chapitre 35


Chapitre 35

Alice

Cette soirée avait si bien commencé, comment j'aurais pu imaginer ça !

Le club était plein comme tous les soirs de week-end, il y avait les frères comme toujours et quelques mecs de la ville et l'équipe quasiment au complet de Kessy. Tout ça dans une ambiance plutôt bon enfant, j'ai même vu Jace avec le plus grand des sourires boire une bière avec un frère et il refoulait une pétasse, ce qui n'est pas dans ses habitudes. Une preuve de plus qu'il l'a dans la peau la petite.

Les billets pleuvaient synonyme d'une super soirée. Bien sûr les brebis à moitié à poil comme toujours comme si elles ne savaient pas que les vêtements étaient faits pour se couvrir. Mais c'est sûr que pour chauffer les mecs c'est mieux d'être comme ça, des fois je me demande si elles ont un peu d'amour propre.

Mais ça fait bien longtemps que je me fous d'elles et de ce qu'elles pensent de moi.

Ce sont des grandes filles après tout et elles font ce qu'elles veulent de leur corps et maintenant que je suis enceinte c'est vraiment le cadet de mes soucis. La famille va s'agrandir dans peu de temps.

Le téléphone du bar sonne, chose qui n'est pas courante mais bon, si ça se trouve c'est mon homme qui appelle pour savoir si tout va bien, donc je me dépêche de décrocher.

-Allô ...

-Alice ?

La voix à l'autre bout du fil est stressée.

-Oui.

-C'est Pierre, le patron du bar à l'autre bout de la ville.

Il veut quoi lui ! Ça fait des années que nous avons convenu ensemble d'une entente. Chacun son côté de la ville alors je ne vois pas pourquoi il me téléphone. Je n'ai jamais aimé ce mec et il sait bien qu'il ne faut pas nous emmerder alors je me demande vraiment ce qu'il veut.

-Tu veux quoi ? Fais vite j'ai un monde fou et pas le temps pour des conneries !

-Il y a dans mon bar une fille qui a bu plus que de raison...

Non mais je rêve, il se fout de moi là, il ne sait plus s'occuper de ses clients qui ont bu ! Il n'y a pas marqué nounou sur notre enseigne !

-Et alors en quoi ça me concerne ! Tu connais plus les bases et tu veux des cours pour la mettre dehors !

-Si tu me laissais finir Alice, cette fille a les mêmes yeux que le mec avec qui tu es...

-Kessy ! Mais que fait-elle chez toi ?

-Ça j'en sais foutre rien, je dirais que la petite avait besoin d'oublier pas mal de choses et qu'elle pensait que le faire en famille n'était pas une bonne idée. Dans tous les cas je ne veux pas de problèmes avec vous alors c'est pour ça que je t'appelle, elle est incapable de rentrer seule donc je me suis dit que ...

-Oui j'arrive dans 5 min surtout qu'elle reste où elle est. S'il lui arrive quelque chose tu es un homme mort, tu m'entends !

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et je lui raccroche au nez.

Je prends mes clefs et vais à ma voiture, par chance personne ne m'a vu partir, je ne pense pas qu'elle veuille que quelqu'un sache dans l'état où elle est.

Mais la question que je me pose c'est qu'est-ce qui a pu la pousser à se mettre dans un état pareil, putain Jace j'espère que tu n'as pas merdé de nouveau avec elle.

Quand j'arrive sur le parking du bar Pierre est déjà dehors, ce mec a la tête du gros pervers, quand je le vois il me donne toujours envie de vomir, quand il m'aperçoit un grand sourire se dessine sur son visage, ça me donne la chair de poule; Allez Alice tu n'es pas là pour lui mais pour Kessy.

-Elle est où?

Je suis directe avec lui il y a pas mille solutions il faut lui montrer qui commande mais vu comme il me regarde je me demande si ça ne lui plait pas de se faire dominer comme ça par une femme.

-Toujours aussi directe ma petite Alice, la petite donzelle est toujours au bar avec une bière, on peut parler deux minutes.

-Tu lui as encore servi une bière, mais tu m'avais dit qu'elle était déjà dans un état pitoyable ? Et je ne vois pas pourquoi je parlerai avec toi, tu n'es qu'un pauvre type alors laisse moi passer.

-Hé ! C'est elle qui a demandé et puis c'est rare de voir une femme qui boit 20 bières tenir encore debout...

- Tu n'es qu'un crétin tu sais ça ? Cette fille c'est la nièce de mon homme et s'il lui arrive quoi que se sois tu es un homme mort, tu es au courant ?

-Et moi je ne veux pas d'emmerdes et puis la petite avec tout qu'elle a bu, a quand même réussi à mettre un mec qui lui pelotait le cul, KO.

Ça me fait rire même dans le pire des états elle ne perd pas son mordant.

-Merci je vais la récupérer.

-Avec plaisir et si tu cherches du taf tu sais que ma porte est toujours ouverte pour toi Alice ainsi que mon lit.

Je lui fais le plus beau des doigts d'honneur et rentre.

Elle est là au bar toute seule, je vois dans sa posture quelle n'est pas dans son état normal. Elle qui se tient droite habituellement est toute avachie comme si elle portait sur ses épaules tout le poids du monde.

Je m'approche doucement d'elle, je ne voudrais pas lui faire peur et me prendre un coup par la même occasion, puis je pose délicatement ma main sur son épaule. Quand elle se retourne je vois dans ses yeux, pour la première fois depuis que je l'ai rencontrée toutes les fêlures de son âme, que lui est-il arrivé aujourd'hui pour la mettre dans cet état là ?

Mais ce n'est pas le lieu pour lui demander cela.

-Hé ma puce, il est temps de rentrer je te ramène à la maison.

Je vois dans son regard qu'elle est complément perdue.

-Mais c'est où ma maison, hein ! Alice sans lui je n'ai pas de maison.

L'alcool parle pour elle.

-Hé Kessy je ne sais pas ce qui s'est passé avec Jace mais tout peut s'arranger, crois-moi il n'a pas un mauvais fond. Il est juste un peu crétin par moment mais ça va lui passer. Tu sais depuis qu'il t'a rencontrée, il change de jour en jour on, dirait que ça fait plusieurs mois que vous vous connaissez.

D'un coup elle se lève et file à toute vitesse dehors, je la suis et la trouve et dans coin sombre a l'écart en train de vomir, au moins elle ne le fera pas dans la voiture.

Je me rapproche d'elle et lui caresse le dos comme une mère le ferait avec son enfant.

Quand elle a fini, elle s'assoit à même le sol.

-Alice tu ne comprends pas.

-Si tu me disais ce qu'il t'arrive ma belle je suis sûre que tout peut s'arranger.

Je me demande ce qui peut bien la ronger à ce point, je sais que nous avons tous un passé mais le sien me parait bien noir.

-Si c'était aussi simple ça ferait des années que je l'aurais fait mais aujourd'hui tout ça fait renaître en moi des choses que je voudrais oublier mais lui je ne peux pas l'oublier tu comprends ! Sans lui je ne suis rien, tu m'entends, rien !

Mais de quoi elle parle ? Au début je pensais qu'elle parlait de Jace mais là je crois qu'elle parle d'un autre homme.

-Mais de qui tu parles ma belle là ? De ton père ? D'un homme que tu as aimé ?

-Non Alice je parle de mon fils !

Là je suis sur le cul, elle a un enfant, mais où est-il ? Et pourquoi personne ne le sait ? Des milliers de questions se bousculent dans ma tête mais ce n'est pas le moment de les lui poser surtout ici sur le parking de ce bar miteux.

-Mais il est où ton fils ma belle ?

-Il me l'a pris le jour de sa naissance et depuis je ne l'ai jamais revu...

Elle se met à pleurer toutes les larmes de son corps. Je la prends dans mes bras, je n'imagine pas la douleur que ça doit être de ne pas pouvoir prendre dans ses bras l'enfant que l'on a porté pendant 9 mois.

-Mais qui t'a pris ton enfant Kessy ?

Elle relève la tête, et quand nos yeux se croisent je sais que ce qui va sortir de sa bouche va lui faire autant de mal que de bien.

-Alice j'ai été comme les filles que l'on cherche à aider aujourd'hui...

Et là pendant je ne sais pas combien temps elle me déballe tout ce qu'elle a vécu.

Mon dieu jamais je n'aurais pu imaginer ça, comment peut-on faire vivre de telles horreurs à des enfants, ces personnes ne sont pas humaines.

Et dire qu'aujourd'hui elle veut tout faire pour sortir ces filles de là, je trouve ça très courageux, car elle se replonge dans son passé pour cela.

Quand enfin elle a fini de tout déballer, je décide qu'il est temps de rentrer pour elle et moi, mais je crois que ce soir il ne serait pas sage de la laisser toute seule. Alors c'est dans ma maison, enfin celle son oncle que nous rentrons.

Une chose est sûre quand son oncle va apprendre ça, la guerre va être déclarée, et le pauvre Jace va être dans le même état si ce n'est pire, mais ça on verra demain. Pour le moment, elle et moi avons besoin de dormir.

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