Jour 8
Je l'imaginais grand, brun, les yeux de la même couleur que ses cheveux, mince et pas très musclé. Mes parents ne m'avaient pas donné beaucoup de détails à son propos, et je dois avouer que je ne m'en étais pas vraiment préoccupée. J'étais beaucoup plus intéressée par ce qu'ils avaient à me dire sur moi.
Du coup, je m'étais fais ma propre image de lui. Dans ma tête, c'était un intello à lunettes très mignon, un peu plus grand que moi, mais je me trompe surement.
Je sortais de la douche et me regardais dans le miroir, ce qui pouvait me faire passer pour la fille la plus narcissique du monde. Chaque jour, je restais quelques minutes devant mon miroir à seulement regarder mon visage, et j'adorais plus particulièrement mes yeux et mes cheveux. Toutefois, je devrais laisser pousser ma frange. Ce n'était pas très jolie, je trouve.
J'avais découvert une petite cicatrice, juste sous mon sourcil droit. Je ne l'avais jamais vue avant, c'était donc que je ne me regardais pas tant que cela, non ? J'essayais de me convaincre comme je le pouvais que mon égo n'était pas surdimensionné...
Je brossai mes cheveux après les avoir essuyés avec une serviette, mais ne pris pas la peine de les sécher complètement. Ils sècheront tout seuls. J'appliquai une crème sur mon visage et ne me maquillai pas. Mes parents m'avaient apporté tout un nécessaire de maquillage mais je n'en voyais pas l'utilité. J'étais à l'hôpital, pas dans un gala. Et si Jordan est mon meilleur ami depuis ma naissance, c'est qu'il avait dû me voir de nombreuses fois sans maquillages.
Je passai une robe bleu ciel qui m'arrivait juste au dessus de mes genoux, et qui descendait souplement sur mes hanches, et je sortis de la salle de bain.
La porte de la salle de bain était juste en face de mon lit qui, étrangement était occupé par un homme. Il était couché et feuilletait le livre que j'avais commencé. Je ne sais pas qui c'était, mais il était sans gênes ! Je me raclai la gorge pour attirer son attention. Il ferma le livre et le reposa à sa place, se redressa pour s'asseoir sur mon lit et me fixa avec un grand sourire.
- Jordan ? demandai-je en fronçant les sourcils.
- Ouais.
Son sourire s'élargit encore plus ce qui rendit son visage magnifique. Je l'avais imaginé mignon, mais il l'était encore plus. Il était vraiment très beau. Sa peau était assez bronzée, ses cheveux bruns étaient en désordre et ses yeux clairs me fixaient intensément. Je ne voyais pas la couleur de ceux-ci d'où j'étais, mais son regard était perçant.
Il se leva et fit un tour sur lui-même en écartant les bras. Il portait un short bleu marine en tissu léger qui descendait jusqu'à ses genoux, ainsi qu'un tee-shirt blanc où était inscrit quelques écritures en noir. Une paire de baskets blanches complétait sa tenue simple et décontractée.
- Alors ? me dit-il en souriant.
- Alors quoi ?
- Et bien, tu me trouves comment ?
- Sérieusement ?
Il hocha la tête et attendait ma réponse. C'est qui ce type ? Il est vraiment étrange.
- Ça va tu veux le dire que je suis magnifique, je ne le prendrai pas mal, me sourit-il malicieusement.
- L'adjectif prétentieux te conviendrait le mieux, mais c'est vrai que tu es pas mal.
- C'est un compliment, donc je le prends quand même, rit-il.
Il s'approcha de moi, alors que j'étais toujours immobile devant la porte de la salle de bain. Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Comme avec la rencontre de mes parents il y a quelques jours.
- Tu m'as manqué, Nikky, reprit-il sérieusement. Est-ce que je... Je peux te prendre dans mes bras ?
Il était maintenant à moins d'un mètre de moi et je devais lever légèrement la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. Ces yeux étaient donc gris clairs, et vraiment sublime.
- S'il te plait ? murmura-t-il.
- Hum. Je ne pense pas que...
Voyant une lueur de déception dans ses yeux, je suis revenue sur mes mots.
- D'accord.
Il me sourit sincèrement et enroula ses bras musclés autour de ma taille, me rapprochant de lui. Il ne me serrait pas très fort, et se recula au bout de quelques secondes après avoir embrassé rapidement ma joue. Ses mains s'immobilisèrent un instant supplémentaire sur mes épaules, comme s'il ne voulait pas me lâcher. Ce qu'il fit après quelques secondes.
Je baissai la tête pour admirer mes pieds nus et pus apercevoir ce qui semblait être un tatouage sur son mollet gauche. Je me dirigeai vers mon lit pour m'asseoir au bout de celui-ci.
- Merci, me dit-il en s'asseyant près de moi.
- Je t'en pris, répondis-je, toujours sans le regarder.
Un silence plutôt pesant s'installa dans la pièce. Je m'écartai de lui, sa proximité me gênant un peu, et m'appuyai le dos contre ma tête de lit, avant de rompre ce silence.
- Parle-moi de toi.
- Tu veux savoir quoi ? me demanda le beau jeune homme en me souriant.
- Tout.
Il inspira un bon coup et se lança dans un monologue.
- Bon alors : je m'appelle Jordan Stark, j'ai dix-sept ans et j'habite chez toi depuis un peu plus de deux ans. Ou non : plutôt depuis dix-sept ans. C'était soit tu dormais chez moi, soit je dormais chez toi. Depuis tout petits, on a toujours été inséparable, en particulier grâce à nos parents qui étaient tout le temps ensemble. On était quasiment voisins en plus alors ça facilite tout cela. Mes parents sont partis en Australie il y a deux ans, mais comme j'avais pas envie de partir, je me suis invité chez toi. Je voulais t'emmener avec moi mais ton père n'était pas vraiment d'accord, rit-il. Donc j'ai sacrifié l'Australie, mais je ne regrette absolument rien : tu m'aurais trop manqué pendant cinq ans.
J'aimais beaucoup sa voix. Elle était grave et à la fois douce, ce qui est étrange. Ça ne m'étonne pas qu'il soit mon meilleur ami, il avait vraiment l'air gentil, amusant et attentionné.
- Ça doit être beau l'Australie, pensai-je. J'y suis déjà allé ?
- Non, et moi non plus.
- Tu as raté une occasion, lui dis-je en souriant.
- J'en aurai d'autres !
Un nouveau silence s'installa. J'avais tellement de questions à lui poser mais je ne savais pas par quoi commencer. J'avais tellement de choses en tête, c'était incroyable, mais il fallait que je commence par quelque chose.
- Tu étais là quand je me suis noyée ?
- Oui... soupira-t-il en s'allongeant sur la largeur du lit, laissant ses pieds au sol.
Il semblait réfléchir à la manière dont il allait aborder le sujet.
- C'est de ma faute tout ça, Nikky.
- Pourquoi ?
- On était dans la piscine de chez toi avec plusieurs amis à nous un après midi. Tu as sauté dans l'eau et Simon a fait de même juste après toi, sauf qu'il a atterrit sur toi, tu t'es cogné la tête au fond de la piscine, puis tu t'es évanouie, et tu t'es noyée.
Il avait les yeux rivés au plafond et triturait nerveusement ses doigts. Je ne comprenais pas où il voulait en venir. D'accord, je m'étais noyée mais je ne voyais pas en quoi il était responsable.
- Pourquoi est-ce de ta faute ? Tu n'apparais pas vraiment dans l'histoire, ris-je en essayant de le détendre un peu étant donné qu'il avait l'air anxieux.
- Justement. Je n'apparais pas parce que je n'étais pas là pour venir t'aider à ce moment là. J'étais sur les transats avec les autres. Quand j'ai vu Simon te ressortir de l'eau, et que tu étais inerte, j'ai eu tellement peur, si tu savais.
Il se redressa pour s'asseoir face à moi et son regard était empli d'effroi et de terreur. Je ramenai mes jambes contre ma poitrine pour augmenter la distance entre nous, et j'arrangeai ma robe pour ne rien laisser voir. Il continua ses excuses.
- Je me suis précipitée pour venir l'aider à te sortir de l'eau et j'ai essayé de faire évacuer l'eau dans tes poumons pendant plusieurs minutes. Tu as fini par recracher tout ce que tu avais avaler mais tu ne t'es pas réveillée. Je ne savais plus quoi faire et je...
- Arrête, l'interrompis-je.
- Non, Nikky. J'ai...
- Stop. Ce n'est pas de ta faute. C'est de la mienne si je n'ai pas été capable de remonter. Ce n'est même pas de la faute de Simon, donc c'est loin d'être de la tienne.
Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais je l'arrêtai de nouveau en lui disant d'arrêter de s'excuser. Il n'avait pas l'air de mon avis, mais il a tout de même fermer sa bouche. Avant de la rouvrir, évidemment.
- Il s'en veut terriblement, tu sais ? Presque autant que moi... ajouta-t-il en marmonnant.
- Tu lui diras qu'il n'a pas de quoi s'en vouloir, et que rien n'est de la faute de personne. Maintenant, parlons d'autre chose s'il te plait ! lui dis-je en souriant.
- Comme tu voudras, souffla-t-il en me rendant mon sourire.
Un silence s'installa durant lequel il me fixait. Je détournai le regard pour admirer intensément ma robe.
- J'ai donc une piscine ? lui souris-je.
- Ouais. Et une grande maison !
Il exagéra sur le mot " grande " en riant et commença à me décrire la demeure où je vais résider très prochainement. J'allais donc vivre dans une maison construite sur deux étages, entourée d'un grand jardin, possédant une grande piscine creusée. Pas de terrain de tennis, ni de golf donc. Ce n'était pas vraiment important, mais je pense que je saurai parfaitement me contenter d'une piscine. Oh que oui ! Surtout quand je l'entend me dire que la maison est vraiment grande et belle, tout comme chacune des pièces.
- Tu crois que je vais pouvoir rentrer bientôt ?
J'avais hâte de voir où j'habitais, ça avait l'air génial.
- Honnêtement, je n'en ai aucune idée. Mais comme les médecins disent que tu vas bien, je ne vois pas pourquoi ils te garderaient encore longtemps. A part ta mémoire, tout va bien, non ?
- Oui, je vais bien. Je vais même mieux aujourd'hui, je crois.
- Pourquoi ça ? me demanda-t-il avec un sourire entendu.
- Sûrement parce que j'ai vu mes parents les trois derniers jours et que j'en ai appris beaucoup plus sur moi que ce que je m'attendais.
- Et ? insista-t-il.
- Et quoi ?
Je savais ce qu'il voulait que je lui dise, mais ça m'amusait.
- Et peut-être aussi grâce à toi, lui souris-je timidement. Tu m'en as aussi appris beaucoup sur moi, et ça m'a fait du bien, et puis, ça change de parler avec quelqu'un de mon âge !
Il rit et ouvrit la bouche mais il fut interrompu par quelqu'un qui frappa à la porte. C'était une infirmière qui m'apportait mon repas. Ca me dérangeait un peu de manger devant lui mais j'ai pris ma fourchette en souriant quand il a sortit un sandwich de son sac à dos, qui était posé contre mon lit.
- Heureusement qu'elle est arrivée, je mourrais de faim ! s'exclama-t-il avant de mordre comme un affamé dans le pain.
Il poussa un soupir de soulagement en mâchant, ce qui me fit rire.
- Quoi ? me demanda-t-il, la bouche pleine.
- Rien rien.
Je piquai un morceau de viande non identifiable, sans pour autant avoir faim, et le mis dans ma bouche. De son côté, il a engloutit la totalité de son sandwich en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, puis il en a sortit un deuxième qui a subit le même sort. Comme je n'avais plus faim après avoir manger la moitié de mon assiette, je lui ai tendu mes restes. Ce n'était pas très classe mais il regardait ma nourriture comme si c'était le dernier truc mangeable sur Terre. Il l'a prit et à tout avaler, sans hésiter.
- Dis moi, ça fait combien de temps que tu n'as pas manger ? dis-je en riant.
- Seulement depuis ce matin.
- Heureusement ! m'exclamai-je ironiquement.
Il a explosé de rire et m'a demandé si on pouvait sortir faire un tour dans les jardins. On a attendu que l'infirmière revienne prendre mon plateau et elle a d'ailleurs été étonnée qu'il soit vide pour une fois, ce que j'ai justifié par une faim immense.
Dans l'ascenseur, je pouvais voir que Jordan me regardait bizarrement. Je baissai la tête pour me regarder et essayer de comprendre ce qui clochait mais je ne voyais pas.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?
- Non non tout va bien, me sourit-il.
- Alors pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Parce que tu m'as manqué. Et aussi parce que cette robe te va très bien !
- C'est pas ce que je met d'habitude ?
- Si.
Il me souriait toujours et on sortit de l'hôpital. Il faisait très chaud et j'avais bien fait de mettre une robe légère.
- Ça fait bizarre de ne pas t'entendre parler, s'amusa Jordan.
- Désolée, c'est qu'il y a tellement de chose que je veux savoir que je ne sais pas par quoi commencer.
- Pose moi n'importe qu'elle question et je te répondrai.
Je réfléchis un instant et me lançai.
- Ok. Alors : j'ai quel caractère ?
- C'est ça que tu veux savoir en premier ? dit-il en explosant de rire.
- Oui. Tu comptes me répondre ? lui demandai-je en m'arrêtant, les bras croisés sur ma poitrine.
Il me sourit de toutes ses dents et me répondit.
- Bien sûr. Si tu veux tout savoir, tu es incroyablement têtue, chiante, bornée et complètement folle. Mais c'est comme ça que je t'adore, ajouta-t-il en pinçant ma joue.
Il continua d'avancer en riant.
- Sérieusement ? me renfrognai-je.
- Oh oui ! Aller, viens. Question suivante ?
Je le rejoignis et continuai de bouder.
- C'est dommage, je commençais à t'apprécier...
- Bon d'accord. Tu es aussi adorable, gentille, amusante, compréhensive, belle, forte, courageuse...
- C'est bon ! J'ai compris, merci.
On resta dehors quelques temps avant de rentrer pour que je puisse aller faire mes examens. En entrant dans ma chambre, il s'est assis sur mon lit et je me suis installée à côté de lui.
- Merci d'être venu.
- Merci d'avoir accepté de me voir, rétorqua-t-il en prenant ma main.
Le docteur Minau entra dans ma chambre.
- Nikky c'est l'heure.
- J'arrive.
Je me suis levée, suivie de Jordan. Il me surprit en me prenant dans ses bras, et je me laissai faire.
- Je t'adore Nikky. On se revoit bientôt à la maison.
Il me sourit et m'embrassa sur la joue, avant de sortir en me faisant un petit signe de la main.
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