Son regard était brûlant de désir sur moi lorsqu'il se détacha de mes lèvres. Sans même lui demander, je savais qu'il voulait la même chose que moi. Parce que je le voyais dans ses yeux, je le percevais dans ses gestes, et je le sentais dans ses baisers, devenus plus demandeur depuis plusieurs jours.

D'un seul regard, on se comprit.

Il retira mon tee-shirt d'une lenteur délectable et sema une multitude de baisers sur ma peau, commençant sous mon oreille, pour continuer jusqu'à la naissance de mes seins, ne faisant qu'accélérer ma respiration.

Jordan s'agenouilla face à moi et embrassa mon ventre, son regard toujours rivé au mien, puis il déboutonna mon short et le fit glisser le long de mes jambes. Lentement, sans jamais quitter mes yeux une seule seconde.

Ses doigts glissèrent sur ma peau, allant de mes chevilles jusqu'à mes hanches pendant que ses lèvres chatouillaient délicieusement mes cuisses, et que ses dents m'effleurèrent de temps à autre.

Quand il se remit debout, je finis tomber son short au sol. Il le laissa à sa place et m'attrapa par les hanches pour me soulever. Instinctivement, j'enroulai mes jambes autour de sa taille et ses lèvres trouvèrent à nouveau mon cou. Un gémissement de plaisir s'échappa de mes lèvres et il nous emmena vers mon lit, où il m'allongea avec délicatesse. Ses mains passèrent sous moi pour dégrafer mon soutien-gorge et ses lèvres ne perdirent pas de temps avant de se poser sur mes seins.

Ses mains étaient partout sur moi. Sa langue aussi et ça me rendait folle. J'étais folle de lui. Et je le voulais, plus que jamais.

Un gémissement de ma part se mêla à un grognement de satisfaction de la sienne quand je le rapprochai de moi pour que ses hanches se collent aux miennes.

Haletante et transpirante, je me redressai d'un seul coup dans mon lit. Je mis un moment à reprendre mes esprits et à comprendre ce qu'il venait de se passer. Ou du moins, j'essayais de comprendre. Était-ce un souvenir ou bien un rêve ? Que ce soit l'un ou l'autre, je me sentis rougir incontestablement.

Je sentais encore les mains de Jordan sur moi. J'avais encore le goût de ses baisers. J'entendais encore sa respiration anormalement rapidement contre mon oreille et son souffle chaud sur ma peau brûlante.

Une faible pression sur mon épaule me fit sursauter et je me tournai vers Jordan, qui me fixait, légèrement inquiet, les yeux à moitié fermés.

- Tout va bien ? demanda-t-il d'une voix endormie.

Je hochai la tête.

- Tu es sûre ? Tu as fait un cauchemar ?

Je secouai la tête en faisant tout pour ne pas croiser son regard. Toutefois, ses doigts se faufilèrent dans mes cheveux et une pression sur ma nuque me fit tourner la tête.

Je déglutis difficilement en posant mes yeux sur ses lèvres et ce n'était pas pour aider mon cœur à se calmer ! Et sa main qui vint se coller sur ma joue n'en ajouta que davantage à mon état de... Je ne savais même pas comment je pouvais qualifier ce que je ressentais. Tout se mélangeait : entre le trouble, la honte, la gêne, la peine, l'angoisse, le désir, le besoin, le bonheur, le regret... Je ne savais pas quel sentiment prédominait sur moi, et j'étais totalement perdue.

- Nikky ? m'appela à nouveau Jordan.

Je clignai rapidement des yeux, comme pour me réveiller, et sautai du lit immédiatement. Le sol était tellement frais comparé à ma température corporelle en ce moment au dessus de la moyenne qu'un frisson parcouru l'intégralité de mon corps en l'espace d'une seule seconde.

- Qu'est-ce que tu fais ? m'interrogea-t-il en s'approchant du rebord du lit.

Je me reculai immédiatement en direction de la salle de bain.

- J'ai... Je... Je vais prendre une douche, bafouillai-je avant de m'enfermer dans la pièce attenante à ma chambre.

La voix de Jordan me parvint à travers le bois.

- Nikky sors de là ! m'ordonna-t-il en toquant doucement. Il est plus de quatre heure du matin, tu auras tout le temps de te laver plus tard.

Je ne reconnaissais pas le reflet que j'avais en face de moi. Mes cheveux étaient dans un désordre monstre, mes joues plus rouges que les murs de ma chambre, mes yeux brillant de quelque chose que je ne connaissais pas, ma poitrine ne faisait que de se soulever rapidement et mes mains tremblaient légèrement.

Ce n'était qu'un rêve. Ce n'était qu'un rêve stupide que pouvait faire de nombreuses femmes ou adolescentes de mon âge. Un rêve troublant, certes, mais c'était seulement un rêve.

- Nikky ! Réponds-moi !

Je me déshabillai rapidement et reportai mon regard sur moi. Mon cœur commençait à ralentir la cadence petit à petit, ma main sur le côté gauche de ma poitrine en attestait.

- Nikky ! cria Jordan, me faisant redescendre sur Terre. Je te jure que si...

- Ça va Jordan, le coupai-je. Je prends seulement une douche. Tais-toi où tu vas réveiller tout le monde.

- Je me fiche que tout le monde soit réveillé : ouvre-moi cette porte !

- Je vais bien, Jordan, dis-je pour tenter de le rassurer. Je te rejoins dès que j'ai finis.

Et avant qu'il ne puisse répliquer quoique ce soit, j'allumai l'eau de la douche à fond, laissant les jets brûlants détendre mes muscles.

Je restai de longues secondes immobiles, debout, le dos appuyé contre le carrelage qui recouvrait les parois. Les yeux fermés, je me laissais aller à me remémorer ce rêve. Chaque geste. Chaque souffle. Chaque son. Chaque regard.

Tout.

Tout m'avait paru tellement réel et si intense !

C'était à cause d'hier soir que j'avais fait ce rêve. C'était à cause du baiser de Jordan dans lequel je m'étais totalement perdue la veille que j'avais pensé à lui de cette façon. Et c'était seulement à cet instant que je me rendis compte de ce qui avait failli se passer suite à ce baiser brûlant d'un désir charnel si puissant qu'il m'avait fait oublié jusqu'à mon prénom. J'avais totalement oublié qui j'étais hier soir. Encore une fois.

Je savais maintenant ce qui n'allait pas la veille. Malgré mon amnésie momentanée, je m'étais rendue compte que quelque chose n'allait pas. J'avais perdu la mémoire. Tout oublié. Par conséquent, ça ne faisait que deux jours que je sortais avec lui, et non trois ans. Mon corps avait peut-être voulu plus, mais pas ma tête - ou du moins, le peu de cellules grises encore capable de fonctionner à ce moment-là. Ça allait définitivement trop vite. Beaucoup trop.

Et puis, maintenant que j'y repensais, en trois ans, Jordan et moi avions probablement été plus loin que quelques baisers enflammés comme celui d'hier. Alors peut-être était-ce réellement un souvenir et non un rêve. Je devrais le lui demander, mais ce n'était pas le genre de question que j'apprécierais lui poser. Certainement pas !

Après de longues minutes à penser et repenser exactement aux mêmes choses, je sortis de la douche, nouant une serviette à ma poitrine. Je me sentais mieux mais ce n'était toujours pas la perfection.

Des coups frappés à la porte me firent sursauter.

- Tout va bien Nikky ?

- Oui.

- Alors ouvre s'il te plait, quémanda Jordan d'une voix désespérée.

- Une minute, je m'habille.

- Une minute pas une de plus. Que tu sois habillée ou non, j'enfonce la porte dans soixante seconde.

Ne sachant pas s'il était sérieux, je préférais ne pas prendre de risque et... Je me rendis compte que je n'avais pas pris de vêtements de rechange.

- Jordan ?

- Oui ?

- J'ai oublié de prendre des vêtements...

Malgré son inquiétude présente depuis mon réveil, j'entendis un faible rire résonner dans la pièce d'à côté.

- Vas-y. Je ne regarde pas.

- Tu promets ?

- Oui.

Par prudence, je passai ma tête dans l'entrebâillement de la porte après l'avoir déverrouillée. Ainsi, je pus constater que Jordan était assis contre le mur, près de la porte de la salle de bain, la tête rentrée dans ses bras.

- Mais dépêche-toi, je ne compte pas rester comme ça pendant une demie-heure, marmonna-t-il.

Je ne répondis pas et me précipitai à mon dressing. J'attrapai les premiers bouts de tissus que je vis avant de retourner dans la salle de bain. Je m'habillai rapidement et ressortis. Jordan n'avait pas bougé et je m'en voulais un peu de l'avoir empêché de dormir.

Je m'asseyai à ses côtés et laissai tomber ma tête toute mouillée sur son épaule.

- Excuse-moi, soufflai-je.

- Il est cinq heure et demi du matin Nikky. Tu crois vraiment que c'est la bonne heure pour prendre une douche d'une heure et demie ? me demanda-t-il en relevant la tête vers moi.

Surprise, j'écarquillai les yeux. J'étais restée aussi longtemps sous l'eau chaude ?

- Oui tu es restée là-dedans tout ce temps, répondit-il malgré mon silence.

- Je ne pensais pas... murmurai-je en baissant les yeux.

- Viens là.

Il me fit signe de venir sur ses genoux. Les quelques secondes de réflexion que j'avais prise provoquèrent un froncement de sourcils d'incompréhension de la part de Jordan. Lequel s'effaça quand je décidai de me blottir contre lui. Il resserra ses bras autour de moi, un peu trop fort. Mais je ne fis aucun commentaire et me laissai aller dans la chaleur de ses bras.

Lui non plus ne prononça pas un seul mot. Un silence total. Un silence rassurant après le fiasco qui avait eut lieu dans ma tête ces dernières minutes.

***

Depuis la baie vitrée, j'écoutais les bruits de l'eau provoqué pas les mouvements de Jordan. Malgré le ciel sombre de la nuit, je percevais sa silhouette qui faisait des allers et venues dans le bassin.

Il y avait de ça une vingtaine de minutes, il m'avait demandé si je voulais aller me baigner, et comme je lui avais répondu par la négative, il y était allé seul. Mais je voulais le rejoindre. Je portais même mon maillot de bain sous mon pyjama, mais je ne savais pas si j'aurais le courage de retirer mon short et mon débardeur.

Je crois que j'appréhendais le regard de Jordan sur moi maintenant que je savais. Et surtout après ce rêve ! J'avais l'impression que ses yeux pouvaient lire en moi, et que c'était pour cette raison qu'il ne m'avait toujours pas posé de question sur cette nuit. On était allé se recoucher peu après six heure et depuis son réveil à treize heure, il n'avait pas décroché un mot sur ce qu'il s'était passé. Il m'avait parlé comme à son habitude, sans faire aucune référence que ce soit sur ma douche nocturne. Était-ce parce qu'il ne voulait pas savoir ? Ou parce qu'il attendait que je parle de moi-même ?

La seconde option était surement la bonne, mais je ne pourrais pas lui en parler. C'était trop... privé. Toutefois, si le flash de cette nuit était un souvenir et non un rêve, plus grand chose de moi n'était privé. À cette seule pensée, mes joues prirent feu malgré la fraicheur de la nuit.

Quelques minutes passèrent avant que mes pieds ne me porte jusqu'à la piscine. Jordan nageait sous l'eau. Aussi, j'en profitai pour retirer mes vêtements et descendre les quelques marches pour entrer dans l'eau.

Il ne s'arrêta de nager que lorsqu'il arriva près de moi. Il planta un baiser sur ma joue avant de s'asseoir sur les marches, l'eau lui recouvrant la moitié de son buste, et je fis de même.

- Je croyais que tu ne voulais pas venir ? me taquina-t-il.

- L'appel de l'eau. Je ne peux pas y résister je crois, ris-je.

- Ou alors, je te manquais.

Je me tournai vers lui. Il arborait un large sourire arrogant et je l'éclaboussai gentiment avant de partir nager. Quand j'eus atteint l'extrémité de la piscine, Jordan m'avait déjà rejoint et je ne pouvais pas m'échapper. J'étais dos au carrelage du bassin, et lui, face à moi. L'eau m'arrivait juste sous le menton, et je ne pouvais pas fuir son regard. Pour être certain que je ne m'échappe pas, ses mains reposaient de part et d'autre de ma tête sur le rebord de la piscine. Il avait reprit son sérieux et ses yeux gris foncés à cause de la nuit noire semblaient réclamer des réponses.

- Parle moi Nikky. S'il te plaît, m'implora-t-il tout bas.

Je secouai négativement la tête sans rompre le contact visuel.

- Pourquoi ? J'ai fait quelque chose de mal ?

Pourquoi croyait-il toujours faire quelque chose de mal chaque fois que je n'allais pas bien ? Une seconde fois, je secouai la tête.

- C'est à cause d'hier soir alors ?

Hier soir ? Oui, en quelques sortes. Certainement que sans ça, je n'aurais jamais récupéré ce souvenir - ou fait ce rêve.

Il continua :

- Écoute, je suis vraiment désolé pour hier. Je... Je me suis laissé emporté et... Excuse-moi. Excuse-moi Nikky, bafouilla-t-il à une vitesse hallucinante.

- Pourquoi tu t'excuses ? lui demandai-je doucement en essayant de contrôler tant bien que mal mon embarras. Tu n'as pas à t'excuser.

Il mit un peu de distance entre nous, ce qui m'arrangeait beaucoup en ce moment.

- Si. Bien sûr que si. Pendant un instant, hier soir, j'ai oublié que... Que tu n'avais plus aucun souvenir. Et du coup, tout ça c'est nouveau pour toi alors... Je suis désolé de t'avoir... Brusquée...

Cette fois-ci, c'était lui qui fuyait mon regard. J'avais raison : en trois ans, on avait fait bien plus que s'embrasser, mais je voulais en avoir la certitude. J'allais lui faire beaucoup de peine en lui posant cette question, mais je voulais savoir.

- Est-ce que...

C'était difficile à formuler comme question... En plus, ces yeux s'étaient de nouveau accrochés aux miens au moment où j'avais ouvert la bouche.

- Toi et moi, on... On a déjà...

- Oui.

Je hochai doucement la tête, n'osant plus le regarder. Je l'avais déjà deviné mais le fait de l'entendre vraiment me l'affirmer me faisait plus mal que je ne le pensais, et être là, face à lui, presque nue, me gênait à un point inimaginable. Pourtant, c'était certain qu'il m'avait vu avec bien moins que ça, mais ne pas m'en souvenir était horrible.

Sa main se posa sous mon menton pour me faire relever la tête mais je ne cédai pas. Il le comprit et m'attira simplement contre son torse pour me prendre dans ses bras.

- Ne te fais pas de soucis pour ça Nikky, murmura-t-il en caressant mes cheveux. J'attendrai le temps qu'il faudra. Tant que tu me laisses être près de toi, ça me suffit. Je t'aime tellement...

Je me doutais qu'il serait patient. Il l'avait été le temps que je redécouvre mes sentiments pour lui alors c'était certain qu'il le serait pour ça aussi, mais ça me faisait peur. Mes souvenirs m'effrayaient. Je craignais depuis le début ce que je pouvais avoir vécu avant.

- J'ai peur Jordan... avouai-je finalement.

- De quoi ?

- De mes souvenirs.

Il se détacha légèrement de moi pour me faire relever les yeux.

- Alors c'était un souvenir cette nuit ?

Mes joues se mirent à chauffer à cette seule pensées et je haussai les épaules.

- Tu avais l'air tellement effrayée...

- Perturbée serait plus exact, rectifiai-je.

- Raconte-moi et je te dirai si...

- Non, le coupai-je. Je vais nager un peu.

Je joignis les gestes à la parole et il fit de même après un moment d'hésitation. Je n'avais pas besoin de lui dire, je savais l'essentiel : ce qui s'était passé dans ce rêve aurait très bien pu se passer en vrai. Ça s'était même surement produit plusieurs fois !

J'aurais aimé lui poser des questions, mais je n'en aurais jamais été capable. J'attendrai un nouveau souvenir. Ou le retour de ma mémoire qui, j'espérais, ferait son apparition très bientôt.