Il protège, il protège, il protège.

Harlock bifurque à chaque fois que le « brzt » menaçant d'un drone auto-porté lui barre la route. Encore. Et encore. Et encore. Ils l'encerclent, ils se rapprochent, leurs moteurs vrombissent et sifflent sur des notes aiguës moqueuses telles des bouilloires déglinguées. Ils ne cherchent même pas à se cacher.

Il protège.

Il pourrait les entraîner loin, se dit-il. Il pourrait les attirer sur une fausse piste, il pourrait les empêcher de trouver Lydia.

Lydia.

Ils cerclent autour de lui comme des chasseurs autour de leur proie, trop vifs pour qu'il puisse les saisir. Il grogne quand l'un d'eux lui échappe de peu, se plaque au sol pour éviter un tir.
« Chting. » L'aiguillon lesté se brise contre le capot d'un tableau électrique. Harlock en ramasse la pointe, la dépose à plat dans sa paume ouverte, la contemple en silence. Elle est la pièce d'un puzzle oublié dont il ne possède que des morceaux épars.

C'est important.

Il cille. Lydia. Lydia est importante. Le reste... Il ne sait pas. Les lieux éveillent en lui des échos familiers, bien sûr, mais...
« Chting. » Son corps a réagi par réflexe. Il fait claquer ses mâchoires de colère et bondit vers le drone, mais celui-ci s'est replacé hors de portée. Il lui adresse un grondement rageur.

Lydia. Cherchent-ils vraiment Lydia ? Cherchent-ils encore Lydia ? Ont-ils déjà trouvé Lydia ? Son cœur s'emballe dans sa poitrine. Il protège Lydia. Il le doit. Son refuge est difficilement accessible, mais ces foutus drones se faufilent partout.

Il les entend le pister à distance tandis qu'il zigzague dans les passages resserrés, il les entend contourner les obstacles sous lesquels il se glisse, il les entend bourdonner de confusion devant le rideau de câbles qu'il a écarté pour passer. Il se permet un sourire victorieux. Il a gagné un répit, se réjouit-il. Il aura le temps d'emmener Lydia ailleurs.

Sa tanière chichement éclairée baigne dans la tiédeur agréable des armoires informatiques qui tapissent ses flancs.

Elle est vide.