Chapitre 2: Retour à une vie normale
Finalement, je m'étais endormie après m'être douchée. Je ne m'étais pas tant reposée que ça en prison visiblement. Je regardai mon réveil, j'avais dormi toute la fin de la journée et la nuit, il était 8h30. Je décidai de me lever, ça ne servait à rien de rester allongée toute la journée. Quelles pouvaient être mes activités avant, mes hobbies, mes passions... Est-ce que je pratiquais un sport, avais-je beaucoup d'amis, un petit copain ?
J'en étais là dans mes réflexions quand je vis une tête dépasser de la porte. Il devait avoir quinze ans, et je sus tout de suite que c'était mon petit frère, il avait la même tête blonde que le reste de la famille. Je ne savais pas trop quelle relation j'entretenais avec ce dernier et je ne savais pas s'il était au courant que je ne me souvenais plus de rien. Il me donna vite la réponse à mes questions en me disant en souriant :
"- Les parents m'ont dis que tu avais tout oublié, c'est vrai ? Même moi et ce que tu étais avant ?
- Oui je suis désolée, je suppose que tu es mon frère alors j'ai quelques questions à te poser, tu veux bien y répondre ? J'avais été surprise pas sa voix grave et rauque dont je ne m'attendais pas.
- Tout dépend des questions que tu veux me poser, il y en a auxquelles je n'ai pas le droit de répondre, mais je vais essayer de satisfaire ta curiosité au maximum.
- Très bien je comprends. Pour commencer, comment t'appelles-tu ? Tu as quel âge et comment étaient nos relations, est-ce qu'on s'entendait bien ?
- Je m'appelle Sayanel et j'ai seize ans. Nous nous entendions très bien, un peu trop même d'après nos parents, ils ne voulaient pas que je devienne comme toi."
Il se fit une moue comme s'il en avait trop dit, je continuai :
"- Comment ça devenir comme moi, comment étais-je avant ? me demandai-je tristement
- Je ne peux pas te le dire, et je crois que tu ne le sauras plus jamais. De plus, beaucoup pensent que c'est mieux comme ça. Je ne suis pas forcément d'accord avec eux, mais je ne veux pas te reperdre encore cinq ans.
- Je vois. Question plus simple alors : j'ai quel âge exactement ?
- Tu as vingt ans, tu es allée en prison à quinze ans, tu y es restée cinq ans donc voilà..."
Je pensais bien être assez vieille, mais je ne me sentais pas avoir la mentalité d'une fille de cet âge. Mais en même temps, j'étais déboussolée et j'avais perdu vingt ans de ma vie d'un coup, ça pouvait se comprendre. Je le remerciai, puis il m'amena dans la salle à manger pour prendre le petit-déjeuner. Ma mère était déjà là et préparait le repas, tout semblait normal, comme si je n'étais jamais partie. Tout se déroulait comme dans une famille sans histoire, la mère qui nous embrasse pour nous souhaiter le bonjour le matin, comme si tout ça n'avait été qu'un mauvais rêve. Après tout, peut-être que je pourrai recommencer une vie d'adolescente sans problèmes. Sauf que je ne savais pas si j'avais envie d'être normale, de recommencer une vie à zéro. Ils ne pouvaient pas m'empêcher de vouloir retrouver mon ancienne vie, quoi qu'ils fassent. Pour le moment, je me disais qu'il valait mieux que je fasses profil bas pour qu'ils croient que tout allait bien, après tout, peut-être que c'était vrai. Plus j'y repensais, plus je me disais que je n'avais pas envie de passer toute ma vie en prison et le seul moyen pour ça était d'avoir une vie banale avec une famille banale et des amis banales. Encore fallait-il que j'en ai, ou du moins, que je m'en rappelle. Cela me fit repenser à mes pensées de la matinée, quelles sortes de personnes est-ce que je pouvais fréquenter, avais-je confiance en tous mes amis ? Est-ce qu'au lycée je faisais partie des populaires ou des looseuses. Ou même mieux que ça, avais-je eus le temps d'aller au lycée ? Est-ce que je m'entendais bien avec les membres de ma famille ? Leur faisais-je confiance ? Tant de questions me tonnèrent le tournis, heureusement que j'étais assise ou je serais tombée à la renverse. Je décidai de ne pas montrer mon malaise à ma mère et lui demandai :
"- Est-ce que je peux savoir si j'ai des amis au moins ?
- Oh ne t'en fais pas, j'ai expliqué ton problème d'amnésie à tes amis et ils vont venir te voir pendant toute la journée. Mais pas tous en même temps pour te laisser le temps de respirer un peu. Pour le moment, vu qu'il est encore tôt, tu vas venir avec moi. Je t'ai trouvé une bonne Fac, et j'ai envie que tu y ailles, quand tu auras rattraper ton niveau bien sur. Car même si tu étais vraiment douée à l'école, c'est quand même cinq ans que tu as raté et ce n'est pas rien au lycée, c'est une étape qui nous apporte beaucoup de connaissances."
En effet je sentais bien que je connaissais beaucoup de choses, j'avais remarqué les nombreux livres d'Histoire et autres qui ornaient ma chambre. Le plus étrange dans tout ça était qu'à peine avais-je feuilleté quelques pages que j'avais l'air de les connaitre par cœur. Je devais avoir passé beaucoup de temps dessus. Enfin, ce n'était pas le temps de me lamenter sur mon sort, il fallait que j'aille de l'avant alors je repartis dans ma chambre pour me changer.
Je décidai de mettre un sweet à capuche gris et un jean slim. Je n'avais pas spécialement envie de passer une heure à choisir de bons vêtements. Je pris le temps de me regarder dans le miroir, je ne m'étais pas trompée sur ma chevelure brune aux reflets blonds. Mes cheveux m'arrivaient à la poitrine et je me les attachai en une queue de cheval. Mes yeux étaient d'un gris cristallins, je le savais avant car j'avais vu ma photo sur mon dossier de la police. Néanmoins, j'avais l'impression que je ne m'étais pas regardée dans une glace depuis vingt ans. Je pris une paire de Nike qui traînait dans mon placard puis entrai dans la petite voiture qui était garée sur le trottoir devant la maison. Ma mère était déjà à l'intérieur à m'attendre. Une fois que je fus dedans, elle m'expliqua en gros le programme de la Fac :
"- Pour commencer, tu vas avoir des professeurs particuliers pendant deux mois et ensuite, tu iras dans la Fac où je t'ai déjà inscrite pour l'année prochaine. Je vais d'ailleurs te la montrer maintenant car elle se situe pas très loin de la maison. Mais tu iras à l'internat, ça sera plus simple pour tes trajets et ceux de ton frère, même si nous sommes un peu sceptiques à te laisser là-bas. Après tout, tu seras entourée d'ados 24 h sur 24 et avec ce qui s'est passé ce n'est pas vraiment une bonne idée, mais bon nous n'avons pas le choix à cause de nos horaires à tous qui sont différentes."
Nous avions traversé tout le trajet quand nous arrivâmes devant un immense bâtiment en pierre. Il y avait encore beaucoup de monde car il restait encore quelques semaines avant la fin de l'année scolaire. Quelle plaie de penser que j'allais devoir bosser avec un professeur particulier pendant que les autres étaient à la plage ou je ne savais trop où ailleurs. Mais bon, il fallait que je fasse avec. J'étais la seule personne avec ma mère et tout le monde nous regardait. Je gardai la tête haute et nous atteignîmes le bureau du proviseur. C'était un homme barbu et assez grand, de petites lunettes rondes étant sur son nez. Son crâne rasé et son costume cravate lui donnaient l'allure du directeur model. Du moins, c'est ce qu'il me semblait. Il nous fit nous asseoir puis me présenta les papiers d'inscription. C'était long, mais finalement il me dit tout ce que j'avais à savoir et nous pûmes enfin repartir. Heureusement car je n'en pouvais plus, tout ce que je voulais était de rentrer chez moi.
C'était l'heure de manger et mon père nous avait concocté un délicieux gratin dauphinois que nous dégustâmes tous comme une joyeuse famille sans problèmes. Une fois le repas finit, je repartis dans ma chambre, mais à peine avais-je pris un livre qu'on sonna à la porte. J'avais oublié le passage des amis. Je me demandais vraiment quels genres d'amis j'avais avant et vu la fille au look gothique que je voyais sur le seuil de la porte, ça promettait d'être amusant.
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