Jour 15
- Déjà debout ! s'exclama ma mère lorsqu'elle se leva, me voyant à la cuisine en train de fouiller le placard à la recherche de mes céréales.
- Oui. Je me suis endormie immédiatement après manger et j'avais déjà pas mal dormi avant aussi. Alors du coup, je suis déjà réveillée alors qu'il n'est que sept heure.
- Je vois ça !
Je versai des céréales dans mon bol et commençai à manger. Ma mère s'installa près de moi avec un café.
- Les potes à Jordan, ils ont passé la nuit ici ? demandai-je, tendue.
- Je ne pense pas. D'habitude, ils repartent le soir. Très tard, voire même très tôt le lendemain, mais ils ne restent pas. Et puis, Jordan ne te ferait pas ça en ce moment. Pour toi.
- Il m'a menacé hier soir alors pourquoi pas, marmonnai-je pour moi-même.
- Il t'a menacé ? s'exclama-t-elle surprise.
- Hier soir, il m'a dit que si je ne descendais pas, il allait monter avec les gars.
- Il ne l'aurais pas fait.
- Je n'en suis pas si sûre !
Je me levai pour me servir du jus d'orange quand mon père arriva à son tour. Il me fit lui-aussi une remarque sur le fait que je sois levée, puis ils sont partis travailler après avoir fini leur petit-déjeuner.
De mon côté, je suis retournée dans ma chambre et j'ai fouillé mon téléphone. Comme je l'avais fais avec mon ordinateur et toutes mes autres affaires. Mais comme pour le reste, je ne remarquai rien d'intéressant. En parcourant mes conversations de messages, tout ce que j'ai récolté c'est encore plus d'incompréhension. Je ne comprenais pas les allusions de Sam dans nos conversations, tandis que celles que j'ai eu avec Jordan restaient simples et basiques. D'autres que j'ai eu avec Morgane, Alicia, Alex, Simon, ou Mélissa n'avaient aucun sens pour moi. Sauf en ce qui concerne les indications de lieu de rendez-vous, ou autres éléments de ce genre.
Le seul avantage à regarder dans mon téléphone était que je pouvais enfin mettre un visage sur ces noms, puisque à côté de chaque nom, se trouvait une photo.
Je suis allée chercher les cadres qui se trouvaient sur mon étagère. Ainsi, la brune à côté de Sam sur le cadre, était Alicia il me semble, et je pensais reconnaitre Alex, Morgane et Mélissa sur la photo de groupe.
J'appuyai sur le prénom d'Alex et fis défiler la conversation, mais rien ne différaient vraiment de celle de mes autres amis. Pourtant la phrase que Sam m'a dit avant de partir de chez moi il y a trois jours flottait toujours dans ma tête : Ne fais pas confiance à Alex. Pourquoi ne devrais-je pas lui faire confiance ? Je ne comprenais pas.
Je toquai à la porte de Jordan mais il ne répondit pas alors je répétai mon geste un peu plus fort et j'entendis un grognement. J'ai donc ouvert la porte et, le voyant allongé et endormi dans son lit, j'ai claqué la porte derrière moi. Il se redressa d'un seul coup en sursaut, ce qui me fit rire même s'il ne s'en est pas aperçu.
- Nikky ? Il y a un problème ? s'inquiéta-t-il.
Je me dirigeai vers sa fenêtre pour appuyer sur le bouton qui commande l'ouverture des volets.
- Ah putain Nikky ! Ferme ça ! cria-t-il en engouffrant sa tête sous la couverture.
Pour ne pas paraitre aussi sadique qu'il ne le pense, j'ai ouvert les volets de seulement quelques centimètres. Juste assez pour voir clair. Puis je me suis assise sur son lit en tailleur et j'ai dégagé le tissu de sa tête.
- Laisse-moi dormir... bougonna-t-il.
- J'ai une question.
- Il est quelle heure ?
- Neuf heure douze.
Il écarquilla les yeux.
- Neuf heure ? T'es sérieuse ? s'écria-t-il en m'adressant un regard plein de menace et de haine.
J'hochai la tête et il prit son téléphone sous son oreiller pour vérifier si je disais vrai, et plongea sa tête dans son matelas. Ce qui me permit d'admirer la musculature parfaite de son dos, à moitié cachée par la couverture.
- Dégage de là, marmonna-t-il.
- Quand j'aurai eu la réponse à ma question.
- Tu peux très bien l'avoir dans trois heure ta réponse.
- Sauf que je la veux maintenant.
Il tourna sa tête sur le côté et me regarda du coin de l'œil.
- Si je réponds, tu me laisse dormir ?
- Promis ! lui souris-je.
Il se redressa en soufflant, passant sa main dans ses cheveux désordonnés et s'assit dans son lit face à moi, ses jambes tendues à côté de moi.
- Qu'est-ce que tu veux savoir ? demanda-t-il, un air de défaite sur son visage.
- Tu peux me dire les prénoms des personnes là-dessus ?
J'accompagnai ma question en lui tendant la photo de groupe. Il me regarda, étonné.
- Et ça, ça ne pouvait pas attendre quelques heures ? s'indigna-t-il.
- Si, mais je voulais le savoir maintenant en fait.
Je lui souris aimablement. Ou plutôt, hypocritement.
- Tu es vraiment chiante, tu le sais ça ?
- Je commence à le savoir, oui. Tu vas me répondre alors ?
- Est-ce que j'ai le choix ?
Cette question était purement rhétorique puisqu'il savait que je ne partirais pas sans ce que je voulais.
- Alors, commença-t-il en soupirant quand je me suis rapprochée de lui. Là c'est Sam, mais ça tu devais le savoir. La brune à côté d'elle, c'est Alicia. Elle est sur une autre de tes photos aussi. La rouquine c'est Mélissa, et l'autre blonde ici c'est Morgane. La brune aux cheveux bouclés là, c'est Tania. Ensuite, si tu n'as pas remarqué je suis juste là. Le grand brun à lunettes c'est Alex, et le blond près de lui s'appelle Lucas. Et si toi tu n'es pas présente, c'est parce que c'est toi qui prenais la photo.
Je repris le cadre entre mes mains et passai mes doigts sur tout ces visages qui semblaient me scruter. M'épier. Et me sourire.
- C'est tout ce que tu voulais savoir ?
- Tu étais avec eux hier soir ? lui demandai-je en montrant les deux jeunes hommes présents sur la photo.
- Alex oui. Il y avait Simon aussi, un autre ami à nous qui n'était pas là pour la photo.
- D'accord.
J'appuyai mon dos contre la tête de lit et continuai d'observer le cliché pensivement.
- Tu m'as réveillé pour une photo ?
- Ouais, répondis-je en lui souriant.
- Je me trompe ou tu as fais exprès de me réveiller ?
- Tout à fait !
Je me relevai et ouvrit la porte. Avant de sortir en claquant la porte je lui ai souris et ai prononcé quelques mots.
- C'était ma vengeance pour le chantage que tu m'as fais hier soir. Mais merci pour m'avoir répondu. Bonne nuit !
Je suis retournée dans ma chambre en entendant Jordan râler, ce qui me fit rire. Je continuai de lire pendant plusieurs minutes les messages de mon téléphone, puis je descendis à la cuisine. J'étais en train de me servir à boire quand des mains puissantes m'ont saisie par les hanches. Un cri de surprise sortit de ma gorge et avant que je n'ai eu le temps de protester, j'avais la tête à l'envers.
Jordan me maintenait par les genoux et j'étais basculée sur lui, mon ventre appuyait sur son épaule et ma tête était à hauteur de ses reins.
- Relâche-moi ! Tout de suite Jordan ! Dépêche-toi sinon...
- Sinon quoi, très chère ?
Sans le voir, je savais qu'un sourire sadique illuminait son visage.
- Tu fais quoi ? Tu vas où ? m'affolai-je.
Il ne répondit pas et me lâcha d'une main pour déverrouiller la baie vitrée.
- Non Jordan ! Ne fais pas ça ! criai-je en comprenant ce qu'il avait derrière la tête.
- Tu ne le sais peut-être pas, mais j'aime bien dormir longtemps le matin. Et je déteste être réveillé comme tu l'as fais.
Avant que je ne puisse répliquer, mon corps entier fut immergé sous l'eau. Tout comme le sien d'ailleurs. Il m'avait lâchée et je me relevai rapidement pour sortir la tête de l'eau. Il était mort de rire et très content de son coup.
- Tu es vraiment stupide ! m'écriai-je en l'éclaboussant.
Ceci ne fit que redoubler ses rires.
Je sortit de l'eau, mes vêtements me collant à la peau. Jordan me suivit.
- C'est un nouveau maillot de bain ? se moqua-t-il.
- Très drôle, bougonnai-je.
- Oh aller ! Tu ne vas pas faire la gueule pour ça, me sourit-il en pinçant ma joue.
Je me dégageai en marmonnant.
- Je te rappelle quand même que c'est toi qui vient de me réveiller pour rien, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.
Je l'ignorai et me dirigeai à l'intérieur en courant, et je me suis dépêchée de refermer la baie vitrée à clé, juste avant qu'il n'atteigne la porte. Son sourire a disparu et il m'a jeté un regard noir.
- Nikky ouvre cette porte ! hurla-t-il d'une voix étouffée.
C'était maintenant à moi de sourire et c'est lui qui faisait la gueule. Je secouai la tête négativement et montai à ma salle de bain en le laissant dehors. Je pris une douche et me changeai en me demandant combien de temps j'allais le laisser dehors. Après tout, il a tout ce qu'il faut là où il est : de l'eau pour se baigner, de l'ombre s'il a chaud et même l'eau du tuyau d'arrosage s'il a soif. Je me trouve plutôt généreuse tout compte fait.
Je descendais les escaliers en souriant, et en arrivant à la dernière marche, je me suis reçu un seau d'eau complet. J'étais, une fois de plus, trempée de la tête au pied.
Je me tournai, la bouche grande ouverte, pour voir Jordan mort de rire. Encore. Mais comment il a fait pour rentrer ? Il avait un double des clés ou quoi ? Je me poserai la question plus tard.
Une fois remise de ma surprise, j'ai fais comme si je me fichais d'être - encore - trempée et m'avançai à la cuisine. Comme je m'y attendais, il m'a suivis. Arrivé à ma hauteur, j'ai pris la bouteille de jus d'orange que j'avais sortis et l'ai éclaboussé avec et les rôles furent donc inversés : je riais et lui semblait troublé. Cependant, il s'est très rapidement ressaisi et s'est précipité vers le réfrigérateur.
- Non Jordan ! Arrête tout de suite !
- Trop tard !
Oui, trop tard... Il me bombardait déjà avec des œufs. De mon côté, je me suis approchée du placard, esquivant ses attaques, je me suis emparée d'un paquet de farine que je lui ai jeté. La poudre blanche s'est immédiatement collée à sa peau humide à cause de la boisson collante.
Puis, il m'a attaqué avec de la mayonnaise alors je l'ai poussé pour prendre tout et n'importe quoi dans le réfrigérateur. Il s'en suivie une guerre dégoutante de plusieurs minutes.
Nous étions chacun d'un côté de l'îlot central de la cuisine, accroupis au sol pour nous cacher. Aucun de nous deux n'avait attaqué depuis plusieurs secondes.
- Nikky ?
- Jordan ?
- Je te propose une trêve !
- Toi, tu n'as plus de munitions, me moquai-je.
- Si, mais plus beaucoup, rit-il à son tour.
- Donc, tu capitules ?
- Non, je veux seulement un accord ! s'indigna-t-il.
- Très bien, j'accepte.
Je n'avais pas le choix, c'est moi qui n'avait plus de munitions.
- Mettez vos mains bien en évidence ! me cria-t-il.
J'ai rigolé en remarquant le ton dramatique qu'il avait adopté et j'ai levé mes mains en l'air, me redressant doucement. J'ai risqué un œil pour voir ce qu'il en était, de son côté il faisait de même.
Une fois debout, nous avons explosé de rire en voyant l'état lamentable dans lequel nous étions. Il a fait le tour pour me rejoindre et a tendu sa main.
- On dépose les armes ?
- Je suis d'accord, lui souris-je en serrant sa main poisseuse.
Il me lâcha et nous nous sommes tournés vers le désastre qu'on avait fait.
- Et maintenant ? demanda-t-il.
- Pour la deuxième fois de la semaine, on va devoir faire briller cette cuisine, constatai-je en soupirant.
- Ouais.
Nous sommes d'abord monté nous laver et nous changer rapidement. J'étais en train de m'habiller quand Jordan frappa avec affolement à ma porte.
- Nikky ! Dépêche-toi ! On est dans la merde !
Je terminai de mettre mon tee-shirt et ouvrit la porte.
- Quoi ? Il n'y a pas le feu.
- Si un peu. Ta mère arrive à midi et demi je te rappelle !
- Et alors ? On a le temps.
J'attrapai mon téléphone pour regarder l'heure.
- Il n'est que... Oh merde !
- Ouais, c'est ce que j'ai dis.
Nous nous sommes précipités en bas pour nettoyer tout ça très rapidement : il était presque midi, et c'était un vrai chantier à la cuisine.
Quand on entendit la serrure de la porte tourner, j'ai refermer rapidement le réfrigérateur que je n'avais pas terminé de nettoyer et Jordan s'est mit dos à l'évier qui avait récolté les vestiges de notre bataille.
- Bonjour les enfants ! Comment ça va ?
- Bien !
Nous avions répondu immédiatement et en même temps. Ma mère fronça les sourcils et nous regarda tour à tour.
- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda-t-elle d'un air de suspicion.
- Rien du tout !
Jordan et moi nous sommes regardés après avoir répondu en même temps, encore une fois. On ne savait vraiment pas adopter un air innocent.
- Et pourquoi ça sent le citron ici ?
- Nikky a renversé du jus d'orange et ça collait, répondit Jordan à ma place.
- D'accord.
Elle ôta ses chaussures et monta à l'étage en nous jetant un regard douteux. Heureusement que j'avais pensé à nettoyer les escaliers !
On attendit qu'elle disparaisse de notre champ de vision pour terminer de nettoyer les dernières traces en vitesse. Quand elle est revenue, nous étions installés à la table, un verre de soda devant nous.
- Vous allez bien tout les deux ?
- Oui oui, lui répondis-je. On mange ?
Nous avons déjeuné et ma mère oublia que nous avions l'air suspect. Elle repartit travailler après manger et Jordan et moi sommes allés nous baigner tout le restant de l'après-midi.
Dans la journée, j'ai appris qu'il avait escaladé le mur pour rentrer dans la maison par sa chambre quand je l'ai enfermé dehors. C'est donc comme ça qu'il a pu prendre sa revanche.
Le soir, mon père s'est plaint du fait qu'il n'y avait plus d'œufs.
- C'est étrange, il me semblait en avoir racheter le week-end dernier.
- J'irai en acheter demain si tu veux, se proposa Jordan, un demi-sourire sur ses lèvres.
- Oui je veux bien, merci. Je pourrai te faire une petite liste ?
- Aucun problème.
Il baissa la tête pour dissimuler son amusement, et je fis de même. On était vraiment des gamins !
Une fois le dîner terminé, Jordan annonça qu'il sortait voir ses amis. Qui étaient aussi les miens d'ailleurs. Il m'avait proposé dans l'après-midi si je voulais venir mais j'ai décliné. Il n'a pas insisté. Il était avec moi tout les jours alors peut-être que ça l'arrangeait que je refuse.
J'ai donc passé le début de soirée avec mes parents, à discuter devant la télé, puis je suis remontée dans ma chambre quand ils sont partis se coucher.
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