21 | Un paradoxe qui contredit l'avenir
Point de vue Cayden
❝ Étrange paradoxe, elle contredira mon avenir. ❞
Avant Avery, je ne savais pas que la danse pouvait être aussi magnifique. En entrant dans le studio avec Serena, je suis tombé à une fille qui ressemblait à un ange tout droit tombé du ciel. Alors qu'elle semblait voler dans les cieux, son costume l'enveloppait et la transformait. Avery était époustouflante, grandiose.
Quand ses yeux ont croisé les miens, j'étais émerveillé. Le regard de ma partenaire brillait d'un sentiment que je n'avais jamais pu déchiffrer chez elle, l'assurance. Dressée sur ses pointes et le visage rayonnant, elle vivait de sa passion. À ce moment-là, j'ai compris qu'Avery n'est pas la fille que tout le monde prétend connaître. C'est une jeune fille écorchée mais courageuse. Étrangement, je l'envie. J'aimerai, lorsque je chante ou joue de la musique, être aussi sûre d'elle. Quand je laisse mes doigts gratter les cordes, je suis détendu et j'oublie tout mais je n'ai pas l'aisance et l'audace d'Avery.
Cette fille est un étrange paradoxe. Elle réussit à contredire mes simples faits et gestes en dansant.
Étrange mais attirante.
Je reviens à la réalité lorsque la chaise à côté de moi se décale. Avery se lève timidement pour rejoindre les autres groupes qui vont continuer les cours préparatoires avec Serena. Ma partenaire me lance un dernier regard avant de continuer sa route entre les groupes restés assis. Je me lève à mon tour et suis la fine silhouette qui s'élance devant moi.
Lorsqu'Avery a accepté ma proposition en levant la main, j'ai manqué l'évanouissement. Sincèrement, quand je lui ai demandé de m'apprendre à danser je pensais qu'elle allait fuir en courant, comme elle sait si bien le faire. Mais non, elle a réfléchit longtemps pendant le début du cours préparatoire et a finalement accepté.
Maintenant, je me dois de ne pas la décevoir. Si on veut gagner ce concours, il faudra tout donner. Et lorsqu'ils verront tous que nous avons échangé nos deux arts, que nous les avons testé chacun, il seront scotchés. Enfin, je l'espère.
— Bien, bonne chance Mr. Boyd.
Serena lance un regard provocateur à l'autre professeur qui restera avec ceux qui n'ont pas d'inspiration. Du coin de l'œil, j'observe Hunter qui semble prêt à soulever son bureau et crier comme il ne l'a jamais fait. Je cache mon sourire quand je sens Avery lever la tête vers moi.
— Les autres, suivez-moi.
La voix autoritaire de Serena résonne dans la pièce jusqu'au moment où nous debouchons dans le couloir principal. Discrètement, je me faufile à côté de ma partenaire qui marche la tête baissée et écartée des autres. Lorsqu'elle me remarque, elle ignore ma présence par timidité. Au loin, je repère la chevelure brune d'Emy que j'essaye aussitôt d'effacer. Depuis la scène au skate parc, elle ignore tout le monde. Le soir après les cours, quand j'essaye de la rattraper et lui dire bonjour, elle me repousse en montant immédiatement dans sa voiture. J'aimerai que tout ça s'arrête et pourvoir retrouver mon amie.
— Pour bien commencer, vous allez rester par binôme et je viendrai vous voir groupe par groupe pour entendre vos idées.
Tous les élèves suivent Serena en silence. À quelques moments, je reconnais les couloirs que j'ai emprunté en courant tout à l'heure. Quand j'y repense, je rougis de honte.
Le groupe s'arrête devant une porte et Serena nous invite à rentrer à l'intérieur. Dès que je mets un pied à sur le parquet chauffé et ciré, j'ai l'impression d'étouffer. La pièce est plus grande que le studio de tout à l'heure mais avec du charme en moins. Cette fois-ci, les lumières sont allumées et dehors, le soleil vient tout juste de se coucher. Les ombres noirs se profilent déjà à la fenêtre.
Serena désigne un binôme qui s'installe dans le fond de la salle et nous ordonne, aux autres, de se regrouper par binôme et profiter de ce moment d'attente pour approfondir notre idée.
Avec cet attroupement d'élèves, je peine à retrouver Avery qui m'a échappé des mains. Lorsque j'aperçois cette tête blonde, je me faufile jusqu'à elle. Sans le vouloir, mon bras frôle le sien et elle retient sa respiration. À seulement quelques centimètres à côté d'elle, je peux sentir sa tension.
— Suis-moi.
Elle opine timidement de la tête. Je m'élance entre les étudiants non sans lancer un regard en arrière. Avery me suit silencieusement et son regard me brûle le dos. Contre mon gré, j'essaye de ne pas y prêter attention en serrant les poings. Je repère un coin tranquille dans la pièce.
— On sera plus tranquille ici.
Elle hoche la tête.
— Comment tu compte t'y prendre pour m'apprendre à danser ? Je suis un cas difficile, lancé-je en rigolant.
À mon plus grand bonheur, mes propos réussissent à la faire sourire. Elle dévoile quelque secondes cette partie d'elle-même, heureuse et ouverte, j'aime ça.
— Je ne sais pas. On pourra commencer par les bases.
Son ton m'indique qu'elle doit se demande comment me repousser mais je n'abandonne pas pour autant.
— Tu dois te demander pourquoi je veux danser ?
Comme à son habitude, elle n'utilise pas les mots et se contente d'un hochement de tête.
— J'aimerai qu'on mélange nos deux arts pour notre projet. Toi, tu chante avec moi et moi, je danse avec toi quelques minutes. Au moins, on est sûre que personne n'aura l'audace de faire la même chose que nous.
Mon enthousiasme ne semble pas l'atteindre puisqu'elle fuit mon regard en lançant :
— Je ne pourrai jamais chanter, je n'en ai pas les capacités.
— Parce que tu penses que je suis doué en danse ? Avery, tout le monde est capable de chanter. Et puis, ça te permettra de découvrir un autre domaine artistique. (Elle lève enfin la tête vers moi) Qui sait ? Peut être que tu aimeras ça.
Elle secoue la tête.
— Je ne suis pas comme toi Cayden, je ne réussis pas tout ce que je touche.
Aïe, ça fait mal. Les paroles d'Avery sont profondes et même si ses intentions ne sont pas mauvaises, elle me blesse.
Contre toute attente, je décide de faire comme si de rien n'était et laisser passer la bombe qu'elle vient de lancer. Elle doit se rendre compte de sa boulette puisqu'elle marmonne des excuses craintives en m'échappant à nouveau. Je lui intime que ce n'est rien mais elle insiste. Je hoche la tête et tente d'ignorer son regard puissant.
— C'est bien la première fois qu'on me dit ça.
À son expression, Avery est gênée. Elle baisse la tête pour m'éviter.
— D'habitude, c'est plus le contraire, j'ajoute.
Sans jamais lever la tête, elle murmure :
— Ils se trompent. Tu es beaucoup plus fort que tu en as l'air.
Ses mots semblent lui brûler la gorge au fur et à mesure qu'elle les prononce et je m'interdit de sourire. En quelques secondes, elle me fait oublier ce qui m'entoure et sa voix résonne dans ma tête. Avery a ce pouvoir sur moi, elle semble me faire comprendre de nouvelles choses.
— Je suppose que je suis censé te remercier ? lancé-je.
Elle secoue la tête en rigolant et un sentiment de fierté m'étouffe en la voyant ainsi.
— Excuse-moi, je sais pas pourquoi je te dis tout ça. Je ne te connais même pas.
Elle se crispe à nouveau et se mord l'intérieur des joues. Quelque chose me frappe. Malgré ses airs timides et toujours hésitante, je mettrai ma main à couper qu'Avery n'a pas toujours était ce genre de fille.
J'observe la salle et y voit déjà tous les élèves regroupés par binôme. Certains danseurs sont même debouts en montrant une chorégraphie à leur partenaire. C'est facile pour ceux spécialisés en peinture ou photographie, il suffit juste de réalisé la plus belle peinture ou photographie. Mais pour nous, les chanteurs ou musiciens, c'est plus difficile que ça.
— Tu chantes ou tu joue d'un instrument ?
Perplexe, je me retourne vers Avery. J'y retrouve cette fille toujours angoissée et confuse. Mais pourtant, sa voix semble légèrement avoir gagné en assurance.
— C'est à dire ?
Ses yeux bleus rencontrent à nouveau les miens.
— C'est quoi ta spécialité ? demande-t-elle.
Je lâche un profond soupir avant de m'approcher d'elle.
— Les deux.
Elle déglutit lorsque j'entre dans ce qui doit être sa bulle de confort et m'adresse un regard interrogateur.
— Tu... Tu fais quoi ?
Je ne peux que la trouver mignonne lorsqu'elle s'emmêle les pinceaux pour sortir une simple question. Mais cela ne m'arrête pas, je tente de garder mon calme face à ma soudaine accélération cardiaque et fait abstraction de ses yeux affolés lorsque je lui prends la main. Sûrement que des personnes nous regardent, mais à ce moment là, je m'en fous. Mon attention est centrée sur la fille en face de moi.
— S'il te plaît, apprends-moi la danse.
Avery secoue la tête en tentant de me repousser.
— Pas ici, pas devant tout le monde (son regard dérive sur mes jambes) et pas en pantalon.
Mes lèvres se retroussent en un sourire discret. Je m'écarte d'Avery et elle semble souffler tout l'air qu'elle avait retenu jusque là.
— Je crois que vous avez échangé le mot « discuter » avec « flirter », Cayden.
Je me raidis lorsque j'entends la voix autoritaire de Serena dans mon dos. Je me retourne pour faire face à cette femme et incline la tête. Elle lance une expression amusée à ma partenaire qui fait tout pour disparaître derrière ses mèches blondes. Lorsque Serena s'éloigne, non sans rigoler amèrement, je sens tous les regards braqués sur nous et des rires me parviennent aux oreilles. Même si je ne la regarde pas, je sais qu'en ce moment-même Avery est pétrifiée par toute l'attention qu'on nous donne.
Je ne sais pas pourquoi elle est comme ça mais cette fille doit cacher un bien lourd secret pour se mettre dans tous ses états.
Et tu as envie de le découvrir, me souffle ma conscience.
Je jure dans ma barbe car je sais qu'elle a raison. Avery me fait peur, elle me rappelle quelqu'un.
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