19 - Labyrinthe (Tadashi)
— Hého ? Il y a quelqu'un ? Jelle ? Lydia ?... Capitaine ?
Cerné par un enchevêtrement de métal, Tadashi commence à regretter d'avoir suivi Jelle dans les ponts inférieurs. Il s'attendait à des coursives techniques telles qu'il en connaît à l'avant ou près des machines, peut-être un peu plus étroites, mais rien ne l'avait préparé au labyrinthe dément dans lequel il se débat.
Pas de coursives. Pas de chemin. Il slalome dans une forêt d'étais implantés sans régularité ni logique. Verticaux, horizontaux, obliques, massifs ou effilés, monoblocs ou formés de multiples branches... Les troncs d'acier émergent de profondeurs insondables et vont se perdre dans un plafond invisible.
La porte a disparu, avalée par la pénombre.
— Hého ? répète-t-il.
Un vent coulis s'enroule autour de ses bras, lui cause la chair de poule, disparaît aussi vite qu'il était apparu. Tadashi allonge le pas. Autour de lui, des ventilateurs vrombissent, des processeurs cliquettent, de la tuyauterie glougloute. Sous ses pieds, le plancher remue légèrement – les réacteurs ne doivent pas être très loin dessous.
La rumeur des machines qui ronronnent de concert ressemble à la respiration cadencée d'un animal chimérique à l'affût dans sa tanière. Le silence total aurait été moins effrayant.
Tadashi enfonce la main dans sa poche. Ses doigts pressent la peluche de Lydia. Comment retrouver la petite fille dans ce dédale ? s'angoisse-t-il. D'ailleurs, est-il même sûr que Lydia soit ici ?
Il presse la peluche plus fort. La zone n'est pas si grande, il le sait (c'est l'espace juste au-dessus des réacteurs, qui s'étend de la poupe à grosso modo l'aplomb de la passerelle), mais son agencement anarchique lui confère des allures d'infini.
— Lydia ?
Sa voix s'étouffe dans les baies électroniques en rangs serrés. Lydia pourrait se tenir dans une travée juste derrière qu'elle ne l'entendrait pas.
Il se retourne, regarde derrière lui, devant, en haut, en bas. Il peut encore faire demi-tour : il se souvient du trajet parcouru jusqu'ici et ressortira de cet enfer technique sans trop de peine. S'il s'enfonce plus loin, en revanche... Il se mordille l'intérieur des joues. S'il s'enfonce plus loin, il a besoin d'un guide.
La peluche de Lydia pèse dans sa poche davantage qu'elle ne devrait.
Son regard se pose sur un touret de fibre optique qu'un mécano a dû oublier après une maintenance. Il semble à peine entamé. Tadashi se fend d'un large sourire. Génial ! Il y a des centaines de mètres de câble, sur ces trucs-là ! S'il le déroule au fur et à mesure qu'il avance, alors il n'aura plus aucun problème pour rebrousser chemin !
Il se dresse sur la pointe des pieds pour atteindre le touret et le basculer sur le côté. « Clank », fait l'objet lorsqu'il tombe sur le plancher. Le bruit se répercute en écho dans la forêt de métal, atténuant par contraste le bourdonnement continu des machines. Tadashi tend l'oreille.
Il a soudain la désagréable impression d'être observé.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top