4 avril 2025

Un souvenir fané. Un fragment de ma vie à demi mort. C'est tout ce qu'il reste de lui. Je ne saurais le décrire de nouveau. Je ne me souviens plus des traits de son visage. Il n'est qu'une ombre dans ma mémoire. Il n'est qu'un esprit du passé. Pourtant, j'aimerais le retrouver. J'aimerais le voir une dernière fois. Il était tout ce que j'aimais dans ce monde. Il était la seule personne qui me donnait envie de me lever le matin. Comment ai-je pu oublier la couleur de ses yeux ? Comment ai-je pu oublier la beauté de son visage ?

***

Le réveil sonnait. Toujours un réveil sonnait, ou une cloche. Quelque chose, n'importe quoi. Un son qui sortait de cet étrange rêve. Ce souvenir douloureux. Ou qui introduit. Oui, il introduit une situation. Mais qu'introduit-il cette fois ? Est-ce moi ? Est-ce mon frère ? Ma mère ? Mon père ? Il doit bien introduire quelque chose. Ce petit son. Il représente quelque chose. Pourquoi est-il toujours là ? Il me hante.

Je ne savais où commencer cette histoire. Au détour d'un cours ? Au réveil ? Non, ça me semblait trop trivial. Je ne voulais pas. Je voulais quelque chose de concret. Où commencer ? Dans un songe ? Dans un souvenir ? Je voudrais commencer partout et nulle part à la fois. Je ne sais même plus ce que je peux écrire. Je ne sais plus ce que je veux écrire. Cette page reste inlassablement vide. Je ne peux plus rien pour elle.

Je pouvais soupirer. Me passer la main dans les cheveux. Je pouvais me réveiller d'un mauvais songe. D'un souvenir traumatisant. En avais-je un d'ailleurs ? Je dirais une multitude. Ces milliers de larmes qui se sont échouées sur mes joues. Chaque non jour était un supplice. Chaque boucle était une torture. Je ne pouvais juste pas en réchapper. Je ne pouvais juste pas le sauver.

Une âme est venue à moi. Je la prenais pour une lumière. Ce n'était qu'une ombre vouée à me faire tomber. Il n'était plus là. Il ne serait plus jamais là. Je ne pouvais pas le ramener. Tout ce que j'avais pu faire est de traumatiser deux de mes amis. Les blesser au plus profond de leurs êtres. Eux aussi savaient. Eux aussi voulaient le sauver. Mais personne n'avait réussi. Personne ne peut aller à son encontre. Pas après tout ce que je lui avais fait.

Il est fou de se dire que l'on regrette surtout les personnes que l'on aime après qu'ils aient disparus. J'aurais dû lui laisser plus de liberté. J'aurais dû le soutenir. J'aurais dû le complimenter. J'aurais dû lui dire à quel point je l'aimais. On ne s'en rend compte quand perdant cette personne. Mais quand est-il de moi ? Toutes ces chances gâchées. Je n'avais pas réussi à en saisir une seule. Et je me retrouvais là devant cette page blanche à vouloir raconter mon histoire.

Je voyais déjà mon éditeur s'étonner que je sorte de mon réalisme. Mes petites scènes de la vie quotidienne toutes si fade. Je n'en vivais aucune. Un amour présent. Un amour épanoui. Avais-je seulement connu cela ? Je ne pense pas. Pas alors que je craignais qu'il me soit volé. Au final, j'aurais dû les laisser s'aimer. J'aurais dû les laisser être ce que nous n'avons pu être. Ils étaient si proches, si fusionnels que ce soit dans la vie privée que dans le travail. Rien ne les arrêtait. Rien. Sauf moi. Moi je les avais arrêtés. Et je n'en avais eu aucun remords. En ai-je seulement maintenant ? Je crois que non.

Un sentiment étrange m'habite. Celui qui me dit de ne rien ressentir. Celui qui cache ma peine et ma colère. Celui qui m'empêche de lui hurler de me laisser. Celui qui me fait croire que sa présence n'est pas si douloureuse. On ne parle pas. C'est juste moi et mon pc. Lui et ma cuisine. Lui qui s'assure que je mange et parte me coucher. Mais je voulais écrire cette histoire. Mais je ne pouvais écrire cette histoire. Les mots me manquaient. Je ne savais où commencer. Et là il me parla. Et là il le mentionna.

— Il aimait tellement sentir cette odeur. Dès qu'il se réveillait elle l'accompagnait. C'était sa routine préférée.

Enfin je commençais.

« L'odeur du café éveille l'esprit d'un homme endormi. »

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