Jour 26

- Maman ! appelai-je en descendant les escaliers. Tu n'aurais pas vu mon téléphone ? Je ne le retrouve plus depuis hier.

- Non, pas du tout. Tu l'avais en allant chez Jordan hier ? me demanda-t-elle en terminant son assiette.

- Je crois mais je ne suis pas sûre. Il faudrait que j'aille voir, répondis-je vaguement.

Ma mère me rappela ensuite que Jordan et moi devions garder les jumeaux cet après-midi. Elle engageait une baby-sitter seulement le matin, ce n'était pas nécessaire de la garder pour le reste de la journée puisque nous étions là. Elle m'a précisé que si nous avions quelque chose de prévu un jour, la baby-sitter ferait son apparition comme par magie.

Avant de partir, elle m'informa que mon prochain rendez-vous médical serait pour samedi prochain. Mon médecin m'avait dit que deux rendez-vous par semaines n'étaient plus nécessaire. Pourtant, j'avais quelque chose de nouveau à lui raconter pour une fois, mais je n'avais rien dis à ma mère. Et j'avais dis à Jordan de ne rien dire non plus. Pour le moment.

On s'était disputé la veille à ce propos, mais avec mon insistance, il avait cédé. Ce n'était pas grand chose comme souvenir alors je ne voulais pas lui donner de faux espoirs. J'en avais déjà donner à Jordan, c'était de trop. Après tout, ce n'était qu'un titre de chanson et de la peine, alors ça ne valait pas grand chose.

- Lâche-moi tout de suite ! cria mon frère, suspendu par les pieds sur les épaules de Jordan.

- Tu m'as réveillé, sale monstre ! La dernière personne qui m'a réveillé a terminé dans la piscine en pyjama, l'informa mon ami en me jetant un regard entendu auquel j'ai répondu par un sourire.

- Ouais ! Dans la piscine ! s'écria joyeusement Tony.

Jordan reposa mon frère au sol en riant et lui ordonna d'aller rejoindre Charlène dans le jardin. Il s'approcha de moi pour m'embrasser sur la joue et parti vers le réfrigérateur pour prendre de quoi manger.

- Pourquoi lui il n'a pas atterri dans la piscine ? lui demandai-je sérieusement.

- Déjà parce qu'il est une heure de l'après-midi, ensuite parce que je n'avais pas du tout envie d'aller me baigner, et enfin... Et bien, il était trop mignon.

- Mouais... Mauvais arguments, dis-je en lui frappant l'épaule. Mais tu es pardonné à une condition !

- Je n'ai pas à être pardonné de quoique ce soit, mais dit toujours, rigola-t-il.

- Tu ne voudrais pas aller voir chez toi si je n'y ai pas laissé mon téléphone ? Je ne le retrouve plus.

- Pas de soucis. Je finis de manger et j'y vais après.

Je le remerciai et montai dans ma chambre pour prendre mon ordinateur. Je m'installai dans le jardin vers les jumeaux et commençai à naviguer sur internet. J'avais besoin de savoir quelque chose.

Jordan m'avait dit que les paroles de cette chanson lui avait fait penser à nous, alors je voulais les lire pour essayer de comprendre.

Elles étaient magnifiques, et tellement tristes. Si c'était cette chanson que j'avais écouté avant son départ, ça ne m'étonnait pas d'avoir craqué de la sorte. Il faudrait que je lui demande un jour de me la chanter en entier, au risque de me refaire de la peine. Je voulais l'entendre chanter, mais pour le moment, j'étais seulement en train d'écouter ce groupe la chanter.

J'ai aussi écouter la première musique qu'il m'avait joué au piano. Rêverie. Elle était vraiment magnifique aussi, je l'aimais beaucoup.

- Tiens, tu l'avais laissé sur la table basse, m'annonça Jordan en me tendant mon téléphone.

- Déjà ? Mais ce n'était pas urgent, tu aurais pu y aller plus tard tu sais, rigolai-je.

Il ne répondit pas et semblait être inquiet.

- Mais merci quand même.

- De rien. Dis, ça te dérange si je te laisse une heure ou deux avec les jumeaux ? J'aurais un truc à faire, m'expliqua-t-il vaguement.

- Non c'est bon, ne t'en fais pas.

- Ok, j'y vais. À tout à l'heure.

Il se retourna et commença à partir, mais je le rattrapai quand il entra dans la maison.

- Tu vas bien ? le questionnai-je en fronçant les sourcils.

- Oui je... Simon a des problèmes, il faut que j'aille le voir, bafouilla-t-il.

- C'est grave ?

- Non. Je t'appelle tout à l'heure, d'accord ?

J'hochai la tête et il m'embrassa sur le front.

- Et s'il te plaît, pas de piscine, me supplia-t-il. Ni pour toi ni pour les jumeaux.

- Et toi, fais attention.

- Promis. À tout à l'heure.

Il sortit précipitamment me rendant un peu plus inquiète. Il avait dû recevoir un appel de Simon en allant chez lui, mais quels sortes de problèmes il pourrait avoir ? Il semblait être calme et non du genre à s'attirer des ennuis. J'espérais qu'il ne leur arriverait rien de grave...

En attendant des nouvelles de mon ami, je suis restée jouer avec Tony et Charlène et leur playmobiles. Ils ont voulu aller dans l'eau, mais pour épargner à Jordan une inquiétude inutile ainsi qu'une engueulade qui ne mènerait à rien, en plus de risquer de rater un appel, je leur ai dis qu'on allait continuer à jouer.

Pourtant, ils n'avaient pas l'air de cet avis. Aussi, je les ai emmenés dans la cuisine pour faire un gâteau et leur joie est revenue instantanément. Ils se sont mis d'accord immédiatement pour faire un gâteau au chocolat et j'en ai trouvé une recette dans une livre de pâtisserie.

Ils ont engloutit plusieurs carrés de chocolat, fait tombé un œuf et cassé un verre durant cette petite session de cuisine mais le gâteau avait réussi à atterrir dans le four malgré tout. Toutefois, j'en étais retournée au point de départ : maintenant que le gâteau était fait, ils voulaient aller se baigner.

- On ira quand Jordan reviendra. En attendant, je dois surveiller le four. Si on va dans la piscine, il va brûler non ?

- Ah oui c'est vrai ! Viens Charlène, on va regarder le gâteau, ordonna Tony en prenant la petite main de sa sœur dans la sienne.

À ma grande surprise, ils se sont assis devant le four et ont attendu pendant que je nettoyais en les écoutant discuter de l'avenir de ce gâteau, toit en gardant leur mains jointes. Ils hésitaient entre le déguster pour leur goûter, ou le servir en dessert ce soir.

Ils ont patienté jusqu'à ce que le minuteur du four sonne et j'ai sorti le plat. En me brûlant le doigt. Les petits se sont mis à paniquer et ont couru partout pour me dégoter pansements, crèmes et tout ce qu'il fallait, ce qui me fit rire et oublier momentanément ma douleur. Jordan est arrivé à ce moment là, et c'est à cet instant que j'ai vraiment oublié ma douleur. Je n'avais plus rien à faire de ma brûlure, ce que je voyais était pire.

Son tee-shirt blanc était déchiré et tâché de sang, mais il n'avait aucune blessure apparente. Que lui était-il arrivé ? Il m'avait pourtant dit que ce n'était pas grave, non ? Je n'eus pas le temps de lui dire quoique ce soit qu'il se précipita dans les escaliers, un air grave sur son beau visage.

Les jumeaux, toujours attentifs à mon doigt, étaient en train de l'enrouler d'un pansement. Je leur demandai d'aller regarder la télévision quelques minutes et ils m'obéirent immédiatement pendant que je prenait le même chemin que Jordan.

Arrivée à l'étage, j'entrai dans sa chambre sans frapper. Son tee-shirt était au sol et j'avançai jusqu'à la salle de bain. Mon ami se passait une main pleine de sang sous l'eau froide quand il me vit dans le reflet du miroir.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grand chose, dit-il nonchalamment pour tenter de me rassurer, en vain.

- Pas grand chose ? répétai-je éberluée. Tu t'es battu ? C'était ça le problème de Simon ?

Je sortis sa main de sous l'eau pour la regarder attentivement. Ses quatre phalanges étaient ouvertes et enflaient déjà. Son torse et son visage n'avaient rien, c'était donc que seul lui avait frappé. Ou alors, il n'était pas marqué.

- Reste ici, je vais chercher ce qu'il faut pour te soigner, lui ordonnai-je.

Je ne le laissai pas me répondre, et disparu dans les escaliers. Après avoir demandé aux jumeaux où se trouvait le placard à pharmacie, je pris ce qu'il me fallait et remontai vers Jordan. Il était assis sur son lit en train d'essuyer sa main avec une serviette.

Silencieusement, j'ai commencé à étaler de la pommade sur ses blessures. Il n'a pas tressaillit et m'a laissé faire, même lorsque j'ai enroulé sa main d'un large bandage. Une fois soigné, je l'ai regardé en attendant des réponses. Il était vraiment tendu et sa mâchoire se contactait terriblement. Il était sur le point d'exploser, je le sentais. Mais moins quand lorsqu'il avait franchi la porte.

J'ai alors doucement porté ma main à sa joue. À l'instant où ma peau est entrée en contact avec la sienne, ses yeux se sont fermés et il a relâché un soupir de soulagement.

- Explique-moi s'il te plait.

Il enleva ma main en la prenant dans la sienne et la reposa sur sa jambe, serrant doucement mes doigts.

- Simon a eu des problèmes avec trois mecs il y a quelques jours, dit-il apres avoir poussé un long soupir. Il voulait aller les régler aujourd'hui. Alex était avec lui et il m'a envoyé un message pour me demander de venir.

- Donc vous vous êtes battus tout les trois contre eux trois ? compris-je immédiatement.

Il hocha la tête puis m'expliqua que c'était Alex qui avait pris le plus puisque c'était lui qui avait engagé la bagarre. Il n'entra pas dans les détails et m'avoua seulement qu'il avait dû aller aux urgences.

- Qu'est-ce qu'il a ? Ce n'est pas trop grave ? l'interrogeai-je inquiète.

- Non, répondit-il durement.

Il prit deux grandes respirations avant de reprendre la parole.

- Son arcade est ouverte, et je crois que son nez est cassé. Simon l'a accompagné.

- Tu aurais dû aller avec eux, soupirai-je.

- Il va bien, ça va. Il sortira en fin de journée, me dit-il en se relevant soudainement.

- Je n'en doute pas, mais tu aurais dû y aller pour faire examiner ta main.

Il regarda son bandage et me certifia qu'il allait bien. Beaucoup mieux que celui qu'il avait frappé, mais ça m'inquiétait tout de même. Ils avaient pris des risques tout les trois et je m'inquiétais des conséquences. Qui étaient ces types ? Allaient-ils revenir pour continuer de se battre ?

Jordan m'expliqua qu'ils s'étaient enfuis et qu'il ne les reverrait probablement jamais. Ils avaient eu ce qu'il voulait, c'est à dire, une bagarre, et c'était tout.

- Ne t'en fais plus, d'accord ? m'ordonna Jordan en m'embrassant le front. Je suis désolé que tu te sois fais du soucis pour rien.

Sur ses mots, il quitta la chambre mais je le suivis jusqu'à la cuisine.

- Vous avez fait un gâteau ? me demanda-t-il en se forçant à sourire.

- Ça aurait pu mal tourner, tu le sais ça ? lui rappelai-je, les larmes aux yeux.

Je l'imaginais entrer dans la maison, couvert de sang, des blessures partout sur son visage. C'était horrible.

- Hey... Ce n'était qu'une bagarre, Nikky, me dit-il pour minimiser tout ce qu'il lui était arrivé. Ce n'était pas la première et ça ne sera sans doute pas la dernière.

Il posa sa main sur ma nuque et m'attira contre lui en me répétant que tout allait bien. J'avais eu peur en le voyant si énervé et encore plus en le voyant blessé.

J'ai passé mes bras autour de son cou pour le serrer davantage contre moi, et il me rendit mon étreinte. Je me sentais tellement bien ici, entourée de ses bras musclés, enivrée de son odeur délicieuse.

- Ne te bats plus s'il te plait, lui murmurai-je à l'oreille.

Il posa ses mains sur mes hanches pour m'écarter un peu de lui et prit mon visage entre ses mains.

- J'essaierai, je te le promet.

Je me dégageai et secouai la tête.

- Je ne veux pas que tu essaies.

- Et moi je ne veux pas te faire une promesse que je ne tiendrai pas. Tout ce que je peux t'assurer, c'est que je ferai tout pour éviter une bagarre supplémentaire. D'accord ?

J'hochai la tête à contrecœur, même si je devais avouer qu'il n'avait pas tort. Il me remercia et m'embrassa sur la joue.

- Une dernière chose : ne dis rien à tes parents s'il te plait.

- Ah non ! m'exclamai-je en me reculant immédiatement.

- S'il te plait Nikky... soupira-t-il en se passant la main dans ses cheveux. Je ne veux pas les inquiéter plus que nécessaire.

- Ah oui ? Et que vas-tu leur dire ? lui lançai-je d'un air de défi.

- Je ne sais pas. Que je suis tombé ou quelque cho...

- Comme par hasard tu es tombé sur ton poing qui était fermé ! m'exclamai-je en revenant vers le gâteau.

Je pris le moule maintenant froid et le retournai sur une grande assiette pour faire tomber le gâteau.

- Il vont en faire toute une histoire, Nikky. Ils vont peut-être même vouloir me faire porter plainte, et appeler mes parents. Peut-être même que mes parents vont vouloir que je vienne vers eux en Australie.

Je lui fis face de nouveau.

- Tu n'as pas le droit de dire ça.

- De dire quoi ?

- De me menacer de disparaitre si je dis tout... expliquai-je timidement, peu sûre de moi.

- Si ça marche alors je maintiens ce que je dis.

Il se hissa sur l'îlot central de la cuisine pour s'asseoir.

- Ce n'est pas juste, me renfrognai-je.

Jordan haussa simplement les épaules et on se défia du regard pendant des secondes interminables, avant que je ne me détourne une fois encore pour nettoyer le moule à gâteau. En repassant devant lui, il m'attrapa par le bras et exigea une réponse.

- C'est d'accord. Je ne dirai rien, lui promis-je.

- Merci Nikky, me sourit-il. Je...

- Jojo ! Tu t'es fais quoi à la main ? intervint Tony horrifié, la main sur la bouche.

- Je suis tombé, répondit Jordan en ébouriffant les cheveux de mon frère.

- Tu n'es vraiment pas doué ! On peut manger le gâteau ?

Je lui expliquai qu'il était encore chaud et qu'on devait attendre un peu. Sa décision était donc prise : ce gâteau ne tiendra pas jusqu'au dessert de ce soir. Il retourna vers ma sœur en trainant des pieds et je regardai Jordan, le sourire aux lèvres.

- Quoi ?

- Tu ne m'avais jamais fais part de ton petit surnom, lui fis-je remarquer.

- Ça, ça serait bien que tu l'oublies par contre ! rétorqua-t-il en feignant le dégout.

- Mais non ! C'est tout mignon, Jojo, rigolai-je.

***

- On regarde un film ? demanda Jordan en entrant dans ma chambre.

- Ouais.

J'allais pour sortir de ma chambre mais il prit mon ordinateur et s'installa dans mon lit. J'en ai donc déduis qu'on regarderait le film ici et je l'ai rejoint après avoir éteint la lumière.

- Toi aussi tu t'es battue ? me demanda-t-il en montrant le pansement que j'avais au doigt. Je n'avais pas vu.

- Oui. Le four est un sacré rebelle ! soupirai-je.

- Je vois ça ! rit-il. En même temps, tu n'es pas très douée...

- Tais-toi Jojo et lance le film, lui souris-je.

Il grinça des dents mais ne me répondit pas, puis il s'installa dans le lit après m'avoir embrassée sur la joue. Je voudrais dormir avec lui cette nuit encore.

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