« Chapitre 9 »
Chapitre 9
PDV EMILY
Je chantais la seconde chanson qui était « Just give me a reason ». Lors du refrain, j'avais les yeux fermés, mais je pouvais entendre les voix de Tania et Momo qui parlaient au fond de la pièce. C'était très perturbant de me dire que l'on m'écoutait. Lorsque je rouvris les yeux, tout en continuant de produire un son avec ma voix, je regardais Charles Hamon. J'essayais de percevoir rien qu'un petit sourire sur son visage, mais il se contentait de me regarder avec cette expression sérieuse sur son visage. J'avais l'impression de faire face à un robot sans émotion. Ne pouvait-il pas sourire pour m'encourager ? Etait-ce trop demander ? Je refermai les yeux, car c'était la seule façon de ne pas faire face à leurs visages qui ne pouvaient que me déconcentrer.
Just give me a reason
Just a little bit's enough
Just a second we're not broken just bent
And we can learn to love again
It's in the stars
It's been written in the scars on our hearts
We're not broken just bent
And we can learn to love again
La musique s'arrêta peu de temps après mon dernier refrain, et je retirai le casque de mes oreilles qui commençaient à me faire mal. La sensation de sentir ses oreilles compressées contre le crâne était réellement agaçant. (Mais whaaaaat ?)
Tout trois applaudirent dès que j'eus finie de chanter. Ils me sourirent, sauf Charles Hamon qui paraissait déçu. Je croisais des doigts en espérant que cela n'étaient qu'une impression. Je sortis de la pièce vitrée avant de rejoindre les autres. Tania vint me féliciter et me dire qu'elle avait beaucoup aimé, tout comme Momo. Charles Hamon, lui, se contenta d'écrire quelques notes sur un carnet semblable à celui qu'il avait tout le temps sur lui. J'étais curieuse de savoir ce qu'il avait écrit sur ces feuilles blanches, mais je n'osais pas être indiscrète. Je me contentais par conséquent d'attendre patiemment qu'il me dise quelque chose. Cependant, il sortit de la pièce sans dire un seul mot, sous nos regards perdus. Tania haussa des épaules, me faisant comprendre qu'elle aussi ne savait pas où il allait. Devions-nous le suivre ? Aucune idée.
« Me revoilà ! » s'exclama Charles Hamon, quelques minutes après qu'il soit parti.
Son exclamation me fit sursauter. Il en rit avant de venir vers moi et me montrer ce que cela donnait. Il venait de m'enregistrer chanter et il voulait me le faire écouter pour que j'aie un avis extérieur et objectif.
« Prête ? »
« Oui. » dis-je, assez souciante de ce que cela allait donner.
La musique débuta, et très rapidement je m'entendis chanter. Cela me procura des frissons. Je trouvais que je chantais bien, mais qu'il y avait bien mieux ailleurs. J'étais loin d'être une Britney Spears, mais vus les bons commentaires de certaines personnes professionnelles, je commençais à me dire que peut-être j'allais réussir à me faire connaître, à m'améliorer, et peut-être devenir une star ? J'étais à la fois optimiste et pessimiste. Cela dépendait des jours.
Après m'avoir fait écouter, il me demanda mon avis.
« Euh.. Je trouve que.. C'était bien.. non ? » tentai-je.
Je ne voulais pas paraître narcissique, ni passer pour une fille n'ayant aucune confiance en soi. Charles eut un sourire en coin et il vint poser sa main sur mon épaule.
« C'était vraiment très bien. Je suis certain que tu as un avenir dans la musique. Je serai très enchanté et honoré de travailler avec toi ! »
Sa réponse me toucha directement en plein coeur. Tania s'exclama de joie tandis que Momo affichait un large sourire sur son visage. J'étais heureuse, mais je n'arrivais pas à le remercier. Deux ans auparavant, j'étais une fille n'ayant que quelques amis et une vie banale, et me voilà maintenant en train de chanter pour l'une des plus grandes maisons de disques. J'avais parfois l'impression de rêver, mais après de multiples remises en questions, je me rendis compte que tout cela était réel et que j'allais réellement réussir à me faire connaître. La célébrité. C'était quelque chose que tout le monde désirait et que certains redoutaient. La célébrité. Bonne ou mauvaise chose ? Pour ma part, dans la célébrité, il y avait du bon et du mauvais. Il était difficile d'avoir une vie privée « normale » lorsque nous étions célèbres, mais cela apportait beaucoup d'avantages.
« Monsieur Hamon ? »
Cette secrétaire quelque peu dévergondée vint nous interrompre. Je pus voir l'agacement de Tania, agacement qui était compréhensible.
« Oui ? » répondit l'appelé.
« Un homme est là pour vous. Un certain Mathieu Olla. »
Il regarda sa montre avant de s'exclamer qu'il avait oublié ce rendez-vous.
« Je suis désolé, je vais devoir vous mettre dehors. J'ai un client d'une très grande importance.. J'espère que vous arriverez à sortir tranquillement. » Il regarda par la fenêtre, là où se trouvaient des dizaines de personnes portant des caméras et des micros. Journalistes merdiques. « Vous avez mon email, Mademoiselle Miller. Recontactons dans les prochains jours. »
Il me serra la main, puis celle de mes deux amis. Très rapidement, nous fûmes dehors. Dès que les journalistes nous aperçurent, ils accoururent jusque nous.
« Rohlala.. » soupirai-je.
« J'allais l'dire. » s'exclama Tania.
J'avais beau ne pas être très connu ici, ces journalistes étaient français et trainaient toujours autour des bâtiments professionnels pour jeunes artistes afin de récolter des interviews qui leur rapportaient de l'argent. Nous entrâmes dans la voiture. Momo réussit à démarrer la voiture rapidement et nous empêcha de nous prendre cette foule de journalistes. Je pus voir dans le rétroviseur certains journalistes qui soupiraient, d'autres qui juraient.
« Il était moins une. » dis-je.
Momo eut un sourire en coin avant de nous rouler sur une route que je n'avais encore jamais vu.
« Dis-moi, tu nous emmènes où là ? »
Il remarqua mon inquiétude dans ma voix et tenta de me rassurer en me répondant d'un « Fais-moi confiance. » Cela me faisait penser à Ethan. Il me disait souvent cette phrase. Je détestais ce mot : confiance. Oui, je lui avais fait confiance et résultat j'en étais arrivée à déprimer durant des mois. Fichu amour.
« Tania m'a demandé de vous emmener ici pendant que tu chantais. » m'avoua Momo.
Je vis le centre commercial de Los Angeles qui était énorme. Des magasins longeaient les rues, les uns aussi beaux que les autres. Je souris à Tania qui fit de même. Qu'est-ce qu'elle pouvait être géniale cette fille. Elle savait exactement ce qui me faisait plaisir : Le shopping. Même si parfois le shopping me saoûlait lorsque j'étais plus jeune, désormais je prenais un malin plaisir à dépenser mon argent avec Tania. Avant, c'était avec Kate que nous faisions des sorties de la sorte, mais vu ce déménagement « précipité », comme l'appelait ma mère, Kate et moi étions dans l'incapacité de reproduire ces sorties.
« Je n'ai pas d'argent.. » dis-je, déçue, après avoir fouillé mon sac.
« Ne t'inquiète pas, j'ai pris soin de prendre de l'argent. » me sourit Tania.
Elle sortit des billets de cinquante euros, ce qui m'étonna. Je n'aimais pas l'argent en liquide. Enfin, c'était agréable d'en avoir dans la poche, mais je trouvais ça vraiment trop risque pour se balader au centre-ville avec une telle somme. Il devait bien y avoir 800 euros dans sa main. Elle me refila quelques billets au hasard que je mis soigneusement dans la poche de mon jean puis nous sortîmes de la voiture de Momo qui nous salua avant de disparaître dans une rues voisines, très certainement pour aller s'occuper d'un de ses autres « artistes ». Je savais très bien qu'il n'avait pas que moi dans son travail, qu'il travaillait pour d'autres personnes. Cela ne me dérangeait pas du tout, même si parfois ça me dérangeait de devoir attendre une heure avant de pouvoir le voir. Je ne voulais pas paraître capricieuse non plus.
Tania et moi partîmes donc dans les boutiques. La première que l'on choisit était une boutique de vêtements pour femme. Nous étions habituées de commencer par acheter les pantalons, puis un haut qui allait avec. Les accessoires passaient en second plan, et nous en achetions de temps à autre, mais c'était beaucoup plus rare.
« J'ai une idée ! »
Je me retournai pour faire face à Tania qui venait de s'exclamer dans un rayon qui était vide, heureusement.
« On peut s'acheter des trucs, chacun de notre côté, puis on se rejoint dans deux heures et on se montre tout ce qu'on s'est acheté ? »
« Tu veux te débarasser de moi en fait ? » m'offusquai-je, faussement blessée.
« Meuuuh non ! » Elle vint me prendre dans ses bras comme pour me le prouver. « Je veux juste que nous nous faisions une surprise. »
« M'ouai.. On se rejoint au restaurant juste à côté à.. 17h ? »
« Ça me va ! »
Nous réglâmes l'heure sur nos portables avant de nous séparer en nous souhaitant bonne chance. Pour ma part, je sortis du magasin afin d'être sure de ne pas recroiser Tania. Si nous voulions être séparée, il fallait VRAIMENT l'être. Je m'engouffrai dans une seconde boutique qui paraissait plus chic, et donc avec des vêtements de meilleures qualités. J'avais envie d'acheter des vêtements ici, mais j'essayais de peser le pour et le contre : Valait mieux acheter peu de vêtements de très bonnes qualités ou beaucoup de vêtements de qualités basiques ? Telle était la question.
Alors que j'avançai, la tête baissée et les yeux plongés sur mon téléphone, je percutai quelqu'un. Je tombai comme une crèpe sur le sol, me cognant le bras sur le béton et me causant un long gémissement de douleur. Une main apparut devant moi et, sans réfléchir, je la pris. Je tombai nez à nez avec une femme, une brune assez jolie. Elle s'excusa à deux reprises avant de ramasser mon téléphone portable qui était également tombé. Elle me le rendit et me demanda si je ne m'étais rien cassé. J'avais beau être mince, je n'étais pas non plus un squelette.
« Oui oui, ne vous inquiétez pas. » la rassurai-je en me frottant le bras. « C'est moi. J'aurais dû regarder devant moi.. »
« Chéri ! Viens voir ! J'ai trouvé.. »
Les yeux de la femme s'illuminèrent et regarda en direction du garçon qui venait de l'appeler. Cette voix me disait quelque chose. Je me retournai et regardai l'homme en question. C'était lui.
Lui.
Il était là.
Devant moi.
Comment était-ce possible ? Peut-être était-ce simplement une personne qui lui ressemblait, mais lorsqu'il m'aperçut, il eut le même visage que moi : choqué.
« Emily ? »
« Emily ? » répéta la femme, ne comprenant pas où il voulait en venir.
« Ethan ? » répondis-je.
Nos visages se décomposèrent. Et bien dis-donc. Je ne m'attendais pas du tout à le voir. Je ne m'attendais pas du tout à le revoir, lui et sa .. petite amie ?
« Vous vous connaissez ? » nous demanda la brune.
« Je crois bien que oui.. » répondit Ethan, légèrement confus.
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