23 - Fil d'Ariane (Lydia)

 — Nom d'une loutre...

Lydia s'interrompt, hésite, se suçote le doigt. Son grand-père ajoute toujours quelque chose derrière la loutre quand il est énervé parce que les choses ne vont pas comme il veut. Et là, les choses ne vont pas du tout comme elle veut ! Le chemin qu'elle a suivi l'a conduite à un mur, et le mur qu'elle a longé a mené à une porte, mais même en tirant le volant de toutes ses forces elle ne l'a pas fait bouger d'un centimètre !

— ... en peluche ! termine-t-elle, triomphante.

Elle ne peut plus avancer : plus loin, le couloir devient une corniche étroite qui surplombe un gouffre dont elle ne voit pas le fond, et il n'y a pas de marches ou d'échelle qui puisse l'aider à descendre. Elle n'a d'ailleurs pas très envie de descendre : elle ne sait pas où est le chemin pour sortir, mais elle sait au moins qu'elle est presque tout en bas de l'Arcadia et que sa chambre, la cantine et son grand-père sont vers le haut.
Il ne lui reste plus qu'à faire demi-tour, à longer le mur dans l'autre sens, à chercher une autre porte ou un escalier qui monte.

Les obstacles sont nombreux. Il faut passer dessous, escalader, faire attention à ne pas toucher les câbles qui font « grzt » pour ne pas être électrocuté... C'est fatiguant pour des petites jambes. Lydia a l'impression qu'elle marche depuis des heures. Ses pieds font mal et elle a soif, elle voudrait s'asseoir pour se reposer mais elle se répète qu'il ne faut pas qu'elle s'arrête.
Elle est courageuse. L'équipage compte sur elle. Son grand-père compte sur elle. Le capitaine compte sur elle.

Elle tâtonne dans le noir, déambule de-ci de-là, d'une loupiote verte à une diode clignotante, attirée par chaque source de lumière comme un papillon de nuit égaré.
Elle trébuche soudain. La chute est douloureuse.
Les sanglots ne sont pas loin.
Elle les ravale avec peine (elle est courageuse. Cou-ra-geuse), cherche des yeux ce qui l'a fait tomber. Il n'y avait rien par terre, pourtant ! Sa main se referme sur un fil. Il glisse entre ses doigts. Quelqu'un est en train de tirer dessus, comprend-elle.

Son visage s'éclaire. Enfin, elle n'est plus toute seule ! Elle court malgré ses jambes lourdes, elle prend garde à ne pas lâcher le fil, elle est fière et elle est soulagée à la fois.
Elle court jusqu'à ce qu'elle aperçoive une silhouette.
Elle la reconnaît aussitôt.

— Tadashi ! appelle-t-elle.

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