Chapitre 3

Les jours passent et je me sens de plus en plus sereine ici. Je pense que ma mère a eu la meilleure des solutions en me ramenant ici. Malgré que mon portable ne fasse que sonner, que ce soit Felicia ou Sean qui m'envoient des textos, j'essaye de me relaxer et penser à autre chose.

Cela fait quelques jours que je rêve de Oliver. Ça doit sûrement être les lieux qui me font penser à lui. J'ai toujours cette sensation d'être suivie partout où je vais, même lorsque je suis avec Oscar. D'ailleurs, je me prépare pour aller le rejoindre.

— Tu vas l'embrasser cette fois ?

Je ne sais pas si j'ai rêvé d'avoir entendu cette phrase ou si c'est moi qui me le suis dit à haute voix.

— Pourquoi tu m'ignores ?

Je suis prise de sueurs froides. Je me tourne lentement. Il est assis sur mon lit en indien. Il n'a pas changé d'un poil. Il est exactement comme dans mes souvenirs.

— C'est pas possible, murmuré-je.

— Tu me vois ? Ça y est tu me vois !

Je ferme mes yeux fortement. Je vais me réveiller. Oui je rêve c'est ça. Lorsque je vais ouvrir les paupières, il ne sera plus là. Je fais le décompte dans ma tête et à trois j'ouvre les yeux.

Il n'est plus là. Je souffle de soulagement et me tourne vers le miroir à nouveau.

— Tu ne me chasseras pas.

Je sursaute et rate mon trait de mon rouge à lèvres.

— Tu n'es pas réel ! crié-je.

— SI JE LE SUIS !

Mes affaires posées sur ma commode volent en éclats au sol. Mon cœur s'accélère à toute vitesse. Je n'arrive pas à le croire !

— Regarde-moi ! C'est moi Oliver ! Ton ami.

— Imaginaire.

Je viens compléter le reste de sa phrase. Sur cette parole, il disparaît. Ses yeux avaient l'air étonnés par mon mot, mais c'est ce qu'il est. Imaginaire. Pourquoi est-ce qu'il vit toujours dans mes pensées. Pourtant je n'ai pas besoin de lui. Je veux dire que lorsqu'on s'imagine un monde irréel, c'est lorsqu'on en a besoin, besoin d'y croire. Je reste perplexe face à ce qui vient de se passer. Je suis peut-être en train de devenir folle dans ce manoir. Je fini de me préparer encore tremblante pour rejoindre Oscar.

— Mamie, je vais voir Oscar. À ce soir !

Je descends les immenses escaliers et me dirige vers la porte d'entrée. Oscar m'attend au lac. J'arrive sur les lieux et je vois Oscar accroupi devant l'eau à contempler son reflet. Il n'est pas seul. Je frotte mes yeux et me donne de petites claques sur les joues. Non ce n'est pas Oliver à ses côtés. Non, ce n'est pas lui ! Je m'approche lentement. Oliver relève la tête et me regarde les sourcils froncés. Je reste la bouche ouverte devant lui.

— Ah tu es là ! s'exclame Oscar.

Oliver disparaît en un rien de temps. Je me mets à le chercher du regard.

— Toi aussi tu l'as vu ? demandé-je affolé.

— Vu qui ?

— Quoi tu vas me dire que tu ne l'as pas vu ? Il était là à tes côtés !

— De qui tu parles, Fan ?

Je commence à paniquer toute seule. Ses mains viennent encadrer mon visage, ce qui m'apaise pour le coup. Elles sont extrêmement viriles et chaudes.

— Hé, ça va ? Il y a que moi ici, chuchote-t-il.

Je reprends mes esprits. Je me sens terriblement conne. Il doit me prendre pour une cinglée.

— Désolée. C'est que... Il m'est arrivé un truc étrange tout à l'heure et j'ai l'impression... Fin oublies. Alors qu'est-ce qu'on fait ?

— Un petit pique-nique comme au bon vieux temps ?

Je souris lorsqu'il me montre la nappe à carreaux rouges et blancs et le petit panier qu'il a préparé pour moi. Plus petit, on s'organisait des pique-niques succulents avec la confiture de Mamie faite maison et les bons fruits de la maman d'Oscar. Mais ce soir il n'y a rien de ça. Il sort une bouteille de champagne et deux flûtes.

— Ouh du champagne ?

— Ben oui, on est plus des enfants, dit-il en riant.

Il me tend le verre. Je pourrais croire qu'il tente de me séduire. Je lui fais les yeux doux et balance mes cheveux derrière mon épaule. J'ai un terrible attirance envers lui qui est indescriptible ! Mon cœur joue de la batterie et mes jambes tremblent. J'ai les lèvres qui me brûlent et rien qu'en le regardant verser le liquide dans le récipient j'en ai les poils qui s'hérissent. Quel est cette sensation étrange ?

— Trinquons, dis-je en levant mon verre.

— Trinquons à nous.

Je ne peux m'empêcher de sourire face au sien. Je n'aurais jamais cru éprouver quelque chose pour Oscar. Il était mon ami, notre ami, mon témoin. Oliver occupe toutes mes pensées. Plus jeune je m'étais « mariée » à lui et non à Oscar. Il avait toujours été en arrière-plan le pauvre. Et pourtant, j'ai l'impression qu'il a toujours été le premier dans mon cœur lorsque je le regarde.

Je porte mon verre à mes lèvres et laisse le liquide couler le long de ma gorge. Je n'ai jamais vraiment apprécié le champagne, mais en sa compagnie ça le rend meilleur. Je regarde vers le lac, la vue est quand même époustouflante. Oscar vient s'installer plus près de moi.

— Tu n'as pas vraiment changé tu sais, me dit-il en me détaillant.

— Ah bon ? C'est un compliment j'espère.

Il me sourit et reprend une gorgée.

— Bien sûr que ça l'est. Tu es toujours cette petite fille au fond de toi. Tu es juste dans le corps d'une femme parfaitement magnifique.

Je sens le feu me monter aux joues. Je souris bêtement. Pour cacher ma gêne, je bois d'une traite le fond de ma flûte.

— Tu n'es pas mal non plus, le complimenté-je.

— Pas mal ? remarque-t-il en arquant un sourcil.

Je me mets à rire. Il rit quelques secondes après moi et je peux vous dire qu'il a le rire le plus charmeur qui soit. Je craque littéralement !

— C'est clair que comparer à Oliver, je ne serais jamais aussi beau.

Je m'arrête de rire lorsqu'il prononce son prénom.

— C'est bon fait pas cette tête je plaisantais. Et puis c'est pas pour rien que tu t'es mariée avec lui et pas avec moi.

— Nous étions jeunes et il n'était pas réel contrairement à toi.

Un rictus gêné vient prendre place sur mon visage. Il se contente de me regarder avec une tête d'imbécile heureux.

— Mais faut avouer qu'il était ton premier amour. Comment je peux rivaliser avec ça ? se moque-t-il.

Oliver avait existé dans mon cœur bien avant Sean. C'était lui mon véritable premier amour. J'étais une enfant, mais je le sentais au fond de moi. Oliver était celui que j'aurais pu aimer pour la vie toutefois j'étais beaucoup plus jeune que lui.

— Tu peux toujours essayer, dis-je en le défiant.

Son sourire ne disparaît pas. Il pose son verre à côté de lui et de sa main il vient caresser mon visage tendrement. J'ai le cœur qui palpite. Il ne me laisse en rien indifférente. Nos visages se rapprochent lentement l'un vers l'autre.

— Je t'ai déjà dit que tu étais belle ? chuchote-t-il à quelque centimètre de ma bouche.

— Oui, soufflé-je.

Nous relevons nos yeux au même moment. Je pourrais dire que quelque chose est en train de se passer. Oui. Un courant électrique passe entre nous. J'en ai la chair de poule de le savoir si proche de mes lèvres. Son front vient se poser sur le mien et il rompt cette électricité entre nous en baissant les yeux vers mes lèvres, mais ne les touche pas. Il se contente de me serrer dans ses bras. Je me blottis contre lui. Il vient embrasser mes cheveux et soupire. Je suis tellement déçu ! J'aurais aimé qu'il m'embrasse fougueusement ! Je n'attends que ça ! Plaques-moi au sol et embrasses-moi bon sang !

— Pourquoi tu ne reviens que maintenant ? me demande-t-il.

Je relève la tête vers lui.

— J'étais là chaque année, chaque vacance scolaire et tu n'es jamais revenue. Pourquoi, Fan?

Je ne sais pas quoi lui répondre. J'avais juste grandi et je voulais rester avec mes amies plutôt que de rester ici avec ma grand-mère. Ensuite j'ai eu un petit copain et je ne voulais plus le quitter.

— Je ne sais pas. J'ai grandi c'est tout.

— Et grandir ça craint n'est-ce pas ? Je t'ai vu pleurer l'autre jour.

J'enfouis mon visage entre mes mains.

— La honte.

Je l'entends rire. Il saisit mes poignets et me les écartes doucement.

— Il n'y a pas de honte à pleurer, Fan. Même si nous sommes plus des enfants, je suis toujours ton ami. Tu le sais ça ?

— Ami jusqu'à...

— Ce que la mort nous sépare.

Il finit ma phrase comme à notre habitude. C'était notre devise.

— Je dois te parler de quelque chose, lui annoncé-je angoissé.

Je dois lui parler de Oliver, je ne peux pas garder ça pour moi.

— Ça a l'air sérieux. Tu ne peux pas attendre ?

— Attendre quoi ?

— Je veux juste rattraper le temps perdu avec toi et redevenir ce gamin que j'étais autrefois, dit-il en se levant.

Il affiche un sourire et commence à se déshabiller. J'écarquille les yeux.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Ne fais pas la timide allez viens avec moi, me propose-t-il en me montrant le lac d'un signe de tête.

— Tu es complètement fou !

Il retire sa chemise et la fait tomber au sol. Ma mâchoire a failli se décrocher à la vue de son torse. C'est qu'il a bien grandi mon petit Oscar. Je regarde autour de moi automatiquement pour voir si personne n'est dans les parages, mais personne ne vient de ce côté. Il fait tomber son jeans au sol. Je détourne le regard à la vue de son caleçon. Je me sens comme une petite fille qui n'a jamais vu d'homme de sa vie. Je me marre malgré moi.

— Allez viens !

Il court vers le lac avant de sauter dedans. Je le suis et m'arrête pile devant l'eau. D'un signe de la main il insiste pour que je le rejoigne. J'hésite un moment et ensuite je retire ma robe pour la laisser tomber au sol. Mes sous-vêtements sont dépareillés, il est rare que je les assortisse et là je me rends compte que je fais cloche avec mon soutien-gorge rose et ma culotte bleu ciel.

— Putain elle est bonne ! lâche-t-il en nageant.

Je ne sais pas si cette phrase m'était destinée ou s'il parlait de la température de l'eau. Serait-ce un double sens ? Je mets un pied sous l'eau.

— Bordel, mais elle est froide !

Je retire mon pied aussitôt.

— Ne m'oblige pas à venir te chercher.

Ni une ni deux, je cours et plonge dans cette eau de souvenirs. Sa fraîcheur me donne la chair de poule. Je remonte à la surface et frotte mes yeux pour les ouvrir. Il est devant moi, le visage à moitié sous l'eau. Je ne perçois que ses yeux d'un bleu envoûtant. Tout de lui me fait rêver et ressentir des choses étranges. Il s'approche doucement vers moi en m'hypnotisant de ses iris profondes. Il sort sa tête de sous l'eau et un jet chaud jaillit de sa bouche pour venir m'asperger. Je crie lorsqu'il atterrit droit sur moi. Il rit aux éclats. Je le regarde et le défi du regard.

— Non fait pas ça, dit-il en mettant une main devant lui.

— Oh si !

Je lui envoie une vague d'eau en plein visage. On se chamaille tels des gamins.

—STOP ! STOP ! Crié-je en essayant de reprendre mon souffle.

Les gouttes et les tornades d'eau cessent. Je lui saute dessus et lui plonge la tête sous le lac. Il m'attire avec lui et c'est la bataille pour revenir à la surface. Je ne me suis jamais autant amusée depuis des années. Qu'est-ce qu'il m'a pris de ne plus revenir ici ? J'avais oublié ce que c'était d'avoir le sourire et d'avoir un ami. Nous remontons à la surface à bout de souffle. Nous rions toujours.

— Ah mon pied a touché quelque chose !

Je m'accroche inconsciemment à sa nuque. Mes jambes viennent s'enrouler autour de ses hanches. Lorsque je me rends compte de ce que je viens de faire, j'hésite à reposer mon pied sur cette chose ou bien rester dans cette position. Mais il sourit et ressert ses bras autour de ma taille. Nos corps l'un contre l'autre, je sens que je pourrais perdre pied à tout moment. Mon ami pourrait devenir bien plus. Nos visages se rapprochent lentement l'un vers l'autre. Mes lèvres brûlent d'envie de goûter les siennes. Elles sont attirées comme deux aimants. Je ferme les yeux prête à recevoir un peu de chaleur. Ses lèvres viennent d'abord caresser le coin de mes lèvres pour ensuite venir se déposer contre elles. La chaleur de mon corps monte de degrés. Nos lèvres remuent en parfaite harmonie. Il introduit timidement sa langue. Une de ses mains remontre pour attraper mes cheveux, l'autre est posée au creux de mes reins. Des frissons parcourent mon corps faisant le contraste entre le chaud et le froid. Une explosion se produit dans mon bas ventre ce qui me fait resserrer mon étreinte autour de ses hanches. À bout de souffle, nous nous séparons.

— Waw.

Est le mot qui est sorti de sa bouche quelques secondes après. J'en ai l'estomac qui se retourne. Mon esprit et mon corps en sont chamboulés. Ses yeux ne quittent pas les miens. Un bruit d'éclaboussure nous tire de notre cocon.

— C'était quoi ça ? demandé-je paniquée.

On aurait dit que quelqu'un venait de jeter un caillou.

— Je ne sais pas. On ferait mieux d'y aller avant qu'un pervers se rince l'œil, dit-il en me souriant.

— Arrêtes ce n'est pas drôle.

Pourtant son sourire est communicatif. Nous sortons de l'eau en grelottant. Il entoure la nappe autour de mon corps pour me sécher.

— Tu as les lèvres mauves, dit-il en passant son doigt dessus.

La nuit commence à tomber. Nous n'avons pas vu l'heure passer.

— Oscar ! Oscar !

Une voix féminine retentit de loin.

— C'est ma mère, il en levant les yeux au ciel.

— J'arrive maman ! crie-t-il.

— Je devrais aussi rentrer.

Nous restons sans bouger quelques minutes. J'aimerais que ce moment ne se termine pas, en tout cas pas maintenant. Il remet sa chemise sans prendre la peine de la boutonner et remet en vitesse son jeans. Je prends ma robe et l'enfile.

— Tu veux venir dîner demain ?

— Avec plaisir.

Nous nous sourions mutuellement. Nous ne savons pas trop si se faire une bise ou bien s'emporter comme toute à l'heure.

— À demain.

Il me fait signe de la main l'air gêné.

— À demain.

J'imite son geste et lui tourne le dos. C'était vraiment embarrassant. Je rentre au manoir, j'ai tellement envie de tout raconter à grand-mère, mais je ne le ferais pas, pas tout de suite. Je marche le sourire aux lèvres comme une débile, j'ai carrément la tête dans les nuages !

— Fanny !

Je me tourne au son de sa voix. Oscar court vers moi.

— Oui ?

Il s'arrête devant moi.

— C'est toi qui a ma nappe ? demande-t-il essoufflé.

Je regarde vers son panier. Un bout du tissu dépasse. J'affiche un rictus et me balance nerveusement.

— Non. Tu l'as peut-être oublié au lac ?

— Ah. Bon je vais aller la chercher alors, répond-il gêné.

Il ne bouge pas et reste planté devant moi.

— Tu as besoin de quelque chose d'autre ?

Je lui fais signe de la tête vers son panier pour que son regard se reporte sur celui-ci.

— Démasqué, dit-il en riant.

Je fais un pas vers lui.

— En faîte j'ai vraiment oublié quelque chose.

Il avance d'un pas vers moi et encadre mon visage de ses mains. Ses lèvres viennent se jeter sur les miennes pour les dévorer avec tendresse. Ce baiser est toujours aussi « waw » que le premier. Il se détache délicatement et retire ses mains chaudes de mes joues.

— À demain, princesse Fan.

Je me mets à rire. C'était mon surnom lorsqu'on jouait enfant au lac. Sauf que c'était toujours Oliver qui me sauvait du méchant dragon, donc j'étais sa princesse. Les rôles s'inversent aujourd'hui. Il n'est plus mon chevalier, mais mon sauveur.

— À demain, mon sauveur, dis-je les joues empourprées.

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