Jour 25

Un mouvement dans mon lit me sortit du sommeil. Quand j'ouvris les yeux, ce n'était pas ma couverture rouge que je vis, mais le torse nu et bronzé de Jordan, sur lequel mon bras reposait. Je relevai la tête et écarquillai les yeux, horrifiée à l'idée qu'il soit réveillé.

- Bonjour.

Il me fit sursauter et je m'éloignai immédiatement de lui jusqu'à l'extrémité du lit. Je sentais mes joues chauffer et je me sentais vraiment idiote en ce moment.

- Excuse-moi, je... Je me suis endormie et... Désolée de m'être servie de toi comme oreiller, bafouillai-je.

Il rigola et émit un bâillement sonore à s'en décrocher la mâchoire.

- C'est rien, ne t'en fais pas, marmonna-t-il en s'étirant. Et puis ce n'est pas la première fois que tu te sers de moi comme d'un oreiller.

- Ah oui ?

- Mmh...

Il se tourna sur le côté et referma les yeux, son sourire implacable toujours en place. Je m'allongeai moi aussi face à lui pour l'admirer un petit moment. Comment ne pas en profiter ? Il était tellement séduisant, et sexy et... réveillé. Il rouvrit les yeux mais je n'ai pas pu détourner le regard de ses prunelles grises envoûtantes.

- On dormait quasiment toujours ensemble quand on était petit, commença-t-il d'une voix rauque et très grave. En grandissant, ça s'est produit de moins en moins souvent mais ça nous arrivait tout de même de temps en temps. Comme hier soir.

J'hochai simplement la tête et me redressai en me frottant les yeux. J'avais vraiment bien dormi cette nuit et j'avais envie de rester un peu plus longtemps ici, à le regarder, mais je ne le pouvais pas. Alors je me suis levée en lui disant que j'allais prendre ma douche. Il fallait que je m'éloigne un peu de lui.

Je fis couler l'eau brûlante sur moi et j'ai enfin libéré l'air que je retenais dans mes poumons sans même m'en rendre compte. J'ai seulement dormi avec mon meilleur ami. Dans le même lit. Alors qu'il était torse nu. Alors je ne voyais pas pourquoi je m'affolais, ce n'était rien après tout. Pas vrai ? Et j'avais aussi tout à fait le droit de trouver mon meilleur ami attirant et d'aimer le regarder, non ? Non. Il fallait que je me sorte toutes ces idées de la tête. Il était seulement mon meilleur ami. Et c'était très bien comme ça. Je devais m'en convaincre un minimum. Juste assez pour que lui le croit. Je ne ressens que de l'amitié pour lui. Certes, une amitié plus forte que celle que j'ai envers mes autres amis, mais c'est toujours de l'amitié. Jamais je n'aurais accepté de partager un lit avec Simon ou Matthieu. Ou même Alex...

Je devrais me sentir coupable envers Alex, mais je n'y arrivais pas. Est-ce que j'avais déjà dormi avec lui, d'ailleurs ? Savait-il qu'il m'arrivait de dormir dans le même lit que mon meilleur ami ? Trop de questions sans réponses était épuisant...

En sortant de ma salle de bain, j'ai passé une robe turquoise et j'ai laissé mes cheveux sécher tout seul. En descendant les escaliers, je jetai un coup d'œil à mon téléphone. J'avais maintenant cinq messages d'Alex. Je lui répondit en lui disant que je m'étais endormie, même si ça ne tenait pas vraiment la route. Il était treize heure vingt et son premier message remontait à hier soir, peu après vingt-deux heure. Je n'avais pas pu dormir quinze heure d'affilés, mais peu importe. Je lui répondais, c'était déjà ça.

Je suis passée par la cuisine pour prendre un bol de salade de fruits, avant de rejoindre les autres dans le jardin. Mes parents et les jumeaux étaient dans la piscine et Jordan sur la terrasse, en train de manger des céréales. Je me suis assise à côté de lui - en essayant d'oublier mon malaise de tout à l'heure - pour être face à la piscine.

- En tout cas, ton amnésie n'a pas effacé ton ronflement, plaisanta Jordan.

- Je ne ronfle pas ! m'indignai-je bien que je ne connaisse pas la vérité à ce sujet.

- Oh si ! rigola-t-il. Je n'ai même pas pu entendre la fin du film à cause de toi.

- Je suis sûre que tu le connais par cœur.

Il me le confirma en riant, puis me demanda ce que j'avais vu du film. Je me suis sentie gênée de lui dire que je n'avais quasiment rien vu. Il ne fit aucune réflexion et se contenta de rire doucement.

On a un peu parlé du film - celui que j'ai vu en entier - et du fait que le personnage principal perdait la mémoire. Il m'a dit que j'adorais ce film avant et c'était toujours le cas maintenant. Finalement, je ne changeais pas de comportement, ni de goûts par rapport à avant et ça me rassurait beaucoup. Je n'aurai peut-être pas à tout reprendre depuis le début quand je recouvrerai la mémoire. Si elle revenait un jour.

Peu après, j'ai reçu un nouveau message d'Alex. Il me demandait si on pouvait se voir dans la journée. J'ai reposé mon téléphone après avoir lu le message, je lui répondrai quand j'aurai fini de manger.

- Il y a quelque chose que je voudrais te montrer, m'annonça Jordan. Ou plutôt, te faire écouter.

- C'est quoi ?

Il ouvrit la bouche pour me répondre mais Tony le coupa dans son élan.

- Vous venez dans l'eau ? nous cria-t-il.

- Plus tard ! hurla Jordan à son tour.

Mon frère insista quelques secondes, avec l'aide de ma sœur, puis ma mère leur a dit d'arrêter et ils ont continué de s'amuser en nous oubliant complètement.

- Je peux te kidnapper quelques minutes tout à l'heure ?

- Si tu veux, rigolai-je. Quand ?

- Dès que tu finis de manger.

Il se leva et débarrassa son bol et tout ce qui allait avec. Il est revenu près de la piscine et s'est accroupi pour dire quelque chose à mon père qui hocha simplement la tête avant de retourner vers ma sœur.

Jordan remonta pour se préparer et j'ai répondu à Alex que je ne pouvais pas le voir aujourd'hui. Il m'en a demandé la raison et je lui ai simplement dit que j'avais quelque chose de prévu avec Jordan. Il ne m'a pas répondu.

- Tu es prête ? demanda mon meilleur ami en me rejoignant dans la cuisine.

J'hochai la tête en souriant et on est sorti de chez moi. Nous ne sommes pas allés très loin puisqu'on s'est arrêté devant chez Jordan. Il m'avait montré, il y a quelques jours, qu'il habitait ici mais il ne m'avait jamais fait entrer. Et là, il ouvrait le portail. Sa maison était un peu plus petite que la mienne mais restait tout de même très grande.

L'étage du bas était presque comme chez moi, constitué d'une grande pièce principale mais il y avait beaucoup plus de couleurs. Il avança jusqu'au fond de la pièce où trônait un immense piano à queue noir et je le suivi.

- C'est toi qui en joue ? lui demandai-je en souriant.

Il hocha la tête et mon sourire s'est agrandi quand il s'est installé sur le banc. C'était ça qu'il voulait me montrer. Il me sourit et me fit signe de m'asseoir à côté de lui, ce que je fis avec plaisir. J'avais hâte de l'écouter.

Il commença à appuyer sur les touches blanches et noires. Une musique douce résonna dans toute la pièce et dans mon cœur. Je fermai les yeux pour m'imprégner au maximum du son de chaque note. Le son augmentait progressivement et j'ouvris soudainement les yeux en grand. Mon sourire s'affaissa et je regardais les doigts de Jordan bouger avec douceur sur le clavier. Il s'arrêta de jouer d'un seul coup. Je tournai la tête pour croiser son regard inquiet.

- Quelque chose ne va pas ?

- Je... Je ne sais pas. C'est quoi que tu viens de jouer ?

- Rêverie. De Debussy. Tu t'en souviens ? me demanda-t-il désespérément. Tu me demandais souvent de la jouer, alors je me suis dis que...

Je l'interrompis en levant la main devant lui pour lui faire signe d'attendre. Je fermai les yeux pour pouvoir réfléchir. Il y a quelques jours, j'avais fais un rêve dans lequel le bruit de fond ressemblait à ce qu'il venait de jouer. Ce n'était pas la même mélodie, mais c'était un piano qui émettait ce bruit.

- Est-ce que tu as déjà chanté ? En jouant du piano je veux dire.

- Même si je ne sais pas chanter, ça m'est déjà arrivé, oui. Mais seulement avec toi. Je n'ai jamais chanté devant personne d'autre - sauf une fois -, m'avoua-t-il en cherchant mon regard.

Je réfléchissais. Je ne savais pas à quoi, mais je réfléchissais. Je cherchais un titre. Un titre de musique. Quelque chose qu'il m'aurait déjà chanté auparavant. Je ne cherchais pas n'importe quelle chanson, c'en était une précise.

- Where the story ends, murmurai-je.

- Pardon ?

Je regardai Jordan dans les yeux et je répétai.

- Where the story ends. Je ne me souviens pas de ce que tu viens de jouer mais j'ai ce titre en tête. J'ai rêvé de cette chanson je crois. Tu la connais ?

Il affirma d'un hochement de tête et son regard s'est illuminé.

- Du groupe The Fray ? demanda-t-il.

- Je... Je ne sais pas. J'ai seulement le titre. Tu sais la jouer au piano ? Tu l'a déjà chantée devant moi ?

- Oui, affirma-t-il avec un regard triste. Une seule fois.

- Tu peux...

Il m'interrompit en appuyant sur une touche. Puis une autre. Puis plusieurs. Je la reconnaissais. C'était comme dans mon rêve. C'était les mêmes sons, la même musique. Quand il commença à chanter d'une voix grave et cassée, mon cœur s'est serré et j'en ignorais la raison. Ça me faisait mal.

Trying not to lose my head
But I have never been this scared before
Tell you...

La voix de Jordan s'interrompit en même temps que le piano. Il posa délicatement sa main sur ma joue et me força à la regarder. Ses lèvres bougèrent mais je n'entendais pas ce qu'il disait. Les notes de musique se répétaient dans ma tête, tout comme la suite des paroles de la chanson.

Je me relevai brusquement et plaquai mes mains sur mes oreilles pour faire taire la chanson mais ça ne s'arrêtait pas. Dans ma tête, Jordan continuait de jouer et de chanter d'un air triste et mélancolique. C'était insupportable.

Il s'approcha de moi et mis ses mains sur mes joues pour les essuyer. Je ne savais même pas que j'étais en train de pleurer. Je plantai mon regard dans ses yeux gris. Il semblait paniqué, et je l'étais encore plus.

Doucement, il posa ses mains sur les miennes pour les retirer de mes oreilles.

- Il n'y a plus de musique, murmura-t-il. Je ne joue plus. Tu entends ?

J'écoutais attentivement et effectivement il n'y avait plus de bruit.

- Tout va bien. D'accord ?

J'hochai la tête et me rapprochai pour me coller contre lui. Il passa ses bras autour de moi et me serra contre son torse en caressant mes cheveux. Je pleurais silencieusement, mes larmes mouillaient le tee-shirt de Jordan, mais je ne m'en préoccupais pas.

- Ne t'en vas pas...

J'ignorais pourquoi je venais de dire ces mots, mais ils étaient sortis de ma bouche. Involontairement. J'ignorais pourquoi je réagissais de la sorte. J'ignorais pourquoi tout me semblait familier. La musique, sa voix, la douleur. Cette scène s'était-elle déjà déroulée auparavant. Aucune idée...

Je me suis écartée de Jordan après de longues minutes de silence.

- Tu veux rentrer ?

- Oui, répondis-je simplement d'une voix cassée.

Il m'embrassa sur le front et me prit la main pour me guider jusqu'à la porte. On a marché jusqu'à chez moi en silence et je n'ai lâché sa main seulement lorsqu'on a passé la porte d'entrée de ma maison. J'ai couru dans les escaliers jusqu'à ma chambre et j'ai regardé les disques de musiques que je possédais. Aucun ne portait le nom du groupe que je cherchais.

- Nikky, calme toi. Tu ne l'as pas cette musique.

- Si, c'est obligé.

- Tu ne l'as pas.

Il me pris par les épaules pour me tourner face à lui.

- Tu ne l'as pas, répéta-t-il doucement.

Je me dégageai et me suis assise sur mon lit. Je me grattais nerveusement l'intérieur du poignet et Jordan me prit les mains pour m'en empêcher.

- Regarde moi, me demanda-t-il en s'agenouillant face à moi.

J'essayais de dégager mes mains mais il les maintenait fermement mais avec douceur. Il réitéra son ordre et je relevai la tête.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Je ne sais pas. Je... J'ai rêvé de cette musique il y a quelques jours et...

- Calme toi. Prends ton temps, ça va aller.

Je respirai quelques fois avant de reprendre.

- J'ai rêvé de cette musique. Je ne me souviens pas de ce qu'il se passait dans mon rêve mais il y avait cette musique. Et c'était ta voix qui chantait. Je ne sais pas comment je me suis rappelée du titre, ça m'est seulement revenu comme ça, quand tu t'es mis à jouer la première musique.

- Tu n'avais pas d'image dans ce rêve ?

- Aucune idée. Je ne me souviens pas.

Déjà que je n'avais pas de souvenir de mon passé, alors si maintenant je me mettais à oublier mon présent, j'allais craquer. J'allais vraiment craquer.

- Ce n'est pas grave. C'est un rêve, c'est normal que tu ne te souviennes pas de tout, me rassura-t-il.

J'hochai doucement la tête.

- Maintenant, dis-moi ce qu'il s'est passé quand j'ai commencé à chanter.

Il balaya les mèches de cheveux qui me tombaient devant les yeux, comme on le faisait habituellement à une enfant.

J'esquivai son regard.

- J'ai eu mal. Je ne sais pas pourquoi mais ça m'a fait mal. Cette chanson... Ce n'était pas un souvenir heureux, pas vrai ? lui demandai-je craintive.

- C'est vrai. Mais malheureusement, c'était un souvenir nécessaire.

- Tu peux me raconter s'il te plaît ?

Il soupira et se releva pour s'asseoir près de moi. Je m'installai en tailleur pour l'écouter.

- C'était il y a deux ans. Mes parents venaient de m'annoncer qu'ils devaient aller en Australie et qu'on allait devoir déménager. Je ne te l'avais pas dis, parce que je ne savais pas comment le faire, ni comment tu allais réagir. Je n'avais pas envie de partir. Mais ils ne voulaient pas que je reste. Bien sûr, tu as finis par le savoir. Deux semaines avant mon départ.

- Comment je l'ai appris ?

Il grimaça en repensant à ce souvenir.

- Pas de la bonne manière. Tu as surpris une conversation entre ma mère et ton père et tu as très mal pris le fait que je sois au courant depuis trois mois.

- Trois mois ! m'exclamai-je. Et tu t'étonnes que je l'ai mal pris ?

- Ouais je sais... Mais je repoussais chaque jour un peu plus, et ça devenait de plus en plus difficile de te le dire. On s'est engueulé le jour même. Très fort. Ça n'avait jamais été aussi explosif. Et aussi horrible. Ce jour-là, tu m'as dis de dégager et de rester pour toujours en Australie. Loin de toi. Et tu ne m'as plus adressé la parole.

Il se remémorait se souvenir et semblait se projeter dans notre passé commun. Il se sentait toujours coupable. Je le voyais dans ses gestes et dans sa façon d'esquiver mon regard. Il n'osait plus me regarder.

- Trois jours avant mon départ, tes parents étaient chez moi, avec les miens et tu étais chez toi. Ils étaient tous dans le jardin et je me suis mis au piano. J'ai joué pendant tout l'après-midi, et puis à un moment, je me suis mis à chanter la musique de tout à l'heure. C'est la seule fois que nos parents m'ont entendu chanter. Toi, ce n'était pas la première fois.

- J'étais là ?

- Oui. Tu étais restée depuis environ une heure avant que je ne commence cette chanson. Je suis tombée dessus par hasard pas longtemps après notre dispute et les paroles m'ont fait penser à notre... situation. Alors j'ai appris la partition, et les paroles.

Il prit ma main et jouait nerveusement avec mes doigts.

- Quand j'eus terminé de jouer cette chanson, je t'ai entendu bouger derrière moi, sur le canapé. Tu pleurais. Comme tu l'a fais tout à l'heure, en silence. Et tu t'es jetée dans mes bras en me disant que ce que tu m'avais dis la dernière fois était faux. Que tu voulais que je reste. Nos parents ont tout vu, et c'est comme ça qu'ils ont décidé que je resterais chez toi.

- Donc c'est à cause de moi que tu n'es pas parti ? demandai-je gênée.

- Je dirais plutôt que c'est grâce à toi que j'ai pu rester, me répondit-il en souriant. Tu ne serais pas venue ce jour-là, je serais en Australie en ce moment.

- C'est vrai que cette perspective est atroce. Tu serais en train de te prélasser sur une plage, au soleil, plaisantai-je. Ou alors, tu serais en train de te baigner dans une eau claire et chaude de l'océan.

Il rigola et se détendit voyant que j'allais mieux.

- Mais je serais aussi loin de toi, se reprit-il. Et peut-être même que pendant ces deux années, tu ne m'aurais toujours pas adressé la parole. C'est ça qui aurait été atroce.

Je lui souris et il me fit signe d'approcher pour me prendre dans ses bras. Je me suis laissée aller contre lui et je me suis complètement détendue. Je me sentais vraiment mieux maintenant malgré le trouble qui persistait en moi.

- Ne t'en vas pas, murmura-t-il.

Je me redressai soudainement.

- Quoi ?

- C'est ce que tu as dis tout à l'heure chez moi, quand tu pleurais. Tu as dis la même chose il y a deux ans... dit-il pensivement.

Voilà pourquoi j'avais dis cela. J'avais récupéré un souvenir. Ou du moins, une toute petite partie : un titre de musique, une phrase et une sensation. Ce n'était qu'un début chaotique, mais c'était déjà ça. Je m'en contenterais pour aujourd'hui.

Comme j'en avais assez de parler de tout cela, je changeai de sujet.

- Mes parents t'ont dit que que je n'aurais rendez-vous à l'hôpital qu'une fois par semaine ?

- Oui. C'est quand le prochain d'ailleurs ?

- Je ne sais pas, ma mère attend leur appel. Peut-être que d'ici là j'aurai plus d'un souvenir à leur raconter, lui dis-je en l'espérant sincèrement.

- Je vais essayer de réfléchir à des moyens comme celui-là pour que tu te souviennes.

- Des souvenirs moins douloureux s'il te plaît, rigolai-je.

Il m'embrassa sur le front et me certifia qu'il y ferait attention à l'avenir.

- Tant mieux, parce que j'en ai assez de pleurer, répliquai-je pour plaisanter.

- Tu en as assez de pleurer ? répéta-t-il en fronçant les sourcils.

Oh non... Je n'aurais pas dû dire ça.

- Tu pleures souvent ? s'étonna-t-il.

Je ne pouvais plus me défiler maintenant, j'en avais trop dis. Je me levai du lit avant de lui répondre.

- Ça m'arrive. De temps en temps, avouai-je en allant vers mon étagère.

Quand j'avais rangé toutes les photos que j'avais éparpillées au sol, j'avais changé celles qui étaient dans les cadres.

- Quand je vais me coucher, et que je n'arrive pas à dormir, je repense à tout ça et je ne peux pas m'en empêcher, lui dis-je en reniflant bruyamment.

Les larmes me montaient de nouveau aux yeux.

- Ce ne sont pas des larmes de tristesse, c'est plus de la frustration je pense.

- Tu sais, j'ai toujours été étonné de ne pas t'avoir vu craquer tout ce temps. Non pas que je le voulais ! me rassura-t-il en arrivant vers moi. Je déteste te voir pleurer. Mais ça me surprenait que tu ne l'aies pas fais.

Une larme roula encore sur ma joue et Jordan l'essuya avec son pouce.

- Je suis en colère que tu te sois cachée comme ça. Je ne veux plus que tu le fasses, d'accord ? Maintenant, quand tu n'arriveras pas à dormir, tu viendras me voir et on regardera un film, comme hier soir. Ou on sortira se promener, ou se baigner, ou n'importe quoi d'autre. Ou alors encore, si tu veux simplement pleurer ou parler, je veux être là pour toi. Je ne veux plus que tu restes seule dans ton coin dans ces cas là. C'est d'accord ?

J'hochai la tête et l'embrassai sur la joue avant de le prendre de nouveau dans mes bras. Je me fichais totalement qu'il m'aie mentis, j'avais besoin de lui. Seulement besoin de lui.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top