Chapitre 1: Première fois
Luna, mars 2007
— Scott je ne suis pas sûre que ce soit une si bonne idée que ça, soupirais-je.
Mon meilleur ami, installé sur une chaise en face de moi fait semblant de ne pas comprendre ce que j'essaye de lui dire depuis plus d'une demi-heure : son plan est à chier. Sérieusement, comment peut-il aller imaginer quelque chose comme ça ? Son esprit est plus machiavélique que je ne l'aurais cru.
Il continu de siroter son jus d'orange en dégustant une part du gâteau que sa mère a fait il y a une heure en fixant le tube orange dans sa main. Après avoir lu les instructions de la crème à voix haute pour que j'entende quels sont les risques (qui, d'après lui, n'existent pas), il daigne finalement lever les yeux dans ma direction, pour mon plus grand malheur. Lorsque j'aperçois une lueur de malice traverser son regard, je comprends qu'il est trop tard pour faire machine arrière et que je suis foutue.
— Mais c'est pour son bien ! Charlotte se plaint sans cesse de son mono sourcil mais elle a peur de se l'épiler. On va simplement l'aider ! s'exclama-t-il.
Charlotte est l'une des sœurs ainées de Scott. En ce moment, il faut avouer qu'elle est un peu pénible.
Sa mère nous raconte que c'est à cause de l'adolescence et que d'ici peu, nous serons aussi insupportables qu'elle. J'avoue que ça me fait un petit peu peur, elle s'énerve pour un rien et n'est jamais contente. Moi qui suis normalement quelqu'un d'assez joyeux, je n'ai pas hâte d'avoir son âge pour devenir vieille et aigrie !
Pourtant, même si elle n'est pas très agréable depuis quelque temps, je ne suis pas sûr qu'elle mérite qu'on l'épile sans son accord. En plus de ça, je me souviens qu'avant c'était la personne la plus gentille de mon entourage.
Ses longs cheveux châtains m'ont toujours fait rêver et ses yeux en amande sont les plus beau que j'ai jamais vu ! La petite bosse au bout de son nez est ce que j'appelle sa « marque de fabrique » et même si Scott s'en moque souvent, je trouve qu'elle fait tout le charme de Charlotte. Du temps où elle souriait pour un oui ou pour un non, je me souviens avoir remarquée qu'elle avait deux petits trous au dessus de ses lèvres.
Julia, la deuxième de la famille m'a dit qu'on appelait ça des fossettes et que c'était une malformation. Moi, je trouve ça trop joli !
Est-ce que c'est bien normal d'épiler la sœur d'un ami sans son accord ?
Alors que Julia traverse la cuisine à grandes enjambées, j'aperçois du coin de l'œil Scott qui range la crème.
Julia vient de fêter ses douze ans et pour son anniversaire, elle a décidée de se faire une frange ! Pour être tout à fait honnête, je ne pensais pas que ça lui irais si bien. Mais finalement quand je la vois avec son petit carré brun, je la trouve ravissante ! Les enfants Palms ont chacun leur propre couleur de cheveux. Ça m'a toujours étonnée et fait rire de me rendre compte que Scott avait les cheveux blond alors qu'aucune de ses sœurs ne lui ressemblait sur ce point. Néanmoins, leurs physique restent quasiment identiques. Les deux filles commencent à faire la même taille et leur lèvres rosées s'étirent pareillement quand elles sourient. Ils partagent aussi tous un petit grain de beauté à gauche de leur front.
En repensant à son anniversaire, je ne peux m'empêcher de me souvenir du moment où Scott a cacher tous les bonbons de sa sœur. Une fois les invités partis, nous les avons mangé dans sa chambre jusqu'à ce que l'un d'entre nous se mette à vomir, et je peux vous assurez que ce n'étais pas moi !
— Je pense que si elle a besoin de notre aide, elle peut nous le demander.
Il se gratte la tête comme si la réponse allait tomber de ses cheveux avant de me répondre :
— Peut-être que tu as raison. Mais tu crois vraiment qu'elle demanderait de l'aide à des gamins de dix ans . Parce que moi, j'en doute...
Je réfléchis un instant puis reprend une part du gâteau au chocolat. Il est vraiment délicieux ! Peut-être qu'il n'a finalement pas si tort que ça. Je pense que Charlotte nous voit comme deux enfants qui ne peuvent rien pour elle, mais c'est faux. Nous pouvons l'aider ! Ma cousine m'a déjà maquillé pour un mariage et m'a raconté qu'elle faisait des études dans l'esthétique. Est-ce qu'épiler quelqu'un fait partie de ce qu'elle apprend ? Parce que si c'est le cas, je pense que je suis capable de le faire presque aussi bien qu'elle.
— Marché conclu ! lancé-je. Par contre, il faut être discret. Si elle nous voit faire, je doute qu'on soit encore vivant demain.
— Donc on évite de lui poser un truc sur les sourcils devant le miroir ? demande-t-il l'air peu convaincu.
Je le dévisage de haut en bas en cherchant la moindre trace d'ironie sur son visage. Pourtant, il a l'air des plus sérieux, comme si ce qu'il disait paraissait normal. Est-ce qu'il comptait vraiment faire quelque chose comme ça ? Parce que si c'est le cas, je ne fais plus du tout partie du plan.
— C'est l'idée, oui.
Le reste de l'après-midi s'est déroulé sans grand problème. Nous sommes allés faire un tour de vélo dans les bois à côté de chez nous et nous sommes rentrés manger chez Scott pour dévorer l'uns des plats de sa mère. Après ça, nous avons regardés un énième film Disney puis nous sommes partis dormir. A l'origine, je devais dormir dans la chambre de Julia avec cette dernière, mais Charlotte a absolument tenu à être avec nous pour cette « première soirée entre filles ». Allez savoir pourquoi, elle a tenu à être avec nous ce soir et a mit sa mauvaise humeur de côté. Scott m'a assuré que ça ne pouvait que nous aider dans notre plan de fou furieux. Une fois dans la chambre, nous avons longuement parlées du collège dans lequel je dois rentrer l'année prochaine avec Scott. Je suis au point sur tous les ragots des collégiens et, même si Charlotte en connaissait pas mal, Julia est clairement au courant de la vie de chaque élève de cet établissement.
J'ai lutée pour ne pas m'endormir avant elle et j'avoue que ça n'a pas été facile, elle n'ont pas leurs langues dans leurs poches. Néanmoins, les ronflements de Julia m'ont assez dérangés pour pouvoir lutter contre mon sommeil.
Je me redresse debout et m'avance vers les deux sœurs avant de faire quelques signes devant les yeux des filles pour être sûr qu'elles dorment poings fermés. Aucunes des deux ne cille, je pense que c'est bon signe pour la suite du plan. Je sors à pas de loup de la chambre et vais toquer à celle de Scott à quelques mètres sans faire le moindre bruit. En à peine quelques secondes, il se retrouve devant moi, son pyjama de tortue à moitié retroussé aux manches et un tube de crème à la main. Le léger filet de lumière passant par la fenêtre ne me ne laisse pas voir ce qui est inscrit mais pourtant, je crois reconnaitre le paquet orange que Scott brandissait fièrement cet après-midi.
— C'est quoi ton truc ? demandé-je en levant un sourcil.
— Je sais pas trop. J'ai trouvé ça dans les affaires de mon père ce matin, je l'ai déjà vu s'en mettre sur les jambes. Il appelle ça de la crème dépilatoire ou quelque chose du genre.
J'hausse les épaules peu sûre de moi et de notre plan et laisse mon ami passer devant moi. D'un coup de main, je referme la porte de chambre grinçante tandis qu'il avance dans le couloir sur la pointe des pieds. Je manque d'exploser de rire en le voyant tordre des fesses devant moi et vais jusqu'à poser une main sur ma bouche pour ne pas lâcher un gloussement. Scott ne se rend pas compte de la situation et continu de marcher sans faire de bruit. Ses grandes enjambées n'arrangent en rien le retard que j'ai pris sur lui en refermant la porte de sa chambre.
— Attends-moi, beuglais-je.
Il fait demi-tour dans ma direction et un léger sourire apparait sur son visage en me voyant faussement énervée.
— C'est pas de ma faute si t'es minus Luna, dit-il en me tirant la langue.
Je lève les yeux au ciel et attrape la main qu'il me tend pour arriver à son niveau. Scott a toujours été plus grand que moi sans aucune raison apparente. C'est vrai, nous sommes nés la même année à quelques mois d'écart et ses parents ne sont pas spécialement des personnes que je peux définir comme « géantes ». Maman m'a déjà dit que c'est parce qu'il boit beaucoup de soupe alors que moi, je déteste ça. J'en ai donc parler au principal intéressé et il m'a avoué que dès que sa mère tournait la tête, il donnait son bol de soupe au chien. Jusqu'à ce jour, j'ignore donc pourquoi il fait cette taille-là.
Il ouvre doucement la porte où il est inscrit « chambre de Julia, entrée payante » et s'approche du lit de la principale intéressée. Évidemment, comme vous vous en doutez, personne n'a jamais donner une pièce à Julia pour entrer dans son antre secrète. En évitant minutieusement les magazines posés au sol, j'arrive moi aussi au lit de Charlotte sans trop de difficultés. Je me place aux côtés de Scott tandis que celui-ci ouvre le tube et me tend un genre de petite raclette transparente. Alors qu'il ouvre le tube, j'avance mon nez au-dessus de celui-ci pour sentir la crème. J'ai à peine le temps de sentir la mauvaise odeur du tube que Scott en met un petit paquet sur le bout de mon nez. Je fronce les sourcils, perturbée qu'il fasse quelque chose comme ça alors que nous sommes en mission spéciale ! A quoi est-ce qu'il joue ? Il veut qu'on se fasse voir en pleine action ? Il détourne la tête et commence à jouer avec quelques grammes de crème qu'il a fait glisser sur ses doigts.
— J'ai lu la notice, il m'informe.
— Tant mieux, ça évitera surement qu'elle se réveille avec des boutons plein le front demain, chuchotais-je.
Il se penche au niveau du front de sa sœur et appuie grossièrement sur le tube pour en faire sortir un liquide plutôt épais en grosse quantité. Il essaie d'étaler généreusement la crème entre les deux sourcils de Charlotte mais l'épaisseur sur son front ne diminue pas pour autant. C'est une véritable catastrophe.
— Tu crois qu'il y en a assez ? me demande-t-il.
— Tu en a trop mis, andouille, soupirais-je exaspérée.
Je m'approche à mon tour de notre cible et étale du bout du doigt la crème en évitant minutieusement de dépasser sur la peau. Je dépose ensuite le surplus sur la joue de Scott qui se met automatiquement à grogner. Le sourire radieux qui est habituellement toujours accroché à son visage disparait pour laisser place à une moue désorientée par mon geste.
— Tu me prend pour ton torchon ou quoi ?
— Il y en avait trop. C'est pas de ma faute si t'as vidé le tube sur la tête de ta sœur.
A l'entente de ma plainte, Charlotte se met à bouger et même à grogner. Ce n'était pas prévu qu'elle devienne somnambule en pleine nuit, il faut se l'avouer. Pour me féliciter de mon manque de discrétion, Scott fait semblant de m'applaudir en faisant quelques grimaces. Peu honteuse, je vais jusqu'à lui faire une petite révérence et il ne peut s'empêcher de sourire.
Nous contournons donc le lit pour nous retrouver de l'autre côté, une nouvelle fois face à Charlotte qui dort à poings fermés. Nous nous asseyons quelques minutes sur le tapis à côté de son lit laissant la crème poser quelques minutes comme il est indiqué sur la notice. Pendant ce temps, nous décidons de choisir la personne qui enlèvera la crème avec la raclette. Pour des raisons pratiques, Scott me désigne automatiquement et me raconte qu'il ne pourra probablement pas garder son calme face à une situation pareille.
Quelques secondes après la fin de notre discussion, je me redresse et commence à enlever la crème le plus délicatement possible. En me voyant opérer, mon acolyte ne peut évidemment s'empêcher de laisser échapper quelques gloussements. Franchement, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Il va foutre son propre plan complètement en l'air !
Alors que Charlotte recommence à bouger, j'attrape Scott par le poignet et l'entraine sous le lit. Pendant la descente, il manque de se cogner contre le sommier de sa sœur. Étrangement, les catastrophes comme celles-ci n'arrivent qu'à lui et souvent dans ce genre de situation. Alors que nous sommes tous deux allongés sous le matelas, nous sentons un poids se redresser au-dessus de nos têtes. C'est très mauvais signe.
— Scott ? Tu es la ?
C'est pas possible. Merci Scott. Vraiment, merci. Il fallait que sa sœur reconnaisse son rire, on est foutu !
Nous sommes tous les deux allongés sous le sommier, et plus aucun bruit ne se fait entendre dans la chambre. Tout à coup, je sens une poigne chaude m'attraper fortement le poignet. Dos à moi, Scott me fait signe de trouver une excuse pour que sa sœur se rendorme paisiblement, ce que je ne tarde pas à faire :
— Non, c'est Luna. Je suis allée faire pipi.
Évidemment, mon compère est obligé de poser sa main sur sa bouche pour ne pas exploser de rire. Je lui mets une petite tape sur l'épaule avec ma main libre et heureusement pour notre survie il se calme rapidement.
— Ah d'accord. Bonne nuit Luna, chuchote Charlotte.
— Bonne nuit.
Elle ne semble pas s'apercevoir que ma voix provient de sous son lit puisqu'elle se rallonge et s'endort en moins de deux. Nous attendons quelques minutes sans bouger pour n'éveiller aucuns soupçons jusqu'à ce que Scott sorte de notre cachette en roulant sur lui-même. A pas de loup, je le raccompagne jusqu'à la porte d'entrée puis lui tend la petite raclette recouverte de poil bruns.
— Trop forte ! dit-il en me tapant dans la main.
Avant de refermer la porte, il pose ses mains sur mes cheveux et dépose un léger baiser sur mon front dégoulinant de sueur. Il faut dire que faire des choses interdites ne me réussis pas trop. En sentant mon front mouillé, il ne peut s'empêcher de glousser comme un idiot. C'est vrai que se moquer de sa meilleure amie est son passe-temps favori, comment pourrais-je l'oublier ? Devant ma moue boudeuse, son sourire disparait pour laisser place à une large grimace.
— A demain, Lu !
— Ne m'appelle pas comme ça !
Scott adore me donner des surnoms idiots, mais « Lu' » est de loin celui que je déteste le plus. Pourquoi vouloir raccourcir un prénom qui est déjà court ? Depuis qu'il m'appelle comme ça, toute ma famille l'imite pour mon plus grand malheur !
Je referme la porte avant qu'il puisse enchérir quelque chose de plus et pars me recoucher tranquillement dans mon lit douillet. La couette remontée jusqu'à mes oreilles et les pieds plus réchauffés que jamais, je m'endors comme la plus heureuse des petites filles. Cette nuit, j'ai aidée une amie, et ça, ça n'a pas de prix !
Étrangement, le lendemain matin, je peux vous assurer qu'en voyant la tête de Charlotte, nous avons pris nos vélos et sommes partis rapidement. Elle n'avait plus son affreux monosourcil mais il lui manquait aussi une grande partie des poils habituellement au-dessus de ses jolis yeux clairs. C'est vrai qu'avec la pénombre, ni moi ni Scott n'avions vu qu'il lui manquait la moitié de ses sourcils ! En apercevant la tête de sa sœur dans la cuisine ce matin, j'ai bien cru que Scott allait exploser de rire et que Julia allait nous balancer sans le moindre regret. Heureusement, nous courrons vite, ou du moins, plus vite qu'une fille de quatorze ans folle énervée !
Bonjourrr !!!! (ou bonsoir, ça dépend de l'heure à laquelle tu lis ça... Bref bienvenue)
Voilà le tout premier chapitre de STDN aka Souviens toi de nous. J'étais tellement pressée de poster ce chapitre qu'il arrive avec quelques heures d'avance mais je ne pense pas que ça vous dérange ;)
Qu'est-ce que vous pensez de ce chapitre ? Il met bien dans le contexte de l'histoire d'après vous ? Vos prévisions pour les chapitres suivants ?
Comme pour Rôles inversés, il y aura des changements de pdv à chaque chapitre mais je publierai seulement deux chapitres par semaine. Jusqu'à la fin des vacances scolaire, je pense postée le mardi et le samedi à 15h, vous en dites quoi ?
J'ai hate d'avoir tous vos avis et retours sur ce chapitres, des bisous et à samedi !
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