Le pouvoir des mots
Ce jour-là m'avait paru bien mouvementé. Les journalistes étaient tous en train d'essayer d'avoir un interview de ma part, tandis que des policiers tentaient de minimiser le nombre d'entrée dans ma chambre. Même pour mes proches, l'entrée était carrément impossible. Les questions qu'ils voulaient me poser semblaient nuisibles à la réputation de ma famille. Je ne pouvais pas me permettre de répondre n'importe comment. Pour moi, cela n'était seulement qu'une atteinte à la vie privée. En plus, que répondre alors que les souvenirs principaux ont disparu?
Ils ont fait du précédent événement avec le père d'Amy un spectacle. On pouvait y trouver quelques modifications, qui rendaient l'histoire plus intéressante, avec plus de rebondissements qu'il y en avait auparavant. De plus, je n'avais pas reçu de nouvelles d'Ashley depuis l'incident. Non pas que je m'inquiétais pour elle, mais pendant ces deux derniers jours, j'avais un mauvais pressentiment à son sujet. Je répétais le même cauchemar, avec ce même sentiment d'angoisse qui persistait.
Je me levai du lit: j'avais une soudaine envie pressante. Alors que je voulais ouvrir la porte des toilettes qui se trouvaient dans la pièce, je constatai que celle-ci était coincée. «C'est une blague j'espère ?», pensai-je. Je commençai à forcer la porte, mais tout ce que je réussis à faire: casser le poignet!! Je voulais pleurer, mais quelle était cette situation humiliante!? J'avais envie de me soulager, mais pas de la sorte (dans ces vêtements de patients que l'hôpital m'avait fournie)!! Logiquement, on pouvait en trouver autre part, mais le problème qui se dressait devant moi semblait tout de même énorme: comment sortir sans être vue par ces journalistes? Ils allaient sûrement m'empêcher d'y aller (involontairement ou pas). Je faisais des tours pour me retenir, puis je sautillais, puis je plongeais dans mon lit. Je répétais ces actions à plusieurs reprises, mais ma vessie ne cessait de se remplir. «Oh non, pitié, retiens toi encore un peu! Je t'en supplie Kelly».
J'ouvris discrètement la porte. Je guettais les alentours et je remarquai le fait que que quelques journalistes étaient partis. C'était le moment pour courir. Je me mis à taper un sprint magnifique. Lorsque les caméras et les micros étaient en vue, je me faufilais discrètement sous les regards amusés des autres patients. Je me sentais pathétique. Je ne connaissais pas vraiment les recoins de l'hôpital. Je savais que je devais demander de l'aide, mais ma fierté ne me le permettait pas... «D'où tu parles de fierté!? Tu es à quatre pattes au plein milieu de ce couloir, je te signale!!» me dis-je intérieurement.
– Qu'est-ce que tu fais là? me demanda un patient.
À voir son physique, je lui donnerai mon âge voir un ou deux ans de plus.
– Aide moi, je t'en supplie. Dis moi où sont les toilettes!
Il écarquilla les yeux. Rien que ça me faisait sentir idiote, pitoyable, lamentable, et humiliée...
– Il y en a pas dans ta chambre?
– Si mais la porte est coincée, m'empressai-je de répondre.
Il se frotta le menton avant d'ajouter:
– Faisons un marché : je te montre où sont les toilettes et tu dois prétendre être de ma famille.
– Et pourquoi je ferai ça? Enfin, essayai-je de me rattraper, je veux dire pourquoi tu as besoin de ce service?
– En fait, quand j'étais petit...
– Tu peux faire court!? grondai-je. Hum je voulais dire, repris-je calmement, tu peux passer à l'essentiel parce que le temps presse. S'il te plaît.
Il sourit. Ma situation l'amusait beaucoup pendant que moi je souhaitais lui mettre une grosse baffe dans la figure.
– Tu veux savoir pourquoi ou pas?
– Dis moi juste où sont les toilettes!
– Alors tu accepte le marché?
– Non mais non quoi! Je..je voulais dire oui!!
Ce changement d'avis était dû au fait qu'il s'était en allé en m'abandonnant sur mon sort. Il se réjouissait d'avoir réussi son coup et me mena jusqu'à ce fameux endroit que je chérissais tant pendant ce laps de temps. Plus je me rapprochais du panneau qui nous disait «toilettes femmes» plus l'envie d'y aller augmentait.
Ah, enfin! Je ne m'étais jamais sentie aussi bien de toute ma vie (enfin je crois). Je pouvais de nouveau respirer tranquillement. Je me précipitai pour laver mes mains devant cette étendue de miroirs. Je fixai mon reflet. Ce visage que je voyais était bien le mien. Pourtant il me paraissait étranger. Tout en soupirant, je passais de l'eau sur mon visage. Une fois la tête relevée, je restai figée. Ma tête était recouverte de sang, et derrière mon reflet se trouvait le reflet d'Amy. Elle me souriait diaboliquement. Je reculai automatiquement. Une larme tomba, suivie d'une autre. J'étais de plus en plus terrifiée. Je trembais, et des frissons parcouraient tout mon corps. D'une certaine manière, je sentais sa présence. Elle était juste là, derrière moi. Je plaçai mes mains sur mes bras et les resserrai.
– Tu te portes drôlement bien après ce que tu m'as fait! Je tiens à t'avertir que quoi que tu fasses je ne serai jamais satisfaite. Je veux te voir pleurer toutes les larmes de ton corps, te voir souffrir comme jamais tu n'as souffert.
Sa voix résonnait dans toute la salle (ou dans ma tête seulement car même maintenant j'hésite encore). Je commençai à avoir froid. Je sentais le souffle de quelqu'un juste au dessus de mon épaule.
– Pardonne moi Amy, quoi que je t'ai fait, murmurai-je. Mais laisse moi pour le moment, laisse moi le temps de me souvenir de ce que je t'ai fait. Et je te promets qu'à ce moment là je ne fuirai pas.
– Je ne te crois pas. Tu as déjà essayé de me fuir en sautant du douzième étage. Mais regarde toi, tu n'as aucune séquelle. Tout cela à cause de mon caprice. Je veux t'emmener avec moi en enfer. Te blesser d'une façon terrible et atrocement douloureuse.
J'ai sauter du douzième étage? Et je marche normalement sans avoir perdu un membre ou quoi que ce soit!!
– Tu es en train de me dire que le fait que je sois toujours en vie, c'est parce que tu l'as voulu?
– Exactement, dit elle en soupirant. Pour moi, le fait que tu aies tenté de te suicider ne me convenait pas. Il fallait quelque chose qui dure plus longtemps.
Je me recroquevillai sous la pression. Je voulais hurler mais je n'avais plus la force pour.
– Tu sais, continua-t-elle, ce ne sont pas ''eux'' qui m'ont tué mais tes mots. J'avais déjà tout perdu avant d'avoir perdu mon âme. Laisse moi t'apprendre une chose: les mots peuvent être tranchants. Plus tranchants qu'une lame de couteau. La différence entre les deux est la durée que met la cicatrice pour disparaître. La blessure causée par un simple mot peut rester toute ta vie, et peux t'accompagner jusqu'à après ta mort... Tu n'as qu'à me regarder, dit-elle d'un ton moqueur.
– Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu devienne ainsi ?
– Tu m'as poignardée avec tes mots. Tu m'as rendue comme ça. Tu m'as transformé en monstre!!
– Je regrette ce que je t'ai fait alors...
– Regretter tu dis? Ne me fais pas rire. Tu n'as même pas conscience de ce que tu m'as fait et tu me parles de regret? (une main se posa sur moi, enfin un truc de ce genre). Tu auras beau t'échapper mais je te retrouverai.
Je fermai lentement les yeux, et me laissai consumer par l'obscurité et les ténèbres qui se dressaient devant moi. Telle était l'étendue des pouvoirs des mots...
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Salut,
j'ai enfin fini de retaper ce chapitre (pour la cinquième fois de la journée parce que j'oublie à chaque fois de sauvegarder - -'). J'espère que ce chapitre vous a plu et je profite pour vous souhaiter un joyeux Noël!!! :)
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