Épilogue ☀️ Noël au soleil
Aujourd'hui, je rentre du travail plus tôt que d'habitude. C'est-à-dire, après une simple matinée et juste à temps pour surprendre Yhan en flagrant délit.
— Oui, c'est bien ça. La réservation est au nom de Yu-Han Rinjiyro-Brooke, lance-t-il à son interlocuteur téléphonique avant de signer à mon attention. Coucou, amour.
Mon loup est tranquillement allongé sur le canapé du séjour, sa petite protégée dans les bras. Je soupire en posant ma veste sur l'accoudoir du canapé.
— Chéri, pas d'animaux sur-
— Les fauteuils, ni le lit, m'interrompt-il. Je sais, mon cœur. Mais Kiwi, c'est ma petite peluche toute mignonne. Pas vrai ma jolie ?
Deux aboiements suraigus lui répondent. Yhan hausse un sourcil malicieux à mon attention, avant de retourner à sa conversation téléphonique.
Je lève légèrement les yeux au ciel mais câline tout de même l'adorable boule de poils couchée au travers du torse de mon mari.
En quatre ans, nous avons recueillis deux nouveaux rejetons à fourrure. Lexi, un border collie négligé et maltraité par ses anciens propriétaires, est arrivé chez nous il y a un peu plus de deux ans. Et Kiwi, cette petite diablesse cotonneuse de samoyède croisée, elle a été sauvée par nos soins il y a quelques mois. Quelqu'un a abandonné toute sa portée dans un carton derrière une benne à ordures, mais seule Kiwi était atteinte de parvovirose. Mes collègues et moi n'aurions pas parié sur sa survie. Nous y avons pourtant mis toute notre âme, notre énergie, et la petite chipie a fini par gagner sa bataille. Complètement gaga d'elle, Yu-Han a fait des pieds et des mains – mais surtout quelques galipettes assez satisfaisantes – afin de me convaincre de l'adopter.
Quant à Ronin, il a très bien accueillit ses nouveaux frères et sœurs. Tout ce beau monde nous accompagne en randonnée, suit Yhan dans ses virés à pattes, et n'en finit pas de faire des siennes à la maison. Je sais bien que mon chéri a besoin de cette petite meute pour s'épanouir pleinement, mais je l'ai prévenu avoir atteint mon quota de quadrupèdes sous ce toit.
Comme d'habitude, Ronin et Lexi me tournent autour pour toujours plus de papouilles. Je slalome entre eux et je me dirige à pas lents vers la cuisine, où je me sers un verre de jus de fruit bien frais. Mon regard se perd inévitablement au loin, vers la forêt bordant notre domaine. Malgré les souvenirs douloureux qu'elle renferme, je dois avouer ressentir une excitation enfantine en pensant à la semaine qui nous attend.
Les bras qui entourent inopinément ma taille interrompent mes flash-back. Je sursaute si fort que mon verre m'échappe des mains.
— Mince !
— J'ai ! ricane Yhan en rattrapant l'objet avant qu'il n'atteigne la moitié de sa chute jusqu'au sol.
Hilare, il dépose ensuite un baiser dans mon cou pour calmer mon début de fausse fureur.
— Yhan ! Annonce-toi ou bien... Fais du bruit, en entrant dans une pièce. Je vais finir par avoir des problèmes cardiaques, si tu continues.
— Il n'y a que nous deux à la maison, mon amour. Qui veux-tu que soit, se collant amoureusement à ton dos ? Ronin ? Ou peut-être bien Lexi ?
— Ce n'est pas drôle, râlé-je en me retournant, boudeur.
— D'accord. Pardon, itoshii. Mais depuis le temps, tu devrais être habitué à vivre avec le grand méchant loup.
J'esquive ses lèvres lorsqu'il s'avance vers moi afin de marquer mon indignation. Yu-Han rigole à nouveau en les posant dans mon cou, qu'il mordille. Je finis par céder et ris à mon tour en entourant ses épaules de mes bras avant de déposer une myriade de baisers sur son doux visage.
J'ai toujours connu mon Yhan très tactile, je n'ai en revanche découvert ce côté ultra taquin qu'après son retour. En dépit de quelques frayeurs ponctuelles, je suis extrêmement heureux d'entretenir avec lui une relation si fusionnelle. Notre lien unique nous permet de mieux nous comprendre. Même si son caractère a énormément changé, nous nous disputons rarement et jamais jusqu'à atteindre le stade de la colère.
Après avoir retrouvé la mémoire, mon loulou n'a d'ailleurs plus eu de violentes sautes d'humeur. Il garde cependant un tempérament quelques peu dominant et cela peut arriver qu'il soit grognon durant, ou à l'approche des nuits de pleines lunes. Je le sais et le laisse alors jouir de son espace personnel sans trop le déranger. D'ailleurs, en parlant de jouissance, les périodes incandescentes sont celles où j'ai le plus de mal à gérer sa fougue et, cet hiver encore, nous sommes en plein dedans !
Yu-Han est néanmoins aussi compréhensif qu'attentionné. Mon chéri prend sur lui pour ne pas trop m'accabler du poids de ses besoins charnels. Il me gratifie d'un ultime baiser et recule à regrets, un peu avant que la sonnette de la maison retentisse.
— Tiens, qui ça peut-être ? m'étonné-je.
Nous avons avisé nos amis que nous partions en vacances aujourd'hui. Il ne devrait pas y avoir de visites de dernière minute.
— C'est Abi.
— Oh ! Eh bien, elle est très en avance, dis donc. Et tu vois, ça m'étonne toujours autant que tu puisses sentir sa présence à cette distance.
— Ah, non. Je l'ai juste vue descendre de sa voiture. On dirait qu'elle est au téléphone avec son nouveau mec et, entre nous, je me serais bien passé de savoir à quel point elle a apprécié leur entrevue de la nuit dernière.
Surprendre ce genre de conversation est effectivement un des fardeaux qui vient avec le fait de savoir lire sur les lèvres. Sa mine est si dépitée que je ne peux retenir mon rire moqueur.
Yu-Han ne ressent plus aucune jalousie envers ma collègue, mais ils n'ont clairement pas d'atomes crochus. Il reste néanmoins aussi accueillant avec Abi qu'avec ses clients. La fin de sa thérapie et la reprise du travail, il y a de cela quelques années, l'ont bien aidé à se resociabiliser.
Calmant l'agitation grandissante des chiens, nous allons nonchalamment à la rencontre de mon amie, qui est vite invitée à entrer et à s'installer au salon.
— Alors les amoureux, lance Abigaïl après de brèves salutations, prêts au le départ pour le paradis ?
— Plus que jamais ! assure mon mari. Et toi, ça va aller avec les trois terreurs ?
— Arf, vos bébés à fourrures sont de vrais amours. On vous enverra des selfies, mais n'oubliez pas de faire pareil !
— On n'y manquera pas, assuré-je un léger sourire.
Étant aussi en congés, Abi a accepté de s'occuper de nos toutous durant notre séjour en Grèce. Ce sont nos premières vacances en dehors du pays depuis le retour de Yu-Han et durant la période de Noël, qui plus est...
Même si nous avons en grande partie dépassé les nombreux traumas liés à son enlèvement et aux représailles de son ancienne meute, je garde une certaine appréhension. Cette période a trop souvent été marquée de violence. Les restes mutilés des cinglés du Massachusetts ont aussi été retrouvés près d'un an après, encore et toujours à l'approche des fêtes de fin d'année. Gros coup de stress !
Heureusement pour nous, les autorités ont classé le massacre en tant qu'attaque animale sur des personnes jusqu'à ce jour non identifiées. Quant aux jeunes femmes que mon mari a décidé d'épargner, elles n'ont plus refait apparition dans nos vies. Nous restons tout de même sur nos gardes, sait-on jamais, mais cela n'affecte plus trop notre quotidien. Dorénavant, quiconque compte se frotter à nous n'a qu'à bien se tenir.
*
Lunettes de soleil sur le nez, cocktail coloré en main et paille coincée entre les lèvres, je laisse mon regard distrait sauter d'un endroit à l'autre. L'ambiance est des plus détendues sur cette plage, tout le monde semble apprécier son séjour. Les corps enduits de crème se succèdent sous mes yeux observateurs. Un vrai défilé de peaux joliment bronzées, où se mêlent quelques coups de soleil. Outch .
Yu-Han et moi sommes arrivés sur le sol grec dans la matinée et avons tout de suite rejoint notre chambre d'hôtel. Malgré les films à disposition dans l'avion, les papouilles réconfortantes de mon chéri et ses mains agréablement baladeuses, la dizaine d'heures de vol séparant notre patrie d'Athènes a été interminable. À l'atterrissage, j'étais explosé de fatigue ! Je le suis toujours, en plus de mes légères courbatures. Mais l'homme auquel je suis lié à vie sait défendre ses arguments.
Nous étions en train de déballer nos affaires avant de filer à la douche lorsqu'il m'a exposé sa manière de voir les choses. À savoir que quitte à dormir, je pouvais le faire allongé dans un transat sur la plage, devant un décor paradisiaque. Et je dois avouer qu'il n'avait pas tort. Me voilà depuis deux heures installé sous une charmante paillote, plus éveillé que jamais malgré la fatigue. Profitant d'une douce chaleur, aussi bien que de l'air aux effluves marines vivifiantes tandis que je sirote ma boisson alcoolisée face à cette grande étendue turquoise.
J'ai un peu fait trempette en compagnie de mon mari, après avoir brièvement appelé ma mère, puis envoyé quelques clichés du paysage à Abigaïl. Me prélasser et lézarder était néanmoins une idée plus alléchante que chahuter dans l'eau. En tout cas, pour aujourd'hui... Le voyage a plus ennuyé Yhan qu'il l'a éreinté et j'ai compris que mon chéri avait besoin de se dépenser. Rien de tel pour cela que l'effervescence mesurée d'une plage privée.
L'hôtel met à disposition un service de location de masques de snorkeling, nous n'en avons emprunté qu'un. J'ai habilement décliné lorsque Yhan m'a proposé de partir à la découverte des beautés sous-marines que renferme cette crique. Il a plus d'endurance que moi et je ne suis pour l'instant pas très en forme. Je l'attends donc en lorgnant discrètement les autres touristes et... Oh, que vois-je ? Un des corps qui émerge de l'eau se détache du lot.
Mmm, je me régale en dévorant ses courbes des yeux.
L'eau de mer ruisselle en fins sillons sur cette peau hâlée appétissante, dévalant des épaules et un buste solide, jusqu'à des abdominaux saillants. Les doigts de ce magnifique spécimen glissent dans sa chevelure brune complètement trempée et la tirent en arrière tandis que ses pas nonchalants progressent sur le sable blanc. Ses yeux vifs, presque tranchants, se posent ici et là dans la plus grande indifférence, jusqu'à ce qu'ils tombent sur moi. Alors, ce regard s'illumine, ranimant son visage tout entier et faisant naître le plus beau des sourires sur ses lèvres.
Une fois Yu-Han arrivé à ma hauteur, sous notre paillote, je ressens immédiatement son intention de me jouer un tour. Je n'ai pourtant pas le loisir d'y réfléchir. Toutes dents dehors, il secoue la tête et m'asperge volontairement de gouttelettes salées. Main levée dans une vaine tentative de parade, je râle dans un léger rire.
— Mais arrêtes !
— À quel point je t'ai manqué, bébé ?
Railleur, il se penche vers moi et vole un baiser furtif à mes lèvres sucrées.
— De quoi parles-tu ? rétorqué-je en posant mon verre sur la petite table à ma gauche. Je n'ai pratiquement pas remarqué ton absence.
Ma taquinerie tire un grognement à mon loup, et à moi un nouveau rire. La sonorité de dernier s'arrête net lorsque Yhan m'attrape vigoureusement. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je suis arraché à mon trône et basculé par-dessus son épaule.
Tête en bas, croupe en l'air, je lâche un cri de surprise puis l'engueule en lui frappant les fesses.
— Yhan, repose-moi tout de suite !
Seul un ricanement me répond. Je n'ai pas envie de me débattre au risque d'attirer encore plus l'attention sur nous. Un grand dadais porté comme un sac sur l'épaule de son jeunot, c'est déjà un spectacle assez unique pour que j'en rajoute une couche. Mais en voyant l'eau s'étendre aux pieds de mon méchant époux, je gronde à son oreille :
— Je te jure que si tu fais ça-
— Tu l'auras bien cherché, Lune indigne, décrète-t-il d'un air faussement outré.
Ni une, ni deux, mon mari me balance à la flotte ! J'y tombe dans un grand plouf qui n'a rien de sexy et bombarde Yu-Han de mon mécontentement. Dès que je refais vite surface, je me mets debout et débarrasse mon visage d'un surplus d'eau. Mes yeux tombent ensuite sur le sourire narquois de mon Charnel, qui nage en cercle autour de moi.
— Tu ne perds rien pour attendre ! baraguouiné-je en l'aspergeant de plusieurs giclées d'eau.
Elle m'arrive juste au-dessus de la taille et ses nouvelles aides sont étanches, alors je ne vais pas me priver d'une vengeance.
Le rire mélodieux de Yu-Han s'élève au milieu du chant des vagues. Il pare mes assauts de ses mains et finit par me saisir les poignets pour m'attirer à lui.
— Tu vas me mettre une fessée ? s'enquiert-il, le regard pétillant.
Ses yeux pétillent, son entrain coule en moi. Il libère mes poignets et s'empare de mes cuisses pour me soulever. Mes jambes entourent volontiers sa taille, comme mes bras à ses épaules.
— Ça te plairait trop ! Je ne vais tout de même pas te récompenser alors que tu me malmène.
— Mais c'est toi qui m'as fait bobo au cœur ! se plaint-il. Méchant Raise.
— Oh non... Mon pauvre chou, plaisanté-je en saisissant son menton entre mes doigts. T'en fais pas, loulou, je crois aussi pouvoir soigner ça.
Yhan esquisse un rictus malicieux quand je me penche vers lui. Sous les yeux impudiques du soleil, lové les bras tièdes de la mer, j'offre ainsi un baiser langoureux à mon mari bien aimé.
_____
FIN
_____
N.A :
Merci infiniment d'avoir suivi les péripéties de Raise et Yu-Han !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top