25: Ambiance méphistophélique pour une déclaration.


Courir. Toujours courir. Encore et plus vite. Plus loins.
Dans les bruits des pas qui claquent, dans cette mer de sang que je ne peux voir et du béton qui agresse ma peau.

Suivre la lumière rouge.

La lumière rouge qui se balance au loins. Elle est floue, même quand je plisse les yeux.
J'entends le vent, j'entends des cris. J'entends mes cris. Des cris lointains et qui viennent d'un autre temps. Des réminiscences qui chuchotent des secrets aussi sales que dangereux.
Ils courent dans ma mémoire comme je cours, perdus, affolés, aveugles avec pour seul guide et seule directive la lumière rouge.

Ma respiration est fastidieuse, j'ai mal mais je redouble de vitesse sans que rien ni personne ne semble pouvoir m'en empêcher.
J'ai envie de hurler, mais la peur est si encrée en moi que je refoule ce hurlement. Je le refoule au plus profond de moi, encore, et encore, et encore. Dans un endroit qui, je crois, n'a pas encore été atteint et ce par qui que ce soit.
Il est si bien refoulé que c'est cet endroit tout entier qui hurle. Qui se déchire sous ce bruit, sous les cordes vocales qui se brisent en vibrant et qui pourtant, crient en un crescendo infernal que rien ne peux arrêter. Le sol vibre, l'air vibre, le sang qui englobe jusqu'à mes chevilles vibre.
C'est douloureux. Ce bruit inhumain, atroce, chthonien ne fait que croître, il est partout. Il est tout. Tous ce qu'il ne pourra jamais faire comprendre avec des mots, même les meilleurs et les plus méticuleusement choisis.
Il est invivable, plus que mortel il est la mort. Il est ma mort. Il est mort.
Muet, je cours toujours en le laissant brûler mes tympans de sa signification, et je mélange le sel de mes larmes au sang de ce cri, et avant que l'obscurité fatale me réveille, la lampe suspendue à la lumière rouge explose, révélant le contour d'une porte qui me rappelle il y a longtemps.

*

Je marche dans une rue inconnue, mon nouveau mentor à mes côtés. C'est étrange, je ne sais plus si je suis excité d'être avec un héros grâce à un stage, un héros qui sait pour mon alter et qui peut me conseiller ou si je suis lassé, fatigué de ne pas connaître un endroit où je peux être en sécurité, où je n'aurais pas à mentir, où tout ceci ne serait jamais arrivé.
Je regarde l'homme à côté de moi, cet homme en tenue de héros qui me voit comme la relève, qui a confiance.
Moi je ne préfère pas penser à cet avenir. Je préfère laisser mes rêves en sécurité au cas où je ne vivrais pas assez longtemps pour en voir plus que leurs contours.
Je veux vivre et je dois vivre. J'ai une mission, un héritage. Cet alter.
J'endure, j'encaisse. Je dois vivre.
Mais... il me pousse à bout. Toujours et encore.
Nous sommes dans le métro, et j'observe mon maître. Je ne vivrais pas autant que lui. Je ne... peut-être que je n'aurais même pas le temps d'avoir mon diplôme? Je tourne les yeux vers le trajet de notre ligne. Je me l'avoue enfin.
Un silence assourdissant et lourd empli ma tête, ma mâchoire et ma cage thoracique. Pourtant le métro nous fait doucement dodeliner.
Le déni a un goût amer et est lourd comme du plomb dans ma bouche, mais l'air est frais et empli les gens de légèreté. Même si la réalité est dure comme la justice, froide comme le fer et coupante comme une lame.
Je ne vivrais pas assez longtemps pour avoir mon diplôme.
En fait, au rythme où vont les choses, je ne vivrais plus au mois de juin. Je ne verrais plus les feuilles brunir et rougeoyer, tomber en une valse agile sur le sol rejoindre leurs congénères. Peut-être qu'aujourd'hui est le dernier jour où mes yeux voient un ciel clair, des nuages de cotons filer entre les coups de vents et de pluies. Le 12 novembre est un jour merveilleux pour mourir après tout.
Je retiens mes larmes sombrement et je regarde mon téléphone pour cliquer sur la notification que j'ai reçu. Un article bien illustré de héros et de dessins sanglants m'informent des spéculations et des actions de Stain, un vilain que je connais malheureusement par Iida.
Nous descendons quand je repense à mon ami, en larmes après nous avoir expliqué la situation dans laquelle son frère se trouve.
Je pense sombrement qu'au moins, ce dernier est en vie.
Je ne peux sûrement pas comprendre ce qu'il ressent. À part pour ma mère, je n'ai jamais connu une affection similaire à celle que mon ami a pour son frère, et encore ce n'est peut-être pas comparable...
*
Toujours est-il qu'après un drôle de concours de circonstances, je me retrouve dans une ruelle, plaqué contre un mur à écouter une conversation surréaliste entre les deux personnes auxquelles je pensais justement.
Je suis assez éloigné d'eux pour ne pas me faire repérer et pourtant une forte odeur de fer parvient jusqu'à moi et titille mes narines, me faisant réaliser que je vais devoir agir vite pour sauver mon ami et l'autre victime dont j'aperçois seulement la silhouette.
J'ai à peine le temps d'envoyer ma géolocalisation à tous mes contacts que le vilain s'apprête à porter le coup fatal, me faisant bondir or de ma cachette.
Je me précipite jusqu'à lui, et lui envoie mon poing dans la mâchoire, ce qui le fait quelque peu tituber et s'éloigner. Mes yeux perçoivent malgré moi l'état de mon ami et le sang qui s'étale ça et là en flaques épaisses, agressant mes sens par leur couleur et leur odeur.
Sans que je comprenne comment, je me met à repenser au grenier et aux actions qui s'y trament alors que je ferais mieux de me concentrer sur le vilain qui me fait face, qui est armé et qui ne semble pas vraiment ravi de mon intervention. Mon ami m'appelle faiblement, m'aidant un peu à reprendre pied avec la réalité alors que l'ennemi me fixe d'un regard mort.
Je réfléchi à toute vitesse, comprenant que Iida va avoir besoin de soins urgents comme l'autre victime et que le combat qui va suivre va être très limité en temps.
Nous réagissons presque en même temps et j'essaie de comprendre son alter tout en esquivant la lame brillante de son katana qui fait bondir mon cœur de peur à chaque fois qu'il se rapproche trop près de mon corps.
J'ai l'impression que ce dernier est lesté de plomb tant l'autre est agile et je manque de me faire trancher en deux quand un jet de glace se met entre nous deux, me faisant intérieurement pleurer de soulagement.
Le combat semble encore s'accélérer et j'ai du mal à suivre les événements jusqu'à ce que je sois immobilisé au sol, ce qui a le don de me faire prendre conscience de l'angoisse terrible que cette situation provoque en moi.
J'entends presque la voix grave à l'accent russe percer mes oreilles quand une larme coule de mes yeux et fini sur mes lèvres, puis sur ma langue avec un goût salé.
Le déclic se fait et je me met à hurler, expulsant par la même occasion cette peur qui me noue l'estomac.
- TODOROKI! Ne le laisse pas boire ton sang! Je tourne difficilement la tête pour voir mes amis, dont l'un manque de perdre un bras sous mes yeux, ce qui me fait miraculeusement retrouver l'usage de mes membres tout comme Tenya.
Un difficile combat s'en suit et je ne sais même plus comment nous finissons par le ficeler. Je m'approche de l'adulte amérindien pour lui faire reprendre conscience et ce dernier accepte mon aide avec un sourire et me soutient ensuite alors que nous sortons de cette ruelle, ruelle qui gardera des souvenirs bien trop sombres et néfastes pour que j'y remette un jour les pieds.

D'autres héros arrivent et je sens toute la pression redescendre. Je souris presque, accueillant avec une joie intérieure les reproches de mon maître.
Quand soudainement, sans que rien n'ai pu l'annoncer, je me retrouve à plusieurs mètres du sol, et je sens comme une lame transpercer mes épaules.
Je lève à peine les yeux et reconnais un nomu, autant par son aspect démoniaque que par son odeur qui l'est tout autant. Cependant cette balade s'arrête presque aussi vite qu'elle commence car je sens plus que je ne vois un corps intervenir et nous entraîner dans une chute de plusieurs mètres vers le bitume. Je heurte assez brutalement le sol et je sens que la partie droite de mon corps a absorbé le plus gros du choc, me faisant franchement grimacer alors que je me relève péniblement, pour tomber sur une vision horrifique.
Stain est debout, plus impressionnant et maléfique que jamais. Les héros ne ressemblent plus qu'à de jeunes enfants face à lui, effrayés comme devant un cauchemar. Ils sont statiques, comme s'ils allaient mourir.
Moi, je ressens également cette peur. Cette peur familière, qui au lieu de me figer me gonfle de colère, m'éveille, face à un danger qui prend une autre forme.
J'oublie ce vilain, j'oublie les mots qu'il prononce, sa posture et même sa silhouette. Tous ces éléments sont remplacés par d'autres. Par des souvenirs, des cris et du sang en quantité astronomique.
Toujours dos à moi, il semble m'avoir oublié alors que je pose les yeux sur son arme qui m'a ironiquement sauvé et qui est à ma portée et or de son champs de vision. Je me penche et l'attrape, la prend en main. La lame est à l'air libre, brillante et légère, elle m'appelle. Quand je repose les yeux sur lui, toute la tension que je peux cumuler refait surface. Je tremble terriblement. Mais je m'approche.
Je fais un pas, puis deux. Et je m'interroge. A-t-il, lui aussi déjà brisé la chaire d'un enfant? A-t-il laissé une marque tellement profonde que même les plus grands soins du monde ne l'effaceront pas?
Je m'arrache tout seul une grimace et une larme et je fais pénétrer la peau puis la chaire de cet homme avec sa propre arme d'un coup sec en poussant un gémissement brisé.
Je vois l'homme s'effondrer sur le ventre, l'arme dans le dos et je pleure en reprenant pied avec la réalité. L'air redevient respirable et les héros bougent enfin, et commencent à réaliser que ce que je viens de faire, pour les sauver et pour arrêter cette situation que personne n'aurait pu plus endurer.
Moi, je n'ose pas les regarder. À vrai dire, je n'y pense même pas. J'ai le visage entre les mains et je suis secoué de gros sanglots. Je tremble de tout mon être dans un rythme qui n'appartient qu'à moi et qui me maintient debout sans que je sache comment.
Une main se pose sur mon épaule mais je l'ignore, comme j'ignore la voix posée qui me dit:
- Il n'est pas mort Izu- Midoriya... Tu nous as sauvé, tu as fait ce que personne n'aurait osé faire. C'est grâce à toi qu'on est en vie.
Le détenteur du double alter s'éloigne en ayant au moins le mérite d'avoir stoppé mes larmes.
Je regarde mon mentor et en croisant son regard, je comprend que cet épisode restera un secret terrible, partagé entre les personnes honteuses qui m'entourent.
Encore un secret.

***
- Ça se passe bien ton stage? Dis-je en marchant aux côtés de l'homme que j'aime, à travers le centre commercial animé. Il tourne la tête vers moi en me faisant un sourire craquant et avale une gorgée de sa boisson par sa paille en papier avant de me répondre.
- Parfaitement bien! Bientôt le métier de héros n'aura plus de secrets pour moi! Je ris en le voyant sourire de plus belle et me retiens pour la énième fois de passer ma main entre ses mèches blondes.
Nous nous asseyons sur un des bancs en faux cuir parmi les dizaines qui sont à disposition des clients, profitant que l'un d'entre eux soit libre un samedi après-midi.
- N'empêche, rajoute-il, ça me fait quand même du bien cette sortie avec toi. C'est plutôt intense de bosser avec un pro héros.
- Ah mais ça, on s'y attendait un peu. Courage Denki, tu vas survivre! Il me fait une moue très mignonne et un peu dubitative et me dit sur le ton de la confidence,
- Peut-être mais toi t'es avec un ami. Vous pouvez discuter et te connaissant vous devez bien rigoler. Je me retiens de sourire.
- T'es juste jaloux en fait.
- Oui, un peu. Me répond-il avec franchise. Je pousse une petite exclamation exagérée et le prend dans mes bras alors qu'il se débat légèrement.
- Mon pauvre chéri! Ne t'en fais pas, la prochaine fois je me met avec toi. Je ne retiens pas mon sourire.
- Ça va j'ai compris! Arrêtes de te foutre de moi maintenant. Je regarde son petit sourire en coin et j'ai l'envie subite de mordiller sa joue ronde et tendre. Je relâche mon étreinte pour me pencher rapidement et boire une partie de sa boisson, ce qui le fait râler encore plus.

Je m'écarte tout fier de moi et lui tire la langue, mais je redescends vite de cet état quand il m'imite et que je vois son petit muscle rose dépasser de sa bouche, comme un leurre attire sa proie. Je fixe ses lèvres une seconde de trop avant de croiser son regard, nous faisant piquer un fou rire et me faisant relâcher la douce tension qui réchauffe mon bassin. Nous parlons un moment et je le fais rire alors qu'il finit sa boisson, me faisant loucher sur sa bouche à chaque fois qu'il porte la paille à ses lèvres en m'imaginant dans une toute autre situation, cette dernière impliquant toujours sa bouche et le même acte de succion qu'elle effectue. Le rouge me monte aux joues et je déglutis.
Je me décide à aller en direction des toilettes pour me rafraîchir et calmer mon imaginaire salace et beaucoup trop actif mais Denki décide de me suivre et m'emboîte le pas en jetant le réceptacle de sa boisson vide. J'entre donc dans les toilettes avec lui, gêné et indécis, car n'ayant pas envie de me mettre à un urinoir ou dans une cabine car je serais encore plus mal à l'aise à cause des bruits, je n'ai pas plus envie de rester seul avec lui dans cet espace clos alors que mon esprit est en roue libre. Il se dirige finalement vers un des urinoirs et moi vers une cabine, intérieurement heureux qu'il ait débloqué l'état de panique dans lequel j'étais. Cependant, à peine sorti de cette dernière je le vois, penché en avant en train de boire à même le robinet, et je me retrouve face à une vision qui enflamme une fois de plus mes hormones de pauvre adolescent surmené. Je louche sur ses fesses jusqu'à ce qu'il se redresse et je le vois par le reflet du miroir s'essuyer le bord des lèvres avec sa manche. À ce moment, je me jure intérieurement que s'il est aussi sexy et attirant à chaque fois qu'il a envie de boire, que ce soit à la paille ou au robinet, je lui achèterai toutes les bouteilles d'eau du monde.
Je sors de nouveau de cet état contemplatif et vais pour me laver les mains alors qu'il me fixe en souriant.
- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça? Il se mord la lèvre et répond en souriant encore plus,
- Mais rien du tout, tu te fais des idées, Eiji. Je n'ai rien le temps d'ajouter qu'il place son pouce sous le robinet, ce qui projette un jet d'eau qui m'éclabousse fortement. Il explose de rire et j'ai le bon réflexe de l'attraper par le poignet alors qu'il tente de fuir.
- Espèce de petit con, Dis-je, mort de rire également. Je vais te noyer dans le lavabo, tu vas voir. Il rit de plus belle à chacune de mes répliques et je coince son corps entre le mien et le lavabo en faisant pression avec mon bassin et attend que ma main soit pleine d'eau avant de l'étaler sur son visage alors qu'il me supplie et se débat, en vain. Il est maintenant trempé et s'essuie les yeux en reprenant sa respiration.
- Tricheur.
- Nan, gagnant. Fallait pas jouer au plus malin.
Il tente d'essorer le haut de son t-shirt et passe une main dans ses mèches de devant pour les égoutter mais ce n'est pas vraiment efficace. Je lui pince doucement la taille et lui dis,
- Tu viens, ça sert à rien ce que tu fais. Je quitte les toilettes sans l'attendre, tentant de reprendre le contrôle de la situation et surtout sur mes émotions.
Il me rejoint bientôt en souriant d'un air vaincu et s'assoit en soupirant.
- J'aurais clairement pas dû, dit-il, t'es beaucoup plus musclé que moi et puis apparemment, t'es rancunier aussi. Je ris et ébouriffe ses cheveux humides qui vont donc facilement dans tous les sens. Il se protège la tête de ses bras et j'arrête de l'enquiquiner, ne tenant pas à ce qu'il boude.
Le garçon enfile sa veste pour retrouver un semblant de chaleur et je me rapproche de lui, avec quand même un peu de culpabilité. Je lui montre quelques vidéos sur mon téléphone mais voyant la nuit tomber, je l'éteint et lui dis doucement,
- Le centre commercial va bientôt commencer à fermer ses boutiques, on devrait partir. Il acquiesce et je poursuis. J'habite pas très loin d'ici mais il faut un peu marcher. Si on part maintenant, on arrivera avant que la nuit ne soit totalement tombée et qu'il fasse encore plus froid.
- Je te suis, me répond-il en prenant son sac à nos pieds.

Nous arrivons bientôt devant mon jardin et j'ouvre le portail en l'invitant à rentrer, en constatant que j'ai pris la bonne décision en l'emmenant ici quand je le vois claquer des dents. Je me dépêche d'ouvrir la porte d'entrée pour que nous accédions enfin à la chaleur de ma maison et que nous quittions la pluie fine qui nous glace les os.
Nous retirons nos manteaux et il me dit,
- Ça sent bon chez toi. Je souris et lui répond en enlevant mes chaussures et en lui tendant une paire de pantoufles qui m'appartiennent.
- Merci. Ma mère aime beaucoup les bougies et elle en met partout où elle peut. Il sourit et je lui dis de patienter quelques instants et il acquiesce en regardant les photos de familles au mur alors que je vais dans le salon pour chercher ma mère. Je la trouve sur le canapé avec Capitaine et elle relève la tête en me voyant.
- Maman, Denki est ici parce qu'il commençait à faire froid et je pensais pas qu'il était si tard. Il peut rester un peu le temps de se réchauffer?
- Bonjour d'abord. Je vais très bien, merci de demander et crois moi jeune homme, tu vas apprendre le respect en me faisant la vaisselle de ce soir. Dit-elle en me regardant droit dans les yeux tout en passant ses doigts entre les plumes de l'oiseau. Sinon par rapport à ton ami, il peut rester même si j'aurais préféré que tu m'en parle au moins par message. Elle fronce les sourcils avant de me dire,
- Va le chercher s'il te plaît. Je m'exécute et j'amène mon ami tout gêné devant ma mère, qui semble l'impressionner avec ses mèches rouges et son allure affirmée.
- Denki je te présente ma mère et sur ses genoux Capitaine, notre ara. Il sourit avant de dire d'un air très calme que je ne lui connaissais pas.
- Bonsoir madame. Désolé du dérangement.
- Ce n'est pas grave, je t'en pris. Denki, c'est ça? Il acquiesce. Je vais être claire les garçons, je ne pense pas que ce soit prudent que tu rentres chez toi par tes propres moyens aussi tard et par les temps qui courent. Tes parents peuvent venir te chercher ici?
- Je ne sais pas... On habite assez loin d'ici et j'ai peur que ça les énerve plus qu'autre chose. Je serais prudent, je peux prendre le bus ne vous en faites pas. Elle lui sourit, toujours en câlinant l'oiseau.
- Je ne dis pas le contraire, mais j'ai vu aux infos que le tueur de héros avait frappé dernièrement proche du centre-ville qui n'est pas si loin et qu'il frappe souvent la nuit. De plus en temps qu'adulte responsable, je refuse de prendre le moindre risque.
- Je- je sais pas... ma mère risque vraiment de ne pas être contente.
- Ça te rassurerait que ce soit moi qui la prévienne? Il hoche la tête timidement et lui tend son téléphone. Après quelques sonneries, quelqu'un décroche.
- Oui bonsoir, je suis la maman de Eijiro Kirishima. Votre fils est avec nous et il m'a informé qu'il devait rentrer chez lui par le bus et vu l'heure-... hum, ..hum... Oui, en plus nous sommes en centre-ville... Ça ne nous pose aucun problème rassurez-vous... ils n'ont pas cours demain, oui...De plus la nuit est en train de tomber et il fait vraiment froid... Oui et bien pas de problème. Bonne soirée, au revoir.
Je la regarde raccrocher en retenant presque ma respiration et elle rend son téléphone à Denki en silence avant de nous dire.
- J'ai parlé avec ton père et il ne voit pas de problème au fait que tu passes la nuit ici si tu le souhaites. Je suis personnellement tout à fait d'accord avec lui, c'est beaucoup plus prudent et la météo prévoit de l'orage pour ce soir.
- Merci beaucoup madame.
- Bon, Jiji tu te bouges et tu vas préparer des affaires pour ton ami. Je sursaute et entraîne Denki à ma suite. Nous grimpons jusqu'à l'étage et je m'apprête à tourner la poignée de ma chambre quand je me retourne d'un coup vers lui. Il a un mouvement de recul, un peu surpris de cette action et je lui dis, gêné.
- Je n'y avais pas pensé mais... tu préfères peut-être dormir dans la chambre d'ami? J'ai tendance à bouger dans mon sommeil, je préfère te prévenir...
Il sourit doucement et secoue la tête négativement me faisant me tourner en silence pour ouvrir la porte de ma chambre.
- Désolé c'est un peu le bordel... Dis-je en me penchant pour ramasser quelques fringues au sol et pousser discrètement la poubelle sous mon bureau.
- C'est pas grave, tu es déjà venue dans la mienne donc tu sais que c'est pas mieux.
Je lui envoie un petit sourire gêné et le guide jusque dans la salle de bain où je dépose mon linge sale. Je me tourne vers lui en rougissant. Un ange passe.
- Je... je vais te faire visiter, ok? Arrivais-je à bredouiller.
- Ok... Je te suis Jiji. Dit-il en appuyant sur le surnom que me donne ma mère en souriant, narquois.
- Oh ça t'as intérêt à le garder pour toi, si tu veux mon avis. Il s'approche de moi sans se défaire de son petit air malicieux.
- Et sinon quoi? Tu ne me ferais pas de mal, Jiji? Pas à moi... Il me fixe de ses grands yeux dorés et me refait une moue à laquelle je ne peux résister.
Bien sûr que non triple abruti, je t'aime tellement. Ça, c'est la première phrase qui me vient mais je me garde bien de la lui partager. À la place, je le pince en le saisissant par les hanches en marmonnant entre mes dents,
- Arrêtes ça tout de suite ou tu vas dormir dans le placard. La tête en bas. Il rit et je l'entraîne dans le couloir pour lui montrer l'étage.
- À notre gauche c'est la chambre de mes parents où mon père doit certainement travailler en ce moment, à côté la chambre d'ami et encore après, la mienne.
- C'est sympa cette guirlande lumineuse, dit-il en pointant du doigt le mur opposé.
- Ouais, y'a pas de fenêtre alors on s'est adapté pour avoir de la lumière. Il regarde la commode et je capte son regard et lui chuchote en souriant.
- Elle en met partout je te dis. Et encore, celles-ci ne sont pas parfumées.
Je le fais ensuite descendre et lui montre où sont les toilettes, le coin réservé à Capitaine et nous retournons dans le salon où ma mère met la table.
- Ça y est, tu lui as préparé des affaires? Je rougis honteusement et elle fronce les sourcils. Franchement Jiji, t'avais que ça à faire. Je me tourne vers le blondinet et lui dis.
- Nan mais tu pourras te servir dans mon armoire, te gênes pas. Il hoche la tête mais je vois bien qu'il est mal à l'aise.
- Denki, tu es allergique à quelque chose en particulier? Il secoue négativement la tête et je m'approche de ma mère pour l'aider à mettre la table. Je n'ai pourtant pas le temps de faire plus de trois pas qu'un éclair bleu et rouge mon fonce dessus pour venir se poser sur mon bras. Mon ami a un mouvement de recul et je le rassure comme je peux alors que l'oiseau s'agite.
- T'inquiètes pas, Denki. Il est pas méchant, juste un peu bête et trop curieux. L'animal escalade mon bras pour remonter sur mon épaule et je jette un coup d'œil à mon ami qui me sourit avec amusement. Le perroquet me mord alors le haut de l'oreille et je grogne en reculant mon visage.
- Aïe. Oui, on a compris grand débilus. T'es content de me voir et Denki t'intrigue.
Je quitte la cuisine avec l'oiseau toujours sur moi et, sans surprise, mon ami me suit.
Je prend la boîte de graine qu'il préfère et je me tourne vers le blond.
- Tends ta main. Il me regarde avec de grands yeux et j'explicite. Il sera aussi insupportable tant qu'il aura pas plus d'infos sur toi. Nourris le et ça devrait le calmer.
- Mais je sais pas comment faire ça... et puis, il t'a mordu quand même.
- Il m'a pincé, nuance. Il est juste un peu joueur. T'inquiètes pas je vais te guider.
Je pose quelques graines dans sa main ouverte et instantanément, l'oiseau bat des ailes pour s'approcher de mon ami, qui recule. Je pose une main sur son épaule alors que Capitaine se pose sur son autre bras et penche la tête pour avoir sa récompense. Il gazouille gaiement alors que je veille à son comportement tout en servant d'appuis à Denki, qui a les yeux plus pétillants que jamais.
- Tu t'en sors bien, tu vois. Il est impressionnant mais pas méchant pour un sous.
- C'est trop bien! Il observe l'oiseau qui mange dans sa main et je prend cette dernière dans la mienne et la fait se détendre doucement. Mes poumons se remplissent d'un air chaud alors que je répond à sa question muette.
- Il aime bien jouer avec nos doigts quand on le nourrit. Ça fait pas mal mais c'est pénible. Je lâche mon ami pour ramasser les quelques graines que cet empoté d'oiseau a fait tomber et j'entends le principal concerné pousser de petits cris de contentement. Je regarde par dessus mon épaule Capitaine se balancer sur l'avant bras de mon ami qui ne sais plus quoi faire et je siffle doucement pour attirer son attention.
- Allez le comique, on se calme. Pour toute réponse, il se détache de l'électrique et se pose sur ma tête, le faisant rire. Je me relève et repose les quelques graines dans leur boîte et guide ensuite l'oiseau jusqu'à sa cage, où il rentre sans rechigner.
- Il dort en cage? Je vois son regard se faire un peu triste et je répond.
- Oui mais on laisse la porte ouverte. Il peut sortir mais il sait que quand on le met là, il faut qu'il dorme. C'est un oiseau diurne, tu sais? Il est déjà tard pour lui. J'entraîne mon ami vers le salon et lui dis avant de passer la porte.
- Tu sais, tu le reverras. Il est assez matinal et aime bien nous réveiller.

**

Les mains dans l'eau savonneuse du lavabo, je commence doucement à réaliser que le garçon que j'aime plus que toute chose dans ce monde, va dormir avec moi dans mon lit cette nuit. Je sens que mon visage s'enflamme aussi vite que mon imagination, même si mon cœur me pique douloureusement.
Et si jamais il aimait quelqu'un? Une fille... C'est certainement une fille... après tout, combien de chances sur cent ai-je pour qu'il soit attiré par les hommes et par dessus le marché, par moi?
Je dégluti en prenant le torchon et essuie les assiettes en comprenant que je vais devoir faire preuve d'un grand self-control.
Une fois ma tâche finie, je me dirige d'un bon pas vers la salle de bain qui est libre, peu désireux de me retrouver face à lui dans cet état de trouble.
Je me glisse sous l'eau chaude et ne peut m'empêcher de penser qu'il y était quelques minutes avant également, nu.
J'aurais bien aimé rentrer à ce moment par accident et voir son corps à travers la buée, le voir rougir et peut-être même dans une situation coupable.
Je soupire et tourne le robinet pour faire perdre quelques degrés à l'eau, n'ayant pas envie de me retrouver dans la scène que j'imaginais et pour calmer de nouveau mes hormones.
Je sors quelques dizaines de minutes plus tard, seulement en bas de pyjama et comme le couloir n'est pas chauffé, je ne m'y éternise pas et rentre peut-être en claquant la porte un peu trop fort, dans ma chambre.
Denki relève la tête de son téléphone en me voyant et je croise son regard, et essaie de rester concentré dessus car il est seulement vêtu d'un de mes t-shirt et un sous-vêtement et je m'imagine déjà en train de remonter mes mains le longs de ses jambes fines jusqu'au haut de ses cuisses. Je crois le voir loucher sur mon torse mais je préfère me détourner pour ne pas me faire de faux espoirs. Je m'approche de mon armoire et enfile un haut alors qu'il rompt le lourd silence qui plane.
- J'aime pas dormir avec un pantalon la nuit, j'espère que ça te dérange pas...
- Non, non... Je ne me tourne pas et me saisis une couverture en plus avant de la poser sur le lit. Ça va juste me rajouter une difficulté, rien de trop... insurmontable.
- J'ai... J'ai l'impression que tu me fais la tête. Je grimace et relève les yeux vers lui.
- Non... C'est pas ça. Il pose son téléphone sur la table de chevet et se tourne vers moi.
- Alors quoi? Je m'assoie à mon tour en soupirant un peu.
- C'est rien... Je suis juste fatigué. Un petit silence s'en suit et je regarde la peau de son bras se hérisser à cause de la fraîcheur de la pièce. S'il se collait contre moi, je pourrais le réchauffer.
- Ok... Le silence devient gênant et j'ai toujours peur de faire une bourde à chaque instant. Nous nous regardons en même temps et je crains que cette fois je n'arrive pas à m'empêcher de lui montrer que je le désire. Ou alors je n'en ai simplement plus envie. J'ai presque l'impression que ses yeux me répondent alors qu'ils pétillent toujours plus.
- Je t'avais jamais vu avec les cheveux relâchés. Me dit-il en approchant sa main pour saisir une de mes mèches encore humide. Ça te va bien. Il tire doucement dessus après avoir chuchoté cette phrase et je le laisse faire en suivant le mouvement sans lâcher son regard. Je lui tire la langue et il m'imite de nouveau, ce qui me fait soupirer de désir et de désespoir, chose que j'essaie de camoufler en bâillement.
Je le vois du coin de l'œil humecter ses lèvres et se passer une main dans les cheveux d'un air nerveux. Il triture ses mains entre elles et j'oublie mes drames personnels pour me concentrer sur lui.
- Ça va Denki? Il ignore ma question et me regarde d'un air sérieux et un peu triste, ce qui me fait implicitement comprendre que je ne vais pas apprécier ses prochaines paroles.
- Tu... Tu sais que mes parents sont homophobes, Eiji. Mon frère aussi l'est. Je n'aime pas la tournure de la discussion et je répond en fronçant les sourcils.
- Oui mais tu ne l'es pas. Je comprends pas où tu veux en venir avec ça... Il plante son regard dans le mien et me dit d'un air trop neutre pour ne pas m'affoler.
- Je te dis ça parce que je crois que je sais qui tu aimes. Et je sens mon sang se glacer. Parce que oui, il a bien tout compris. Je le regarde en me décomposant sans savoir quoi faire ou quoi dire, ce qui lui donne une réponse. Je tente de sourire mais j'arrête bien vite pour m'empêcher de pleurer. Et maintenant? On fait quoi?
Il se tortille sur lui même, il n'a pas l'air non plus heureux.
- C'est quand même fou, Eiji... Y'avait si peu de chance pour que... J'entends sa voix se craqueler et je me redresse pour apercevoir ses yeux briller un peu trop.
- Pourquoi tu te mets dans cet état...
- Parce que je sais pas quoi faire, Eiji... Je veux pas te faire de mal en te repoussant mais... mais si je le fais je vais souffrir et si je le fais pas et que mes parents s'en rendent compte... ça sera terrible...
Je me penche vers lui pour le serrer contre moi en comprenant ce qu'il essaie de me dire et je le sens s'apaiser tandis qu'il passe ses bras autour de ma taille. Mon cœur pulse plus vite que jamais et j'ai envie de crier ma joie, mais j'ai rapidement compris que ses parents étaient un vrai problème pour lui, et que rien n'était encore joué.
- Rassures-toi Denki. Ça sert à rien de te faire souffrir... Je suis là moi, t'es pas tout seul dans cette situation. Il s'agrippe encore plus fort à moi et j'entends à sa voix que les larmes sont toujours proches.
- Je peux pas prendre ce risque... Tu les connais pas Eiji, c'est pas envisageable.
- Je t'en supplie, Denki. T'as pas le droit de les laisser t'empêcher d'être heureux.
- Mais j'ai peur... J'aurais dû fermer ma gueule et rien te dire! Ça aurait été vraiment plus simple...Je sens son cœur battre de manière anarchique contre moi et je passe une main ferme dans ses cheveux et lui dis de la voix la plus sérieuse que je puisse faire,
- Je sais que tu as peur. C'est normal d'avoir peur, mais je suis là. Je suis là et je vais pas te lâcher, même si tu poses mille et une condition, je te lâche plus maintenant que je sais que j'ai une chance d'être heureux avec toi. Il s'écarte de moi et me jauge avec tristesse et résolution. Il finit par soupirer en baissant la tête puis me chuchote.
- Promets-moi d'en parler à personne. Et- et aussi d'être discret. Je souris et le noeud dans mon estomac disparaît alors que je prend son visage entre mes mains et lui dis avec tout l'amour que je peux y mettre,
- C'est une promesse. Crois-moi, je n'ai aucune raison de la rompre.
Il sourit et je laisse ce que je pense être une larme de soulagement dévaler sa joue pour venir la cueillir de mes lèvres. Je sens ses bras passer autour de mon cou pour nous rapprocher encore plus et je perçois mieux que jamais son souffle contre mes lèvres, me faisant frissonner à chaque respiration. Je frotte doucement mon nez contre le sien en un baiser esquimau. Je l'entend glousser et même si j'ai l'envie urgente de l'aimer de tout mon corps et de toute mon âme car j'ai peur qu'il change d'avis ou qu'on nous sépare, je sais que ce n'est pas une bonne chose que d'aller trop vite. Même si ma raison veut flancher en croisant ses yeux brûlants de désir.
Je me recule doucement et prenant ses mains dans les miennes et le laisse entre-lasser nos doigts alors que je parle d'une voix beaucoup plus basse qu'à l'ordinaire.
- Je veux qu'on prenne notre temps. Je suis déjà allé trop vite dans le passé et je l'ai regretté. Je- C'est bête à dire mais je tiens trop à toi pour risquer de tout gâcher. Il hoche la tête mais je vois bien que ma réponse ne lui convient pas.
- Moui... Tu m'accorderas quand même que c'est un peu extrême comme réaction.
- Comment ça? Il soupire en levant les yeux au ciel.
- Enfin Eiji, il s'est encore rien passé! Tu me tiens juste la main là, t'en es conscient?
- Je sais bien mais j'ai peur qu'on dérape et qu'on aille trop loin. Je t'ai pas menti quand je t'ai dis que j'étais fatigué et j'ai peur de moins bien me contrôler.
Je le vois faire la moue et mes doutes se confirment un peu plus. Contre toute attente il souffle et me regarde comme s'il était face à un dilemme et se redresse brusquement pour venir s'assoir sur mes genoux sans que je puisse le voir venir. Il passe ses jambes autour de ma taille et colle son torse et son ventre contre le mien. Je sens ses mains jouer dans mes cheveux mais je suis concentré sur son visage qui est maintenant très proche du mien. Nous sommes comme deux aimants, attirés l'un vers l'autre avec de plus en plus d'insistance et je sais que s'il penche sa tête un peu trop vers moi, je ne ferai qu'une bouchée de ses lèvres.
- Eiji... S'il te plaît... Laisses moi juste ça. Il chuchote ces quelques mots et j'ai le malheur de regarder ses lèvres, me faisant instinctivement m'avancer, et c'est quand je vois qu'il se colle un peu plus à moi que j'envoie valser ma bonne conscience et colle avec un soupir plus que satisfait mes lèvres contre les siennes.
Je ferme instinctivement les yeux pour mieux en apprécier la douceur et j'inspire son odeur pour la graver de manière intemporelle. J'entoure sa taille d'une main et je prend sa joue de l'autre, toujours avide de lui témoigner mon affection. Il penche légèrement la tête sur le côté, accentuant ce contact et je sens ses mains se crisper dans mes cheveux dans ce que j'espère être une réaction de plaisir. Je le regarde en séparant nos lèvres et ce que je vois dans ses yeux m'embrase d'une telle force que je ne peux que recommencer à le cajoler encore et encore. Ce sont des baisers brefs, des contacts plus ou moins appuyés mais plus les minutes passent, plus j'ai du mal à me détacher d'elles pour reprendre mon souffle. Nous nous embrassons comme deux assoiffés, jamais repu de la présence de l'autre et je laisse finalement mes mains vagabonder le long de son corps comme le font mon esprit et mon désir. Je me délecte de la sensation des mes mains sur ses jambes nues comme de celle de sa bouche contre la mienne qui recueille ses légers soupirs. Je sens les poils de ses jambes se hérisser sous mes doigts et je les laisse remonter, passer l'arrière de ses genoux et empoigner ses cuisses fermement. Il gémi presque sous ces caresses et ma bouche migre vers sa mâchoire puis sa gorge, toujours en découvrant sa douce peau et son goût, sans jamais arrêter de frôler les rebords de son sous-vêtement avec mes mains qui ne peuvent s'empêcher de faire des aller-retour sur l'arrière de ses jambes. Il s'est un peu relevé et a enfoui son visage dans mes cheveux auxquels il se raccroche, sans réaliser qu'il m'offre un plus grand accès encore à son corps et à ses fesses, chose dangereuse quand on sait qu'elles ont faillit me faire perdre la tête plus tôt dans la journée et qu'elles n'ont pas vraiment quitté mon esprit dès lors. Je sais que son bassin est en feu et que le mien ne tardera pas à l'être, et je redoute autant que j'anticipe l'instant où ils pourraient s'entrechoquer et se satisfaire.
Alors que j'aurais peut-être pu succomber à ses demandes, c'est finalement l'orage qui nous interrompt. Plus précisément la lumière brusque d'un éclair qui le fait se crisper subitement et qui me fait revenir à moi. L'ambiance a changée mais je ne me sens pas triste ou frustré, juste très détendu. Et à l'écoute. Je le fais se rassoir sur mes cuisses alors que le tonner gronde et que je sens de nouveau son corps se crisper.
- Ça va? Il hoche la tête sans quitter la fenêtre du regard et je saisis son menton entre mes doigts pour capter son attention.
- Désolé de- d'avoir interrompu... Je le coupe dans ses excuses inutiles.
- On s'en tape de ça... Denki, tu as peur de l'orage? Il n'a pas le temps de me répondre qu'un autre éclair apparaît et illumine l'expression effrayée de son visage. Je pose une main dans ses cheveux et retiens un sourire. Cependant un autre grondement se fait entendre et il utilise son alter en gémissant de peur. Je retire ma main en sentant la décharge piquer mon corps et il se blottit contre moi en tremblotant.
- Pardon j'ai pas fais exprès... Je tapote son dos quelques instants avant de le repousser et de me lever. Je ferme les volets et tire les rideaux pour cacher les éléments qui se déchaînent et j'en profite pour éteindre la lumière. Je vois son téléphone s'allumer et je le rejoins sur le matelas, le prend dans mes bras tout en laissant l'appareil tomber au sol sans que nous y portions le moindre intérêt. Je le fais s'allonger sous les couvertures et je l'embrasse à l'aveuglette alors que je sens son corps s'apaiser contre le mien, et laisse les grondements du ciel nous servir de berceuse alors que je le rassure.
*

Comme je l'avais anticipé, c'est le cri de cet abruti d'oiseau qui me réveille et me pousse à quitter les draps chauds et les bras de Denki.
J'ouvre la porte de ma chambre et il quitte la poignée sur laquelle il est posé pour voleter en gazouillant dans la pièce. Je vois le blond froncer les sourcils alors que j'ouvre les volets pour laisser un peu de lumière entrer dans la pièce. Je me tourne et vois l'oiseau posé sur mon lit, fixant l'autre homme de ses grands yeux. L'animal lui monte dessus et commence à sautiller et se balancer en poussant de petits cris.
- Laisses-le grand débilus, c'est pas comme ça que tu vas t'en faire un ami. Pour toute réponse l'oiseau pousse un hurlement et Denki grogne en ouvrant les yeux et en se redressant péniblement.
- C'est souvent comme ça? Dit-il d'une voix plus rauque qu'à l'accoutumé et par extension, encore plus agréable à mes oreilles. Je lui fais un sourire désolé et il caresse les plumes douces en marmonnant des insultes au volatile. Il se laisse faire jusqu'à ce que j'ouvre la fenêtre pour s'envoler et nous laisser tout deux dans un long silence. Je ramasse son téléphone resté au sol et lui tend en le rejoignant de nouveau sous la couette pour poser ma tête sur son épaule. Je passe ma main autour de sa taille en le regardant pianoter des choses en silence.
- Bien dormi sinon? Il pose sa tête sur la mienne et me répond et gémissant, pas encore totalement réveillé.
- J'aurais bien dormi plus mais ça va. Nous restons à parler et à regarder des choses sur son téléphone un long moment, en fait jusqu'à ce que mon père tape à ma porte pour nous dire que le petit déjeuner est prêt et qu'il raccompagnera Denki en voiture. Nous nous regardons longuement suite à ces paroles et je réalise tristement que cette douce parenthèse se ferme. Je n'ose pas l'embrasser mais je prend sa main dans la mienne un instant, et il la serre avec tant de force en retour que je sais qu'il pense à la même chose que moi. Je me dirige vers mon armoire et prend des habits alors qu'il enfile son pantalon. J'ajuste ma ceinture quand il me dit d'une petite voix.
- Mon t-shirt est encore mouillé... Il n'a pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que j'en saisis un propre et lui passe autour de la tête.
- Je peux le faire tout seul tu sais... Il me laisse pourtant finir en souriant et j'embrasse son front en lui chuchotant.
- Je sais...
La suite se passe trop vite à mon goût. Nous déjeunons avec mes parents et à peine celui-ci terminé, on a à peine le temps de passer par la salle de bain qu'il faut déjà qu'il prenne ses affaires pour partir. Je le regarde fermer son sac depuis la chaise de mon bureau et je maudis la pendule de me l'arracher. Il me regarde en souriant tristement et passe l'ance de son sac sur son épaule. Je me lève en quelques secondes et lui fait face en faisant une tête qui doit avoir l'air pathétique puisqu'il passe sa main sur ma joue et tente de me faire sourire. Je l'attire contre moi et il se laisse faire, conciliant, alors que je plonge mon visage dans ses cheveux.
- Tu vas me manquer... Il embrasse mon cou avec douceur et me répond.
- Je risque de me faire défoncer en rentrant en plus. Je sais pas si on pourra se voir en dehors du lycée avant longtemps. Je grogne et oriente son visage vers le mien avant que le temps ne nous en empêche et ajoute à quelques centimètres de ses lèvres.
- Alors je vais me dépêcher d'abuser de toi une dernière fois. Je prend son visage en coupe durant le long baiser un peu désespéré qui suit ces mots, où je le fais soupirer de plaisir plus d'une fois et où nous nous lâchons déjà plus qu'hiers, sous l'urgence de la situation. J'aspire doucement ses lèvres avec les miennes et je finis par le prendre par les cuisses, toujours désireux d'en avoir plus. Je soulève son corps pendant qu'il me mord gentiment la lèvre inférieure en enroulant ses jambes autour de ma taille. Je le déplace et le pose sur mon bureau, plaçant mes mains sur ses reins pour le rapprocher toujours plus près de mon corps. Nous restons dans cette position de longues minutes que je ne peux qu'apprécier et dont j'essaie de mémoriser chaque instant et chaque embrassade, même si celle d'après est toujours plus incroyable et palpitante.
Je m'écarte pour qu'il puisse retrouver doucement au sol et il quitte mes lèvres pour coller son front au mien, la respiration irrégulière.
- Tu... Tu m'accompagnes jusqu'à la voiture? Mes lèvres se pincent et je lui répond.
- Bien sûr. Je le prends contre moi encore une fois, ayant conscience de devenir ridicule mais étant déjà accro à son corps et ses baisers.
Nous descendons et mon père va chercher la voiture en nous voyant alors que ma mère dit au revoir à mon blondinet préféré tout en lui donnant des recommandations. Il enfile ses chaussures et son manteau et je ne me retiens pas une fois de plus de lui voler un baiser après avoir vérifié que nous étions seuls. Je frotte doucement son nez contre le mien et lui chuchote,
- Je t'aime Denki. Je le vois rougir légèrement et nous entendons la voiture vrombir à l'extérieur.
Il se suspend brusquement à mon cou et m'embrasse une dernière fois avec fougue devant la porte d'entrée avant de s'écarter avec un sourire satisfait et de sortir de la maison sans se retourner. Je lèche mes lèvres en fixant la voiture s'éloigner et constate avec contentement qu'elles ont son goût.

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