Il y a un an de cela, mon cœur s'est déchiré.

Une personne m'a prise dans ses bras sans que je prenne conscience qu'elle me disait adieu. Alors je t'ai enlacée dans les miens en espérant que cela arrêterait le temps.

Mais les minutes défilaient.

Les figurants de la scène pathétique dans laquelle nous jouions passaient devant nous sans un regard. Ils nous surplombaient de leurs jambes interminables alors que toute force nous avait quittés. On gisait sur le sol, à l'aube d'une profonde solitude à venir.

De tes grosses bottes, tu as fendu le sol de toute part, créant un gouffre immense entre nous. Une pluie s'est mise à couler et l'océan est monté.

La climatisation brûlait ma peau et mordait nos joues de son souffle glacial. Nos larmes se cristallisaient pour venir s'échouer par terre, aux côtés de nos paroles étouffées par nos sanglots. J'avais la gorge serrée, c'était douloureux.

Comme le temps pressait, il a tissé des fils invisibles auxquels nous étions reliés, chacun vers sa propre destinée. Croyant que jamais nous n'allions nous quitter, quelle ne fut pas notre surprise lorsque notre amour fut scindé.

Sur le quai, tu nous faisais signe de la main alors que notre embarcation s'enfuyait vers l'horizon. Tu es partie d'un coup, sans te retourner. Je crois que c'est à cet instant que j'ai réalisé que le bonheur nous avait quittés.