? Je demande à voix basse mais son téléphone portable se met à vibrer? C'est qui?

-Allô mon cœur! Il décroche en m'ignorant. Ne t'en fais pas, il n'y a aucun soucis, tu peux passer la nuit chez moi ce soir. Mets ta plus belle lingerie, j'ai hâte. Il roucoule avant de raccrocher.

-C'était qui? Je me racle difficilement la gorge.

-Josie, une amie. Nous en étions où déjà? Il soupire. Ah oui! C'est fini entre toi et moi.

-Non... je secoue la tête. C'est impossible.

-Visiblement non. La femme de ménage a fait tes bagages, tu peux y aller.

-Pourquoi?

-Parce que tu m'ennuies, tu n'es plus pétillante comme avant et puis tu es bien trop collante comme petite-amie.

-Je peux au moins vérifier que la femme de ménage n'a rien oublié m'appartenant?

-D'accord, mais fais vite!"

Je n'arrive pas à croire qu'il tire un trait sur cinq mois de relation tout d'un coup. Il est vrai que plusieurs signes auraient pu et dû me mettre la puce à l'oreille, comme le fait qu'il m'ait trompé à plusieurs reprises avec sa collègue, la femme de ménage et ses soit disant nombreuses amies. Je lui ai toujours pardonné car j'avais toujours besoin de lui. Rien n'était important avec lui et j'aimais ça. Je ne voulais pas me retrouver bêtement, stupidement, brutalement et profondément seule. Mais c'est à présent le cas. Il me laisse tomber. Je suis en rogne mais j'ai peur de le lui faire remarquer, il peut être extrêmement méprisant et blessant quand on s'y frotte. De plus, il m'a avoué avoir eu des antécédents violents avec certaines de ses ex. Techniquement, il ne sait pas que j'en suis au courant, il l'a dit sous l'emprise de l'alcool, je crois que ce truc hante son esprit. Tant mieux.

Je jette un coup d'œil dans le sachet de course que je tiens dans mes bras. Mon cerveau s'excite et je m'enferme dans la salle de bains. J'attrape sa bouteille de shampoing hors de prix qu'il vient à peine d'entamer et la vide dans le lavabo, laissant uniquement le dernier quart. Je sors alors de mon sachet la crème dépilatoire de chez Nair. Je vide le tube dans la bouteille grise de ce shampoing et secoue le tout. Je sors de la salle de bains en tachant de ne laisser aucune trace.

En passant par le salon, Jake ne m'adresse pas un regard, j'attrape silencieusement mes valises, regarde une dernière fois cet appartement qui m'a hébergé durant de longs mois et m'en vais. Tant pis.

Je crois que c'est en fermant la porte que je réalise réellement ce qui vient tout juste de se passer. Ou plutôt, ce qu'il s'est passé plusieurs mois auparavant. Ce n'est pas aujourd'hui que j'ai tout perdu, c'était il y a des mois de cela.

Je traîne mes valises jusqu'au bout du trottoir et prie pour qu'un taxi s'arrête. Je quitte ensuite les rues de SoHo pour me rendre du côté de l'Upper East Side. Je me rends chez la seule personne qui sera toujours prêt à m'ouvrir la porte, mon meilleur ami quoi qu'il advienne, Stef.

Il est vingts heures passées quand j'arrive devant chez lui. Je sonne, puis cogne contre la porte mais rien, il n'y a aucun bruit à l'intérieur. Je dois me résoudre à attendre son retour. Je m'assois au sol, les jambes pliées. Je regrette alors mes jeans qui me permettaient de m'asseoir n'importe où sans me soucier de laisser apercevoir ma culotte.

Comment ai-je pu à ce point foutre ma vie en l'air? Des larmes coulent de mes yeux. Lila, ma fille, mon sang, me manque plus que tout. Nathan, lui aussi il me manque. Qu'est-ce que j'ai fait? Je me prends la tête entre les mains.

Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi? Pourquoi Nathan ne m'a-t-il pas, malgré mes nombreux pics avoué qu'il avait quitté Naho? C'est parce qu'elle n'est pas le seul obstacle à notre relation. Notre relation est un obstacle à elle toute seule. Nathan ne veux pas de moi? Non, non, non, il ne veut pas de toi Maggie Conover. Tu n'es pas faites pour lui, il mérite la perfection et toi tu n'es qu'une épave. Une épave Maggie. Tu n'es pas son type de fille. Il les aime belles, grandes et intelligentes. Moi je suis affreuse, courte et bête comme un pied. Un pied? Je te rappelle que sans les pieds nous ne pourrions pas marcher, ils sont utiles. Toi tu es inutile. Je suis inutile. Pourquoi je respire mal? J'ai du mal à respirer. C'est la culpabilité Maggie, ça y'est, tu la sens enfin te dévorer de l'intérieur? Tu sens ce vide? Tu devrais sauter dans le vide. Je devrais sauter dans le vide? Je ne veux pas mourir. Tu seras avec ta mère, tu as gâché sa vie, elle ne te hante pas parfois le soir? Tu as la conscience tranquille Marguerite? Maman, C'est toi? Oui ma puce, c'est moi, viens, tu me manques tellement, ici c'est tellement froid et laid comme toi, c'est ici que tu mérites de demeurer. Maman? Tu m'as tuée Marguerite, mais je te pardonnerais si tu me rejoins. Je ne peux pas, j'ai une fille Lila, je ne peux pas lui faire ça. La pire chose que tu puisses faire à cette enfant, c'est de la côtoyer, tu es à la fois la peste et le choléra Maggie. Je ne veux pas lui faire ça maman, je ne peux pas...

"-Maggie?"

S'écrie une voix et je sursaute. J'ouvre lentement mes yeux et vois Stef paniqué. Il s'agenouille à mes côtés. Il me regarde mais ma vision est floue, je crois que j'ai trop de larmes dans les yeux. Je plonge dans ses bras et je pleure. Comment ne pas après tout? Ma vie est catastrophique et j'ai beau chercher, je ne trouve aucun adjectif mélioratif pour me décrire. Stef m'encercle de ses bras et me chuchote des mots qui se veulent réconfortants.

Je suis assise sur le grand tabouret du bar séparant la cuisine de la salle de vie. Stef m'a servi un verre d'eau et chaque gorgée est un supplice. Il me regarde de loin, il est triste pour moi, je le sais.

"-Tu veux bien me raconter Maggie?"

Suite à sa demande, je hoche la tête et je lui dis tout. Mes incertitudes, ma jalousie, Nate, Lila, Jake. Tous les détails qui s'enchaînant forment un collier mortuaire. A la fin, il me regarde, les bras croisés, ses yeux verts sont plissés et ses cheveux blonds brillent à la lumière de la lampe.

"-Maggie, quoi que je dise nous serons toujours meilleurs amis? Il demande.

-Oui, pour toujours. Je hoche la tête.

-Tu as merdé et tu ne peux t'en prendre qu'à toi même. Quand tu es revenue à New-York, ta vie commençait à s'arranger. Mais toi tu as fini par blesser tout le monde, Lila ta fille, Nathan... moi. Tu ne sais pas qu'elle importance tu as pour nous Maggie. Tu es la personne à laquelle je tiens le plus sur cette Terre et aussi pour laquelle je m'inquiète le plus et ça me tue de voir que ça ne te suffise pas, Maggie. Tu continues de faire comme si tu étais un fardeau pour nous alors que sans toi j'aurais coulé depuis longtemps. Tu continues à croire que ta vie c'est ta punition pour ce qui est arrivé à ta mère. Mais non, tu vis parce que tu le mérites, tu mérites d'être heureuse et d'arrêter d'être rongée par la culpabilité. Je sais que tu me diras que tu n'en a pas besoin, mais tu n'aurais jamais dû arrêter de prendre ton médicament. Il fouille dans un placard et cherche un récipient jaune-oranger parmi tant d'autres puis me le donne, c'est mon médicament, mon nom y est inscrit. Prends le pour Lila, pour Nate et puis même si je n'occupe certainement pas une aussi grande place dans ton cœur que toi dans le mien, prends le pour moi.

-Stef... je suis profondément émue. Tu es, j'hésite, amoureux de moi?

-Quoi? Non. Il se presse de rétorquer. C'était amical Maggie. Non, pas juste amical, c'était fraternel.

-Merci Stef. Tu as toujours été là pour moi. Tu es comme le grand frère que j'ai toujours rêvé d'avoir. Je n'ai jamais voulu te faire de mal Stef... je ne sais pas pourquoi je déraille...

-Recommence ton traitement Maggie. En plus, il est produit par Flynn Industries, en prenant un comprimé tu rends service à l'entreprise, tu me rends donc service et ça me fait plaisir. Il sourit innocemment."

Il ne m'en faut pas plus pour mettre rapidement un comprimé dans ma bouche et l'avaler avec de l'eau. Stef rigole avant de redevenir sérieux. Il s'approche du flacon et regarde l'ordonnance qui y est inscrite.

"-C'est bien ce que je pensais. Maggie, problème, tu n'es censée le prendre que, le matin, au réveil."

J'essaye de stopper l'avancée du comprimé dans ma gorge mais je crains qu'il ne soit déjà dans mon système digestif. Je tente alors de me faire vomir mais me ravise rapidement car je déteste cette sensation. J'ignore pourquoi je ne devais pas le prendre le soir, mais, je le découvrirai certainement bientôt.

Je n'arrive pas à dormir. Je suis allongée sur le dos, les mains rabattues contre ma poitrine, je fixe le ciel bleu foncé sans étoiles au travers de la fenêtre. Je crois que ce médicament contient des vitamines. J'ai l'impression d'avoir bu cinq cafés d'affilée. J'attrape mon téléphone, posé sur la table de chevet. A peine l'ai-je déverrouillé que je constate un nombre incalculable de messages reçus. Ils sont tous de Jake. Ils m'insultent tous. Tant pis. Je bloque son numéro, vérifiant tout de même au préalable qu'il n'ait pas eu la délicate attention de m'envoyer une photo de sa nouvelle coupe de cheveux. Malheureusement non.

Comme à chaque fois que je me sens vide je pense à Nate et mes pensées s'assombrissent. Je suis persuadée que si comme les écrits le disent, il y a bien quelqu'un au ciel possédant une force suprême, ce quelqu'un nous a envoyé sur Terre l'un pour l'autre. Malheureusement, nous ne l'honorons pas, nous ne cessons de repousser l'amour. Moi plus que lui, certes, mais il l'a tout de même fait en me cachant sa rupture avec Naho. Je ne sais pas pourquoi il l'a fait et ça me rend folle car je ne cesse de me faire des scénarios. Et si il ne ressentait plus rien pour moi?

Lila, elle, est victime d'une maman faisant passer ses crises personnelles avant le bien-être de son enfant. Pourtant à Gassaway c'était loin d'être le cas, je faisais tout ce qui était dans mon possible pour elle. De plus je ne suivais pas non plus mon traitement, elle suffisait à me faire aller bien. Mais à New-York je devais la partager, je ne pouvais pas la voir tous les jours. J'ai aussi dû faire face à Naho et la nouvelle des fiançailles, c'était trop pour mon esprit fragile.

Je crois que je viens tout juste de prendre une bonne décision, c'est la seule solution pour que je sois enfin bien. Je me lève et me rends dans la chambre de Stef, il dort paisiblement et j'ai du mal à me résoudre à le réveiller. Je le secoue et il bouge en ronchonnant.

"-Maggie... je suis fatigué, je travaille demain.

-Pardon... je soupire. Ce n'est pas grave, de toutes façons, ce n'est pas important. Je me relève du lit mais il retient mon poignet.

-Attends! Je t'écoute Maggie, qu'est-ce qu'il se passe? Il s'éclaircit la voix.

-Il faut que tu me fasses interner dans un hôpital psychiatrique.

-Quoi? Mais, pourquoi?

-Parce que je n'ai pas les moyens de payer les frais, s'il-te-plaît Stef, je te rembourserai une fois guérie.

-L'argent n'est pas le problème. Pourquoi est-ce que tu veux aller dans ce genre de truc? Il est perdu.

-Je ne suis pas bien dans ma tête Stef... ce n'est pas un petit médicament qui va me faire aller bien. Et puis, comme ça Nate verra sûrement que je fais des efforts et peut-être alors qu'il voudra bien me revoir et que je pourrai prendre de nouveau ma fille dans mes bras. J'explique.

-Maggie... non... je n'ai pas envie que tu ailles dans un hôpital psychiatrique. Je ne pense pas que tu en ais légitimement besoin. Et puis... regarde, ta mère ça l'a plus détruite qu'autre chose.

-Mais je veux y aller Stef! Je m'agace. Je ne suis pas comme ma mère.

-Tu te vois enfermée entre quatre murs blancs pendant plusieurs mois? Tu as toujours réclamé ta liberté, tu risques d'exploser là-bas. J'ai juste l'impression que tu tentes de créer une stratégie afin de revoir Nathan et Lila. Il expire.

-Non, pas du tout! Tu ne comprends rien dis donc! Je m'exténue.

-Je ne te paierai aucun hôpital psychiatrique Maggie. Il est catégorique.

-D'accord, mais à partir de maintenant, sache que si je me taille les veines une nouvelle fois ou si je tente de mettre fin à ma vie, se sera à cause de toi. J'articule.

-Crois-moi, je vais tellement te coller au cul que ce genre d'idées n'auront même pas le temps d'effleurer ton esprit Marguerite.

-Maggie, je le corrige.

-Je sais, mais c'est parce que j'ai dit effleurer, fleur, Marguerite. C'était drôle, non?

-Non. Je rétorque. Enfin, peut-être juste un peu... je réprime un sourire. Bon d'accord, c'est carrément hilarant. Je rigole.

-Si tu va dans un hôpital psychiatrique, tu n'auras plus droit à mes blagues et le personnel n'est pas réputé pour être des plus chaleureux. Alors, tu restes ici avec le meilleur meilleur ami du monde?

-Puisque je n'ai pas d'autres solutions... je soupire d'un air faussement dramatique en m'en allant.

-Tu vas où? Tu dors avec moi jusqu'à nouvel ordre de docteur Stefan."

Je souris dans le noir avant de le rejoindre dans son lit, il me serre dans ses bras chauds avant de me faire un bisou sur le front. Je crois qu'il n'arrive plus à se rendormir, il tend le bras et attrape son téléphone portable, quand il le déverrouille, il est pris d'un fou rire. Je me penche pour en connaître la raison et aperçois une photo de Jake presque chauve. Il n'a pas l'air très heureux de sa nouvelle coupe. Je pouffe. Il ne faut jamais se frotter à Maggie Conover.

Plusieurs mois plus tard

J'ouvre la porte de ma galerie aux livreurs. Ils déposent la pièce maîtresse de ma première exposition. Je suis surexcitée et je n'arrête pas de sourire. Je signe l'accusé de réception après avoir observé l'état de l'œuvre. Tout est parfait, je suis ravie.

J'ai tellement travaillé pour réaliser mon envie. Grâce à Stef qui souhaitait constamment avoir un œil sur moi, j'ai eu droit à des heures entières d'ennui dans son bureau qui se sont au fil du temps transformées en heures de conception de ma galerie.

Je l'ai appelé Sparkle [Brille]. Je ne cache pas que Nate et Lila ont été mes sources d'inspirations, tant dans mes propres photographies que dans celles produites par de petits artistes géniaux que j'ai sélectionné. J'accroche ma pièce maîtresse de manière à ce qu'elle soit la dernière oeuvre sur laquelle on tombe en parcourant ma galerie. Le meilleur pour la fin.

On toque à la vitrine pas complètement terminée, c'est Stef. Je m'empresse d'aller lui ouvrir et saute dans ses bras. Je lui suis tellement reconnaissante. Il m'a fait aller mieux. Il m'a remis sur le droit chemin. Il a commencé par m'emmener me recueillir sur la tombe de ma mère, je ne l'avais jamais vue avant cela.

"-Comment va la meilleure propriétaire de galerie d'art du monde?

-Génialement bien! Comment va le meilleur meilleur ami du monde?

-Génialement bien! Il rigole. Tu es prête pour demain soir?

-Je ne sais pas... je me mords la lèvre. Il est entré en contact avec toi?

-Oui... mais c'était pour les affaires. Jamais il n'a évoqué ton nom. Il soupire. Tu devrais peut-être tenter de l'appeler...

-Non, je secoue la tête. Je n'arriverai pas à lui parler sans me compromettre. Il faut qu'il lise ma lettre.

-Et s'il ne le fait pas? Il hésite.

-Il le fera. J'en suis convaincue.

-D'accord. Il hoche la tête.

-Je n'arrive pas à croire qu'il y a un an, à quelques heures près,  j'étais entrain de me tordre de contractions pour enfin sentir mon bébé dans mes bras alors que j'ai passé si peu de temps avec ma fille. Je veux tellement la voir grandir.

-Tu le feras. Il me rassure. Ton père sera là demain soir?

-Oui. Je hoche la tête. S'il ne me fait pas faux-bon, son avion atterrira demain, en fin d'après-midi."

J'ai repris contact avec lui, j'en avais cruellement besoin. Nous avons beaucoup discuté. J'ai remarqué qu'il est plus froid que dans mes souvenirs d'enfance et aussi moins souriant. Mais moi aussi j'ai changé, je suis moins innocente et je suis plus forte qu'avant. Il sera toujours mon père, qu'importe les choix qu'il a pris.

*******

Hey!❤️

J'espère que vous allez bien,

Et que ce chapitre vous aura plu!

Cette fois c'était vraiment le dernier avant l'épilogue ❤️ je pense que c'est mieux comme ça, sinon il aurait été bien trop long! Sorryyyy pour ceux qui voulait finir avec moi dès aujourd'hui :'( ! Pour m'excuser de mon non-professionnalisme (ptdr) je poste le vrai Épilogue Mercredi , je serai sûrement en larmes... Je suis vraiment trop triste d'achever cette histoire...

Je vous aime ❤️ merci pour tout!

Noémie =)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top