Chapitre 5.2 : La fête

Je ne pus même pas admirer la décoration intérieure. Les lumières à multiples effets dans la maison plongée dans une semi-obscurité m'empêchaient de distinguer quoi que ce soit. La pièce était comble. Jusqu'à l'entrée, des gens dansaient dans un joyeux méli-mélo de corps gesticulant et se trémoussant sans gêne. C'était presque une boîte de nuit-là.

- Wow ! cria Ann dans mes oreilles, je ne m'attendais pas à ça !

- Moi non plus !

- Pourquoi on a attendu aussi longtemps avant de venir à ce genre de fêtes ? continua-t-elle.

- Ça commençait trop tard pour nous, lui répondis-je, amusée.

En effet, c'était assez moche d'arriver à une fête censée commencer à vingt heures, lorsque vous aviez un couvre-feu de vingt-et-une heures.

- Je vais nous chercher à boire ! cria cette fois-ci Jay en désignant le buffet. Ne bougez pas.

Et il se faufila à travers les formes dansantes, jouant des coudes pour arriver sain et sauf devant un récipient contenant justement un punch quelconque.

- Où est Mickey ? demandai-je à Ann avec effort, me rendant compte qu'il n'était pas venu avec nous.

- Aucune idée. Il m'a dit n'être pas sûre de pouvoir venir, de m'avancer avec vous.

- Ça va, toi ?

- Ouais ! C'est pas parce qu'il n'est pas là que je ne vais pas m'amuser !

Au même moment, Jay revint avec trois gobelets. Il tendit un à Ann et me tendit un autre.

- Santé, cria-t-il pour couvrir la musique !

Je souris en choquant mon verre avec les leurs avant de le porter à mes lèvres. Du raisin avec quelques gouttes d'une liqueur que ma bouche inexpérimentée ne reconnut pas. En tout cas, c'était bon. Du coin de l'œil, je crus reconnaître le visage de Daniel.

- Je vais chercher Dan. On se retrouve plus tard, leur annonçai-je avant de me jeter à mon tour dans la fosse aux lions.

Sans trop savoir comment, j'arrivai à la cuisine qui avait aussi été investie. Des gens jouaient à des jeux alcoolisés. Demi-tour droite. Ce n'était pas un endroit pour moi.

Je tombai ensuite dans un petit couloir où je trouvai un petit salon privé qui n'avait pas encore été totalement investi par les invités. Cette pièce était éclairée, par contre. Je reconnus sans problème Scott Donovan, un verre de Whisky à la main, une fille assise sur ses cuisses. Ok... j'aurais préféré sortir, mais heureusement ou malheureusement, je rencontrai le visage de Dan. Celui-ci sourit immédiatement en me remarquant et se leva prestement pour venir à ma rencontre.

- Hey ! Te voilà enfin ! s'écria-t-il en me prenant dans ses bras.

- Désolée pour le retard. Ann n'arrivait pas à s...

Je fus coupé dans mon élan par les lèvres de Dan posées sur les miennes. Sans même attendre, il glissa sa langue dans ma bouche et m'entraina dans un baiser passionné au beau milieu du couloir.

- Euh... tu as bu combien de verre ? lui demandai-je une fois qu'il me relâcha, le souffle court malgré moi.

- Un seul, répondit-il avec un sourire niais, sans doute pas celui de quelqu'un qui n'avait bu qu'un seul verre.

- Ça devait être un verre géant alors. Plus d'alcool pour toi, ce soir. N'oublie pas que tu dois me ramener.

- Ok ok. Viens, je vais te présenter, dit-il subitement en m'entrainant dans le petit salon.

Je n'eus même pas le temps de protester que je me retrouvai déjà au milieu d'un groupe d'athlètes et de quelques membres du fan-club. Ce n'était pas prévu ça. A la base, j'étais juste venue pour passer du temps avec Dan, pas pour fraterniser avec toute l'équipe. Je n'avais rien contre les sportifs et leurs groupies, mais là présentement, ils me mettaient mal à l'aise.

- La fameuse ? s'enquit Scott en posant ses yeux sur moi.

Ses pupilles dilatées m'examinèrent de la tête aux pieds. J'en eu presque des frissons.

- Ouais. Hey, tout le monde ! croassa-t-il pour attirer l'attention, en me serrant contre lui. Voici June et c'est ma copine !

- Je crois que j'aurais pu me présenter toute seule, dis-je dans un chuchotis vite couvert par un concert de « Salut June ! », « Ouais ! », « Cool, la nana ! » suivit par le bruit de verre qui tintent.

Ok...

Je me tournai vers Scott qui n'avait plus dit un mot. Pour intégrer la meute, il fallait dompter le lion, comme on dit.

- Cette maison est impressionnante, Scott. Et la fête aussi. Encore bravo pour votre première victoire.

Si ça ce n'était ce qu'on appelait « se faire caresser dans le sens du poil », alors je ne m'y connaissais pas. Scott émit un rire sonore et leva son verre.

- Merci à papa et maman Donovan pour ça. Amuse-toi, ajouta-t-il en levant les bras, mais n'en profite pas trop sinon, il n'y aura pas de place pour les prochaines.

Il préparait déjà leur prochaine victoire. C'était plutôt bon signe mais je ne savais pas pourquoi, venant de lui, ça faisait un peu froid dans le dos. Je fus reconnaissante à Dan de m'entrainer loin de lui, me proposant une banquette encore inoccupée. A travers la fenêtre, une lumière orangée luisait dans la nuit. Autour, des personnes dansaient, discutaient, grillaient des marshmallows. Je préférais largement cette ambiance là que celle qui régnait ici.

- Oh cool ! Il y a un feu dehors ! m'exclamai-je, extatique.

- On pourra y aller plus tard, si tu veux.

- Super.

***

Une heure plus tard, nous n'avions toujours pas bougé de cette pièce.

J'étais sur le point de craquer. Tout ce qu'ils faisaient ici, c'était ingurgiter des litres d'alcool, tirant cigarettes sur cigarettes, se raconter des histoires supposées hilarantes et se peloter dans un coin. Bonjour la discrétion ! Je m'ennuyais ferme et je ne pouvais même pas sombrer moi aussi dans l'ivresse. Ma mère me tuerait. Dan, pour sa décharge, était resté tout le temps à mes côtés. Il avait essayé quelque fois de m'inclure dans les discussions mais voyant que je n'étais pas très réceptive, avait laissé tomber.

Au dehors, le feu et la nuit m'attiraient de plus en plus. Bon, j'en avais ma claque ! Je me rapprochai de l'oreille de Dan et lui signalai que j'avais besoin de prendre de l'air.

- Tu veux que je t'accompagne ?

- Non non. Reste avec tes potes. Je ne vais pas mettre long. Mais je vais peut-être aussi me lancer à la recherche de Jay et d'Ann. Je les ai perdus de vue depuis un moment.

- D'accord, acquiesça-t-il en m'embrassant sur la joue. Cette fois, c'est peut-être moi qui te rejoindrai.

- Ne traîne pas alors, dis-je en me levant.

Je glissai discrètement vers la porte vitrée de la pièce, qui donnait sur une petite véranda éclairée de lampions. Dehors, un baffle transmettait la musique intérieure mais dans un volume moindre. C'était nettement plus supportable qu'à l'entrée. On devait donc sûrement se trouver à l'arrière de la maison, constatai-je en m'avançant sur l'herbe humide. L'odeur du gazon mouillé se mêlait à celle du bois brûlé.

Devant moi, un grand feu de joie, ou presque et tout autour, un large cercle de chaises en plastique avait été disposés. Je m'avançai lentement au milieu de visages que j'avais du mal à reconnaitre. Le feu dégageait une douce chaleur de là où je me trouvais mais maintenant que j'étais dehors, je comptais bien en profiter pour me balader un peu. Je n'avais jamais mis les pieds dans une propriété aussi grande. J'étais curieuse.

Arpentant le sentier creusé à la pelle, je marchais entre deux allées de buissons. A ce moment, mon téléphone sonna. Un sms d'Ann : « Avec Mickey. T'es où ? ». Cool, il avait fini par se libérer ! Je lui répondis que j'étais à l'arrière de la maison avec un super feu de camp. Jalouse, hein ? Elle répondit presque instantanément : « Où ça ?!! Je veux !! ». Bah, débrouille-toi pour y arriver, ma grande.

Sans m'en rendre compte, j'étais arrivée dans un jardin comme je n'en avais jamais vu sauf au parc floral de la région. J'en eus le souffle coupé tellement c'était beau... mais aussi parce que ça sentait fort ! De part et d'autre du sentier que je suivais jusque-là, des parterres de fleurs diverses. De la lavande qui sentait exactement comme l'assouplissant, des tulipes, des hortensias, des hibiscus... et d'autres trucs que je ne connaissais pas. Je trouvai même des rosiers, supportés par leurs tuteurs, dont les fleurs étaient ouvertes. Il y en avait des jaunes et des rouges.

Je me rapprochai d'une pour la humer, histoire de vérifier qu'elle sentait aussi bon qu'on le disait. Elle sentait effectivement bon, mais c'était peut-être exagérer de dire qu'elle surpassait les autres fleurs en terme d'odeur. Je m'amusais à me balader toute seule et en pleine nuit dans une propriété qui devait bien faire la taille de l'école. Et je m'en foutais.

Je continuai ma marche jusqu'à ce que les allées de fleurs disparaissent. J'étais arrivée sur un terrain assez vaste qui descendait en pente très douce jusqu'aux limites du domaine. Sur certains sommets de la clôture de petites boules lumineuses diffusaient une lumière blanche qui éclairait partiellement le terrain. Ici aussi l'herbe était coupée à raz et appelait à se rouler dessus. Je levai les yeux au ciel pour la première fois de la soirée. Le ciel se montrait généreux avec nous ces temps-ci. Alors que les pluies auraient dû commencer à nous gâcher la vie, seules des brises fraiches venaient nous faire frissonner. Et ce soir, des dizaines d'étoiles scintillaient. C'était beau. Je devais immortaliser ce moment avec mon téléphone.

Alors que je pointai mon téléphone en mode appareil photo vers le terrain histoire de vérifier le cadrage, je remarquai quelque chose sur le gazon, une chose à laquelle je n'avais pas du tout fait attention.

C'était la silhouette de quelqu'un, allongé ou évanoui, je ne saurai dire. Dans tous les cas, il ne bougeait pas. Un peu angoissée, je regardai autour de moi pour voir s'il n'y avait personne d'autre. Personne. Que faisait une personne toute seule ici, couchée à même le sol ? Etait-ce un élève ? Ou un employé de maison ? Pour le savoir, je devrais aller lui demander.

Avançant doucement, je me rapprochai de l'inconnu.

A quelques mètres seulement de lui, je distinguai la musculature de son bras qui soutenait sa tête. Après, je vis mieux son pantalon en cargo bleu nuit et des chaussures sombres. Plus je m'approchais, plus j'avais cette vague sensation de connaitre cette personne. Alors que j'arrivai bientôt à sa hauteur, comme averti par je ne savais quelle force bizarre, l'inconnu se redressa lestement et se tourna vers moi.

L'inconnu, plus si inconnu que ça, afficha une expression d'abord surprise puis, comme si j'étais une vieille amie, un sourire ravi. Ses cheveux bruns mi-longs retombaient sur son front mais ne cachaient pas ses yeux.

- Hey ! Je ne savais pas que tu serais là ! C'est une bonne surprise, dit-il en se levant, époussetant son derrière. Tu dois être du même lycée que Chase, alors.

Pour une surprise, s'en était une ! Je ne m'attendais pas à tomber sur l'un des frères Darring à cette fête. Heureusement pour moi, c'était le meilleur des deux mais ce que je redoutais en ce moment c'était que l'autre ne soit pas loin et il n'apprécierait sûrement pas de me trouver avec son frère...

A suivre...

@Tous Droits Réservés

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Hello à toutes et à tous. J'espère que jusqu'ici, l'histoire vous plait. N'hésitez pas à me tenir au courant si vous avez une quelconque remarque à faire. A bientôt pour le chapitre 6. 😉

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