Chapitre 14

"Tel père, tel fils." - Libanios

"-Le dernier film de Tim Burton vient de sortir au cinéma. Tu ne voudrais pas qu'on aille le voir ce soir, toi et moi?"

J'observe cette brune aux yeux ténébreux, le corps enlacé contre le mien.

"-Non Marguerite, je réponds simplement.

-C'est toujours pareil avec toi, elle soupire longuement, jamais tu n'es disponible pour moi le soir. J'ai l'impression que tu arrêtes de vivre dès 18 heures. L'inverse des vampires.

-On a déjà eu cette discussion, j'expire. Mon pè...

-Oui. Ton père est strict mais si tu ne lui montres pas que tu grandis jamais il ne lâchera la ceinture. Tu n'as plus dix ans."

Je vois très bien que cette situation l'énerve. Elle aime sortir, boire, faire la fête et moi je ne peux lui permettre de vivre ces petits bonheurs. J'aurais du me douter qu'après un mois, nos baisers au lycée et petites sorties pré-crépusculaires ne lui suffiraient plus.

Elle sort de sur mon corps et se balade vêtue de son petit short en coton et de son énorme sweat-shirt dans ma chambre avant de prendre la porte.

"-Si seulement tu savais... je chuchote en me passant la main sur le visage."

Alors que je cherchais l'énergie pour me redresser et partir à sa poursuite, Marguerite refait irruption dans ma chambre, elle me partage un regard stressé dont j'ai du mal à comprendre la signification.

"-Qu'est-ce que tu...

-Chut! Elle me coupe à voix basse.

-Nathan? Lance une voix provenant du rez-de-chaussée.

-Merde! Mon père! Je lâche dans un souffle."

Ça me fait l'effet d'une dizaine de tasses de café ingurgitées. Je me lève immédiatement, attrape Marguerite et son sac et les enferme dans ma salle de bains. J'espère sincèrement qu'elle ne fera pas une gaffe et qu'elle parviendra à garder le silence, même si, la connaissant, ça risque d'être difficile.

J'enfile rapidement un t-shirt afin de recouvrir mon torse parsemé par le nouveau rouge à lèvre de Marguerite, me recoiffe brièvement alors que j'entends ses pas monter et se rapprocher de plus en plus. Je jette un dernier regard à ma salle de bains en respirant un bon coup.

La porte de ma chambre s'ouvre et mon père apparaît. Il porte comme toujours un costard de luxe et est soigneusement coiffé.

"-Papa, je commence en souriant. Tu finis tôt aujourd'hui, j'essaie de cacher mon embarras.

-Je sais mais ta mère a oublié de mettre un dossier dans ma pochette, ça m'a obligé de faire un détour ici avant mon prochain rendez-vous. Il fait sur un ton de reproche."

Je détourne le regard, encore une de ses nombreuses critiques envers ma mère. En voulant lui refaire front, mon regard capte un objet électronique sur mon bureau. Putain. Le portable de Marguerite. Je pose ma main dessus, faisant semblant de m'y appuyer. Mon père ne semble rien remarquer, je suis soulagé.

"-Alors il ne me reste plus qu'à te souhaiter un bon rendez-vous! Je dis en camouflant mon enthousiasme.

-Merci, il regarde sa montre, je dois retourner travailler.

-L'argent n'attend pas!"

Mon père hoche lentement la tête avant de se retourner.

Le mensonge coule dans mes veines et je crois être très doué à ça, en même temps, avec un secret comme le mien à porter, je n'ai pas le choix, cacher des choses c'est ma spécialité. Mon père doit être à mille lieues de se douter que se cache ma petite-amie derrière la porte de ma salle de bains ou même du fait que je sois capable d'avoir une petite-amie.

Mais ça, c'était avant d'entendre un cri strident parvenant de la pièce d'à côté. Mon père fait volte-face et j'ai beau essayé de le rassurer, lui dire que c'est certainement le chat de la voisine qui s'est coincé dans le système d'air conditionné de l'immeuble et qui éternue parce qu'il a froid, il n'arrête pas son chemin vers le fond de ma chambre. Il regarde en premier lieu derrière les rideaux, sous mon lit et puis son regard tombe sur la porte de ma salle de bains, puis sur moi et je sais qu'il a compris.

Il se dirige à grandes enjambées et appuie sur la poignée. Je préfère rester en retrait, espérant que Marguerite a réfléchis et a sauté par la fenêtre en signe de sacrifice pour moi, parce qu'il est clair que mon père va me tuer et que si je passe la nuit les forces du ciel sont très puissantes.

Il ressort en serrant le poignet de Marguerite dans sa main de géant alors qu'elle me regarde effarée.

"-Arrête... tu lui fais mal. Je lâche en soufflant.

-C'est quoi ça? Il répond énervé.

-Ça? S'offusque Marguerite. Je vous en prie, je ne suis pas une chose et lâchez-moi!"

Il la lâche et me fais signe de le suivre jusqu'à sa chambre, ce qu'au vu de la situation, je fais sans hésiter.

Je m'assois sur le lit, attendant patiemment qu'il me passe un savon. Il se tient debout, devant les immenses vitres. Ses mâchoires sont contractées et il me fixe dégoutté. J'ai perdu tout le peu de respect qu'il avait de moi.

"-Tous ces sacrifices Nathaniel... il crache."

Tiens, si ce n'est pas Marguerite qui prend un malin plaisir à écourter mon prénom, c'est lui qui se met à l'allonger. Pourtant je suis reconnu à l'état civil sous le nom de Nathan Amadeus, il devrait le savoir, il a tout de même signer le papier.

"-Tu nous pourris la vie avec ton anomalie. Tu es la raison de toutes nos disputes avec ta mère, mais je laissais passer, je me disais qu'au moins tu m'obéis. Alors que non, tu t'amuses à cacher des filles dans ta salle de bain? Merde, Nathan, quel est ton but? J'ai bien remarqué que tes notes ont baissées cette année, c'est à cause d'elle? Elle est quoi pour toi? Je veux que tu arrêtes de la voir dès aujourd'hui. Il déverse sa rage.

-Qu... quoi? Je m'étrangle. Non, non, non. C'est vrai... je sors avec elle, mais, c'est pour toi! Il me regarde perdu et je poursuis. Cette fille, Marguerite, elle vit chez les Flynn. C'est la nouvelle belle-fille de Marc, je chuchote pour que Marguerite n'ai aucun écho de cette discussion. Et aussi difficile que ça puisse paraître à croire elle sortait avec Stefan, son demi-frère. Je voulais être comme toi papa, être au-dessus de lui, je n'en pouvais plus de son arrogance, alors quand j'ai compris que Marguerite s'intéressait à moi de manière plus qu'amicale, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai gagné, elle est avec moi maintenant, pas avec lui.

-Et pourquoi tu ne la quittes pas maintenant? Il se racle la gorge.

-Je m'amuse bien trop en l'observant bouillir quand elle est proche de moi et puis je pensais qu'elle pourrait être notre taupe, si besoin à Flynn Industries, elle est naïve, elle ne se rendra même pas compte qu'elle me partage des informations confidentielles.

-Bien, il réajuste sa cravate, fais ce que tu as à faire avec elle. On dirait bien que du sang d'Amadeus coule dans tes veines en fin de comptes."

C'est triste à dire, mais pour lui c'est un compliment. Il sort de sa chambre, pressé, je dois l'avoir mis un peu plus en retard pour sa réunion. Je m'affale sur le lit. S'il ne s'est pas excusé pour les horreurs qu'il m'a dit, c'est simplement parce qu'il les pensait réellement. Je sais qu'il ne m'aime pas et que je ne serai jamais assez à la hauteur pour lui.

Quant à ce que j'ai dit de Marguerite? C'est totalement faux. Je ne suis pas mon père, je ne suis pas ce monstre qu'il veut que je devienne. J'ai ce que l'on appelle une conscience et des remords, moi.

Je me lève pour rejoindre Marguerite mais, mon portable vibre dans ma poche arrière. Je le sors, ce n'est pas le mien, c'est celui de Marguerite. Elle vient de recevoir un message de... Stefan disant "L'ancienne toi me manque." Je suis piqué dans ma curiosité, je sais que je ne devrais pas mais... et puis merde, la connaissant, Marguerite ne se serait certainement pas retenue de lire quelques messages et puis il faut bien ça serve à quelque chose d'avoir le code de l'autre!

Je déverrouille son portable et entre dans l'application message, je remonte dans sa discussion avec Stefan, jusqu'au premier message qu'ils ont échangé ce matin.

>Stefan: Toujours pas partante pour la fête de perdition de ce soir Miami?

J'avais complètement oublié que Ronald Riott organise ce soir sa fête de perdition. Les fêtes de perditions sont courantes dans l'Upper East Side de Manhattan, elles permettent aux futurs héritiers du pays de se défouler et de se mettre la tête à l'envers dans les règles de l'art. Ronald en fait souvent, environ 6 dans l'année et elles sont toutes mémorables, cocaïne, champagne et putes à gogo. Enfin, je me base sur plusieurs témoignages que j'ai entendu, je n'ai jamais eu la chance d'y être invité.

>Marguerite: Je te l'ai déjà dit, New-York, jamais Nate ne voudra y aller alors je n'irai pas non plus.

>Stefan: Maggie tu m'as initié à la dépravation et tu voudrais me faire croire que tu n'iras pas cette soirée pour le pantin qui te sert de mec? Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Maggie Conover?

>Marguerite: Et toi quand te décideras-tu à cuisiner Marine? Ou attends... quand auras-tu le courage de lui demander de sortir avec toi?

"-Tiens c'est nouveau, tu fouilles dans mon portable maintenant! Marguerite se tient devant moi, les bras croisés. Enfin, bref, elle s'allonge sur le lit de mes parents sans aucune retenue. C'est réglé avec ton père?

-Ouais, je m'allonge près d'elle. Il se pourrait même qu'il accepte ta présence à la maison. On ne sera plus obligés de se cacher.

-Oh... elle s'installe à califourchon sur moi. Et on fait quoi du proverbe disant, vivons heureux, vivons cachés? Elle me demande entre deux baisers.

-Je propose qu'on l'envoie se faire foutre. Je la caresse. C'était quoi ce cri de fillette dans la salle de bain?

-Tu m'as fait entrer dans une salle de bain plongée dans l'obscurité et tu oses de moquer? Elle me toise. J'ai peur du noir et je n'étais déja pas rassurée, alors quand j'ai mis le pied sur un bout de tissus, j'ai voulu savoir de quoi est-ce qu'il s'agissait. Compte tenu de la forme je peux t'assurer que c'était un caleçon, alors j'ai crié.

-Tu as crié pour un caleçon? Sérieusement?

-C'est bon, hein! Elle ronchonne. Tu laisses traîner tes caleçons sales dans ta salle de bain tu es mal placé pour me faire la morale.

-Comment sais-tu qu'il était sale.

-Je... Tu lui as dit quoi, à ton père? Elle change rapidement de sujet.

-Que c'était pour rendre les Flynn jaloux et que tu pourrais même nous être utile en temps de taupe infiltrée à Flynn Industries. Je souris. Bien entendu, c'est faux, mais c'est la seule chose que j'ai trouvé pour qu'il ne soit pas furax et ça a fonctionné!

-Et pour le cinéma de ce soir, elle se pince la lèvre, c'est toujours non?

-Bingo! Je l'embrasse mais elle se décolle subitement de moi. Quoi? C'est parce que j'ai utilisé une expression de grand-père? Tu t'es imaginée que tu embrassais un vieux? Je comprends que ça tue l'amour mais...

-Non, Nate. Ce n'est pas ça. J'ai besoin de sortir le soir! Elle croise les bras sur sa poitrine.

-Si... je réfléchis. Si tu veux on peut dormir ici ensemble. Ça te va? J'essaye.

-Nate, elle soupire. J'adore passer du temps avec toi, c'est toujours amusant, mais je ne comprends pas ce qui te retiens de m'accompagner au cinéma... je ne comprends pas ce qui t'en empêche, j'essaye de me faire à ton mode de vie pourtant.

-Mon mode de vie? Je répète.

-Oui, je ne te propose pas d'aller dans des fêtes, je sais que tu n'aimes pas ça alors que moi, j'ai toujours adoré faire la fête.

-Comme la fête de perdition de Ronald de ce soir?

-Tu veux y aller? Elle s'enthousiasme.

-Non.

-Tu vois? C'est ce que je disais. Elle se prend la tête.

-Comme si j'irais à une fête de perdition, je pouffe. C'est rempli de putes et de mecs en manque.

-Et alors? Il n'est pas interdit de s'amuser, elle débat. Ah si, ton cher papa te tient en laisse. Elle me fait une grimace.

-Ne rentre par sur ce terrain, Marguerite.

-Dis Nathan, tu tiens vraiment à moi? Elle demande soudainement en relevant le menton.

-Bien-sûr, pourquoi cette question? Je plisse des yeux.

-Prouve-le. J'irai à cette petite fête malsaine. Tu sais ce qu'il se passe dans ces fêtes, même si tu sembles n'y avoir jamais mis les pieds mais dis toi que ce que tu sais n'est que la version édulcorée de la réalité. Si tu tiens à moi, tu me rejoindras avant que je ne fasse une bêtise. Sinon... elle baisse la tête, tu ne me pardonneras pas d'avoir fait cette bêtise."

Elle se lève, récupère son portable s'apprête à quitter la pièce.

"-Fais pas ça... ma gorge est nouée.

-Je t'enverrai l'adresse par messages."

Je m'enfouis dans le matelas, il faut absolument que je trouve une solution, je n'ai nullement envie de perdre cette fille. Je me creuse la tête, méditant sur une façon de me sortir de cette embuscade qu'a improvisé Marguerite. Je pense, jusqu'à ce que la solution m'éclate au visage, je suis sûr qu'elle comprendra, elle n'est pas normale non plus, alors ma différence ne devrait pas la perturber...

*******

Hey!❤️

J'espère que vous allez bien,

Et que ce chapitre vous a plu!

Si quelqu'un ici a vu la dernière bande-annonce de la dernière saison de Teen Wolf, est-ce qu'on peut pleurer ensemble s'il vous plaît ? Comment peut-on oublier bébé Stiles????

Du coup voila , en attendant le 15 Novembre, je déprime... ça me manque trop...

Kiss kiss :*

Noémie =)

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