8: Calvaire, jour 4
Izuku est dans sa classe, seul. Quand il se tourne pour regarder par la fenêtre, il ne voit rien. Il fait nuit noire dehors.
Comment est-il arrivé là?
Il se lève, laissant son cahier ouvert sur son bureau et essaie de sortir de la classe mais la porte est fermée. Il insiste, mais la poignée ne bouge pas.
Il sait qu'il ne devrait pas être à l'école si tard et s'il fait nuit dehors, ça doit certainement dire qu'il est en retard. Il frémit déjà en s'imaginant ce qui risque de se passer quand il va arriver à la maison.
Il se rend compte qu'il est complètement nu quand un frisson le parcourt et quand il passe son regard sur la classe vide, il ne voit pas où il pourrait les avoir oublié par accident.
Dans son dos, une voix familière retentit, lacée d'agacement et de dédain et il se retourne prestement en l'entendant.
Il savait bien qu'il se ferait punir d'être en retard.
- Espèce de petite merde.
L'homme s'approche et le tire par les cheveux, le faisant avancer puis se baisser jusqu'à ce qu'il soit à quatre pattes au sol, projeté violemment sur le parquet un peu sale.
Son cœur cogne contre ses côtes alors qu'il sent sa présence dans son dos puis ses mains lourdes qui se jettent sur ses hanches pour l'attraper et le maintenir au sol alors qu'il lui écarte les jambes.
Sa barbe rêche rape le bord de son oreille quand il l'insulte de sa voix saccadée, y mettant toute sa force pour essayer de l'immobiliser alors qu'il se débat.
Il ne veut pas ça. Il a peur.
Il a froid tellement il a peur.
Et le bout de sa bite presse contre l'autre bout de son corps qui commence à céder.
Ça fait mal au point que sa tête tourne, chaud puis bouillant puis glacé et il frappe le sol du plat de sa main à s'en faire mal pour essayer de le supporter.
Rien n'aide.
Il entend des rires et il relève la tête, surpris quelques secondes de voir les visages familiers de ses camarades de classe avant de se faire engloutir par la honte quand les mouvements de reins de l'homme lui rappellent le spectacle qui leur donne.
Il a envie de hurler mais il ne peut que geindre alors qu'il sent les mains sur ses fesses presser sa chaire et qu'il voit la lumière rouge d'une caméra briller dans l'une des mains de l'un de ses camarades.
- Dit bonjour à internet espèce de sans-alter, dit une voix qu'il ne reconnaît pas mais qui lui donne envie de pleurer.
- Je l'avais dit que c'était une pute, dit Mona en le regardant sans flancher alors qu'il pleure, secoué par ses sanglots et les violents va-et-vient.
Il pleure et se débat pendant que Marcus est sur lui mais ça semble juste l'encourager à continuer.
La douleur est de plus en plus virulente et il cri à s'en déchirer les poumons alors que les élèves semblent crier avec lui, encourageant l'homme à chacun de ses mouvements.
Katsuki se réveille brusquement en sentant Deku qui se débat dans ses bras en pleurant et se tortillant dans tous les sens.
- Deku? Hey! Réveille toi... allez tout va bien...dit-il encore à moitié endormi en passant sa main dans son dos.
Il est dans un tel état que le blond a peur qu'il fasse une crise d'angoisse et c'est ça qui le réveille complètement.
Tout à coup, le garçon ouvre les yeux en arrêtant de respirer, et se jette à l'autre bout du lit en pleurant quand il le voit.
Katsuki s'approche mais Deku se met à genoux sur le sol, pour garder de la distance entre eux.
- Deku? Tout va bien, d'accord? C'était juste un cauchemar. Calme toi... dit Katsuki qui ne comprend pas tout à fait la situation mais qui supporte mal de le laisser plus longtemps dans cet état.
- Ka-Kacchan? parvient-il a dire entre deux sanglots.
- Oui c'est moi. Allez recouche-toi, tout va bien.
Voyant qu'il ne bouge pas il se rapproche en continuant de le rassurer mais dès qu'il le touche, il se remet à pleurer.
Katsuki s'apprête à se reculer mais l'adolescent met ses bras autour de son cou, le bloquant là où il est.
Il passe maladroitement sa main dans son dos et il se calme peu à peu.
- On va se coucher? demande-t-il dans un murmure.
Il hoche la tête et se relève, toujours accroché à lui comme si sa vie en dépendait.
Le réveil affiche 2:46 quand il se rallonge et il espère pouvoir se rendormir rapidement.
Deku se colle contre lui et, fatigué, il le prend dans ses bras, passant sa main dans son dos plusieurs fois jusqu'à ce qu'il semble reprendre ses esprits et arrête de pleurer.
- Ça va mieux?
- Oui...je suis désolé, je... j'ai fais un cauchemar et-
Mais Katsuki n'a pas la force de l'écouter maintenant et il se décroche presque la mâchoire en baillant.
- On verra plus tard, dors.
Deku place sa tête sur son torse en silence après avoir hoché la tête.
Katsuki ne veut pas en rester là pour autant et il se promet que, une fois plus réveillé, il se forcera à en parler avec lui, plus préoccupé par la crise de panique à laquelle il vient d'assister qu'il ne le voudrait.
Il essaie de se le répéter plusieurs fois à la suite pour ne pas l'oublier au petit matin, s'assurant qu'il va s'en souvenir alors que le sommeil englue toutes ses pensées.
Izuku se réveille dans le bras de Kacchan sans d'abord se rappeler comment il est arrivé là, puis son cauchemar lui revient en tête et il se blottit malgré lui dans les bras du cendré en combattant un frisson.
Il s'est certainement montré très pathétique et ça lui donne envie de se cacher sous ses couvertures pour ne plus jamais réapparaître.
Et comme si ça ne suffisait pas, son réveil affiche la date du jour en lettres rouges quand il se tourne et il sent les larmes derrière ses yeux sans rien pouvoir y faire.
Le dix-sept mai brille dans l'obscurité de sa petite chambre, lui rappelant que ça fait neuf ans.
Neuf ans et des souvenirs.
Des espoirs.
Des regrets.
Il sent Kacchan se tendre et il tourne la tête vers lui juste à temps pour le voir se réveiller.
- Bonjour Kacchan, dit-il en chuchotant.
- 'jour ...il est quelle heure? grogne le garçon.
- Un peu avant six heures. Le réveil a pas encore sonné...
- Cool, comme ça t'as le temps de me parler de ton cauchemar! dit l'adolescent en se frottant les yeux.
Izuku se crispe.
- C'est rien! Je m'en rappelle plus de toute façon... Tu devrais te rendormir, tu dois être fatigué.
- Tu me prend vraiment pour un con, Deku? T'as fait une crise de panique et tu t'es accroché à moi comme si ta vie en dépendait!
- Et j'en suis désolé Kacchan, mais-
- Arrête de t'excuser tout le temps ! Explique-toi merde!
Il dit cette phrase presque en criant.
- Calme toi! Tu vas réveiller tous le monde!Je-
Un bruit strident le coupe et Izuku Midoriya, bénie tous les réveils de France.
Il l'éteint et se rend compte qu'il n'a presque plus mal.
Tout du moins, moins qu'hier.
Il descend sans répondre à l'adolescent, et retrouve sans surprise sa mère debout et déjà en train de déjeuner.
Dès qu'elle le voit, elle lui sourit tristement.
Il ne sait pas comment répondre autrement qu'en faisant la même chose.
Elle le prend dans ses bras et il la sert contre son corps en respirant dans son cou.
- Courage mon chéri...ça va aller...
À ses mots une larme, la traitresse, coule le long de sa joue et Izuku devine que c'est la première d'une longue série.
- Ça fait déjà neuf ans, dit-il dans un souffle, comme si ça deviendrait faux s'il l'expulsait de son corps.
- Je sais mon coeur, je sais... ne peut que répondre sa mère de cette voix désarmée qu'ont les adultes quand ils n'ont pas de solution.
- Tu me prend là-bas après les cours?
Elle fait signe que oui et le vert se tourne vers Kacchan, qui ne comprend clairement pas ce qui se passe.
Il n'a pas la force de l'expliquer et laisse le blond dans sa confusion le temps du petit déjeuner.
Une fois prêt, il se rend jusqu'à la falaise où il laisse ses jambes pendre dans le vide.
Il s'en veut un peu, il sait que c'est de sa faute.
Le bruit d'un sms le sort de sa torpeur et il s'affole en voyant qu'il provient d'All Might.
Il cours presque vers la plage et le voit sous sa forme maigrelette l'attendre en regardant les vagues.
- Vous vouliez me voir?
- Oui. Mon garçon, je vois que tu as nettoyé la plage, et c'est très bien! dit-il avec trop de précautions pour que ça soit une bonne nouvelle.
Si seulement il pouvait lui donner tort.
- Cependant ton corps n'est pas encore assez fort pour recevoir mon pouvoir et j'ai peur que les conséquences soient trop grandes pour toi si je te le confie maintenant.
- Désolé...
Il a l'impression que le monde s'écroule autour de lui. Il est en train de tout perdre, de voir passer sous ses yeux la seule chose qui le tire encore vers l'avant.
Il n'est pas à la hauteur, il a échoué.
Il n'a jamais eu autant envie de mourir.
- Ce n'est pas grave! Tu as encore un mois avant l'examen d'entrée et j'aimerais que tu en profite pour t'entrainer comme je t'ai vu le faire.
- Vous voulez parler du parcourt?
Il lui sert son fameux sourire et un souffle d'espoir qu'il sentait s'éteindre reprend un peu vie en lui.
- Au fait, je serais absent durant un bon moment. Mais je reviendrais le matin de l'examen. Je t'attendrais ici.
- Vous partez ? Mais pourquoi?
- Un ami m'a... fortement conseillé de partir en vacances. Vu mon état de santé, je dois lui donner raison et un peu de repos me fera du bien. En plus ça fait des mois qu'il veut qu'on parte...
- Qui ça?
- Oh! Euh...mon frère.
Il le regarde comme pour jauger sa réaction et Izuku ne doit pas paraître très convaincu parce que l'adulte soupire et avoue.
- Mon mari. Je parle de mon mari.
Izuku essaie de camoufler son étonnement et tente d'avoir l'air normal et de ne pas crier ou avoir l'air de le juger.
Ça serait terrible et maintenant qu'il y pense, il est sûr qu'il va faire une bourde.
- Je ne savais pas que vous étiez marié! Félicitations!
- Merci! Heureux que tu le prenne bien, même si j'aimerais que tu le gardes pour toi, tu comprends?
- Oh, oui. Bien sûr, dit-il en acquiesçant si fort qu'il se fait un peu mal à la nuque.
- Et toi de ton côté? dit-il avec une lueur étrange dans le regard.
- Vous savez, ce n'est pas vraiment quelque chose auquel je pense... dit-il en baissant les yeux, un peu gêné de parler de ce genre de chose avec quelqu'un qu'il admire autant.
- Bien sûr! Et puis tu es encore jeune. Concentre toi bien sur ton entraînement, c'est le plus important!
- Je vous le promet! lui assure Izuku. Je vais m'entraîner sans relâche, vous allez voir!
Il espère tellement que ça suffira.
Un rapide coup d'œil sur son portable et il cours vers l'arrêt de bus, et se met à sa place, essayant d'ignorer les remarques des autres élèves.
Ce matin il y arrive plutôt bien, trop retourné pour penser à autre chose qu'à tous les efforts qu'il va devoir fournir dans le mois qui vient s'il veut mériter une autre chance.
All Might ne lui doit rien, il le sait et s'il ne fait pas ses preuves, ça sera normal qu'il retire sa proposition.
La journée de cours passe plus vite que d'habitude et après trois clignements d'yeux, Izuku est déjà en train de sortir du collège. Ça ou la sensation d'être en dehors de son corps fait passer le temps plus vite.
Il regarde les élèves monter dans les bus scolaires en attendant celui de la ville et réalise que Kacchan ne lui a pas adressé la parole de la journée en le voyant monter dans celui qu'il prend habituellement.
Kacchan qui rentre chez lui demain.
Il ne sait pas pourquoi ça le rend triste.
Peut-être que c'est parce que ça lui a rappelé des temps plus simples.
Peut-être parce qu'il avait l'espoir qu'ils retrouvent leurs anciennes dynamiques et qu'ils sont toujours des étrangers l'un pour l'autre.
Peut-être qu'il devrait arrêter d'avoir de l'espoir.
Le bus arrive et il se laisse porter sans vraiment être présent jusqu'aux abords d'une petite forêt qu'il connaît très bien, à l'écart de la ville.
Il a le bouquet de roses qu'il a acheté à la sortie du collège dans les mains et même si elles ont été un peu été malmenées, elles sont quand même très belles.
De toute façon, il ne pense pas que ça ait une grande importance si les pétales sont un peu froissés et il resserre sa prise sur les tiges alors qu'il pousse le portail du cimetière.
Il passe près de différentes tombes sans leur porter attention et s'arrête automatiquement devant une tombe grise familière ornée d'une photo.
Il met les fleurs dans le vase qu'il remplit d'eau, s'assoit sur le sol et fixe le portrait de l'homme en face de lui.
- Salut papa...
Il soupire. Expire.
Il ne sait jamais quoi lui dire... ou quoi dire au vent qui ne lui répond pas alors il parle toujours de tout et souvent de rien.
Il dit qu'il lui manque.
Il ne dit pas qu'il ne se souvient plus vraiment de lui.
- Ta photo est sale.
Elle l'est.
Ça serait surprenant qu'elle ne le soit pas mais elle l'est et Izuku a besoin de voir son visage figé qu'il colle sur tous ses souvenirs.
Il n'arrive pas à imaginer une autre expression sur le visage de l'homme, à quoi il ressemblait en mouvement.
Il prend sa manche et nettoie la photo.
- C'est mieux...Tu me manque tu sais?
Les larmes coulent de ses yeux quand il parle.
Il imagine la vie qu'il aurait pu avoir avec cet homme qui n'existe plus et dont il n'arrive même pas à s'imaginer partager son quotidien avec.
Il ne le connaît pas. Ni lui, ni ses manies, sa façon de parler ou la façon dont il l'aurait serré contre lui sans jamais qu'il n'appréhende de le sentir bander contre sa cuisse.
Il ne le connaîtra jamais, mais il aurait pu.
- Même... même si Kacchan est gentil, même si je sais que ça va pas durer, j'ai envie d'y croire... dit-il en sentant sa voix se casser mais en continuant de parler parce qu'il n'a plus que ça. Marcus est de pire en pire mais il y a All Might. Je t'en ai parlé, tu te souviens?
Il se sent stupide de parler à une pierre.
- J'ai peur papa... j'en peux plus je vais craquer... j'ai déjà essayer de te rejoindre et j'ai pas réussi mais je tiens pas et je sais que je vais réessayer. Maman s'en est jamais rendue compte. Elle se rend compte de rien. Tu sais bien comme il sait manipuler les gens. Je t'aime papa... J'aurais voulu que tu m'aimes aussi. Pourquoi tu m'a laissé? Pourquoi j'ai pas été suffisant? Je suis désolé de pas avoir eu d'alter. Je vais en avoir un en plus... si t'avais pas fait ça, on serait tous heureux... mais je sais aussi que si tu l'as fait, c'est totalement ma faute, alors...
L'adolescent se lève en séchant ses larmes et quitte rapidement le cimetière en ignorant de nouveau les autres tombes et monte dans la voiture de sa mère qui l'attend en dehors du bois.
Une fois à la maison il monte dans sa chambre en s'arrêtant seulement pour enlever ses chaussures. Il a déjà dit à sa mère qu'il n'avait pas faim dans la voiture. Elle a dit qu'elle comprenait.
Il en doute.
Une fois dans sa chambre, il laisse tourner la chanson préférée de son père en boucle sur l'ordinateur, le volume bas.
Il arrive à l'entendre depuis son lit mais si elle s'arrêtait ça ne serait pas gênant parce qu'il connaît chaque note par cœur.
Il prend son doudou, caché dans une armoire pour que Marcus ne le prenne pas et se couche dans son lit en pleurant.
Il a l'impression qu'on a aspiré ses émotions avec une paille.
Katsuki est à table avec les parents de Deku quand ils entendent une mélodie de piano s'élever dans l'air et rompre le silence du dîner.
Il lève les yeux de son assiette pour voir la réaction des parents du vert qui ne se sent soi-disant pas assez en forme pour manger et là où il s'attendait à voir de la surprise ou de la colère, il ne voit que Inko dont le visage morose se décompose peu à peu, son expression passant de l'apathie jusqu'à une tristesse écroulante, non sans avoir essayé de la combattre.
La femme se lève de table et part en pleurant après s'être excusé.
Katsuki se tourne vers la dernière personne qui reste à table et qui le regarde déjà.
- Qu'est ce qui se passe avec Inko et Izuku?
- Je peux pas en parler. Va le voir si tu veux savoir.
Il termine son assiette puis monte les marches sans attendre son reste et ouvre la porte de la chambre.
Il tombe sur Deku qui pleure dans son lit, une peluche dans les bras pendant que l'ordinateur joue un air de piano.
- Tu écoutes la sonate au clair de lune?
Deku s'arrête de pleurer et se tourne vers lui, les yeux rouges et gonflés.
- Tu connais?
- Mon père aime musique classique.
La mélodie le renvoie à ses cours de piano et il se revoit montrer les quelques mélodies qu'il savait faire à son père souriant. Ça n'a pas duré bien longtemps et il s'est vite lassé, à la plus grande tristesse de son paternel.
Deku esquisse un sourire discret.
- T'aime bien Beethoven?
Son sourire disparaît et ses lèvres recommencent à trembler.
Katsuki cache sa grimace.
- C'était le morceau préféré de papa...
Katsuki comprend dans une rapide succession de pensées qu'il parle de son père biologique et qu'au vu de l'état dans lequel l'autre a passé la journée, cette soudaine vague de deuil ne doit pas sortir de nul part.
- Ça fait 9 ans aujourd'hui...dit Deku en ravalant un sanglot et en lui donnant raison.
- Il est mort de quoi?
- Suicide... souffle la voix brisée de l'adolescent.
Katsuki ne sait pas quoi répondre.
- Il s'est suicidé parce q-que j'avais pas d'alter...il se met à pleurer encore plus bruyamment et s'effondre sur la couette.
- T'es en train de me dire que tu pense que c'est ta faute?!
- M-Mais c'est de ma faute...
Le blond ne sait pas ce qui le pousse à agir mais c'est instinctif quand il le voit s'effondrer sur lui-même et qu'il peut presque goûter la culpabilité qui s'émane du garçon sur sa langue. Tout ce qu'il sait c'est que c'est insoutenable.
En trois pas il s'est assis sur le lit et il le prend dans ses bras pour passer une main ferme dans son dos.
- C'est en aucun cas ta faute, tu avais 5 ans... Deku, arrête. T'as pas à t'en vouloir de quelque chose dont t'es pas responsable...
- T'es sûr que c'est pas ma faute?
Il se noie dans ses larmes. Deku hoquète et s'étouffe dans ses sanglots et il le supplie de le sortir de là.
- Tu l'as pas tué, il s'est suicidé.
Il se remet à pleurer, étouffant le bruit des ses pleurs dans son t-shirt où il reste caché.
Katsuki veut que ça s'arrête. Il n'a jamais vu quelqu'un pleurer comme ça et c'est à peine soutenable.
- Pleure Deku, pleure...ça te fera du bien de tout lâcher.
Katsuki sent ses bras autour de lui répondre à son étreinte et il le soutient même quand ses yeux n'ont plus de larmes à verser et que son corps pleure encore.
Il prend la peluche qu'il avait lâché et le regarde avec un sourire taquin en la poussant gentiment dans ses bras pour tenter de le distraire.
- Tu l'as gardé?
- Oui, quand même... tu me l'avais donné pour mon anniversaire.
Le trémolo dans sa voix est trop fort pour qu'il l'ignore mais ils essaient tous les deux quand même.
Il observe le lapin rouge avec des boutons pour les yeux.
Il a des petits signes d'usure mais il est clairement aimé et c'est pour ça qu'il le pousse contre son visage, et aussi pour l'emmerder un peu.
Il ne devrait pas le trouver adorable parce que ce n'est pas un adjectif qu'il devrait utiliser pour un autre mec de son âge mais c'est quand même le premier qui lui vient en tête quand Deku s'agrippe à la peluche en fermant les yeux.
- Tu l'as vraiment trimbalé partout.
- Hm. Je pouvais pas m'en passer.
Il prend quelques secondes où il ne fait que respirer profondément contre lui puis il se lève et met la peluche dans son armoire.
- Je vais aller manger un truc, dit Deku en se tournant vers lui, la voix rauque d'avoir pleuré.
Katsuki se lève à son tour, décidant d'aller prendre une douche quand son haut humide de larmes touche sa peau mais il se fait interrompre dans son trajet jusqu'à la salle de bain par l'autre qui l'appelle.
- Kacchan!
Il le regarde, attendant qu'il poursuive.
- Merci.
Il ne sait pas quoi lui répondre alors il ne dit rien et poursuit sa route, essayant d'oublier le rouge dans ses yeux et la faiblesse de son corps qui se tient à l'encadrement de sa chambre.
Il se rappelle d'une époque où il le regardait avec des étoiles dans les yeux, ces mêmes yeux qu'il a trouvé si ternes ce matin et qui ont semblé reprendre vie avec ce simple merci.
Il ne sait pas quoi en penser parce que même si au fond de lui il a bien conscience que ça lui a provoqué quelque chose de positif dans le creux du bide de le voir aller mieux, il n'est pas vraiment intéressé par l'idée de répéter ce processus et lui servir de pansement à chaque fois qu'il va un peu mal.
Et Katsuki n'est pas quelqu'un qui réconforte.
Il intimide, il impressionne.
Il est fort.
Certains le regardent avec admiration, d'autres avec peur.
Donc même s'il sent une étrange impression d'accompli qu'il ne comprend pas tellement, même si une part de lui qui avait disparu vient d'être nourrie, il n'a pas l'intention de changer sa façon d'être.
Ça serait ridicule, désagréable et ça détruirait tous ses efforts.
En sortant de la douche, ses pensées sont encore interrompues par la mélodie d'un violon.
La mélodie est triste, pesante... lourde du deuil de son musicien et il ne peut que suivre les notes jusqu'à la chambre de l'adolescent qui joue face à la fenêtre, dos à lui.
Il l'entend renifler, il le voit trembler.
Mais il se tait et il écoute.
Adossé à la porte, il attend qu'il termine qu'il se retourne pour le voir.
Il ignore le sursaut qui le prend quand il comprend qu'il n'est pas seul.
- Je suis fatigué, tu viens?
Mieux vaut éviter de parler de ce moment.
Il comprend que Deku pense qu'il n'ira jamais mieux.
Katsuki n'a pas le cœur de lui dire qu'il n'en sait rien.
Il se concentre sur les joues rougies de l'autre, honteux de s'être fait surprendre et qui le rejoint sous la couverture après avoir éteint la lumière.
Ce n'était pas une journée facile pour lui.
Il ne sait pas s'il sera aussi bienveillant s'il est dans le même état demain. Il espère mais il n'en est pas sûr.
Sa patience a toujours été fluctuante envers l'autre garçon.
Ils se regardent dans les yeux et, malgré ses tentatives de le cacher, il voit bien que Deku est à bout.
Que même lorsque ses paupières essaient de se fermer, il ne trouve pas le sommeil et qu'il dégage une énergie nerveuse qui rebondit sur lui, presque comme pour essayer de le pousser à faire quelque chose.
Il est fragile, comme du cristal et si le blond tend sa main vers lui, il pourrait l'écraser en mille morceaux.
Il ne comprend pas pourquoi il pense qu'il est responsable de la mort de son père mais Katsuki est presque sûr que ça ne vient pas de lui.
Deku est peut-être tordu, mais il n'aurait pas pensé une chose comme ça tout seul.
Conscient que chaque geste pourrait le détruire, il essaie de ne pas laisser paraître son trouble alors qu'il le regarde toujours.
Ils se fixent un moment et le suivant, Katsuki passe lentement un bras autour de l'adolescent, l'encourageant tacitement à se blottir dans ses bras.
Le plus frêle des deux n'a pas besoin de bien longtemps pour se laisser convaincre et le blond se retrouve rapidement les bras occupés par son corps tremblant.
Il le sent se détendre peu à peu, pouvant presque voir la tension qui s'évapore de son corps alors que ses doigts passent contre sa nuque.
Il était si seul et si triste dans sa chambre avant qu'il monte pour lui demander ce qui n'allait pas.
- Il me manque terriblement... murmure-t-il dans le noir de la nuit.
Il passe une main dans son dos et il se colle un peu plus contre lui.
Peut-être que s'il le serre suffisamment fort, il n'aura plus de place pour penser au fantôme de son père.
- Merci de pas me laisser tout seul Kacchan...
Il ne répond pas mais alors qu'il s'endort, il se souvient brièvement du temps de leur enfance où ce n'était pas surprenant qu'il lui fasse des compliments et qu'il se retrouve endormi tout comme il l'est maintenant, contre lui.
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