Épilogue

16 Août 2022

J'avais toujours cru que le plus beau jour de ma vie serait le jour de mon mariage. Ce jour si spécial et si important dans une vie de couple. Ce jour où les deux familles des mariés ainsi que tout leurs amis assisteraient à leur union. Ce jour où je passerais la bague au doigt de ma petite amie pour pouvoir enfin l'appeler ma femme.

J'avais toujours pensé que le jour où je la verrais arriver face à moi dans cette robe blanche, simple et magnifique serait le plus beau jour de ma vie. Mais je m'étais trompé. Parce le plus beau jour de vie avait déjà eu lieu, et rien ni personne ne pouvait le changer.

Peut-être étais-je égoïste, mais c'était ainsi que je le voyais et elle le comprenait. Je lui avais fait part de mes pensées et elle n'avait pas été vexée, ne serait-ce qu'une seule seconde. Elle en avait tout de suite saisi la raison.

Ce jour avait eu lieu il y a sept ans, jour pour jour. Le seize août deux mille quinze.

Ce seize août était magnifique et magique, tout simplement. Et irremplaçable. Il restera à jamais gravé dans ma mémoire et je savais que depuis ce seize août, plus rien ne nous séparerait.

Si même le coma et une amnésie n'avait pas su nous séparer, ni même des centaines de disputes toutes plus stupides les unes que les autres, ou encore mon accident de moto de l'an passé qui m'avait valu une cicatrice éternelle sur la joue droite, qu'est-ce qui réussirait à me priver de mon amour ?

Un déplacement de trois mois au Canada pour le travail ? Il suffisait de quelques coups de téléphone, d'échanges vidéo et de SMS quotidiens pour contenir le manque et le besoin de traverser la moitié de la planète pour lui courir dans les bras et l'embrasser de toute mon âme.

Une fille un peu trop bourrée en soirée qui s'était jetée à mon cou pour m'embrasser ? Notre confiance mutuelle envers l'autre était tellement puissante que cette histoire fut très vite balayée.

Le choix de la maison dans laquelle on allait habiter ? Très rapidement oublié aussi. On avait fait appel à son père pour qu'il nous dessine et construise la maison exacte qu'on souhaitait.

L'arrivée d'un enfant qui n'était pas prévu ? Jamais ceci ne serait sujet à une dispute, qu'il soit prévu ou non. Le seul désaccord à ce propos était que je voulais être père maintenant et ce, depuis deux ans, alors qu'elle, elle voulait attendre encore un peu. Donc on attendait.

Rien de tout cela n'avait pu nous séparer, nous empêcher d'être là, aujourd'hui, entourés de tout ceux qui nous sont chers. Rien ne pourra jamais retirer ce sourire éblouissant sur le visage de ma fiancée. Elle était tellement belle.

Ses longs cheveux blonds tombaient en de larges boucles sur son dos et ses épaules nues, le collier composé d'une pierre bleu très clair et translucide qui appartenait à ma mère pendait à son cou et retombait juste au dessus de sa poitrine recouverte de sa robe bustier blanche avec quelques touches de bleu. Son maquillage était aussi simple que d'habitude, si ce n'était que quelques paillettes accompagnaient son fard à paupières. Elle était si belle.

Son père l'accompagnait dans l'allée centrale, son bras replié pour qu'elle puisse s'y tenir et tout deux marchaient jusqu'à moi. Tous ne regardaient qu'elle. Ma fiancée, mon Amour, et bientôt ma femme.

Tony, qui se tenait juste à côté de Simon souriait grandement et semblait fier de sa grande sœur. Tout comme Charlène, à l'opposé de son frère, qui, je le voyais, se retenait de lui courir dans les bras, dans sa petite robe bleu pâle. Sam, quant à elle, pleurait déjà à chaudes larmes. Tout comme ma mère et ma belle-mère, installées au premier rang, les pieds dans le sable comme tout les autres invités.

Arrivé près de moi, Patrice prit sa fille dans ses bras, et lui murmura quelque chose à l'oreille qui la fit sourire, puis il déposa sa main dans la mienne. Sa main douce et tremblante m'électrisa le corps en une seule seconde. Peut-être même moins. Ses jolis yeux verts commençaient déjà à se remplir de larmes.

Maintenant face à moi, je ne pus m'empêcher de déposer un léger baiser sur sa joue et de lui dire à quel point je la trouvais magnifique.

Suite à cela, le maire commença son discours traditionnel, mais je n'en écoutai pas un mot. Je n'y parvenais pas. Nos regards soudés, nos sourires sincères, nos mains liées, pour toujours. Puis Nikky prit la parole d'une voix tremblante et pourvu de tout les sentiments qu'elle éprouvait à mon égard.

- Quand on était petit, on s'était promis de rester amoureux pour toujours. Et on a pas rompu cette promesse. Je suis restée amoureuse de toi Jordan, chaque jour depuis le premier jour. Même quand je ne me souvenais plus de rien, j'ai réussi à te retrouver et à t'aimer. Tu as réussi à me refaire tomber amoureuse de toi en seulement quelques jours. J'avais mis longtemps à me rendre compte que je t'aimais, mais au fond, c'était le cas depuis le début de mon amnésie. Sauf peut-être la première fois que je t'ai vu, ajouta-elle en riant. Ce jour où je suis entrée dans ma chambre à l'hôpital, tu étais allongé sur mon lit en train de feuilleter mon livre puis tu t'es levé, ton sourire arrogant sur les lèvres et ma première impression a été de te trouver très prétentieux. Ce qui est aussi la vérité.

Cette petite remarque fit rire tout le monde, moi le premier.

- Mais une fois revenue chez moi, quelque chose avait changé. Je me sentais seule sans toi, j'étais jalouse et tu sais à quel point et puis, j'aimais beaucoup te regarder nager, rit-elle. Alors, je me suis rendue compte que tu étais plus que mon meilleur ami. Tu es mon meilleur ami Jordan, mais aussi mon premier amour, mon tout, ma vie. Sans toi, rien n'aurait été possible, alors quand tu m'as demandé de devenir ta femme, il y a un an, jour pour jour, il n'y avait pas d'autre réponse que le oui pour toi. Tu es l'homme de ma vie Jordan et je ne veux pas passer une journée de plus sans être présentée comme ta femme. Je t'aime infiniment.

Des larmes s'échappèrent de ses yeux à la fin de son discours, et je manquai de faire de même. Tout ce qu'elle venait de dire était si magique et si unique qu'il me fallait prendre sur moi pour ne pas la serrer dans mes bras, essuyer ses larmes et verser les miennes avant de l'embrasser tendrement. Mais c'était désormais à mon tour de prendre la parole. J'étais angoissé à l'idée de parler parce que je n'avais rien préparé du tout. J'ignorais encore quel serait le premier mot qui allait sortir de ma bouche, mais le seul fait de croiser le regard de Nikky me retira toute appréhension, et je pris la parole.

- Tout d'abord, je ne suis en rien prétentieux.

Ce simple aveux fit à nouveau rire tout le monde et Nikky secoua la tête en se joignant aux autres.

- Mais ce n'est qu'une question de point de vue tout compte fait. Parce que finalement, je pourrais passer pour quelqu'un de prétentieux en disant que je suis le plus heureux des hommes aujourd'hui, et depuis plus de vingt-quatre ans. La femme la plus magnifique, attentionnée, amusante et formidable est à mes côtés depuis si longtemps que je ne peux qu'être heureux. Même si c'est vrai que tu es aussi bornée, têtue et que tu ronfles la nuit, je t'aime au delà du possible.

Elle me jeta un regard légèrement désapprobateur sur cette dernière phrase, mais l'amusement et l'amour qu'elle me portait surpassait tout.

- Je t'aime Nikky, autant pour tes qualités que pour tes petits défauts, et c'est ça qui te rend si formidable à mes yeux. Tu l'es d'autant plus puisque tu as été capable de me pardonner mes nombreuses erreurs. Oui j'en ai commis beaucoup, certaines plus graves que d'autres, mais tu as su me pardonner. Et j'espère que tu continueras à me pardonner encore, parce que je sais qu'il m'arrivera de te mettre en rogne. Et de mon côté, je te pardonnerai toujours tout. Parce que tu es la femme de ma vie.

Je fis une pose en la voyant verser ses premières larmes.

- Je suis ton premier amour Nikky, mais je serai aussi le dernier. Je te promets de t'aimer infiniment, mon Amour, et de toujours rester à tes côtés. Toujours.

Ma jolie fiancée se mit désormais à pleurer à grosses larmes, mais le sourire aux lèvres. Mon discours venait de l'émouvoir mieux que je ne le pensais, et mon coeur se calmait un peu. Les battements ralentirent légèrement, mais étaient toujours bien trop rapide. Je ne l'avais toujours pas embrassée et même si j'étais persuadé qu'elle dirait le oui tant attendu, je ne pouvais m'empêcher d'être angoissé.

Quand la bague fut passée à son doigt et que ce petit mot de trois lettres fut enfin prononcé, je n'attendis qu'une seule chose. Je ne me rendis même pas compte d'avoir dit oui à mon tour, je n'entendis que la dernière phrase du maire.

- Vous pouvez maintenant embrasser votre femme.

Ma femme. Mon épouse. Elle était désormais totalement mienne.

Je ne patientai pas une seule seconde de plus avant de déposer mes lèvres sur les siennes, maintenant son visage trempé de larmes des deux mains. Ses lèvres bougèrent délicatement au rythme des miennes, et les perles d'eau salée continuèrent leur chemin. Je ne pouvais plus me décoller d'elle. De ma femme. Ce fut elle qui se recula légèrement, et je collai mon front contre le sien.

- Je t'aime, murmurai-je contre ses lèvres.

- Je t'aime.

Je la pris dans mes bras pendant une éternité, m'enivrant de l'odeur de sa peau, de son parfum et de son shampooing, délicieux mélange qui était propre à Nikky.
Malheureusement, on dû se détacher l'un de l'autre pour remercier chaque invité de leur présence, et discuter un peu avec eux, mais toujours main dans la main. Je n'avais pas vu Nikky de toute la matinée et de toute la journée de la veille, alors je ne comptais plus la lâcher.

Quand vint le moment pour nous d'ouvrir le bal, on se retrouva à nouveau seuls au monde, dans notre bulle indestructible. Une main sur sa taille, l'autre tenant fermement la sienne, je nous faisais bouger et tourner lentement, au rythme de la musique, sur le parquet de la scène construite sur la plage pour l'occasion, au bord de la mer et de ce coucher de soleil. Plus rien n'existait autour de nous du moment que sa peau était en contact avec la mienne et ses yeux ancrés dans les miens.

- Tu es magnifique.

- Toi aussi Jordan.

Elle relâcha ma main pour entourer mon cou de ses deux bras et je la serrai contre moi.

- Je ferai tout pour que tu sois heureuse. Tout pour te voir sourire mon Amour et te montrer à quel point je t'aime. Chaque jour.

Ses mains encadrèrent mon visage et un sourire radieux prenait place sur le sien.

- Tu nous rendras heureux, j'en suis persuadée et je sais que tu nous aimeras pour toujours.

- T'as dit nous, ris-je en relevant son erreur.

- C'est ce que j'ai dit, confirma-t-elle.

Je fronçai les sourcils d'incompréhension et m'écartai de son étreinte pour la regarder.

Nous. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Elle et... Non. Impossible.

Son sourire s'étira davantage et elle se remit à rire et à pleurer.

- Tu... Tu es...

Ne réussissant pas à finir ma phrase de peur de me tromper, je posai une main tremblante sur son ventre et l'interrogeai du regard. Je commençais déjà à sentir mes yeux s'humidifier.

Puis elle hocha la tête en riant. Et les larmes dévalèrent mes joues.

- C'est... C'est vrai ?

- Oui Jordan. Tu vas être papa.

C'était trop. Trop pour moi. Trop d'émotions d'un seul coup.

Je me laissai tomber à genoux devant elle, les mains sur ses hanches et mon front appuyé sur son ventre qui ne tarderait plus à s'arrondir.

Du bonheur à l'état pur. De la joie, de l'émerveillement et tant d'amour que ça semblait irréaliste.

Ma petite amie était devenue ma femme quelques minutes auparavant, et elle m'annoncait désormais que dans quelques mois, elle sera la mère de notre enfant. Notre bébé grandissait déjà en elle en ce moment même et rien ne pourrait parfaire cette journée magnifique. Elle ne pouvait pas choisir meilleur moment pour une telle annonce. J'étais tellement heureux.

Toutefois, avec cet aveux, je me sentis obligé de revenir sur mes premières paroles. Le seize août deux mille quinze, ce jour où Nikky avait retrouvé la mémoire, je m'étais dit que ce ne pouvait qu'être le plus beau jour de ma vie. Puisque, contrairement à notre mariage ou à l'annonce qu'elle venait de me faire, j'ignorais que ce jour arriverait. Nul ne savait si elle retrouverait la mémoire un jour. Tous l'espérait fortement bien entendu, mais aucun de nous ne savait si ses souvenirs reviendraient. Pour ma part, je m'étais fait à l'idée que tout ne reviendrait peut-être jamais. Alors, le jour où on venait de comprendre que tout était redevenu comme avant, j'avais été le plus heureux sur Terre, et j'étais persuadé que ce jour resterait le plus beau de toute ma vie.

Je savais qu'un jour je demanderais Nikky en mariage et qu'elle me dirait oui. Je savais qu'un jour je serais au bord des larmes en la voyant dans sa jolie robe blanche. Je savais qu'un jour elle m'annoncerait qu'elle attendrait notre enfant. Regrouper tout ceci en une seule et même journée était alors un pur bonheur et ce seize août deux mille vingt-deux venait totalement de surpasser ce même jour d'il y a sept ans.

Le seize août était magique, tout simplement. J'avais hâte d'affronter ce jour des prochaines années à venir, aux côtés de Nikky et de notre enfant.

*

Souviens-toi mon Amour, de toutes ses promesses que l'on s'est faites au fil des années passées. Vingt-quatre ans d'amitié, combinés à dix ans d'amour, et des dizaines d'autres années supplémentaires nous attendent, durant lesquelles je continuerai de te faire rire et sourire.

Souviens-toi mon Amour, que chaque jour passé ensemble ne sera que du bonheur.

Si jamais tu oublies un jour que je t'aime, je serai pour te le rappeler chaque jour, chaque heure, chaque minute de notre vie passée tout les deux.

Souviens-toi alors que je serai pour toi, pour toujours et à jamais.

Avec tout mon amour,
Ton homme devenu aujourd'hui ton mari.

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