Chapitre 37: L'aube

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Quand Denki descend du bus avec son sac de classe sur les épaules, il pleure déjà. Ses larmes sont aussi calmes que les gouttes qui glissent sur la parois en verre des vitres du véhicule. Il est blessé mais résigné et s'il doit se faire humilier et frapper par ceux qui sont sa famille, il le fera en gardant la tête droite. Il se l'est promis.

Son torse le brûle quand il arrive dans la rue de sa maison. Il essuie son nez qui coule sur sa manche et entre dans le jardin pour ramasser son sac de sport qui siège sur le perron mouillé. Il relève un instant le regard sur la porte d'entrée qui lui semble immense et le monde autour de lui semble infini et gigantesque. Effrayant. Il est libre mais ça semble si amer. Ce monde est si hostile maintenant qu'il est seul qu'il se sent comme un oisillon jeté dans le vide.

Il part dans le sens inverse, perdu mais comprenant qu'il ne doit pas rester en terrain connu. Il a l'impression d'avoir huit ans et de faire une fugue. Que ses parents vont venir derrière lui et poser une main sur son épaule quand il fera trop noir. Que ce n'est qu'une punition, qu'un avertissement.

Ils vont compter jusqu'à trois et il va se retourner pour courir dans leurs bras. Les mamans ont beau menacer leurs enfants de les abandonner dans les magasins, elles reviennent toujours.

Seulement maintenant il est vingt heures passée et il est dans un endroit qu'il ne reconnaît pas. Il a mal aux pieds et ses cheveux sont trempés sous sa capuche. Ses mains sont froides et douloureuses à force de serrer les lanières de ses sacs.

Les lampadaires transforment la pluie en paillettes lumineuses sur le béton du trottoir quand il marche et le vent souffle dans les grandes branches des arbres. L'air est lourd et le ciel gronde trop fort dans ses oreilles. Il relève la tête pour lire les panneaux qu'il éclaire de son téléphone.

Il le remet dans sa poche avec difficulté. Il n'a déjà pas d'endroit pour le charger, il sera clairement dans la merde s'il prend l'eau.

Il renifle en tremblant et s'avance vers le parc municipal de cette ville qu'il ne connaît pas et comme la pluie devient insupportable, il se glisse sous une table de ping-pong en béton pour se mettre au sec.

La pierre est froide autour de lui et son plafond est couvert de chewing-gum écrasés et de gendarmes qui se baladent et s'accouplent comme s'il n'était pas là.
Il s'adosse au béton en coinçant ses affaires entre ses jambes pour se réchauffer et met sa tête dans ses mains. Sa respiration est la seule source de chaleur aux environs et il souffle sur ses mains, n'ayant clairement pas envie de les voir gercer.

Un coup de tonnerre se fait entendre et il pleure, effrayé et épuisé.
Il voit les voitures passer, phares allumés qui éclairent les gouttes qui tombent et prie pour que quelqu'un remarque qu'il jure dans ce décors nocturne et lui demande ce qu'il fait là.

La nuit est longue et froide et il s'imagine son copain dormir au chaud pour se réconforter. Il se rappelle de ses bras qui le tiennent, de sa bouche sur son cou et de la chaleur qui remplit son ventre à chaque fois qu'il le regarde avec tant d'amour pour essayer d'arrêter ses frissons.

Ça ne marche pas vraiment et quand ses yeux s'habituent à l'obscurité, il fixe le cheval à bascule à quelques mètres de lui aller d'avant en arrière et d'arrière en avant pour ne pas voir le temps couler au ralentit.

C'est une vraie tempête qui se déchaîne et bientôt son abri ne le protège même plus de l'eau qui vient chatouiller ses pieds et du vent qui fouette son visage.
Il espérait que l'orage se fasse plus silencieux mais le ciel est régulièrement zébré d'éclairs lumineux et le tonnerre lui cri dessus avec toute la puissance du monde.

Il l'engueule de sa voix grave, lui reprochant son manque de discrétion, ses pulsions, ses envies qui l'ont conduit là où il est et il ne peut que se recroqueviller un peu plus.

Il pleure jusqu'à l'aube et quand il n'a plus de larmes il se contente de geindre comme la pauvre chose qu'il est. Ses baskets sont détrempées et ses chaussettes sont humides jusqu'à ses chevilles.

C'est dur de réaliser qu'il s'est fait abandonner pour de vrai. L'amertume a un goût horrible dans sa gorge et il commence vraiment à avoir faim.

Il n'a pas d'argent ou très peu et n'a pas envie de tout gaspiller maintenant. Tant qu'il peut aller à Yuei, il doit économiser au maximum et ça veut aussi dire sauter des repas.

Le soleil commence à se montrer et son dos courbaturé le pousse à se lever et à s'étirer. Au moins il ne pleut plus et il va pouvoir sécher en marchant.

Il se balade dans les rues sans savoir où aller et il reconnaît le nom d'une banlieue sur un panneau et arrive enfin à se situer à peu près dans sa tête.

La rue n'est pas accueillante pour les sdf et il a l'impression que tout le monde le regarde quand il marche en suivant les lignes de tramway.

C'est vrai que ce n'est pas courant pour les petits travailleurs du week-end de voir un jeune homme comme lui marcher avec deux sacs et une valise de si bon matin mais il baisse la tête et accélère ses foulées pour arriver plus vite en centre-ville, là où il y a potentiellement des solutions à ses problèmes.

Tous les bâtiments administratifs ont des devantures pour se protéger du sol mouillé mais malheureusement, les grilles et les pics qui sont placées là l'empêchent de s'assoir et il se rabat donc sur le centre commercial dont l'entrée extérieure est protégée par un plafond en verre.

Il se pose à côté de la poubelle à mégots et ignore le regard insistant des vigiles pour sortir son portable de sa poche. S'il fait mine d'avoir un but et d'être là pour une très courte période, ils le laisseront sûrement tranquille.

Il remarque qu'il n'a presque plus de batterie et baisse la luminosité pour grappiller un peu plus de temps. Il est à peine sept heures et il a déjà l'impression que ça fait une éternité qu'il a quitté le domicile familial.

Il clique sur sa notification et lit le message que Eijiro lui a envoyé hier soir et qu'il n'avait pas vu, trop occupé à essayer de dormir.

« J'ai vu qu'une grosse tempête se prépare pour ce soir, j'espère que tu vas bien dormir. Si tu as peur ou que tu n'y arrives pas, appelle-moi! »Ses yeux restent fixés sur le cœur rouge qui suit cette petite phrase et il se sent tellement faible que c'est son cœur à lui qui brûle.

Il s'était juré qu'il serait fort, qu'il pouvait vivre ça sans problème, que ça serait évidemment difficile mais que d'autres l'avaient fait et qu'ils avaient survécus.

Il mord sa langue en cliquant sur la petite icône en forme de téléphone en se traitant de faible. Il n'est pas trop tard pour raccrocher, il peut encore éviter de le mêler à tout ça. Mais est-ce qu'il ne lui en voudra pas de lui avoir caché?

Il est pris dans un dilemme intérieur et finalement, il éteint son appareil quand il tombe sur sa messagerie.

Les minutes passent au ralenti et les pigeons viennent depuis les toits pour se balader sur la grande place devant lui. C'est vrai que c'est beau à cette heure mais ça serait encore mieux s'il avait choisis d'être là.

Il voudrait bien rentrer dans le bâtiment pour s'asseoir sur une banquette mais les premières boutiques ne sont pas ouvertes et ses chaussures sont pleines de boue. Il a l'air d'un sans-abri ou d'un gamin qui a fugué mais certainement pas d'un client.

Il passe ses mains entre ses mèches pour les faire sécher plus vite quand son téléphone vibre sur ses cuisses. Son ventre se noue quand il voit la photo de son copain apparaître avec un petit cœur à côté et décroche sans savoir ce qu'il va dire.

Sa tête se plonge dans de l'encre noire qui brouille toutes ses pensées et il retient difficilement ses larmes.

- Tu m'as appelé? Sa voix est enrouée et il se doute qu'il doit l'avoir réveillé. Il espère que ça ne l'a pas mis de mauvaise humeur car dans son état, il ne survivra pas à la moindre remarque.

- Tout va bien? Il se rend compte qu'il est resté muet et il renifle alors que les larmes coulent sur ses lèvres.

- Ça va... Ce n'est pas convaincant même pour lui-même et il fixe la colonne devant lui pour ne pas trop sombrer dans une confession qui lui ferait honte.

- Tu es sûr? Il a l'air un peu plus conscient et il l'imagine bien dans son lit, les yeux à peine ouverts.

- Non. Il craque en silence et il pose une main devant ses yeux.

- Bébé, qu'est-ce qu'il se passe?

- C'est compliqué, il ne sait pas par où commencer et regarde ses pieds. Le vent souffle fort et Eijiro doit l'entendre dans le micro puisqu'il demande.

- Tu es dehors?

- Oui. Dit-il alors qu'il ne sait plus dire que la vérité et qu'une boule d'espoir frêle navigue dans son torse.

- Qu'est-ce que tu fais dehors à cette heure?

- Mes parents ont appris pour nous... Il n'arrive pas à lui dire directement et espère qu'il va comprendre.

- Comment ça ils ont appris? Ils t'ont fait quelque chose?

- Akari nous a vu lundi et... il reprend son souffle. Il nous a pris en photo.

- Denki, ils t'ont fait quelque chose? Sa voix inquiète est bien réveillée et il a l'impression que l'autre garçon est juste à côté de lui.

- Pas exactement...

- Qu'est-ce que tu veux dire « pas exactement »? Je suis inquiet là, va droit au but.

- Ils m'ont mit à la porte? Même se mordre la lèvre n'est pas suffisant et ses sanglots explosent de sa bouche alors qu'il l'entend crier.

- Quoi?! Denki tu vas bien?

- Oui... J'ai froid et j'ai pas dormi, c'est tout. Mais je vais bien, je te jure. Il essaie de sourire mais c'est trop compliqué.

- Tu as passé la nuit dehors?!

- Oui.

- Pourquoi tu ne m'as pas appelé? Il l'entend bouger et sa voix précipitée rend son rythme cardiaque anarchique.

- Je voulais pas te causer de problèmes.

- C'est pas grave, élude le roux. Où es-tu?

- Devant le centre commercial. J'ai peur qu'ils appellent les flics.

- Ok. Marmonne Eijiro. Denki entend des bruits de pas et des portes qui s'ouvrent avant de recevoir une autre alerte sur son mobile.

- Eiji j'ai presque plus de batterie. Le prévient-il.

- C'est pas grave. Dit le rouquin à l'autre bout du fil. Va à la gare et attend là-bas.

- D'accord. Il sent un poids se libérer de son corps.

- Juste le temps que je prévienne mes parents. Il soupire en silence.

- J'arrive mon cœur.

- Oui s'il te plaît. Pleure Denki avec désespoir. Il est plus sensible qu'il ne le croyait mais son héros va venir.

Il attend durant plus d'une demi-heure sur un banc inconfortable et regarde les gens autour de lui pour voir d'où il pourrait arriver. Il a mal aux pieds et son corps est gelé par la pluie. Il a mal aux poumons à force de pleurer et renifle en boucle depuis une heure et demi au point où son nez tout rouge ne demande qu'une chose: un mouchoir.

Une moto s'arrête à quelques mètres de lui et il commence à pleurer plus fort quand il voit une tête rouge retirer son casque et se précipiter sur lui.

Il se voit être projeté dans les bras forts en quelques secondes alors qu'il tient son crâne et qu'il caresse son dos.

- Eijiro...

- Tu vas bien? Son odeur lui avait manqué et il se sert plus fort à son cou.

- Ça va mieux. Murmure le blond en se détachant de lui pour lui demander. T'as pas un mouchoir?

Il lui en donne un rapidement et comme il est prévoyant, il lui donne la madeleine emballée qu'il avait glissée dans sa veste.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé?

- Ma mère s'est énervée, m'a dit des horreurs et m'a dit que j'avais jusqu'à hier pour faire mes affaires.

- C'est pour ça que tu étais mal cette semaine?! Ses yeux rouges s'ouvrent encore plus si c'est possible. Pourquoi tu ne m'en a pas parlé?

- Je voulais pas poser de problème ou me mettre dans une situation délicate. Je pensais que je pouvais gérer. Avoue-t-il en regardant ailleurs.

- C'est courageux mais hyper débile. Dit l'autre en le serrant contre lui. T'aurais pu être en danger.

- Elle m'a dit que j'étais un déchet et qu'elle avait voulu m'avorter. Il pleure dans ses bras et rajoute. Elle a dit qu'elle avait pas pu le faire et qu'elle m'avait jamais aimé... Que j'avais gâché sa vie.

- Chut... C'est fini, ok? Je suis là. On rentre à la maison.

Ils réussissent à caler les affaires de l'électrique assez facilement et ce dernier pose sa tête sur l'épaule de Eijiro en le tenant par la taille alors qu'il les conduit chez lui.

Il a l'impression d'être absent durant tout le trajet et évite le regard de ses beaux-parents qui les attendent sur le perron quand leur fils rentre sa moto dans le garage.

Il se retrouve dans les bras forts de la mère de son copain puis ceux de son père avant de rentrer dans la maison qu'il aime déjà tant elle est chaleureuse.

- Tu vas prendre une bonne douche, Jiji va te prêter des habits secs et ensuite on va un peu parler de ce qu'il t'arrive. Il regarde son sac en constatant que le fond est aussi mouillé que lui et il suit son copain -pieds nus- jusqu'à l'étage après avoir remercié les deux adultes pour leur gentillesse.

Il se glisse sous l'eau chaude en soupirant de soulagement et se débarrasse de la crasse qui le recouvre depuis la veille avec satisfaction. Il sent mauvais et espère qu'ils ne s'en sont pas trop rendu compte.

Eijiro rentre quand il a une serviette autour de la taille avec les bras chargés, lui sèche les cheveux sans aucune remarque et avec beaucoup de douceur.

Il le sert contre lui en respirant l'odeur fraîche du shampoing dans ses cheveux puis l'embrasse en le soulevant de terre.

La serviette se détache de ses hanches mais il n'y fait pas attention pour s'accrocher au jeune homme qui le tient fermement et avec amour. Ils s'embrassent toujours plus fort alors qu'il le tient sous les cuisses.

La texture de son pull est douce contre sa peau nue et il se sent tellement en sécurité avec ses jambes qui sont coincées par ses avants-bras musclés. Il est épuisé et ses mains chaudes qui touchent son corps sont un réconfort bien mérité.

Il le fait redescendre en douceur en touchant sa peau comme s'il était fait de porcelaine puis une fois qu'il est dans un survêtement du roux et qu'il lui a réclamé un sweat-shirt pour ne pas choper la crève, ils vont s'installer sur le canapé pour écouter les adultes qui les regardent avec sérieux.

- Je suis désolé de commencer par ça, dit la femme en le regardant dans les yeux, mais tu n'as pas fugué de chez toi?

- Maman! S'offusque son copain à ses côtés.

- Je sais Jiji mais si c'est le cas ou qu'ils appellent les flics en disant qu'on l'a enlevé, c'est nous qui sommes en danger.

- Sa mère lui a dit des choses horribles, t'as pas idée d'à quel point j'ai envie d'aller lui casser la gueule!

- Laisse, murmure le blond en posant une main sur son bras. Il est vraiment entrain de leur causer des problèmes et il n'en a pas envie.

- Ce n'est pas grave si tu t'es enfuit de chez toi, le rassure la mère. Tout le monde n'exprime pas sa détresse de la même façon mais tu dois être franc. Il lui fait un petit sourire au bord des larmes.

- Ils m'ont mis dehors.

- D'accord. Elle regarde son mari et l'homme baraqué et tatoué hoche la tête.

- Écoute bonhomme. Commence-t-il en le regardant. Tu peux rester ici tant que tu veux. On a pas de règle particulière à part ne pas fumer en intérieur et pas d'alcool dans les chambres.

Denki hoche la tête, un peu désarmé de voir que tout se passe si facilement. Eijiro a attrapé sa main et sa mère se penche sur ses genoux en les regardant avant de rajouter.

- Tu vas dormir dans la chambre à côté de celle de Jiji mais on ne dira rien si vous dormez ensemble. Denki n'aime pas vraiment la tournure de la conversation.

- Je ne vais pas vous encourager à avoir des rapports sexuels mais je sais qu'on ne peut pas l'empêcher alors je veux juste que vous fassiez attention.

- On sait maman... Souffle le roux, un peu mal à l'aise qu'elle dise ça à côté de son copain.

- Je vais passer à la pharmacie tout à l'heure donc je prendrais ce qu'il faut mais deux petites règles. Elle le regarde directement et il se sent déglutir.

- Soyez discrets, je ne veux pas me faire réveiller à cause de ça.

- Et la deuxième? Demande Eijiro, connaissant ses longs discours sur le sexe qu'elle lui a fait plusieurs fois. Il n'arrive plus à être gêné depuis que son père lui a expliqué comment mettre un préservatif.

- Si vous n'arrivez pas à vous contentez de le faire dans la chambre, vous nettoyez derrière vous. Je n'ai pas besoin de vous expliquer pourquoi, ça me semble assez évident.

L'électrique est rouge tomate et acquiesce énergiquement, pressé que cette conversation se termine.

- Bon, dit-elle en tapant sur ses cuisses. Je vais te montrer où se trouve les affaires de nettoyage pour que tu puisses aider aux tâches ménagères et ensuite tu me rappellera les choses que tu ne peux pas manger.

- On peut le faire plus tard? Interrompt le rouquin. Il n'a pas dormi de la nuit et est épuisé.

- D'accord. Accepte la femme en souriant. Elle les laisse dans le salon et Denki sent deux mains le soulever et le coucher contre un torse chaud.

Il ferme les yeux alors qu'il le couvre avec un plaid et s'endort sur lui en quelques minutes. Eijiro le regarde se serrer contre lui avec plus de force et embrasse son front en pensant qu'il a vraiment été idiot de ne pas le confronter cette semaine.

Il aurait aisément pu lui éviter toutes ces larmes et cette fatigue.

Katsuki lance les dés et avance son pion de quelques cases avant de les donner au petit garçon sur ses jambes en tenant le couvercle de la boîte pour qu'ils n'aillent pas tomber n'importe où dans sa chambre.

- Tu ne les lances pas trop fort. Lui dit-il, une main sur son petit ventre rond.

- Oui Katsu! Kaïto bouge son personnage avant de tendre les dés à Izuku qui les attrape en le remerciant.

- Je peux bouger ton pion?

- Va y. Le laisse faire l'adolescent. Le petit garçon bouge sur le lit pour avancer le bonhomme vert sur le plateau de jeux.

Izuku est content de voir l'enfant, il apporte une joie dont il avait bien besoin dans toute cette tension qui s'accumule depuis le début de semaine. Il était surpris quand il l'a reconnu et heureusement que Kacchan était là sinon il lui aurait sauté dessus.

Il pose d'ailleurs sa petite tête sur sa cuisse et Izuku passe sa main dans les mèches blondes alors qu'il tête son doigt.

- C'est bientôt l'heure de la sieste. Dit Katsuki en voyant son cousin s'endormir sur Deku. Le petit se bat avec ses paupières et se redresse pour pouvoir jouer encore un peu.

- J'ai gagné! Dit-il une dizaine de minutes plus tard. Izuku lui présente sa main pour qu'il puisse taper dedans pendant que l'explosif range le jeux.

Il récupère son petit cousin dans ses bras et lui dit d'aller aux toilettes en déposant un baiser sur son front. Le gamin se précipite vers le couloir et une fois qu'ils sont seuls, Katsuki se tourne vers son ami d'enfance qui regarde un truc sur son portable.

- Ça va? Izuku relève le regard vers lui et fait un petit sourire.

- Ouais. Je suis fatigué aussi, je pense que je vais faire la sieste avec lui. Il lui tire un léger sourire et le garçon poursuit.

- Je parlais pas de ça.

- Je sais. Lui marmonne le vert. Ses cauchemars sont de pire en pire et il a l'impression de devenir parano même une fois réveillé. L'autre doit le voir trembler et il essaie de se calmer en passant ses mains sur ses bras.

- Tu veux que je reste dans la chambre?

- Non, ça va. Il est un bon allié une fois la nuit tombée mais si le petit dort avec lui, il risque plus de les perturber qu'autre chose.

- Tu sais que si ses questions te dérangent t'es pas obligé d'y répondre. Insiste le blond.

- Je sais. Il tire un peu sur son haut de pyjama. Il n'avait pas prévu que le petit garçon voit son ventre et lui demande pourquoi il est violet.

- Katsuki! Le bambin revient en courant dans la chambre et s'accroche à sa jambe.

- Oui? Dit l'explosif en se tournant pour regarder ses deux grands yeux bruns.

- Tu m'aides? Il lui tend une couche et l'adolescent s'accroupit au pied du lit pour l'aider à se déshabiller.

- Comment on demande? Dit-il en lui passant le t-shirt par dessus la tête.

- On dit s'il te plaît. Le gamin rigole quand l'autre chatouille son ventre nu.

Izuku les regarde faire en se surprenant de l'aisance avec laquelle le petit se met nu devant son cousin et la banalité avec laquelle Katsuki s'occupe de lui. Il ne devait pas mentir en disant qu'il s'en était beaucoup occupé car lui aurait été incapable de se dénuder de manière si désinvolte.

Il les voit prendre le temps de discuter et rigoler sans se soucier de l'apparence de l'enfant qui ne se cache même pas. Il n'a pas à se cacher, bien sûr mais Izuku se sent quand même mal à l'aise à cause de son insouciance.

Les petites mains s'accrochent à ses bras quand il lui fait enfiler la couche puis le pyjama à l'effigie d'All Might.

- C'était ton pyjama. Remarque le vert quand il reconnait le motif.

- Trop cool! Dit Kaïto en se précipitant hors de la chambre.

- Kaïto! C'est l'heure de la sieste! S'exclame Katsuki sans lui courir après.

- Je veux juste voir! Il soupire. Après tout, le miroir de la salle de bain ne va pas l'avaler.

Il se tourne vers son ami d'enfance en se relevant et pose les habits du petit sur sa chaise de bureau.

- Tu as besoin d'aide? Izuku hoche la tête et insiste pour essayer de marcher quand il veut le porter.

Comme il sait que sa fierté est déjà assez entamée comme ça, il le laisse se cramponner fermement à son avant-bras et traverser le couloir à petits pas.

- Tu sais que t'as pas à être gêné. Il l'entend soupirer.

- Oui et on sait tout les deux que si tu étais à ma place tu serais entrain de t'énerver parce que c'est comme ça que tu gères ton malaise. Katsuki se tait car il sait qu'il a raison et se contente de passer un bras autour de sa taille pour l'aider à se déplacer.

Bordel, il est aussi têtu que lui.

Il le porte jusqu'au lit au retour puis va chercher le garnement qui s'est caché dans la baignoire.

- Qu'est-ce que c'est? Demande le petit quand il voit l'adolescent à ses côtés avaler différents médicaments.

- C'est pour éviter que mes blessures me fassent mal. Lui répond Izuku avec un sourire.

- Ça le fatigue beaucoup alors il va falloir que tu soit silencieux et que tu dormes. Renchérit l'explosif en embrassant le front de son cousin.

Le petit acquiesce et quand Katsuki a quitté la pièce et l'a plongé dans le noir, le petit se tourne vers lui et essaie d'attirer son attention.

- Psst! Izuku! Il sent la petite main tapoter son épaule.

- Quoi? Dit-il en se tournant vers l'enfant qui le fixe en tenant sa tétine.

- Pourquoi tu as plein de bobos? Il inspire en fermant les yeux et se demande comment il pourrait expliquer ça de la façon la plus simple et édulcorée possible.

- Parce que l'amoureux de ma maman me tapait dessus. Il l'entend faire un bruit choqué.

- Pourquoi?

- Parce qu'il était méchant.

- T'as fait des bêtises? Il se tourne vers le bambin.

- Non. Il voulait juste me faire très mal.

- Il est en prison? Izuku hoche la tête et le garçon pose sa tête sur le coussin avec force.

- Ma maman elle a un bébé dans le ventre.

- C'est bien! Le félicite Izuku en caressant ses cheveux. Tu vas être grand frère!

- Je veux pas. Avoue le petit. Papa et maman ils se disputent.

- C'est normal de se disputer avec les gens qu'on aime. Ça veut dire qu'on tient suffisamment à eux pour vouloir donner notre avis. Il démêle ses cheveux avec ses doigts. Tu sais pourquoi ils se disputent?

- C'est parce que maman elle fait des bisous à d'autres monsieur. Le vert se tait et détourne la conversation.

- Il est beau ton doudou. C'est Kacchan qui m'a offert le mien quand j'étais petit. Il lui montre le lapin et l'enfant rigole quand il fait semblant de lui faire des bisous avec sa truffe.

Il met sa main sur sa bouche quand il entend du bruit au rez-de-chaussée avant de lui expliquer que son ours est un pirate magique qui fait plein d'aventures de détectives.

Izuku lui pose des questions en le rapprochant de lui et apprécie le poids de l'enfant dans ses bras quand il lui dit qu'il est vraiment l'heure de dormir.

Ses cheveux sont tous doux et il se sent bien avec le petit corps chaud contre le sien. Ses pieds sont recourbés contre ses cuisses et comme il a les yeux fermés, il a vraiment l'impression de tenir une version miniature de Kacchan dans ses bras.

Il se réveille difficilement en entendant des voix et des bruits secs sans vraiment se rephaser avec la réalité et il prend une grande inspiration avant de forcer sur ses paupières.

Il manque de hurler quand il voit l'homme qui tend ses bras vers lui et son premier instinct et de se reculer. Il tient fermement l'enfant endormi contre lui et panique un peu plus quand il ne reconnaît pas l'adulte qui a voulu... Qu'est-ce qu'il a voulu exactement?

Il protège le petit de son corps et fixe l'homme alors que des éclairs verts recouvrent ses bras, son buste et son visage. Trop concentré sur cet attaquant potentiel qui les fixait quand ils dormaient, il ne se rend pas compte qu'il fait un revêtement intégral.

L'homme frêle le regarde avec confusion et s'apprête à parler quand Izuku grogne.

- Partez. Éloignez-vous maintenant ou je vous tue. Sa posture couplée à son attitude animale semble convaincre l'inconnu qui sort de la pièce.

Izuku baisse le regard vers l'enfant qui n'a pas bougé contre son torse et le soulève un peu pour venir le coucher sur son ventre. Le petit fronce du nez quand il le déplace mais n'ouvre pas les yeux.

Le détenteur du One for All fixe la porte de la chambre en essayant de réguler sa respiration alors que de petites gerbes vertes virevoltent toujours autour de lui. Il est très lourd sur ses côtes mais l'autre pourrait revenir et lui faire du mal.

Il remonte la couverture sur l'enfant et renifle pour essayer de stopper son nez dégoulinant.
Katsuki apparaît dans le chambranle de la porte et le regarde immédiatement avec inquiétude.

Izuku le fixe avec tant de violence que même les larmes qui roulent sur ses joues ne sont pas un obstacle à ses instincts les plus profonds.

Il s'avance pour le voir tenir le bambin au creux de ses bras et hésite à le toucher quand il voit les éclairs qui forment un bouclier.

- Je peux le prendre? C'est l'heure de son goûter. Il devait normalement dormir encore presque une demi-heure mais sa priorité a changé et l'état second de l'adolescent l'inquiète bien plus qu'un caprice d'un enfant fatigué.

- Vous ne lui ferait rien. Menace Izuku en tenant le garçonnet plus fort.

- Deku, je ne vais pas lui faire de mal. Essaie de le rassurer le blond en attrapant l'enfant et en défaisant sa prise avec difficulté.

- Il a pas le droit. La douleur dans ses yeux enflamme la frustration qui gronde en lui depuis qu'il s'est rendu compte que son connard de débile d'oncle ne l'a pas écouté.

Izuku a la même respiration que quelqu'un qu'on vient de jeter dans le vide quand il récupère son cousin dans ses bras. Le petit se réveille et sourit au blond.

- Salut Katsu. Dit-il d'une voix ensommeillée.

- Tu as bien dormi? Demande-t-il en le faisant sautiller doucement dans ses bras.

- Oui. Le petit ange se frotte les yeux avant de se caler dans les bras du plus vieux.

- Bien... Tu vas voir tata pour qu'elle te change et après on va voir un dessin-animé?

- Chouette! Dit le garçon. Il le pose au sol et l'enfant remarque enfin qu'Izuku s'est mis la tête dans les genoux et qu'il pleure.

- Je vais m'occuper de lui, tu descends? Lui intime l'adolescent à voix basse en posant une main sur son épaule avant de s'approcher du lit.

- Deku- Commence le blond en posant une main sur son épaule.

- Lâche-moi... Pleure le vert, rongé par la colère.

- C'est un abruti doublé d'un macho. Répond Katsuki en s'asseyant à côté de lui. Je lui ai dit de me laisser faire mais il a cru qu'il pouvait faire ce qu'il voulait.

- Pourquoi. Ordonne celui aux tâches de rousseurs.

- Il veut montrer que c'est lui l'adulte, que Kaïto est son fils et qu'il doit lui obéir. C'est pour ça qu'il voulait le récupérer même quand je lui ai dit que je m'en occupais.

- Le récupérer, hein? Soupire le garçon entre ses larmes.

- Il va rien lui faire. C'est un con mais il est pas violent.

- Alors pourquoi il agit comme Marcus? Tu peux me dire pourquoi? Katsuki sent son sang se glacer mais se doute que ce sont ses traumas qui parlent.

- Pourquoi il nous regarde dormir? Pourquoi il s'est penché au dessus de moi pour le prendre alors qu'il était dans mes putains de bras?!

- C'est un con. Rétorque l'explosif en le voyant perdre son sang froid.

- J'AVAIS CINQ ANS! J'AVAIS SON ÂGE! Il va le- Katsuki le voit se débattre dans les couvertures pour essayer de s'en extraire et l'attrape par la taille avant qu'il ne puisse aller sauver son cousin d'un danger qu'il ne court pas.

- Hey, hey, calme-toi. Il l'attrape fermement et se bat presque avec lui pour qu'il ne se blesse pas par accident.

- KACCHAN! Il va lui faire mal! Laisse-moi passer, laisse moi y aller! Sa voix brisée est désespérée et le blond le plaque contre les couvertures avant de se mettre à quatre pattes au dessus de lui en lui tenant les poignets pour l'immobiliser.

-  Il va bien. Deku, tout va bien. Il ne supporte plus de voir son visage tordu de douleur et ses fantômes danser dans sa tête.

- Je veux pas qu'il souffre comme moi, il va avoir peur. Kacchan, il va pleurer, laisse-moi descendre.

- Il n'est pas toi. Il ne risque rien... L'alter de son ami ne veut pas se calmer et il ne semble pas s'en être rendu compte sinon il l'aurait éjecté avec force.

- ARRÊTE! Les larmes dévalent ses joues alors qu'il essaie de bouger pour se dégager. KACCHAN! Je veux pas qu'il- Il attrape sa tête et la pose un peu brutalement sur le coussin.

- Arrête de crier. Dit-il d'une voix forte. Personne ne va se faire violer. Il voit l'éclair d'espoir dans ses yeux et se déteste de le briser.

- Je suis désolé Izuku mais on ne peut pas effacer le passé, je peux pas remonter le temps pour empêcher ce que tu as subit mais Kaïto n'est pas toi. Il le voit pleurer.

- Je veux pas... Kacchan arrête.

- Tu ne peux pas gommer tes viols en calquant ton passé sur lui et en le protégeant de tes souvenirs. Il tient le haut de ses épaules et masse doucement son cou.

- Tu sais que j'ai raison, il va bien. Il voit la lueur verte s'estomper alors qu'il pleure à gorge déployée comme un bébé.

- Tu as eu très peur et ça se comprend mais tu dois vraiment faire la part des choses.

- Kacchan... Il attrape faiblement sa main en l'entendant l'appeler comme un petit enfant effrayé.

- Chut... Souffle-t-il en touchant le dos de cette dernière avec son pouce. Il est toujours au dessus de son corps et c'est peut-être ça qui fait pousser un cri à sa mère.

- Katsuki! Enlève-toi immédiatement! Il sursaute en entendant sa mère lui hurler dessus et se relève au même moment où elle le dégage d'un mouvement violent de la main.

- Izuku, tu vas bien? Il t'a fait quelque chose? Je suis désolée, je t'ai entendu crier et je n'ai pas réagi assez vite. Katsuki la regarde avec horreur et s'exclame.

- J'ai rien fait! Il- Elle se tourne vers lui en recouvrant distraitement l'autre d'une couverture.

- Tu me prends pour une conne?! Elle le pousse à chaque mot. Tu! Me! Prends! Pour! Une! Conne! Tu l'as plaqué contre le lit et il te criait d'arrêter je-ne-sais-quoi! Il se prend une gifle détonnante.

- Il faisait une crise! Se défend le blond en se tenant la joue. Je lui ai pas- Je l'ai pas touché!

- Kacchan ne m'a rien fait, dit doucement le vert, effrayé de voir la fureur danser dans les yeux de l'infirmière.

- Tu n'as pas à le défendre, mon grand. Elle se tourne vers son fils. Tu étais entrain de le maintenir contre le matelas!

- Parce qu'il faisait une putain de crise! J'allais pas le laisser se blesser!

- Pourquoi son pyjama était à moitié enlevé alors? Dit la femme en essayant de réguler sa respiration.

- Je sais pas, bredouille Katsuki qui ne s'en était pas rendu compte. Il a dû bouger, ça arrive quand tes patients font des crises, non?!

Elle se tourne vers le garçon alité et cherche dans son expression quelque chose qui pourrait confirmer ce qu'elle a vu. Ou ce qu'elle a cru voir, elle ne sait plus vraiment et toute cette histoire l'a beaucoup retourné.

- Je le traînerai jusque chez les flics s'il te faisait du mal, dit-elle en regardant le jeune homme qui la fixe avec de grands yeux rouges d'avoir trop pleuré. Tu peux me faire confiance. Izuku hoche la tête.

- Il voulait juste m'aider. Marmonne-t-il avant qu'elle ne soupire et passe une main sur son front.

Katsuki ne peut pas trop lui en vouloir quand il voit la fatigue sur son visage. Pour la première fois, il n'arrive pas à la voir autrement que comme la femme épuisée et inquiète qu'elle est et comprend un peu son point de vue.

- Je ne t'ai pas fait mal? Demande le blond à son ami quand sa mère s'est excusée et est partie dans la salle de bain pour se rafraîchir un peu.

- Non. Dit l'autre en baissant inutilement son pyjama sur chacune des extrémités de son corps découvert.

Il s'assoit en silence à côté de lui et le regarde essuyer ses larmes, la tête appuyée sur le rebord du meuble. Il lui passe la boîte de mouchoir quand il le voit renifler puis ils se regardent en silence.

Vert contre rouge, les pupilles ne se lâchent pas et se disent des choses qu'ils n'ont pas encore compris eux-mêmes. Ça dure une éternité et le plus jeune n'a pas envie que ça s'arrête. Le flottement calme qui se propage dans son corps est agréable.

- J'ai l'impression de sortir d'une marée noire. Dit-il.

- Ça doit faire peur. Répond Katsuki d'une voix si calme qu'elle ne semble pas lui appartenir et d'un autre côté... elle ne pourrait pas être à quelqu'un d'autre.

- Oui. Dit Izuku en retenant sa lèvre tremblante et ses yeux qui se brouillent.

La main du blond se lève et vient se faufiler dans ses cheveux.

- Tu peux me donner la main? J'ai peur. La main migre plus bas et il sent ses doigts se faire envelopper de sa chaire chaude.

Il essaie de supprimer la boule de nerfs qui bloque le trajet de sa gorge et regarde ses propres doigts à côté de ceux forts et épais du blond.

La peau de son poignet est translucide à côté de celle de Katsuki qui est plus dorée. Ce n'est pas étonnant, le garçon a toujours aimé les bains de soleils que ce soit sur le toit du collège ou même au parc où ils passaient tout leur temps à courir et jouer.

Il ne bouge pas trop ses doigts pour ne pas déranger l'autre et recommence à regarder le visage de l'adolescent. Ça fait longtemps qu'ils n'ont pas été aussi près l'un de l'autre et il voit bien que sa mâchoire a commencé à changer même s'il a toujours de belles joues.

Lui est bien conscient d'avoir la structure osseuse d'un enfant et il aimerait tellement grandir et changer physiquement pour qu'il ne ressemble plus à une poupée. Il bouge un peu son bassin et déteste la sensation de la couche qui irrite son aine.

- J'aimerai bien m'habiller. Admet Izuku, attirant le regard rouge sur lui. Le blond se lève et prend des habits dans le sac d'affaires qu'ils ont réussi à obtenir de chez lui.

Izuku insiste pour le faire seul quand il est dans la salle de bain et même si ce n'est qu'un banal survêtement, ça fait du bien de quitter les pyjamas.

Il est à peine recouvert du plaid que des pas brefs et rapides se font entendre et que Kaïto déboule dans la chambre. Il se précipite sur le lit qu'il escalade en quelques secondes et manque de s'écraser sur eux.

- Qu'est-ce qu'on a dit? Le sermonne gentiment Katsuki en l'attrapant dans ses bras.

- Faut pas courir. Répond le petit avant de leur tendre son poing fermé qui recèle trois sucettes encore emballées.

- C'est tonton qui me les a donné pour qu'on regarde le dessin animé! S'exclame-t-il en s'asseyant sur les cuisses de son cousin.

- Tu as déjà choisis la tienne? Demande le blond en allumant l'écran.

- Non mais c'est pas grave. Il se tourne vers le vert et se met à genoux devant lui avec beaucoup d'énergie.

- Tiens! Dit-il en lui tendant les sucreries. Izuku en prend une et le petit se penche pour faire un bisous bruyant sur sa joue.

- Tonton il a dit que ça marchait bien pour les cauchemars. Il se retourne pour s'allonger sur son cousin et lui tend arbitrairement une des friandises.

- Je prend celle à la fraise. Dit-il en la fourrant dans sa bouche.

Katsuki éteint la lampe de chevet et le générique se lance alors qu'Izuku se rapproche d'eux pour partager la couverture toute douce. Katsuki tient l'enfant contre lui d'une main qu'il a posé sur son ventre rond et regarde du coin de l'œil l'adolescent à sa droite qui frotte nonchalamment son poignet.

Izuku sent une main prendre la sienne et lance un coup d'œil à Kacchan qui l'ignore alors qu'il entrelace leurs doigts.

Deku tire une tête de six pieds de long quand ils arrivent au commissariat et son père a beau eu faire la conversation tout le trajet, ils sont trop tendu pour se concentrer sur autre chose que sur les pensées sombres qui les habitent.

Masaru les dépose juste devant la porte et demande à Katsuki de l'appeler dès qu'ils ont terminé car son ami ne devrait pas marcher. L'adolescent pense intérieurement qu'ils n'auront pas envie de s'attarder après avoir parlé de viols durant plusieurs heures mais hoche juste la tête en mettant ses mains dans les poches de son pantalons d'uniforme.

La voiture part quelques secondes plus tard et ils soupirent en unisson.

- Je veux pas y aller. Avoue Izuku, parlant pour la première fois de la journée. Il a été affreusement stressé depuis la veille et sa gorge est tellement nouée qu'il n'a presque pas mangé.

- C'est pas le moment de flancher, Deku.

- Soit pas désagréable Kacchan. Répond-t-il, les nerfs à fleur de peau. Il le regarde piétiner sur place et donne un petit coup dans son bras.

- Plus vite on y va, plus vite on a fini. Deku prend une longue inspiration et hoche la tête. Katsuki lui présente son bras et ils rentrent dans le bâtiment en se prenant la climatisation de plein fouet.

Izuku tremble sur sa chaise et avale un peu d'eau. Il vide le gobelet en plastique blanc et mou et se repositionne sur le coussin qu'ils ont mis sous sa chaise une heure auparavant.

Le policier en face de lui tape sur son clavier et Magdaleine lui indique des choses sur son écran avant de capter son regard et de lui sourire un peu.

- Izuku? Il relève le regard vers l'homme et hoche la tête quand il se met en face de lui avec un bloc note.

- Oui, on peut reprendre... Il lance un petit regard à Kacchan qui a un air sombre incrusté sur le visage depuis qu'ils sont rentrés. Il ne devrait pas lui imposer tout ça mais il ne peut pas s'empêcher d'être content de ne pas être lâché dans le vide comme ça. Ce serait parfait s'il pouvait être là sans l'entendre raconter ces viols mais ce n'est pas humainement possible.

- On va encore un peu parler de ce qu'il t'a fait le dimanche trente-et-un janvier, commence l'officier en tournant les pages de son dossier.

- D'accord. Il se sent nerveux et tord ses doigts entre eux.

- Donc... Il t'a fait mettre à quatre pattes sur le lit, il a mis la bouteille dans tes fesses et l'a vidé en toi en la bougeant comme durant un rapport sexuel.

- C'est ça. Dit Izuku en baissant le regard. Sa gorge est déjà sèche.

- Donc... il t'a attaché avec des chaînes contre le mur pour que tu sois à genoux, dos à lui.

- Oui.

- Il t'a frappé la tête contre le mur... Il tourne une page. Est-ce que tu te souviens t'être évanoui? Avoir eu mal, un détail particulier...

- Oui, je me souviens pas de tout à cause de l'alcool mais je me rappelle que j'avais taché le bois du lit avec le sang.

- Il ne vous a pas dit qu'il l'a frappé à la tête. Interrompt Katsuki.

- Pardon? Dit le policier en se tournant vers lui en relevant la tête de sa feuille.

- Il n'a pas expliqué comment il s'est blessé au visage alors comment vous le savez? Insiste l'explosif en se redressant sur sa chaise.

Izuku sent son sang se glacer et regarde l'adulte en face de lui avec incompréhension.

- On est là depuis plusieurs heures, tu as dû être distrait. Dit-il en balayant l'idée d'un geste de main.

- On peut regarder dans le rapport écrit ou même dans l'enregistrement vidéo mais je suis sûr qu'il ne l'a pas dit.

Le détenteur du One for All se sent mal à l'aise car il sait que Katsuki n'aurait pas dit ça par hasard. Lui voit tout se mélanger dans sa tête et c'est compliqué de tout remettre dans le bon ordre, d'autant plus qu'il vient de décrire son quotidien et ses tout premiers viols durant presque deux heures et qu'ils n'arrêtaient pas de l'interrompre et de le reprendre pour demander des détails glauques.

L'homme jette un regard à sa collègue et elle les regarde avant de soupirer.

- Excusez-nous mais c'est la procédure. Elle pose son stylo et poursuit en croisant les mains. On a retrouvé la caméra dans le grenier quand on l'a ouvert et elle contient tous les événements du couché du soleil jusqu'à ce que tu quittes le grenier.

Izuku sent son souffle se couper et elle anticipe sa question.

- On devait être sûr que ton témoignage collait avec les preuves pour le prendre au sérieux et c'est pour ça qu'on a rien pu te dire.

- Mais je vous ai dit que c'était flou et qu'il m'avait fait boire. Dit-il, assommé de leur révélation.

- On le prend en compte. Le rassure la femme avec un sourire.

- C'est subjectif. Lance le blond, sourcils froncés et bras croisés sur son torse. Vous auriez nié son témoignage même avec des preuves s'il avait été plus flou ou s'il l'avait occulté?

- Ne t'énerve pas. Commence la femme en prenant une voix calme.

- Comment voulez-vous que je ne m'énerve pas! On vous a amené preuve sur preuve depuis le début de l'enquête et vous le considérez encore comme celui qui ment! Vous nous avez dit que vous aviez retrouvé de l'ADN et des traces de sang à différents endroits!

- C'est vrai mais on doit être sûr que tout concorde. On doit recouper les témoignages et voir ce qui change ou pas.

- Mais il va forcément avoir des trous ou dire des choses qui sont fausses! Il a dix ans de traumatismes, des cauchemars, des amnésies! Il se stoppe quand il entend des sanglots à sa gauche et voit le garçon cacher son visage dans ses mains.

Il se lève et s'accroupit à côté de lui en posant une main sur son épaule.

- Deku... Il descend sa main sur son avant-bras pour prendre sa main dans la sienne.

- Je veux juste que ça s'arrête. Souffle-t-il entre deux sanglots.

Katsuki hoche la tête et retourne s'asseoir sur sa chaise sans l'ouvrir. Toute cette histoire n'est pas à propos de lui et même si c'est très dur pour lui de fermer sa gueule, il va le faire pour lui rendre l'expérience moins pénible.

La nuit tombe quand ils sortent enfin du commissariat et Deku s'éloigne instantanément pour respirer l'air froid de la ville. Katsuki répond au sms qu'il a reçu de son père presque une heure plus tôt et s'approche en silence de l'adolescent qui regarde le ciel en se tenant le torse.

- C'est tellement long... Soupire-t-il en se tournant vers lui, les yeux humides et l'expression lassée. C'est épuisant.

- Je sais mais c'est comme ça. Tu vas rencontrer ton avocat dans quelques semaines. On avance...

- Et je vais rencontrer les assistantes sociales qui vont vouloir me placer en foyer, et les psy qui voudront me foutre sous médication, et les journalistes qui voudront me voir pleurer... Il pose une main sur son épaule tremblante.

- Tu peux toujours demander à ce que le procès soit à huis clos. Pour le reste, on ne peut pas faire grand chose. Ça l'énerve, vraiment. Deku ne mérite pas tout ce bordel.

- Ça va aller... Répond-t-il en séchant ses larmes. J'ai pas envie de me retrouver en petit comité face à lui et comme ça, il y a moins de chance qu'il puisse refaire ça à quelqu'un s'il sort.

- Les gens aiment ce genre de petites histoires sordides, dit-il avec un sourire amer. Ils vont en parler et son nom ne passera plus inaperçu.

Il le voit rester droit et essayer de garder la tête froide et ça le rend dingue parce qu'il n'arrive pas à comprend comment il peut encore être si fort.

- T'es pas obligé de t'infliger tout ça, t'en as déjà fait beaucoup. Dit le blond en le mettant face à lui.

- J'en ai tellement fait qu'il risque de pas être condamné. Sa lèvre tremble et il fuit son regard.

- Pourquoi tu-

- Ma mémoire est en feu, le coupe-t-il, je l'ai laissé faire plein de fois, je... Je disais rien et ils m'ont posé toutes ces questions bizarres et- ils ont raison sur toute la ligne!

- Dis pas ça. S'exclame Katsuki en le voyant encore prendre tout le blâme sur lui. Ses épaules se voûtent sous ses mains.

- Mais c'est vrai! J'ai jamais cherché à en parler, à m'enfuir! Je trouvais des excuses, je cachais mes plaies...

- Tu es encore un bébé! Dit l'explosif en le secouant doucement. Tu étais un putain d'enfant quand il a commencé, c'est normal que t'aies pas réussi à t'en sortir sans aide. Écoute pas ces flics à deux balles, ils savent pas gérer les victimes comme toi.

- Qu'est-ce que tu veux dire? Dit le vert en avalant ses larmes.

- T'aurais pu te mettre nu devant lui ou même aimer ça, on s'en fous. À partir du moment où il t'a touché il savait très bien ce qu'il faisait et que t'avais pas la capacité physique de comprendre ce qui t'arrivait.

La voiture de Masaru interrompt leur discussion et Katsuki le porte jusqu'à cette dernière en silence alors que son cerveau tourne dans le vide, n'arrivant pas vraiment à croire ce qu'il lui dit et ne voulant pas croire qu'il n'a pas sa part de responsabilité dans ce qui lui est arrivé.

Il regarde ses poignets durant tout le trajet et sa chaire le démange de plus en plus. Il se retient jour après jour mais ça lui manque et il se sent tellement bien après que c'est une torture de se contrôler.

Izuku ouvre les yeux quand Katsuki se réveille à ses côtés le lendemain mais n'a pas l'énergie suffisante pour bouger. Il est épuisé mentalement et le sang dans ses veines est glacé à cause de ses cauchemars.

Il le voit s'asseoir en se frottant les yeux à l'autre bout du lit et ferme les yeux quand il se lève. Il l'entend bouger et quitter la pièce après un petit temps.

Ses angoisses l'épuisent tellement qu'il se rendort et se réveille de nouveau quand il fait jour. Il fait des aller-retour entre la conscience et l'inconscience mais la vision de Marcus qui sourit de manière disproportionnée au dessus de son visage le tire définitivement du sommeil.

Il se réveille d'un coup et sent son corps le lâcher à cause de cette vision horrifique qui revient encore et encore. Il se précipite vers les toilettes et se penche pour vomir juste à temps, coincé dans un état d'urgence interne.

Son ventre lui fait trop mal et la peur, l'angoisse et la panique déglinguent totalement son système digestif. Il baisse son pyjama comme il le peut et laisse ses intestins se vider dans la cuvette avec anarchie.

Ses pieds nus sont moites sur le parquet et il tremble par vague alors que tout par en sucette. Il pose sa tête dans ses mains pour essayer de se calmer mais il a un flash et se redresse, se tenant prêt à voir l'adulte surgir à n'importe quel moment.

Quand il sort, il a la trace de ses coudes dans les cuisses et se colle contre le mur en tremblant. Il sait qu'il est seul dans la maison et est terrifié de voir une silhouette surgir ou d'entendre le moindre bruit humain.

Il reste caché sous la couverture jusqu'à ce que Mitsuki vienne le voir pour lui faire ses pansements. Sa présence est comme un souffle d'énergie, une tempête de bonne humeur et comme les tempêtes, leur puissance se fait surtout ressentir par le calme qui les suit.

Il se sent trop serré dans les bouts de tissus et transpire déjà dans ses habits alors qu'elle est partie il y a moins d'une demi-heure. Son ventre se tord et il décide de descendre pour manger un peu.

Il descend chaque marche de l'escalier avec précaution et sa paranoïa augmente quand il arrive dans la salle à manger. La pièce est grande et quelqu'un pourrait facilement se cacher dans les recoins.

En tournant la tête, il voit qu'il a un aperçu sur le salon et frissonne de peur, tétanisé à l'idée de pouvoir voir quelqu'un apparaître derrière la baie-vitrée et le fixer avec un sourire.

Il marche vite jusqu'au frigo et mange le contenu d'un tupperware que sa marraine avait laissé pour lui.

Il touche le couteau de cuisine qu'il a posé à côté de lui sur la table pour se rassurer et ne peut s'empêcher de le prendre avec lui quand il remonte vers les chambres.

Il monte jusqu'au grenier pour voir si Masaru est là mais il est seul dans la grande pièce. Il n'a pas la force nécessaire pour redescendre et s'assoit en boule dans un coin en se retenant au mur et respire profondément pour essayer de se calmer.

L'adrénaline qui le traverse depuis plusieurs heures le tend et il a besoin de plus pour se calmer.
Il joue avec le manche du couteau et la lame bouge agilement devant ses yeux.

Il la pose contre sa cheville et se détend un peu. Elle n'est même pas froide, juste douce et ferme.
Il retrouve la douleur familière quand il la bouge contre la base de sa jambe et fait quelques fines entailles avant de se coller contre le mur pour respirer.

Il s'en veut un peu parce qu'il sait que Kacchan aime la cuisine et surtout cuisiner mais la lame rougie est trop réconfortante et la brûlure familière trop apaisante pour ne pas en profiter.

Quand Katsuki rentre chez lui, il monte directement dans la salle de bain et se glisse dans la cuve en céramique en un temps record. L'eau chaude ramollie son corps et apaise son mental bien échauffé par les cours. La crasse de la journée part avec son stress et le calme de sa maison est une bénédiction après le bruit des couloirs du lycée.

Il se change et rentre enfin dans sa chambre... vide. Il pose son sac contre son bureau et en constatant qu'il est bien seul, il décide de faire le tour de la maison pour trouver Deku.
Il est peut-être allé aux toilettes et l'a manqué?

La porte s'ouvre en grand quand il la pousse et l'inquiétude qui grimpe en lui fait froncer ses sourcils.

-Deku? Appelle-t-il en passant dans toutes les pièces du rez-de-chaussée. Il est petit mais on ne peut pas cacher un humain aussi facilement qu'un jouet! 

Il regarde dans toutes les pièces et le silence qui répond à ses appels et effrayant.
Pourquoi ne lui répond-t-il pas? Il est sensé dormir, se reposer, alors pourquoi n'est-il pas dans son lit?

Il monte les escaliers en courant presque et se refait tout le premier étage avant de monter dans le grenier.

- Deku! Dit-il d'une voix blanche en le voyant allongé au sol. Il s'approche mais l'apaisement qui montait dans son torse se réduit à néant quand il voit qu'il ne bouge pas et qu'une tâche rouge s'étant autour de son torse.

- Non! Supplie le blond en un souffle en s'agenouillant à côté de la silhouette étendue et immobile. Deku, pourquoi t'as fait ça? Il n'ose pas le toucher, les mains restant en suspend au dessus de son corps et il voit l'entaille profonde qui fait la longueur de son avant-bras et qui bave des flots de sang dans le creux de sa main et sur le parquet.

Son pyjama est taché sur le côté et le sang est d'un rouge si vif que ça lui fait mal aux yeux. L'odeur de fer est étouffante et sa tête tourne parce qu'il est en train de se vider en face de lui et il est pétrifié.

- Kacchan... Il croise son regard à moitié éveillé et soulève sa tête avec délicatesse en la posant rapidement sur ses genoux repliés.

- Restes réveillé, pitié Deku. Il perd trop de sang et il enlève son haut pour l'enrouler autour de se bras et appuie très fortement pour essayer de stopper l'écoulement.

- Tu me fais mal. Geint le garçon étendu alors qu'il se déplace pour mieux presser le tissu sur la plaie.

- Désolé... Dit l'explosif, désarçonné et paniqué. Il attrape son téléphone qui est tombé de sa poche et essaie d'appeler les pompiers sauf que sa main tremble trop et il n'y arrive pas.

- Appelle le 18. Dit Katsuki en reprenant son point de pression.

- Je suis désolé Kacchan, Izuku commence à pleurer, prenant peu à peu conscience de la situation.

- Chut... Plus tard, Deku. Heureusement, le garçon arrive à composer le numéro sans qu'il n'ait besoin de plus le secouer et avant qu'il ne soit plus en état de le faire.

Izuku pleure durant toute la conversation que son ami d'enfance a avec l'assistante et même si elle lui demande de rester en ligne quand elle leur dit qu'une ambulance est en route, le silence est trop dur à supporter.

Il essaie de se dégager de sa prise pour se mettre en boule sur le sol mais l'autre l'en empêche.

- Bouge pas. Dit Katsuki en maintenant son bras avec la même force. Il voit les doigts de son autre main qui tremblent autour du manche du couteau qu'il n'a pas lâché totalement et même s'il a envie de le réconforter, il ne peut pas se permettre de le lâcher maintenant.

- Je voulais pas... Le blond entend clairement du remord dans sa voix.

- Pourquoi tu l'as fait alors? Il écarte ses doigts pour essayer de couvrir le plus d'espace possible.

- Je me suis pas rendu compte que j'étais allé si profond. Il déglutit. Ça faisait juste du bien... Il cherche l'approbation dans son regard, il veut voir qu'il le comprend mais ce n'est pas le cas et ça le fait encore plus pleurer.

- Pardon, pardon, pardon, pardon... Pleure-t-il en continue, dévasté de voir qu'il a blessé son ami.

- Deku calme-toi... Son ton lui semble tellement froid, agacé, distant. Il mord sa lèvre et se retient de couiner jusqu'à ce que l'ambulance arrive et qu'il soit pris en charge.

Katsuki entend à peine les félicitations des ambulanciers, drainé de toutes ses forces et tremblant de tout part.

Son père est rentré du travail entre temps et arrive presque en courant, affolé par la vision d'une ambulance stationnant devant chez lui. Il l'aide à se relever et lui dit d'une voix qui lui paraît lointaine qu'il devrait se nettoyer un peu.

Katsuki fixe ses mains pleines de sang au dessus du lavabo et se dépêche de s'en débarrasser quand il a un regain de conscience.

Il se précipite au rez-de-chaussée quand il entend le véhicule partir toutes sirènes dehors et tombe sur son père qui passe un appel. Sans doute sa mère qu'il prévient.

- Je vais le rejoindre! S'exclame Katsuki en enfilant ses chaussures à toute vitesse.

- Va mettre un t-shirt, je t'attend dans la voiture. L'adolescent réalise qu'il est toujours torse nu et se dépêche de le rejoindre en passant sa capuche par dessus sa tête.

Il est rassuré d'apprendre qu'il est resté éveillé quand il arrive mais une infirmière lui dit qu'ils ont dû l'endormir pour pouvoir le recoudre sans qu'il ne se débatte.
Il trépigne sur place ne sachant pas quoi faire fait des va et vient dans le couloir jusqu'à ce que sa mère arrive, la mine inquiète.

- Pourquoi t'as fait ça? Izuku détourne le regard et s'enfonce dans son mutisme. Ça fait une dizaine de minutes qu'il est réveillé et refuse de le regarder ou même de le considérer.

- Dis-moi pourquoi, aller Deku. Il a demandé à ses parents de les laisser seul pour lui parler et n'a pas envie d'avoir fait ça pour rien car sa mère était vraiment inquiète.

- Vous avez tout détruit... Murmure-t-il d'une voix si basse qu'il a du mal à l'entendre.

- Qu'est-ce que tu veux dire? Lui n'a rien fait et ça l'énerve déjà de l'entendre rejeter la faute sur lui.

- Vous avez détruit toutes les règles, il voit une de ses larmes choir sur sa main. Il était partout tout le temps et paf, disparu. Il n'a pas l'air de croire en ses propres mots.

- Tu aurais préféré que je te laisse avec lui? Il s'accoude à la barrière du lit et Izuku tourne encore plus la tête pour fixer sa perfusion de sang. Il sait que sa question est purement réthorique mais l'énervement dans sa voix lui fait peur.

- J'ai l'impression qu'il est là tout le temps, qu'il va revenir... J'ai l'impression de me noyer tellement j'ai peur. Sa main sert les draps.

- J'ai pas envie de le revoir mais j'ai pas envie de vivre autrement parce que je sais pas faire et ça me fait peur... À la maison, j'ai juste à me taire et à attendre que ça passe quand il s'énerve.

- C'est pas comme ça que ça va s'arranger, crois-moi. Il prend sa main sans bouger son bras blessé et capte son regard.

- C'est pas la solution.

- Mais-

- Chut... Souffle le blond en se levant pour le faire s'allonger. Tu dois te reposer.

- Je veux rentrer à la maison... Katsuki ricane.

- Tu ne vas pas pouvoir éviter l'hôpital cette fois. Ce sera même un miracle s'ils nous laisse ta garde après ça.

- Non! Ses yeux qui se fermaient se rouvrent avec force. Je veux pas aller en foyer!

Il se redresse et lâche la main de son ami et la panique le traverse entièrement, soulevant son corps et le faisant transpirer.

- Hey, s'exclame le blond en le voyant grimacer. T'as merdé mais c'est pas si grave. Tu vas rester là quelques jours, voir un psy et tu sortiras.

- Je veux pas... Je veux juste rentrer chez moi. Il se cache le visage dans ses paumes.

- C'est pas possible... C'est pour ta sécurité. Il se stoppe pour le regarder et ne peut pas s'empêcher de laisser sortir les mots qui brûlent sa langue.

- Tes actions ont des conséquences, Deku. Tu aurais pu en crever tout à l'heure.

- Je voulais pas... La porte s'ouvre pour laisser rentrer des médecins et il se sent tellement creux, tellement trahi face à l'aveux de son ami d'enfance qu'il refuse de leur parler.

C'est puéril et ça ne va certainement pas arranger son cas mais il se sent tellement mal qu'ils seront les parfaits coupables de son malheur. S'il est trop insupportable, peut-être qu'ils céderont et le renverront chez lui?

Il évite le regard rouge durant toute la visite des infirmières et le médecin quitte la pièce après elles pour aller parler avec les parents du blond qui sont dans le couloir, sûrement pour les informer de son état ou pour chercher une façon de lui soutirer un son.

Il se sent quand même honteux d'agir comme ça et sait que ce n'est pas une bonne solution même si son caractère borné lui hurle que si.

- Kacchan je t'en supplie... Il n'arrive pas à le regarder et il n'arrive pas à ignorer son bras enrobé de bandages quand il fixe ses cuisses. Quel abruti.

- C'est pour ton bien, Deku. L'adolescent à ses côtés farfouille dans un sac et lui tend un paquet -un habit à en juger par sa mollesse- emballé dans un papier opaque.

- Qu'est-ce que c'est? Demande-t-il sans oser le toucher. Il peut voir les couleurs chatoyantes à travers la pellicule de papier transparent.

- C'est pour toi. Il commence à le déballer. T'as vécu des trucs horribles et t'as été... t'as été courageux de subir tout ça en silence et- bref... Dis-toi que c'est un cadeau d'anniversaire en retard.

Il étend le tissu devant lui et admire le sweat aux couleurs de son héros préféré. Merde, il se sent encore plus coupable maintenant. Il le plie sur ses jambes et le sert contre lui.

- Merci Kacchan. Je l'aime beaucoup. Il n'ose toujours pas le regarder.

- Je vais devoir y aller... Amorce-t-il de la manière la plus douce qu'il le puisse.

- Il n'y a vraiment aucune manière que je puisse rentrer? Sa voix est désespérée et il le regarde enfin. Si il voit à quel point il est mal, peut-être qu'il changera d'avis?

- Je viens te voir après les cours demain. Il réalise qu'il va être seul durant les prochaines vingt-quatre heures et ça augmente la peur dans son ventre. Il va être laissé en pause dans un endroit hostile, sans soutient, sans personne sur qui il puisse compter avec une porte qui ne se verrouille pas, une fenêtre fermée, rien pour se défendre et des médecins trop curieux-

Il passe sa main dans ses cheveux et quitte la pièce. Ses parents viennent quelques minutes après pour lui expliquer ce qu'il sait déjà et il reste muré dans son silence, désespéré.

C'est trop dur de rester enfermé dans cet endroit qui lui rappelle autant de mauvais souvenirs et où il sait d'expérience qu'il n'est pas en sécurité.
Il pleure dans son lit qui pue cette odeur si caractéristique que tous les hôpitaux ont et se lamente sur son sort.

Il se calme quand une infirmière passe avec le plateau repas et elle lui enlève la perfusion qui s'est terminée en l'informant qu'elle repassera dans une petite heure pour qu'il puisse manger tranquillement.

Il attrape son téléphone sur la table à roulettes et constate qu'il est seul depuis à peine une heure et demi et c'est déjà insupportable. Kacchan lui a promis qu'il sortirait mais si un de ces débiles de médecins décide qu'il est trop instable, il va finir en psychiatrie.

Il est libre de ses mouvements et même si une voix lui dit de rester sage, la panique qui grimpe en lui est trop grande pour l'écouter. Il va attirer des problèmes à tout le monde mais il préfère s'exiler des gens qu'il aime plutôt que de rester enfermé si ça veut dire pouvoir être libre.

Il n'a que son pyjama, pas même des chaussons et il fourre son téléphone dans la poche du sweat qu'il a enfilé avec difficulté.

La nuit est noire dehors et il doit faire froid d'après la buée sur les vitres mais il est décidé.

Il ne pense même pas à toucher à la nourriture pour reprendre des forces -de toute façon c'est imbouffable- et pousse la porte orange sans aucune difficulté.

Il traverse les couloirs avec rapidité et prend le premier ascenseur qu'il trouve. Heureusement pour lui, l'heure des visites est terminée depuis longtemps et il ne croise personne jusqu'à ce qu'il se retrouve dans le rez-de-chaussée.

Il s'avance jusqu'à l'entrée des urgences et à partir de là, c'est presque du gâteau pour pouvoir sortir tant il y a d'agitation et de soignants débordés.

Une fois qu'il est à l'extérieur, il ne demande pas son reste et se dépêche de traverser le parking en courant. Ses pieds lui font mal sur le béton, sa capuche glisse sur ses épaules mais il sourit, évadé de sa prison aseptisée.

Ça lui fait du bien de pouvoir se déplacer de nouveau et même la douleur qui se fraie un chemin entre ses fesses n'est pas assez forte pour le faire changer d'avis.

Il s'approche du métro et heureusement pour lui il n'est pas assez tard pour être seul dans une rame et même s'il doit faire peur avec ses pieds nus sur le trottoir et son attitude mi-joyeuse mi-parano personne ne l'emmerde.

Il se plaque contre un bord et fraude sans le moindre remord, il n'est plus à ça près. Il vérifie les arrêts et s'autorise une petite pause. Il soupire de contentement en ignorant la bonne femme à ses côtés qui sent le parfum bon-marché et son gros sac à main d'un horrible marron.

Ses pieds sont poisseux sur le sol mais il s'en fiche et son bras blessé ne le tire même pas. Il entend une vibration dans son téléphone et comme il le redoutait, ils ont dû se rendre compte qu'il n'était plus dans son lit.

Il raccroche l'appel entrant de son ami d'enfance, trop paniqué pour gérer ce problème maintenant. Il rappelle dans la seconde et Izuku annule encore sa tentative.

Il reçoit un message et son rythme cardiaque s'accélère. Peut-être qu'il a fait une grosse connerie. Mais c'est tellement drôle!

« Dis-moi que t'es à l'hôpital! » Il sourit en envoyant sa réponse.

« Non » Qu'il flippe. Ça lui apprendra de l'abandonner tout seul dans un hôpital.

« T'es où? » Ce serait trop simple s'il lui répondait maintenant alors il le laisse s'énerver tout seul et descend du moyen de transport.

Il n'est pas très loin de chez lui mais a encore une petite trotte à faire avant de voir son quartier. Il va couper par la nature.

Il regarde ses messages.

« Deku, fais pas de connerie! »

« Pourquoi t'es parti bordel! »

« Sérieux, ils te cherchent partout on va devoir appeler la police » Son sang se glace un peu. Merde, il est assez grand pour faire ce qu'il veut sans qu'ils lui pourrissent plus la vie!

« Répond-moi! »  Il tape son texto alors qu'il se rapproche de la plage.

« Je veux pas rester à l'hôpital » L'énervement se construit toujours plus dans son torse.

« Je sais mais t'as pas le choix! C'est pour ton bien abruti! »

« Tu vois bien que si » Hors de question qu'ils le renvoient là-bas. C'est lui qui décide maintenant.

« Ça me fait pas rire! » Il ne lui répond pas et traverse la plage dans sa longueur en sautillant, plus libre que jamais.

L'euphorie palpite toujours dans son corps mais il prend conscience qu'il ne peut pas vraiment retourner chez lui et qu'il va bientôt lui tomber un nombre incalculable de problèmes sur la gueule.

Mais c'est inconcevable de retourner dans cette cage. Il a passé trop de moments horribles dans ces chambres blanches pour accepter de se faire enfermer si facilement.

Katsuki sent sa jambe tressauter alors qu'il ne reçoit toujours aucune réponse de l'autre. Ses parents sont inquiets, surtout sa mère qui fume toutes ses cigarettes les unes après les autres depuis que l'hôpital a appelé.

Il essaie de l'appeler encore une fois mais il n'y arrive pas.

« Ne te met pas en danger. » La réponse vient presque immédiatement, lui faisant comprendre qu'il voit bien tout ce qu'il lui envoie.

« Je sais »

« Tu es avec quelqu'un? »

« Non. » Il soupire et le dit à ses parents qui attendent chaque information avec un mélange d'impatience et de panique depuis qu'il leur a dit qu'il lui parle par téléphone.

Quand ils ont dit à la police qu'ils étaient en contact avec lui, les agents leur ont dit que ce n'était pas la peine de commencer à faire des recherches mais qu'ils restaient prêt à tout au vu de ses antécédents et de ses blessures.

« Tu es toujours en ville? » La réponse met plus de temps à venir.

« Non. » Ce serait tellement plus pratique s'il pouvait lui parler directement.

« Je peux t'appeler? » Il n'est pas du genre à demander la permission mais avec Deku, il est instantanément plus enclin à faire des efforts si ça peut le protéger.

« Non »

« Où es-tu? »

« Je ne veux pas retourner à l'hôpital. »

« Pourquoi? » Il n'a pas de réponse et sa mère lui demande avec douceur si ça avance.

- Il sera vraiment obligé de retourner à l'hôpital?

Izuku s'adosse à son arbre et reçoit un autre message quand il ne l'attendait plus. La colère se mue peu à peu en tristesse et il pleure comme un bébé en lisant le texto.

« Si je viens seul, tu me dis où tu es? » Ça lui fait chaud au cœur parce que ça veut dire qu'il compte encore un peu pour lui pour qu'il fasse des efforts.

« Je veux pas aller à l'hôpital. »

« Ma mère verra avec eux quand elle constatera que t'es en sécurité. Alors? »

« Tu promets que tu es seul? » Comme il sait qu'il fera n'importe quoi pour ne pas y remettre les pieds, il ne s'inquiète pas trop.

« Oui »

Il lui envoie sa localisation et se redresse. Si jamais il lui ment, il va se tuer. Ou alors il va se déchirer les bras, ou se jeter de sa falaise le plus fort possible.

Katsuki se relève d'un bond en recevant son message et informe ses parents qu'il va le chercher avant de partir en courant de la maison.

Il reconnaît presque le coin et réalise qu'il a fait un long chemin depuis l'hôpital. Son père lui demande s'il n'a pas besoin d'un véhicule alors qu'il s'éloigne déjà.

- Non! Hurle le blond. Il est pas loin, je vous tiens au courant s'il est blessé.

- Putain de Deku. Peste-t-il en marchant toujours plus vite. Il est épuisé et se rend peu à peu compte qu'il n'est jamais allé dans ce coin parce qu'il est bien trop sauvage et impraticable.

Il arrive au point et comme il ne voit personne, il décide de marcher un peu sur le sentier  en terre qu'il voit et de le chercher à la lumière de sa lampe de portable.

- Deku! Il n'a aucune réponse et a la désagréable impression qu'il reconnaît l'endroit alors qu'il est persuadé de n'être jamais venu ici. C'est déjà un miracle qu'il ait reconnu ce coin de la carte.

Il a peur de s'être perdu mais après avoir vérifié sur son téléphone, il continue encore un peu. Deku ne répond plus à ses messages depuis celui qu'il lui a envoyé et il recommence à être inquiet.

Il tombe immédiatement sur sa messagerie quand il l'appelle et décide de suivre son intuition et avance sur ce chemin qui lui est familier. Il passe un bosquet et reconnaît soudain l'endroit.

- Bordel de merde. Il ne pensait qu'il existait pour de vrai et sait où il doit aller. Il s'approche du puit en courant et se penche instinctivement au dessus pour ne voir qu'une profondeur sombre et le néant.

Bien sûr que c'est stupide d'avoir pensé qu'il puisse être dedans mais ça lui a semblé logique durant une seconde. Sa main vibre et il regarde le message.

« Tu es seul? »

- Oui! Hurle-t-il, clairement à bout. Oui bordel! JE SUIS SEUL!

- Deku! Il entend un bruissement devant lui et relève son téléphone pour voir le garçon dans son pull coloré qui se cache à peine derrière un arbre du sous-bois.

Il sent une chape de plomb se soulever de ses côtes et se précipite sur lui.

Izuku sent une panique monter en lui à une vitesse fulgurante quand il lui fonce dessus et laisse la surprise prendre le dessus sur lui quand Katsuki le sert dans ses bras.

- Fais plus ça... Il est surpris d'entendre de l'inquiétude dans sa voix. Il s'attendait à ce qu'il soit énervé, enragé mais inquiet, pas du tout.

- Tu es seul, hein? C'est son seul moyen de garder le contrôle sur la situation et ça semble faire reprendre pied à l'autre qui s'éloigne de quelques pas.

- Oui. Maintenant, qu'est-ce qui t'as pris! Donc il est bien énervé aussi, enregistre le vert.

- Je pouvais pas rester à l'hôpital. Ça semble très stupide mais c'est si clair dans sa tête. Il n'arrive pas à le faire sonner autrement que comme un caprice.

- Comment ça? Il a l'air exaspéré et il a peur de se disputer avec lui.

- J'ai trop peur... Je peux pas, je suis désolé mais je peux pas.

- Tu peux pas partir seulement parce que t'as peur! S'exclame-t-il. C'est hyper dangereux et irresponsable. Tu te rends compte que tu nous as tous fait peur deux fois aujourd'hui?

- Je suis désolé, vraiment Kacchan. Il fait deux pas en arrière dans les sous-bois en se retenant à un arbre, l'air coupable.

- C'est pas contre toi, dit l'adolescent. T'es dangereux pour toi même.

- Non, Izuku ne comprend vraiment pourquoi il lui dit ça.

- Tu t'es ouvert les veines!

- C'était un accident, dit-il d'une voix peu sûre.

- T'AS ESSAYÉ DE TE TUER!

- Non! Son ton assuré lui met presque le doute et il commence à pleurer.

- Deku...

- C'est pas vrai! Je voulais pas me tuer, c'est vrai Kacchan! Je le jure.

- Alors pourquoi? Il a vraiment l'air à bout. Tu essayais de faire quoi en te déchiquetant comme ça!?

Il ne lui répond pas et évite son regard. Il a compris qu'il ne pourrait pas voir dans ses yeux. Qu'il ne peut pas comprendre parce qu'il n'a pas vécu comme lui, dans ses yeux et dans sa peau.

- Deku!

- Je veux pas te perdre... Dit le détenteur du One for All en pleurant.

- Moi non plus, débile. Souffle Katsuki.

- Je veux pas que tu m'en veuilles... Je suis désolé. Il renifle. Je veux pas que tu arrêtes de me parler ou- ou que tu me juges...

Le blond s'approche de lui, faisant craquer les feuilles mortes et les épines de pins sous ses pieds et le sert contre lui.

- Je t'en veux pas. Je suis en colère mais pas contre toi. Il sent son bras valide s'accrocher au tissu de son blouson et il range son téléphone dans sa poche pour mieux l'enlacer.

- Pardon... Je voulais pas t'inquiéter Kacchan.

- Je sais. Il sent ses cheveux contre son nez et retient ses lèvres de faire un mouvement inapproprié et se laisse envoûter par son odeur de tilleul.

- Tu t'es pas fait mal?

- Non... Je suis juste fatigué.

Il se recule un peu et le prend par la main pour le ramener sur le chemin éclairé par la lune. Il le lâche pour qu'il puisse se tenir aux arbres et être plus libre de ses mouvements et il ouvre la marche.

- Il m'avait enfermé dans ce puit durant toute une journée. Il s'arrête pour se retourner vers Deku qui s'est penché au dessus du trou et qui a laissé cette phrase s'échouer dans la cavité.

Katsuki s'approche de lui et attrape ses bras pour l'empêcher de se laisser chuter si l'idée lui passait par la tête.

- Viens. Chuchote-t-il en le faisant se redresser. Le garçon le regarde et attrape sa main pour marcher avec lui.

- Tu es pieds nus. Constate l'explosif quand ils sont sur la route en béton.

- Oui. Dit-il avec un sourire.

- Tu ne peux pas marcher comme ça.

- Mais je peux pas m'accrocher à toi avec mon bras et je veux pas que tu me touches alors je vais marcher. Le sourire forcé qui accompagne ses paroles l'énerve et il se met devant lui.

- Deku.

- J'ai dit non. Il ne sourit plus. Katsuki soupire et contient sa rage du mieux qu'il peut.

- Tu es blessé! Il s'écarte un peu de lui et laisse tout sortir de la manière la plus contrôlée qu'il peut.

- Il est minuit passé! Je suis crevé! Tu es crevé! Mes parents sont inquiets de savoir comment ils vont te retrouver! La police a été prévenue, l'hôpital est encore en état d'alerte! Sa voix monte en volume sans qu'il le maîtrise.

- BORDEL! Je sais que tu as des traumatismes! Putain je le sais! J'ai pas envie de te faire peur, vraiment! Mais je te jure que si tu pouvais coopérer ce serait pas du luxe!  JUSTE CETTE PUTAIN DE FOIS!

- Je veux juste pas que tu me touches en bas. Dit-il avec fébrilité. Izuku sait qu'il devrait le laisser faire car sa patience s'affine avec le temps mais c'est trop dur.

Il soupire et s'approche en remontant son menton pour qu'il le regarde et constate à quel point il est épuisé.

- Je vais faire attention, c'est juste pour aller plus vite et après on oublie tout de cette nuit.

- Tout? Le blond hoche la tête et passe ses mains sous ses cuisses pour le coincer autour de sa taille.

Izuku s'accroche à ses épaules comme il le peut et sent ses poignets presque sous ses fesses et ça lui fait peur. Il est coincé entre ses bras forts et il prend sur lui pour serrer ses jambes autour du garçon en posant sa tête dans son cou.

Mitsuki ne lui fait aucune remarque quand ils rentrent dans cet état et attrape son visage pour vérifier qu'il va bien. La police est prévenue et Masaru appelle l'hôpital pour les décharger de sa responsabilité.

Izuku est trop épuisé pour faire attention à tous ces détails et se laisse conduire à l'étage pour que la femme soigne ses pieds abîmés et vérifie qu'il ne s'est pas rouvert une blessure durant son escapade.

Il rentre dans la chambre pour voir son ami d'enfance mettre de côté tout ce qui pourrait être coupant ou dangereux et son père l'enfermer dans une boite.

Les adolescents se retrouvent seuls dans la pièce quand l'adulte lui souhaite bonne nuit en passant et ils se regardent un instant avant que Katsuki ne s'écarte pour le laisser accéder au lit en lui disant qu'il va dormir dans la pièce d'à côté.

Izuku sent son corps bouger avant sa tête et attrape son ami alors qu'il s'apprête à quitter la pièce.

Il entoure son avant-bras d'une main et même si ça le stoppe dans son élan, Izuku ne s'arrête pas et se blottit dans son dos alors qu'il est immobile dans la pièce.

Katsuki sent ses papillons s'agiter encore plus dans son corps mais ne fait rien et le laisse respirer contre ses omoplates en tenant son ventre.

- Me laisse pas tout seul, j'ai peur de rester dans le noir et qu'il vienne me tuer.

Il n'hésite pas longtemps et même si ses parents ne veulent pas qu'ils dorment ensemble, il ferme la porte et se tourne vers l'autre qui l'a lâché.

Il n'ose plus le regarder à cause de son excès de confiance et le blond se contente juste de se glisser sous les couvertures sans en attendre plus.

La lumière s'éteint et même s'il est surpris quand il sent l'autre se glisser contre son dos, il ne dit rien et le laisse s'accommoder à sa présence. Il sent ses pieds froids contre ses tendons d'Achille et sa main sur son ventre qui recouvre doucement de la sienne, le poussant à aligner sa respiration sur la sienne.

- Bonne nuit Deku. Soupire-t-il avant de s'endormir en quelques secondes.

Le réveil fait mal car il a trop peu dormi et il n'a pas envie de bouger ou d'aller en cours.

Il a bougé dans son sommeil et le garçon respire dans son cou alors qu'ils se font face. Son corps est chaud et il n'a pas envie de se dégager de son étreinte mais il n'a pas vraiment le choix et il peut bien faire un effort pour la dernière journée avant les vacances.

Il remarque que l'autre s'est réveillé quand il revient de la salle de bain. Il s'approche de lui et s'accroupit à côté du sommier pour le voir émerger.

- Salut.

- Salut... Répond-t-il de sa voix endormie.

- Bien dormi? Il hoche la tête en se frottant les yeux.

Katsuki ramasse la peluche qui est tombée du lit et la lui tend.

- Je rentre vers dix-sept heures et après c'est les vacances.

- Je veux pas rester seul ici... Ils regardent son bras par réflexe mais Katsuki enchaîne pour ne pas se mettre trop en retard.

- Mon père a pris sa journée pour rester avec toi.

- D'accord...

- T'as pas à avoir peur de lui. Le rassure le blond. Il va pas rentrer dans la chambre mais ouvrira la porte de temps en temps pour vérifier que tu vas bien.

- Je pourrais t'appeler?

- Je t'appellerai durant les pauses. Tu paniques pas, ok? Il hoche la tête en fermant les yeux et frissonne avant de serrer sa peluche plus fort entre ses bras.

- À ce soir. Katsuki se penche au dessus de lui et dégage les cheveux qui lui font une frange pour embrasser son front.

Katsuki range son téléphone après avoir reçu le sms de Izuku et retourne dans sa classe pour attendre que les cours reprennent. Le garçon lui a dit qu'il allait dormir un peu et ce n'est pas l'envie qui lui manque de l'imiter.

Il a ouvert son premier bouton de chemise parce que la journée est particulièrement chaude pour la période et comme il vient d'enchaîner deux heures de sport, il est poisseux de la tête aux pieds.

Il avait prévu de se reposer après son entraînement mais apparemment ses camarades en ont décidé autrement. Il se demande comment ils font pour avoir autant de choses à se dire à cette heure de la journée et s'il comptait les ignorer et dormir, le prénom de son ami d'enfance dans la bouche d'une des filles -il ne sait pas laquelle, elles ont toutes des voix trop aiguës- réveille instinctivement tous ses sens.

- Vous pensez qu'il va revenir en cours?

- C'est vrai que ça fait un moment qu'on l'a pas vu... Dit une autre. Elles sont dos à lui et il se retient vraiment de tout faire exploser. Il est encore trop fébrile à cause des événements de hier soir.

- À mon avis, il a réussi à se faire virer. Les profs ne disent même plus son nom quand ils font l'appelle.

- Déjà qu'il n'était pas souvent là avant...

- Après ce qu'il a fait c'est assez logique.

- Qu'est-ce qu'il a fait? Ça y est, il craque. Il se tourne sur sa chaise et fait face au groupe de filles qui le regardent.

- Allez y, dites-moi ce qu'il a fait! Il s'énerve. Ça fait deux mois que vous le fuyez comme la peste alors on vous écoute!

- Bakugo... Commence Ochaco qui sent que ça va encore partir dans tous les sens.

- Ta gueule, j'ai pas fini. Il se redresse et tout le monde le regarde.

- Ça vaut pour vous tous! Dit-il en croisant plusieurs regards. Vous êtes tous une belle bande d'hypocrites. Pas foutu de défendre vos camarades ou de lui faire confiance!

- Il a frappé cette fille au sang! Dit une des filles. Il se tourne vers celle aux longues oreilles qui vient de dire ça.

- Et alors?! Il s'approche d'elle et elle recule. C'est la seule fois où il a été violent avec quelqu'un! La seule fois! Vous ne vous êtes pas dit un seul instant qu'ils pouvaient avoir un passif ou que simplement ÇA VOUS REGARDAIT PAS?

- Des putains de fouines... Dit-il en mangeant ses mots.

Il reprend son souffle et regarde les gens de sa classe avec énervement.

- Vous avez aucune idée de ce dont vous parlez et vous vous croyez capable de le juger comme ça, de l'exclure! Mais ça m'étonne même pas, vous étiez tous prêt à me laisser crever quand je me suis fait enlever parce que, selon vous, je suis pas assez poli, assez convenable pour être un héros. Je le mérite pas, hein?

- Katsuki, je- Le blond se tourne vers Denki qui le regarde avec remord et reprend.

- Toi c'est différent et on a parlé. Il cri en ignorant Aïzawa qui reste dans l'ouverture de la porte et que personne n'a vu. Il sait que ses élèves ont besoin de parler et qu'une grosse tension monte entre eux depuis un moment.

-  À part Eijiro et Todoroki, aucun d'entre vous ne lui a donné de seconde chance! Vous méritez même pas de devenir des héros. Vous l'avez jugé comme un criminel, vous avez agis comme des connards et même les profs l'ont pas punis aussi sévèrement!

- Tu as vu comme nous l'état dans lequel elle était! S'exclame Mina, n'ayant pas envie de se faire crier dessus comme une gamine.

- Ouais! Et j'ai aussi vu comment elle l'a détruit quand on était au collège! Parce que même si tête d'œuf aime bien raconter partout que j'ai fait de sa vie un enfer, c'est pas le cas! La fille a le bon sens de paraître honteuse.

Il sort son téléphone de sa poche et le tend à la fille rose.

- C'est pas à moi de vous en parlez parce que c'est pas moi qui suis concerné mais j'en ai à la pelle des vidéos et des photos de choses qu'elle et ses copines lui ont fait. Prend-le! Il lui enfonce presque dans la poitrine. ALLEZ, PREND-LE! TU VEUX DES PREUVES? J'EN AI PLEIN! DES DIZAINES! Elle le regarde avec peur, n'ayant pas prévu qu'il lui saute dessus comme ça.

- Tu veux voir comment elle essayait de le pousser au suicide? Ou tu préfères les humiliations publiques?

- Non! Elle prend son portable pour éviter qu'il ne s'écrase au sol. Je te crois Katsuki! C'est bon, arrête!

- Pourquoi? Il se rapproche d'elle et la coince contre une table. Ça fait trop peur? C'est trop désagréable d'être jugé comme le coupable? Parce que c'est bien le cas, hein? Vous l'avez rendu misérable avec votre attitude détestable.

- Non...

- Bah ouais, c'est moins drôle quand les rôles sont inversés.

Il récupère son téléphone et retourne à sa place.

- Je crois que vous lui devez tous des excuses. Dit l'explosif en sortant son cahier.

- Katsuki a raison... Admet Yaomomo en regardant ses copines qui n'en mènent pas large non plus. Toute leur classe de seconde regarde ses pieds.

-  Il reviendra quand il sera en état, pour répondre à vos potins débiles. La fureur palpite dans son corps et c'est difficile de se retenir de dire quelque chose qui ne le regarde pas.

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