Chapitre 11 : Le Lundi Imprévu


Lucy se réveilla dans la grande chambre de son manoir, comme chaque matin. La lumière douce du soleil filtrant à travers les rideaux blancs caressait doucement son visage. Elle s'étira lentement dans son grand lit, se laissant quelques instants de plus dans ce cocon de confort et de calme. Ici, loin du monde universitaire et de ses préoccupations, tout semblait si paisible.

Les grandes portes de la chambre s'ouvrirent en silence et une domestique entra, portant un plateau chargé de thé chaud et de viennoiseries fraîchement cuites. Lucy ne prononça pas un mot, simplement un léger sourire aux lèvres, reconnaissant de cette attention. La domestique déposa le tout sur la petite table de nuit et s'inclina avant de quitter la pièce sans un bruit.

Lucy se leva, passa sa robe de chambre en soie et se dirigea vers la salle de bains. La routine était bien ancrée, et elle la suivait mécaniquement. Après une douche chaude et un maquillage léger, elle enfila une tenue élégante mais discrète, un ensemble sobre composé d'une blouse en soie et d'une jupe crayon, qu'elle assortit à des escarpins noirs. Elle n'avait pas envie de se faire remarquer aujourd'hui.

Une fois prête, elle descendit les grandes marches de l'escalier en marbre pour rejoindre la salle à manger. Le parfum du petit déjeuner flottait dans l'air, et elle s'assit seule à la longue table. Le silence de la maison, presque oppressant, lui était devenu familier, mais aujourd'hui, il semblait plus lourd. Peut-être à cause des rumeurs qui avaient commencé à se propager à l'université, des rumeurs sur sa vie privée, sur ses habitudes.

Elle s'efforça de chasser ces pensées en savourant son thé. Mais malgré ses efforts, le murmure des domestiques qui se déplaçaient dans la maison, et les regards furtifs qu'elle recevait, la plongeaient dans un sentiment d'isolement. Sa famille, sa fortune, tout cela ne semblait pas la protéger des jugements des autres.

Une fois le petit déjeuner terminé, Lucy se rendit au garage. Son chauffeur l'attendait déjà, à l'intérieur de la berline noire qui la conduirait à l'université. Le trajet était silencieux, comme toujours. Les rues défilaient à travers la vitre teintée, et Lucy se perdait dans ses pensées, essayant de se concentrer sur la journée à venir. Un groupe de travail pour un projet, des cours à suivre, des étudiants à ignorer... Rien de bien excitant, mais il y avait toujours une forme de légèreté qui venait avec la routine.

Quand la voiture s'arrêta enfin devant l'université, un frisson d'appréhension parcourut son dos. Chaque jour, elle redoutait un peu plus la réaction des autres étudiants à son égard. Lucy savait bien que, malgré ses efforts pour passer inaperçue, il y avait des rumeurs qui circulaient. Depuis la soirée du gala, les murmures dans les couloirs étaient devenus de plus en plus insistants. Ils la surnommaient déjà "la petite fille gâtée", la jeune héritière d'une famille riche et influente qui ne savait pas ce que c'était que de se battre pour quelque chose.

Lucy secoua la tête, tentant de repousser la vague de honte qui montait en elle. Elle savait que ces rumeurs étaient fausses. Mais, parfois, elles parvenaient à semer le doute dans son esprit. Elle n'était pas comme ça. Elle n'avait pas grandi dans l'opulence, n'avait pas eu une vie facile non plus, même si l'argent de sa famille permettait d'adoucir certaines choses. Mais elle n'avait pas choisi d'être née dans une famille influente. Et malgré ses efforts pour se fondre dans la masse, il semblait que les regards et les jugements ne cesseraient jamais.

Elle entra dans le bâtiment, évitant soigneusement les groupes d'étudiants qui se formaient près des portes. Une poignée de regards se tourna vers elle, accompagnée de chuchotements à peine audibles. Lucy se concentra sur ses pas, ignorant le poids des regards. Mais la rumeur s'était déjà répandue, et elle savait que rien ne pourrait la faire disparaître de sitôt.

Lors du premier cours de la journée, la tension dans l'air était palpable. Lucy tenta de rester concentrée sur la leçon, mais son esprit vagabondait constamment. Pourquoi tant de jugements ? Pourquoi n'était-elle pas simplement une étudiante comme les autres ? Ses pensées furent rapidement interrompues par le professeur qui se lança dans une explication technique. Mais au fond d'elle, un malaise persistait, accentué par les regards furtifs de ses camarades.

Au même moment, Natsu avait repris ses habitudes. Après avoir échangé quelques mots avec ses amis lors du week-end, il avait retrouvé son groupe et ses anciens réflexes. Il ne semblait pas perturbé par les rumeurs qui circulaient à l'université, comme si elles ne l'atteignaient pas. Lucy, elle, se sentait de plus en plus isolée, en dehors de tout ce qui se passait autour d'elle. Elle n'avait plus cette proximité avec lui, et l'éloignement devenait de plus en plus marqué. Elle n'arrivait plus à savoir si ce qu'ils avaient partagé n'était qu'un simple moment de folie, une illusion qui s'était dissipée dès qu'ils avaient repris leurs vies respectives.

Elle se surprit à penser que, peut-être, elle s'était fait des idées. Peut-être que Natsu n'avait pas du tout ressenti la même chose. Leur rencontre, leurs discussions... tout cela pouvait paraître insignifiant pour lui maintenant qu'il était entouré de son groupe d'amis. Lucy se demanda si, finalement, cela n'avait été qu'une étincelle, un moment volé dans le tourbillon de leur quotidien. Elle secoua la tête, refusant de s'attarder sur de telles pensées. Mais la question persistait. Si lui ne semblait pas affecté, pourquoi elle l'était autant ?

L'après-midi se déroula lentement, rythmé par les mêmes interactions superficielles et les mêmes rumeurs de couloir. Lucy ressentait cette pression invisible qui pesait sur elle, sans savoir comment la repousser. Elle savait que certains étudiants la regardaient comme une privilégiée, comme une personne incapable de comprendre ce que c'était que de vivre sans tout ce confort.

Le mardi matin arriva avec la même lourdeur. Les rumeurs semblaient s'intensifier, et Lucy, déjà fatiguée par cette situation, n'était pas au bout de ses peines. Elle se leva tôt, prépara sa journée, et se rendit à l'université. Mais aujourd'hui, la rumeur se faisait de plus en plus insidieuse. Un groupe d'étudiants à l'entrée du bâtiment la dévisagea en passant, échangeant des sourires moqueurs. Lucy se força à ne pas les regarder, à garder la tête haute, mais la honte, bien que injustifiée, serrait son cœur.

Elle savait que ce n'était qu'une question de temps avant que les choses ne dégénèrent. Elle n'avait pas la force de répondre à ces accusations, mais en elle, un feu commençait à grandir. Peut-être que le silence et la patience ne suffiraient pas cette fois. Mais pour l'instant, elle se contenta de poursuivre sa journée, en attendant que quelque chose change, ou qu'une opportunité se présente pour enfin se faire entendre.


En fin de journée, alors que Lucy était confortablement installée dans la voiture, prête à rentrer au manoir, une sensation familière de solitude la submergea. Le paysage défilait à travers la vitre teintée, mais son esprit vagabondait ailleurs, préoccupé par les événements de la journée. Le poids des rumeurs et des regards pesait encore sur elle. À l'arrière de la berline, elle s'était résignée à ne plus essayer de comprendre ce qui se passait autour d'elle. Mais alors, son téléphone vibra dans son sac à main, la sortant de ses pensées.

Elle saisit le téléphone et remarqua immédiatement un message de Natsu, envoyé dans le groupe de travail. C'était succinct, mais cela suffit pour attirer son attention.

"Rendez-vous chez moi demain à 14h pour continuer le travail. Je vous enverrai l'adresse. À demain."

Lucy resta un instant silencieuse, observant le message. Une étrange sensation naquit en elle, quelque part entre l'intrigue et l'appréhension. Elle s'attendait à ce que ce groupe de travail se poursuive, mais le fait qu'il se réunisse chez Natsu la surprit un peu. L'idée de se rendre chez lui, même sans la présence de son père, faisait naître un mélange d'angoisse et d'excitation en elle. Elle allait entrer dans un coin plus intime de sa vie, là où elle n'avait jamais été, et pourtant, elle était... impatiente. Pourquoi ressentait-elle cela ? Pourquoi avait-elle si envie d'être avec lui, d'explorer ce qu'il se passait entre eux ?

Elle secoua la tête comme pour se reprendre, mais une lueur d'anticipation brilla dans son regard. Elle se sentait un peu comme une bête sauvage prête à s'élancer, à tester un peu plus loin ses limites. Au fond, même si elle avait des doutes et des craintes, une partie d'elle était ravie. Elle savait que ce n'était pas une simple rencontre de travail, même si elle en avait l'air. C'était bien plus que ça, et elle ne pouvait s'empêcher de se demander si cela finirait par tout changer.

Avant qu'elle n'ait pu se perdre dans plus de pensées, un deuxième message arriva avec l'adresse. Lucy le lut rapidement, mémorisant le chemin avant de poser son téléphone sur le siège à côté d'elle. Le trajet continuait, mais cette fois-ci, quelque chose semblait différent. Peut-être que ce rendez-vous à venir serait l'occasion d'éclaircir certaines choses entre eux. Lucy ne savait pas encore si elle se sentait prête pour ça, mais elle savait que le lendemain, elle allait devoir affronter un nouveau chapitre de cette histoire qui n'en finissait plus de la surprendre.

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