17 - Pirate (Lydia)
— Capitaine ? Capitaine, tu es là ?
Depuis son perchoir, Lydia balance ses jambes dans le vide tout en essayant d'évaluer la distance qui la sépare du sol. Elle pourrait sûrement sauter, mais la lumière n'arrive pas jusqu'en bas et elle a peur de tomber dans un trou caché.
— Capitaine ? appelle-t-elle encore.
Elle tend le cou, plisse les yeux. Les appareils autour d'elle bruissent de cliquetis électroniques et de grondements mécaniques. Des ventilateurs invisibles font danser des fils de poussière devant les ampoules tremblotantes. Ou peut-être est-ce le souffle d'une bête sauvage ? Lydia frémit. Elle sait bien qu'elle est sur l'Arcadia et que le capitaine ne laisserait jamais des bêtes sauvages monter à bord, mais son imagination s'emballe malgré tout. L'obscurité se peuple de croquemitaines et les placards de monstres, les diodes rouges sont les yeux de loups et les câbles noirs des toiles d'araignées géantes.
— Capitaine...
Sa voix se brise. Le capitaine a dit qu'elle était en sécurité, se répète-t-elle. Le capitaine ne l'aurait pas laissée toute seule dans un endroit où elle serait en danger. Hélas, elle ne peut empêcher la peur de grandir dans son ventre. Le capitaine était malade, elle l'a bien vu. Est-ce qu'il était vraiment sûr qu'elle ne risquait rien ici ? Et est-ce qu'elle est vraiment sûre que le capitaine n'est pas en danger, lui ?
Elle renifle. La forêt de métal l'impressionne, elle est trop sombre, trop dense, trop grande, trop pleine de choses qu'elle ne connaît pas, mais elle n'a pas le droit de rester pleurer dans son coin comme un bébé. Hé ! Elle fait partie de l'équipage de l'Arcadia, elle aussi : elle est une pirate ! Et un pirate, c'est courageux !
Elle s'accroche, cherche ses appuis, glisse le long d'une plaque de métal. Elle se ripe un peu les mains, mais ça ne saigne presque pas. « Je suis une pirate et je suis courageuse », murmure-t-elle pour elle-même.
Enfin, elle atteint le couloir. Ça ressemble à un tunnel, mais il y a des ampoules qui éclairent une sorte de chemin. Elle hésite. Est-ce que ça mène à la sortie ou vers un cul-de-sac ? Est-ce qu'elle doit s'enfoncer là-dedans ?
« Je suis courageuse », dit-elle encore. « Je suis courageuse ! » L'écho de sa voix rebondit contre les parois grises. Rien ne bouge. Si monstres il y a, alors ils restent cachés dans les ombres.
— J'ai pas peur de vous ! ajoute-t-elle plus fort.
Elle a attendu au moins mille minutes et le capitaine n'est pas revenu. Peut-être qu'il a trop de fièvre pour bouger, se dit-elle. Peut-être qu'il est tombé dans un trou, peut-être qu'il s'est cassé une jambe, peut-être qu'il lui faut un brancard.
Elle serre ses poings, les ramène contre sa poitrine comme le fait Tadashi lorsqu'il dit « je sais me battre, moi ! » Elle est encore trop petite pour savoir se battre mais elle est une pirate ! Et puisque le capitaine ne veut pas aller chercher de l'aide lui-même, alors c'est elle qui ira !
Elle redresse le menton avec défi.
— Capitaine, tu es malade ! Et même si t'aimes pas Grand-père il faut que tu te soignes, nom d'une loutre !
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