Jour 42
Une fois encore, Jordan dormait toujours quand je suis descendue. J'avais attendu un peu le temps qu'il se réveille, contrairement à ces deux derniers jours, mais il se levait bien trop tard pour que j'ai le courage de patienter ! Et puis j'avais entendu la porte d'entrée claquer, c'était donc qu'un de mes parents était rentré du travail.
Tout les deux étaient en train de s'affairer en cuisine et je les saluai en arrivant, avant de me servir un bol de céréales. Il était peut-être midi, mais je préférais du lait à un morceau de viande quand je me levais.
- Jordan dort encore je suppose ? questionna ma mère.
- Oui.
- J'ai vu que ça allait mieux entre vous, dit mon père en souriant.
Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas pourquoi il disait cela. Il savait qu'on avait parlé, et que ça s'était arrangé, alors évidemment que ça allait mieux.
- La porte de sa chambre était ouverte ce matin quand je me suis levé, ajouta-t-il.
- Ah. Hum... Ouais, bafouillai-je.
Je baissai la tête pour cacher le rougissement de mes joues qui n'avait pas lieu d'être. Ils devaient être au courant depuis le temps qu'on dormait dans le même lit, mais pour moi, c'était un peu nouveau. Ca redevenait nouveau et il fallait que je m'habitue à tout cela.
- Tu ne lui en veux plus alors ? demanda ma mère.
- Je pense qu'il y aura toujours une part de moi qui lui en voudra, mais une toute petite, alors ça va.
- Tant mieux alors.
Ils s'installèrent sur des tabourets et commencèrent à manger près de moi.
- Est-ce que vous étiez d'accord avec... tout ça ?
- Non, répondit ma mère. Mais c'était sa décision, pas la nôtre.
J'acquiesçai doucement avant que mon père n'ajoute quelques mots.
- Mais maintenant, vous avez tout les deux retrouvé le sourire, et ça, ça nous rend vraiment heureux.
Je ne pouvais que sourire à ses mots. J'avais peut-être souffert dans cette histoire, et Jordan aussi, mais j'en avais un peu oublié mes parents. Parce que eux aussi avaient dû souffrir à cause de tout ça. Je ne me souvenais pas d'eux non plus, tout comme les jumeaux. D'ailleurs, j'avais une autre question à propos des jumeaux.
- Comment vous avez fait avec Tony et Charlène ? Pour tout les autres, Jordan m'a dit que vous leur aviez demandé de ne rien dire, mais pour eux ?
- Ça n'a pas été très compliqué en fait, déclara mon père. On leur a dit que tu avais tout oublié et qu'il ne fallait pas te parler de Jordan.
- C'est tout ? Et ça a marché ? m'étonnai-je.
- On... On leur a aussi dit que s'ils te disaient le secret, tu allais être très triste, avoua mon père un peu honteux. Et comme ils détestaient te voir pleurer, ça a fonctionné.
Je hochai la tête en reprenant une bouchée de céréales. Moi qui pensais que mes parents leur avaient promis une truc énorme, je m'étais bien trompée. En fait, ils s'étaient tus seulement pour ne pas me rendre triste. Seulement pour ne pas me voir pleurer. J'étais vraiment impressionné de remarquer à quel point ces deux-là pouvait être intelligents.
Alors que j'étais plongée dans mes pensées, je n'entendis pas Jordan descendre les escaliers. Je ne me rendis compte de sa présence que lorsque ses mains ont entouré ma taille. Je sursautai légèrement sous la surprise et aussi parce que je n'avais pas l'habitude, et il m'embrassa sur la joue en riant doucement avant de saluer mes parents.
Ils discutèrent tout les trois pendant que mes parents terminaient de manger et je me contentais de finir mon bol en silence. Quand mes parents quittèrent la cuisine, je me levai à mon tour pour débarrasser mon petit-déjeuner et les deux grandes mains de Jordan se plaquèrent sur mes hanches. Dos à lui, il posa son menton sur mon épaule.
- Tout va bien ?
- Oui.
Il me retourna pour en attester par lui-même, un main toujours sur mes hanches, pendant qu'il portait l'autre à ma joue. L'inquiétude pouvait se lire dans son regard.
- Tu es sûre ?
- Oui, pourquoi ?
- Tu es bien silencieuse ce matin. C'est rare quand tu ne parles pas, déclara-t-il en souriant.
- Ça va, je t'assure. C'est juste que... commençai-je en baissant la tête.
Il n'était pas du même avis et une légère pression sous mon menton me fit relever les yeux.
- C'est juste quoi ?
Je jetai un rapide coup d'oeil derrière lui pour être sûre que nous étions seuls.
- C'est... En fait, ça me gêne un peu... Tout ça, bafouillai-je lamentablement.
- Tout ça ? répéta-t-il sans trop vraiment comprendre. Le fait que je te prenne dans mes bras ?
- Devant mes parents, oui, dis-je doucement.
Ce à quoi il me répondit par un baiser mais je le repoussai légèrement.
- Jordan... soupirai-je.
- Quoi ? rit-il en reculant pour s'adosser à l'îlot central de la cuisine. Je respecte ce que tu viens de dire étant donné qu'il n'y a personne.
- Oui mais...
- J'ai compris Nikky, me coupa-t-il en redevenant sérieux, ne t'en fais pas.
Je hochai la tête et il tendit les bras pour attraper mes mains et m'attirer contre lui. Il m'embrassa sur le front et je laissai mes bras entourer son cou pour le rapprocher de moi.
Ses mains dans le creux de mes reins me firent reculer légèrement, juste assez pour qu'il puisse m'embrasser chastement.
***
Dans la journée, j'avais reçu un message de Mélissa me demandant si nous voulions sortir ce soir, Jordan et moi, avec les autres. C'était l'anniversaire de Matthieu, et pour l'occasion, ils voulaient passer une soirée à la plage.
Le frère de Simon était venu nous chercher vers vingt heures et nous avait déposé à la plage en question, où une quinzaine de personnes étaient présentes. Je reconnaissais Tania, Lucas et Alicia - une fille qui était présente sur quelques photos dans ma chambre mais que je n'avais jamais rencontrée - en plus de Mélissa, et Matthieu. À ma plus grande joie, je n'appercevais ni Alex, ni Morgane, mais la plupart de ceux qui étaient présents, m'étaient inconnus. Notamment un petit groupe de cinq gars qui paraissaient plus âgés que nous.
En questionnant Jordan, j'appris qu'ils étaient des amis au frère de Matthieu qui avaient décidé de se joindre à la fête, sous l'invitation du grand frère. Je reconnaissais ce dernier. C'était celui qui s'occupait de la location des jetskis à la plage où nous étions allés Jordan et moi il y avait de ça quelques semaines.
- Jordan, il faut que je te montre un truc que Mike a trouvé, déclara Simon lorsqu'on s'approchait du groupe.
La main de Jordan se resserra autour de la mienne.
- Je viendrai tout à l'heure.
- Il ne reste pas longtemps, insista-t-il. Viens avec nous Nikky, si tu veux.
Jordan semblait réticent à l'idée de me laisser seule, alors je le poussai, en quelques sortes, à suivre Simon.
- Non ça va aller. Je vais voir Mélissa, annonçai-je en souriant.
- T'es sûre ?
Je me hissai sur la pointe des pieds pour l'embrasser sur la joue.
- À tout à l'heure.
Je m'éloignai avant qu'il ne change d'avis poir rejoindre Mélissa qui était assise dans le sable en face d'Alicia.
- Hey Nikky ! Ça fait longtemps ! s'exclama cette dernière en se levant pour me prendre dans ses bras. Comment tu vas ?
- Ça va et vous ? demandai-je aux filles en m'asseyant près d'elles.
- Parfaitement bien ! me sourit la brune.
- Nikky... commença Mélissa.
- Tout va bien, je t'assure, lui souris-je.
- Donc tu ne nous en veux pas ?
Je secouai vivement la tête et elle soupira de soulagement. Je sentais que j'allais avoir droit à ce discours à chaque personne que j'allais rencontrer !
- Jordan nous a dit que tout était arrangé entre vous, déclara Alicia.
- Oui. On a parlé et tout va bien maintenant.
- Donc vous êtes de nouveau ensemble ? conclut Mélissa, un large sourire aux lèvres.
Je me contentai de hocher la tête en souriant, ce qui semblait les ravir. Les filles reprirent donc leur conversation que j'avais interrompu et je passais ce début de soirée avec elles. Sam était venue nous rejoindre peu après.
Après trois bonnes heures passées avec les filles, je commençais un peu à m'ennuyer. Elles parlaient de choses que je ne connaissais pas depuis quelques temps et ça ne m'interressait pas particulièrement. En jetant un coup d'oeil au monde qui m'entourait, je me rendis compte que Matthieu connaissait pas mal de personnes ! Une vingtaine ou peut-être plus s'étaient ajoutées au groupe depuis mon arrivée.
Je continuais de parcourir la foule des yeux pour trouver Jordan, et je le vis avec Matthieu et deux autres gars, en plus d'une blonde qui ressemblait beaucoup à Morgane de loin. Mon meilleur ami avait une canette à la main et parlait avec quelqu'un que je ne connaissais pas et la blonde se rapprocha de Jordan pour s'accrocher à son bras. C'était Morgane, j'en étais certaine maintenant et ça ne fit qu'augmenter ma jalousie.
Toutefois, Jordan la repoussa immédiatement au moment où sa main toucha son bras. Son acte pourrait presque s'apparenter à quelqu'un qui chassait une mouche qui volait trop près, et ça me faisait sourire intérieurement, contrairement à Morgane qui ne semblait pas apprécier d'être ignorée. Elle réussit néanmoins à capter l'attention de Jordan au bout d'un certain temps et il discutèrent quelques minutes tout les deux, jusqu'à ce qu'elle porte sa main à la joue de mon ami dans un geste affectueux. Jordan repoussa sa main d'un geste sec en secouant la tête et à la vue du sourire envolé de Morgane, j'imaginais que les mots qu'il prononçait n'étaient pas plaisant.
Quelqu'un attrapa ma main avec douceur ce qui me fit détourner le regard. Alicia était partie, il ne restait plus que Mélissa et Sam, qui me fixaient intensément. La main de ma meilleure ami se resserra dans la mienne.
- Il s'en fiche de Morgane. Ne t'en fais pas.
Je n'avais donc pas été si discrète...
- Je sais, répondis-je rapidement en leur faisant un petit sourire forcé. Je ne m'en fais pas.
- Si, on le voit dans tes yeux, m'informa Mélissa. Tu es aussi jalouse que ce jour-là chez toi, dans la piscine.
Je fronçai les sourcils, ne voyant pas où elle voulait en venir.
- La première fois qu'on s'est vue, chez toi, dans ta piscine. Il y avait Morgane et Simon et déjà à ce moment-là tu la regardais comme si tu voulais l'étrangler.
- Je n'étais pas j...
- Si tu l'étais, rit mon amie. Mais ce jour-là, tu avais le droit puisque tu ne savais pas. Par contre, pour aujourd'hui et tout les autres jours à venir, je vais te dire quelque chose : ça fait des années qu'il ne voit que toi. Même quand il parle avec d'autres filles.
- Je ne suis pas jalouse, me renfrognai-je en baissant la tête.
- Qui est-ce qui n'est pas jalouse ? intervint Jordan, ce qui fit rire les filles.
- Personne, répondit Sam en riant.
- Tant mieux. Parce que personne n'a de raisons d'être jalouse de quiconque ici, ajouta-t-il tout en sachant que la discussion portait sur moi. Et maintenant, je peux vous emprunter ma petite amie pour le restant de la soirée ?
Je vis les filles hocher la tête avec entrain et je levai les yeux pour croiser le regard amusé de Jordan. Il me tendit la main pour m'aider à me mettre debout et on s'éloigna du groupe.
- On rentre ? me demanda-t-il.
Je hochai la tête et on prit le chemin de chez moi, à pied. Il y avait une vingtaine de minutes de marche, mais peu importait. Il faisait bon, et Jordan était avec moi, sa main fermement accrochée à la mienne. Il n'ouvrit la bouche que lorsque plus aucune voix de nos amis ne parvinrent à nos oreilles.
- Tu m'as vu avec elle, pas vrai ?
- Oui. Mais je ne suis pas jalouse.
Mon commentaire le fit rire.
- Si tu l'es. Parce que tu l'as toujours été.
- Et bien j'ai changé.
- Non, et tu le sais aussi bien que moi. Tu sais, maintenant que j'y repense, tu étais étrange à chaque fois que Morgane apparaissait dans ton champ de vision depuis ces dernières semaines.
- Qu'est-ce que tu appelles " étrange " ?
Il releva nos mains entrelaçées pour embrasser mes doigts.
- Soit tu te mettais en colère, soit tu pleurais... déclara-t-il d'un ton sérieux.
Encore une fois, je me rendis compte qu'il avait raison. Mais je ne l'admettrai pas à haute voix. Il le savait et c'était suffisant. Il reprit la parole après quelques secondes de silence.
- Et je préférais cent fois que tu me hurles dessus.
Je resserrai mes doigts autour des siens.
- J'étais amoureuse de toi, mais je ne le savais pas encore, soupirai-je en me remémorant le nombre de fois que j'avais finis en pleurs à cause d'elle.
On continua de marcher en silence pendant quelques minutes. En arrivant chez moi, je laissai Jordan dans ma chambre le temps d'aller me changer avant de le rejoindre. Il s'était seulement déshabillé en ne laissant que son caleçon, sans prendre la peine d'enfiler un pantalon ou un short. Je m'obligeai à regarder ses yeux, et seulement ses yeux pour éviter un rougissement inutile de mes joues.
Il s'approcha de moi et m'embrassa sur le front avant de murmurer quelques mots qui firent accélérer mon rythme cardiaque instantanément.
- C'est toi que j'aime et c'est toi que j'ai toujours aimé. Pas elle. Ni une autre. Toi. Il n'y a que toi qui compte à mes yeux et il n'y aura jamais que toi. Ne l'oublie jamais.
Je hochai la tête mécaniquement, laissant mon coeur se liquéfier petit à petit. Je n'avais aucune réponse cohérente à lui donner. Tout ce que je pus faire était de passer ma main sur sa nuque pour approcher son visage du mien. Je l'embrassai doucement et avec tendresse avant de me détacher de lui.
Mais ça ne lui suffisait pas, alors il s'empara de mes hanches pour me rapprocher de lui et ses lèvres retrouvèrent les miennes avec beaucoup plus d'empressement. Très vite, sa langue tenta de se frayer un chemin pour rejoindre la mienne et je lui mordillais la lèvre inférieure. Un grognement s'échappa de sa gorge au moment où mes doigts se resserrèrent sur ses cheveux et il recula lentement, m'entrainant avec lui, sans jamais se détacher de moi.
Ses jambes heurtèrent mon lit, et il se retrouva assis sur celui-ci. Je m'installai sur ses genoux, une jambe de chaque côté des siennes afin de retrouver la chaleur de ses lèvres. Ses mains contre mon dos me rapprochèrent de lui, collant ma poitrine contre son torse nu et brûlant.
Ma respiration devint frénétique et je n'arrivais plus à penser. Il m'en empêchait. Ses mains sur moi m'en empêchaient. Sa langue qui courrait maintenant contre mon cou m'en dissuadait totalement. Pourtant, je devais réfléchir, parce que quelque chose n'allait pas. Il me manquait quelque chose. Quelque chose que...
Non. Je ne pouvais pas réfléchir. Il embrassait maintenant ma mâchoire, avant de la mordiller doucement. Mon coeur allait exploser.
Ses mains étaient désormais sur la peau nue de mon dos. Je me sentais partir loin, très loin de tout les problèmes que j'avais rencontré ces derniers jours.
Ses doigts parcouraient maintenant chaque centimètre de mes cuisses. Je m'accrochais à ses cheveux pour ne pas m'effondrer.
Ses lèvres embrassaient la moindre parcelle de peau nue que dévoilait mon débardeur. Je n'allais pas tenir.
Je me sentis basculer sur le côté, mon dos rencontra les draps froids de mon lit pendant que le corps de Jordan se colla de nouveau au mien.
Quelque chose n'allait pas.
J'emprisonnai son visage entre mes deux mains pour retrouver ses lèvres, puis elles s'agrippèrent fermement à son dos. Un gémissement incontrôlé franchit la barrière de mes lèvres quand ses dents vinrent taquiner ma langue.
Je ne pouvais pas.
Jordan se recula de moi, laissant ses lèvres proches des miennes sans pour autant les toucher. Laissant son souffle et le mien se mélanger. Laissant nos respirations se calmer. Laissant mon coeur reprendre un rythme le plus normal possible.
- Je t'aime Jordan, murmurai-je contre ses lèvres après les avoir embrassées délicatement.
Ses yeux s'agrandirent et mes paroles semblèrent le perturber, sans que je n'en connaisse la raison. Ses muscles se contractèrent et ses paupières se pressèrent entres elles fermement.
Quand il rouvrit les yeux, son corps se laissa tomber sur le lit à côté de moi, son bras reposant sur mon ventre, son nez niché au creux de mon cou, qu'il embrassa furtivement.
- Moi aussi je t'aime. Excuse-moi mon cœur...
L'excuser ? Pourquoi devrais-je l'excuser ?
Un tel revirement de situation était quelque peu troublant. Je ne comprenais plus grand chose à ce qu'il venait de se passer, mais je laissai le sommeil m'emporter une fois que mon organe vital eut réussi à se remettre de ses émotions.
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