MAISON DES MONTY *** I ***
MAISON DES MONTY - CHAMBRE D'HOUDA
Brizbi remit rapidement ses vêtements et fit signe à Houda d'en faire autant.
— Tu crois qu'il se passe quoi ? murmura-t-elle.
Brizbi se plaça derrière la porte, tendant l'oreille aux bruits dans le couloir. Elle tendit ensuite la main vers Houda, insistant pour qu'elle la prenne, refusant de la laisser s'éloigner. Elle tenait absolument à l'avoir auprès d'elle.
— Quoi qu'il arrive, tu restes près de moi, ordonna-t-elle en posant une main ferme sur sa joue.
— Brizbi, tu me fais peur... Qu'est-ce qui se passe ?
Elle glissa un doigt sur les lèvres d'Houda pour la faire taire.
— Je ne sais pas exactement, mais une chose est sûre : on doit partir immédiatement. Je sais quand il se trame quelque chose... Je sens le danger, crois-moi.
Brizbi était telle un vieux cabot des rues, aux aguets, prête à mordre à la moindre menace. Houda n'avait d'autre choix que de lui faire confiance.
MAISON DES MONTY - CHAMBRE DE LILAS ET KYBOP
Des bruits suspects résonnèrent dans le couloir, mettant Kybop aussitôt en alerte. Elle s'approcha et colla son oreille contre la porte. Des voix lui parvinrent, étouffées, comme une conversation distante. Lilas vint la rejoindre, prit sa main et murmura à son oreille :
— Tu entends quelque chose ? s'inquiéta-t-elle.
Kybop secoua doucement la tête, essayant de masquer sa propre angoisse.
— Non. Elles devaient être encore loin. Elle les entendait, mais tout juste.
PIROS - SALLE DE SOIN
Sylice fit tout son possible pour sauver Slikof, sous le regard désespéré de Binny. Alors qu'elle fixait toute son attention sur lui, Fyguie prit soin du bras blessé de Ristoc. La voyant perdue, il murmura pour la réconforter.
— Hey. Binny...
Elle leva les yeux, ses pupilles dilatées, encore sous le choc.
— Ne t'en fais pas, d'accord ? Sylice est la meilleure. Il allait s'en sortir, en était-il sûr.
Elle hocha la tête en laissant couler d'autres larmes. Alors que chacun s'affairait à soigner les blessés, les balles résonnèrent encore quelques instants de l'autre côté de la porte, avant qu'un silence inquiétant ne s'installe.
Dozik était auprès de sa mère, toujours inconsciente, et lui caressait les cheveux avec amour. Katany, quant à elle, ne lâchait pas sa sœur d'une semelle.
— Bin, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qui vous a attaqué ? demanda-t-elle, nourrissant un désir de vengeance.
Fyguie, qui désinfectait son bras, tendit une oreille attentive.
— Je... je crois que ce sont les mêmes qui ont attaqué la commissaire Birland et le reste de l'équipe sur Zoldello, murmura Binny, encore tremblante.
— Les Golts ? vérifia Katany.
— Je pense oui, finit par confirmer sa grande sœur.
— Ils nous traquent donc sans relâche... Il faudrait qu'on essaie de contacter Kyb, Lilas et Zorth, proposa Fyguie.
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée, avoua Katany. S'ils pensent que nous sommes ici, mieux valait qu'ils continuent de le croire. Pour leur sécurité, il valait mieux garder le silence.
Tous sursautèrent lorsqu'un coup violent retentit soudainement contre la porte. Sans trop réfléchir, Dozik et Fyguie prirent position, visant la menace potentielle, tandis que Katany s'approcha du bouton pour déverrouiller la porte. Binny serra les dents, tétanisée à l'idée de voir son frère et sa sœur risquer leurs vies. Kat s'assura que son frère et Fyguie étaient prêts avant d'appuyer sur le bouton, puis s'écarta rapidement, hors du champ de tir. L'ouverture se fit dans un silence oppressant, leurs doigts crispés sur les gâchettes, prêts à tirer au moindre mouvement suspect. Les respirations se suspendirent, les muscles tendus, jusqu'à ce que des visages familiers apparaissent enfin, provoquant une expiration collective de soulagement. Une fois face à face, tous réalisèrent que la situation était catastrophique. Milo tenait la commissaire, inconsciente dans ses bras, tandis que Kylburt manquait à l'appel.
— Qu'est-ce qu'elle a ? s'inquiéta Katany.
— Elle a pris des balles ! Faites quelque chose ! supplia Milo.
Sylice lui fit signe de l'installer sur un autre lit, tout en continuant ses soins sur Slikof.
— Fyguie, occupe-toi d'elle, demanda Sylice.
Fyguie hocha la tête avec détermination avant de relâcher le bras de Binny, qu'elle venait de bander. Elle la regarda, s'assurant qu'elle allait bien, et rejoignit Birland et Milo.
— Où est Kylburt ? questionna Dozik, constatant son absence.
Dogast secoua la tête, une moue exprimant ses craintes. Tout le monde comprit le poids de ce silence.
— Où sont ceux qui nous ont attaqués ? s'insurgea Binny.
— Ils se sont échappés. Ils ne sont plus dans le vaisseau, se désole le capitaine.
— Il faut prévenir Zorth, affirma Binny avec fermeté.
MAISON DES MONTY – DANS LES COULOIRS
— Elle ne lui avait pas dit où elle se trouvait... s'agace Tiger Stern.
— Et elle a dit quoi alors ? questionna Lozy Lane d'un air blasé.
— Pas grand-chose... Elle n'avait pas voulu balancer sa fille...
— Les mères... Une vraie plaie, s'amusa la jeune femme.
Ils rirent d'un air complice.
— C'était forcément une des portes de cet étage, assura l'homme aux cheveux longs.
— Oui. On va faire ça dans l'ordre, précisa son acolyte.
Il s'approcha d'une première porte qu'il ouvrit sans sommation. Personne. Une salle d'eau. Lozy réalisa la même manœuvre sur une autre porte. Personne. Une chambre vide.
MAISON DES MONTY – CHAMBRE D'HOUDA
Dans la chambre de Brizbi, les coups se rapprochaient dangereusement. Houda la tira par le bras pour qu'elle se recule.
— Viens, il y a une porte juste là qui donne sur la chambre d'à côté, chuchota-t-elle dans l'urgence.
Brizbi fronça les sourcils, l'air interrogateur.
— Oui, c'est dissimulé dans la tapisserie, la maison était pleine de petits passages comme celui-ci, expliqua-t-elle en continuant de la tirer par le bras. C'était une maison de dirigeant, c'était très courant sur Hasture. Il y avait des accès dérobés un peu partout. Les Hasturiens étaient des intellectuels, pas des combattants aguerris. Les rois de la dérobade.
Brizbi cessa de réfléchir et la suivit les yeux fermés. Après tout, elle avait sûrement grandi ici. Qui de mieux qu'un enfant malicieux pour connaître tous les recoins d'une maison pleine de secrets.
MAISON DES MONTY – CHAMBRE DE LILAS ET KYBOP
En ouvrant la porte secrète, Houda se retrouva dans l'autre chambre et se fit directement prendre à la gorge par quelqu'un. Brizbi, réactive comme un rapace, attrapa l'assaillante et la plaqua contre le mur avec violence.
— Tu bouges, je te tue ! asséna-t-elle.
— Pareil pour toi ! rétorqua Kybop, la voix menaçante.
— STOP ! somma Lilas.
— STOP ! répéta Houda, complètement prise au dépourvu.
Brizbi et Kybop se retournèrent simultanément et découvrirent Houda et Lilas, terrifiées par la scène à laquelle elles assistaient.
— Elle est avec moi ! s'enquit de préciser Houda. Elle voulait juste la protéger ! Suivez-moi, on doit partir !
— C'est vrai ? interrogea Kybop, méfiante.
— Oui. Elle m'avait ramenée jusqu'ici pour que je vous retrouve ! s'empressa de préciser Houda.
Elle s'approcha de Brizbi et posa doucement sa main sur son bras, l'incitant à baisser la lame de sa gorge. Brizbi s'exécuta immédiatement, se mettant ainsi en position de faiblesse. Ce geste rassura Kybop, mais son regard resta néanmoins méfiant à son égard. Alors qu'elle relâchait sa tension, faisant une confiance aveugle en Houda et sa nouvelle amie, elle fit signe à Lilas de s'habiller rapidement. Elle fit de même pour qu'elles puissent suivre Houda et se mettre à l'abri.
MAISON DES MONTY – REZ-DE-CHAUSSÉE
Elles suivirent la fille des Guidants à travers des passages de plus en plus incongrus. Cette maison était un véritable gruyère. Elles se retrouvèrent maintenant dans le noir, dans une pièce minuscule, tassées les unes contre les autres.
— Nous allions retomber sur les cuisines. De là, nous pourrions prendre la porte qui donnait sur le jardin arrière, expliqua Houda.
— Et Zorth ? s'inquiéta Lilas.
Elle craignait pour la vie de son ami et fidèle conseiller. Lilas le savait sans défense.
— Je ne savais pas où mes parents l'avaient installé... Il avait passé la soirée avec mon père, précisa Houda, consciente de l'importance de chaque information.
La princesse poussa un soupir, réalisant qu'elles ne pouvaient pas s'attarder.
— Continuons, finit-elle par souffler.
MAISON DES MONTY - CUISINE
Houda poussa la petite porte, et elles durent se baisser pour passer une à une. La cuisine était baignée de lumière, créant un contraste saisissant avec l'obscurité du petit lieu étriqué qu'elles venaient de quitter. Kybop se dirigea vers la porte vitrée pour sortir, mais s'arrêta en voyant qu'Houda était figée au milieu de la pièce.
— HOUDA ! lança-t-elle, serrant les dents pour ne pas crier.
— Hey, viens, on doit y aller, insista Brizbi, consciente de l'urgence de quitter cet endroit.
Mais Houda resta immobile, le regard fixé sur le sol, juste derrière l'îlot central. Lilas s'approcha et lui prit la main pour qu'elle suive le groupe.
— On doit vraiment... HAN ! s'exclama la princesse, choquée.
Elle plaça immédiatement sa main sur sa bouche pour étouffer le bruit. Lilas venait de poser les yeux sur ce qui aspirait l'attention d'Houda. Brizbi et Kybop accoururent à ses côtés et découvrirent l'horreur de la scène. Les deux parents d'Houda gisaient au sol dans leur propre sang. Sa mère avait la gorge tranchée, les yeux grands ouverts, avec un regard vitreux et absent. Son père était assis contre le meuble sous l'évier, la tête pendante sur le côté, une balle dans le crâne. Choquées par cette découverte, il leur fallut quelques secondes pour réagir. Finalement, Brizbi fit obstacle à la vue d'Houda, se plaçant entre elle et les corps sans vie de ses parents, espérant lui faire reprendre ses esprits. Elle lui enveloppa les mains avec les siennes et tenta de lui parler, mais Houda n'était plus là, son esprit était incapable de traiter cette réalité.
— On doit vraiment y aller... pressa Kybop à contrecœur en regardant Brizbi.
— Oui, on y va, répondit-elle, le visage désolé.
Sans plus attendre, elles se mirent à courir à l'extérieur, rejoignant la gare spatiale pour retrouver le Piros. Houda était dans un tel état qu'elle les suivit sans même comprendre ce qui se passait autour d'elle. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Il fallait profiter de cet élan avant qu'elle ne s'effondre ou ne perde la raison.
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