3: Le complot

Salle de réunion du quartier général de la NASA.

Un homme grand et maigre, en costume gris clair longea, d'un pas assuré, le grand couloir du dernier étage du QG de la NASA. Il ne semblait pas du tout pressé et il tenait à la main un café. Il porta ses lèvres à la bordure de la tasse et eut une secousse. Il grimaça et entra dans une pièce vaste et luxueuse. La porte se ferma automatiquement derrière lui et il prit place dans le seul siège vide de la grande table en verre.

-Monsieur Alvarado, nous vous attendions pour commencer cette réunion de haute importance.

C'était une femme blonde aux cheveux attachés qui lui parlait. Elle se tenait pile en face de lui, à l'extrémité de la table. Simon Alvarado passa son regard sur les hommes et les femmes présents à la table. Ils le regardaient sans rien dire, comme si ils n'étaient que des robots. La femme reprit la parole pour regagner l'attention des personnes présentes:

-Je vous ai tous convoqués ici si rapidement parce que je n'avais pas le choix. Il se trouve que la NASA n'est plus au centre des discussions lorsque l'on parle de voyage dans l'espace.

-Et c'est ça qui vous inquiète tant ? S'exclama un homme moustachu au teint marron et au costume bleu.

-Bien sûr que non Monsieur Copiash, ce n'était qu'une image pour parler de ce qui va suivre. Je pense que vous êtes tous au courant de l'actualité. Alors je n'ai pas besoin de vous expliquer toute la chose.

Alvarado écoutait calmement tout en sirotant son café. Il se cachait derrière sa tasse, se préparant à intervenir au bon moment.
La femme blonde se tenait debout à l'extrémité de la table, dos aux fenêtres, elle poursuivit:

-Nous avons un problème majeur qui pourrait à jamais changer la donne pour cette organisation. Un problème tel que l'on en a pas vécu depuis le milieu de la guerre froide. Elle avait pris un ton solennel.

-Évidemment, nous ne sommes pas ici pour parler d'un problème financier ? Demanda un petit homme dégarni à lunettes, l'air inquiet.

-Non, fit la femme tout en plantant son regard dans le sien.

L'homme baissa les yeux et ne semblait pas très à l'aise avec les réunions. À ce moment, une femme jeune, assise à gauche de Alvarado et en face de l'homme moustachu soupira, exaspérée:

-Voudriez-vous bien arrêter de tourner autour du sujet sans même nous le révéler ?

Alvarado posa sa tasse de café sur la table en verre et cela fit un bruit aigu.
Ils se retournèrent tous en sa direction, comme il l'avait souhaité. C'était là le moment qu'il avait attendu pour en placer une.

-Personne ne veut l'admettre, mais là on parle du sujet Moresh !

Le silence qui suivi cette première intervention de Simon était digne d'un terrain de golf en plein mois de janvier. Le petit homme gratta fortement son front nu, tandis que les autres baissèrent les yeux vers leurs mains, croisées sur la table.

-Merci beaucoup Simon. Je pense donc qu'il est impératif de prendre des mesures radicales. Il en va de la survie de la NASA, exposa la femme, habillée d'une chic robe blanche.

Les trois personnes qui n'avaient pas encore pris la parole ne semblaient écouter la discussion qu'à moitié, perdus dans leurs pensées. Mais l'un d'eux baissa ses yeux bleus du plafond noir pour prendre la parole:

-Vous avez donc convoqué les sept personnes les plus importantes de la NASA pour établir un plan contre la mission REFOL ? Mais vous savez que c'est peine perdu, en tant que directeur médiatique, je suis le mieux placé pour savoir que Moresh a déjà toutes les faveurs du public. De plus il a drôlement bien joué son coup. Il s'est assuré une couverture médiatique gargantuesque, à la fois pour nous faire un pied de nez, mais également pour que l'on ne puisse venir interférer à ses plans ! Après son discours, il ne semblait plus aussi confiant lorsqu'il croisa le regard épineux de Stéphanie Holden, la présidente de la NASA.

Celle-ci déclina un signe admiratif à la suite de son intervention préparée. La jeune femme aux cheveux courts à gauche de Simon se lança elle aussi:

-Cet indien vient de nous lancer un défi ! S'exclama-t-elle. Sans vouloir vous manquer de respect, continua-t-elle, en direction de Copiash.

Celui-ci fit mine de ne pas se sentir autant concerné par les origines de son teint, que par le problème auquel ils faisaient face.

-C'est aussi ce que je me suis dit en regardant son discours, rétorqua Alvarado.

-Du calme, je ne veux en aucun cas que l'on passe pour les méchants de l'histoire, lui répondit Holden.

-Pourquoi devrait-il automatiquement y avoir des méchants ? S'interrogea le petit homme à lunettes.

-Oh il n'y a pas de gentils ou de méchants, juste des ambitieux qui tirent les opportunités sans toujours vouloir faire face aux conséquences. Mais le peuple, lui, pense qu'il y a des gentils et des méchants, du moins, il se rassure avec cette idée. Mais la vérité monsieur Douglas...la vérité c'est qu'il n'y a tout simplement pas de gentils opportunistes, qui réussissent longtemps dans notre monde.

Après la réponse de la présidente, Douglas déglutit et baissa, de nouveau les yeux, pour paraître encore plus petit. Simon Alvarado n'hésita pas une seconde à exposer sa pensée, pour s'imposer:

-Ce qui veut dire que Moresh a lui aussi ses petits secrets, qu'il ne voudrait surtout pas révéler au monde entier, comme il l'a fait avec son "projet".

-C'est précisément là où vous rentrez en jeu, en tant que responsable des relations externes et internes, avec l'aide de notre responsable de la couverture médiatique. N'est-ce pas Troy ? Demanda la femme du haut de toute sa puissance.

Sa tête émit un mouvement horizontal et saccadé avant même qu'il ne réponde:

-Ce n'est pas que je ne veuille pas le faire, c'est tout simplement que je ne peux pas, en si peu de temps, trouver les pires vices de Moresh !

-Eh bien il vous faudra redoubler d'efforts tout les deux, car c'est officiel, il vient tout juste de communiquer la date de leur départ: le 4 avril de l'année prochaine.

-Madame, fit Troy d'une voix plus posée, je pense qu'un homme tel que lui, sait largement comment cacher ses secrets les plus noirs le plus longtemps possible, alors même si j'arrivais à avoir une piste avec l'aide de Simon, je ne pense pas que celle-ci mènera directement à la boîte de pandore que nous cherchons.

-Moresh n'est qu'un divertissement, il passera rapidement à la trappe si vous vous y prenez bien ! Lança Stéphanie Holden sûre d'elle. Et je compte sur vous messieurs...

-Inutile de se tracasser avec ce genre de problème.

L'homme qui venait d'intervenir pour la première fois avait fais un plus gros coup de théâtre que Alvarado, ce qui ne manqua pas d'agacer fortement ce dernier. C'était le responsable des opérations extérieures et des missions spatiales: Trevor Kendrick.

La présidente haussa les sourcils, marquée par son impertinence:

-J'espère pour vous, que votre intervention est préparée et intouchable...

Tout le monde, mis à part Kendrick, était mal à l'aise désormais. Cela surprit l'assemblée qui le voyait déjà rendre sa plaque d'entrée, et quitter les lieux pour toujours, 5 minutes plus tard. Il hocha légèrement la tête sans même regarder Holden, se pinça les lèvres et révéla:

-Ça faisait longtemps que je le gardais à l'oeil avec sa mission et ses réacteurs hyperpuissants. C'est pour ça que j'ai préféré entreprendre quelque chose, en privé, car il n'y avait jusque là rien de concret. J'ai anticipé, quelque peu, la chose et nous ai réservé une place au soleil, au cas où. Et j'avais raison... Finit-il par avouer, surpris par lui-même.

Dorénavant, toute l'assemblée était passée d'un état de gêne à un état d'incompréhension totale, même la présidente Holden fronçait les sourcils.

-Et quelle est cette fameuse initiative que vous avez prise librement ? L'interrogea la femme vêtu de blanc, plus curieuse et douteuse que jamais.

-J'ai infiltré un astronaute qui bosse pour nous dans la mission REFOL. On l'a notre poule aux oeufs d'or !

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