Chapitre 4 : Par où l'histoire se trouve
Porthos a été blessé alors que la troupe emmenait vers Paris un aventurier hasardeux et menteur. Il n'est plus de choix pour eux, la vie du mousquetaire en dépend. Ils se sont rendus au château de Pinon, seigneurie du comte de la Fère.
Ils y découvrent un morceau du passé d'Athos. Mais ce qu'Olivier révèle de lui n'apporte que peu d'éclairage sur l'homme qu'il étai autrefois, avant les mousquetaires.
Il avait un frère, il était comte. Qu'a-t-il bien pu se passer pour qu'il abandonne tout cela ? Certes son frère est mort, mais justement il aurait dû demeurer sur ses terres. Etre sur ce domaine rend l'homme encore plus taciturne si cela est possible.
Il s'enferme dans un passé que ses amis ignorent totalement. Qu'ils ne comprennent pas. Il est certain qu'un drame s'est produit, mais pourquoi et à cause de qui ?
Emile Bonnaire ne leur laisse pas le loisir de s'attarder sur ces questions. Enfin, surtout son épouse qui l'a retrouvé et ces agents espagnols qui le poursuivent. Sans oublier le roi qui le veut à Paris.
L'aventurier est un esclavagiste. Ce qui a le don de mettre Porthos dans une rogne noire. Fils d'une esclave, il sait la misère de ces vies et la souffrance engendrée. Il dévoile quelques traits de son passé et surtout de ce qu'est l'esclavage. Lui ne l'a pas connu, sauvé par sa mère. Mais ses amis ne le lâchent pas même si la mission prime sur tout ce en quoi ils peuvent croire.
Athos se retrouve seul, il a renvoyé ses amis vers Paris avec Bonnaire. Il ressasse son passé en déambulant dans le manoir. Ne pourra-t-il jamais trouver la paix ? Il aimait cette femme plus que tout, par-dessus tout. Elle l'a trahi. Elle a tué son frère, il se devait de la condamner. Ce fut sa dernière décision de comte. Puis il est parti. Loin. Il a fui ce passé trop douloureux.
Mais d'Artagnan ne l'a pas abandonné. Il n'a eu de cesse de se préoccuper de lui tant qu'ils étaient au château. Ce qui a eu le don de l'agacer. Ne peut-il le laisser ? Il veut oublier mais n'y parvient pas.
Si seulement il n'avait pas connu cette femme, son frère serait encore en vie. Mais il l'a tant aimée. Il ne sait plus où il en est. Le vin l'a épuisé.
Il croise la route d'Anne qui met le feu au château. Il croit voir une apparition. Non, c'est bien elle. Vivante. Alors que son frère n'est plus. Alors que son ami, Rémi, n'est plus non plus. Elle s'apprête à le tuer à son tour.
Elle arrête son geste au dernier moment, surprise de trouver qu'il porte son médaillon. Il l'aime encore, malgré ce qu'il a dit, au-delà de ce qu'il a fait.
Puis une voix dans la nuit, appelle Athos. Inquiète.
- « Athos, tu m'entends ? Athos ! Athos ! »
Anne ne peut rester. La partie est trop serrée, le risque d'être découverte est trop grand. Elle s'enfuit.
D'Artagnan sort Athos, le portant à demi. Athos se confie alors sur sa femme et ce passé qui le torture continuellement. Il avoue à son frère, son désarroi :
- « Comment je fais maintenant ? »
D'Artagnan n'a pas de réponse à lui donner. Il découvre les raisons de l'état continuel de son mentor. Car c'est ainsi qu'il considère Athos. Et le voir ainsi, si malheureux, si fragile, le déstabilise.
Ils passent la nuit à chevaucher pour rejoindre Paris et leurs frères d'armes.
A peine rentré chez Bonacieux, d'Artagnan apprend que Milady de Winter est venue chez ses logeurs et que Constance s'en est trouvée apeurée. Cela l'intrigue et l'inquiète, car Constance n'est pas femme à se laisser effrayer aisément. Elle est plutôt courageuse, il a pu s'en apercevoir depuis qu'il la connait.
Il cherche à savoir de qui il s'agit. Il a bien une idée d'après la description que Constance lui en a faite. Mais est-ce bien elle ? Il semble que oui. Charles ne comprend pas ce qui l'a motivée à venir et à s'informer sur lui.
Pour permettre à Porthos de ne pas voir Bonnaire obtenir gain de cause dans son trafic d'êtres humains et ses plans avec le cardinal, les mousquetaires ont imaginé un plan astucieux.
Quel plaisir de doubler le cardinal et par la même occasion cet homme monstrueux.
En sortant de la taverne où ils ont achevé de fêter leur victoire, Athos s'attriste :
- « Si seulement, toutes les injustices pouvaient être réparées aussi facilement ! »
Et il s'éloigne. Laissant Charles seul sur la chaussée. Ce dernier le regarde, quelque chose lui parle, mais quoi ? Une image fugace du passé lui revient. Trop rapide, trop floue. Il ne peut la comprendre et ne réussit pas à la retrouver. Etonnant.
Mais il convient de rentrer se coucher. Une autre aventure les attend.
Les quatre hommes sont conviés à se présenter à Versailles, pour le protocole d'accueil du duc de Savoie. Aramis est sombre, il ne pipe mot, lui habituellement si enjoué. Cela interroge Athos. Mais nul n'est en mesure de lui répondre.
Alors que le duc devise avec le roi, une ombre surprend d'Artagnan mais elle est trop loin, il ne distingue pas ce qui a attiré son regard. Jusqu'au coup de feu qui tue un laquais. Tous sont alors embarqués dans une nouvelle aventure.
A la poursuite d'un assassin.
Une aventure qui va permettre à d'Artagnan de montrer à Aramis qu'il est homme de parole et que bien qu'incapable de dissimulation, il est loyal même s'il s'agit de garder un secret.
Ce secret pèse lourd sur la petite troupe ; des mousquetaires ont été tués ou plutôt lâchement assassinés cinq ans plus tôt. Aramis et un de ses compagnons, Marsac, ont été les seuls à s'en tirer.
Et visiblement Tréville était en partie responsable de ces meurtres.
Tous les quatre vont faire de leur mieux pour comprendre et lever le voile qui plane sur cette horrible affaire.
Décidément, d'Artagnan conduit chacun à se confier. Il a le don de provoquer la parole de ses amis.
Aramis bouillonne, mais comme toujours il reste calme en apparence. Il dissimule mieux ses sentiments que d'Artagnan. La raison chez lui l'emporte souvent sur la passion. Du moins, la plupart du temps.
Athos a bien senti que les deux hommes cachent un secret. Il tente de faire parler Charles. Il sait qu'il est plus facile à faire avouer.
Finalement c'est Aramis qui va révéler son secret et entraîner le groupe dans son projet. Selon lui, Marsac n'est pas le traitre que tous croient. Mais ils ne peuvent croire que Tréville est celui qu'on leur dénonce.
L'histoire les conduit à seconder, encore une fois, le cardinal et ses plans machiavéliques. Il y va de l'honneur de la France, du traité de paix que le roi compte bien signer avec la Savoie.
Il est enrageant pour les mousquetaires d'aider le cardinal. Ce travail est celui des gardes rouges, mais ils s'en montrent bien incapables. Heureusement, les mousquetaires veillent au grain. Ils ont l'honneur et la gloire de la France chevillée au corps. Rien ne saurait la mettre en doute ni à mal. Si pour cela ils doivent agir en faveur, même momentanément, du cardinal, eh bien soit.
Aramis a ressenti une impression d'abandon lors de cette nuit de massacre. Abandonné par les siens, par Marsac ensuite. Depuis ce jour, il n'a jamais été le même homme en réalité. Il porte en lui cette blessure, fruit d'une lâcheté. Tuer des hommes dans leur sommeil, quelle indignité !
Fort heureusement pour lui, ses amis veillent. Comme toujours. Et pour l'honneur de la compagnie, de Tréville et des mousquetaires, ils vont tout faire pour mettre un point à cette sombre affaire.
Et si tout porte à croire qu'en effet Tréville est responsable, il s'avère qu'il n'en n'est rien. Du moins, les choses sont elles moins nettes qu'il n'y parait. Il a été trompé lui-même à l'époque.
Pourtant, Aramais a vu rouge et perdu ce sang-froid légendaire qui le caractérise. Il était impossible pour lui de rester stoïque quand la vérité sur cette nuit d'horreur était si proche. Il a manqué se séparer du groupe et surtout il a ouvert les yeux sur certaines manigances politiques qui ont coûté la vie à vingt valeureux mousquetaires.
Le véritable responsable est le duc de Savoie. Mais que faire contre un tel homme ? Il est désormais l'allié de la France et rien ne saurait être fait contre lui. Et surtout rien ne doit être fait contre la duchesse de Savoie qui œuvre dans l'ombre pour le roi, qui n'est autre que son frère.
Cette affaire les conduit sur des chemins qu'ils évitent habituellement, au cœur des intrigues politiques du royaume, là où l'honneur n'est plus de mise. Pas plus que la vie des hommes visiblement. Les quatre frères sont trop droits pour apprécier ces machinations dont raffole tant le cardinal. Ils sont incapables de supporter la vilénie et les comédies qu'il faut développer comme des trésors.
Aramis a été contraint de tuer son ami, son frère d'armes mais il a compris pour Tréville. Il sait pourquoi. Cela ne lui convient pas mais il accepte car il est homme d'honneur avant toute chose. Il peut mettre un point final à ce pan de son histoire et être en paix avec lui-même.
Chacun peut avancer sur le chemin où leurs pas les mènent. Avec plus ou moins de bonheur. Mais toujours animé par cette même droiture qui est leur force.
Mais voilà que Porthos est arrêté, accusé du meurtre d'un jeune homme. Au lendemain d'une soirée bien trop arrosée entre eux, avec d'autres hommes de la compagnie et quelques badauds présents dans l'auberge.
Porthos se défend bien mal face au juge, il n'est pas homme accoutumé à parler beaucoup, à être mis sur le devant de la scène. Il est mal à l'aise. C'est un homme simple, honnête. Dont le passé est en réalité bien plus complexe qu'il n'y parait.
Elevé par une mère qui fut esclave, ignorant tout de son père, il a grandi à la cour des miracles.
Tréville prend la défense de son homme. En vain, le juge est inflexible et condamne le jeune homme à la mort. Tréville ne peut supporter cette décision et enjoint ses hommes d'empêcher l'exécution de la sentence. Mais ils arrivent trop tard.
D'autres s'en sont chargés pour eux.
Les traces les conduisent directement à la cour des miracles. Un lieu où les hommes d'armes, qu'ils soient gardes rouges ou mousquetaires, ne sont pas les bienvenus.
Porthos retrouve son passé, Charon et Flora. L'un et l'autre sont d'anciens amis, Flora a même été son amante un temps. Il les retrouve avec plaisir, oubliant presque pour un temps le complot dont il vient d'être victime.
D'Artagnan découvre cet univers qu'il ignorait totalement jusque-là. Il apprend à connaître Porthos.
Encore une fois, intrigues politiques et plans du cardinal sont à l'œuvre. Et leur ami risque sa vie à cause de tout ceci.
C'en est trop pour les mousquetaires. Ils vont au-devant du danger et enquêtent pour découvrir le dessein qui justifie cet assassinat et cette accusation dont leur ami est injustement victime.
Le passé ne semble pas vouloir lâcher les mousquetaires. Le gascon est épargné, car c'est le cadet. Trop jeune sans doute pour qu'un sombre passé le rattrape.
Pourtant un sentiment le poursuit depuis qu'il est à Paris. Et jamais ne le quitte vraiment. Mais il reste trop incertain, confus. Ce n'est qu'une impression qui le titille parfois. Un quelque chose de déjà-vu. Mais il ne met pas de mot, ni d'image dessus. Rien qui puisse lui permettre de comprendre vraiment. Ou de chercher les réponses espérées. Une voix intérieure tout au plus, mais jamais assez pour tenir un début de réponse. Depuis qu'il est à Paris, les questions se font plus nombreuses et s'il parvient parfois à en résoudre quelques-unes, certaines lui échappent encore. Il balaie tout ceci d'un rapide mouvement de la tête, il n'a pas le temps. Trop pressés qu'ils sont d'être sans cesse appelés au service du roi ou du royaume.
Athos s'avère un allié de choix, car sa vivacité d'esprit, son intelligence toujours posée, guident les hommes sur les traces de la vérité et à travers les méandres de l'histoire de Porthos.
La poursuite de la vérité amène Athos, Aramis et d'Artagnan sur des chemins qui pourraient bien signer une nouvelle guerre des religions. Du moins le croient-ils un temps. Rien ne saurait être plus dramatique pour l'Etat, encore fragile et qui a connu déjà par trop les affres de ces guerres fratricides et internes.
Ce qui les oblige à chercher l'aide de Tréville. Lequel, homme avisé, saura les guider avec bon sens. Pendant que Porthos se débat avec ses anciens amis et les intrigues qui, quelle que soit la cour, ne quittent jamais les hommes de pouvoir. Que l'on soit roi de France ou roi de la cour des miracles, les manigances ne sont jamais bien loin. Les unes concordant parfois avec les secondes.
Tout ceci n'est que le fruit de la cupidité et de la jalousie d'un homme alliées aux rêves de grandeur d'un autre.
Porthos n'était qu'un jouet dans cette affaire, un pantin entre les mains d'hommes avides. Le passé qui l'avait rattrapé, s'achève pour lui. Il n'est plus cet homme de la cour des miracles, il est un mousquetaire. Et ne saurait être ailleurs qu'auprès de ses compagnons.
Amis fidèles qui jamais ne l'ont abandonné et le rejoignent au plus vite dans ce quartier parisien qu'ils sauvent d'une fin dramatique.
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