31: Je fais des rêves bizarres où je souris en silence

N'oubliez pas de commenter vos ressentis et vos idées ça me fait toujours plaisir de parler avec vous.

Tout est obscurité. C'est oppressant. Je ne sais pas pourquoi mais l'air semble être fait de danger. J'essaie de bouger mes bras vers l'avant mais c'est comme si j'étais sous l'eau: je rencontre une résistance. La même chose se passe quand je bouge mes pieds et je me rend compte que je flotte dans un espèce de vide compact. Ma gorge est également sous vide et je ne sais pas si j'ai les yeux ouverts ou fermés.
Mes membres s'alourdissent soudainement sans que rien n'ait pût l'annoncer et mes poumons semblent se décoller et s'emplir d'air froid et coupant alors que je tombe dans le néant. Mes bras bougent désespérément dans le vide pour chercher une prise que je ne trouve pas et mes yeux captent soudain un lueur rouge au loin avant que je ne tombe brutalement sur du béton. Je m'étonne de ne pas pas être blessé et je me relève en ignorant le vent qui siffle dans mes oreilles.

Le vent, il est terrible. Violent, froid et tranchant comme des larmes de rasoirs. Je tremble de tout mon être. Je remarque que mes pieds sont nus et collants sur le sol quand je me déplace, cherchant un point de repère et ne voyant rien autour de moi. Je me tourne quand j'aperçois de nouveau la lueur pour lui faire face et je décide de me diriger vers elle car dans cet endroit inconnu et qui me semble plus qu'hostile, elle m'apparaît comme une veilleuse, la chose logique à atteindre. Je me sens comme un enfant en danger.

Je réprime les frissons qui me parcourent et alors que je m'apprête à commencer cette traversée, une main attrape mon poignet.
Je me tourne brusquement prêt à me battre et je tombe sur Todoroki que je perçois à peine tant la luminosité est faible me faire signe de le suivre alors que ses cheveux volent devant son visage. Il ne me lâche pas pour ne pas me perdre et fait quelques pas dans la direction contraire à la lumière, ce qui alerte tous mes instincts qui me disent de partir dans l'autre sens à tout prix, mais ce sentiment se calme quand je vois les autres qui se tiennent par les bras pour ne pas s'égarer. En me voyant, Eijiro lâche la main de Denki, me serre contre lui avec force et je lui rend son étreinte en constatant qu'ils tremblent tous de peur. Comme moi.
Je les regarde tous un par un, Denki, Todoroki, Eijiro, Iida, l'autre salope... Il ne manque que Deku. Cette information traverse mon esprit furtivement avant de se perdre ailleurs.

J'attrape la main moite du roux dans la mienne et il la serre en entrelaçant nos doigts avant de se tourner vers nos camarades.
- Où sommes-nous? Dit Ochaco d'une voix effrayée en se tournant vers nous mais nous avons à peine le temps de l'entendre que le vent devient encore plus violent et il me semble même être composé de cris. Je plaque mes mains comme mes oreilles comme je le peux en entendant ce qui sonne comme des hurlements de torture et nous comprenons tous instinctivement qu'il ne faut pas parler. J'entend des bruits de pas qui courent venir de derrière nous et se rapprocher très vite et alors que je pense que nous allons nous faire bousculer par quelqu'un, le bruit nous traverse avant de se perdre dans le lointain dans la direction de la lueur.
Nous apparaissant comme un phare, je la pointe du doigt en regardant les autres et je les vois acquiescer avec un air déterminé pour la plupart et nous commençons à avancer.

Je retourne à l'endroit où j'ai atterri et en faisant quelques pas de plus, je manque de m'entraver dans le vide. Je me rattrape à mon meilleur ami qui me tient puis je pose délicatement mon pied dans ce qui semble être une eau très froide. Je comprend que nous devions être sur le rebord d'un bassin et je sens le béton sous mes orteils que je bouge. Heureusement pour nous, le liquide s'arrête aux chevilles mais quelque chose se remue en moi. Quelque chose sonne faux dans ma phrase, un truc en moi me pousse à sortir le mot « eau » de ma bouche et le cracher au loin. Ce n'est pas de l'eau mais se pencher sur la question serait, me semble-t-il trop dévastateur.
Je ne regarde pas mes pieds quand j'avance et je fixe la lumière qui ne bouge pas alors que nous nous efforçons de ne pas la quitter des yeux. Le liquide fait des reflets sombres sur son passage et le vent qui nous englobe nous fait beaucoup ralentir et nous pousse presque vers l'arrière.
La lumière floue semble presque s'affaiblir et aillant l'impression qu'elle devient plus fade, je lâche la main de Kirishima et les pousse à courir avec moi car si elle disparaît, nous serons perdu au milieu de rien sans possibilité de rebrousser chemin.

Attirant les adolescents comme des papillons de nuit, la lumière se balance au rythme des soufflements de la tempête et ces derniers se rendent comptent que peut importe la vitesse à laquelle ils se précipitent vers elle, elle ne grossit pas ou très peu.
Katsuki sait qu'il pourrait aller beaucoup plus vite mais se séparer dans cet endroit semble être une pure folie.
Leur course semble durer des heures mais ils arrivent finalement à la voir plus distinctement et finissent même par comprendre ce qu'elle est quand ils la voient se balancer depuis un câble qui la tient tendue et qui vient de l'obscurité plus haut.
N'étant plus qu'à une centaine de mètres, ils accélèrent leur foulée en ignorant la douleur insupportable dans leurs mollets et le béton qui érafle leurs orteils et leurs talons. Leur respiration est presque plus puissante que le vent et ils n'entendent plus que leur cœur pulser à leurs oreilles quand ils voient le sol remonter en pente douce pour créer une séparation avec cette mer poisseuse et indescriptible.
Leurs muscles sont brûlant d'effort quand ils sont enfin arrivés à destination et ils regardent la lampe en verre qui brille d'un éclat rouge au dessus d'eux en se dévissant le cou et ils comprennent rapidement que même en s'escaladant les uns les autres ils ne pourraient pas l'atteindre.

C'est rageant de faire tout ça pour rien, pensais-je avant de me tourner vers les autres qui regardent toujours la lanterne, comme hypnotisés. Que faire maintenant? Attendre? Attendre quoi?
Trop plongé dans mes pensées, je met un certain temps avant de me rendre compte qu'un grincement répétitif se fait entendre tout proche de nous et je croise le regard vairon qui semble avoir fait la même constatation. Après avoir attiré l'attention des autres, nous avançons dans sa direction et comme je comprend qu'il vient du dessus, je lève la tête et manque de pousser un cri de surprise.
Le grincement, c'est celui d'une corde de pendu qui se balance d'avant en arrière et que fait bouger Deku.

Il nous regarde en souriant et prend encore plus d'élan comme sur une balançoire en poussant ses jambes de l'arrière vers l'avant. Il est assit dans son creux et se tient aux bords nonchalamment avant de se lâcher et de sauter pour atterrir devant nous en trébuchant. Il ne quitte pas son sourire en se relevant et je remarque que le nœud coulant remonte dans la noirceur profonde alors que la lampe descend au même rythme. Deku s'en approche et l'attrape par la anse et nous voyons maintenant ce qui provoque cette lumière et contrairement à ce que je pouvais penser, ce n'est ni une ampoule ou une flamme mais un liquide bouillonnant dans lequel se trouve plusieurs yeux qui ressemblent à du verre fondu et dont la pupille est noire qui nous a attiré.
Il tend la lanterne devant lui et nous le suivons instinctivement car il ne semble pas se préoccuper de notre présence. Il avance comme ça durant plusieurs minutes avant d'accrocher la lampe sur un panneau de bois.
Je m'approche pour lire ce qui est écrit dessus et si le fait que l'encre noire ait été clairement appliquée à la main est déjà assez effrayant, le message l'est encore plus.
« RÈGLE NUMÉRO 1, SOURIRE EN SILENCE »

Izuku s'approche de moi quand je me recule du panneau et approche ses mains de mon visage en souriant avant de mettre ses deux pouces dans ma bouche et pincer mes joues avec ses indexs pour me faire un sourire. Il retire ses mains et j'obéis sagement, sentant que je risque gros si je ne suis pas ses consignes. Il répète la même action avec Todoroki et Denki avant que les autres ne le fassent d'eux même. Nous nous regardons avec inquiétude sans changer d'expression et, semblant satisfait, Deku  nous tourne le dos avant d'avancer jusqu'à une porte en bois abîmée que je n'avais pas vu auparavant.
Il l'ouvre avec un grincement sonore et pénètre dans ce qui semble être une espèce de gelée noire. Il s'enfonce dans le néant jusqu'à ce que nous ne le voyions plus et je lui emboîte le pas avec les autres car il a l'air de savoir ce qu'il fait contrairement à nous.

D'abord comme un lointain écho, des rires d'enfants me parviennent petit à petit et une lumière apparaît devant nous. Je reconnais immédiatement le parc de mon enfance et je vois au même moment Deku qui s'est assit sur un banc et qui nous fait signe de le rejoindre.
- Kacchan attends-moi! Je me tourne sur le côté pour voir une version miniature d'Izuku courir vers mon moi enfant qui est entouré d'autres garçons. J'ai l'air d'avoir six ou sept ans et je regarde la scène bouche-bée sans comprendre vraiment ce qu'il se passe.
Le moi enfant fait un sourire cruel en croisant les bras avant de faire non de la tête.
- T'es qu'un bébé Deku! Va jouer avec les autres bébés dans le bac à sable et laisse nous tranquille.
- Je suis pas un bébé! S'exclame le plus jeune en commençant à pleurer.
- Si! Même que tu pleures comme un bébé et que t'as pas d'alter! Je me tourne vers les autres garçons qui sourient devant la scène et leur fait un signe de la tête avant de partir en courant dans une des structures du parc. Izuku essaie de nous suivre mais ses petites jambes ne sont pas assez rapides et sentant qu'il se donne en spectacle, il s'arrête.
- Va jouer avec les petits dans le bac à sable et reviens nous voir quand tu seras grand Deku! Cri le petit garçon que j'étais. J'ai envie de rassurer l'enfant qui pleure mais je croise le regard mesquin de Ochaco et j'ai envie de la frapper. Une sensation de déjà-vu se remue en moi et je comprend que tout ceci est un souvenir de celui aux taches de rousseurs. Deku se lève du banc pour se rapprocher de son lui petit qui s'est isolé et il l'attrape par les cheveux pour l'attirer à lui et essuyer ses larmes, le relâche violemment et déchire son haut dans le sens de la longueur avant de le laisser s'échouer au sol.
La violence de ses gestes envers lui-même me surprend beaucoup et je constate encore la conséquence que mes actions ont eu sur lui. L'adolescent souriant lui tend une poupée de son héros préféré qui était cachée dans son dos et le petit garçon répond à son sourire avant de nous faire dos et de partir jouer avec.
Alors qu'un sentiment de soulagement devrait nous prendre, c'en est un d'horreur qui nous saisit quand nous voyons la cicatrice béante et fraîche sur la colonne vertébrale de l'enfant qui court.
Je me dis tout d'abord que celle-ci n'est pas réelle et que Deku ne l'avait pas quand il était à la maison mais je me rends vite compte que je ne peux pas l'affirmer avec certitude et je m'en veux de ne pas avoir fait preuve d'assez d'attention à son égard et d'être incapable d'affirmer quelque chose de si basique.

L'hôte se détourne de sa version plus jeune et nous le suivons quand il ouvre une porte au milieu de nul part et qu'il pénètre dans le vide qu'elle présente. Nous nous retrouvons de nouveau dans cet endroit sombre et plein de vent mais cette fois-ci je vois directement l'autre porte en face de nous. Même si elle est aussi abîmée que la précédente, elle attire mon attention par un détail, un porte-parapluie plein. Deku en attrape un pour lui, l'ouvre au dessus de sa tête en nous lançant un regard en coin avant d'ouvrir le passage suivant.
La sensation d'avoir la toile en plastique au dessus de ma tête est agréable et le bruit des gouttes qui tombent dessus l'est encore plus. Nous avançons de nouveau jusqu'au milieu du parc mais cette fois-ci, il fait presque nuit et il n'y a personne autour de nous. Je suis bien content de pouvoir rester au sec quand j'entends soudain la voix d'Izuku s'élever dans les airs avec quelque chose de suppliant.
- Non je ne veux pas rentrer! Nous avançons pour voir le garçon d'un ou deux ans plus âgé faire face à un homme très grand et robuste. Il est presque inhumain tant il est disproportionnellement immense par rapport au petit garçon en face de lui. Son visage est flou et assombrit et ses yeux ressortent d'un rouge effrayant. Je n'arrive pas à l'identifier mais j'ai l'impression étrange de l'avoir déjà vu quelque part. L'enfant tremble de terreur en lui faisant face mais à la place de se taire et de sauver sa peau, il cri.
- Je veux pas aller à la maison!
- On rentre maintenant Izuku. S'exclame la voix grave. Elle non plus ne peut être réelle. Elle est presque incompréhensible tant elle est basse, elle résonne dans tout mon être et je me sens plus en danger que lorsque j'ai dû combattre la ligue. Serait-il un vilain?
- Non!
- Ne commence pas à m'énerver ou tu vas le payer cher. Le petit garçon sert ses poings très fort et lui lance.
- Je m'en fiche! Je vais le dire à maman! Je vais tout lui dire! Un rire démoniaque sort de la gorge de l'adulte et je sens mon cœur se fractionner et ma prise se ressert sur l'objet en métal pour me rassurer.
- Et tu penses qu'elle va te croire?
- Oui! C'est ma maman! Il essuie son front trempé et le regarde en tremblant de plus belle.
- Soit sérieux deux minutes, dit-il d'une voix trop calme. Qui penses-tu qu'elle va croire? L'adulte ou l'enfant qui a tué l'homme qu'elle aimait?
- Je n'ai tué personne. Répond le petit avec une voix un peu plus incertaine.
- Oh si ma souris. C'est de ta faute si ton papa est mort.
- Non! C'est pas vrai! Il est pas mort, et- et c'est pas ma faute! Il pleure avec une respiration chaotique et l'autre s'exclame.
- Bien sûr que si! Tout est ta faute! Quel enfant tue son propre père alors qu'il n'a même pas d'alter pour rendre sa pauvre mère fière de lui?
- Il n'est pas mort! Tu mens!
- C'est moi qui l'ait décroché de sa branche. Assène l'adulte. Il le laisse absorber la phrase et rajoute. Tu aurais dû voir ça, il avait la figure violette et s'était fait dessus. Ton père puait la merde et le cadavre quand on l'a foutu au sol et sa peau partait déjà en lambeaux sur le bout de ses doigts. Il se balançait comme une merde avec les yeux ouverts et dès que je l'ai vu, je me suis dis « Ah ça, c'est encore un gamin sans alter qui a déçu ses parents ». Il s'approche de lui et se penche vers son visage. « Encore un enfant qui devrait se faire punir pour avoir ruiné la vie de ses parents qui l'aimaient si fort ».  Le petit garçon respire très vite en le regardant avec des grands yeux.
- C'est pas vrai. Murmure-t-il, tentant encore de ne pas faire face à l'horrible réalité. L'autre lui sourit et l'enfant se met à courir comme un fou vers la clairière qui longe le parc.
Nous le suivons sagement et je vois Deku qui fait tourner son parapluie entre ses doigts devant moi. Arrivé au cimetière, on voit le jeune garçon regarder toutes les tombes une par une jusqu'à s'écrouler devant l'une d'entre elle en pleurant. Avachi sur le marbre, le petit hurle presque à se déchirer les poumons en psalmodiant des excuses en lui demandant de revenir vers lui.
Sans l'avoir vu venir, une main attrape la tête du garçon et le tire au dessus du sol alors qu'il cri de douleur. Il essaie de saisir la main de l'autre avec les siennes pour lui faire lâcher prise mais l'autre le relâche avant qu'il n'ait put faire quoi que soit.
- Ne me désobéit plus jamais. Grogne la voix de l'homme alors qu'il le traîne jusqu'à une voiture qui est garée devant la grille d'entrée et dont le moteur ronronne.
Nous les regardons partir sans bouger et Izuku ferme son parapluie, toujours souriant, et s'approche d'un mausolée qu'il ouvre avant de pénétrer à l'intérieur.

Sans surprise nous sommes de retour dans cet endroit vide de tout et le vent souffle toujours plus fort à mes oreilles alors que je me rend compte que le parapluie a disparu d'entre mes doigts. Le sol se met à trembler de plus en plus vite et mes yeux s'écarquillent alors que Denki s'accroche à moi avec frayeur. Je le tiens contre moi jusqu'à ce que le roux nous remarque et pose une main discrète sur l'épaule de son copain.
L'adolescent nous guide de nouveau vers ce qui ressemble à une porte en très mauvais état alors que que le sol tremble toujours et quand il se stabilise, le jour semble apparaître de l'autre côté. Nous traversons cette dernière et lorsque Iida apparaît en dernier et descend des deux marches qui la suivent, le bus referme ses portes et s'en va.
Deku nous fait marcher dans les rues de notre ville nonchalamment jusqu'à ce qu'on arrive en face d'un pont que je reconnais bien car je le prenais tous les jours à l'époque du collège.
À cet instant, je vois un Deku -qui dois en revenir- pleurant, essuyer ses larmes avec les paumes de ses mains tandis que son uniforme est sale sur son corps tout fin. Il ne dois pas avoir fini sa deuxième année de collège au vu de son apparence et sa joue rougie m'indique qu'il a dû se prendre une gifle peu avant.
Il regarde la rivière en contre-bas qui se déchaîne sur des rochers avant de poser son sac jaune sur le rebord, de monter dessus et de sauter lâchement dans une tentative d'en finir. Je sens mon cœur s'arrêter quand je le vois faire et j'ai un mouvement désespéré de la main dans sa direction mais il est déjà trop tard et il disparaît sous la rambarde avant qu'un bruit mat couvert par des éclaboussures se fasse entendre. De toute façon, Deku continue sa marche en traversant le pont alors que la scène se répète en boucle et que la version collégienne de lui-même s'approche du pont en pleurant et s'en jette.
Nous arrivons au collège alors que ma gorge est serrée et mon esprit se repasse en boucle ce que je viens de voir avec douleur.
Todoroki me pose une main sur l'épaule en signe de soutient mais le fait qu'il ait toujours ce sourire disproportionné collé sur la face rend l'effet beaucoup moins fort.

Dès que nous pénétrons dans l'enceinte de l'établissement, des chuchotements se font entendre dans l'air autour de nous et même en plaquant mes mains contres mes oreilles, je les entends toujours. Je réussi à saisir quelques mots dans le brouhaha continu et comprend que ce sont des insultes et des remarques dénigrantes qu'il a dût se recevoir.
Il nous guide jusqu'à notre ancienne classe et il ouvre la porte sans rentrer dedans pour que nous puissions entendre les paroles qui s'en échappent.
- Tu devrais sauter du toit et espérer avoir un alter dans une prochaine vie. J'entends des rires suivre ces mots mais je plaque mes mains contre mes oreilles pour ne pas en entendre plus en m'éloignant un peu des autres adolescents pour éviter d'affronter leur jugement. La phrase assassine se répète en boucle comme un écho et je me dégage de mon meilleur ami qui a posé une main sur mon bras.
- Izuku est inutile, tout le monde le sait! Une voix de fille, qui s'ajoute à la mienne.
- Les gens comme lui ne peuvent rien faire, il devrait mourir. Une autre voix qui se couple aux deux autres et se répète.
- Il n'a aucun avenir.
- Quel gâchis d'espace.
- Il fait des caprices...
- Tu as tout ruiné, notre amitié, son avenir, la confiance de nos professeurs...
- Va crever!
- Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi!
- Tu m'as beaucoup déçu...
- Je ne sais pas pourquoi il t'a fait confiance mais soit... Je reconnais certaines voix dans ces insultes et je me sens comme si elles m'étaient adressées. J'ai envie de les faire taire.
- On a qu'à demander à Izuku de nous montrer!
- Petite pute...
- Joyeux anniversaire...
La dernière phrase ne se répète pas comme les autres et je reconnais le bruit grave qu'elle fait avant de ne plus rien entendre. Je retire mes mains de mes oreilles mais il n'y a plus aucun bruit, même quand je marche pour m'approcher de notre guide ou qu'il ouvre la fenêtre de la classe vide.
Il saute par la fenêtre dans le néant qui commence à devenir habituel et nous l'imitons un par un tandis que l'ironie de la situation me fait presque ricaner.

Deku nous fixe alors que nous arrivons un par un en tenant la lanterne qu'il a retrouvé on ne sait comment et nous guide jusqu'à un mur de pierres froides et imposantes. Il passe sa main sur les pierres pour les essuyer et je remarque que nous avons les pieds dans l'eau. Il appuie sur une pierre, l'enfonce dans le vide, ce qui déclenche un passage secret et les fait s'écarter les unes des autres.

Nous progressons sur un sentier de terre humide qui longe une forêt qui n'est pas très loin de chez nous et nous nous baladons alors qu'une pluie de grêlons commence à nous tomber dessus. Le garçon aux cheveux verts en attrape certains au vol et commence à les faire sauter dans ses mains alors qu'ils sont de plus en plus gros tandis que d'autres lui tombent dessus et écorchent son visage jusqu'au sang sans qu'il ne se protège. Nous nous protégeons comme nous le pouvons sans qu'il ne ralentisse sa marche pour autant et un cri se fait entendre. Je suppose instinctivement que quelqu'un s'est pris un grêlon sur la tête mais personne n'est présent dans les sous-bois et la seule chose visible est un puit condamné et perdu à un tournant.
Une mélodie fredonnée se fait entendre avec de l'écho après un moment de silence et le guide se tourne vers la cavité en roche. Plus nous nous en approchons, plus la mélodie est forte. Deku se penche au dessus du vide en laissant perler sa blessure de son visage jusque dans la cavité et quand une goutte tombe de son nez dans le vide, il souris plus grandement.
Je me penche également pour voir si quelqu'un est à l'intérieur mais je ne vois rien jusqu'à ce que je me sente basculer vers l'avant sans pouvoir me retenir au bord car la pierre est recouverte de mousse glissante. Je ferme les yeux pour éviter de voir le fond se rapprocher mais ça n'arrive jamais.

En sentant le sol sous mes pieds, j'ouvre les yeux avec hébétement et je réalise que je suis chez Deku. Déstabilisé, je manque de tomber par terre mais les autres arrivent derrière moi en sortant de nul part et Eijiro me rattrape pendant que nous nous regardons sans rien faire jusqu'à ce que le propriétaire se fraye un chemin pour prendre la tête de la file. Nous avançons dans le couloir qui semble s'étirer comme un chewing-gum et je sens mes côtes empresser mes poumons sans que je puisse mettre le doigt sur ce qui me met inconfortable. La luminosité est faible, la lampe du couloir est grésillante et je sursaute presque quand une porte s'ouvre en grand sur notre droite.
Notre regard se dirige instantanément sur l'interstice qu'elle présente pour apercevoir le reflet de Deku dans un miroir éclairé d'une lumière blanche. Je remarque que son œil au beurre noir s'est aggravé et j'ai presque l'impression que sa pupille saigne.
Il ne fait rien au premier abord mais quand je me rapproche, je constate qu'il avale des gélules. Il en prend une dans sa main, la pose sur sa langue, ferme la bouche et l'avale, il en prend une dans sa main, la pose sur sa langue, ferme la bouche et l'avale, il en prend une... Je n'ai que le temps de voir ses larmes couler sur ses joues que je le dépasse.
Il nous fait circuler dans le premier étage de sa maison jusqu'à ce qu'il tourne vers la droite et monte les escaliers qui mènent au grenier. Le bruit de mes pieds sur le bois est fort et semble même résonner dans toute la bâtisse et c'est également le cas quand il tourne la poignée grinçante ou qu'il ouvre la porte sombre.
Nous marchons sur le parquet abîmé sans comprendre ce que nous faisons ici et je ne vois rien car la pièce est plongée dans une obscurité terrifiante. Deux yeux rouges fumants nous font soudainement face sauf que cette fois, ils regardent directement Deku.
Il lui fait un petit signe de la main pour qu'il s'approche alors que le vent se lève autour de nous et que notre vision se réduit. L'adolescent s'avance sagement jusqu'à la forme massive mais ma vision devient floue tandis qu'il se baisse devant lui en relevant la tête. Les mêmes bruits de pas que j'avais entendu avant se font entendre dans notre dos et je vois toutes les versions de mon ami d'enfance se mettre devant nous en souriant alors que je le vois plus loin en train d'ouvrir la bouche.
J'essaie de me concentrer sur mon ami qui fait face à cet homme mais je n'ai que le temps de le voir tirer la langue que des petites mains d'enfant se posent sur mes joues et le visage trempé de pluie de la version du cimetière se met devant moi pour me cacher la vue.
Je regarde avec panique son petit visage terrifié mais souriant et j'essaie de voir celui à genoux sans succès même si au fond de moi, je sens que quelque chose de grave se passe quand j'entends des bruits indécents et gutturaux venir de devant nous.

Les cris commencent à emplir la pièce en même temps que le vent s'intensifie et alors que tous les adolescents sont piégés par les différentes versions du détenteur du One for All, celle qui maintient Denki arrête de sourire un instant et pose son nez contre celui du jeune homme terrifié. Pour les autres, ses lèvres bougent dans le vide mais les yeux du blond s'écarquillent quand il le fait. Il brise la règle et tout semble s'arrêter.

Izuku ouvrit les yeux assez brutalement, comme à chaque fois après un cauchemar mais la différence fondamentale entre les fois précédentes et celle-ci, c'était les six paires d'yeux qui le regardaient avec un mélange de peur, de pitié et d'inquiétude.
Il se redressa rapidement sur les coudes pour faire face à cette situation un peu délicate avec plus de contrôle et les souvenirs de son rêve se couplant avec leur réaction, il comprit que tout ce qu'ils avaient vécu durant les dernières heures avait été réel.

Ils étaient dans une salle qui devait servir d'infirmerie au vu des lits alignés et des armoires pleines de soins et il remarqua une silhouette aux cheveux bleus endormie sous une couverture dans le seul autre lit qui était occupé. Il observa la fille de la psychologue plongée dans l'inconscience pour esquiver voire dissuader ses camarades de classe de le questionner mais en les voyant approcher de son chevet, il comprit qu'il n'y couperait pas et qu'il avait tout intérêt à se trouver une bonne défense rapidement.

Au pied du mur, sa salive se bloqua dans sa gorge et en voyant certains d'entre eux ouvrir la bouche pour l'interroger puis la refermer un peu bêtement, ce n'est pas la peur qui domina ses émotions mais cette rage habituellement tapie au fond de lui qui escalada tout son être jusqu'à le faire trembler. Comment avaient-ils osé pénétrer dans son intimité la plus profonde sans aucune gêne ou délicatesse et en plus se permettre de le questionner?

Denki fut le premier à parler et sa voix fébrile donna directement le ton de la conversation qui allait suivre.
- Izuku, tu... Tu vas bien? Il s'était tordu les doigts en lui posant cette question que tous se posaient et ils guettaient la moindre faille dans son regard, la moindre fébrilité pour se décider à croire que ce qu'ils venaient d'expérimenter n'avait été que pure vérité ou mensonge.
C'est tout naturellement que le garçon se vêtit de son vieux sourire artificiel et se donna un air gêné tout aussi faux quand il répondit d'une voix douce.
- Bien sûr que je vais bien. En voyant l'air septique de son camarade, il ajouta.

- C'est juste un cauchemar, ça arrive à tout le monde.

- Tu es sûr de toi? Izuku tourna sa tête vers son ami d'enfance qui était celui le plus éloigné de son lit. En fait, il se cramponnait au sien avec beaucoup trop de force pour que ça ne soit pas inquiétant et le regard qu'il lui lançait fit quelque peu trembler son mensonge alors qu'il lui répondait.

- Vous n'avez pas compris, dit-il en se tournant vers les autres pour les convaincre également, ce n'était pas réel, rien n'était réel! Est-ce qu'on pourrait laisser ça de côté, je suis un peu fatigué... Il voulait expédier cette conversation le plus vite possible, ne se sentant pas de taille face à leur jugement.

Ils s'étaient tous tue et une atmosphère pesante se baladait entre eux alors qu'il sentait la transpiration de ses sueurs froides couler en gouttes épaisses dans son dos.
Faites que quelqu'un intervienne, pensa-t-il le plus fort possible.

- Pourtant, dit la voix du blond en s'élevant de nouveau dans l'air, je sais que certaines des choses que l'on a vu se sont réellement passées. Les sourcils froncés par la concentration, il se tourna vers lui alors que ses pensées se mettaient en place et que le brouillard de confusion qui l'enveloppait se disloquait. Pourquoi ce serait différent pour le reste? Il vit les regards se tourner unanimement vers celui aux taches de rousseurs pour entendre sa réponse.

Un air agacé échappa au jeune homme avant qu'il ne réponde avec moins de patience qu'avant.
- Laissez-moi tranquille. Kacchan, je suis fatigué et j'aimerais me reposer en paix maintenant.

- Alors c'est vrai? S'exclama Eijiro avec un peu d'inquiétude. Si c'est le cas il faut que tu en parles Izuku, ça m'avait tout l'air d'être assez grave... À la simple mention que ce secret soit partagé par d'autres personnes, Izuku sentit quelque chose se rompre en lui et la colère monta jusque dans sa voix.

- Ça vous regarde pas! C'est ma vie privée que vous avez envie d'étaler à je ne sais qui et ça c'est hors de question!

- Mais Izuku- Commença Shoto

- LA FERME! Rugit l'autre en les regardant au tour à tour. Vous n'avez rien à dire, aucune initiative à prendre! Arrêtez de croire que vous me connaissez si bien. Il inspira une grande bouffée d'air avant de reprendre plus calmement.

- Je vais très bien et ce qui se passe dans ma tête ne vous regarde pas. Il regarda le bicolore pour essayer de le refaire tomber dans ses filets. Je suis désolé mais j'ai du mal avec le fait que mon intimité n'ait pas été respectée. Il vit Denki acquiescer du coin de l'œil à l'entente de sa dernière phrase et ça le conforta un peu dans sa manipulation. Plus que quiconque, c'est toi qui peut le comprendre Shoto.

Il observa les expressions de chacun de ses camarades mais il commençait à voir le doute dans leur pupilles, dans leurs regards fuyants et dans leurs lèvres pincées. Il n'arrivait plus à les convaincre et à les aveugler par ses mirages aussi facilement et il sentait déjà la main autour de son cou se serrer quand l'autre apprendrait que leurs petites entrevues avaient été ébruitées. Il avala péniblement sa salive et fixa celui qui lui causait le plus de stress directement dans les yeux mais le feu brûlant de défit et d'intelligence qu'il aperçu dans les prunelles carminées le forcèrent à parler.

Sa voix sortit de son corps comme si elle venait directement de son âme, comme si elle ne lui appartenait pas. C'était quelque chose d'effrayant à voir et tous autant qu'ils furent sentirent leur cœur se crisper dans leur thorax tandis qu'il s'adressait à eux comme on s'adresse à une proie. Même le blond, réputé pour être une tête brûlée se sentit piégé.

- Si vous en parler à qui que ce soit, commença-t-il d'une voix lente comme un poison, je ne vous adresserait plus jamais la parole. Et croyez moi, je ferais de votre vie un enfer sur terre. C'est clair, Katsuki?

Il ne regardait que lui mais tous savaient qu'ils étaient concernés et quand l'explosif se mit à trembler imperceptiblement à la mention de son nom entier, Izuku se dit qu'il avait réussit à sauver les meubles.

- Très clair Deku. Les autres bondirent sur l'occasion pour acquiescer et le garçon se permit un petit sourire candide avant d'ajouter.

- Merci! Je ne sais pas si je pourrais vivre en sachant que tout le monde sait ce que je peux penser ou imaginer. Ces paroles semblèrent faire résonner quelque chose chez Iida puisqu'il lui dit avec son air habituel de bien-pensant.

- Nous comprenons tout à fait ne t'inquiète pas pour ça. Personne n'aimerait vivre ça, personne ne saura rien de ce qu'il vient de se passer tu as notre parole de héros.

La scène semblait surréaliste pour Katsuki qui paraissait être le seul à être réveillé. Il voyait plus que jamais le sourire faux de Deku alors qu'il les remerciait grandement et un flot de pensées commença à le submerger tandis qu'il le voyait les hypnotiser avec de nouveaux mensonges. Comment faisaient-ils pour se laisser avoir aussi aisément? C'était évident, non? Depuis combien de temps leur servait-il cette mascarade? Des semaines, des mois? C'était aussi effrayant que fascinant et il se rendait compte d'à quel point le cerveau pouvait accepter n'importe quoi pourvu que ça cache le dérangeant.

La porte s'ouvrît soudainement et ils se tournèrent tous comme un seul homme vers le petit garçon qui venait d'entrer. D'abord surpris, il leur présenta rapidement un air bougon et marmonna en fourrant ses mains dans ses poches.

- Votre prof veut vous voir dans son bureau le plus vite possible, suivez-moi.

- Merci Kota. Répondît Izuku en souriant avant que le plus jeune ne se tourne vers lui.

- Toi tu restes ici. Il a dit que Midoriya et celle qui dort encore devaient se reposer en priorité.

- Je vais veiller sur elle jusqu'à son réveil alors. Dit-il en pensant qu'il devrait vérifier qu'elle ne savait rien de ce secret.

- Pourquoi? Questionna Ochaco, parlant pour la première fois depuis son réveil.

- Parce qu'ils ne sont pas responsable du bordel que vous avez foutus dans le réfectoire, idiote! Katsuki ne rît même pas en l'entendant se faire insulter, trop concentré et submergé par ses idées qui se superposaient et se mélangeaient violemment.

Dans le bureau d'Aïzawa, ses mains tremblaient de plus en plus et compter le nombre de dalles en carrelage n'y changeait rien. L'adulte leur criait dessus, les sermonnait mais il n'arrivait tout simplement pas à reprendre pied avec la réalité car à chaque fois qu'il tentait de se concentrer, la vision du visage souriant de son ami d'enfance revenait au premier plan de son esprit couplé avec les bruits horrifiants qu'il essayait d'oublier tant bien que mal.

Essayer d'oublier était trop dur mais se concentrer sur la punition qu'ils étaient en train de recevoir était tout aussi terrible si bien que lorsqu'il les laissa partir, Katsuki ne demanda pas son reste et alla s'exiler à l'extérieur aux abords du sous-bois.

Eijiro qui l'avait vu trembler durant tout l'entretien et qui s'était retenu de le suivre pour lui laisser un peu d'intimité décida pourtant de le faire quand il le vit s'adosser difficilement à un arbre et s'affaisser à même le sol. Il se défit de la prise de son amant en lui expliquant qu'il n'en avait pas pour longtemps et après un regard compréhensif de sa part, il le rejoignit en trottinant.

Je ne peux pas être le seul à l'avoir entendu... Ce bruit de succion... Quelqu'un a forcément compris comme moi. Et s'il avait raison? Que ça n'avait été qu'un rêve? J'ai déjà fait des rêves étranges... Mais c'était pas un rêve...
Les mains enfoncées dans ses orbites, sa respiration devenait de plus en plus laborieuse.
Deku n'a pas pût inventer tout ça, c'est pas possible. Mais le cerveau humain est capable de tellement de choses... Peut-être que l'inconfort constant était dû au fait qu'on n'avait rien à faire dans une tête qui n'était pas la nôtre?
Un sentiment terriblement désagréable grimpait le long de sa colonne vertébrale alors qu'il réalisait ce que tout ceci voulait potentiellement dire. Il cri animal commença à naître au fond de sa gorge et mourrait progressivement sur ses lèvres en continu quand il sentit une main forte saisir son poignet et le faire lever de terre.

Il fit face à son meilleur ami en quelques secondes et le roux essuya la larme solitaire qui coulait sur sa joue en soupirant tristement.
À la place de le calmer cette interaction rendit la respiration du blond de plus en plus irrégulière jusqu'à en devenir chaotique et même avec les mains de l'autre sur ses joues  et sa voix qui le poussait à se calmer, rien ne faisait effet.

Katsuki le repoussa soudain, le contact de son ami étant de trop et il posa une main sur sa propre bouche pour tenter de se reprendre mais ses yeux se perdaient dans tous les sens.

Il s'est trahi. Combien de fois s'est-il trahi exactement ? Des centaines, au moins des centaines... Je n'en ai vu aucune... Comment se fait-il que je n'arrive pas à trouver un seul exemple d'un moment où il a laissé un indice? Quelque chose lui échapper? Je sais qu'il y en a mais pourquoi je n'en trouve pas?

- Pourquoi? Sa voix était suppliante et il pleurait de nouveau. Un instant, il pensa qu'il pleurait trop en ce moment mais son cerveau s'était agrippé à un sujet trop juteux pour le laisser filer si facilement. Une angoisse lourde lui dévorait la cervelle et c'était tellement plaisant pour elle qu'il en mourrait. Quelque chose lui échappait, quelque chose de trop grave mais c'était si insaisissable, si mortel, si tabou que ça lui glissait entre les doigts comme de la fumée. La main rugueuse passait entre ses omoplates pour tenter de le détendre mais les yeux perdus dans le vide, l'explosif se laissait aveugler par ses larmes alors que des phrases tournaient dans sa tête sans s'arrêter.

Ce rêve était trop connoté pour que ce soit accidentel, bien trop violent et sanglant pour que ce ne soit qu'un détail. Pourquoi ne voulait-il pas qu'on l'aide? Il l'a déjà vécu, hein, alors pourquoi? La honte? Le déni? C'était terminé, non? Un souvenir le frappa soudain de plein fouet et la violence le fit momentanément arrêter de respirer.

« - Tout va bien Deku... C'est finit.
- Non... C'est jamais finit... »

Ses yeux rouges s'ouvrent en grand. Il a envie de rire et de pleurer en même temps, alors il le fait. Il part dans un rire amer assez terrifiant entrecoupé de hoquets violents jusqu'à ce qu'il se penche en avant et qu'il vomisse tout ce qu'il a dans l'estomac et plus encore. Ses mains sont moites et serrées étroitement entres elles et il ne peut retenir les quelques explosions qui se perdent et déchirent ses paumes.

Pourquoi la vérité fait-elle si mal quand elle frappe? Pourquoi semble-t-elle si surnaturelle?
Ce genre de chose n'arrive qu'aux autres ou que dans les films, dans les faits divers un peu trop sordides qu'on lit le soir cachés sous nos couvertures.

Ça n'arrive jamais sous notre nez et aux gens qu'on connaît. Ça ne peut pas arriver aux gens qu'on connaît.

- Katsuki regarde-moi.

- Non. Pleure-t-il en regardant le sol.

- C'est fini, s'il te plaît il faut que tu te calmes!

- Rien n'est fini... Eijiro, il a mentit. IL A MENTIT! Il hurle à s'en déchirer les poumons et l'autre se précipite à ses côtés pour le faire se relever et le blottir contre son torse en ignorant ses sanglots.

- Il a mentit... Gémi le blond contre son oreille en s'arrachant les cheveux. Le silence les dévore dans l'obscurité qui les entoure.

- Je sais. Avoue enfin le roux, permettant à l'autre de ne pas devenir totalement fou.

- Il est en danger.

- Je sais... Dit l'autre en essuyant les larmes qui dévalent ses joues à vitesse grand v.

- Il faut faire quelque chose. Vite. Sentant qu'il est en train de partir de nouveau en vrille et qu'il peut presque voir l'adrénaline couler dans ses veines, Eijiro l'attrape dans une poigne ferme et le force à le regarder.

- Pas maintenant. En voyant qu'il commence à protester, il ajoute. Sers-toi de ta tête Katsuki, soit malin. Si tu y vas maintenant, il va se braquer et tu risques de tout faire foirer. Ça va prendre du temps de faire quelque chose qui ressemble à un vrai plan.

- En attendant il sera en danger! Je veux pas qu'il soit en danger. Le rouquin trouve qu'il a vraiment l'air d'un gosse effrayé quand il prononce cette phrase en pleurant.

- Je sais bien! Je sais tout ça! Il faut prendre le risque.

- Il se fait taper dessus, Eijiro. Je sais pas par qui ou depuis combien de temps mais il se fait battre.

- C'est ce que j'ai compris aussi... Une phrase pendue au bout de sa langue, Katsuki n'arrive pas à la retenir.

- Je crois qu'il a été abusé. Je ne sais pas si c'est vrai mais j'ai la putain d'impression qu'il a vécu un truc très grave. Voyant qu'il commence à parler dans le vide et à repartir dans une crise, le rouquin pose une main sur son bras et quand il capte ses yeux affolés, il lui dit d'un air confiant.

- Je te crois. J'ai confiance en toi et je sais que tu vas le sauver mais pas tout de suite. Maintenant, ajoute-t-il en attrapant son visage dans le creux de ses mains, tu vas te coucher. Tu te débrouilles pour dormir et rester en forme car sinon tu ne pourras rien faire. Il frotte son nez contre le sien un instant et quand il voit le feu qui brûle ardemment dans ses pupilles, il sait qu'il est prêt à tout.

Eijiro se met à chuchoter des instructions très près de son visage et il a presque envie de l'embrasser quand il le voit fermer les yeux et faire papillonner ses paupières afin de faire fuir les dernières larmes.

- Là, tu vas faire comme si rien ne s'était passé, que rien ne t'avais perturbé dans ses paroles et tu vas garder chaque détail dans un coin de ta tête. Chaque parole, chaque acte...Je sais que tu en es capable Kat.
Il le vit essuyer son menton couvert de bile en acquiesçant avant de pencher sa tête vers l'arrière pour se reprendre puis partir en direction des dortoirs.

- Et soigne tes mains aussi! Lui lance-t-il avant qu'il ne passe la porte.

Eijiro lève le regard vers la lune pendant ce qui lui paraît quelques minutes mais en sentant la main chaude se frayer un chemin dans la sienne, il comprend que ça doit faire bien plus longtemps que ça. Il attrape les doigts de son amoureux et les serre fermement entre les siens pour l'attirer contre son torse et l'étreindre.
Le nez plongé dans ses mèches blondes il fait de légers mouvements de balancier pour se calmer lui aussi et ne s'arrête que lorsque Denki s'écarte de lui avec douceur.

- Il te plaît, n'est-ce pas? Lui dit-il en regardant le ciel pour éviter son regard.

- Oui. Avoue le roux après un moment de réflexion. Mais c'est de toi dont je suis vraiment amoureux.

- Je sais Eiji. Ce dernier se tourne vers celui à l'éclair et il ne sait pas s'il doit le coller contre son corps pour se faire pardonner ou lui laisser de l'espace.

- Je suis désolé. Se décide-t-il à dire. Il l'entend rire nerveusement à ses côtés et ça le met mal à l'aise.

- Ne soit pas désolé, Eijiro.

- Mais c'est mal ce que je fais. Persiste à dire le plus grand des deux.

- C'est normal, Eiji. C'est Katsuki. Il lui donne un petit coup dans l'épaule et ajoute. Tu peux me donner le nom de quelqu'un qui ne fantasme pas sur lui? Un sourire soulagé se pose sur ses lèvres et il ne peut s'empêcher d'attraper son compagnon dans ses bras un peu brusquement et de le soulever de terre. Automatiquement, il sent ses jambes autour de sa taille et ses lèvres plonger sur les siennes pour un baiser réconfortant.

Eijiro profite d'un de ces moments rares avec son copain pour le cajoler entre ses bras mais quand il le sent trembler contre lui, il se rappelle soudain qu'il n'a qu'un haut à manches courtes. Il le dépose alors devant lui en frictionnant ses bras et plonge dans ses pupilles dorées.

- S'il m'avait proposé de sortir avec lui avant nous deux j'aurais quand même refusé tu sais. Tu me plais vraiment beaucoup. Commençant à avoir l'habitude de ce genre de remarques sorties de nul part de la part de son partenaire, Denki soupire un instant et glisse sa langue dans sa bouche pour le faire taire.

- Si tu as la possibilité de l'embrasser, fais-le. Fais-le comme si c'était moi et il comprendra ce qu'il rate. Il le sent rire contre ses lèvres. Et si jamais il n'en a pas assez, propose-lui un plan à trois.

- Denki! Dit-il avec choc alors que l'autre part dans un fou rire contre son torse.

Quand il est calmé, il prend sa main dans la sienne et le guide jusque dans le bâtiment obscur et silencieux. Il est tard et à part le bruit de leurs pas et de leurs respirations, il n'y a aucun signe de vie dans la bâtisse. Alors qu'ils arrivent vers l'escalier qui les mèneraient vers leur dortoir, le blond l'attire vers le couloir de gauche sans s'arrêter en lui faisant signe de se taire.
Étant plus curieux que soucieux, le rouquin le suit sans broncher jusqu'à la porte de la salle où Aïzawa leur fait cours la journée. N'y tenant plus, il chuchote.

- Qu'est-ce qu'on fait ici? L'électrique se retourne avec un sourire malicieux en posant une main sur la poignée derrière lui.

- J'ai remarqué que la porte n'avait pas de verrou, dit-il en l'enclenchant pour leur ouvrir le passage, et comme je n'ai pas sommeil et que tu me manques... Il lui sourit, le laisse rentrer et referme silencieusement la porte avant de se blottir contre son corps chaud.

Comme à son habitude, Eijiro devient un peu anxieux mais contrairement aux autres fois, Denki est décidé à le faire se détendre une bonne fois pour toute.
En constatant que l'embrasser n'est pas suffisant et que ses mains ne quittent pas sa chute de reins malgré ses tentatives subtiles, il prend son courage à deux mains et s'assoit sur le bureau de leur professeur qui semble beaucoup plus spacieux quand il est vide.
Il déglutit en réalisant ce qu'il est en train de faire mais tire sur le haut de son copain pour le rapprocher de lui et ne pas se laisser le temps de trop cogiter.
La salle de classe n'est remplie que du doux son de leur respiration anarchique quand ils se blottissent l'un contre l'autre et de celui du tissus qui bouge quand leurs mains palpent le ventre et le torse de leur partenaire.

Denki a vraiment l'impression d'être dans l'un de ses rêves érotiques mais comme d'habitude il se réveille frustré avant que rien ne se soit passé et qu'il en a plus que marre, il glisse sa main dans le sous-vêtement de son amant alors qu'il est occupé à embrasser sa jugulaire.
Et oh putain oui, il adore sentir son érection contre sa paume.
Il l'entend autant qu'il le sent sursauter contre lui alors qu'il profite de chaque sensation de plaisir que toucher son amant lui procure et il sent deux mains fortes se crisper dans ses hanches alors qu'il s'esclaffe un peu trop fortement.

- Denki! Il croise son regard choqué et lui répond dans la seconde avec la même énergie.

- Quoi?! J'ai envie de toi Eiji, c'est normal! Il le voit se mordre la lèvre et lui répondre comme s'il était face à un dilemme.

- Je- moi aussi! Mais pas là, pas comme ça... Tu veux tout de même pas qu'on le fasse ici? De toute façon j'ai pas de préservatifs ou de lubrifiant. Dit-il comme si ça clôturait la conversation.

- Tu sais, il y a une invention merveilleuse qui s'appelle la salive et il se trouve que j'en ai plein la bouche. S'exclame-t-il, un peu à bout. Son langage cru surprend visiblement le pauvre adolescent en face de lui qui essaie tant bien que mal de faire des phrases sensées tout en ayant une main autour de son sexe pulsant et il pense un instant qu'il va le rendre fou.

- On ne peut pas faire l'amour ici, Denki! C'est pas prudent. Le blond touche son menton de deux doigts et lèche ses lèvres en même temps qu'il serre son corps contre le sien avec ses jambes.

- Qui a parlé de faire l'amour? En le voyant cligner des yeux de confusion, il commence à bouger sa main de haut en bas doucement et la vision du plaisir sur son visage lui donne envie de se toucher lui-même urgemment.

- Qu'est-ce que tu veux dire? Dit-il en commençant à perdre pied. Denki retire sa main de son caleçon et s'agrippe à la table sans le quitter des yeux.

- Je veux dire que je ne supporte plus de jouer au chat et à la souris avec toi constamment et que ma vie est une suite de frustration constante parce que j'ai l'impression que tu passes ton temps à m'allumer pour mieux me délaisser après. Il s'interrompt pour soupirer de plaisir en fermant les yeux avant de les rouvrir pour le regarder avec quelque chose de plus brumeux.

- Tu vois, tu as juste posé tes mains sur mes cuisses et j'ai l'impression que je vais exploser d'une seconde à l'autre. Sa voix est suppliante malgré lui et Eijiro regarde ses mains qui étaient, pour lui posées innocemment et il les remonte un peu pour le voir écarter les jambes au fur et à mesure en retenant difficilement un gémissement.

- Je m'étais pas rendu compte que c'était à ce point... Dit-il d'une voix plus grave en détachant naturellement le premier bouton du pantalon de Denki alors qu'il sent ses pieds s'enfoncer dans son derrière pour coller leurs bassins le plus possible. Il l'aide à entrouvrir prestement son bas pour avoir accès à l'avant de son sous vêtement et il passe un des bras du blond autour de ses épaules au même moment où il susurre contre son oreille.

- Je vais m'occuper de toi, maintenant. Même si son ton est plus rassurant que séducteur, Denki ne peut s'empêcher de sentir sa respiration se bloquer dans sa gorge et entendre un bruit étouffé en sortir sans son contrôle.

Il déplace le jogging de son copain pour avoir accès à son entre-jambe mais comme il n'y arrive pas à une seule main, le roux qui a baissé son pantalon pour qu'il ne soit pas dans le passage s'accroche à ses fesses et se plaque contre lui pour les soulager tant bien que mal.

Ils se frottent l'un à l'autre avec fougue et Denki découvre avec plaisir que son copain à l'air de savoir s'y faire quand il se laisse aller, et il laisse un râle de satisfaction s'échouer juste à côté de son oreille tandis qu'il sent le plaisir monter en vagues successives dans son bassin qui se fait malmener alors que maintenant, il est presque allongé contre le bureau en bois ciré.
En l'entendant prendre du plaisir, Eijiro se sent perdre totalement pied avec la réalité et en quelques secondes à peine, leurs sexes s'entrechoquent, se stimulent et se satisfassent dans un mélange de bruits visqueux et de gémissements.

Tandis les deux adolescents voient les étoiles dans une étreinte serrée, Marcus ressent le même plaisir à quelques centaines de kilomètres d'eux en pensant à des photographies sanguinolentes et âgées de plusieurs années alors qu'il est dans le lit conjugal aux côtés de sa compagne.

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