34: Un petit cadavre sous un tas de feuilles

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L'oxygène se fraie un chemin jusqu'aux poumons de l'adolescent malmenés et s'infiltre peu à peu pour raviver son corps inconscient et vide d'énergie.
Izuku retourne difficilement dans le monde des vivants alors qu'il entend le monde autour de lui s'activer.

Le vent fait bouger les arbres d'une légère brise et le journal télévisé marmonne des nouvelles au rez-de-chaussée mais il se sent submergé par tous ses sens et il n'a qu'une envie, c'est de couper le son autour de lui.

En baissant le regard sur ses cuisses, il constate qu'il baigne dans son propre sang avec dégoût. Il bouge un peu les orteils avant de saisir le reste de courage qu'il lui reste et de se mettre à la verticale.
Il se tient désespérément à la chaise en se traitant d'abruti car il n'a pas voulu y aller par étapes en pensant qu'il allait sûrement renoncer à se mouvoir.

C'est sûrement vrai mais en attendant il a l'impression de se faire ouvrir en deux une seconde fois.
Il refuse de faire le moindre mouvement quand il entend la voiture démarrer dans l'allée et après ce qui lui semble être une éternité, il se traîne difficilement jusqu'à la salle de bain. Hors de question de mourir dans un état aussi misérable, pense-t-il pendant qu'il traverse le couloir.

Il bataille un instant avec la poignée puis s'accroche aux meubles qui le séparent du lavabo. Il a un sursaut d'horreur quand il croise son reflet et attrape un gant qui traîne à côté du robinet, l'humidifie et commence à se nettoyer, histoire de dire qu'il est propre parce que soyons honnête, il n'y a pas de changement flagrant et un avant/après serait inutile.

Il arrive quand même à se sentir plus propre quand le sperme séché n'est plus sur son visage et qu'il a réussi à désincruster le sang coagulé de ses sourcils.
Son visage est anormalement rougi, sa plaie sur le front est suintante mais au moins il reconnaît son propre visage.
La ceinture lui a fait un bleu sur la joue mais il évite de la toucher et préfère essorer le gant gorgé de crasse dans l'eau claire. Il enlève difficilement son haut à cause la douleur qu'il a dans les côtes puis passe le tissu mouillé sur son torse et son dos comme il le peut pour faire partir l'odeur de pisse qui l'accompagne depuis la veille, sans grande réussite là encore.

Ses jambes sont couvertes d'un mélange de rouge et de brun et même s'il avait l'énergie pour frotter son épiderme il constaterait que la teinte s'est incrustée.

Faible et commençant à avoir des vertiges, il pose son outil dans l'évier avec un bruit trempé et le gant gorgé de sang s'écrase dans la cuve sans aucune grâce tandis que Izuku attrape avec difficulté l'une des couches pour adulte qui sont cachées dans un pochon de l'armoire à pharmacie. Il l'enfile en manquant de tomber et retient ses larmes quand il sent ses organes subir le contrecoup de la soirée. Il enfile un de ses vieux pyjamas qui trône sur la pile de linge propre en appréciant la sensation de souillure qui s'atténue en lui.
Il sait que ce n'est que temporaire mais tant pis, ça lui suffit pour le moment.

Il enfile un peignoir par dessus en se sentant frissonner et décide de ne rien ranger quand il quitte la pièce qu'il plonge dans le noir.

Les escaliers sont une véritable épreuve à eux seuls et une fois en bas, il essuie la transpiration qui agresse son front et qui dégouline le long de ses tempes à grosses gouttes.
Il s'avance vers le fauteuil de sa maman et se blottit dedans pour humer son odeur fuyante en fermant les yeux.

Katsuki trépigne en regardant la rue principale en alternance avec son téléphone et quand le second bus scolaire passe sans qu'ils ne l'aient pris, le délégué l'alpague.

- Qu'est-ce que tu fais? On est déjà en retard pour le cours de Present Mic et si on ne part pas maintenant on va complètement le rater! Le blond soupire intérieurement en constatant qu'il a raison. Ça fait déjà vingt-cinq minutes qu'ils poireautent comme des cons et toujours aucun signe de Deku à l'horizon.

- Tant pis, dit-il tout haut en comprenant qu'il ne viendra pas. Suivez-moi et évitez de trop vous faire remarquer. Une main attrape son poignet et il se dégage en lançant un regard meurtrier à son camarade.

- Je peux savoir à quoi tu joues? Dit Iida en remontant ses binocles, Je pensais que ce n'était qu'une petite réunion mais si tu m'as mentit...

- C'est ce qui était prévu! Le coupe l'explosif avec fureur. Maintenant bougez-vous et en silence. Denki bouscule l'épaule du délégué en suivant son ami comme son ombre.

Ils remontent toute la rue en moins de temps qu'il ne fait pour le dire et en voyant la petite maison au milieu de nul part, le blond sent son cœur se serrer dans sa poitrine.

- Et maintenant? Demande le roux à côté de son oreille pour ne pas attirer l'attention de leurs comparses mais surtout pour vérifier que son ami ne soit pas trop dans sa bulle.

- On fait ce qu'on a dit. Dit Katsuki en ne lâchant pas la bâtisse du regard, ayant la sensation qu'elle pourrait lui sauter à la gorge et l'engloutir comme tous les secrets qu'elle a déjà dévoré.

C'est peut-être le pire moment pour le réaliser, pense l'adolescent, mais je suis en train de tomber amoureux de Deku.
Son torse est bouillant d'émotions pour son ami d'enfance mais la terreur qui lui bouffe le cerveau le force à mettre tout ce bordel de côté et de le ressortir plus tard quand l'impression de danger se sera atténuée.

Il se tourne vers les autres qui le regardent avec un air perdu assez uniforme en se disant qu'au vu des faits, c'est un miracle qu'aucun d'entre eux ne lui ait encore fait faux bon.

- On va rentrer chez lui. C'est mieux si ça se passe sans accro mais s'il le faut, je défonce la porte. La dernière phrase a le même effet qu'un répulsif sur les deux adolescents les plus réticents.

- T'es totalement malade, s'exclame la jeune fille en le regardant.

- Tu ne peux pas faire ça, essaie de le faire résonner Iida. C'est une violation de propriété privée.

- On s'en branle, c'est un cas de force majeure! Ils le regardent avec un air réprobateur et le blond, exaspéré, s'agite.

- Barrez-vous! Vous voulez rien faire alors cassez-vous!

- Tu ne comprends pas la gravité de tes actes- commence le délégué.

- MERDE! Lui hurle le blond pour le faire taire.

- J'appelle la police, dit Ochaco en sortant son téléphone de sa poche.

Heureusement, Shoto l'attrape à la volée alors que Katsuki et ses amis s'apprêtent à lui bondir dessus et il emprisonne l'objet dans un bloc de glace sous son regard choqué en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

- Mais tu vas pas bien toi non plus! Dit-elle, sidérée. Elle prend son bien entre ses mains et en constatant qu'il est fichu, elle soupire avant de partir sans se retourner, même sous les demandes de son ami.

- T'es fier de toi? Dit-il au bicolore avec un air réprimandé sur le visage.

- C'est pas la priorité. Répond l'autre en observant leur petite équipe dont les membres principaux sont sous haute tension à cause de la crise de la jeune fille.

Shoto n'est peut-être pas le plus perspicace quand il s'agit de comprendre les sentiments des autres mais en se souvenant des larmes de son camarade la veille, il sait au plus profond de lui que la situation est loin d'être à prendre à la légère.

Le délégué replace ses cheveux sur son front et n'a pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que la personne qui lui pose le plus problème frappe fermement contre la porte d'entrée.

Le détenteur du One for All se réveille en sursaut avant de réaliser avec horreur qu'il n'a pas rêvé les coups qui tambourinent sur la porte. Il se redresse le plus vite qu'il le peut et après avoir resserré la ceinture autour de sa taille il s'approche de la porte. Il a un moment d'hésitation durant lequel il se demande sérieusement s'il ne devrait pas faire le mort mais comme la lumière est allumée et qu'il n'a pas prit la peine de masquer le bruit de ses pas, il entrouvre la porte pour demander à la personne qui elle est et ce qu'elle lui veut.

Un soupire de soulagement se propage dans le torse de l'explosif quand il voit deux yeux verts s'écarquiller dans l'embrasure de la porte avant que l'inquiétude ne le remplace quand il voit une croûte rouge sur son front et ce qui ressemble à un bleu sur sa pommette.

Izuku essaie précipitamment de fermer la porte en voyant plusieurs têtes connues mais son ami d'enfance pose sa main à plat sur la planche de bois qui les sépare.

- Laissez-moi. Dit le vert d'une voix enrouée.

- Deku, il faut qu'on parle. Exige le blond sans pousser la porte mais sans la lâcher non plus.

- Je suis malade, ça peut pas attendre demain? Demande le concerné avant d'entendre la voix de son ancien ami appuyer sa proposition.

- La ferme! Coupe Katsuki. Laisse-nous rentrer Deku. Exige-t-il avec un fond d'urgence dans sa voix qui fait se tordre les tripes du plus jeune dans son ventre.
Il essaie de fermer la porte mais l'autre anticipe son geste et passe son pied dans l'ouverture.

- Partez! Supplie Izuku. Laisse-moi tranquille Kacchan!

- Je sais ce qu'il s'est passé Deku. Je sais ce que tu essaie de nous cacher. Dit le blond, glaçant son sang dans ses veines.

- Casse-toi! Hurle le concerné avec le peu de force qui lui reste mais quand le roux se joint à son ami et force sur la pauvre porte, celui aux taches de rousseurs sait qu'il ne tiendra pas et se précipite vers sa chambre, peu importe s'il se blesse sur le chemin en courant.

Désarçonné par le changement brusque de pression, Katsuki manque de tomber à la renverse mais se rattrape à la maison avant d'ouvrir la porte en grand. Il se dégage du binoclard qui l'avait attrapé par les bras pour le stopper et suit le plus jeune qu'il voit attraper le téléphone fixe qui repose sur la commode en poursuivant sa course vers l'étage.

Izuku se casse la figure sur les marches avant de se relever précipitamment en ignorant la douleur qui coupe sa respiration et le cri du blond qui l'appelle pour le faire se stopper et redouble de vitesse pour atteindre la porte de sa chambre d'une seule respiration.

Il ferme la porte de la petite pièce une seconde avant que ce dernier ne l'atteigne et la clef tremble entre ses doigts alors qu'il la tourne dans la serrure.
Le bruit du verrou se fait entendre au moment où la poignée se tourne et le sang qui pulse à ses oreilles devient plus puissant.

Il retient sa respiration pour entendre celui qui se trouve de l'autre côté jurer et se disputer avec les autres.
Submergé par la peur le garçon n'arrive qu'à en entendre des bribes et fond en larmes d'épuisement en se tenant par les côtes, plié en deux.

- Deku! L'appelle le blond.

- Partez! Dit Izuku en se sentant désarmé. Je vais appeler la police si vous continuez! Il tient fermement le téléphone contre son cœur et se sent prêt à faire n'importe quoi pour que la douleur qui le consume depuis si longtemps s'arrête.

- On sait tout les deux pourquoi tu ne vas pas le faire! Cri l'explosif, lui sous-entendant qu'il n'a pas mentit plus tôt et sait son secret dégoûtant.

- Arrête! Pleure Izuku en se sentant perdre pied. T'as pas le droit!

En l'entendant pleurer et le supplier derrière la porte, Katsuki comprend que ses paroles doivent lui apparaître comme de la torture et il comprend également que la situation peut déraper à tout moment.

- Partez... Geint le garçon à travers la porte avec le peu de force qu'il lui reste.

- Allez-y, dit le blond en se tournant vers son ami. Prenez le métro, allez en cours et faites comme si tout allait bien. Eijiro acquiesce en sachant qu'il ne s'adresse pas à lui, ou du moins pas totalement et il encourage les autres à le suivre en ignorant les plaintes de Iida et en prenant le bicolore par l'épaule car il n'arrive pas à détacher son regard de la scène.

Katsuki frappe doucement sur la porte de la chambre à plusieurs reprises et comme le silence est le seul à répondre, il prend sa voix la plus douce.

- On est que tous les deux Deku. Tu veux bien sortir s'il te plaît?

- Va t'en. Lui demande une petite voix.

- Je partirai pas, tu as besoin d'aide.

- Je suis juste malade, tente le plus jeune car avec sa voix enrouée, il pourrait le croire, n'est ce pas?

- Ça te fait des bleus d'être malade? Le blond a posé sa main sur la porte et se retient de l'enfoncer pour ne pas lui faire peur.

- Parfois. Dit Izuku en mentant effrontément, signifiant à l'autre qu'il ne veut pas parler.
Ce dernier soupire lourdement.

- Tu n'as pas besoin de te protéger de moi Deku. Un silence.

- Je suis désolé de ne pas m'en être rendu compte plus tôt.

- J'ai peur, gémit une toute petite voix qui lui donne envie de le réconforter.

- C'est pour ça que je suis là. Dit l'autre avec un air un peu désespéré. Il laisse quelques secondes passer et ajoute.

- Tu veux bien ouvrir la porte? Il pense d'abord qu'il ne va pas lui répondre ou l'ignorer complètement et commence à penser qu'il a ruiné toutes ses chances, quand il sent une petite clef taper le devant de son pied.

Il ramasse l'objet qui vient de passer sous la porte, la déverrouille et pose sa main sur la poignée. Il prend un instant pour souffler et expulser le stress qui grimpe dans sa gorge avant de murmurer.

- Je rentre.

Son nez est immédiatement agressé par une odeur forte et désagréable qui lui monte à la tête et il essaie de l'ignorer pour chercher Izuku qu'il ne voit pas, même si c'est difficile. Il a envie d'ouvrir la fenêtre pour dissiper l'odeur organique et nauséabonde qui flotte dans l'air mais ce n'est pas sa priorité.

Il entend un couinement effrayé venir de la gauche et il s'avance vers le bureau avant de se pencher dessous pour faire face au garçon qui s'y est recroquevillé.
Ils se regardent en silence durant quelques secondes puis Katsuki tend tout doucement une main vers lui et lui demande.

- Je peux avoir le téléphone? L'adolescent l'a blottit contre son torse et s'y cramponne fermement mais en voyant le regard carmin, il consent à lui donner.

Le blond pose l'objet plus loin et s'assoit à quelques centimètres de son ami qui a crispé ses pieds nus et sales sur son tapis et qui se cache derrière ses jambes.

Izuku déteste la sensation d'être observé et c'est presque pire quand il sent les doigts de Katsuki effleurer son front amoché. Il se crispe instinctivement et recule sa tête. L'autre n'insiste pas.

- Dis-moi si je te fais mal... Murmure-t-il en soulevant son visage après avoir vu quelque chose qui l'intrigue. Ses yeux s'écarquillent un peu quand il voit la zone rougie et il comprend que l'homme a dû le saisir à la gorge.

- Quand est-ce qu'il t'a fait ça?

- Ce matin. Répond fébrilement Izuku en culpabilisant. Il ne devrait pas lui dire, c'est une mauvaise idée d'avouer.

Il voit le blond déglutir avant de le relâcher, acquiescer pour lui-même puis le questionner.

- Tu as d'autres blessures? Le regard coupable qu'il lui lance répond pour lui.

- Tu peux me les montrer?

- Non! Cri le petit du tac au tac.

- D'accord, je comprend. Dit Katsuki d'une voix rassurante.

- Je suis là maintenant, c'est finit. Ajoute-t-il devant l'adolescent peu convaincu.

Il sert sa main dans la sienne doucement et l'observe poser sa tête contre le pied du meuble en fermant les yeux difficilement.

- Tu as mal? Demande le blond avec inquiétude.

- Un peu, ment l'autre qui se sent mourir. Un six sur dix je dirais. Katsuki retient l'information avant de se reconcentrer sur ce qu'il avait prévu à la base.

- Tu sais que tes blessures sont une preuve de ce qu'il t'a fait?

- Il est dans la police Kacchan...

- Ça veut rien dire ça. Lui assure-t-il. Si on a plusieurs preuves en plus de ton état, ils ne pourrons pas le couvrir. C'est la chose la plus sûre à faire. Dit-il en pensant qu'il ne veut pas le mettre encore plus en danger.

- C'est pas si simple. Dit doucement Izuku en le regardant dans les yeux avec un air qu'il ne lui connaissait pas. Après tout, ce n'est pas surprenant qu'il ait changé avec les années et tout ce qu'il a subit et qu'il ne soit pas le même que lorsqu'il est obligé de mentir.

- Pourquoi ça? Le questionne l'autre, prêt à démonter chacun de ses arguments.

- Il a des alliés-

- Des flics?

- Je sais pas, avoue celui aux taches de rousseurs. Des médecins-

- On s'en occupera après alors. Tu te sentirais prêt à témoigner devant quelqu'un?

- Mais je t'ai dit que ses collègues- Katsuki le coupe encore.

- Dans l'optique où on trouverait quelqu'un de confiance, tu pourrais? Izuku se mord les lèvres.

- Je sais pas... J'ai si peur Kacchan. Réalise-t-il avant de se mettre à pleurer. Sa voix déjà cassée fait un bruit si pitoyable que l'explosif ne peut s'empêcher de vouloir le serrer contre lui mais il a trop peur de réveiller ses traumatismes et se limite donc à une main sur sa joue. Il sent les larmes couler le long de ses doigts et ça lui brise le cœur.

- Je te laisserai pas tout seul. Je te jugerai pas Deku, ni sur ce qu'il t'a fait, ni sur ce que tu as pu faire pour lui survivre.

- J'ai pas vraiment le choix, hein? Dit-il entre ses larmes. Le blond ne dément pas et reprend.

- Tu pourrais me dire quand... quand est-ce que ça a commencé?

- Que quoi a commencé? Dit Izuku pour essayer de noyer le poisson. Il n'a pas envie que Katsuki dise ces mots qui lui font si mal ou qu'il insinue ce qu'il s'est passé mais il n'a pas le choix et même si son ami sait que ça lui fait mal, Katsuki le met quand même face à la réalité.

- Je veux savoir depuis quand il te viole. Ou te touche. En regardant ses blessures, il ajoute. Et depuis quand il te tape.

Il laisse les prunelles vertes esquiver son regard et reprend sa main qu'il emprisonne dans la sienne.

- Ça fait des années... commence-t-il après un long silence. Il murmure à peine. J'ai un peu de mal à me souvenir mais... mais je me souviens de l'âge.

- Je t'écoute. L'encourage son ami d'enfance en voyant que c'est difficile pour lui et il sait que la suite va lui déplaire. Izuku ferme les yeux comme s'il allait prendre un coup et, incapable d'oraliser sa réponse, il se contente de lui tendre sa main, doigts écartés.

L'explosif met un moment à comprendre mais quand la réalité le percute de plein fouet, il n'arrive plus à détacher son regard des doigts fins.

- O-Ok. Bégaie-t-il. C'est pas ta faute, Deku. C'est tout sauf ta faute. Il n'obtient aucune réponse et sait que sa remarque est sûrement tombée dans l'oreille d'un sourd mais il ne sait juste plus quoi dire.

- Putain je crois que je vais le tuer. Ça lui échappe et il sent que lui aussi va pleurer. Il se mord la langue et respire longuement avant de poursuivre.

- Tu sais si tu aurais des preuves? Il sent un poids s'enlever de sa cage thoracique en le voyant acquiescer immédiatement.

- Je sais qu'il me prend souvent en photo et en vidéo avec sa caméra mais je crois qu'il la garde toujours avec lui.

Katsuki se mord la langue pour ne pas jurer. S'ils n'ont rien de concret en allant au commissariat, ils risquent de ne pas être pris au sérieux.

- Je crois que tu pourrais trouver des choses dans son bureau. Dit doucement le détenteur du One for All, il y a une pièce vers la gauche et j'ai pas le droit d'y rentrer. Katsuki hoche la tête en reprenant son aplomb habituel. Pourtant il n'a pas envie de poursuivre ses questions car la suivante lui donne déjà envie de mourir.

- Et des preuves organiques? De l'ADN, de la salive ou... Il n'a pas besoin de finir sa phrase parce qu'ils savent tout les deux ce qu'il veut dire.

Izuku lâche sa main, se sentant poisseux et son regard compatissant est insupportable.

- C'est possible, avoue-t-il d'une voix faible. J'ai dû détruire des preuves en me changeant ce matin mais il y a peut-être une chance pour que- qu'il en reste...

Sa phrase fait réaliser à l'autre ce qu'il se passait ici alors qu'ils se questionnaient hier et il a envie de se frapper la tête contre un mur.

- Dans le doute, commence le blond en le regardant de haut en bas, tu devrais changer de vêtements et les mettre dans un sachet stérile. Le blond pense déjà à des sacs poubelle neufs pour protéger les preuves quand il se fait interrompre par une voix honteuse.

- Ça servirait à rien Kacchan...

- Pourquoi? Il triture ses manches en se mordant la lèvre.

- Ils trouveront pas son ADN comme ça, c'est tout.

- Je me suis renseigné et il n'a pas besoin d'avoir... fini pour qu'on trouve des preuves. Il y a les poils ou le pré-sperme. Et tu sais, les médecins pourront constater s'il y a eu pénétration ou pas.

Bien que Izuku ne doute pas du dernier point en sentant le sang remplir sa protection, il renchérit.

- Ça marchera pas dans mon cas, pas comme ça...

- Tu parlais de quoi alors en disant que tu avais peut-être des preuves organiques? Demande le blond avec confusion. Izuku semble faire face à un conflit interne mais finit par grimacer et céder.

- Je parlais bien de ça... mais pas là où tu penses. Katsuki fixe sa bouche un instant de trop et il détourne la tête alors qu'il s'en veut.

- Pardon. Dit-il en comprenant qu'il le met mal à l'aise. Tu as mangé quelque chose depuis?

- Non. Admet le plus jeune sans le regarder.

- Tu t'es lavé les dents? Même réponse.

- Je suis désolé alors mais je vais te demander de continuer comme ça jusqu'à ce qu'on ait été voir la police.

- On peut pas! S'exclame Izuku en lui faisant face.

- Bien sûr que si! Lui répond l'autre. C'est notre seule chance Deku. Tu as des preuves, maintenant!

- Mais il m'a fait boire! Pleure le vert. Ils vont dire que je le voulais et il va me tuer!

- Non, non, non! Le rassure Katsuki en le prenant dans ses bras.

- Ça va bien se passer. Je te le promet, il ne te touchera plus jamais. Le garçon tremble fort dans ses bras et Katsuki le force à le regarder.

- Toi, tu vas te changer, tu vas réunir les preuves que tu as sans les toucher et moi je m'occupe du reste. Il hoche passivement la tête à sa demande et le blond se lève, ouvre l'armoire et cherche des vêtements noirs qu'il tend au garçon qui se tient au bureau.

En fouillant dans le meuble, il trouve un sac à dos simple est le vide avant de le mettre sur son épaule.

Izuku retourne dans la salle de bain tandis que l'explosif va au fond du couloir au pas de course et ouvre la porte qui n'est même pas fermée à clef.

Comme il ne voit pas de caméra de surveillance, il s'avance jusqu'au meuble principal et enfile les gants qu'il avait préparé dans sa poche au cas où quelque chose de ce genre de produirait et commence à vider prudemment et méthodiquement le contenu des tiroirs à la recherche de n'importe quoi.

Il remet les dossiers dans le troisième tiroir après l'avoir fouillé et commence à sérieusement désespérer. Ce n'est pas étonnant que l'homme sache camoufler ses actes si ça fait aussi longtemps qu'il abuse de lui mais Katsuki compte sur son égo et une prise de confiance pour trouver quelque chose.

C'est impossible qu'il n'ait pas laissé quelque chose lui échapper en presque dix ans, pense-t-il en vidant le dernier tiroir de son contenu et après avoir rapidement feuilleté les carnets sans rien trouver de nouveau, il soupire.
Il s'apprête à tout ranger quand quelque chose attire son attention.

Comme il est tout en bas du meuble, il trouve étrange que le tiroir soit si petit et en touchant le fond avec ses doigts, il se rend compte que la planche tremble un peu.
Il reprend les carnets et constate que leur contenu est plutôt récent avec surprise.

- Qui mettrait des choses utiles tout en bas d'un meuble, murmure le garçon en commençant à triturer le bout de bois dans tous les sens pour trouver une manière de le bouger. Il remarque soudain des petites éraflures sur l'un des bords mais n'arrive pas à passer son doigt dans l'interstice.

Il se lève pour ouvrir le tiroir qui est sous le plateau et attrape un bout de fer tordu qu'il avait ignoré au premier coup d'œil avant de retourner face à celui qui lui fait de la résistance.

- Bingo. Dit-il d'une voix concentrée en attrapant la planche pour la sortir après avoir fait levier avec l'outil, puis sort son téléphone. Il photographie la boîte à chaussure calée dans le pied du meuble qui est creux avant de l'attraper délicatement et de la poser au sol devant lui.

Il remarque qu'il y en a aux moins deux autres mais se concentre sur celle-ci qui a l'air plus récente et l'ouvre avant de retenir le sursaut de dégoût qui monte dans sa gorge.
Il met son poing devant sa bouche pour s'empêcher de vomir avant de saisir les premières photos sur la pile et de les regarder avec horreur.

Il les tourne pour voir que la date a été inscrite au dos et ressort son téléphone. Elles ne datent que de quelques semaines et ça lui donne envie de pleurer. Il essaie de trouver les choses les plus accablantes mais ce n'est pas bien difficile puisque la plupart montrent des blessures en train d'être faites dans la chaire de son ami d'enfance, lui évanouit dans une mare de sang ou d'autres choses qu'il essaie de ne pas regarder.

Il fait le point sur son écran tactile, pour la énième fois avant de tout remettre en place et de prendre une autre boîte. Si la première n'est pas pleine, la seconde déborde presque et quand il l'ouvre, il manque de pleurer.

- Non, non je peux pas. Se dit-il pour lui-même en reconnaissant le visage beaucoup plus enfantin de son camarade baigné de larmes ou d'autres de son corps qu'il refuse de regarder avec attention.

Il se force à le faire quand même en remarquant qu'elles ne sont pas vraiment par ordre chronologique et que celles qui sont sur le haut sont vraiment horribles.

Il a dû les manipuler souvent, se dit l'adolescent en regardant les coins abîmés des photos qui ont jaunies. Il soupire longuement en remettant ces immondices dans la boîte et en ignorant ses mains qui tremblent puis se lève pour sortir de la pièce, écœuré.

Il frappe doucement contre la porte de la salle de bain et entend une protestation qu'il ignore.

- Tu sais où je pourrais trouver des sacs poubelles? Dit le blond sans ouvrir la porte.

- Euh... oui. Répond le plus jeune en reprenant son souffle. Il a eu peur qu'il rentre alors qu'il était train de se démener avec son haut qu'il n'arrive pas à mettre à cause de sa côte blessé et réalise qu'il a passé les dix dernières minutes à uniquement changer de protection parce qu'elle commençait à déborder.

- Dans la cuisine, sous l'évier. Il l'entend descendre les escaliers rapidement et se lance un regard dépassé dans le miroir.

Katsuki a enlevé ses gants pour ne pas les déchirer par accident et fouille dans le bazar de produits ménagers jusqu'à tomber sur ce qu'il cherche.

Il sourit en voyant les sacs blancs qui sont beaucoup plus petit que ce à quoi il pensait mais qui l'arrangent vraiment à cet instant.

Il remonte sans perdre de temps et en déroule un après avoir remis ses protections en latex. Il attrape quelques photographies au hasard dans la première boîte et les emballe soigneusement avant de mettre le tout dans la poche de devant qu'il sécurise avec la fermeture éclaire.

Il remet toutes les preuves à leur place originelle sans oublier le bout de ferraille puis s'approche de la pièce adjacente en regardant autour de lui pour voir si rien ne lui échappe, même s'il ne pense pas pouvoir avoir autant de chance.

La porte grince et s'ouvre difficilement et en allumant la lumière, il sent une odeur très chimique qui le dérange immédiatement. Dans le doute, il passe sa manche devant son nez pour ne pas s'intoxiquer mais l'enlève rapidement quand il comprend l'utilité de la pièce.

La lumière rouge qui grésille au plafond, les produits chimiques dans les bacs en plastiques sur les tables et les photos qui pendent sur des cordes lui font comprendre que c'est la chambre noire dans laquelle il développe lui-même ses photographies.

Il allume la lumière de son téléphone pour avoir une meilleure vision sur ce qui l'entoure en écartant la piste d'un complice qui ferait ça pour lui et en regardant le sol, il remarque des petites taches sombres qui sont incrustées dans le béton. Il pense d'abord que c'est de l'encre mais en se déplaçant, il en trouve d'autres et elles le mènent jusqu'à une trappe qui une fois ouverte semble descendre très bas sous la maison.

Il descend en prenant son courage à deux mains, se préparant à exploser la première chose qui se mettrait sur son chemin mais à part les toiles d'araignées, rien ne l'empêche d'arriver dans la cave.

Il ne comprend pas vraiment l'utilité d'un pareil passage jusqu'à ce qu'il se concentre sur les sons qui l'entourent et s'approche de la machine à laver qui est en marche.
Il remarque qu'il y a également des taches sur le sol qui vont jusqu'ici et comprend qu'il doit passer par là pour effacer les preuves plutôt que de traverser toute la maison à chaque fois et potentiellement tomber sur quelqu'un d'indésirable.

Katsuki ne sait toujours pas comment se positionner par rapport à Inko quand il monte de nouveau les escaliers et a mille questions à poser à son ami quand il quitte la pièce au fond du couloir après avoir effacé toute trace de son passage.

- Ta mère n'est pas là? Demande-t-il à celui qui est toujours enfermé.

- Non, elle travaille très loin et n'est pas là souvent. La porte s'entrouvre et Katsuki lui tend le sac pour qu'il puisse mettre ce qu'il veut dedans.

- Tu penses qu'elle sait pour tout ça? Dit la voix de Katsuki à travers la planche qui les sépare.

- Je sais pas. Répond évasivement Izuku en mettant son sous-vêtement dégoûtant dans un sac plastique et en le tassant au fond du contenant avant de faire la même chose le gant.

- J'espère pas. Il ne sait pas s'il pourrait lui pardonner si c'était le cas.

Il sort de la pièce en tenant le contenant de la main gauche et fait face à deux yeux rouges qu'il n'arrive pas à fixer très longtemps. Katsuki récupère le sac qu'il pose contre le mur.

- Tu pourrais me dire où il t'a... touché hiers soir? Les prunelles vertes s'écarquillent devant lui avec peur et il secoue doucement la tête.

- Non... Je veux pas, s'il te plaît Kacchan, je veux pas. Le concerné attrape doucement sa main et susurre doucement des mots pour le rassurer.

- Tout va bien, je veux juste savoir dans quel endroit il t'a fait du mal. Dans la maison, pas sur ton corps. L'autre sèche prestement ses larmes et lui répond d'une façon qui lui fait immédiatement comprendre que la situation le dépasse complètement.

- Dans la chambre et- et dans le grenier. Il caresse doucement le dos de sa main avec son pouce avant de le lâcher. Il voit la respiration de son ami se détendre inconsciemment quand il s'écarte mais ne peut pas lui en vouloir.

- Je ne vais pas y aller, il vaut mieux tout laisser intact.

- Est-ce que... tu as trouvé des choses? Demande timidement le garçon en tirant sur les manches de son gilet.

- Des photos et des taches de sang. Il hoche la tête douloureusement en l'entendant et soupire.

- Je vais t'envoyer nos échanges sms, si tu veux. Katsuki accepte volontiers et part chercher son portable quand l'autre lui dit qu'il est resté sur sa table de chevet.

Le blond fronce son nez en rentrant dans la pièce et décide de chercher d'où vient cette odeur pestilentielle. Il ne lui faut pas longtemps avant de comprend qu'elle vient du lit et de soulever la couette qui est rabattue sur ce dernier.

Il est tétanisé quelques instants devant la tache sombre qui s'étant sur une bonne partie du matelas et la photographie sous plusieurs angles avant de remettre les choses en place, de prendre ce qu'il est venu chercher et de quitter la chambre d'enfant. S'il a perdu tout ce sang en seulement quelques heures, il doit avoir un peu plus mal qu'un six.

Il donne son téléphone à Deku et lui dicte son numéro d'une voix blanche avant de le fixer avec une peine incommensurable. Trop concentré sur son action, le vert ne remarque pas son attitude terrifié.

Katsuki réalise que sa peau est beaucoup plus pâle que d'habitude ainsi que sa posture tordue et n'a que le temps de voir la transpiration sur son front qu'il se fait interrompre par sa voix.

- Tu devrais les recevoir. En effet, il sent la vibration dans sa main et se dépêche d'enregistrer toutes les preuves qu'il a avant de l'entendre l'appeler faiblement.

- Kacchan, qu'est-ce ce que tu veux en retour?

- Pardon? Répond l'explosif devant son air coupable.

- Qu'est-ce que tu attends de moi? Il se doute bien de l'état psychologique désastreux de son Deku mais de le voir en vrai lui brise le cœur. Il sait pertinemment que l'autre n'acceptera pas une réponse comme « rien » ou une débilité dans le genre alors il soupire.

- Je te le dirais plus tard. Pour le moment, tu te contentes d'obéir, d'accord? C'est mal d'utiliser sa faiblesse contre lui mais ça ne doit pas être si terrible si c'est pour son bien, hein?

Il dégage les cheveux qui tombent devant le front de l'adolescent et le photographie avant d'entendre une exclamation effrayée.

- Qu'est-ce que tu fais? En le voyant se reculer, il menace.

- Qu'est-ce que j'ai dit? Ne bouge pas, Deku. Il le voit retenir ses larmes en acquiesçant et une fois qu'il a des images de sa gorge et de sa joue, il cherche d'autres blessures, sans succès.

- C'est bien, Deku. Le rassure le blond en prenant une voix sécurisante. Le petit essuie ses larmes avec les manches de son habit qui couvrent presque complètement ses mains alors que l'autre envoie ses preuves à Eijiro.

Il lui a bien spécifié de ne pas les regarder plus longtemps que le temps qu'il lui faut pour les enregistrer et de ne pas en parler mais quand il reçoit un sms paniqué de son meilleur ami qui lui demande s'il va bien, il doute un instant avant de lui répondre précipitamment que la situation est sous contrôle.

Il regarde de nouveau Deku qui s'est adossé contre le mur et qui le regarde innocemment, attendant la suite.

- Tu sais si un des flics de la ville serait plus à même de te défendre? Comprenant où il veut en venir, Izuku panique.

- Kacchan, c'est pas possible! On doit pas faire ça, c'est comme se jeter dans la gueule du loup!

- Respire, Deku! Lui ordonne Katsuki en voyant qu'il commence à faire une crise de panique. Respire. Il pose sa main sur sa nuque en le regardant attentivement s'agripper à son bras avec détresse.

- Tu me fais confiance? Demande le blond avec sérieux.

- Oui. Geint le plus jeune en se raccrochant à son poignet.

- On a pas le temps de se rendre dans une autre ville. Les preuves vont commencer à s'altérer et tu as une grosse fièvre. Je le répète encore une fois, est-ce que tu connaîtrais un policier qui pourrait nous croire?

Il voit les rouages tourner dans le cerveau de son ami d'enfance et il se mord la lèvre avant de chuchoter.

- Je sais pas...

- Tu es sûr? Dit l'autre en lui laissant un peu d'espace.

- C'est juste que c'est la personne dont il est le plus proche... Avoue Izuku en fixant ses pieds. J'ai peur de me tromper.

- Je ne te mettrai pas en danger, fait moi confiance. Lui assure-t-il.

- Carls Miguel. C'est un policier espagnol qui est arrivé à peu près à la même époque que lui et ils ont vite sympathisé comme ils étaient étrangers tous les deux... Il m'aimait bien quand j'étais petit et passait du temps avec moi quand je devais aller dans le bureau de... de Marcus. Tu l'avais croisé quand on avait dû y aller.

- Ok. Katsuki hoche la tête en se remémorant la tête chauve du bonhomme avant de lui demander.

- Tu as son numéro?

- Je sais plus... Murmure Izuku en regardant la liste de ses contacts. Heureusement, il le trouve et le dicte à l'explosif qui l'appelle immédiatement sur son propre portable.

Il incite l'autre à se taire quand il le voit paniquer et après quelques sonneries, une voix d'homme répond.

- Bonjour, dit Katsuki d'une voix beaucoup plus vulnérable que celle qu'il lui connaît. Je suis un ami d'Izuku et il m'a donné votre numéro parce que j'ai un problème.

- Comment tu t'appelles? Demande l'autre avec attention. Le blond l'entend griffonner son prénom sur une feuille et il ajoute.

- J'étais venu avec lui au commissariat l'année dernière.

- Je me souvient de toi, qu'est-ce qui t'arrives?

- Je vous appelle parce que j'ai peur de croiser son beau-père si je venais. Je le connais bien et j'ai assez honte. Deku le regarde avec des grands yeux, tétanisé par la situation et le regarde tisser son mensonge sans respirer, de peur de tout gâcher.

- C'est pas un problème pour le moment. Je garde ça pour moi.

- En fait, mon ex-copine a des photos de moi et me fait du chantage. J'ai déjà essayé de lui parler mais elle menace de les mettre en ligne. Je sais plus quoi faire... Sa voix est presque suppliante et il se mord la langue en attendant sa réaction.

- D'accord. Cette jeune fille risque gros, et je pense qu'avec ce que tu me dit, elle ne recommencera pas.

- Elle est plutôt persistante et j'ai appris que je n'étais pas la première personne à avoir subit ses menaces. Ajoute Katsuki en voyant que la discussion ne tourne pas en sa faveur.

- Tu te sentirais prêt à porter plainte? Demande l'homme sans savoir que c'est la question qu'il attendait.

- Oui mais j'ai trop peur d'aller au commissariat. Ça m'inquiète assez.

- Il ne faut pas jeune homme mais si ça peut te rassurer, on peut faire ça en extérieur. Bingo, pense l'autre.

- Ça serait mieux, oui. Je n'ai pas cours à neuf heures, ça serait possible?

- Neuf heure et demi. Marchande l'adulte. Il y a un petit café dans la rue du commissariat, ça t'irais?

- Oui. Merci beaucoup, au revoir. Katsuki raccroche en perdant son air pitoyable et fait un léger sourire au garçon qui le regarde avec un air sidéré.

- J'appelle ma mère et on y va. Izuku acquiesce en silence en se disant qu'il a peut-être une chance de s'en sortir, finalement.

- Qu'est-ce que tu veux? Grogne la voix endormie d'une femme. C'est mon seul jour de repos de toute la semaine et tu me réveille à.... Putain sale mioche il est à peine huit heures!

- J'aurais besoin que tu m'excuses auprès du lycée pour aujourd'hui.

- Tu sèches maintenant? Tu sais, la première règle c'est de pas prévenir ses parents. Il ignore sa remarque.

- Tu pourrais le faire ou je demande au vieux? Il s'impatiente un peu.

- T'as intérêt à avoir une bonne raison. Grogne la femme avant de raccrocher.

- Allez, viens. Lui dit Katsuki en lui faisant un signe. Izuku sent sa gorge se serrer quand il regarde les marches d'escalier en face de lui mais il n'a pas le temps de se morfondre intérieurement que l'autre le coupe.

- Met tes bras autour de mon cou.

- Hein? Dit bêtement le plus petit.

- Allez, fait ce que je te dis! S'impatiente le blond. Effrayé, le détenteur du One for All obéis et sent presque immédiatement deux bras passer sous ses genoux et sous son dos, le faisant couiner et se rattraper à sa nuque.

Choqué par le peu de poids qu'il sent entre ses bras, Katsuki a un moment d'arrêt avant de le questionner.

- Tu pèses combien Deku? L'interrogation a l'air de le surprendre mais il lui répond doucement alors qu'il se met en mouvement.

- Euh... Trente-huit kilos je crois. À peu près. Katsuki se retient de jurer en comprenant qu'il en fait presque le double.

- Il faut que tu manges mieux que ça.

- J'ai pas le droit aux féculents et à la viande. Lui avoue l'autre. Il voulait pas.

Il voulait surtout lui couper la croissance, ouais. Peste intérieurement l'explosif.
Katsuki descend les marches en faisant attention à ne pas lui faire mal et ne le pose au sol qu'une fois qu'ils sont devant la porte d'entrée.
Il sait très bien qu'il est blessé mais refuse de l'embêter avec ça car il sait que l'autre est déjà assez stressé et honteux de tout ce qui lui arrive.

Il retire sa veste et la tend au garçon qui le regarde, indécis.

- Met-la. Lui ordonne-t-il.

- Mais et toi?

- J'ai un pull. Tu es bouillant de fièvre alors ne négocie pas.

Izuku pince ses lèvres entre elles avant d'essayer d'enfiler l'habit sans se faire mal, chose qu'il n'arrive pas à faire.

- Qu'est-ce que tu as? Le questionne Katsuki avec inquiétude en le voyant peiner.

- J'ai un peu mal. Dit l'autre d'une voix faible. L'explosif l'aide rapidement et en comprenant que ce sont ses côtes qui le font souffrir, il s'exclame.

- Hors de question que tu marches dans cet état.

Katsuki l'aide à mettre ses chaussures alors qu'il se tient à lui puis regarde son visage rougi et ses yeux vitreux en se disant qu'ils ont intérêt à faire vite.

Il lui enfile sa capuche et le force à monter sur son dos en ignorant ses plaintes et quitte la maison pour affronter le froid du mois de février.

Ils sont seuls dans les rues et si c'est pratique car ils ne passeraient pas inaperçu, le silence global lui permet d'entendre la respiration fastidieuse de son camarade qui vient s'échouer tout près de son oreille. Il marche vite pour éviter de trop le faire souffrir et tient ses cuisses fermement pour ne pas le faire tomber.

Izuku sent ses côtes se faire compresser sur le dos de l'autre et s'il pourrait gérer cette douleur seule, la sensation d'écartèlement qu'il sent sous son bassin le fait pleurer et le pousse à enfouir son visage baigné de larmes dans le cou de l'autre. Il laisse sa joue se frotter contre les mailles du tissu noir et se tenant à son cou avec désespoir.

Il sait que c'est pour son bien et qu'ils n'ont pas le temps de prendre en compte sa douleur mais il n'arrive pas à retenir complètement ses plaintes et s'en veut parce qu'il l'inquiète.

Katsuki a envie d'appeler une ambulance mais il est bien trop conscient que s'il le fait sans qu'ils aient porté plainte, tout ses efforts auront été vains. Leurs chances sont déjà minces et il refuse de le perdre aussi bêtement. Il mise toutes ses chances sur la résistance de son ami et même si l'image de sa literie refuse de quitter son esprit plus de quelques minutes, il sait qu'il est fort et peut tenir encore un peu.

Il le dépose devant la bouche de métro pour payer leurs tickets et le porte de nouveau jusqu'au quais où il le laisse souffler un instant.

- Ça va aller? Lui demande-t-il en le voyant essuyer ses joues de ses mains tremblantes. Putain ce qu'il s'en veut de le voir souffrir.

- Oui... Je suis fatigué Kacchan. Confesse le plus jeune qui sent son rectum hurler d'une douleur vive.

- Ne t'endors pas surtout. Lui ordonne l'autre en se disant qu'il n'a vraiment pas besoin de le voir tomber dans le coma.

- D'accord. Leur moyen de transport arrive rapidement et ils rentrent en quelques secondes, restant près des portes.

Katsuki lui propose de se mettre sur un siège mais comme il est incapable de se pencher sans avoir l'impression de partir, il refuse.
Sachant qu'ils vont se faire bousculer à un moment donné et qu'il n'a pas envie de voir l'autre souffrir un peu plus, il le fait se tenir à une barre et se place devant lui comme une barrière en plaçant le sac du côté de son ventre. Ils n'ont clairement pas besoin de se le faire voler maintenant.

Une fois dans la périphérie de la ville, Katsuki se contente de donner sa main à l'autre pour l'aider à avancer en surveillant l'heure. Heureusement pour lui, ils sont en avance et Deku met toute son énergie à traverser les rues qui sont en pente.

Un soupire de soulagement leur échappe quand ils voient le café à la devanture grise et le blond arrête son camarade et le force à lui faire face.

- Quand on rentre, tu vas directement aux toilettes et tu t'enfermes dans une cabine. Tu ne bouges pas de là tant que tu ne reçois pas mon message. Il le voit acquiescer sagement et ça le rassure. Si jamais tu te sens mal ou qu'il y a le moindre problème, tu me le dis. Je serais sur la terrasse ou à l'intérieur avec lui si tout se passe bien.

- Et si jamais ça se passe mal? Lui demande l'autre avec des larmes pleins les yeux.

- Ça se passera bien. Dit-il en serrant sa main. Si jamais ça n'était pas le cas, je t'enverrai un message et à ce moment là tu appelles le lycée en disant qu'on est en danger de mort et que tu as besoin de héros en urgence.

- Mais ils vont contacter la police et ça va se retourner contre nous. Lui réplique l'autre.

- Il y a forcément un risque mais je n'ai pas le numéro de nos profs, désolé.

- J'ai celui d'All Might! S'exclame Izuku.

- Bien. Plan B, si jamais ça se passe mal, tu l'appelles et lui dit que tu es en danger. Tu lui envoies tes coordonnées et tu ne sors sous aucun prétexte, c'est clair?

- Oui Kacchan. Ce dernier sait très bien que la présence de héros attirerait l'attention et c'est la dernière chose dont ils ont besoin maintenant.

S'ils arrivent à isoler Marcus, ils ont toutes leurs chances, sinon... il préfère ne pas y penser.

Il se dirige immédiatement au comptoir pour commander un café noir sans regarder l'autre qui passe entre les tables pour aller se cacher. Il doit lui faire confiance aussi et c'est beaucoup plus difficile que ce qu'il aimerait bien faire croire.
Il s'installe à une table qui donne sur l'extérieur et regarde chaque personne qui s'approche de l'entrée en tenant l'autre au courant.

Il appuie à peine sur le bouton envoyer que le policier rentre dans l'établissement en le cherchant du regard. Katsuki lui fait un signe de main en avalant sa salive avec peine et en serrant plus près le sac à ses côtés.

L'homme hispanique s'installe en face de lui et après lui avoir serré la main en évitant de faire trembler la sienne, il s'autorise un instant pour fermer les yeux. L'autre a sortit un carnet et un stylo et le regarde avec un air professionnel.

Merde, il est en train d'avoir un gros trou de mémoire. Il joue avec la tirette de son sac puis se lance.

- J'ai une question pour vous, comment réagiriez-vous si l'un de vos collègues commettait un crime? L'homme le regarde d'un air un peu désarçonné avec de souffler d'un rire nerveux.

- Je sais pas! On doit se faire confiance, tu sais. Sinon, on ne peut pas faire notre boulot correctement. Il prend un instant pour gratter les poils de son bouc.

- Je ferais ce que j'ai à faire. Je suis flic après tout. Il lui fait un petit sourire avant d'appuyer sur son stylo pour faire sortir la mine, lui faisant comprendre qu'il voudrait commencer.

- Je suis pas venu pour ça. Admet Katsuki sous son regard qui devient plus hostile. J'ai mentit.

- Je peux savoir pourquoi? Lui demande l'homme avec les sourcils froncés. La tension est plus que palpable et le temps semble s'être arrêté entre eux. Le café est presque vide mais les employés sont plongés dans leurs besognes et les octogénaires qui lisent leurs journaux ne risquent pas de les écouter.

- Parce que je voulais vous attirez à l'extérieur. Je n'ai pas mentit quand j'ai dit que j'avais besoin d'aide mais ce n'est pas pour moi.

- Continue. Lui ordonne l'autre. Il n'aime pas du tout la tournure des événements et ce jeune homme n'a clairement pas l'air d'être là pour faire polémique ou l'avoir attiré dans un piège. La détresse dans son regard est bien loin de ce qu'il voit dans les yeux des petites racailles qu'ils confrontent habituellement.

- L'un de vos collègues est très dangereux et a commit un crime. Si j'étais venu dans le commissariat il aurait pu se douter de quelque chose et ça aurait mis mon ami en danger mortel.

- C'est très grave ce que tu dis. Le menace l'adulte, n'arrivant pas à le croire. Ce qu'il lui dit est logique mais il connaît ses camarades depuis des années et ils sont tous droits dans leurs bottes.

- J'ai des preuves. Dit le garçon d'un air glacial. J'en ai avec moi et j'en ai envoyé à un allié qui les a en double.

Le policier n'est pas stupide et comprend bien que l'autre tente de le dissuader de les détruire. Ce gamin n'a vraiment pas confiance en lui et semble avoir pris tellement de précautions que ça lui fait se tordre les tripes.

- Mon ami est blessé donc ce serait bien qu'on fasse vite. Katsuki a envie de le mettre sous pression pour le pousser dans ses retranchements. Il ne ment pas mais plus ils vont vite, plus il a les commandes.

- Gravement? Demande l'homme en remarquant la main du jeune qui tremble sur la table.

- Probablement. J'ai besoin de savoir ce que vous allez faire maintenant, sinon je considère que vous refusez et je vous classe comme son complice. Miguel lui fait signe qu'il encaisse les informations. Ce jeune homme est déterminé à arriver à ses fins, constate l'adulte. Il n'aime pas l'idée de s'être fait piéger aussi facilement plus tôt mais s'il ne cherche pas les ennuis, il peut peut-être lui pardonner.

- Si tu as des preuves de ce que tu avances, je ne vois pas pourquoi je refuserais. Sache que c'est très grave de faire de fausses accusations et que tu risques gros.

Il ne reçoit qu'un regard glacial et dédaigneux et ajoute.

- Je préfère prévenir.

- On a essayé de ne pas altérer les preuves mais je ne suis pas un professionnel et il est possible qu'on retrouve mon ADN. Dit Katsuki en tapant un texto à toute vitesse sur son téléphone.

- Où est ton ami? Demande l'homme avec inquiétude. Si c'est un gosse de son âge, il est peut-être seul et démuni à attendre des secours dans un coin.

- Il arrive, dit l'autre en rangeant son portable. Quelques secondes plus tard, un adolescent capuchonné s'approche de leur table et s'installe aux côtés du blond en gardant la tête baissée.

Katsuki retire l'habit qui couvre sa tête et le flic reconnaît le visage du jeune homme avec affolement.

- Izuku! Tu vas bien? Tu veux qu'on appelle Marcus? Il relève la tête avec horreur en se tournant vers son ami.

- Kacchan! C'est presque un appel à l'aide et l'explosif attrape sa main alors que l'adulte regarde les ecchymoses sur son visage. Peut-être que l'un de leur collègue a dérapé et a frappé le garçon durant une patrouille?

- Je lui ai pas encore dit, du calme Deku. Il se tourne vers l'homme et dit de sa voix la plus sinistre.

- On est venu porter plainte pour viol. L'autre entend presque ses oreilles siffler. C'est surréaliste. Il en voit tous les jours des gosses abîmés mais il ne pensait pas qu'il devrait un jour faire face à ce gamin souriant qu'il a vu grandir par les mots de son collègue en face de lui, en victime.

- Pour être plus précis, dit Katsuki en ne lâchant pas la main tremblante de l'autre. Viols répétés avec violence qui ont été fait par son beau-père durant plusieurs années. Izuku pleure contre son épaule, incapable de l'entendre dire toutes ces choses si facilement alors qu'elles sont toute sa vie.

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