Jour 13

Jordan a passé sa soirée à m'expliquer comment jouer à ma console de jeu, la Wii. Il était content parce qu'il gagnait tout le temps, ce qui était normal puisque je n'arrivais pas très bien à comprendre la fonctionnalité des boutons et de la manette. Cependant, il a très vite déchanté après une ou deux heures, étant donné que j'avais enfin trouvé le truc. Jouer à ce jeu devait en fait, faire partit de mes réflexes, comme dirait mon médecin, et j'ai très vite repris la main. Enfin quelque chose d'intéressant que je n'avais totalement oublié !

Hier soir, mes parents nous avaient demandé de nettoyer tout l'étage du bas, même si selon moi, tout était aussi propre qu'à mon arrivée. Toutefois, nous nous sommes mis au travail, et cela faisait maintenant deux heures que nous étions en train de nettoyer.

Après que nous ayons fait briller chaque meuble et l'îlot de la cuisine, laver le cuir du canapé avec un produit spécial, vider et remplir le lave-vaisselle, nettoyer la terrasse, je terminais de passer la serpillère pendant que Jordan s'occupait du linge. Ce jeune homme savait donc repasser les vêtements et faire fonctionner une machine à laver et un sèche-linge. Heureusement parce que moi je l'ignorais totalement.

Il était maintenant seize heure trente-deux, et nous étions affalés sur le canapé, en train de manger des chips en silence. Depuis au moins une heure, on regardait un reportage stupide sur une mère qui s'occupait seule de ses cinq enfants. Ce qui était, pour ma part, totalement soporifique. J'entendis Jordan bailler à côté de moi, j'en ai donc déduis que je n'étais pas la seule à luter pour ne pas dormir.

- Piscine ? lui demandai-je en me tournant vers lui.

- Flemme, marmonna-t-il.

- S'il te plait !

- Je regarde la télé.

J'explosai de rire.

- Quoi ? m'arrêta-t-il sérieusement.

- Attend, t'es sérieux ?

- Oui, pourquoi ?

Il continuait de regarder l'écran en mangeant ses chips. Je lui arrachai le paquet des mains pour l'obliger à me regarder.

- Très bien. Alors dit moi comment s'appelle la dame qui est la mère de famille, lui souris-je ironiquement.

- Ok ! Je me rends !

Il se mit debout en éteignant la télé et je le suivis à l'étage.

- Tu me soules, tu le sais ça ? me demanda-t-il avant de fermer la porte de sa chambre.

Malgré ses paroles, il m'avait sourit.

Dix minutes plus tard, nous étions dans l'eau. Lui, nageait tranquillement et moi j'étais assise sur les marches de la piscine, et une fois de plus, je le regardais nager, mais je m'arrangeais pour qu'il ne s'en aperçoive pas. Ça m'aurait beaucoup trop gênée, et lui aussi je pense.

- Jordan ? l'interpelai-je quand il arriva près de moi.

- Ouais ?

Il se mit debout face à moi. A l'endroit où il se trouvait, l'eau lui arrivait juste au dessus du nombril.

- Il s'est passé quoi le deux octobre deux mille douze ?

- D'où tu sors cette date ? répondit-il calmement.

- C'est le mot de passe de mon ordinateur. Je croyais que c'était seulement des chiffres, mais j'ai vu que ça faisait une date. Zéro, deux, un, zéro, deux, zéro, un et deux ; c'est une date, pas vrai ?

- Tu as raison. Mais le truc, c'est que tu n'as jamais voulu me dire à quoi elle correspondait ! Alors si tu trouves, je veux bien le savoir.

Il m'a sourit, mais pas du même sourire qu'il me fait d'habitude. Celui-là me paraissait forcé et faux, mais il l'effaça quand il regarda mes pieds.

- C'est ça que tu appelles te baigner, Nikky ? demanda-t-il en riant.

- Pourquoi tu...

Il se baissa pour attraper mes pieds.

- Non ! criai-je. Ne pense même pas à...

- Oh si ! s'exclama-t-il avant de me tirer par les jambes, me faisant quitter les marches et finir sous l'eau.

Il s'en suivit une bataille infernale, dans laquelle j'étais loin d'avoir l'avantage mais je m'en fichais parce que j'aimais bien ces moments entre nous deux. J'étais contente d'avoir un meilleur ami comme lui.

- Attend ! hurlai-je en me dégageant pour me reculer. Attend deux secondes s'il te plait !

- Quoi ? T'essaie de te défiler ?

Il s'approcha lentement, un large sourire aux lèvres. J'étais dos au rebord de la piscine quand il attrapa mon poignet.

- Ton téléphone ! Il est en train de sonner !

- Mais bien sûr com...

- Écoute !

Il s'arrêta une seconde et tendis l'oreille, puis souffla et sortit de l'eau en me promettant qu'il se vengerait. En prenant son portable sur le transat où se trouvait sa serviette, il marmonna un juron.

- Un problème ? lui demandai-je en enroula ma serviette autour de moi.

- Mes dernières heures sur cette Terre sont annoncées. Je vais me faire décapiter. Littéralement.

Il me montra l'écran sur lequel je pus lire ' 4 appels manqués de Patrice Cassel. 2 messages non lus. '. Avant que je ne puisse lui répondre quoique ce soit, une musique sortit de nouveau de l'objet et le nom de mon père s'afficha. Jordan fit une grimace et répondit.

- Oui ? [...] Non, tout va bien. On était dans la piscine et on a pas entendu la sonnerie. [...] Oui, je sais, excuse moi. [...] Ok, pas de problème. [...] Oui, d'accord.

Il me regarda en raccrochant et soupira.

- C'est bon, j'ai encore quelques jours devant moi, annonça-t-il fièrement.

- Génial alors ! Il voulait quoi ?

- Ta mère nous a dit qu'elle ne rentrait qu'à vingt et une heure ce soir et ton père m'a prévenu qu'il n'allait pas rentrer avant vingt heure, vingt heure trente. Il doit terminer un plan, ou je ne sais quoi, étant donné qu'il a prit sa journée de demain, tout comme ta mère.

- Ah oui, c'est vrai que je retourne faire un tour à l'hôpital demain...

- Ouais. Pour voir si tout va bien là-dedans ! rit-il en tapant mon front du bout de son doigt.

Ce que j'apprécie tout particulièrement avec lui, c'est qu'il me parle comme si rien ne s'était passé. Comme si j'avais encore toute ma mémoire, sans pour autant faire référence à un souvenir quelconque. J'aime beaucoup Jordan, alors que ça ne fait seulement quelques jours que j'apprends à le connaitre à nouveau. Une part de mon esprit doit certainement se souvenir que j'ai longtemps apprécié ce jeune homme, tout comme pour mes parents.

Depuis que j'ai rencontré mon entourage, je vais mieux. Je me sens mieux que quand je me suis réveillée. Ils m'aident beaucoup, et même si je ne sais rien d'eux, je sais que je peux leur faire confiance.

- Tu comptes avancer à un moment ? m'interrompit Jordan.

Il était déjà près de la baie vitrée, et moi, j'étais restée debout près de la piscine, à réfléchir et remuer mes pensées.

- Ouais j'arrive !

J'ai suivis les directives de mon meilleur ami pour pouvoir faire un dîner correct pour nous et mes parents, puisqu'ils rentraient plus tard que d'habitude.

Quand ils sont arrivés, nous nous sommes attablés et avons discuté de notre journée. Depuis que je suis rentrée, je ne vois mes parents que le soir à l'heure de manger, étant donné qu'ils partent tôt le matin et que je me lève tard.

Après que mes parents soient partis se coucher, je me suis mise en pyjama, composé d'un court short fin et d'un débardeur, et je suis sortis pour me poser sur un transat près de la piscine avec mon ordinateur. Malgré qu'il fasse nuit, l'air était encore un peu chaud, tout en restant agréable.

En allumant l'appareil, je continuais de me demander la raison pour laquelle j'avais choisis ce mot de passe. Pourquoi cette date ?

J'ouvris chaque dossier qui se trouvait sur le bureau, mais je ne trouvai que des photos semblables à celles qui encombrait le mur au dessus de mon bureau, des répliques de mes dessins et des textes de cours. Rien qui pouvait ressembler à un journal intime, ou quelque chose du genre. J'avais même fouillé chaque recoins de ma chambre pour trouver un journal, mais rien.

Mes découvertes n'ayant aboutit à rien, je suis allée sur internet et j'ai parcouru mes pages favorites : réseaux sociaux, sites de vente en ligne et outils de téléchargement dont je me fichais. Les photos et textes que je pouvais voir sur mes pages personnelles des réseaux sociaux ne m'aidaient pas non plus. Rien ne me ramenait à cette date, ni à aucune autre date d'ailleurs.

- Qu'est-ce que tu fais là ? me demanda Jordan en s'asseyant sur le siège à côté de moi. J'étais en bas et quand je suis remonté, ta porte était toujours ouverte.

Je fermai l'ordinateur et m'allongeai en soufflant.

- Je voulais prendre l'air et explorer tout ça, dis-je en tapant doucement sur l'appareil.

- Tu as trouvé quelque chose d'intéressant ? s'enquit-il.

- Rien du tout à part des photos. Tu ne sais pas si j'ai un journal intime par hasard ? tentai-je en vain.

- D'après ce que tu m'en as dis, tu trouves que le fait de tenir un journal est inutile et puéril.

- J'en déduis que la réponse est non alors, soupirai-je de lassitude.

- Tu devrais aller te coucher, il commence à être tard, m'informa-t-il en regardant son téléphone. Il est presque trois heure.

- Déjà ? Ouais, je vais aller me coucher.

Je me levai et rentrai dans la maison, suivis de près. Avant d'entrer dans ma chambre, je l'interpelai.

- Je dois bien avoir un téléphone moi aussi, non ?

- Évidemment, me sourit-il.

- Et pourquoi il n'est pas dans mes mains ? lui demandai-je les poings sur les hanches.

- Il y sera demain, promis !

Nous sommes restés ainsi, sans parler quelques instants, puis il s'approcha pour poser sa main sur mon bras et m'embrassa délicatement sur la joue, s'attardant quelques secondes.

- A demain, Nikky. Dors bien.

Jordan se recula et ferma la porte de sa chambre derrière lui, pendant que moi je restais immobile, à la même place, les doigts frôlant l'endroit où ses lèvres étaient posées il y a peu. Son regard avait délibérément esquivé le mien depuis le moment où il m'a rejoint au bord de la piscine et sa voix s'était faite plus grave lors de sa dernière phrase. Ou alors, j'avais seulement imaginé son geste, et sa voix, je ne sais pas. Je ne sais plus.

Mais pourquoi cela me perturbe à ce point ? C'est mon meilleur ami, non ? C'est normal qu'il agisse ainsi, qu'il me souhaite une bonne nuit et qu'il m'embrasse sur la joue. Ce n'est pas la première fois qu'il le fait, tout comme il m'a prit dans ses bras plusieurs fois. Mais est-ce normal qu'il me manque déjà ? Est-ce normal que j'ai admirer son torse quand il me parlait ? Est-ce normal que je trouve la vue de son dos très plaisante ? Est-ce normal que le claquement de sa porte résonne encore dans ma tête ?

Je secouai rapidement la tête pour sortir toutes ses questions qui se bousculaient dans mon esprit et rentrai dans ma chambre pour me glisser sous les couvertures. Encore une fois, j'avais froid. Et encore une fois, je n'arrivais pas à m'endormir, même les yeux clos et le nez enfoui dans mes oreillers.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top