Chapitre 5: Confiance mutuelle

     Le réveil était pénible, nous avions passées la soirée à regarder des films en tous genres et je ne voulais pas sortir du lit. Mais j'étais obligée car j'avais promis à ma mère d'être de retour à midi maximum. C'était pénible d'être constamment surveillée, de ne plus pouvoir aller nul part sans donner d'explication valable. Je les comprenais vu que j'avais du faire quelque chose de vraiment grave, mais j'avais quand même vingt ans, je n'étais plus la gamine de quinze ans qu'ils connaissaient. J'étais de retour chez moi à l'heure désignée et je me fis un plaisir de le faire remarquer à mes parents. Comme pour leur dire que j'avais changé car je voulais à tout prix retrouver la mémoire, mais il fallait que je fasse tout ce qu'ils me disaient de faire pour que je puisse retrouver mon indépendance. Même si ça allait prendre un peu de temps. Pour le moment, je décidai de m'enfermer dans ma chambre le temps de réfléchir à une stratégie. Tout d'abord, il fallait que je découvre qui était ce garçon, le frère d'Ambre qui semblait très bien me connaitre. Ensuite, il fallait que je me débrouille pour une autorisation de sortie pour aller voir Tobias. Je n'allais pas essayer de récolter des informations car je savais qu'il n'allait pas m'en donner, mais sa présence me réconfortait. Sans le connaitre vraiment à cause de ma perte de mémoire, je savais quand même que je pouvais lui faire confiance et qu'il allait pouvoir m'aider à arriver à mes fins. 

     Mais pour le moment, il fallait que j'ai une autorisation de sortie et ça n'allait pas être une simple à avoir, malgré la profonde volonté que je voulais y mettre. Ce n'était que les troisième jour depuis ma sortie et je n'étais pas sûre qu'ils allaient bien vouloir déjà me laisser sortir le soir. Innocente, je pris les assiettes pour le déjeuner, puis les disposai sur la table sous le regard étonné de mes parents. J'en déduisis que je n'avais pas l'habitude de mettre la table, c'était dans ma tête, mais je ne m'étais pas doutée que ça aurait exactement l'effet escompté. Ils semblaient ravis et me laissèrent tranquille, si bien que je pus m'introduire dans la cuisine, mettre une caméra au dessus d'un tiroir, puis finir mon oeuvre. Je mis plus de temps que prévu puisque je devais essayer de trouver où étaient placés la vaisselle, mais je réussis finalement. Heureusement que je n'avais quand même pas oublié comment parler ou encore ce qu'il fallait mettre sur la table.

     Quelques minutes plus tard, ils revinrent pour manger et je me mis à leur poser des questions sur leur matinée, des questions sans grande importance qui n'avaient pour but que de les distraire de leur punition. Je me disais que si j'arrivais à les faire parler assez longtemps, ils pourraient lâcher des informations me concernant, après tout, j'avais oublié tellement de choses qu'ils pouvaient facilement gaffer. Il fallait seulement que j'arrive à les faire parler. Rien à faire, ils ne lâchaient pas prise, il allait falloir que je trouve une solution ou je n'allais jamais m'en sortir. A ce moment là, je décidai d'attaquer :

- Au fait, je sais bien que vous ne me faites pas confiance, mais est-ce que je pourrai aller voir Tobias cet après-midi ? Je sais que vous ne l'aimez pas trop mais je ne me sens pas de rester toute seule toute la journée.

- Tu ne veux pas aller avec Lucas ou Ambre, je suis sûre qu'ils seraient ravis de t'accueillir chez eux, me répondit ma mère qui visiblement avait prévu le coup.

- Mais je ne veux pas les déranger, fis-je innocemment, j'ai déjà passé toute la journée d'hier avec eux, je ne veux pas les importuner tous les jours.

- Et qu'est-ce qui nous prouve que tu ne vas pas en profiter pour faire quelque chose de mal avec ce garçon, me dit mon père, il n'est pas net et nous ne pouvons pas avoir confiance en lui.

     J'en avais assez, ils ne voulaient pas comprendre que j'avais besoin de le voir. D'ailleurs, je ne le comprenais pas non plus, mais ce n'était pas ça qui importait pour le moment. Frustrée, je pris la caméra au passage dans la cuisine, puis partis m'enfermer dans ma chambre. Arrivée dans mon lit, j'hésitais entre l'envie de pleurer et celle de m'enfuir, de fuguer de cette infâme maison qui m'empêchait de respirer. Je savais que je ne pouvais faire aucun des deux, car pleurer n'était pas dans ma nature ça, j'étais sûre, ou du moins je l'espérais. Ou alors, que mes parents allaient venir dans ma chambre pour me donner l'autorisation de sortie. Et fuguer n'était pas la meilleure solution si je voulais connaitre la vérité. Comme je m'en doutais, mes parents firent leur apparition quelques minutes plus tard, un sac au bras, et ma mère me dit :

- Nous allons faire des courses et nous nous sommes beaucoup concertés avec ton père, et nous nous sommes mis d'accord que si nous voulions que tu réapprennes à nous faire confiance, il fallait d'abord que nous puissions te faire confiance à notre tour. C'est pour cette raison que nous allons t'amener voir ton ami et te laisser tout l'après-midi avec lui, à condition que tu rentres avant le dîner.

J'étais tellement heureuse par cette bonne nouvelle que je leur sautai dans les bras en m'écriant :

- Oh merci, merci infiniment, nous n'allez pas être déçus et je vais vous prouver que je mérite votre confiance, vous n'allez pas le regretter.

     Ravie, je décidai d'envoyer un message à Tobias pour lui demander où se retrouver et il m'indiqua un petit quartier que mes parents connaissaient. Il était aussi content que moi que je puisse venir le voir et me dit que par la même occasion, il allait me présenter à ses amis. Le quartier n'était pas très loin du supermarché et j'espérais que mes parents n'allaient pas avoir la mauvaise idée de me suivre, j'espérais vraiment que ce qu'ils avaient dis il y avait quelques minutes était vrai. Mais plus j'y pensais, plus je trouvais cette possibilité envisageable. Non, ils n'oseraient tout de même pas... N'y tenant plus, je décidai de leur demander avant d'arriver :

- Vous pensiez vraiment ce que vous avez dis tout à l'heure, vous ne comptez pas me suivre toute la journée ? Pas que j'ai quelque chose à cacher, mais j'aimerai vraiment que vous puissiez me faire confiance, sans avoir à me suivre partout où je vais.

- J'avoue que ça nous a traversé l'esprit, me répondit mon père, mais nous avons pensé que ce n'était pas juste et nous avions raison. Nous avions pensé que tu ne nous l'aurai jamais pardonné si tu l'avais découvert et en te le cachant, nous t'aurions menti. Cela aurait impliqué trop de choses, alors tu peux partir sans crainte retrouver ton ami.

     Je leur souris, je devais bien avouer que ça me faisait du bien de les entendre dire une chose pareille, ça me bouleversait le cœur et j'en étais ravie. Ravie, cela faisait déjà beaucoup de fois que j'employais ce mot depuis le début de la journée, peut-être que c'était mon sentiment du moment. 

    Quoi qu'il en soit, Tobias était déjà là et m'attendait, assis sur une pierre, les bras croisés contre sa poitrine. Il était content de me voir et me le fit bien comprendre en me faisant un sourire et un bisous de bonjour sur la joue. Il m'amena dans un coin éloigné de la rue principale, là, se tenaient trois jeunes hommes à peu près de la même taille que mon ami. Ce dernier me les présenta, l'un s'appelait Antone, il était brun et avait les yeux d'un vert qui lui donnaient un air de mauvais garçon qui me fit frémir. Un autre se nommait Yacinte, il était blond et avait de profonds yeux noisettes, il me semblait déjà plus sympathique que le premier. Le dernier était aussi roux que Tobias, mais était moins séduisant que lui, sans doute à cause de ses yeux bleus foncé qui lui donnaient un air triste. Il s'appelait Dave. 

     Une fois les présentations faites, il me conduisit dans un entrepôt délabré.  Cela ressemblait à un bâtiment en ruine, une vieille bâtisse abandonnée depuis longtemps. Mais à ma grande surprise, dedans, je pus découvrir une troupe de jeunes à s'amuser, certains faisaient du basket avec un panier trouvé surement dans une décharge, d'autres faisaient de la danse de rue, il y avait toute sorte d'activités et énormément de personnes. On avait l'impression que tous les ados de la ville se retrouvait au même endroit, entrepôt dont je ne me rappelais plus du tout. Pourtant d'après Tobias, je venais souvent ici pour me défouler quand j'avais un problème avec ma famille. Je sentais au fond de moi que j'aimais beaucoup cet endroit, même si je ne me rappelais plus pourquoi. 

      Puisque nous avions un peu de temps, je fis le tour des lieux, il y avait vraiment de tout, beaucoup de salles aménagées. Il y en avait de théâtre, de chant, de divers sports allant de la danse de rue au basket... Et je vis même une salle avec des sacs de frappe de différentes tailles que je voulus directement tester. Je sus tout de suite que c'était grâce à cette pièce mal éclairée que je devais passer le plus clair de mon temps ici avant. Je m'amusais vraiment, je sentais qu'ils étaient fais pour moi et que j'adorais me défouler dessus. Je serai bien restée des heures mais je devais rentrer, il commençait à se faire tard et nous avions mis pas mal de temps à arriver dans la salle, mais je me promis de revenir dès le lendemain.


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