"Même l'amour n'est peut-être que mensonge, illusion..." - Louis Gauthier

Une semaine plus tard, mon père me montrait déjà les ficelles du métier. Certaines personnes me regardaient encore étrangement, que ce soit au bureau ou dans la rue mais, grâce à ma thérapie, j'ai rapidement cessé de m'en inquiéter. Mon père souhaitait que je sois en permanence accompagné par des gardes du corps mais j'ai refusé. Je dois être capable de me défendre tout seul, je suis un vrai homme maintenant et puis, j'ai déjà été surveillé durant six mois dans un hôpital psychiatrique, j'ai besoin de liberté.

Je suis assis derrière le bureau, aux côtés de mon père. Il me montre les plans de la nouvelle usine qu'il implantera dans le Vermont. C'est un gros investissement mais il permettra de se rapprocher de la frontière Canadienne et ainsi réduire les frais de transport. J'écoute attentivement.

J'aurais pu poursuivre mon parcours scolaire en allant dans une université réputée. J'avais déjà été contacté par Stanford, Columbia, Yale et Harvard pour rentrer dans leurs rangs. J'ai refusé. Mon père non plus n'a pas été à l'université et cela est loin de l'empêcher de réussir. Non, je pense que suivre mon père durant 1 an au travail équivaut à cinq années d'études.

On toque à la porte et je lève la tête surpris.

"-Entrez! Fait mon père à voix haute.

-Bonjour Richard! Monsieur Linh, l'associé asiatique de mon père rentre dans la pièce. Oh! Bonjour à toi aussi Nathan."

Mon père se lève pour lui serrer la main et je fais de même. Ils discutent durant une vingtaine de minutes d'un projet qui aboutira dans quelques mois. Amadeus Industries aura besoin d'un fort financement et mon père tente de convaincre M. Linh de s'engager à ses côtés mais pour l'instant, l'asiatique reste dubitatif.

A la fin de leur entretient, mon père me charge de le raccompagner jusqu'à l'ascenseur, ce à quoi j'obéis bien évidemment.

"-Monsieur Linh, est-ce que votre fille Naho serait disponible ce soir? Je l'interroge.

-Certainement, pourquoi?

-Ce soir je fête mon anniversaire, avec du retard mais je n'ai pas pu faire autrement. Je souhaiterais l'y convier, nous pourrons ainsi faire connaissance.

-Elle sera ravie! Il me sourit en fermant les yeux.

-Très bien. La fête aura lieu au Salon Secret à partir de 21h."

Les portes de l'ascenseur se referment et je souris satisfait. Je garde la même expression ravie en retournant dans le bureau de mon père et ce dernier me regarde intrigué.

"-Tu viens d'apprendre une bonne nouvelle? Il plisse les yeux.

-Oui! Naho, la fille de Monsieur Linh sera à ma fête. En parlant de bonnes nouvelles, maman m'a dit que vous avez prévu de déjeuner ensemble aujourd'hui. Je souris. Ça s'arrange entre vous deux?

-Non... enfin, il rougit légèrement. Peut-être bien que oui... nous prenons notre temps.

-C'est mignon. Je me moque. J'aurais presque envie de vomir.

-C'est loin d'être pire que Sacha et sa petite-amie. Il rigole."

Depuis que le monde sait pour mon secret, c'est ma première sortie nocturne alors j'appréhende passablement la chose. Le thème de la soirée est fluorescent, ainsi je me sentirais moins seul. C'est comme ils me l'ont appris à la clinique, il faut y aller étape par étape. Cela ne sert à rien de se jeter, sans aucune protection, dans le grand bassin.

Le Salon Secret est réputé pour y accueillir la jeunesse dorée de Manhattan souhaitant faire la fête comme il se doit. C'est Sacha qui m'en a parlé. Il m'a assuré y avoir passé des soirées folles. C'est tout ce que je souhaite.

C'est bien parti pour. Officiellement il n'y a pas d'alcool à cette soirée, la majorité des invités étant sous la limite d'âge légal. Officieusement, il y a de l'alcool, beaucoup d'alcool. Le DJ se tient derrière ses platines agitant sa main droite dans les airs tandis que sa main gauche appuie sur des boutons qui s'allument.

Les invités ont respecté le thème et je suis plutôt satisfait. J'en vois certains qui me regardent du coin de l'œil. J'ingurgite trois verres de Vodka pour oublier que ma peau rayonne et que je suis différent. Je me détends alors rapidement et suis finalement prêt à saluer quelques invités.

Je distingue au loin Stefan. Il discute en souriant à une fille aux cheveux bouclés que je n'arrive pas à identifier d'où je suis. Je m'approche alors de lui et il me sourit.

"-Joyeux anniversaire en retard Nathan! Il me fait une accolade. Tu te souviens de Lauren?

-Lauren? Je répète. Bien-sûr! Je reconnais ainsi la métisse qui se trouve à ses côtés. Nous ne nous étions pas quittés en de très bons termes.

-C'est le moins que l'on puisse dire! Elle rigole. Je t'en veux toujours!

-Qu'est-ce que tu fais ici, à New-York? Je lui demande.

-J'étudie à l'Université de New-York. Elle me répond simplement et je constate que Stefan glisse sa main dans son dos.

-Et vous... j'hésite.

-Oui nous sommes ensemble. Fait Stefan un peu gêné par la situation."

Nous restons à discuter quelques instants, ils sont vraiment mignons et complices ces deux là. Pas comme Sacha et Mia, sa petite-amie. C'est une blonde, elle est excessivement petite de taille et je serais surpris d'apprendre qu'elle dépasse les 1m50. Mais derrière cette taille de minimoys, se cache une fille avec beaucoup trop de caractère. Quand je reste trop longtemps avec eux, j'ai la sensation d'assister à un remake des feux de l'amour. Mais bon, Sacha est très heureux avec elle et surtout très amoureux. Malheureusement ils passent leur temps fourrés ensemble à l'appartement et tant d'amour me donne envie de régurgiter.

Je descends un nouveau verre et il n'y avait pas que du jus à l'intérieur. Je vois une blonde pulpeuse et pompette danser au milieu de la piste. Je m'en rapproche, elle me voit et nous nous fixons dans les yeux.

Nous dansons ensemble quelques instants. Elle bouge sensuellement contre moi tandis que je la tiens tantôt à la taille tantôt au niveau des fesses. Je penche ma tête dans son cou. Elle sent vraiment bon. Elle frissonne alors qu'elle a ses mains agrippées à mes cheveux.

"-Merci d'avoir tenu ta promesse Nathan. J'avais vraiment envie de m'amuser ce soir et je m'amuse. Son souffle se répand dans mes oreilles.

-De rien Anna. Je dépose un baiser dans le cou de la journaliste.

-Tu sais que tu n'es pas mon type d'homme? Je les aime plus matures.

-Vous n'êtes pas non plus mon type de femme. Je les aime non-ménopausées. Je murmure dans son oreille.

-C'est de bonne guerre. Elle rigole. Dans ce cas que veux-tu de ma part?

-Quelques petites choses. Je l'embrasse sur la joue. Trois fois rien. Je la regarde dans les yeux, les siens sont remplis de lumières comme si une nouvelle jeunesse prenait part à son corps de déesse. Mais nous ferions mieux d'en parler... je souris. En privé."

Deux heures plus tard, j'ai moins d'alcool dans le sang. J'ignore où se trouve Anna, peut-être est-elle rentrée chez elle. La soirée bat toujours son plein mais je sens une baisse de motivation s'accroître en moi. Pour y remédier il me faut un nouveau verre. Je me dirige vers le bar, reposant mes jambes fatiguées sur un tabouret avant de commander un verre de whisky au barman.

Alors qu'il prépare mon verre, je remarque qu'une très jolie asiatique est assise à côté de moi. Elle est grande et fine. Elle a de longs cheveux noirs de jais, coiffés d'une frange droite. Elle semble s'ennuyer.

"-Tu sais que tu peux commander à boire? Je commence. C'est totalement gratuit.

-Oui je sais. Elle sourit poliment. Mais ça ira.

-Tu es sûre? J'hésite. Tu ne souhaites même pas avoir un mojito?

-Je ne bois pas d'alcool. Elle replace ses cheveux derrière ses oreilles.

-Tu es venue toute seule?

-Non, je suis venue avec une amie mais elle a trouvé un beau garçon avec qui danser.

-Tu veux que l'on danse? Je m'inquiète. Comment t'appelles-tu?

-Hum... elle me regarde confuse. Je m'appelle Naho Linh.

-Naho? Je manque de m'étouffer, je l'avais presque oubliée. Nathan Amadeus.

-Je sais qui tu es! Elle pouffe.

-Je suis désolé. Je ne savais pas que... je la détaille. Que tu étais aussi belle. Je suis vraiment un hôte horrible. Tu es arrivée depuis longtemps?

-Merci et non, j'ai dû arriver il y a trente minutes.

-La soirée te plaît? Je l'interroge.

-Oui! Elle hoche la tête mais je la sens mitigée.

-Non, elle ne te plaît pas, je grimace. Désolé. Si tu veux, on peut aller prendre l'air et nous balader quelques temps.

-Tu ne vas tout de même pas quitter ta propre fête! Elle me réprimande.

-Je suis prêt à parier que tu en vaux le coût."

Elle rougit. Nous passons dans la loge récupérer nos vestes. Nous nous baladons en bavardant dans les rues de Manhattan. Il est minuit passé et la température a gravement chuté. Des passants se retournent sur mon chemin, pourtant avec tous les luminaires présents, le rayonnement de ma peau n'est pas des plus intenses.

"-C'est la première fois de ma vie que je me balade dans la rue le soir. Je lâche.

-Et quel est ton ressenti?

-Je ne sais pas trop. J'expire. Les gens me regardent de travers. Et puis, j'ai envie de courir partout.

-Et pourquoi tu ne le fais pas? Elle pouffe.

-Parce que tu portes des talons et que je n'ai pas envie de te semer.

-Tu serais étonné de savoir tout ce que l'on peut faire avec ces trucs! Elle soulève son pied en rigolant. Je suis mannequin, crois-moi, je sais m'en servir!

-Pourquoi ne nous sommes-nous jamais rencontrés avant?

-Tu étais pris... elle se pince la joue.

-Maintenant, ce n'est plus le cas et tu me plais. Je dis directement en la tenant par la main.

-Ce n'est pas lié à mon père? Elle hésite. Je ne te plais pas juste parce que je suis sa fille?

-Non. Je secoue la tête. Tu me plais parce que tu es toi."

***

Cela fait exactement quatre mois que Naho et moi sommes ensemble. Je la réveille en passant ma main sous son t-shirt, caressant sa peau blême et douce. Elle s'éveille en souriant et me serre dans ses bras. C'est comme cela que nous commençons toutes nos journées, en prenant cinq minutes de pure douceur.

"-Nos cinq minutes sont écroulées, je soupire. Je dois me préparer pour le travail.

-Moi aussi. Elle baille. J'ai un shooting photos pour Tommy Hilfiger.

-Tu vas assurer. Comme toujours! Je me lève.

-Je t'aime! Elle sourit en se cachant derrière mon coussin.

-Moi aussi. Je lui fais un clin d'œil. N'oublie pas que l'on dîne ensemble au Jams ce soir."

Une fois prêt, je quitte mon appartement. J'ai déménagé de l'appartement familial à peine deux semaines après mon retour. J'avais besoin d'indépendance. Alors je me suis acheté un loft. Je n'habite plus en face de Central Park, ça restait trop cher, même pour moi, mais je n'en suis qu'à deux avenues.

Au départ, Naho n'y passait que quelques nuits par semaines, jusqu'à ce que je lui donne les clés, lui demandant d'emménager avec moi. Elle a accepté, à mon plus grand bonheur. C'est une femme formidable. Malgré sa notoriété, elle reste vraie et honnête. Elle est aussi très calme. J'aime beaucoup la vie à ses côtés.

Je démarre ma voiture qui est toute récente. Il s'agit d'une Maserati, la GranCabrio MC en noir. C'est un petit bijoux et honnêtement, c'est l'amour de ma vie. Mon père me l'a offert. Je ne m'y attendais pas du tout, puis j'ai compris son geste en remarquant que je suis en quelques sortes devenu son chauffeur personnel. Tous les matins, je passe le récupérer avec Sacha, je dépose mon frère au lycée puis nous terminons au travail. Mais ça vaut le coup. Son ronronnement me fait rêver.

Nous arrivons au siège de Amadeus Industries. J'ai mon bureau maintenant. Il n'est pas très loin de celui de mon père, au dernier étage, mais il est bien plus petit. Je demande à mon père si je peux l'accompagner dans son bureau, j'ai quelque chose de la plus haute importance à lui annoncer.

"-Comment vont les financements pour le Projet Buisson? Je lui demande alors qu'il me donne son dos.

-Ça aurait pu être mieux, si le père de ta chère et tendre y mettais plus du sien. Il expire.

-Et tu crois que ça pourrait aider ça?"

J'ouvre une petite boîte carrée noire, dans laquelle se trouve une fine bague en or blanc assortie d'un diamant. Mon père se retourne et ouvre la bouche époustouflé.

"-Tu vas demander Naho en mariage?

-Oui. Je hoche la tête.

-Tu le fais parce que tu l'aimes ou pour l'entreprise?

-Je suis vraiment bien avec elle, je souris. Et puis, si ça peu donner un coup de pouce à l'entreprise, c'est avec joie.

-Dans mes bras mon fils!"

Il me serre ému dans ses bras et je le suis aussi moi, ému.

Je travaille depuis quelques heures dans mon bureau, je remplis un dossier quand mon téléphone se met à sonner. C'est Thomas Dyle, un secrétaire. Oui, le Thomas qui a enfoncé son poignard dans ma cuisse. Son poste avait été supprimé mais ils avaient besoin d'aide à l'accueil alors j'ai pensé à lui. Sa femme à accouché mais ils ne sont plus ensembles. Il peut tout de même voir son fils, il en a la garde partagée grâce à mon soutient au près du juge.

"-Oui, Thomas? Je décroche.

-Bonjour Monsieur Amadeus. Je sais que vous ne recevez pas de rendez-vous aujourd'hui mais il y a une dame à l'accueil, elle est journaliste. Elle s'appelle Anna Witmore. Elle dit qu'elle doit vous parler.

-Anna... dis-lui de m'attendre dans le hall. Je rassemble mes affaires et je l'y rejoins."

Ça fait quatre mois que j'attends de ses nouvelles. Je range rapidement mon bureau, attrape mes clés, mon portable ainsi que mon porte-feuilles et préviens mon père de mon absence avant de me rendre dans le hall.

Anna m'y attend, assise sur un siège. Elle a des jolies boucles blondes dans les cheveux et porte une magnifique robe noire, mettant sa poitrine en valeur.

"-Bonjour Anna. Vous avez ce que je veux? Je la questionne d'emblée.

-Bonjour Nathan. Oui je ne serais pas ici si ce n'était pas le cas.

-Très bien. Vous aimez le café?

-Oui, pourquoi?

-Suivez-moi, je vous invite."

Nous sommes assis dans un petit café à cinq minutes en voiture de l'entreprise. Je regarde depuis la baie vitrée ma jolie voiture qui y est garée. Qu'elle est belle! Anna se racle la gorge et me tire de mes rêveries.

"-Avant que je ne vous donne ce que vous voulez, pouvez-vous m'expliquer pourquoi m'avoir choisie moi? Elle entame.

-Parce que c'est votre métier. Je réponds comme-ci c'était évident.

-Non. Je suis journaliste, pas détective privée. C'est quoi la vraie raison?

-Moi aussi je me suis renseigné. Votre mari est mort du cancer il y a 1 an. Vous vous êtes endettée pour le soigner, mais l'opération a échoué. 100 000$ disons que c'est une compensation, faible par rapport à ce que vous avez dû endurer. Je suis désolé.

-Pourquoi? Elle insiste.

-Parce que vous, comme moi, nous sommes prêt à tout pour celui ou celle que nous aimons.

-5 Rue Braxton, Gassaway, Virginie Occidentale 26624. Elle finit par lâcher.

-C'est où ce truc? Je demande perdu.

-A environ 7h30 en voiture.

-Alors, je n'ai pas de temps à perdre. Désolé de devoir écourter notre rendez-vous. Vous m'enverrez le numéro du compte sur lequel je dois transférer l'argent. Ne parlez à personne de notre arrangement. Je vous dépose quelque part?

-Euh... oui, j'ai laissé ma voiture à votre entreprise."

Sur la route, je reçois un appel de Naho. Je ne souhaite pas lui répondre, mais elle risquerait d'appeler mon père afin qu'il me passe son téléphone et ainsi ce dernier aura des soupçons. Je prends les devants et décroche. L'appel est en bluetooth, Anna peut tout entendre.

"-Allô? Naho?

-Nathan. Je suis à la maison, je pars bientôt pour mon shooting mais je ne sais pas où as-tu mis ma robe. Tu sais, celle avec la toile rose à partir des genoux.

-Je l'ai peut-être rangée par inadvertance dans mon placard, tu as vérifié?

-Attends... elle laisse un blanc s'écrouler et je sens qu'Anna a très envie de rire. Oui, c'est bon! J'ai trouvé! Merci, je dois te laisser...

-Non attends Naho. Il faut que je te dise un truc.

-Oui?

-J'ai un déplacement en Europe. Ce n'était pas prévu, je resterais deux jours maximum.

-Tu pars quand?

-Dans pas longtemps. Je vais à l'aéroport là...

-D'accord. Elle soupire. Bon voyage! Je t'aime.

-Je t'embrasse. Je raccroche.

-Tu n'en as pas l'air mais tu es un connard en réalité. Se moque Anna.

-Peut-être. Je hausse les épaules."

Je me gare devant l'immeuble de l'entreprise et elle sort de ma voiture, me disant un petit "bon voyage en Europe" avant de disparaître.

J'entre l'adresse que m'a donnée Anna dans le GPS. Il m'indique 7h28 minutes de route. Il est 10h04. C'est parti! Je réfléchirai à une excuse pour mon père sur le chemin. J'ai tout mon temps.

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Hey!❤️

J'espère que vous allez bien ,

Et que ce chapitre vous a plu!

Et que vous profitez de vos vacances, je m'en vais de ce pas à la piscine !

Ah oui et mon premier livre "Nous" a atteint 2M de vues... ❤ Merciiii ❤