Chapitre 4 : Le Masque se Fissure


Quelques semaines s'étaient écoulées depuis la rentrée. Lucy commençait à trouver ses marques, mais sa double vie restait un défi de chaque instant. La journée, elle se plongeait dans les cours et tentait de se faire discrète, tout en observant la dynamique sociale autour d'elle. Le soir, elle redevenait Lucy Heartfilia, l'héritière surveillée par les regards de son père et les attentes écrasantes de sa famille.

Son téléphone vibra sur son bureau alors qu'elle terminait un devoir de littérature.

N'oublie pas d'être parfaite pour le gala annuel. Fais honneur à notre nom.

Lucy soupira. Ce message, froid et direct, portait évidemment la signature de son père.


Le gala annuel approchait, et il était sur toutes les lèvres. Les groupes d'amis planifiaient leurs tenues, échangeaient des idées sur les accessoires, et spéculaient sur qui viendrait avec qui. Pour la plupart, c'était l'événement de l'année, un mélange de glamour et d'insouciance.

Mais pour Lucy, cela représentait une pression supplémentaire. Son père avait insisté pour qu'elle y aille, en prétextant que c'était une occasion idéale pour « soigner son image sociale » et rencontrer des étudiants influents.

Lors du déjeuner, alors qu'elle s'installait avec son plateau dans un coin tranquille, un groupe bruyant à l'autre bout de la cafétéria attira son attention. Comme souvent, Natsu était au centre de l'animation.

Elle n'arrivait pas à le comprendre. Il semblait vivre avec une insouciance totale, attirant les gens par son énergie naturelle. Mais parfois, dans ses éclats de rire, Lucy pensait voir une ombre dans son regard. Était-ce son imagination ?

Alors qu'elle tournait la page de son livre, une ombre tomba sur la table.

Tu lis quoi ?

Lucy releva les yeux, surprise de voir Natsu, un plateau en main, un sourire accrocheur sur le visage.

— Rien de très intéressant, répondit-elle en refermant doucement son livre.
— Allez, montre, insista-t-il.

Lucy soupira et lui tendit le roman.

"Les Hauts de Hurlevent" ? Sérieusement ? Tu lis ça pour le plaisir ou pour un cours ? demanda-t-il en s'installant en face d'elle.

— Les deux, répondit-elle, amusée malgré elle. Et toi, tu lis quoi ?
— Les trucs écrits sur les murs des toilettes. Très inspirant, tu devrais essayer.

Lucy éclata d'un rire discret, sa timidité s'estompant légèrement.

— Alors, Blondie, tu viens au gala ? lança-t-il soudainement, rompant le silence.
— Peut-être. Et toi ?

Natsu haussa les épaules.

— Évidemment. Tu devrais venir, c'est l'occasion de briller, non ?

Lucy détourna le regard, mal à l'aise.

— Briller, ce n'est pas vraiment mon truc, murmura-t-elle.

— Dommage, dit-il en se levant. Parce que je parie que tu serais incroyable.



Ce soir-là, Lucy repensa à cet échange. Pourquoi m'a-t-il dit ça ? Et pourquoi ça m'affecte autant ? Elle secoua la tête.

Alors qu'elle essayait de se concentrer sur son travail, elle reçut un message.

Salut, Blondie. T'as une robe pour le gala ? Si oui, je te réserve une danse. – N.

Lucy le lut plusieurs fois, le cœur battant légèrement plus vite.



Le lendemain, Lucy sortit tard de la bibliothèque. Le campus était calme, baigné dans la lumière des lampadaires. Alors qu'elle prenait un raccourci pour rejoindre son dortoir, elle entendit des voix près du terrain de basket désert.

Curieuse, elle s'arrêta.

— ... Tu peux arrêter de te plaindre, Natsu, grogna une voix qu'elle identifia comme celle de Gray. Si tu veux que ça change, fais quelque chose.
— C'est pas si simple, répondit Natsu d'un ton inhabituellement sérieux.

Lucy se rapprocha légèrement, restant hors de vue.

— Tout le monde attend que je sois ce mec drôle et parfait, continua Natsu. Mais franchement, parfois, ça m'étouffe.

Gray haussa les épaules.

— Alors arrête de faire semblant.

Lucy s'éloigna rapidement, ses pensées tourbillonnant. Elle n'aurait jamais imaginé que Natsu puisse ressentir ce genre de pression. Cela la fit réfléchir à sa propre situation.


En rentrant dans sa chambre, Lucy ouvrit son placard. Sa robe blanche et dorée pendait là, éclatante dans sa simplicité. Elle posa une main sur le tissu soyeux et sourit légèrement.

Peut-être que ce gala n'est pas juste une corvée.

Elle attrapa son téléphone et répondit enfin au message de Natsu.

J'y serai.

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