Chapitre 28

"La richesse de la rose, c'est sa fragilité" - Roland Delise

Point de vue de Nathan

Une semaine est passée depuis que je suis officiellement reconnu tel un homme. Après leur dîner, la relation entre Sacha et mon père a vite fait de se détériorer. Il faut dire que mon père est loin d'avoir un caractère facile, que jamais il n'avouera ses tords et que Sacha prend un malin plaisir à le pousser à bout ainsi qu'à le faire sortir de ces gonds.

Heureusement que dans ce monde de brutes, il existe la douceur. Ma douceur, Marguerite, cette fleur resplendissante. Depuis que je lui ai dit que je l'aime, je lui fait aveuglément confiance. Sa présence me fait du bien, c'est pourquoi nous maximisons notre temps passé tous les deux.

Alors que je m'étais endormi dans ses bras après notre acte charnel, elle m'a réveillé. Nous n'avions pas dégusté notre crème glacée, nous faisions entorse au règlement. Alors pour régulariser la situation, nous avions fini notre nuit dégustant plusieurs crèmes glacées et regardant le film favoris de Marguerite, (500) jours ensemble. Ce n'est pas la première fois qu'elle le regardait mais elle a tout de même pleurer à chaudes larmes vers la fin.

Aujourd'hui, je suis de bonne humeur et rien ne pourra éreinter ma joie, pas même mon père qui m'observe sévèrement dans son smoking alors qu'il boit son café. Je m'assieds face à lui l'air de rien et tartine généreusement mon pain de la pâte à tartiner au chocolat la plus calorique sur le marché. Je sais qu'il a un reproche à me faire mais il se contient.

"-J'ai prévu de dévoiler mon secret à Sacha, j'amorce. Ce sera plus simple et nous n'aurons pas à utiliser toute cette électricité le soir pour qu'il ne s'aperçoive de rien. Il faut penser à la planète.

-Non, tu ne lui diras rien. Il répond froidement.

-Vraiment? Et pourquoi ça? Je ris jaune.

-Sacha c'est un électron libre cherchant de l'attention, si tu lui dévoiles ton secret, crois-moi qu'au moindre problème, il le révélera. Laisse-moi le temps de le formater.

-Le formater? C'est un adolescent, pas un robot. Et puis, peut-être que j'ai envie que tout le monde sache pour mon anomalie. Je croise les bras.

-Tu imagines sûrement que si je t'interdis de dévoiler ton secret au monde c'est pour me protéger, mais, non. Je le fais pour toi, tu n'imagines même pas tout ce que ça pourrait engendrer, il y a trop de personnes déséquilibrées pour que tu t'exposes à ce point. Ce n'est pas parce que ta petite-amie trouve cela cool que tout un chacun sera de son avis."

Je baisse juste le regard et poursuis mon petit-déjeuner en silence. Je ne sais pas s'il a raison ou s'il a tord, mon père est doué pour instaurer le doute.

Sacha descend quelques instants après, il est encore dans son pyjama et ses cheveux blonds sont décoiffés. Mon père a tenté de le faire rentrer à Aristote NYC, mon lycée, mais Sacha s'est arrangé pour gâcher son entretien. Comme il est inconcevable pour mon père que son fils soit autre part que dans le meilleur lycée de la ville, Sacha fait jusqu'à nouvel ordre parti de ce que l'on appelle les déscolarisés. Au-moins, maintenant, je sais que je ne suis pas la plus grande déception de mon père, sur ce domaine, Sacha me bat à pleine couture. D'ailleurs ce dernier me dit brièvement bonjour avant d'aller finir sa nuit sur le canapé sous le regard désemparé de mon père.

J'ai appelé Marguerite une bonne dizaine de fois mais elle n'a pas décroché. Je l'ai attendue près du portail vert du lycée, jusqu'à ce qu'on sonne et que Madame Elizabeth, la principale, vienne me voir dans son tailleur gris.

"-Monsieur Amadeus, qu'attendez vous pour vous rendre en cours? Elle me questionne en descendant ses lunettes sur son nez. 

-J'attends Marguerite Conover, Madame. Je réponds en me recoiffant.

-Vous n'allez tout de même pas vous mettre en retard pour elle?"

J'ai envie de lui répondre que peu m'était importe mais face à son expression ridée, je n'ai pas d'autre choix que de lui répondre par la négative et de m'en aller en cours.

Je rentre dans la salle, précédant de justesse Monsieur Reyes. Je balaye la classe du regard et Marguerite n'en fait malheureusement pas partie. Je m'inquiète, elle ne s'absente pas souvent et elle répond tout le temps à son portable habituellement. Je m'assieds à ma place et remarque que Stefan est présent, lui. J'irai lui parler à la fin du cours.

J'attends impatiemment la sonnerie tout en cognant frénétiquement mon stylo contre ma table. Ça agace Alec depuis un certain moment mais je n'y peux rien, je ne me contrôle pas, enfin si, mais aujourd'hui non. On sonne l'interclasse et je me lève soulagé, range mes affaires rapidement et attend que Stefan fasse de même. Qu'est-ce qu'il est lent. La moitié de la classe a le temps de sortir quand il met enfin son sac sur son dos et que je m'avance vers lui. A l'instant où le blond lève ses yeux verts en ma direction, il a un mouvement de recul.

"-Tu veux me dire quelque chose?

-Je voulais savoir si Marguerite est malade, sachant qu'elle n'est pas en cours et qu'elle ne répond pas à son téléphone.

-Tu veux dire... il marque une pause. Qu'est-ce qu'elle t'a donné comme explication quant à sa venue à New-York? Il demande confus.

-Elle m'a dit que sa mère voulait vivre avec ton père... qu'elle est ta demi-sœur...

-Bon sang, Maggie... il se dit à lui même. Tu crois réellement que je serais sorti avec ma demi-sœur?

-Alors, raconte-moi la vérité, toi. J'exige.

-Non, non... ce n'est pas à moi de tout te raconter... il hésite et passe sa main sur sa figure. Bon, elle n'a déjà plus confiance en moi et puis, c'est pour son bien. Rends-toi à Bellevue Hospital, au service psychiatrique.

-Service psychiatrique? Je répète subjugué.

-Ne me pose pas de questions, simplement, fais le. Une fois là-bas, tu te rends à la chambre -122, Maggie est censée y être, elle t'expliquera.

-Merci Stefan. Je le gratifie lui étant sincèrement reconnaissant.

-C'est pour elle que je le fais, pas pour toi."

Je hoche la tête. Qu'il le fasse pour elle ou pour moi m'est bien égal, l'important c'est qu'il le fasse. Je quitte la salle et marche rapidement dans les couloirs. Des élèves bavardent sur mon chemin et je les bouscule légèrement pour partir d'ici. J'entends Madame Elizabeth crier mon nom alors que je passe le portail vert, mais, je ne me retourne pas. Une fois au coin de la rue, je commande un taxi et indique l'adresse que m'a indiqué Stefan au chauffeur de type indien.

Durant tout le trajet je tente de deviner ce qui m'attend. Un hôpital psychiatrique. C'est vrai que Maggie est folle mais je ne pense pas qu'elle ait une place dans ce genre d'établissement et puis, je pense que je l'aurais découvert un peu plus tôt si c'était le cas.

Le service psychiatrique de Bellevue Hospital pourrait rendre fou n'importe quel individu sain. Il se trouve au sous-sol du bâtiment et l'air conditionné a un ronronnement inquiétant. Le grésillement des ampoules ne font qu'amplifier cette ambiance étrange. En cherchant la chambre -122, je croise un homme, il a une calvitie et porte une robe ainsi que des chaussons d'hôpitaux, il est assis sur un banc, il me regarde dans le blanc des yeux et je détourne immédiatement le regard.

L'homme frappe sa canne contre le sol a un rythme bien précis, je ralentis alors le pas et mon intuition est confirmée. Il reproduit le rythme de mes pas. Je me retourne encore vers lui, il me regarde toujours et me donne froid dans le dos.

La porte -122, j'y suis. Ne serait-ce le fait qu'il s'agisse d'un nombre négatif est déjà de mauvaise augure. L'homme au fond du couloir ricane en disant "Tu vas voir la folle!" J'ai envie de lui rétorquer que lui aussi est fou, que c'est d'ailleurs pour cela qu'il se trouve dans un hôpital de ce genre, mais je m'abstiens et appuie sur la poignée.

La chambre n'est en rien comme le couloir, les murs sont couleur crème et Les Quatre Saisons de Vivaldi résonne par je ne sais où dans la pièce. Beaucoup de tableaux sont accrochés au mur. Marguerite n'est pas présente. Il n'y a qu'une femme, les yeux clos, maintenue par d'épaisses sangles dans son lit.

Je ne comprends pas encore pourquoi est-ce que Stefan m'a envoyé ici, mais, je suppose que cette pièce renferme la totalité de mes réponses. Je m'approche silencieusement de la femme, son bras est légèrement incliné et je ne peux voir le nom qui est inscrit sur son bracelet d'hôpital. Tout ce que je sais d'elle c'est qu'elle doit avoir la quarantaine, qu'elle est maigre et que ses cheveux bruns sont en très mauvaise santé, tout comme elle si j'en crois son teint pâle.

A côté d'elle, sur sa table de chevet se trouve un carnet. Il est rouge mais semble vieillit. Je le prends délicatement veillant à ce que la femme ne se réveille pas et l'ouvre. Je le feuillette et tombe des nues.

Tout est à propos de Marguerite, ce ne sont que des ébauches de dessins, ressemblant à des caricatures, mais ce sont bien ses traits qui sont représentés sur ces feuilles de papier. Tantôt je l'aperçois le corps criblé de balles, tantôt le cœur arraché, ou alors tel un démon. Les croquis sont sanglants et transpirent la haine. Qui est cette femme allongée dans cet asile de fous et pourquoi semble-t-elle en vouloir à mort à ma petite amie?

Je remets le carnet à l'endroit précis où je l'ai pris. Je balaie une nouvelle fois la chambre du regard et quand celui-ci se porte sur la femme, je constate que ses yeux sont ouverts. Je sursaute et mon cœur bat si vite qu'il m'en donne du mal à respirer. Elle me fixe dans les yeux, son regard est vide, totalement vide.

Subitement, et ce, sans que je ne me sois déplacé, elle se met à crier. Elle crie de façon aiguë et stridente, comme un sifflet. Si elle n'était pas retenue par ces sangles, elle s'attaquerait surement à moi. Elle s'égosille la voix et je me bouche les oreilles. Elle me donne mal au crâne. Tout se passe ensuite bien plus vite, une infirmière rapplique en courant et me tire par le bras. Je ne me laisse pas faire, me disant que la femme pourrait certainement répondre à mes questions, elle, mais je crois que je suis toujours en état de choc puisque je me sens bouger. En passant au pied du lit de la femme, je vois son nom sur sa fiche médicale, Rose Mello.

Je reste bloqué sur ce nom, Rose... L'infirmière me lâche une fois dans le couloir. C'est une rousse, elle est jeune et semble avoir la vie devant elle, alors je me demande pourquoi est-elle venue s'enfermer dans ce genre d'endroit.

"-Vous n'avez pas le droit d'être ici! Comment êtes-vous rentré? Elle a les sourcils froncés et elle tente de paraître autoritaire.

-Désolé... je ne savais pas qu'il fallait un laisser passer pour rendre visite.

-Bien-sûr qu'il en faut un. C'est un établissement privé. Elle se masse les tempes. Ce n'est que mon premier jour ici, pourquoi il faut que vous veniez m'attirer des problèmes. Suivez-moi, je dois vous reporter au service de surveillance de l'hôpital.

-Je suis le fils de Richard Amadeus. Il est à la tête de la plus grande industrie pharmaceutique du pays. Si vous ne me croyez pas, regardez les journaux, ma famille y est fréquemment exposée ces temps-ci. Mon père finance des dizaines d'hôpitaux dans la ville et je suis certain que celui-ci en fait partie. Je croise les bras et inspire de l'arrogance. Vous ne voudriez tout de même pas être renvoyée après votre premier jour. Elle secoue la tête et je continue. C'est bien ce que je pensais, je ne suis jamais venu ici, vous ne m'avez jamais surpris et tout est au mieux."

Elle ne réplique pas et je suis content de mon petit spectacle. J'ai réussi à me contenir alors qu'intérieurement je suis en fusion. J'appelle une fois de plus Marguerite, mais, une fois de plus, elle ne décroche pas.

Je marche tout droit, sans réel but, je veux juste m'aérer l'esprit. Rose, je ne sais pas comment j'ai fait pour être aussi aveugle. J'étais trop aveuglé par mes sentiments pour Marguerite que je n'ai pas fait attention. Je ne me suis jamais rendu compte que jamais je n'avais croiser la mère de ma petite-amie, sa mère qui était supposée s'être installée à New-York pour vivre avec Marc Flynn mais que Marguerite ne m'avait jamais présenté.

Pourtant nous avions déjà abordé le sujet, je me rappelle avoir rigolé en entendant son prénom. Je m'étais alors dit que cette famille avait une certaine obsession malsaine avec les fleurs. Elle avait sourit puis m'avait immédiatement réclamé un câlin, que je lui avais donné sans hésiter.

Elle ne m'as pas menti, elle ne m'a juste pas tout dit et je n'ai jamais posé de questions. Finalement, je ne sais pas ce qui est pire. Je marche, toujours dans mes pensées quand je rentre en collision avec quelqu'un. Je ne sais pas comment j'ai pu le manquer, il porte tout de même une veste jaune à la limite du fluo. Je lève mes yeux et tombe nez à nez avec Ronald Riott. Le Ronald Riott avec qui Marguerite croyais avoir couché lorsque nous étions déjà en couple.

"-C'est pas possible! Regarde un peu où tu vas, prolétaire! Il se plaint. Quand il lève ses yeux vers moi, il semble surpris et me tend sa main, nous sommes du même milieu, alors, forcément... Désolé, je suis Ronald Riott...

-Je sais qui tu es... je le coupe et ignore sa poignée de main. Je suis Nathan Amadeus.

-Moi aussi je sais qui tu es, il lève les yeux au ciel. Tu es en couple avec Maggie, c'est bien cela?

-Si je la retrouve un jour je pourrais décider de ce qu'il advient de notre couple... j'expire.

-Elle est en haut. Il me pointe du doigts l'immeuble à notre droite et je m'en rappelle, elle m'avait fait grimper jusqu'au sommet de ce bâtiment, nous avions passé une formidable journée tous les deux.

-Comment tu le sais? Je croise mes bras.

-Elle m'a demandé de passer la voir, j'en sors tout juste.

-Mais pourquoi est-ce qu'elle t'appelle toi? Je suis son petit-ami... je fais perdu.

-Va la voir. Il me conseille avant de poursuivre sa route."

Et me voila, géographiquement je sais où je suis mais je reste tout de même perdu. Je l'aime, elle m'aime. Je lui ai avoué pour mon anomalie, mon plus grand secret. Tout aurait du être simple et beau. Alors pourquoi plus j'avance plus le tableau de Marguerite s'assombrit et plus important encore, pourquoi alors que je me dirige vers elle, j'ai l'impression que tout est fini et que rien n'a jamais encore commencé?

*******

Hey!❤

J'espère que vous allez bien,

Et que ce chapitre vous a plu!

Je sais qu'il est court mais il y aurait eu trop d'informations dans un chapitre si je ne m'étais pas arrêté là....

Ceux qui sont en vacances je vous déteste! Enfin non, je vous aime tout de même ❤❤❤

(Ne spoliez pas svp) mais ceux qui on vu la fin de la 6A de Teen Wolf, vous respirez encore ?

Merci pour tout

Noémie =)

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