25 | Des mains entrelacées
Point de vue Avery
❝ C'est par là que nos âmes se sont rencontrées, par nos mains entrelacées. ❞
Le cours préparatoire a été une pure catastrophe. J'avais promis à Cayden de rester mais je m'attendais à tout sauf à ça.
Pendant une heure, nous n'avons pas arrêté de nous chamailler. Cayden voulait commencer les cours de danse et moi je voulais d'abord savoir quelle musique il allait chanter, de façon à ce que je puisse commencer à rechercher une chorégraphie sur internet. Sauf qu'à ce moment-là, mon camarade m'a demandé :
— Mais tu es une danseuse, tu dois inventer la chorégraphie, non ?
Et je lui ai répondu en rigolant :
— Peut-être mais je ne suis pas assez expérimentée pour ça.
Cayden m'a souri mais j'ai bien vu à son regard qu'il était déçu. Je n'ai rien ajouté et la séance s'est terminée comme ça, dans le plus grand calme.
Et maintenant, je regarde mon équipier s'éloigner, l'esprit encore plus encombré qu'à mon arrivée. Cayden sort de la salle accompagné d'Hunter et Beryl. Avant q'il ne débouche dans le couloir, je m'autorise quelques secondes pour l'examiner. De là, j'observe chaque parcelle de son corps. Mes yeux passent de ses cheveux soyeux aux muscles qui se tendent dans son dos au fur et à mesure de ses pas. Mais au dernier moment, il se retourne brusquement et croise mon regard. Catastrophe. Il ne me laisse pas une seule seconde de plus et trottine dans ma direction. Mon cœur rate un battement de cœur au moment où il se tient devant moi, son éternel sourire aux lèvres.
— Je te raccompagne chez toi ?
Le temps semble s'arrêter. Ai-je bien entendu ? Cayden veut-il vraiment me raccompagner ?
Il a simplement pitié de te voir attendre Tessa dehors alors qu'il gèle, me souffle ma conscience.
— Je dois aussi ramener Hunter mais c'est pas grave, on peut faire un détour.
— Mais ma colocataire vient me...
Cayden ne me laisse pas finir.
— Je crois que je ne te laisse pas le choix, dit-il en se frottant le menton comme si il était songeur.
Sans le vouloir, je laisse échapper un rire que je m'empresse de couvrir avec ma main. J'oublie qu'Hunter et Beryl sont certainement entrain de nous regarder.
— Allez, viens.
Les secondes passent sans que mes pieds se décident à bouger. Je reste là, plantée devant lui à regarder un point qui m'empêche de croiser son regard. Encore une fois, Cayden fait le boulot à ma place. Sa main trouve la mienne. Ses doigts s'entrelacent aux miens et j'ai l'impression de sombrer dans l'espace le plus chaud et rassurant que je n'ai jamais vu. Ma respiration me trahie et accélère bien trop rapidement.
Sa main me tire vers lui pour me guider. Cayden ne se rend pas compte de ce qu'il fait, il ne sait pas que c'est la première fois que je tiens la main à un garçon. Et ce n'est que lorsqu'il la lâche que je comprends que j'ai aimé ça. Pourtant, j'ai l'impression de perdre une certaine chaleur. Les mains moites, je tente de me détendre face à Hunter et Beryl.
— Elle vient avec nous ? demande Hunter.
— Oui.
— Heureusement que je ne rentre pas avec vous alors, murmure Beryl.
Je ferme les yeux, attendant une réplique sanglante de la part de Cayden. En vain, il ne dit rien et se contente de serrer les poings. De son côté, Hunter rigole. Est-il vraiment munit d'une cervelle ? J'en doute.
Un silence de plomb s'installe alors que nous marchons en direction du parking. Dehors, l'air frais du début de soirée me lèche le visage et je resserre mon manteau autour de moi. Je donnerais tout pour rentrer avec ma colocataire.
— Je me casse, salut les losers.
Un sourire espiègle s'affiche sur le visage de Beryl alors qu'elle s'éloigne en secouant la main. Quand elle est assez loin pour ne pas nous entendre, Cayden lâche :
— Quelle garce.
Et je me surprends à sourire.
— Même si je traîne avec elle, je ne peux pas nier la vérité, réplique Hunter.
Le rire aussi grave que délicat de Cayden me parvient aux oreilles et je me détends. Pendant qu'Hunter et moi suivons Cayden, les étudiants ne nous lâchent pas du regard.
— C'est ça de traîner avec des mecs aussi stylés que nous, ricane Hunter. Tu verras, dès les prochains cours les gens viendront t'aborder.
Cayden s'arrête devant une voiture qui doit certainement être la sienne et s'y adosse en faisant tournoyer ses clés autour de son index.
— Ne l'écoute pas. Il dit que des conneries.
— J'avais remarqué.
Et là, quelque chose se produit. Hunter et Cayden se retournent vers moi, comme si j'avais dit la chose la plus intelligente au monde.
— Je rêve ou tu viens d'ouvrir la bouche ?
— Tu ne rêves pas, répond Cayden en souriant.
Ses yeux ne me quittent pas d'une semelle lorsque je m'installe à l'arrière de la voiture. Et ils continuent de me fixer dans le rétroviseur. Je fais mine de l'ignorer mais à l'intérieur, je surchauffe. Le regard de mon coéquipier me déstabilise plus qu'il ne le devrait. Heureusement pour moi, il est contraint de passer le plus clair de son temps à regarder la route. Je m'enfonce un peu plus dans mon siège et envois un message à Tessa pour lui dire que ce n'est pas la peine de venir me chercher.
— On s'ambiance un peu ? demande Hunter.
— Non.
Cayden et moi avons crié en même temps mais ce n'est pas pour autant qu'Hunter se renfrogne. Au contraire, il connecte son téléphone et augmente le volume à fond. Un titre de Post Malone s'échappe des enceintes et je manque de faire une crise cardiaque tellement je suis prise de court. A travers le siège je sens les vibrations et peu à peu, mes muscles se détendent. Je ne prends jamais vraiment le temps d'écouter ce genre de musique, je devrais peut-être. Cayden et Hunter murmurent les paroles en bougeant rythmiquement la tête, je souris en les regardant. La voix grave et écorchée du chanteur résonne dans la voiture tout au long du trajet et comble le silence. Ce n'est qu'une fois la deuxième chanson terminée que je remarque que nous sommes devant notre immeuble.
Cayden gare la voiture sur le bas côté et je me détache. Délicatement, je sors de la voiture et remarque qu'il m'imite. Lorsque nous ouvrons tous les deux les portes, la musique inonde toute la rue et je baisse la tête pour éviter tout regard accusateur. La tête d'Hunter sort de la fenêtre tandis qu'il me salue accompagné de toute sa fierté. Je me retourne alors vers Cayden pour planter mon regard dans le sien.
— Merci pour le trajet.
Il me sourit de toutes ses dents.
— Avec plaisir. Si un jour tu as besoin d'un chauffeur, je suis là.
Je souris à mon tour et alors que je me retourne en direction de l'immeuble, un klaxon me retient.
— Salut les moches !
Une Tessa toute souriante se gare derrière Cayden en prenant soin, elle aussi, d'augmenter le volume de sa musique à fond. Est-ce vraiment nécessaire qu'elle arrive à ce moment précis pour me mettre la honte ?
Il en faut peu pour mettre Hunter en rogne et le faire sortir de la voiture :
— Mais elle veut quoi avec sa musique de merde celle-là ?!
Cayden, qui est resté à côté, s'esclaffe. De mon côté, je redouble de honte. Ma colocataire éteint le moteur et s'extirpe de son véhicule, celui que j'ai emprunté pour la retrouver à la fête de Beryl. Bien sûre, il faut qu'elle fasse son petit spectacle. Les lunettes de soleil sur le nez et son sac de cours sur les épaules, elle prend un malin plaisir à épier de son plus mauvais regard Hunter et Cayden.
— Celle-là comme tu dis, elle t'emmerde, répond-t-elle.
A ma grande surprise, Hunter ne réplique pas. Il sourit en baissant la tête. Ma colocataire se précipite vers moi pour me prendre dans ses bras et je savoure cet instant. Lorsqu'elle me lâche je me retourne vers les deux étudiants.
— Voici ma colocataire, Tessa.
— En personne !
Elle vient déposer son bras autour de mes épaules en souriant aux deux étudiants.
— On sait qui tu es, réplique Hunter.
Tessa fronce les sourcils, elle ne comprend pas ce qu'il se passe. Je joue nerveusement avec les manches de mon manteau tout en réfléchissant à comment me sortir de cette situation embarrassante.
— Figure-toi qu'on t'a portée hors de la maison de Beryl, dieu sait si t'étais lourde ! Tu aurais dû voir comme tu étais bourrée, c'était tellement marr... Putain !
Cayden fait taire Hunter en lui écrasant le pied. Je n'ai jamais rien raconté à Tessa à propos de cette soirée. Je lui ai toujours expliqué qu'elle avait un peu trop bu, qu'elle était montée d'elle-même dans la voiture et s'était endormie pendant que je la ramenais. Je n'ai jamais mentionné le nom de Cayden et Hunter. Mon coéquipier a certainement dû voir ma tête paniquée pour faire taire Hunter.
— Il déconne, c'était lui qui était bourré, dit-il en tentant de maîtriser un Hunter énervé.
Il finit par lui donner un coup dans le tibia et Cayden lâche un juron. Je me faufile à côté de mon coéquipier pour regarder Tessa en face :
— Oui... Il... Il a pas les idées fixes en ce moment.
Hunter tente de m'attraper les cheveux mais Cayden l'en empêche.
— Il est sous tension avec les examens, rajoute Cayden.
On en fait trop mais Tessa me rassure en prenant la parole :
— Vous êtes bizarres, c'est tout ce que j'ai à dire.
Cayden et moi soufflons de soulagement. Hunter, lui, a compris qu'il ferait mieux de la boucler.
— Mais... Dîtes-moi, qui est Cayden ?
Tessa me lance un regard accusateur et je comprends qu'elle s'adresse principalement à moi. Encore une fois, Cayden répond pour moi. Il tend sa main à Tessa en souriant :
— Enchanté.
Le visage de Tessa s'illumine, comme si rien de tout ça ne s'était passé. Elle lui serre la main en souriant comme une enfant.
— Je suis tellement contente de te rencontrer ! Avery me parle beaucoup de toi, tu sais ?
Tellement honteuse, je baisse la tête pour me cacher derrière mes cheveux en soufflant. Il faut toujours qu'elle en fasse une tonne. Je ne laisse pas Cayden répondre et tire Tessa par le bras pour la pousser vers l'immeuble :
— Elle aussi elle a pas les idées fixes. Encore merci pour le trajet.
Voilà comment je laisse Cayden et Hunter sur le trottoir. Notre départ précipité les laisse ahuris mais amuse quelque peu Hunter. Du coin de l'œil je le vois taper sur l'épaule de Cayden qui, lui, reste là nous fixer. Son regard me brûle le dos tandis que je m'éloigne. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur que je m'autorise à relâcher tout l'air que j'avais dans les poumons. Tessa rit de mon comportement et me taquine :
— Jamais tu n'as mentionné que Cayden était aussi beau gosse. Si il n'était pas aussi jeune, je l'aurais dragué depuis longtemps.
Je rigole et alors que nous montons les marches jusqu'à notre appartement, je repense encore et toujours à mon coéquipier, à ses sourires, aux clins d'œil qu'il me lance de temps en temps et qui me font sourire mais surtout, je pense à la façon dont il me facilite les choses. Cayden a cette manie de savoir comment me faire plaisir, en prenant la parole à ma place, en m'aidant ou simplement en étant là, il me rassure. Mais je culpabilise d'être aussi dépendante de lui, d'avoir pris l'habitude de compter sur lui.
Tessa me sort de mes pensées en ouvrant la porte de notre appartement. Une fois à l'intérieur je me remémore la façon dont elle a jaugé Cayden et Hunter et je souris bêtement. Pourtant je ne faisait pas ma fière à ce moment-là, j'étais terrorisée et j'en ris.
— Pourquoi tu rigoles ? me demande l'intéressée.
— Par pitié, ne croise plus jamais Cayden. C'était beaucoup trop gênant.
Un rictus apparaît sur son visage lorsqu'elle murmure le plus diaboliquement possible :
— Ma vieille, tu oublies que demain ton prince charmant vient chez nous pour votre projet.
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