Chapitre 4 : Réveil difficile
Nouveau chapitre :D On arrive bientôt au vif du sujet !
Chapitre 4 : Réveil difficile
Je m'éveillai au bruit familier de la cuisine et d'une bonne odeur de chocolat chaud. Madame Pompon devait être en train de préparer le petit déjeuner. L'esprit embrouillé, je me redressai dans mon lit et posai les pieds à terre. Le contact froid avec le carrelage me fit sursauter et reprendre brutalement mes esprits : je n'étais pas chez madame Pompon ! J'étais toujours chez Toriel ! Le rouge me monta aux joues quand je compris que j'avais passé la nuit sur son canapé. Je ne me souvenais plus vraiment de ce qui était arrivé. Il y avait eu Papyrus, et le gâteau, et Toriel qui racontait des histoires... M'étais-je vraiment endormie comme une enfant ? Je ne pourrai jamais regarder Toriel dans les yeux encore une fois.
Je lançai un regard autour de moi. Neelam n'était pas dans le salon. Est-ce qu'elle était rentrée sans moi ? Elle exagérait ! Elle aurait quand même pu me réveiller ! Dans la précipitation, je tentai de récupérer mes chaussures, au pied du canapé. Mes jambes s'enroulèrent and la couverture qui me recouvrait et je tombai au sol, sur les fesses, le regard hagard. Un rire d'abord discret accompagna ma chute, puis plus franc et prononcé. Choquée, je me retournai. Installé à la table du salon, Sans venait d'assister à l'entièreté de la scène. Mes joues s'empourprèrent. Ce n'était pas exactement de cette façon que j'avais prévu de commencer la journée.
Je me redressai précipitamment, évitant tout contact visuel avec le voisin. Je repliai la couverture à toute vitesse avec maladresse, tout en bafouillant un semblant d'excuse.
— Ça arrive même aux meilleurs ! rit Sans. On s'est tous déjà endormis une fois sur le canapé de Tori. Elle y cache des somnifères pour capturer des humains inoffensifs dans leur sommeil et les manger.
Je me figeai, et relevai les yeux vers Sans. Les pupilles blanches de ses orbites avaient entièrement disparu. Il était terrifiant comme ça, plus sérieux. Plus... Je ne savais pas trop. Je n'aimais pas ça, c'était tout ce que je savais. Il dut le lire sur mon visage puisque son expression ne tarda pas à revenir à la normale. Il haussa les épaules.
— Ne fais pas cette tête, on dirait que tu as vu un squelette.
— Sans, j'espère que tu n'es pas en train de torturer notre invitée, railla la voix chaleureuse de Toriel depuis la cuisine.
Mon hôte passa le pas de la porte, une assiette de gaufres dans une main, les restes de mon gâteau au chocolat dans l'autre. Elle m'adressa un signe de tête pour m'encourager à les rejoindre à la table. Je traînai un peu des pieds, peu enthousiaste, mais finit par m'installer à côté de Sans.
Un bruit de pet retentit pendant de longues secondes lorsque mon derrière se posa sur le siège. J'adressai un regard mortifié à Toriel et Sans qui affichaient une expression... étrange. Comme s'ils... allaient exploser de rire, compris-je trop tard lorsque Sans s'effondra sur la table, incapable de se retenir plus longtemps. Je passai une main sous mes jambes et en sortit un coussin péteur.
— Sérieusement ? demandai-je, outrée.
— Il faut faire attention où l'on s'assoit, des personnes bizarres laissent des coussins péteurs sur les chaises, confia Sans.
— Mes excuses, répondit Toriel. Sans a un sens de l'humour particulier, mais on s'y habitue.
— Je n'avais pas vu de coussins péteurs depuis mes cinq ans, confiai-je. Mais ce n'est pas le sujet. Je suis terriblement désolée, Toriel. Je ne voulais pas m'endormir, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je ne fais jamais ça d'habitude.
— Oh, ne t'en fais pas, rit-elle. Tu n'es pas la première. Ta petite sœur est à l'étage. Frisk, Papyrus et elle ont décidé de s'improviser une pyjama party. Ils dorment encore.
Oh, Neelam ne m'avait donc pas abandonnée. Je souris maladroitement et saisit une des gaufres avec précaution en voyant Sans en faire de même. Elles étaient encore tiède et moelleuses comme je les adorais. J'en soupirai d'aise.
Quelque chose d'humide me poussa soudainement le coude pour se faire une place. Antoinette, le labrador de Sans, fixait ma gaufre intensément, les naseaux frétillants. Elle posa sa patte sur mon genou, puis ses oreilles s'abaissèrent pitoyablement et un petit gémissement s'échappa de sa poitrine. Je restai la main en suspension, puis plissai les yeux. C'était ma gaufre. Elle avait qu'à s'en trouver une autre. Je tentai de l'ignorer, mais elle appuya sur mon genou avec plus d'insistance.
Je levai la tête pour appeler Sans à l'aide. Le squelette se pencha sur le côté, observa un moment la patte de la chienne sur ma jambe, puis me sourit, sans rien faire.
— Bonne chance avec ça, me dit-il. Si tu ne lui donnes rien, elle ne va pas te lâcher. Si tu lui donnes quelque chose... Elle ne va pas te lâcher non plus. Papyrus est le seul à lui résister. C'est une meurtrière en série, elle prend les âmes de tout le monde. Sauf celle de Papyrus, c'est le seul à lui rés... Oh, je l'ai déjà dit celle-là, n'est-ce pas ?
Toriel hocha la tête patiemment. Il devint soudainement silencieux et détourna le regard. Je notai que ses doigts serraient un peu plus l'anse de sa tasse de café... chocolat ? Pourquoi est-ce que le liquide était rouge ? Je fronçai les sourcils, mais n'eut pas le temps de demander, Antoinette me grimpa sur les genoux pour m'avoir yeux dans les yeux, puis m'arracha ma gaufre des mains avant de s'enfuir avec. Je restai les bras ballants, choquée.
Toriel tenta vainement de la retenir, mais la chienne passa la porte du jardin et s'enfuit en courant pour savourer ma gaufre.
— Elle n'est pas censée être éduquée ? demandai-je. C'est un chien de service ?
— Elle l'était quand il l'a eu, répondit Toriel en croisant les bras, désapprobatrice. Mais Sans lui a laissé quelques... libertés depuis.
— Toinette est vieille, se défendit le squelette. Elle a bien le droit de faire ce qu'elle veut, elle a assez travaillé pour ça.
— Je suis presque sûre que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, dis-je.
— Mon chien, mes règles, conclut Sans en haussant les épaules.
Je grognai pour toute réponse et prit une autre gaufre dans l'assiette. Des bruits de pas énergétiques se firent entendre dans les escaliers. Papyrus déboula dans la pièce, paniqué, et se jeta sur la chaise à côté de moi. Je clignai des yeux plusieurs fois, sous le choc. Pourquoi tant d'empressement ? Il n'était même pas neuf heures.
— Bonjour Humain, Sans, Lady Asgore !
— Toriel... soupira notre hôte, de toute évidence habituée à ce surnom.
— Je suis profondément confus et désolé, je devais aider à faire la cuisine, mais j'ai été piégé vicieusement par Frisk et Neelam lors de la soirée hier soir et j'ai fermé mes orbites quelques minutes, et quand je les ai rouvertes, il faisait jour ! Ça ne se reproduira plus !
— Six heures et quarante minutes, nota Toriel. C'est un record.
— Je te l'avais dit, Tori, Frisk est imbattable quand il s'agit de le faire dormir, sourit Sans.
— Vous faites des paris pour savoir combien de temps il va dormir ? réalisai-je.
Papyrus ne sembla pas s'en offusquer. Il attrapa une des gaufres, un morceau de mon gâteau de la veille et les enfonça tous les deux en même temps dans sa bouche. Je le dévisageai, bouche bée. Il avait certes une mâchoire sans doute plus grande que la mienne, mais à ce point ? C'était... presque effrayant.
— Mon frangin est le plus cool, se vanta Sans, en retournant à sa gaufre.
Le plus rapide aussi. Une fois les deux pâtisseries avalées, il se leva, retira ses vêtements d'un geste expert, dévoilant une tenue de sport juste en-dessous, puis il sauta par la fenêtre, explosant la vitre au passage, et partit en courant, de toute évidence pour un jogging matinal. Je me tournai vers Toriel, qui regardait les morceaux de verre sur le sol, dépitée. Je n'avais pas rêvé, donc. Super. Et moi qui pensait que mon voisin aux problèmes de mémoire était le plus étrange dans cette rue.
D'autres bruits de pas retentirent dans l'escalier. Les cheveux en bataille, Frisk et Neelam nous rejoignîmes, visiblement en grande conversation silencieuse, à en juger par leurs mains qui signaient avec excitation. Frisk m'adressa un grand sourire, embrassa Toriel sur la joue, et s'installa en face avec ma petite sœur. Elle regarda autour d'elle, à la recherche de quelque chose.
— Papyrus est parti ? demanda-t-elle.
— Il a sauté par la fenêtre, répondis-je comme si c'était quelque chose que les gens faisaient tous les jours.
— Oh...
Un petit sourire se dessina sur son visage. Elle lança un regard à Sans, puis à moi, moqueuse.
— Bien dormi ?
— Oh, ça va hein, m'offusquai-je. C'est le déménagement, j'étais fatiguée. Et puis des tas de gens s'endorment sur le canapé en soirée.
— Pas en serrant le voisin comme un doudou, dit-elle innocemment.
J'écarquillai les yeux. Quoi ? Je fis volte-face vers Sans. Le visage cramoisi, le squelette avait détourné le regard et surveillait à présent la cuisine. Oh non... Je n'avais pas fait ça ? Quand mes yeux se posèrent sur Toriel et Frisk, je vis que tous les deux se retenaient tant bien que mal de sourire.
Mon visage s'embrasa. Je n'étais là que depuis deux jours et j'allais déjà faire le bonheur des commères du quartier. Comment est-ce que j'avais réussi cet exploit ? Mes yeux dérivèrent sur le sol alors que je bafouillai quelque chose qui ressemblait vaguement à des excuses. Sans me tapota gentiment le dos, mais n'osa pas croiser mon regard pour autant.
Le petit-déjeuner avalé, je décidai de mettre fin à ce début de journée anxiogène. Après tout, nous avions encore des cartons à déballer, et ce n'était absolument pas une excuse pour fuir au plus vite tout contact social gênant impliquant l'un de mes voisins. Je repoussai la chaise et me levai, puis adressai un signe à Neelam, qui parut déçue, mais comprit le signal.
— Nous ne voudrions pas abuser de votre hospitalité, Lady Toriel, m'excusai-je. Nous avons encore des cartons à déballer, et le chat à nourrir, et...
— Je comprends, sourit-elle patiemment. Ce fut un plaisir de vous rencontrer toutes les deux, dit-elle en passant une main dans les cheveux de son fils.
Frisk signa qu'il était lui aussi heureux de nous avoir rencontré. Je répondis que le plaisir était de même, en utilisant le même langage, ce qui le fit sourire. Je me tournai enfin vers Sans, les joues encore un peu rouges. Le squelette s'était levé et me tendait la main. Je fronçai les sourcils en remarquant une bande rugueuse et une tâche rose, dans le creux de sa main.
— Je peux voir le coussin péteur, ça ne marchera pas.
Son regard se fit triste et il me tendit l'autre main. Sans me méfier, je la pris. Un meuglement de vache retentit dans un silence contemplatif. Le sourire du squelette s'élargit un peu, satisfait. Il leva sa boîte à meuh devant mon visage. Ah, c'était comme ça ? Je pouvais lui faire payer. Je trouverais un moyen de lui faire payer, c'était une promesse.
— Eh, je comprends, dit Sans en haussant les épaules. C'est une blague à meuhrir de rire.
— Je vois ça, grognai-je en retour, peu impressionnée. Je vais meuhfuir loin d'ici maintenant.
— Comme tu meuh, rit Sans. À bientôt...
Il se figea et tira une grimace, comme s'il cherchait quelque chose. J'attendis patiemment, lorsqu'une lueur apparut dans ses yeux.
— À bientôt, Cheyenne.
— Bye ! lança Neelam. Dites au revoir à Papyrus de notre part !
Je souris, puis quittai la pièce avec ma petite sœur, non sans un dernier signe à tout le monde. Nous regagnâmes l'allée parfaitement taillée de Toriel pour retourner chez nous. Sur la route, Neelam se tourna vers moi, un sourire narquois aux lèvres. Je fronçai les sourcils. Qu'est-ce qu'elle avait encore eu comme idée ? Je ne pouvais décidément pas passer une journée tranquille depuis que j'étais arrivée ici.
— Tu l'aimes bien, hein ? demanda-t-elle.
— Qui ? Toriel, oui, elle est adorable. Elle me rappelle madame Pom...
— Pas Toriel, Sans. Tu n'as pas arrêté de rougir à chaque fois qu'il disait quelque chose. C'est à ne plus savoir qui est adolescent dans cette famille.
— Parce que tu crois que je n'ai pas vu comment tu as passé la soirée avec Frisk ?
— Ça n'a rien à voir ! Il me montrait sa collection de figurines, et après on a joué à un jeu vidéo, et après on s'est installé dans le lit pour regarder un film avec Papyrus.
— Dans son lit, hein ?
— Arrête ça ! Ce n'est même pas à propos de moi ! cria-t-elle sur un ton faussement mélodramatique.
Je lui ébouriffai les cheveux, bien qu'elle détestât ça, puis déverrouillai la porte de notre nouvelle maison.
Affalé dans l'entrée, Chamallow poussa un miaulement à fendre le cœur. Le pauvre n'avait pas mangé depuis la veille au soir et il était déjà dix heures du matin. Nous avions deux heures de retard sur le programme, et le pauvre était donc en train de mourir de faim. Je le pris dans mes bras et le portai jusqu'à la cuisine pour lui préparer sa gamelle, pendant que Neelam prenait le chemin de sa chambre.
Je posai le chat sur le comptoir, puis fouillai les cartons sous son œil inquisiteur pour trouver la pâtée, ce qui ne tarda pas. Je déversai le contenu dans le réceptacle approprié quand une tâche de couleur attira mon œil à l'extérieur. Sauf que quand je levai les yeux, il n'y avait rien. J'haussai un sourcil. Sûrement un des chats d'Undyne, elle m'avait précisé qu'ils aimaient se promener dans le jardin. J'espérai qu'ils soient sociables. Je n'avais jamais résisté à l'envie irrépressible de caresser un matou.
Chamallow miaula pour me rappeler son existence. Je posai la gamelle sur le sol et il se jeta dessus. Je grimaçai. Des morceaux peu ragoûtants vinrent immédiatement se coller aux poils de son visage. Un des inconvénients à avoir un chat avec un museau plat. Il était incapable de manger sans s'en mettre partout, et c'était un véritable défi de l'attraper derrière pour le nettoyer avant qu'il ne salisse toute la maison.
Je l'observai manger quelques instants, mais Chamallow était lent et j'avais d'autres chats à fouetter, à commencer par l'aménagement du jardin. La table d'extérieur et les chaises étaient empilées près de la porte fenêtre, là où Undyne les avait laissés la veille. Deux transats faisaient triste mine en dessous, ainsi que quelques plantes en pot que notre mère de substitution avait insisté que l'on emportât, quand bien même je n'avais jamais su m'en occuper. Avec moi, même les cactus, qui ne nécessitaient pourtant que peu d'entretien, ne survivaient pas.
Peut-être que Toriel accepteraient de les prendre ? Son jardin était beaucoup mieux entretenu que ce que le mien ne serait jamais, et ça m'éviterait de m'arracher les cheveux à la visite prochaine de ma tutrice et qui demanderait sans pitié à les voir.
J'ouvris la porte-fenêtre et me glissai à l'extérieur. Chamallow tenta un sprint pour aller dehors, mais son gros nez s'écrasa contre la vitre à la place, y laissant une marque en buée brunâtre. Charmant.
Les mains sur les hanches, je lançai un regard au mobilier d'extérieur, dans l'espoir qu'il se bouge tout seul, en vain. Si seulement je pouvais maîtriser cette magie bleue que certains monstres possédaient pour modifier leur gravité. Tout serait beaucoup plus facile.
Quelque chose de rouge et de soyeux tomba brusquement devant mes yeux. Je sursautai, surprise, avant de remarquer qu'il s'agissait de... tissu ? Je remontai les yeux le long de ce me parut être une écharpe, jusqu'à une paire d'orbites noires et un sourire gêné.
Dans une position plus qu'inconfortable, un gigantesque squelette en chemise colorée tenait en équilibre fragile au-dessus de la petite alcôve de pierre qui surplombait ma porte-fenêtre, les bras tendus de chaque côté de son corps pour ne pas basculer en avant. La longue écharpe rouge qu'il portait autour du cou pendait sous mes yeux, sur le point de se décrocher.
Le cri de frayeur qui s'échappa instinctivement de ma gorge dut être entendu dans l'ensemble du quartier. En reculant, je ne pris pas garde à cette petite marche vicieuse qui séparait la terrasse de la pelouse et m'écrasai dans l'herbe sur le dos comme une étoile de mer échouée. Le choc me coupa le sifflet net. Ma terreur ne fit que grandir quand le monstre bondit de son point d'observation pour courir plaquer une main aussi grande que mon visage sur ma bouche.
Les yeux écarquillés, je laissai le contrôle plein à mes instincts. Mon poing s'abattit avec force sur la tempe de mon agresseur qui tomba sur le côté, sonné, dans un gémissement pitoyable. Il ne l'avait de toute évidence, pas vu venir. Essoufflée, je rampai hors d'atteinte sans lui tourner le dos, prête à me défendre s'il revenait à la charge.
— Vous êtes complètement taré ! hurlai-je. Je vais appeler la police ! Ne bougez pas ou je... je... Ou je vous assomme !
— Aïe... Owie... geignit le squelette, qui s'était figé sous ma menace.
Il me lança un regard plein de détresse et je fronçai soudainement les sourcils en le reconnaissant. Je restai un long moment bouche bée, yeux dans les yeux avec Papyrus, ou plutôt sur la grande fissure qui partait du haut de son crâne jusqu'à sa mâchoire. Je venais de mettre à terre mon pauvre voisin, à peine rentré pour les vacances.
Oh non, est-ce que quelqu'un avait vu quelque chose ? Les autres étaient peut-être compréhensifs, mais ils n'apprécieraient sans doute pas que j'agresse le frère du voisin d'en face pour son premier jour de retour parmi nous.
— Oh non, qu'est-ce j'ai fait... Oh non... Euh... Papyrus ? Tout... Tout va bien ?
Un vague grognement répondit à ma question. C'était probablement mauvais signe. Que faire ? Appeler Toriel ? Ou Undyne ? Ou... Il me restait encore quelques un de ces bandages magiques qui soignaient les petites blessures que m'avait donné Madame Pompon. Est-ce que c'était une petite blessure ? Qu'est-ce que j'allais faire s'il avait une commotion cérébrale ? Les squelettes pouvaient-ils seulement en avoir une s'ils n'avaient pas de cerveau ? Mais s'ils n'avaient pas de cerveau, comment est-ce qu'ils étaient conscients en premier lieu ? Ils n'avaient même pas de nerfs pour ressentir la douleur ?
Je me posai sûrement trop de questions. Je ne pouvais pas le laisser comme ça sur le sol. Décidée, je plaçai maladroitement mes bras sous ses côtes et l'aidait à se redresser, tant bien que mal. Une main sur la tête, Papyrus ne marchait plus très droit, mais réussit à m'accompagner à l'intérieur. Je le déposai tant bien que mal sur le canapé, couché sur le dos, et posai la couverture qui empêchait Chamallow de faire ses griffes sur les coussins sur lui. Elle était ridiculement petite par rapport à sa taille, mais je n'avais pas mieux.
Le squelette ferma les yeux, toujours en se lamentant.
— Cheyenne ? appela une voix nerveuse derrière moi. Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que c'est Papyrus ? Qu'est-ce qu'il a ? Il est blessé ? paniqua Neelam.
— Il est tombé du toit, mentis-je. Et après une grosse pierre lui est tombée sur le crâne. Tu peux me trouver la trousse de soin ?
Elle hocha la tête et ses pas s'éloignèrent dans le couloir. Je restai de longues secondes debout à me ronger les ongles, priant pour qu'il ne se transforme pas en poussière sous mes yeux. Un meurtre deux jours après mon arrivée, ça ne passerait pas vraiment inaperçu.
Neelam ne tarda pas à revenir avec un pansement. Je retirai l'étiquette et le collai sur le front du squelette, le long de la fissure, puis un deuxième en dessous. C'était ridicule, mais ça ferait l'affaire. Et puis ce n'était pas comme si on pouvait faire des points de suture dans son cas. J'étais à peu près certaine que ça ne fonctionnerait pas vraiment.
Une légère lumière verte s'échappa du sparadrap et, fort heureusement, les bords de la fissure commencèrent à s'estomper. Ma petite sœur et moi-même soupirèrent de soulagement, sans doute pas pour les mêmes raisons. Papyrus sembla revenir doucement à lui. Ses orbites balayèrent un moment la pièce avant de s'arrêter sur moi, puis sur la couverture.
Je n'osai pas croiser son regard, et un long silence prit place. Gênant. Neelam décida de le rompre avant que l'on assiste à un enterrement.
— Désolée, dit-elle. Ma sœur ne voulait pas vraiment te tuer.
— Neelam ! m'offusquai-je. Je ne l'ai pas tué ! Je ne voulais pas le tuer ! Et puis qu'est-ce qu'il faisait sur le mur déjà ?
— Il était sur le mur ? demanda-t-elle, incrédule.
— Il est toujours dans la pièce et il vous entend, grogna Papyrus en se redressant. Je... Je suis désolé aussi, minauda-t-il. Je ne voulais pas vous faire peur, j'essayai simplement de rentrer sans que Sans ne me voit, avoua-t-il d'une petite voix. C'est juste que...
Il releva les yeux vers moi.
— Est-ce que je peux te parler ? En tête à tête ?
Je lançai un regard nerveux à Neelam. Ce n'était jamais bon dans une relation quand l'un des deux disait ça, et je ne le connaissais que depuis quelques heures. Ma jeune sœur croisa les bras, boudeuse, mais à mon regard suppliant, elle sortit de la pièce, emportant Chamallow avec elle en râlant à voix basse.
Une fois que la porte de sa chambre se ferma, Papyrus se redressa. Il retira la couverture. Est-ce qu'il allait se mettre en colère pour ma tentative d'assassinat raté ? Il en avait parfaitement droit. Je me sentis coupable et commençai à jouer avec mes mains par anxiété.
— Undyne m'a dit que tu venais d'emménager, et j'en ai déduit que tu devais chercher... du travail ? C'est ce qui se passe quand on déménage dans un nouvel endroit, n'est-ce pas ?
— C'est le cas. Madame Pompon me paie le loyer pour le moment, mais j'espère trouver quelque chose rapidement. Pourquoi ?
Il garda le silence un moment. Ce n'était pas le type de conversation que je pensais avoir aujourd'hui, mais toute opportunité était bonne à prendre.
— J'ai une proposition à faire, dit-il avec confidence. C'est... C'est à propos de Sans.
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