Chapitre 10

"Je ne fais pas de promesses, mais je les tiens." - Edouard Balladur

Je me réveille difficilement. La nuit fut rude. Oui, j'ai l'habitude de dormir avec de la lumière, puisque dans l'obscurité je deviens moi-même une lumière. Mais je n'ai pas l'habitude de dormir aux côtés de quelqu'un qui passe sa nuit à remuer dans tous les sens. Elle doit avoir des rêves agités.

J'ouvre les yeux et mon premier réflexe est de l'observer. Elle dort paisiblement face à moi alors que j'encercle ses hanches. D'ailleurs, il faudrait qu'elle pense à se réveiller car mon bras gauche se trouvant sous son corps commence à manquer de flux sanguin. Sa bouche est entre-ouverte alors que ses cheveux sont en pagaille. Ses traits de visage sont fatigués, je ne sais pas si je dois la réveiller ou non, elle semble si paisible. Je vais attendre quelques min...

"-Bouh! S'écrie Marguerite en ouvrant soudainement les yeux.

-Putain! Je crie en posant ma main sur mon cœur qui bat vite. Tu ne dormais pas?

-Non! Elle baille. Par contre, toi, tu es une vraie marmotte, ça fait plus d'une heure que je t'attends.

-C'est de ta faute! Je me plains. Tu as passé ton temps à te retourner. J'ai horriblement mal dormi.

-Personnellement j'ai dormis comme un petit bébé! Elle annonce en s'allongeant au-dessus de mon corps."

La proximité de notre position me chamboule passablement, mais, Marguerite n'a pas l'air de tiquer. Ne sachant pas où placer mes mains, je les pose sur son dos, caressant doucement sa peau fine. Ses yeux bruns me regardent fixement alors qu'un beau sourire se pavane sur son visage.

"-Tu t'es endormie bien rapidement hier soir! Je lâche en rigolant.

-Hum... elle se mord la lèvre. Je ne vois pas de quoi tu veux parler.

-Coquine, je lui fais un clin d'œil. Tu veux que je te rafraîchisse la mémoire?"

Elle hoche silencieusement la tête et je souris satisfait. J'attrape ses hanches et m'arrange pour qu'elle se retrouve sous mon corps. Sa bouche est entre-ouverte et n'attend plus que moi, je le sens. Je me rapproche lentement d'elle, faisant perdurer le suspens. Alors que nos bouches ne sont plus qu'à un centimètre de rentrer en collision, j'ouvre la mienne et en sors un souffle chaud et matinal.

"-Nate! S'écrie Marguerite en se tortillant au-dessous de moi et en essayant de boucher son nez. Tu me répugnes! Connard va!"

Je suis bien trop occupé à me tordre de rire pour répondre à ses insultes de basse échelle. Ce n'est pas que je ne souhaitais pas l'embrasser, non, loin de là, mais mon envie de l'énerver était bien plus forte. Souffler mon haleine après une nuit de sommeil sur elle était une idée de génie.

Elle est coupée dans ses insultes pour ma personne quand son téléphone se met à sonner sur mon bureau. Je la libère à contrecœur de mon emprise et l'observe faire. Elle chemine jusqu'à mon bureau dans une nuisette en soie qu'elle a emprunté à ma mère. En attrapant son téléphone, son visage s'illumine, son sourire remonte jusqu'à ses oreilles. Jamais je ne l'avais vu sourire à ce point, ça m'intrigue et je décide de prêter l'oreille.

"-Allô papa? Elle commence excitée. Je suis tellement contente de pouvoir te parler... Non, je ne viens pas de me réveiller, je suis chez, elle se racle la gorge, une amie. On a fait une soirée pyjama. Oh, elle se gratte la tête, elle s'appelle Nathalie. Elle me regarde et je retiens un fou rire, elle fait de même. New-York c'est génial papa! J'ai tellement hâte que tu viennes passer cette semaine ici avec moi, j'ai déjà prévu une panoplie d'activités. Elle écoute son interlocuteur et son sourire se fane peu à peu, elle fuit mon regard. D'accord... oui, je comprends... non, ça ira. C'est ça à la prochaine..."

Elle raccroche et dépose son portable sur mon bureau. Sans un mot, elle s'assoit sur mon lit et fixe le vide durant une éternité. Je m'occupe à dessiner des zéros à l'aide de mon doigt sur sa cuisse et à l'admirer. Elle a perdu si rapidement son sourire. J'attends qu'elle me parle, je n'ai pas envie de lui forcer la main.

"-Je ne l'ai pas vu depuis 8 mois. Elle sort d'un coup. On avait planifier notre semaine ensemble depuis deux putains de mois. J'ai tellement besoin de lui dans ma vie mais il ne le comprend pas. Apparemment il est sur une énorme affaire qu'il ne doit sous aucun prétexte laisser passer. Je ne vois pas ce qui peut être plus important que sa propre fille qu'il ne voit à peine une fois par an.

-C'est un adulte, j'essaie de la rassurer. Sa vie est compliquée mais je suis sûr qu'il essaie de faire de son mieux.

-Mais ce n'est pas juste, ses yeux sont humides. Regarde, toi ou même Stefan, vous avez chacun un père qui tient énormément à vous, qui ne veut que le meilleur pour vous et qui fait attention à vous. Malgré ça, vous ne faîtes que de vous plaindre. De mon côté, mon père s'en fout du fait que je fume ou pire. Moi aussi je veux que mon père me prenne la tête, qu'il me gronde et qu'il me prenne dans ses bras. Le pire c'est que c'est de ma faute s'il agit comme ça avec moi. Elle baisse les yeux.

-Pourquoi est-ce que tu dis ça? Je l'interroge.

-Si je n'étais pas une enfant aussi chiante et difficile peut-être qu'il m'aurait suffisamment aimée pour qu'il n'aille pas tromper ma mère.

-Marguerite, je me redresse et la regarde dans les yeux. C'est vrai que tu es une enfant extrêmement chiante et que ça doit être très compliqué de vivre avec toi, mais, crois-moi ce n'est pas de ta faute s'il est allé voir ailleurs. Je suis certain qu'il tient beaucoup à toi.

-Je ne sais pas... elle soupire. Si c'est le cas, il pourrait peut-être me le montrer un peu mieux. Elle passe nerveusement sa main dans ses cheveux. Je t'assure, après Stefan et puis maintenant mon père... j'ai l'impression d'être un fardeau pour tout le monde, même pour toi, je suis désolée, tu te dis certainement que je suis soûlante à venir pleurer sur ton épaule comme ça...

-Pas du tout! Je t'apprécie, je souris. Je t'apprécie vraiment beaucoup... je baisse les yeux. J'aime bien quand tu me racontes ta vie et que tu me parles à cœur ouvert. Tu sais quoi? On passe la journée d'aujourd'hui ensemble. Tu choisis ce que tu veux faire et je te suis. Ça te va?"

Nous avons petit-déjeuné et je me suis douché. Marguerite souhaite se doucher chez elle, enfin chez les Flynn. C'est pourquoi je la suis en ce moment même dans le salon de l'appartement voisin. Elle marche d'un pas décidé jusqu'à sa chambre. Je trouve sa chambre plutôt dérangée et je dois pousser un tas de vêtements pour me trouver une place sur son lit.

"-Maggie, c'est toi? S'élance la voix de Stefan à travers le couloir.

-Putain, fait chier! Crache cette dernière énervée.

-Tu aurais pu répondre à mes appels au lieu de faire la gamine! Il se plaint en déboulant dans sa chambre.

-Si je ne t'ai pas répondu, c'est peut-être parce que j'ai bloqué ton numéro connard. Elle lâche en croisant les bras face à lui.

-Tu vois, c'est bien ce que je disais. Tu es une gamine Maggie. Tu as dormis où?

-Chez Nate, elle répond en me souriant.

Les yeux de Stefan captent ma présence et l'énervement et l'envie de meurtre semblent gagner sa personne.

-Ça y'est? Vous couchez ensemble? J'espère que tu es contente Maggie, c'est ce que tu as toujours voulu, n'est-ce pas? Pute comme tu es.

-Va te faire foutre Stefan. Rétorque cette dernière complètement rouge. Je ne sais pas si son teint cramoisi est dû à la colère, à la tristesse ou à la honte.

-Pas de soucis poupée! Il sourit narquoisement. Juste n'oublie pas qu'ici c'est chez moi alors ne ramène plus jamais ce mec ici. Au fait, Nathan, je passerai le bonjour à ta Marine de ta part."

Sur ces mots, il sort de la chambre et de l'appartement en faisant claquer les portes. Marguerite reste debout, tremblante, entrain de fixer avec insistance la porte. Je m'approche d'elle pour la prendre dans mes bras mais elle me repousse sèchement. Elle semble avoir besoin de soutient alors j'insiste légèrement mais elle se débat sauvagement alors que des larmes coulent le long de ses joues.

"-Arrête Nathan. On sait très bien que ce qu'on fait n'est pas bon pour nous."

Elle lâche fébrilement avant de se débarrasser de moi et de partir s'enfermer dans sa salle de bains. J'ai bien compris que notre journée en profitant de New-York est tombée à l'eau mais il reste hors de questions que je la laisse toute seule dans cet état. Stefan est un sacré connard de la blesser à ce point. Je ne suis pourtant pas surpris, ils ont toujours eu une relation conflictuelle et malsaine. En revanche, ce que je ne saisis pas c'est bien son allusion à Marine. Je ne vois pas ce qu'elle vient faire dans l'histoire, ni comment il est au courant de mon ancienne attirance pour elle.

Je promène mes yeux au-dessus des tas de saletés que cachent sa chambre et tombe sur un appareil photo qui compte tenu de la grosseur de son objectif semble être de bonne qualité. J'allume l'appareil et m'assois sur son lit faisant défiler les photos contenues sur la carte SD.

Il y a de nombreuses photographies de paysages communs en Floride. Sur certains de ses clichés, on y trouve des filles d'environ notre âge s'exposant en maillot de bains sur une des ces plages dignes de cartes postales de Miami. Sur d'autres, il y a même Marguerite souriant à la lumière du soleil avec des amies.

Je suis étonné de constater que Marguerite a un jour été aussi féminine et douce. Non que je trouve qu'elle fasse masculine, mais à présent elle semble plus brusque et directe. La preuve, elle avait l'air de bien s'amuser avec ses amies alors que les deux semaines avec Marine et ses copines ont étés un supplice pour elle.

Je tombe sur un cliché on ne peut plus adorable de Marguerite portant un serre-tête de Minnie alors qu'elle déguste une glace lui dessinant une légère moustache rose. Elle sourit de toutes ses dents et je ne l'avais jamais vu aussi belle. Je la trouve si mignonne que je décide de capturer cette photo sur mon portable. Les photos défilent et deviennent de moins en moins joyeuses, jusqu'à n'être plus que des paysages New-Yorkais majestueusement sombres. La rupture entre le bonheur et la noirceur est si brutale que ça m'en fait mal au cœur. J'aimerais qu'elle se confie encore plus à moi, qu'elle me raconte ce qui s'est passé dans sa vie pour provoquer un changement aussi brusque.

Une heure plus tard, je n'ai toujours aucune nouvelle de Marguerite et je m'inquiète. Je sors de la chambre et me rends devant la porte de sa salle de bain, l'eau ne coule plus. Je colle mon oreille contre la porte et je crois percevoir de légers sanglots.

"-Marguerite? Je l'appelle.

-Nate... sa voix tremble. Je croyais que tu étais déjà parti.

-Non... je suis là. Pourquoi est-ce que tu pleures?

-Je ne sais pas... elle soupire. Il y a tellement de choses que je ne sais même pas laquelle en particulier me fait pleurer. Je suis désolée...

-Il n'y a pas de quoi, je t'assure, tu ne m'as rien fait.

-Si... elle expire. Je n'ai pas envie que tu me détestes toi aussi.

-Je n'arriverai pas à te détester Marguerite, même si je le souhaiterais. Je fais en m'asseyant contre la porte. Tu peux me parler, je t'écoute.

-Je suis complètement perdue. Tu sais, le jour où tu devais commencer à sortir avec Marine. Un peu avant ça, il y avait du tonnerre et je ne sais pas si tu t'en rappelles mais j'avais peur et je suis sortie du cours avec elle. Elle raconte tout en ayant la voix enrouée. Sans que je m'y attende, elle m'a demandé de lui promettre que je ne ressentais pour toi...

-Tu lui as dit quoi? Je la relance le cœur tambourinant.

-Je suis désolée... je n'ai pas réussis à lui répondre. Je ne sais pas pourquoi Nate, je t'assure. J'ai essayé... son souffle se coupe.

-Sors d'ici... je lui dit doucement."

Elle ne réagit pas et continue de pleurer dans la pièce d'à côté. Je me lève alors et appuie sur la poignée de la porte. Elle n'est pas bloquée. J'ouvre discrètement la porte et j'ai la misère de la trouver assise au sol, les genoux repliés sur elle même, le visage trempé de larmes. Elle s'est changée et même si ce gros pull et ce jogging ne sont pas à son avantage, elle reste jolie.

Je m'assieds jambes croisées face à elle en essayant d'être le plus proche que possible.

"-Tu parles beaucoup Marguerite, je commence, mais, cette fois-ci écoute moi s'il-te-plaît. Marine m'a posé la même question et tu sais quoi? Je souris nerveusement. Moi non plus je n'ai pas pu lui répondre. Moi non plus je ne sais pas où j'en suis avec toi, je ne sais pas si j'ai envie d'être avec toi. Je sais juste que j'ai énormément besoin de toi et que moi, je veux que tu sois aussi heureuse que tu l'étais sur cette photo.

Je lui tends mon portable avec le cliché que j'ai pris il y a quelques minutes, elle sourit et pleure à la fois.

-Tu vois le petit iceberg qui se noie dans l'Antarctique? On ne voit qu'un petit morceau de glace à la surface, mais, en réalité en profondeur, cet iceberg est énorme. Cet iceberg c'est ce que tu connais de moi. Crois-moi, tu ne voudrais pas en savoir plus.

-Ça, c'est mon choix.

-Tu vivras les pires aventures de ta vie avec moi. Elle fait pour me décourager.

-Peut-être bien mais j'arriverai à mes fins, je le sais."

Elle hoche la tête avant de poser sa tête contre moi. Et ce jour là marque le début d'une toute nouvelle aventure. Connaître Marguerite et faire tomber tout le mur derrière lequel elle se protège sera difficile, je le sais. Je sais également que j'y laisserai des plumes. Mais si c'est pour qu'elle soit enfin complètement épanouie, alors, ce serait avec joie.

*******

Hey!

J'espère que vous allez bien,

Et que ce chapitre vous aura plu!

Je n'ai pas pu poster de chapitre dimanche dernier, désolée, et je ne sais pas si je pourrai en poster un ce dimanche, avec l'arrivée des vacances, les profs se déchaînent et nous donnent plein plein plein plein plein plein plein etc... de devoirs! Génial!

Courage à vous!

Kiss Kiss :*

Noémie =)

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